--Pascarel
Une étrange atmosphère plane sur la maisonnée. Depuis quelques temps, sa mère est devenue raide, toujours présente et aimante mais cuirassée de douleur, comme insensible.
Pascarel, dans un état cotonneux traverse cette période de sa vie, une sensation au coeur de déjà vécu. Une douleur exquise aux tripes, l'inéluctable dont il apprend à composer.
Amael... Il le pensait immortel.
Lui reviennent des moments avec lui, les rires au moment du coucher quand maman les croit à faire la prière, bien agenouillés avec lui et que les oreillers volent, que Tanita hurle de rire et que lui rebondit sur le lit, excité tandis qu'Amael fait mine de ...
de mourir sous leurs assauts de linge et de plume.
Tutututututu... crois que c'est du mmmmmoummmmourru de faux ? commmmme qqqquand on pppppr... ppprriait ? demande-t-il à Tanita
Celle-ci le toise avec hauteur, elle, la grande ,manifeste combien cette question la dérange et combien Pascarel est un ... bébé qui croit des choses impossibles.
Il est mort mort ! pis tais toi ! tu m'embêtes ! et arrête de bégayer... ça m'agace.
Pascarel n'en veut pas à sa soeur. Il l'a surprise à pleurer, les bras autour de l'encolure de son cheval.
D'ailleurs, elle passe presque tout son temps à l'écurie à présent, à parler au poulain que sa mère lui a confié et qu'elle soigne avec l'aide de CasseTrogne.
Pascarel sait que sa soeur est une "braque" qui ne montre pas ses émotions mais qu'elle aussi est ravagée de chagrin.
Assis sur le sol, sous le tilleul de la cour, il construit une cabane de brindilles pour s'occuper les mains. Son esprit vagabonde et s'interroge.
Tu es où Amael ? Tu avais dit à maman que tu allais rentrer, elle l'a lu l'autre soir après la soupe. Tu l'as écrit sur une lettre. Alors ? tu es où ? Tu nous vois de ta mort ? C'est comment ? ça fait mal ?
Dans le doute, il lève le visage vers le soleil et adresse un sourire à l'espace puis se replonge dans ses pensées. Ses lèvres le trahissent quand il parle et lui occasionnent un bégaiement ridicule qui énerve sa soeur et chagrine sa mère.Alors, il se tait et pense....
Il revoit Amael, sa bâtarde en main, qui virevolte devant lui, le contourne avec aisance, enchaine les passes, les parades et les estocs.
Les buissons frémissent au frôlement de la lame, l'air devient électrique.
Amael s'entraîne sous les yeux ébahis du garçon, les deux mains sur la poignée de son épée, il maîtrise son arme, de sa démarche coulée et sûre, il danse son ballet de guerrier autour de l'enfant fasciné.
Si Pascarel n'avait crainte que sa soeur ne le soufflète, il courrait lui raconter ça... qu'il vient de voir Amael lui tourner autour en s'entraînant à l'épée.