Dans sa réserve, Paquita range tout ce qui lui est utile pour confectionner les repas qu'elle sert aux clients : jambons et saucissons, andouilles et pâtés,
gibier à poils et à plumes, jattes de crème et bidons de lait disputent la place au fruits,
frais, conservés sur des clayettes,
confits ou secs, que la tavernière dispose sur un présentoir et qu'elle picore à chaque passage. Les poissons séchés, enfilés festonnent les poutres, d'autres reposent dans des bocaux de saumure. Des tresses d'ail ou d'oignons ponctuent ces guirlandes de loin en loin, ajoutant leur couleur, rose, blanc, blond, rouge, de leur pelure satinée au tableau ainsi composé.
Près des jarres d'huile, les sacs de farine jonchent le sol de leur poudreuse exhalaison.
Sur une table,
les pains se côtoient, ronds, bombés à la croûte dorée, craquante et parfumée.
Dans le fond, le mur s'ouvre sur un passage obscur d'où une fraîcheur inattendue vous frôle l'échine. C'est là que Paquita
entrepose ses tonneaux, là qu'elle vient chaque soir, la torche à la main chercher de quoi rassasier les hôtes, habitués rigolards ou voyageurs effarouchés et timides.
Dans un coin, une petite table. C'est ici que Paquita prend
ses repas, frugaux pour la plupart mais pas sans saveur.
Ce jour, en l'absence de clients, Paquita se délecte d'un poisson et de poireaux sauvages. Le silence, propice à la rêverie , la baigne de calme. Les narines frémissantes aux parfums qui peuplent la pièce, elle prévoit déjà de se couper une lamelle de fromage dur pour finir son festin quand un effleurement contre son mollet la fige sur place. Les sens en alerte, elle cherche à définir quel est l'intrus qui trouble ses agapes.
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