--Coupe_giorgio
V'là trois heures qu'i's attendent! Nondidiu! Oùskilé son "gars qui file sur un canasson discrétos"? Pis faut-i' pas rester planqué dans l'ombre? A r'garder ses maréchaux sans ciboulot qui font l'tri dans ceux-là qui rentrent, alors qu'eux sont d'jà d'dans. Qu'est qui croivent? Qu'lui et ses gras y vont s'laisser prendre? Nan mais!
Ouch! Didiu! Le v'là l'au'te! Canasson noir, capuche sur l'crâne... Doit être sacrément 'rrible l'p'tiot, pour avoir la trouille d'faire fuir la fille comme qui fait! Bon, le v'là qui passe la douane sans d'soucis... Mon tour maint'nant....
Olà, l'Seigneur, v'là ti pas qui vous faut un guide pour pas s'perdre dans l'ruelles du bourg? Pis faut qu'vous pissassiez dormir en bonne couche...
r'garde moi d'haut, toi! On voira bien qui qui r'gadr'a l'aut'e d'haut tout ' l'heure... Et souris, teuh! J'men va te l'faire perdre!
Je ne t'en demande pas tant, l'ami! Et comment t'appelle-tu?
Georges, mon seigniure! Mais v'là qu'on m'appelle Giorgio, pa'ce que qu'chuis un marchand qui fait plein d'voyages! Et que qu'ch'passe plein d'temps chez les Italiens!
On m'dit même Coupe Giorgio, "l'ami"... V'là ti pas qu'tu va 'tôt comprendre pourquoi que...
Giorgio, sais-tu où vie une certaine Folie?
Folie...Si sûr que qu'j'la connais!... Mais d'où donc, vindiu? Oh! Kèkchui bête! S'ti pas cette belle femme qu'a v'nu m'prendre du bon vin d'pays 'talien! Oh! pas vous l'gars qu'elle 'tendait? Viens, Viendez, v'nez, m'sire... J'va vous l'montrer l'chemin!
Allez, hop! Viens t'en dans l'coupe jarrots que j't'ai préparé. L'avait pas menti l'au'te... l'a les poches de l'selle b'en remplies!
Yvane
Yvane était fatigué. La route avait été longue. Pressé d'arriver, Voilà trois jours qu'il chevauché à brides abattues. Il s'arrêtait la nuit, non par envie, mais pour permettre à sa monture de se reposer quelque peu.
Arrivé à Montauban, il avait du monter patte blanche. Il avait laissé les maréchaux de garde ainsi que les douaniers vérifier ses bagages, avait répondu à leurs questions, avait été de la plus grande politesse.
Quand il les salua enfin et entra dnas la ville, il n'eut pas le temps de faire 2deux cents mètres que déjà un homme sortait de l'ombre. De peur de tomber sur un de ces voleurs, qui pullulent la nuit dnas les rues, il posa la main à sa dague. Il se ravisa, en pensant aux hommes armés derrière lui... Aucun voleur n'agirait aussi près. Après l'échange relaté ci-dessus, il suivit ce Giorgio.
Sa confiance se fit prudente, avec raison. Il se rendit compte que, peu à peu, le "marchand" l'emmenait dans des ruelles de plus en plus étroites. Et moins l'espace entre les murs étaient grands, moins il percevait des bruits de la ville, moins la lumière des grands axes ne l'atteignait.
Il ne mit pas à comprendre que dans sa fatigue et sa hate de retrouver Folie, il s'était laissé embarqué dans un de ces pièges à naïfs. sur ses gardes, il fit attention au moindre mouvement. Il avait failli descendre de cheval, quelques temps plus tôt, afin de se dégourdir les jambes. Il se dit qu'il avait bien fait d'être trop flemmard.
Soudain, un mouvement dans l'ombre. Yvane fut chanceux, malgré le peu de lumière, un rayon se refleta et vint se loger droit dans ses yeux. L'éclat venait du coin opposé à l'ombre, ils étaient au moins trois, avec ce Giorgio. Et le bougre avait bien choisi son coin! trop étroite, la ruelle empêchait Yvane de faire faire demi-tour à Saladin.
Il ne lui fallut pas longtemps pour se décider. Il talonna son étalon. malgré la fatigue, celui-ci se cabra de surprise. Il partit ensuite au triple galop. Au passage, Giorgio fut bousculé. Ses hommes, trop surpris pour réagir, restèrent plantés là. Yvane ne leur jetta pas un regard et fila tout droit, jusqu'à ce qu'il eut rejoint une voie plus fréquentée.
Il se laissa alors allé à mettre pied à terre. Il sourit pour lui même. Il savait se défendre, mais il n'iamait pas se battre, à moins d'y être obligé. Il se sentait l'âme légère de celui qui a échappé à un moment peu agréable.
Maintenant, il se demandait comment retrouver Folie...
Yvane
Yvane menait sa monture par la longe et se demandait s'il allait aller tout droit, à gauche, ou bien à droite. Fidèle à lui même, il choisit son chemin selon une logique imparable. Il commença et récita dnas sa tête : "Am Stram Gramme"... Avant d'avoir pu finir, on lui tapotait le bras. Il se retourna et ne vit personne. Baissant alors les yeux, il tomba sur un truc tout p'tit, au sourire effronté. Ca avait pas plus d'huit ans un truc dans l'genre. Il l'écouta, l'analysant de ses yeux clairs.
Elle était pâle. Rien de surprenant, lui, avait la peau d'un maure, alors tout le monde était pâle à ses côtés. Cependant la petite était pâle même pour une roumis. Yvane remarqua le singe. A tout les coups, il avait devant lui une dresseuse ou quelque chose dans le genre. Son passé hez les troubadours lui avait appris qu'on ne dresse que rarement un singe pour les tours. Ses soupçons sur l'activité de la petite durent confirmés par ses vêtements. Elle ne portait pas la robe d'une princesse, mais ses frusques avaient une qualité rare pour une fillette de la rue. Il se dit que la prudence était de mise.
Quand elle eut fini, il sourit, amusé.
Petite, faudrait être stupide pour s'attaquer à moi. Je voyage toujours avec très peu sur moi. J'ai même pas beaucoup d'argent, que le strict minimum. Comme à chaque fois, j'ai confié mon argent à un banquier, un de ces juifs qui s'y connaissent.
Il avait noté le regard de la mioche pour son baluchon.
Là dedans, il y a que des miches de pains, rien d'autre!
Il décrocha le sac bien rempli et le tendit à la petite.
J'accèpte le coup d'main, mais selon mes conditions. D'abord, on ne suit que les grandes rues. On a déjàç failli m'avoir ce soir, pas deux. Ensuite, tu prends ces pains. Moi, j'en ai pas vraiment besoin, toi par contre...C'est pas demain la veille qu'on te trouvera grosse!
Il la regarda, rieur.
Et fais pas cette tête là! T'es tombé sur le gars qui a pas des masses d'argent, mais j'suis honnête. Conduis moi chez Folie, une blonde qui est arrivé y a peu d'un voyage à Angoulême, si ça peut t'aider. Demain, j'irai voir l'ami banquier de mon juif. Je reprendrai mon argent et tu auras le droit à de la monnaie sonnante et trébuchante! Faudra juste que tu passe dans la journée. Ca t'va?
Le maure ne s'était pas trompé. A la mention de l'argent, la mioche retrouva tout de suite le sourire.