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La réserve du Banastié (Défense d'entrer - Piège à loup)

Paquita
Le bruit des outils déversant terre et cailloux sur le bois de la bière résonnait encore douloureusement à ses oreilles. Paquita, en rentrant au Banastié, confia les enfants à son amie Athena qui les emmena voir les porcelets nouveaux-nés pour les distraire.
Le pas lourd du chagrin ressenti, la tavernière monta à l'étage et s'enferma longuement dans la pièce où avait reposé Tancrel.
Cette pièce avait été celle qu'il occupait de son vivant et, où qu'elle porta le regard, elle était pleine des souvenirs et des objets du défunt.
Paquita en fit le tour, caressant du bout des doigts ces possessions qui demeuraient sans maître....
Les donner ? à qui ? et puis ?
Paquita pensa à ses enfants. Peut-être voudraient-ils savoir un jour qui était leur père, avoir des détails sur sa vie et son oeuvre. Ces affaires pourraient alors lui servir d'entrée en matière.
Paquita ne pouvait se résoudre à les entasser dans un coffre.
La mémoire de Tancrel méritait mieux. Elle se leva et descendit en courant dans la grange, en revint avec un pot de peinture noire et un pinceau large. Montée sur un tabouret, elle s'appliqua à ne pas dépasser lorsqu'elle appliqua le noir en bande régulière. Bordure sombre, la litre vint poser sa note de pieuse déférence à cette page de la vie de Paquita.
La jeune femme rangea soigneusement la pièce, exposant les objets de Tancrel ainsi qu'il avait l'habitude de les placer.
N'étaient les rideaux tirés et la litre, on aurait pu croire qu'il allait rentrer pour s'en servir.
Après un dernier regard à la chambre, Paquita referma la porte. La clé tinta à la façon d'un glas quand elle la fit tourner dans la serrure.
Paquita s'en fut retrouver ses enfants, ses amis, ses clients, sa vie...

_________________
--Tanita


L'écurie est sombre, éclairée uniquement par un puits de lumière dans le toit et un fenestron au volet mal clos.
Tanita doit habituer son regard à l'obscurité. Derrière elle, Cassetrogne obstrue l'encadrement de la porte. Il éclipse de sa seule présence la clarté du jour.
Tanita le contourne et appuyant ses petites mains bien à plat sur la lourde porte de l'écurie, entreprend de la pousser pour faire entrer luminosité de la cour. Elle s'arque-boute mais la lourde porte ne bronche pas.

CasseTrogne piaille la petite aide moi !!!!!
Elle attend que le géant vienne à ses côtés et se remet à pousser , abimant ses paumes fraîches au bois râpeux de la portes.
--Cassetrogne_

CasseTrogne .... aide moi !!!!!
Il faut un grand moment à CasseTrogne pour comprendre ce que veut la petite maîtresse. Il lui faut l'observer intensément en pinçant fort les lèvres et relevant le menton vers son nez. C'est une manoeuvre qui ne manque pas de l'aider à saisir les mystères qui l'entourent. Si en plus il plisse les yeux, alors là, c'est sûr, il comprend tout !
Il se dandine de son déhanchement particulier de boiteux et va se placer derrière la petiote. Il pose sa grosse patte sur le vantail et presse un peu. La porte s'ouvre.
La lumière entre à flots.
Des bruits de sabots, des renâclements accueillent la clarté.
CasseTrogne baisse la tête pour regarder Tanita. Celle-ci a disparu.
Il la cherche du regard.
Elle court déjà vers le fond de la grange.
Il se hâte de traîner la patte à sa suite.
--Tanita

Tanita court, le bout de ses nattes battant son dos.
Dans l'écurie, les bruits résonnent.
Celui de ses petits pas battant la terre, celui des sabots raclant le sol, des crins claquant le long des flancs, des naseaux qui frémissent avec des bruits mouillés. Les piétinements sourds, les doux murmures des lèvres , les craquements des dents qui meulent leur bottée de foin bruissent dans la pénombre.
Dans un recoin obscur, à l'écart, des froissements de paille.
Tanita s'arrête, soudain intimidée et attend CasseTrogne.
--Cassetrogne_

Il suit la petiote de son pas lourd et malhabile.
Son regard ne quitte pas les deux nattes qui battent joyeusement la pulsation des pas de la gamine.
Un coup au coeur quand elle passe derrière ce cheval vicieux qui se prépare à tirer au renard.
Mais la petite a poursuivi sa route, inconsciente de ce à quoi elle vient d'échapper. Toujours sautillant, elle s'enfonce dans les profondeurs moites de l'écurie.
CasseTrogne hume avec délice les effluves chaudes et pénétrantes. Ce sont des parfums qui font froncer le nez à plus d'un mais dont il se régale.
Il s'en dégage une puissance qui trouve écho en lui.
La petite, là devant, n'a pas l'air dégoûtée, elle non plus et CasseTrogne en éprouve un plaisir épais.
Elle s'est arrêtée et tourne vers CasseTrogne son regard clair et confiant.
En quelques enjambées, il la rejoint non sans avoir fait un crochet pour éviter le cheval vicieux qui s'agite à sa longe.
--Tanita

Tanita, soudain intimidée, s'est arrêtée. Elle attend CasseTrogne.
Si elle a plus de jugeote dans son petit doigt que lui dans toute son immense carcasse, elle est bien consciente qu'il y a des choses pour lesquelles sa présence est indispensable. Et l'instant présent requiert la présence de Cassetrogne.
Elle a envie de le houspiller pour qu'il avance plus vite. Elle retient les mots sur le bord de ses lèvres en le voyant trainer la patte pour la rejoindre.
Sa mère lui a mainte fois répété de se montrer patiente avec lui. Si d'ordinaire, Tanita tient peu compte des recommandations de sa mère, il en est autrement en ce qui concerne le doux géant.
Paquita sait des choses. Des choses que Tanita ignore ... et ça, Tanita le sait.
La petite a une pensée fugace pour sa mère qui ignore tout de ses escapades.
Sûr qu'elle serait fâchée, se dit la petite. Si elle ne sait rien, elle ne le sera pas !
La logique de Tanita est sans faille, du moins le pense-t-elle.
CasseTrogne est maintenant tout près. Il lui tend sa grosse paume calleuse.
Tanita la contemple, impressionnée par la taille des doigts, l'épaisseur de la peau et la profondeur des sillons qui la parcourent.
Elle relève le visage vers l'homme, leurs regards clairs s'accrochent.
Tanita finit par sourire et par poser sa paume menue sur la paume massive de CassTrogne qui l'enserre.
Il avance de son pas lourd vers l'obscurité frémissante du fond de la grange, la petite portant ses pas à côté des siens, s'appliquant à calquer ses gestes.
Guillhem
Paquita allait quiter la ville, pour escorter un marchand comtal.
Cette soirée avait été des plus mornes... Beaucoup de non dits qui en disaient long finalement.
Elle était partie se coucher pleine de remords et de questionnements... Il le sentait.
Son sénéchal l'avait contacté aussi plus tôt dans la journée. Il devait s'apprêter à guerroyer. Il commença à faire son paquetage mais n'avait pas vraiment le coeur à ça. Aussi il alla se débusquer une bouteille de Douce au placard, et vint s'agenouiller devant l'âtre où dansaient les flammes au deussus des bûches rougeoyantes, qui se consumaient un peu plus à chaque instant. Au dehors un froid tenace s'était installé, couvrant les chaumières et toute la vallée de sa robe sinistre. Le temps des fièvres était revenu.
Il resta là assis à même le sol contre l'âtre, remuant plétore de pensées sombres et assez rudes. Il voulait en découdre, et pourquoi pas tomber au combat, en emportant avec lui quelques sinistres têtes.
Mourir pour sa belle, mourrir pour les chauriens... après tout pourquoi pas. N'était ce pas la meilleure fin que l'on puisse souhaiter?
Elle s'en remettrait, elle trouverait quelqu'un de bien. Quelqu'un qui sache la rendre heureuse, répondre à ses attentes de femme sensible.
Quelqu'un qui la comprendrait sans doute mieux, et dont elle puisse aussi cerner les pensées les plus profondes.
Il passa quelques fois sa main au milieu des flammes, crispant l'autre sur le cul de la bouteille qu'il pressait contre sa bouche, comme il aurait eu envie de presser Paquita contre son torse, et étoufa un cri de rage.

Demain il serait temps de préparer son baluchon. Demain il partirait au coeur de l'action, dans la morsure des gelées hivernales.
Il jeta encore quelques buches pour raviver le feu, et se perdit dans la contamplation du balai hypnotique... De plus en plus... loin...de plus en plus...


*************************************************************

Il s'éveilla aux aurores, et entreprit de remettre du petit bois pour faire repartir le feu. Cassetrogne n'aurait plus qu'à l'entretenir.
En se levant il vit sur la table un mot. Un mot de Paquita qui était partie sans le réveiller.
Sans doute était ce mieux ainsi.
A sa lecture il sentit ses yeux se mouiller et son coeur cogner comme un tonnerre dans sa poitrine.

Mon aimé

Me voici loin de toi et le temps me dure. Chaque fois que je pense à toi, mes yeux se mouillent.
C'est comme un sentiment d'automne, celui de perdre quelque chose d'irremplaçable.
Peut-être cela est-il dû au fait qu'hier j'ai fait solitairement mon baluchon et que je me suis enfoncée dans la nuit sans avoir senti tes bras autour de moi.
T'ai-je déjà dit que tes bras me donnent toutes les forces, toutes les audaces ?
Je comprends que tu n'aies pu te libérer. Tu as tant de choses à t'occuper.
Je voulais aussi te dire que je suis fière de toi, de l'homme que tu es en passe de devenir. Je ne parle pas de la mairie ou d'autres occupations vibrionnantes.
Certes, je sais l'importance que cela revêt à tes yeux. Mais ce n'est pas ce qui motive mon admiration.
C'est quelque chose d'infiniment plus subtil que des honneurs terrestres.
Tu es juste en train de devenir quelqu'un d'attentif aux autres. Et pour moi, cela vaut tous les ors des palais.
Votre querelle à Athena et toi me navre car elle entache cette belle oeuvre que tu as entrepris de notes mesquines et basses, indignes de l'homme que tu es devenu.
Tant que tu te comporteras avec bonté tu me trouveras à tes côtés.
Ces mots, je te les écris parce que je ne sais pas les dire.
Chaque fois que nous sommes ensemble, je te houspille alors que tout mon être me crie qu'il t'aime.

Amael, je t'aime

Paquita



Elle l'aimait. Biensur, il le savait. Et il allait devenir l'homme dont elle parlait dans cette lettre. Au moins celà, une fois avant de mourir.Avant de finir son baluchon, il se saisit de sa plume, de son encrier et d'un morceau de parchemin.

Ma tendre,
je réalise à quel point je peux te sembler distant, ne m'en veux pas.
Je pars ce soir défendre les toulousains.
Continue d'être fière de moi. Tu es la seule personne dont j'ai envie qu'elle le soit.
Porte toi bien et prends bien soin de Tanita et Pascarel en mon absence.

Ton Amael qui t'aime.


Il roula le parchemin, le scella à la cire d'abeille, et l'accrocha à la patte de plumette avant de la libérer.

Il plia ses affaires, et partit en direction de la caserne rejoindre son sénéscal qui l'attendait.

_________________
Paratgejam mos fraires, paratgejam!
Toto.dangely
De retour à Castlenaurady et sur les conseils de la curette de Béziers c'est d'un pas décidé qu'il se rendit là ou résidait Paquita. Pour sur, la curette lui lui en avait expliqué des choses, qu'il fallait bien oser, plutôt que de regretter, et c'était ce que Toto toute la nuit s'était répété. Pourtant, déjà en passant les remparts, cette grande certitude qui le menait s'amenuisait, il commençait à douter.

Loin de lui l'idée d'être un héros, juste l'envie d'être heureux, pourtant cette petite voix dans sa tête était claire
, de toi elle se moque, ne réponds point à tes missives, oublies là avant de souffrir, mais après il entendait une autre voix, regardes son trouble quand tu la croises, cela ne peut pas être rien, aller oses, dit lui, et au moins et tu seras fixé !puis la première voix reprenant mais oui, et encore une fois tu seras un jouet, que l'on jette, allez part d'ici, va t'installer avec tes amis, et oublies, oublies là, tu cuveras dans leur cave son visage se crispait grimaçait, jamais il n'aurait penser que cela serait si dure.

Ainsi avec toutes ses discutions sans sa tête il passa la porte de Lo Banastié, et se restaura un peu, une chope de bière, et se rendit à la réserve, tout était calme, trop calme, sa gorge le serrait, ses jambes lui criaient de partir, de fuir, un pas, puis un autre, enfin la porte se présente, lever la main pour y taper, s'arrêter net !

Non, il ne pouvait, il vivrait sans savoir, il n'aurai pas du venir, pourquoi ! Pourquoi l'avoir fait, il maugréa contre la curette de lui avoir mis cette idée en tête.

Ses pas alors prirent le chemin de l'écurie, ou il avait déposé Quinine
La petite voix dans la tête murmurant tu as bien fait, sauves toi
--Tanita

Dans le fond de l'écurie, des raclements, des frémissements, des ébrouements... Tanita, impressionnée ralentit le pas, laissant se tendre son bras au bout du bras de CasseTrogne.
Le géant s'arrête et tourne vers elle sa tête massive au visage martelé et grossier.
De sa lippe pendante, un rictus rassurant.
Tanita hésite longuement.
Puis, c'est l'odeur qui la décide. Un parfum d'amour, comme un chant engageant qui l'attire.
Quelques pas, sa menotte toujours dans celle de CasseTrogne...
Les voici arrivés.
Tanita n'en croit pas ses yeux agrandis.
Elle scrute chaque détail et ses yeux neufs se gorgent de la finesse, de la délicatesse du spectacle offert.
Un raclement de pieds à ses côtés, elle lève son visage rayonnant vers celui de CasseTrogne.

Ohhhhhhhhhh .... dis.... je peux ?
Elle tend une main timide puis, après acquiescement du géant, s'enhardit.
La peau frissonne sous ses doigts.
Les naseaux posent une pellicule de buée sur sa paume.
C'est décidé, ce soir, Tanita demandera à sa mère de le lui offrir.

Paquita
Paquita est nerveuse. Heureuse, nerveuse, joyeuse et anxieuse. Tout cela à la fois...
Les émotions débordent de sa poitrine et elle tente de les réfréner, d'organiser ses pensées, d'ordonner les battements de son coeur. Ses tempes battent un euphorique refrain.
Elle entre dans l'arrière salle, ouvre la porte qui donne sur ses appartements et hèle les enfants d'une voix claire.
Le premier silence est bientôt rompu par le bruit des petits pieds qui se précipitent à sa rencontre. Les deux petits se bousculent, chacun tentant de prendre le pas sur l'autre et d'arriver avant.
Paquita a envie de rire à les voir se chahuter ainsi.
Elle intervient lorsque Pascarel qui a perdu la course se venge en tirant d'un coup sec la natte de sa soeur.

Mes enfants chéris, je vous ai fait venir ici parce que... j'ai quelque chose à vous dire... quelque chose d'important...
Toute décidée qu'elle était au début, Paquita sent sa gorge la trahir et les mots fuir ses lèvres. L'aisance qu'elle éprouvait en les appelant fait à présent place à une hésitation grandissante.
Ils sont si petits... Comment vont-ils prendre la chose et si... et si.....

Un éclair de joie la secoue, comme un coup de fouet lui fait lancer :
Amael et moy... nous allons nous épousailler.
Elle se tait et observe les deux visages tendus vers elle.
_________________
--Tanita

La tête violemment tirée en arrière, Tanita volte et lève déjà la main pour souffleter son frère quand la main de sa mère se pose, apaisante sur son épaule et que sa voix lui parvient.
Mes enfants chéris, je vous ai fait venir ici parce que... j'ai quelque chose à vous dire... quelque chose d'important...
Ce qui interloque le plus Tanita, c'est l'air radieux de sa mère qui contraste avec le sérieux du ton et des propos.
La dernière fois qu'elle a adopté ce ton sentencieux, c'était pour leur annoncer que leur père ne reviendrait jamais... et là...
Tanita scrute le visage de sa mère.
Elle perçoit dans le regard de Paquita une flamme joyeuse qui danse. Les lèvres peinent à réprimer un sourire extasié. Son visage entier irradie.
La future femme en Tanita reconnait là, le bonheur que procure le sentiment de se savoir aimée.

Amael et moy... nous allons nous épousailler.
Elle hésite... ce n'est pas que ça lui plaise tant que ça de voir un homme remplacer son père. Mais elle a si souvent entendu sa mère pleurer à longs sanglots déchirants quand elle croyait la maisonnée assoupie qu'elle est reconnaissante à Amael
Dans sa tête d'enfant, elle se dit égoïstement que sa mère, heureuse, sera une bien meilleure mère et qu'une femme heureuse cuit plus de gâteaux qu'une femme triste.
Amael ? l'Amael qui nous raconte des histoires pour nous faire rire quand tu crois qu'il nous en raconte pour nous endormir ? cet Amael là ?
Tu fais bien maman, comme ça on aura une histoire chaque soir !

Et Tanita va se presser contre sa mère et lui enserre les jambes de ses bras, puis, elle pose sa joue contre le tissu de la robe et savoure le parfum frais qui en émane.
--Pascarel

L'échauffement de la course, le dépit, la vengeance, le plaisir, l'étonnement, la stupeur....
Pascarel a bien du plaisir à sentir dans sa main la lourde tresse de sa soeur et à tirer dessus.
Il lui semble que c'est la corde qui bat la cloche en l'église où sa mère le mène parfois. Plaisir de courte durée, alors qu'il ricane encore, sa mère, sa tendre mère lui fait lâcher prise de ses doigts impérieux.
Pascarel lance un regard de défi à sa soeur, il a une vague conscience que Paquita leur parle.
Quelque chose l'alerte, le ton solennel peut-être ou les pupilles de sa soeur qui s'écarquillent....

Amael et moy... nous allons nous épousailler.
Pascarel comprend qu'il se passe quelque chose. quelque chose d'important.
Les mots pénètrent lentement ses pensées.
Amael ? l'Amael qui amène le bois de la forêt ? l'Amael qui s'adresse à lui comme s'il était déjà un homme ? l'Amael qui a éloigné la truie, alors qu'avec sa soeur, ils avaient approché les porcelets et que la coche, rendue agressive, les menaçait ? l'Amael qui est toujours là, chaque fois que ça ne va pas ? celui qui fait s'esquisser un sourire sur les lèvres de sa mère ? celui qui- mais ça, c'est un secret- lui apprend des chansons quand Paquita a le dos tourné ? cet Amael là ?....
épousailler ? Ce mot là aussi met du temps à s'installer.
épousailler comme lorsqu'on fait une fête ? que les gens rient et dansent ? que les vivres et les gourmandises parviennent à la bouche des plus petits, comme lui, tant elles sont abondantes ?
Et puis, Amael... c'est un homme ! Pascarel n'est pas malheureux entre sa mère et sa soeur, nenni... mais ce sont des filles !!!!
Pascarel ne le dit pas, mais son père lui manque parfois et l'Amael... ben c'est plutôt une bonne nouvelle !

Pascarel ne saisit pas l'ampleur de la nouvelle, il ne pense pas qu'il va devoir partager sa mère, il pense seulement que depuis quelque temps, les joues de Paquita sont plus roses et ses yeux plus joyeux. Pascarel, enfant heureux, ne sait pas voir ce qui pourrait le désoler, il voit seulement ce qui le réjouit.
Alors, il rejoint sa soeur et enserre les jambes de sa mère, attendant la paume douce de celle-ci qui ne manquera pas de se poser sur ses cheveux bouclés en un geste qui l'apaise et le réconforte.
--Le_chat_
Douillettement assoupi sur le manteau de la cheminée, Le_Chat_ dresse une oreille nonchalante. Des appels, des pas, des cris, rien que de très ordinaire dans cette maisonnée...
Au cris stridents des enfants succède la voix balancée de la Maîtresse. Le_Chat_ en ronronne d'aise, un flot de salive envahit ses babines, la Maîtresse a toujours quelque chose pour lui... Les yeux toujours clos il attend le bruit de l'écuelle sur le sol.

Amael et moy... nous allons nous épousailler.

Pour le coup, Le_Chat_ ouvre un oeil et se redresse mécontent.
Pas que l'Amael soit mauvais maître... quoique... Il a en mémoire une main leste qui le fait descendre l'asile bienheureux du lit, une botte qui l'écarte de la jatte de lait, une voix qui le houspille alors qu'il s'apprête à chiper un hareng .
L'Amael, il pourrait s'en accommoder avec ses doigts qui tiennent une friandise, un bout de viande, de pain plein de sauce, un bouchon à faire rouler...
Non ! Ce qui énerve Le_Chat c'est que l'Amael est affligé d'une tare. Il a le plus souvent derrière les talons une de ces bêtes hideuses, toutes en crocs et en langue, en sonores pattes griffues , en jappements inconvenants. L'Amael a un CHIEN !!!!!

Pour bien marquer son dépit, Le_Chat saute de la cheminée et s'éloigne du groupe de Paquita et des enfants d'un air hautain. Il trouve sur un fauteuil une chemise de l'Amael, justement ! Il la tire au sol, la laboure et la lacère de ses pattes arrières et lorsqu'elle est réduite à l'état de charpie, il urine copieusement dessus pour le cas où le message manquerait de clarté.
Paquita
La nuit s'est faite sombre depuis longtemps.
Les enfants enfin calmés se sont endormis.
A la lueur tremblante d'une chandelle, Paquita a terminé les comptes de la taverne, passé les commande de tonneaux, réglé ses affaires et envoyé ses courriers.
Les yeux perdus dans la mouvante lumière de la flamme, elle songe.
Dans son dos, l'huis pivote sur ses gonds et l'ombre immense d'Amael frôle les murs. Quand, à son habitude, il vient se poser contre son dos, appuyant des mains sur les épaules lasses de Paquita, qu'il se penche en un baiser soyeux à la tempe, elle tourne vers lui un regard confiant.
Ce soir encore, elle se taira.
Elle qui a la langue si bien pendue, qui fait valser marmites et casseroles, qui corrige d'une poigne ferme maroufles et marauds, a des timidités d' oiselle quand Amael parait.
Alors, comme chaque soir, elle préparera son repas, l'écoutera narrer les potins des couloirs du château, le regardera s'animer, s'enfiévrer pour les causes qu'il juge juste.
Elle continuera à sourire de ce bon sourire qu'elle a quand il est là, celui qui nait tout seul et ne peut s'effacer.
Elle hochera la tête aux projets qu'il forme, réprimant parfois un rire pour ne pas le freiner dans cet élan qu'il a et qui est la vie.
Oh, bien sûr, il lui a demandé si sa journée s'est bien passée, si elle est fatiguée, si elle a rencontré des amis, il veut tout savoir.
Elle le rassure.

Oc oc tout va bien, et merci pour les fleurs que tu m'as posées dans la salle....
Elle se fait discrète mais point distraite.
Et ce soir pas plus que les précédents, elle ne lui dira sa joie de le savoir là, près d'elle. Il a trop à dire, elle, trop à écouter....
Les ombres s'agitent autour d'eux. La maison silencieuse, écrin de leurs échanges, protège ce bonheur domestique pétri de tendresse et de respect.

_________________
--Pascarel

Hurler !
Hurler à en perdre haleine !
Hurler du son le plus strident qu'il peut...
Hurler à en avoir la gorge brûlante !
Hurler pour faire reculer l'ennemi !
Hurler pour échapper à l'inéluctable !
Hurler encore et toujours....

Pis fuir aussi....
Pascarel tente l'esquive, une feinte à drexte, un crochet à sénestre. L'adversaire, trop rusé, lui bloque le passage.
L'enfant volte et tente une échappée par l'autre bout de la pièce.
En quelques pas, il est rattrapé, ceinturé, soulevé.
Pascarel ne manque pas de ressources aussi gigote -t-il. Il se fait pesant, glissant, fuyant. Il tente de desserrer l'étreinte funeste, de s'évader pour se soustraire à ce qui l'attend.
Il a presque déjoué le piège en se retournant dans les bras qui l'enserrent. Il a coulé vers le bas, ne restent plus que ses mollets de prisonniers, ses mains frôlent le sol. Il cherche quelque chose à quoi s'agripper.
Le montant d'une chaise. Celle-ci bascule et tombe avec fracas, répandant au sol son chargement de vêtements pliés et repassés.
Pascarel se fige. Il comprend qu'il vient d'aggraver son cas.
Sa mère a passé des heures, la veille à laver, ravauder et repasser ce linge.

Il cesse de hurler tant qu'il y est. Sa mère le redresse et le pose sur ses pieds.
Au supplice, il se laisse dévêtir, retenant à grand peine des sanglots qui montent du plus profond de lui. La défaite est cuisante.
Bien qu'habituelle et quotidienne, Pascarel ne s'y fait pas.
Il risque une dernière manoeuvre, prend son air le plus malheureux, celui qui fait fondre tous les clients de la taverne et lui rapporte d'ordinaire moult friandises.
Il bat des paupières pour décrocher une larme qui perle au bord de ses cils.
La voix tremblante et traînante...

Mômaaaaaaaan......
Un rapide coup d'oeil au visage de sa mère fait s'évaporer tous ses espoirs.
Nu comme un ver, il se tourne vers le coin de la pièce et contemple, désespéré le lieu de son calvaire.

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