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La réserve du Banastié (Défense d'entrer - Piège à loup)

Paquita
(Dans une chambre au dessus du Banastié)
Ce matin là, la journée s'annonçait belle et ensoleillée. Quand Paquita lui avait porté de quoi se restaurer, Tancrel lui avait fait part de son intention d'aller en fenaison car le temps qui s'installait au beau s'y prêtait et ferait sécher les foins comme il convient. Elle lui avait préparé une besace, un gros pain, du jambon, quelques anchois au sel pour affuter son appétit et quelques poignées de fruits secs pour se parfumer la bouche. Après avoir rajouté un gros flacon de vin clairet et embrassé Paquita, lui jurant amour sincère et fidèle, il était parti.
Paquita profita de la belle journée pour se mettre en buande, essanger, laver, frotter, rincer, tordre le linge pour ensuite l'étaler sur le pré lui avait pris une bonne partie de la matinée. Au repas, ne voyant point paraître Tancrel, elle décida de le rejoindre, lui faisant la surprise d'un déjeuner sur l'herbe.
Elle le trouva près du ruisseau, la chemise ôtée, des brins d'herbe collés à la sueur de son torse et de son échine, il s'apprêtait à plonger dans l'eau claire. La voyant hâter le pas dans sa direction, il avait eu un rire heureux avant de s'immerger... Il finissait de rincer sa sueur quand elle arriva enfin à sa hauteur. Il se pencha sur la surface de l'onde et y but à longs traits.

Mais... qu'est ce que tu fais ? s'inquiéta Paquita. Tu n'as plus de vin ? Regarde, je t'en ai apporté une flasque.
C'est un repas fort joyeux qui s'en était suivi, semé de rires et de ritournelles dont il aimait la régaler. Paquita s'en revint au village, la tête encore pleine des heureux moments, du courage plein le coeur. Tout en cheminant, elle composait mentalement le repas qu'elle lui préparerait pour le remettre de ses efforts.
Une canette rôtie lui plaira sûrement se disait-elle tout en se demandant si les premiers pois de l'année lui causeraient un plaisir.
Elle avait travaillé en pensant à lui tout le jour, Tanita et Pascarel se chamaillant dans ses jambes n'entamaient pas sa joie égale.
Au soir, c'est un Tancrel have et titubant de fatigue qui s'encadra dans l'embrasure de la porte.
Alarmée, Paquita se porta au devant de lui. Des frissons animaient la surface de sa peau et une moiteur glacée recouvrait son front.

Paquita l'aida à monter l'étage et le fit s'allonger dans un lit frais quelle avait préparé dans l'après-midi.
Ce n'était pas la première fois qu'il se mettait mal à travailler trop par de grosses chaleurs. Elle savait qu'il lui suffirait de le veiller et alla préparer les tisanes qu'elle comptait lui administrer.

Tout en les préparant, elle apprêta un pichet d'eau tiède et des linges pour laver et essuyer son front.
Quand elle pénétra dans la chambre, Tancrel grelottait, les draps agités de soubresauts avaient glissé. Les yeux fermés, il claquait des dents. Avec patience, elle l'avait tamponné, essuyé, abreuvé.
Ô mon Tancrel !!! qu'est ce que tu me fais ?
Inconscient, il n'avait pas répondu. Au matin, de vilaines taches marbraient ses joues et son torse. Paquita, alarmée, passait à présent tout son temps à son chevet. Saino, appelé en hâte, avait diagnostiqué les fièvres malines. Il avait posé sa main sur l'épaule de Paquita en lui souhaitant beaucoup de courage puis il avait quitté la pièce.
En quelques jours, l'état de santé de Tancrel s'était aggravé. Paquita, impuissante et désespérée, se tordait les mains, la gorge nouée, les yeux humides, la mine battue. Avec courage et obstination, elle le veilla, changeant jusqu'à deux fois par jours les draps trempés de sudation mauvaise. A chaque fois, le corps de Tancrel se faisait plus léger, presque frêle. Et le coeur crevé de pitié, Paquita le manipulait avec d'infinies précautions, craignant de le blesser davantage par un mauvais geste.
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Paquita
Quelques jours plus tard, de veilles en semi-sommeils, Paquita avait perdu le fil du temps et Tancrel, s'amenuisant d'instant en instant, ne reprenait conscience que très brièvement.
De toute la force de son amour, Paquita, prenait soin de lui, bassinant ses tempes, glissant un peu de vin chaud à la cannelle entre ses lèvres exsangues.
Tanita, comme une petite ombre, pénétrait parfois dans la pièce et s'approchait du lit. Elle saisissait la main de Tancrel et jouait un moment avec ses doigts, pour l'appeler à lui répondre en ce jeu enfantin dont il la régalait depuis qu'elle avait su tenir assise. Las, son père restait sourd à ses suppliques.
C'est une Tanita aux yeux brillants de larmes contenues que Paquita ramenait à sa chambre. Pascarel, les yeux ouverts, une vague inquiétude peinte sur le visage, les y accueillait. L'enfançon sentait avec acuité la peine de sa mère et le désarroi de sa soeur. Il fallait de longues minutes à Paquita pour les ramener au calme et les aider à s'endormir.

Ce soir là, contemplant Tancrel étendu et délirant dans la lueur tremblante des chandelles, il lui revint une phrase qu'un voyageur avait prononcée en taverne à propos d'un médicastre fameux qui faisait merveille et qu'il fallait consulter en toute chose.
Paquita eut bien du mal à se rappeler en quelle ville l'homme avait dit que ce guérisseur se trouvait. C'est à une quinte de Tancrel, plus appuyée que les précédentes et qui le laissa sans force que lui revint, en un sursaut désespéré de sa mémoire, le nom du lieu qui offrirait le salut à Tancrel. Elle hésita longuement puis, le coeur serré prit la décision qui la priverait de son aimé pour quelques jours, mais assurément le lui restituerait, gaillard et souriant, comme avant, dans quelques semaines.
Réveillant le commis avec énergie, elle lui enjoignit d'un ton péremptoire d'atteler la carriole et de la rejoindre à l'étage. Le ton employé ne laissait pas de place à la paresse tentante d'une paillasse encore tiède et le garçon obéit, aidant la maîtresse à descendre Tancrel, bien léger désormais, sur le bon matelas de laine.
Ils l'installèrent dans la carriole. Paquita le couvrit de sa meilleure couverture et lui baisa une dernière fois les lèvres.
Se redressant, raide et altière, elle ordonna au commis de partir sur le champ et de lui faire rendre compte du succès de l'entreprise. Elle lui confia une bourse pleine pour payer le médicastre et le péage des ponts.

Serrant ses bras autour d'elle, elle les regarda s'éloigner et se fondre dans la nuit.
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Paquita
Les jours passèrent... Chaque matin, chaque soir, Paquita allait à la sortie de la ville. Elle surveillait la route de Castres, persuadée que la poussière du chemin se soulèverait bientôt sous les roues de la charrette qui ramènerait Tancrel et le commis.
Durant ces jours, elle passa par les états d'inquiétude à l'espérance la plus folle, se rassurant, se disant que ce délai était forcément la preuve que la guérison était en cours.

Ce soir là, elle était toute à la joie de revoir ses amis gitans, Nejma, Zézé et Sandino qui lui avaient fait la surprise de venir la voir. Les propos joyeux et les rires fusaient dans la taverne. Pour fêter ces retrouvailles qui la rendaient si heureuse, Paquita avait sorti une de ses meilleures bouteilles et les verres se remplissaient et se vidaient au fil des conversations.
Quand un pigeon maigrelet avait toqué à la vitre du fenestron. Reconnaissant le messager de son amie Fufu, Paquita était allée lui ouvrir et tout en devisant avec ses amis, avait tranquillement dénoué le lien qui retenait le message à la patte de l'oiseau. Le sceau de Fufu confirma son impression première et, tout en devisant gaiment avec les convives, Paquita avait fait sauté le cachet. Après une dernière gorgée de bon vin capiteux de Provence, elle l'avait déplié, se régalant à l'avance des agréables nouvelles que Fufu ne pouvait manquer de lui faire parvenir.

Dès les premiers mots, une chape de glace lui glissa dans le dos, lui enserrant la gorge, s'insinuant dans sa poitrine et lui poignant le coeur. Elle chercha à s'asseoir, ses jambes lui faisant défaut. Serrant la missive dans son poing, elle resta prostrée, étrangère à la fête autour d'elle.



Ma chère amie,

Je viens à toi pour t’annoncer le départ de Tancrel vers les cieux,
Je ne sais vraiment comment te l’annoncer, comment t’aider, comment te soutenir…
Il a était retrouvé par deux gardes du village, en paix, et le sourire aux lèvres….
J’ai lu dans ses yeux qu’il partait avec toi, qu’il ne t’oublierait jamais, je le sais il m’a fait passer le message, alors je te le rends…..
Il est au dispensaire maintenant et l’infirmière prend grand soin de son âme et de son corps.
Lou et Duflan sont là, je vais les prévenir….
Je ne trouve pas les mots….
Je…. Je…..
Je te soutiens corps et âme mon amie,
Je t’aime et je suis là, je vais essayer de me libérer de mon poste pour venir à vous et être auprès de toi…
Paix à son âme….
Fufu

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Nejma
Nejma était venue rejoindre son amie et la fête battait son plein de retrouvailles tant attendues . Soudain elle voit son amie changer de tête et se demande ce qui se passe . Elle avait bien appris que Tancrel était bien malade ..mais elle pensait que les medicastres s'en occuperaient et que cela irait mieux ..
En regardant Paquita prostrée Nejma sait que les nouvelles ne sont pas bonnes du tout . Elle s'en veut de repartir le soir même pour reprendre cette route qui l'appele sans cesse .
Elle se promet de revenir tres tres vite .
La jeune femme passe ses bras autour de Paquita .

Elle lui murmure : Je suis a avec toi ..
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Louise
Le trajet du cortège était silencieux et las. Les deux amis, Duflan et Louise, amenaient, l'âme en peine, le corps de Tancrel auprès des siens.
Lou tentait de retenir ses larmes du mieux qu'elle pouvait, cachant son désarroi à son compagnon de route, mais quelques fois, dans une larme, elle laissait transparaitre ses sentiments, sa peine face au décès de Tancrel...

Le corps de celui ci était déposé dans une vieille charrette, entouré de couvertures, servant de suaire de fortune, quelques fleurs des champs agrémentaient le funèbre voyage.

Les deux amis, toujours silencieux, entrèrent dans Castelnaudary, répondant d'un signe de la tête aux chaleureuses salutations des villageois.
Sans attendre, Lou se dirigea vers la masure de Paquita, franchissant les marches deux à deux, avant de frapper lourdement contre la porte de bois.
Un léger bruit se fit entendre au dedans.

Paquita... C'est Lou...
Nous... Nous t'avons amené...


La porte s'entrouvrit, sans que Louise eu besoin de terminer sa phrase. Paquita semblait éreintée, les cheveux détachés et les yeux rougis, cette vision serrait le coeur de la blonde.
Elle aurait voulu la réconforter, la prendre dans ses bras, la rassurer, mais ne savait comment s'y prendre, elle restait la, bras ballants, bouche entrouverte dont aucun sons n'émanait.

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Duflan
Il y des journées qu'on ne voudrait pas vivre, ces journées ou tout va mal, ou vous vous demandez ou la tristesse va s'arrêter, ou votre cœur n'en peux plus ..pourquoi..tout cela...peut être pour s'apercevoir que les journées banales sont en fait des belles journées
Chaque épreuve est une leçon de vie..parait_il.
Il parait que le malheur endurcit les cœurs, bêtise que tout cela...le malheur s'accumule et chaque blessure s'enfonce un peu plus profondément.
Duflan n'avait pas dit un mot depuis leurs départ de Castres, il aurait aimer trouver les mots pour remonter le morale de Louise, gentille Louise qui paraissait si fragile.
Mes dernièrement tout ce qu'il avait dit, avait été interprété d'une façon qui l'avait laisser perplexe...était t-il si maladroit...certainement.
Son départ sur Castres avait été précipité suite à une lettre de FUFU, il était parti pour lui remonter le morale, il avait essayé de trouver les mots pour la faire rire, quel idiot !
Il se demandait comment l'amour peut se transformer en haine, lui il ne la haïrait jamais..elle pouvait dire ce qu'elle voulait..il la garderait dans son cœur.
il se retourna un moment sur le corps de Tancrel, il semblait paisible...
Un flot de souvenirs lui revinrent en mémoire, Tancrel si joyeux et exubérants en taverne, ce jeune prêtre dont personne n'ignorait la liaison avec Paquita mais que chacun s évertué a cacher.
Que dire à Paquita....il avait beaucoup de peine pour elle et Tancrel lui manquerais.........



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Paquita
Les heures s'étaient étirées, interminables.
Paquita attendait. On lui avait promis de lui ramener le corps de Tancrel.
Tout en s'affairant machinalement, elle était toute aux bruits de la rue. Le moindre frôlement furtif de rat dans la venelle proche la faisait sursauter.
Les heures s'étaient étirées, interminables.
Quand, au petit matin, après une nuit sans sommeil, elle avait entendu les roues ferrées sur les pavés, un long frisson glacé l'avait secouée.
C'était eux, elle en était sûre.
Ce n'était pas le bruit joyeux de la carriole du maraîcher, ni de celle du marchand de grains...
Non ! le son en était profond et grave. Il résonnait en elle comme un glas et quand il s'arrêta devant sa porte, elle se leva lentement du tabouret où elle avait passé la nuit à attendre. Le temps qu'il lui fallut pour atteindre la porte, distante de quelques pas, lui parut interminable.
Le courage lui manquait soudain. Voir Tancrel mort, ce n'était pas comme le savoir mort... Dans le denier cas, elle pouvait toujours imaginer que c'était quelqu'un lui ressemblant vaguement et qu'il y avait eu erreur, qui allait revenir dans quelques jours, la soulever et la faire tourner en riant comme il le faisait après chaque voyage. Ou alors se pencher sur sa main usée et rougie par les lessives, comme si c'était la main la plus fine du monde et la baiser, juste là, sur les veines qui saillaient...
La main sur la porte, elle hésita encore. Des pas de l'autre côté la décidèrent. Elle poussa le vantail. Les premières lueurs de l'aube rose blessèrent ses yeux fatigués par les veilles.
Devant elle, Lou... avec une bien sale mine. Duflan, un peu plus loin...
Tous deux la regardaient avec angoisse, comme si elle allait tomber ou se transformer en harpie, elle ne savait trop...
Près de Duflan, la charrette. Elle bougeait un peu, au pas de la mule qui chassait les premières mouches de la journées.
Paquita nota d'un regard la couverture et les fleurs. Elle en sut gré à Lou.
Maintenant, il lui fallait savoir... elle s'approcha du corps qui reposait là.
Elle avança une main tremblante et écarta un pan du tissu.
Les boucles blondes de Tancrel ... vision qui lui poignarda le coeur.
Elle prit courage et le découvrit davantage.
Lou et Duflan, en retrait n'osaient parler...
Paquita contempla les joues creusées que les cils blonds ombraient. Elle se fit la réflexion de la pâleur des paupières, des pommettes et des lèvres. Les couleurs qui faisaient de Tancrel un joyeux drille apprécié de beaucoup l'avaient déserté.
Paquita passa la main en une longue caresse sur la joue, de la tempe au menton, s'attardant sur l'oreille.
Il lui revint un phrase qu'elle lui disait souvent en lui frôlant l'oreille du bout du doigt...

Dis, Tancrel, tu m'écoutes ? ou tu rêves encore...
La gorge nouée, elle le contempla encore, gravant ses traits dans sa mémoire. Puis soupirant par à coups, en un sanglot silencieux, elle regarda ses deux amis.
Je veux le préparer pour ses obsèques, vous voulez bien le porter en haut? dans la première chambre de l'étage? je vais le laver, l'apprêter et le veiller... et si... l'un de vous veut bien prévenir Saino... parce que je ne crois pas que j'aurais ce courage...
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Duflan
Duflan regardait Paquita, elle n'était pas dans son état normal par protection son cerveau était égarée entre deux mondes, celui on l'on refuse la réalité , elle prenait son temps pour soulever la couverture espérant l'impossible.
ET puis ce moment tant redouté...ce moment ou du fond du ventre vous sentez quelque chose qui ressort, cette tristesse qui remonte et que vous ne pouvez plus retenir...
Vos yeux deviennent humides....vous tentez de retenir vos cris....ne pas montrez sa tristesse...ses pleurs .....ne pas montrez qui ont est...


Oui...snif..........on on ..va le monter en haut.....tu prend les pieds..hum...Louise..allez...

Duflan passa chacune de ses mains sous les épaules de Tancrel et aidez de Louise il l'emportaire dans la chambre en haut.
Pour une fois , il ne se plaignait pas de l'effort physique, Tancrel était costaud..mais Duflan se sentait honoré de porter son corps.
Il le posa délicatement sur le lit et posa une main sur l'épaule de Paquita.


JE vais chercher Saino, je m'en occupe...hum soit forte Paquita...

C''est en descendant les marches qui laissa seulement échappé ses larmes,Il se précipita vers l'église pour prévenir Saino.
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Louise
Louise observait la scène, le teint blême et les yeux rougis. Une lourde larme glissait sur sa joue, vite essuyée du bout de la manche. Elle ne disait mot mais acquiesçait d'un signe de la tête les dires de Paquita, la gorge nouée.

Discrètement mais fermement, elle empoigna les chevilles du défunt, les sourcils froncés, tentant de ne rien laisser transparaitre. Tancrel était plus lourd qu'elle ne l'aurait cru, bien qu'amaigris par ses quelques jours de fortes fièvres.

Arrivés en haut, les deux chauriens déposèrent le corps de Tancrel dans un lit aux draps fraichement lavés.
Lou restait un instant dans la chambre, les mains réunies comme pour une prière, n'attendant qu'à se rendre utile, qu'importe ce que demanderais Paquita, elle voulait être là pour elle, pour la soutenir.

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Paquita
Qu'il lui paraissait grand, allongé ainsi... Oh, pour Paquita, Tancrel a toujours été grand, que ce soit par la taille, par l'esprit, par l'humour ou l'humeur.
Le coeur douloureux à rompre, elle avait ôté les couvertures du lit, faisant signe qu'on le pose à même le drap.
Elle le contemplait maintenant sans dire un mot. Elle sourit avec tendresse au vu de ses petits cheveux qui moussaient au dessus de son oreille.
Puis elle aperçut un barbe naissante, lui qui avait toujours été si soigné... Cela, elle ne put le supporter.

Je vais faire chauffer de l'eau ! Faut le toiletter. Merci mes amis, merci pour tout ce que vous faites pour moi, merci pour votre présence en ces heures sombres de mon existence, merci pour vos larmes qui remplacent celles que je n'arrive pas encore à verser... Maintenant, je voudrais être un peu seule avec lui...
Lou... si tu veux bien t'occuper un peu de Tanita et de Pascarel... Je ne veux pas qu'ils le voient dans cet état... Plus tard, quand il sera tout beau...

Sa voix se brisa et elle se tut pour puiser au fond d'elle les forces qui l'aideraient à poursuivre.
Ah ! et ... Duflan... y a une bouteille pour toi sur le potager, près de la cheminée, fais vite qu'elle va se réchauffer, là où elle est... Pis pense à prévenir Saino, faut qu'il prépare sa messe pour...
Cette fois, elle se tut définitivement et s'activa pour la toilette de Tancrel tandis que Lou et Duflan quittaient discrètement la pièce.
Une fois seule, elle s'approcha et observa Tancrel plus en détail. Elle nota les taches de terre sur les vêtements, les brins d'herbe collés à sa manche, quelques menues pierres emmêlées dans les cheveux.
Elle hésita un moment sur la marche à suivre. Si elle avait souvent frotté Tancrel dans le baquet, il en allait tout autrement à présent. Elle décida de ne pas le secouer et saisissant une paire de ciseaux, coupa les vêtements tout du long. Elle en fit un paquet qu'elle posa dans un coin.
Les plus beaux habits de Tancrel pliés sur un tabouret attendaient.
Elle examina en détail le corps qu'elle avait tant aimé, y cherchant un bleu, une meurtrissure... elle n'en trouva aucun, signe que Tancrel était déjà mort quand le commis, ce vaurien qu'elle se jura de retrouver un jour, l'avait jeté au fossé avant de s'enfuir avec le cheval, la charrette et la bourse.
Elle s'en voulut cruellement de l'avoir envoyé sur les routes pour ses derniers instants. Pensant lui sauver la vie, elle l'avait privé du réconfort de mourir chez lui.

Pourras-tu me pardonner cela un jour ? ne put-elle s'empêcher de lui murmurer, la gorge nouée.
Elle se secoua et prit à pleine main un linge trempé dans l'eau chaude. Elle avait eu le réflexe de chauffer de l'eau. Elle se disait à présent qu'il n'aurait pas senti la morsure du froid et elle se sentait bête tout à coup. Mais elle voulait le traiter avec tous les égards que son amour pour lui lui dictait.
Elle s'attacha donc à le raser de près, le bassiner, le laver, le rincer, le sécher. En lui coupant les ongles, elle s'émut de ses mains si douces et sans que rien ne l'eut avertie de la brutalité de la chose, elle se mit à pleurer, tremblant de tous ses membres, de grosses gouttes roulant sur ses joues et tombant sur leurs mains enlacées pour l'ultime fois. Des bruits, en bas dans la taverne, de joyeux buveurs, la ramenèrent à elle et elle sécha maladroitement ses yeux.
Reprenant son ouvrage , un peu raide de l'effort qu'elle faisait pour contenir sa peine, elle déplia les vêtements. Il lui fallut un temps infini pour les enfiler sur le corps, les lisser afin qu'aucun pli disgracieux ne heurte l'oeil.

Elle recula un peu, le contempla encore une fois, alluma les cierges tout autour de lui, alla fermer les rideaux, plongeant la pièce dans l'obscurité relative, la lueur des cierges dorant l'espace autour de Tancrel et le nimbant d'une lumière chaude et mouvante.
Elle alla chercher de quoi s'asseoir, approcha le tabouret du lit, prit la main de Tancrel entre ses paumes et s'abima dans leurs souvenirs....

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Duflan
Curieusement il avait froid, l'air lui semblait humide, il marchait dans les rues ne prêtant que peu d'attention au autres villageois, d'un geste hâtif , il salué ses connaissances, geste peu coutumier chez Duflan qui était du genre volubile.
Même quand le père Mathieu le forgeron l'invita à boire une chopine, il ne s'arréta pas à la grande stupéfaction du forgeron.
Duflan voulait trouver le père Saino et vite, lui annoncer la mort de son ami Tancrel.
il n'avait jamais trouvé la rue menant à l'église si longue, il faut dire que lui, la messe c'était pas son truc...
Perdu dans ses pensées, les pieds lourds, il cherchait les mots qu'il pourrait dire à Paquita, mais ses derniers échecs..le laissez pantois..pour raconter des fariboles, là il était doué sur! mais pour le reste...il frisait le ridicule.
Enfin l'église ,et là une affiche annonçant le départ du père Saino ....


Nom d'un petit caillou, l'es point possible ça !...
EN d'autres moment il n'aurait pas hésiter à voler une soutane et à se faire passez pour lui, mais là hors de question....

Bon, ben je vais lui écrire une lettre on verra bien....foutu curé !
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Saino


Le père Saino préparait ses affaires pour son voyage vers Muret lorsqu’un volatile non identifié vint se poser sur le rebord de la fenêtre. Il l’attrapa et prit le message qu’il avait à la patte. Il regarda de suite la signature et son sang fit un tour. C’était une lettre de Duflan…oui de Duflan… lui qui lui écrivait peu de lettres, cela devait être important.

Au fur et à mesure qu’il lisait la lettre, le sang quittait le visage du vicaire…il était livide à la fin de la lettre.


Tancrel…mort…non…mon frère, mon ami…pas toi ! ! ! pas encore…

Des images revinrent au galop devant les yeux du père…un soldat devant une porte, une missive à la main…la course dans les rues de Castel….une maison en flamme….le drame.

Le père Saino laissa tout en plan et partit en courant vers l’auberge de Paquita tout en priant bien fort le Très Haut pour qu’un nouveau drame n’ait lieu….Les chauriens furent effarés de le voir courir si vite, lui si calme et peu pressé mais surtout c’était son visage blafard qui les marquèrent…plusieurs se demandèrent si une nouvelle alerte n’allait pas être annoncée…

En arrivant devant le « Lo Banastié », le vicaire s’arrêta et souffla un grand coup. L’auberge était toujours là et dans le même état que la veille. Il fut un peu rassuré. Il poussa la porte et entra.

Un calme inhabituel régnait dans l’auberge … le père Saino attendit quelques instants pour reprendre son souffle et écouter les bruits du bâtiment. C’est alors qu’il entendit du mouvement à l’étage et des rires d’enfants ainsi que la voix de Louise.


« Bon Paquita n’est pas toute seule, c’est déjà ça. Elle a du demander à Louise de garder les enfants. »
Pensa-t-il.

Il monta les marches doucement pour faire le moins de bruits possibles. Quelques marches craquèrent sous son poids. Arrivé dans une porte, il la poussa délicatement.

A l’intérieur, la pièce était sombre à part l’aura de lumière, du à la multitude de bougies, autour du corps de Tancrel. A ses cotés, Paquita était assise sur tabouret à lui tenir la main. Le père Saino s’avança doucement et posa sa main sur son épaule :


Bonjour, Paquita,

Je suis venu dès que j’ai reçu la lettre de Duflan …


Il marqua un temps de silence afin de laisser le temps à Paquita de se rendre compte de sa présence puis il enchaina.

Mon enfant,

Tancrel était un homme bon, généreux pour les autres. Il ne fait aucun doute qu’il a rejoint le Très Haut au Paradis Solaire et de là haut, il continuera de veiller sur toi.

Ici bas le corp de Tancrel est mort mais son esprit est toujours vivant dans nos mémoires et dans nos souvenirs. Il a diffus é la Foi et l’Amour tout autour de lui, c’était un homme bon envers ses semblables comme tout bon aristotélicien qu’il était. Oui, mon enfant, il ne faut pas pleurer sa mort mais plutôt se réjouir car il a rejoint celui vers qui il s’est tourné au cours de sa vie, Aristote et le Très Haut.

La vie ne sera plus la même maintenant qu’il n’est plus là physique mais tu dois garder à l’esprit les bons moments que vous avez vécu ensemble et surtout faire honneur à sa joie de vivre. En effet, je ne suis pas sur qu’il serait content de te voir si abattu, lui qui savait rire de tout et qui savait le transmettre. Oui, Paquita, relèves-toi et montres aux autres que tu es la digne compagne de ce bon vivant même si, je sais, cela est difficile.

Gaillardine
Athena avait aperçu le père Saino courrant dans les rues du village. Son air livide et malheureux lui avait glacé le sang... Un grand malheur avait dû se produire, le père Saino n'était pas homme à être bouleversé facilement...

Très inquiète, Athena lui emboita le pas, imaginant le pire pendant le trajet qui lui sembla interminable.
Elle vit Saino arriver devant "Lo Banastié" et là Athena crût qu'elle allait défaillir. Elle venait de comprendre... Tancrel... très malade... Paquita qui n'était pas sortie aujourd'hui contrairement à son habitude....
Athena avait les jambes flageolantes, elle dû s'arrêter un instant. Elle s'isola dans un recoin pour laisser échapper ses larmes et se laissa aller à quelques souvenirs : sa joie de vivre toujours si contagieuse, les bons moments passés en taverne à papoter et rire autour d'un bon verre, sa gentillesse et son aide qu'il proposait toujours spontanément... Tancrel était un ami qu'elle appréciait énormément.

Athena réussit à se ressaisir, il fallait qu'elle sort forte. Paquita était une amie très chère, elle allait la soutenir autant que possible...

Athena se dirigea alors vers la taverne et entra doucement. Elle glissa rapidement un oeil vers la salle où quelques clients buvaient joyeusement et monta lentement à l'étage, le coeur lourd.

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Paquita
Des pas autour d'elle, des voix... Tout semble lointain à Paquita, estompé, comme provenant d'une brume épaisse que rien ne peut traverser...
Elle est tentée de se laisser aller au silence, de ne point ouïr ces propos lénifiants que ne manqueront pas de lui prodiguer ses amis... elle aimerait se laisser glisser et s'enfermer à tous jamais dans ses souvenirs.
A qui pourra-t-elle raconter ses sourires, l'éclat de son regard quand il la contemple, sa main qu'il pose sur ses reins en un geste protecteur et qui la met en un tel émoi qu'elle n'ose plus respirer, leurs promenades main dans la main, la splendeur des paysages qu'ils ont traversés ensemble, la gaité des gens dans les rues provençales qui les faisait sourire et les rendait heureux malgré eux, la douceur d'un repas partagé et son désarroi chaque fois qu'ils devaient s'éloigner l'un de l'autre.
Du goût de ses baisers, elle ne pourra parler à personne. Un pli amer se glisse au coin de sa lèvre et y élit domicile. A qui ne ferait pas attention, il fait un gentil sourire, mais à qui connait Paquita, c'est le crève-coeur qui s'est installé là.
Des mots traversent son inconscient. Saino a haussé la voix et malgré ses défenses érigées, Paquita se sent perçée au fond de l'âme par ces propos.
Tancrel et sa gaîté, Tancrel qui ripaillait, buvait, chantait. Tancrel qui enchantait ses jours et ses nuits... Tancrel qui, pour la séduire avait poussé la chansonnette, lui avait offert des fleurs, écrit des billets...

Elle a soudain honte d'avoir si mal. Elle qui allait si souvent pêcher en mer à Toulon le sait bien... quand un bateau s'éloigne et qu'il disparait à l'horizon, c'est que d'autres le voient arriver et s'en réjouissent.
Elle sait aussi que la douleur sera désormais sa compagne, qu'elle lui tiendra compagnie, qu'il suffit de lui aménager une place discrète au coin de son coeur pour qu'elle ne se manifeste pas de façon incontrôlée.
Les mots de Saino finissent de la conforter dans sa décision de ne rien laisser paraître de son désarroi. Elle relève la tête vers le père et c'est le regard clair et la voix ferme qu'elle lui lance :

Faites votre travail mon père, je suis prête.....
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Heimrich
Heim, de retour pour une courte journée en ville, appris la terrible nouvelle de la disparition de Tancrel. Il rejoignit aussi vite qu’il le pu l’auberge de son Amie

Nombreux étaient présent qu’il salua d’un signe de tête. Il alla vers Paquita, se contentant de la serrer longuement dans ses bras…. Les mots souvent étant dénué de sens dans de telles circonstances. Il resta un moment vers le corps du défunt, qu’il avait souvent croisé en taverne, pensant aux bons moments de jadis…

Après une courte prière intérieure, il prit congé de tous, serra une nouvelle fois son amie dans ses bras, lui murmurant simplement « courage, tes amis sont là pour toi »…

Il devait maintenant se rendre à son auberge, pour mettre une petite pancarte annonçant qu’il se rendait en retraite méditative pour quelques temps…
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