Paquita
(Dans une chambre au dessus du Banastié)
Ce matin là, la journée s'annonçait belle et ensoleillée. Quand Paquita lui avait porté de quoi se restaurer, Tancrel lui avait fait part de son intention d'aller en fenaison car le temps qui s'installait au beau s'y prêtait et ferait sécher les foins comme il convient. Elle lui avait préparé une besace, un gros pain, du jambon, quelques anchois au sel pour affuter son appétit et quelques poignées de fruits secs pour se parfumer la bouche. Après avoir rajouté un gros flacon de vin clairet et embrassé Paquita, lui jurant amour sincère et fidèle, il était parti.
Paquita profita de la belle journée pour se mettre en buande, essanger, laver, frotter, rincer, tordre le linge pour ensuite l'étaler sur le pré lui avait pris une bonne partie de la matinée. Au repas, ne voyant point paraître Tancrel, elle décida de le rejoindre, lui faisant la surprise d'un déjeuner sur l'herbe.
Elle le trouva près du ruisseau, la chemise ôtée, des brins d'herbe collés à la sueur de son torse et de son échine, il s'apprêtait à plonger dans l'eau claire. La voyant hâter le pas dans sa direction, il avait eu un rire heureux avant de s'immerger... Il finissait de rincer sa sueur quand elle arriva enfin à sa hauteur. Il se pencha sur la surface de l'onde et y but à longs traits.
Mais... qu'est ce que tu fais ? s'inquiéta Paquita. Tu n'as plus de vin ? Regarde, je t'en ai apporté une flasque.
C'est un repas fort joyeux qui s'en était suivi, semé de rires et de ritournelles dont il aimait la régaler. Paquita s'en revint au village, la tête encore pleine des heureux moments, du courage plein le coeur. Tout en cheminant, elle composait mentalement le repas qu'elle lui préparerait pour le remettre de ses efforts.
Une canette rôtie lui plaira sûrement se disait-elle tout en se demandant si les premiers pois de l'année lui causeraient un plaisir.
Elle avait travaillé en pensant à lui tout le jour, Tanita et Pascarel se chamaillant dans ses jambes n'entamaient pas sa joie égale.
Au soir, c'est un Tancrel have et titubant de fatigue qui s'encadra dans l'embrasure de la porte.
Alarmée, Paquita se porta au devant de lui. Des frissons animaient la surface de sa peau et une moiteur glacée recouvrait son front.
Paquita l'aida à monter l'étage et le fit s'allonger dans un lit frais quelle avait préparé dans l'après-midi.
Ce n'était pas la première fois qu'il se mettait mal à travailler trop par de grosses chaleurs. Elle savait qu'il lui suffirait de le veiller et alla préparer les tisanes qu'elle comptait lui administrer.
Tout en les préparant, elle apprêta un pichet d'eau tiède et des linges pour laver et essuyer son front.
Quand elle pénétra dans la chambre, Tancrel grelottait, les draps agités de soubresauts avaient glissé. Les yeux fermés, il claquait des dents. Avec patience, elle l'avait tamponné, essuyé, abreuvé.
Ô mon Tancrel !!! qu'est ce que tu me fais ?
Inconscient, il n'avait pas répondu. Au matin, de vilaines taches marbraient ses joues et son torse. Paquita, alarmée, passait à présent tout son temps à son chevet. Saino, appelé en hâte, avait diagnostiqué les fièvres malines. Il avait posé sa main sur l'épaule de Paquita en lui souhaitant beaucoup de courage puis il avait quitté la pièce.
En quelques jours, l'état de santé de Tancrel s'était aggravé. Paquita, impuissante et désespérée, se tordait les mains, la gorge nouée, les yeux humides, la mine battue. Avec courage et obstination, elle le veilla, changeant jusqu'à deux fois par jours les draps trempés de sudation mauvaise. A chaque fois, le corps de Tancrel se faisait plus léger, presque frêle. Et le coeur crevé de pitié, Paquita le manipulait avec d'infinies précautions, craignant de le blesser davantage par un mauvais geste.
_________________
Ce matin là, la journée s'annonçait belle et ensoleillée. Quand Paquita lui avait porté de quoi se restaurer, Tancrel lui avait fait part de son intention d'aller en fenaison car le temps qui s'installait au beau s'y prêtait et ferait sécher les foins comme il convient. Elle lui avait préparé une besace, un gros pain, du jambon, quelques anchois au sel pour affuter son appétit et quelques poignées de fruits secs pour se parfumer la bouche. Après avoir rajouté un gros flacon de vin clairet et embrassé Paquita, lui jurant amour sincère et fidèle, il était parti.
Paquita profita de la belle journée pour se mettre en buande, essanger, laver, frotter, rincer, tordre le linge pour ensuite l'étaler sur le pré lui avait pris une bonne partie de la matinée. Au repas, ne voyant point paraître Tancrel, elle décida de le rejoindre, lui faisant la surprise d'un déjeuner sur l'herbe.
Elle le trouva près du ruisseau, la chemise ôtée, des brins d'herbe collés à la sueur de son torse et de son échine, il s'apprêtait à plonger dans l'eau claire. La voyant hâter le pas dans sa direction, il avait eu un rire heureux avant de s'immerger... Il finissait de rincer sa sueur quand elle arriva enfin à sa hauteur. Il se pencha sur la surface de l'onde et y but à longs traits.
Mais... qu'est ce que tu fais ? s'inquiéta Paquita. Tu n'as plus de vin ? Regarde, je t'en ai apporté une flasque.
C'est un repas fort joyeux qui s'en était suivi, semé de rires et de ritournelles dont il aimait la régaler. Paquita s'en revint au village, la tête encore pleine des heureux moments, du courage plein le coeur. Tout en cheminant, elle composait mentalement le repas qu'elle lui préparerait pour le remettre de ses efforts.
Une canette rôtie lui plaira sûrement se disait-elle tout en se demandant si les premiers pois de l'année lui causeraient un plaisir.
Elle avait travaillé en pensant à lui tout le jour, Tanita et Pascarel se chamaillant dans ses jambes n'entamaient pas sa joie égale.
Au soir, c'est un Tancrel have et titubant de fatigue qui s'encadra dans l'embrasure de la porte.
Alarmée, Paquita se porta au devant de lui. Des frissons animaient la surface de sa peau et une moiteur glacée recouvrait son front.
Paquita l'aida à monter l'étage et le fit s'allonger dans un lit frais quelle avait préparé dans l'après-midi.
Ce n'était pas la première fois qu'il se mettait mal à travailler trop par de grosses chaleurs. Elle savait qu'il lui suffirait de le veiller et alla préparer les tisanes qu'elle comptait lui administrer.
Tout en les préparant, elle apprêta un pichet d'eau tiède et des linges pour laver et essuyer son front.
Quand elle pénétra dans la chambre, Tancrel grelottait, les draps agités de soubresauts avaient glissé. Les yeux fermés, il claquait des dents. Avec patience, elle l'avait tamponné, essuyé, abreuvé.
Ô mon Tancrel !!! qu'est ce que tu me fais ?
Inconscient, il n'avait pas répondu. Au matin, de vilaines taches marbraient ses joues et son torse. Paquita, alarmée, passait à présent tout son temps à son chevet. Saino, appelé en hâte, avait diagnostiqué les fièvres malines. Il avait posé sa main sur l'épaule de Paquita en lui souhaitant beaucoup de courage puis il avait quitté la pièce.
En quelques jours, l'état de santé de Tancrel s'était aggravé. Paquita, impuissante et désespérée, se tordait les mains, la gorge nouée, les yeux humides, la mine battue. Avec courage et obstination, elle le veilla, changeant jusqu'à deux fois par jours les draps trempés de sudation mauvaise. A chaque fois, le corps de Tancrel se faisait plus léger, presque frêle. Et le coeur crevé de pitié, Paquita le manipulait avec d'infinies précautions, craignant de le blesser davantage par un mauvais geste.
_________________