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[RP] L'appel du vide: une enquête

Beeky
Sourcils froncés le temps d’un battement de cils, la vicomtesse resta figée sous l’effet de la surprise. Contre toute attente, le baron faisait montre de grand empressement à vouloir quitter la pièce alors qu’Arielle n’avait poinct dissimulé sa queste à trouver réponse à la disparition de son fils.

Assurément, la chose paraissait pour le moins étrange si le Sanguinaire estait meslé d’une quelconque façon à ce tragique évènement. A moins que… Maudite vérole ! Beeky, ma fille, la prochaine fois que tu voudras sauver la mise à autruy, récite par sept fois le credo avant d’ouvrir ton bec… se dit-elle. La dame venait de peser les mots du baron. A quoi songeait doncques Renaix en disant qu’il allait se charger d’Aelis… ? Oh certes, Beeky pouvait estre fière d’elle, la manœuvre avait porté ses fruits, seulement quel sort Renaix allait-il réserver à la dame de Cerrione ?


Votre pucelle-là, "la désoeuvrée", elle boit de la bière? En temps ordinaire, Attigny serait partie d’un grand éclat de rire si on lui avait mandé si sa belle-sœur avait un penchant pour la bière. Toutefois, la réputation du baron noir n’estant poinct créditée d’une once de moralité, Attigny croisa son regard, incrédule, n’osant s’aventurer en de scabreuses conjectures.

Boire de la bière, distes-vous…? Répondit-elle d’un ton marquant sa surprise. Ah ça mais... le baron lui mandait-il si sa belle-sœur se piquait la ruche à la bière ? Ne voulant poinct afficher son trouble, la vicomtesse se pencha alors plus avant et usant d’un ton se voulant naturel et persuasif, elle susurra à l’oreille du sieur :

Ma foy, comme tout un chacun, si le choix devoit se faire entre piquette qui aurait tournée au vinaigre ou blanche de Brugge...

La dame se recula quelque peu, son visage s’éclaira d’un sourire angélique et elle sortit de la pièce au bras de Slamjack.
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Présence en pointillés pour cause de vacances.
Malycia
"Je suis céans car on m'a raconté que Laurens et vous aviez éprouvé de tendres sentiments l'un envers l'autre".....

Aaaah, c'était donc pour ça qu'elle avait fait le déplacement, un sourire naquit sur ses lèvres, comme si elle avait eu besoin d 'attendre le départ de son père pour lui poser pareille question, Slam avait des yeux et des oreilles partout, surtout quand il s'agissait des fréquentations que pourrait avoir sa fille, d'autant plus qu'elle se souvenait que Laurens avait rencontré son père mais n'avait jamais pu en connaitre la raison.

Je ne sais qui a pu vous raconter pareille sottise mais bien malin celui qui peut connaitre la teneur des mes sentiments envers quiconque.
Mais il est vrai qu'à une période, je ne sais même plus quand d'ailleurs, pour vous dire comme ça avait eu de l'importance pour moi, lui et moi nous fréquentions souvent, en tout bien tout honneur, même si votre fils voulait trouver une bonne ame pour le déniaiser, c'était d'ailleurs là tout ce qui l'interessait chez une femme.
Donc j'ai rapidement pris mes distances quand je me suis rendue compte de ses intentions, et puis je n'ai gardé aucun contact avec lui, il s'est ensuite éloigné de l'ambassade pour rejoindre le parlement duquel il a disparu egalement.
Des impressions qu'il m'a fait je dirais qu'il était instable dans ses humeurs, plutot enclain à la morosisté, se plaignant souvent qu'il s'ennuyait, mais ne faisait rien pour changer cet état de fait.


Elle en disait finalement plus qu'on ne lui en demandait, mais apparemment la dame ne semblait pas très bien connaitre son fils.

Vous aider à savoir où il pourrait se trouver? euh peut être dans un lupanard....

Mais il lui revint soudain en mémoire leur dernière rencontre.

aaah ou bien, à moins que...sa dernière conquête que j'ai pu lui connaitre, Bathylde de la croix de....euh bramafan ou un nom dans le genre, une brugeoise.
La veille de mon départ de Bruges je les avais vu ensemble, ils discutaient à propos d'un trésor caché quelque part dans les souterrains ou je ne sais où, je ne saurais vous en dire plus car ils ont changé de sujet de conversation à mon arrivée.

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Arielle_de_siorac
De pâlotte, Arielle passa au carmin à l'évocation de la vie intime de son fils. Elle aurait voulu disparaître entre les planches du parquet.

La comtesse ne songeait même plus à douter de l'indifférence de Malycia tant icelle semblait peu émue de savoir Laurens disparu. La voilà qui l'imaginait vautré depuis des mois dans un lupanar! Qu'il fréquente à l'occasion une ou deux ribaudes était tout à fait normal. Mais Arielle avait bien du mal à croire son fils aussi... fiévreux que la jeune femme le laissait croire.

Non, c'était absurde. Impossible.


Veuillez excuser cette erreur, je n'ai point voulu me montrer indiscrète, ma damoiselle, murmura-t-elle, embarrassée. Enfin, si amour il y avait eu, il était désormais bien enfoui.

"Instable dans ses humeurs?" Arielle semblait entendre en écho son intendant lui décrire les joies et les tristesses démesurées de l'héritier, toujours imprévisible. Voilà qui la déconcertait. Quelles étaient donc ces excentricités? Naguère, Laurens avait pourtant été un petit garçon si sérieux, presque un pape!


La jeune Bathylde, acquiesça la comtesse dans une moue involontaire. Cela me revient en mémoire, oui. J'avais cru comprendre qu'ils étaient plus ou moins fiancés.

Son regard se perdit un instant dans la mélancolie qui suintait d'une fenêtre.

Un trésor et une amoureuse... cela m'aurait assurément lancée sur une piste intéressante si cette jeune femme n'était pas déjà trépassée.

Mais l'était-elle vraiment? Et si les amants s'étaient enfuis, vivant leur idylle en secret, quelque part, depuis tout ce temps? Non, non, pourquoi auraient-ils fait une telle sottise alors que rien ne s'opposait à leur relation?

Il semblait que les faits s'échappaient, glissant entre ses mains à chaque minute comme un serpent gluant. Comment savoir qui disait vrai? Et qui mentait pour ses propres intérêts?

Et qu'est-ce que c'était encore que cette histoire de trésor?


Je vous remercie d'avoir si obligeamment accepté de me raconter tout cela, Damoiselle de Laerne. Il était temps de se retirer; Arielle devinait qu'elle n'apprendrait rien de plus céans. Je suis votre obligée. Si d'aventure, il vous revenait en mémoire quelque détail qui pourrait m'être utile...

Ses prunelles fouillaient à nouveau dans le regard de la jeune femme. Un détail comme un amour nié, ou une mission secrète, ou un père meurtrier...

... n'importe quoi, même ce qui semblerait anodin! Je vous prie de m'en faire part en mon hostel de Bruges, place Sainct-Ange.

La Dénéré était dubitative, certaine qu'on lui cachait bien des choses. Néanmoins, en se levant pour prendre congé, elle sentit que les soupçons l'ayant menés à Renaix avaient en somme bien peu de substance. À dire vrai, la rumeur était la grande responsable de son affolement; rien dans ce qu'elle avait trouvé céans ne corroborait en réalité les peurs qui l'avaient animées. Elle en était presque dépitée.

Peut-être devrions-nous aller retrouver mon amie, sa jeune parente et votre ho... norable père, qu'en dites-vous?
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Malycia
C'est sur qu'elle n'avait pas fait dans la dentelle, et qu'elle n'était pas passée par quatre chemins pour lui parler de son fils, mais si on pouvait décrire de façon exacte le trait le plus marquant du caractère de Malycia, c'était bien sa franchise.
Bathylde était morte elle aussi, elle comprenait mieux pourquoi elle n'avait plus jamais entendu parler d'elle, il y avait peut être aussi une malédiction sur les membres fondateurs de PAF.

Quoiqu'il en soit l'entrevue semblait toucher à sa fin, de toute façon elle n'avait plus grand chose à ajouter sur le sujet, elle lui avait dit tout ce qu'elle savait, enfin presque mais ça la dame n'avait pas besoin de le savoir, et puis ça ne l'avancerait pas plus dans sa quête.
A son tour elle se lève pour raccompagner la dame.


Oui je pense que je ne pourrais rien vous apprendre de plus, désolée de ne pouvoir vous aider plus.

Tout en parlant elles se dirigent vers la sortie, une fois sur le parvis Malycia salue les dames pour prendre conges.

Mesdames ravie de vous avoir rencontrées, permettez que je vous laisse aux bons soins de mon père et vous souhaiter un bon retour.

Puis se tournant de nouveau vers Arielle.

Puissiez vous trouver réponses à vos prières et découvrir où peut bien se cacher votre fils.


Elle s'incline poliment et s'éclipse prestement.

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Slamjack
Dans la cour de son Manoir de Renaix, le Baron Noir demanda à Beeky :

Où est-elle, cette demoiselle désoeuvrée?
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Slamjack de Lys-Lez-Lannoy
Les Grands Hommes n'ont nul besoin de titre, Leur Nom suffit.
Arielle_de_siorac
Le retour dans la cour avait été plus rapide. Était-ce déjà l'habitude ou bien l'envie de quitter au plus vite ce Renaix inutile?

Me voilà qui repars avec plus de questions qu'à mon arrivée, grommela-t-elle.

Espionnage, trésors, amours, jalousie, secrets... Cette enquête prenait une tournure bien plus opaque qu'elle ne l'avait envisagée. Toutes les pistes semblaient aussi incertaines les unes que les autres. Elle ne pouvait croire personne.

Apercevant le baron accompagné de Beeky et de sa jeune belle-soeur, Arielle supposa qu'ils en avaient fini des présentations et réfléchissaient peut-être à toute vitesse; elles au moyen de fuir, lui au moyen de bisouter. Lasse et contrariée, la Dénéré avait la lippe morose.


Damoiselle Aelis, le bonjour, murmura la comtesse à la jeune femme en passant devant elle. Je suis ravie de vous revoir maugré les circonstances. Toutefois, je crains que vous ne soyez venue pour rien; nous repartons incontinent.

Se tournant vers leur hôte, Arielle lui adressa un sourire gracieux.

Nous vous remercions de tout coeur de nous avoir si galamment reçues en votre demeure, d'autant plus que nous n'étions guère annoncées. Assurément, votre honorable fille et vous êtes des... gens de bien. Ses prunelles avaient à peine cillé. Merci encore pour votre précieuse aide dans l'affaire qui m'occupe. À présent, nous vous laissons en paix et prenons congé.

Elle salua le Sanguinaire avec déférence et s'en retourna à son carrosse, le pas plus léger à mesure qu'elle s'approchait du soulagement. Un dernier regard sur la baronnie suintant l'automne, et elles étaient parties.

[De retour à Bruges]

Un pli attendait Arielle sur son bureau, dans le petit salon. Il arrivait des terres désolées d'où elle attendait une réponse, mais... pas celle-là.

Citation:
Gravin,

Ik spreek geen Frans maar ik heb ontvangen van u een brief voor de Graaf Jeanjacob.

Ik begrijp niet waarom U kijkt voor hem in Hoorn. Is niet uw echtgenoot met u? Hij links voor Brugge al drie weken geleden. Hij bezorgd te zijn niet meer nieuws van zijn erfgenaam. Heer Laurens is goed in Brugge?

Door hoop dat u, uw erfgenaam en onze beste Graaf zijn gezond, ik wil u eraan herinneren dat ik ben uw gewijd personeelslid.

Koenrad, Bursar van Hoorn


La déception de ne pas lire l'écriture souple de Jeanjacob avait vite cédé à l'agacement devant une missive incompréhensible.

Mais qu'est-ce encore que ce charabia? s'irrita Arielle. Par quelle extravagance ce... Koenrad se permet-il de m'écrire en lieu de mon époux?

La chambrière française fut sommée de se présenter à la maîtresse pour lui faire la traduction.

Ma Dame, votre intendant dit qu'il ne comprend pas pourquoi vous écrivez au comte à Hoorn puisque votre époux est supposé être céans, à Bruges. Ce dernier est parti de Hoorn il y a trois semaines. Il semble qu'il était inquiet de ne plus avoir de nouvelles de votre héritier.

Stupéfaite, Arielle était bouche bée. Il lui fallut un bon froncement de sourcils avant de répondre:

Mais mon époux n'est point à Bruges! C'est une erreur, je ne comprends pas. Il ne faut pas trois semaines pour arriver de Hoorn.

Un silence. Marthe évitait de souligner l'évidence.

Tu as mal lu.

Gênée, la jeune femme avança: Je suis mortifiée de vous contredire, ma Dame... C'est bien ce qui est écrit dans cette lettre. Vous pouvez demander à quelqu'un d'autre de traduire aussi, si vous le souhaitez.

Le désarroi serrait une main de fer sur la gorge de la comtesse. Elle n'entendait plus rien. Mais où était donc passé son tendre Jeanjacob?

Mais que se passait-il donc en ce pays maudit où les gens disparaissaient sans cesse?


Trois semaines... balbutia-t-elle. Ils se sont trompés, forcément... Il n'est pas là, tu le vois bien...
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Aelis
[Renaix]

Juchée en selle, dans la cour du Castel de Renaix, elle ne savait à présent plus trop par quel bout envisager son intrusion chez le Baron Slamjack.
Rentrer en la demeure du Baron sur son destrier ne serait point des plus cavalier, au sens figuré, mais elle ne pouvait se résoudre à abandonner sa monture pour pénétrer seule dans un lieu qui, il faut bien l'avouer, ne lui inspirait pas plus de sympathie que cela.
Mais ses tergiversions furent coupées court par l'arrivée de Beeky en personne, donnant le bras à un homme qu'elle identifia comme étant Renaix lui-mesme.
Bien étrange paire, en vérité.
Peu après arriva Arielle, qui la salua fort courtoisement.
Elles repartaient...
À la bonne heure !
Glisser à la Comtesse qu'elle se ferait un plaisir de les escorter sur le chemin du retour.
Et puis regretter ce léger trait d'humour, le visage fermé de la Gilraen ne laissait présager rien de bon, quoique la damoiselle ne pouvait exactement savoir de quoi il retournait, la missive de Beeky n'avait guère été assez claire au sujet de l'objet de leur visite chez Slamjack.
Mais il lui faudrait attendre d'estre arrivée à Bruges pour voir sa curiosité satisfaite...
Et sans doute, recevoir un copieux savon.
Enfin, après ceux de la Dragonne, le plus strident des criements de la Vicomtesse d'Attigny ne pourrait sonner à son oreille que comme une douce mélodie.


[Bruges]

Juste en arrivant, Beeky avait annoncé qu'elle leur faussait compagnie pour aller régler quelque affaire à l'archevêché.
Aélis avait été conduite en ses appartements, afin de vérifier que toutes ses affaires avaient été disposées à sa convenance, et se changer, ce qui après ceste chevauchée n'était point un luxe.
C'est donc rafraichie, vestue de propre et correctement coiffée qu'elle descendit rejoindre Arielle au salon.
Arielle qui semblait estre en grande discussion avec une de ses domestiques.


Trois semaines... Ils se sont trompés, forcément... Il n'est pas là, tu le vois bien...

Un peu trop tard pour faire demi-tour, le regard de la Comtesse avait croisé le sien.
Ne sachant trop comment se conduire en pareille occasion, la jeune femme n'était poinct assez intime avec la Gilraen pour savoir de quoi retournait le tourment qui transparaissait en son visage...
S'avancer, donc, en la pièce.


Quelque chose vous contrarie, Vostre Grandeur ?
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Arielle_de_siorac
Vacillement dans les prunelles de la comtesse.

Icelle regarda Aelis, puis Marthe, puis la lettre, avec l'air de se demander ce que diantre elle faisait là. Pour qui l'avait connue, on aurait cru la revoir au temps de son égarement, suite à l'agression en place de Pau. Elle était dépassée.


Trois semaines, Aelis... marmonna-t-elle.

À ce moment, un grand vagissement leur parvint d'une chambre un peu plus loin sur l'étage. On aurait dit un enfant qui criait. Cela secoua Arielle, qui retrouva son regard perçant, de même qu'une moue contrariée. Assurément, Aglaé allait passer un mauvais quart d'heure dès que la comtesse aurait le loisir de s'occuper de son cas.

La Dénéré s'intéressa à nouveau à sa jeune visiteuse, un sourire fade aux lèvres. Elle fit mine de ne pas avoir entendu le vacarme.


Je vous en prie, nous sommes entre nous. Appelez-moi Arielle.

Me voilà certes fâchée, chère damoiselle, car outre la déquiétude qui me ronge devant la mystérieuse disparition de mon fils Laurens, voilà que l'intendant de mon comté de Hollande se permet de rajouter à mon affliction.


Elle rejeta la missive parmi ses notes éparpillées dans un geste exaspéré. Coup d'oeil irrité à la chambrière, puis retour à la Maledent.

On prétend que mon époux est parti de Hoorn il y a trois semaines pour s'en venir céans, à Bruges. Or, à moins que le comte ne se soit transformé en courant d'air lors de son court voyage, je crains qu'il ne s'agisse d'une erreur. Mais où se trouve mon époux s'il n'est plus à Hoorn? Qui peut me le dire?

L'énervement fit se lever la comtesse, qui tentait par le mouvement de calmer l'angoisse qui enflait de plus belle en son estomac. Sa canne frappait le parquet avec un bruit sec.

Vous vous doutez que je n'ai guère besoin de ce genre de bêtise en ce moment.

D'un geste, Arielle invita Aelis à s'asseoir avant de se tourner vers la chambrière, qui était restée tête baissée dans son coin.

Tu peux disposer, Marthe. Fais-nous monter du vin, du pain et du fromage.

Oui, ma Dame.

Rassise, la comtesse tenta de calmer son tumulte intérieur. Elle froissa quelques parchemins, puis retrouva un masque un peu mondain.

Veuillez excuser le désordre dans lequel je me trouve, chère damoiselle, chuchota-t-elle. Vous me voyez en de sombres heures. J'en ai même omis de vous demander de vos nouvelles. Comment s'est passé votre voyage?

En vérité, elle n'avait nulle capacité d'écoute en cette minute, l'esprit entièrement tourné vers le sourire chaud de Jeanjacob.
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Aelis
Aux oreilles de la jeune femme résonna un criement d'enfançon.
L'ancienne bienfaitrice de l'orphelinat Sainct-Michel n'aurait su s'y tromper.
Cependant, comme la maistresse des lieux fit comme si elle n'avait poinct entendu, Aélis prit le parti d'en faire de mesme, se disant qu'il devait s'agir de l'enfant d'une domestique qui aurait été introduit au sein de la maisonnée alors qu'Arielle avait ordonné le contraire, ce qui aurait été l'explication la plus rationnelle au trait de colère qu'elle vit passer en ses prunelles.
Mains jointes devant elle, elle écoutait avec attention tout ce que son hostesse lui confiait.
La disparition de son fils, l'absence inexpliquée du Comte, tant d'éléments qui pouvaient, la grégorienne n'en doutait guère, affliger le cœur d'une épouse et d'une mère, et lui oster l'envie de bavarder.
Aussi s'apprestait-elle à prendre rapidement congé, mais manifestement la Gilraen en avait décidé autrement, puisqu'elle lui indiqua un siège.
Ne voulant faire de vagues, la Maledent y prit place, et de nouveau écouta les paroles d'Arielle.


Veuillez excuser le désordre dans lequel je me trouve, chère damoiselle. Vous me voyez en de sombres heures. J'en ai même omis de vous demander de vos nouvelles. Comment s'est passé votre voyage?

Je comprends tout à fait...
Mon voyage fut fort agréable, je vous remercie.


Et Aélis de se rappeler de certains conseils de la mère supérieure : "Et si vous ne savez que dire, contentez-vous de deviser du temps qu'il fait et de l'état des routes". Conseil qu'elle appliqua au mot.

Nous n'avons eu que quelques jours de pluie, lorsque nous traversions la Bourgogne, ce qui a rendu les routes plus difficilement praticables.
Hormis cela, le trajet fut des plus commodes.

Le peu de relief des Flandres me change des montagnes de Savoye,
lança-t-elle d'un ton faussement enjoué.

En réalité, la nervosité d'Arielle avait fini par gagner l'encore Dame de Cerrione, qui à présent triturait l'étoffe de sa robe.
Son ton change, sa voix se fait moins mondaine, plus empressée...


Et où en estes-vous dans vos recherches ?
Y a-t-il quelque chose que je puisse faire ?

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Arielle_de_siorac
Mhm mhm. Absente, Arielle avait acquiescé distraitement à la remarque d'Aelis sur les Flandres. Son regard s'attardait aux lignes harmonieuses du visage de la jeune femme, comme si elle eût pu y trouver quelque réponse.

Aux questions d'Aelis, elle eut un doux sourire.


Je vous remercie de m'offrir votre assistance, c'est fort charitable de votre part. J'admets que dans le prédicament où me voilà embourbée, je ne refuse aucune main tendue. Vous pourrez peut-être m'aider à y voir clair.

La comtesse se massa les tempes, en proie à un début de migraine. Les yeux voletant d'une note à l'autre, elle entreprit de faire le point.

Où en suis-je donc dans mes recherches? Dans une impasse, je le crains. Enfin, je parle bien sûr du cas de Laurens; il semble toutefois que je vais devoir également me soucier de mon époux.

Or donc, il s'avère que mon fils était... est un jeune homme fort excentrique, un jour impétueux et le lendemain, étrangement abattu. Il passait des journées entières enfermé en ce petit salon où nous nous trouvons, et il se parlait parfois tout seul. Cela est corroboré par plusieurs personnes. Là toutefois s'arrête la certitude et commencent les fariboles, qui sont autant de pistes à explorer.


Le front cueilli dans sa paume, Arielle réfléchissait à voix haute, toute mondanité oubliée.

J'ai cru, dans un moment de panique, que le baron de Renaix avait occis mon héritier pour l'avoir peut-être surpris en situation déshonorante avec Malycia, sa fille. Toutefois, bien que ce scénario ne soit guère impossible, ma visite là-bas m'a convaincue que mes craintes en ce sens avaient en somme peu de fondements. Je ne sais pas, je... Je n'écarte pas cette piste mais elle me semble peu probable, peut-être à cause de cette indifférence affichée par la damoiselle en question. Je la crois sincère.

La dame qui m'a mise sur cette piste dès le départ a peut-être menti pour m'égarer, en fait. Elle a avoué avoir entretenu de tendres sentiments pour Laurens, et avoir ressenti de la jalousie vis-à-vis la fille de Renaix. Cependant, je serais fort étonnée de trouver en cette femme une intrigante; elle m'est plutôt apparue comme une âme simple et limpide.

Et puis, il y a cette fable qui m'embête...
Un soupir las. Le baron m'a affirmé avec fierté que Laurens était un espion à sa solde. J'ai grand peine à y croire, peut-être parce qu'il me déplaît d'imaginer un Gilraen s'abaisser à servir un maître si canaille. Si cela était néanmoins véridique, il est fort possible que la mission d'infiltration qui lui avait été confiée pour le mettre à l'épreuve ait prit une tournure funeste. En effet, les taupes survivent rarement aux heures où on les découvre.

Une servante anonyme vint servir le vin, le pain et les fromages réclamés. Elle entra et sortit en silence, soucieuse de ne pas se faire remarquer.

Par la male heur, n'ayant pu tirer du baron la moindre information à ce propos, je ne suis pas plus avancée. S'est-il tu pour préserver le secret de cette mission ou pour masquer le fait qu'elle n'est qu'un mensonge destiné à détourner mes soupçons? Je l'ignore, et j'ignore aussi qui me le dira.

Enfin, il y a cette vétille notée par Malycia... Un trésor que Laurens aurait cherché avec Bathylde, une damoiselle qu'il a fréquentée et qui est à présent décédée. Je ne sais rien à ce propos. C'est probablement sans importance, un mot entendu au détour d'une phrase. Ça ressemble plus à un conte pour enfants qu'à une piste véritable. Toutefois, dans l'état actuel de mes recherches, je ne peux ignorer le moindre détail.


Arielle trempa ses lèvres dans son vin, puis eut un sourire triste.

Voilà où j'en suis. N'est-ce pas pathétique? Et encore, il me faut de surcroît me lancer sur les traces du comte.

Un silence. Les dents serrées, la comtesse inspira profondément pour retrouver calme et acuité.

Dans le cas de Jeanjacob, il est vrai qu'il a déjà eu quelques épisodes de... distraction liée à une surconsommation de bière. Deux ou trois fois, il nous a fait le coup de disparaître pour cuver quelque part dans un confortable fossé. Mais jamais aussi longtemps! Il ne faut pas plus que cinq ou six jours pour arriver de Hoorn, et peut-être un ou deux pour récupérer d'une bombance. Pas trois semaines.
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Aelis
La Maledent était perplexe.
Le récit de la Comtesse piquait sa curiosité à vif, dans le mesme temps qu'elle ressentait une infinie compassion envers Arielle et la triste situation dans laquelle elle se trouvait.
Son imagination fertile échafaudait mille histoires, toutes plus invraisemblables les unes que les autres, tant et si bien qu'elle en oubliait de boire son verre.
Et la chose était suffisamment rare pour estre digne d'une remarque !

Concernant le comte JeanJacob, diverses solutions s'offraient à elles...
Et la jeune femme osait envisager, sans pour autant faire part de ses suppositions qui n'auraient fait que mortifier la pauvre Arielle, que le Comte s'était peut-estre absenté pour aller séjourner quelques temps avec une maistresse...
Quoique, en ce cas, il aurait sans doute eu la décence de faire parvenir une quelconque excuse.
Sauf si ladite excuse s'était perdue en route.
Hors cela... Ses autres hypothèses revestissaient un tour plus macabre.
Elle les tut également.

Pour ce qui était de Laurens... L'affaire était plus compliquée.
Si elle se fiait au jugement d'Arielle, il paraissait plus probable que le Baron de Renaix leur ait servi quelques menteries...
Mais on ne sait jamais, une femme qui se sent en danger peut-estre une redoutable comédienne, elle en avait jà fait l'expérience, dans des situations moins dramatiques que celles-ci, il va sans dire.
A fortiori, elle savait que Malycia était politicienne, et où irait le monde si les politiciens ne savaient plus mentir ?
Joie... Drosle de nom. En son esprit, "joie" était associé à "fille". Et quelle femme vertueuse irait faire confiance à une autre qui vend son corps ?
Quant à Slamjack, n'en parlons mesme pas, elle n'avait fait que le croiser mais sa réputation le précédait, l'accompagnait et le suivait.
Était-ce là des déductions de fin limier ou - plus probablement - des préjugés à deux écus, cela... Elle ne pouvait le dire, par malheur.
Et ceste histoire de trésor l'intriguait également au plus haut poinct.

D'ailleurs, elle risqua une question.


Sait-on de quoi ceste damoiselle Bathylde trépassa ?
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Arielle_de_siorac
La comtesse eut un haussement d'épaule. Son verre à la main, elle laissait ses prunelles revisiter chacun des bouts de vélin qui s'étalaient sur son bureau.

Je n'en ai pas la moindre idée, je l'avoue. La nouvelle n'était que bruits de cuisine propagés jusqu'à moi par quelque soubrette bavarde. Vous savez comment sont les domestiques quand ils ont un potin à répandre sur l'aristocratie. On croirait qu'il s'agit là d'une fortune d'autant plus précieuse qu'elle s'enrichit par le partage à tous vents.

Peut-être en fait l'oiselle n'est-elle pas morte. Sa famille pourrait me le dire.


Arielle prit une note pour ne pas oublier d'écrire une missive à icelle.

Mais de toute façon, je vois mal mon grand Laurens se mettre à chercher un "trésor" comme s'il était encore un enfançon s'imaginant des dragons et des aventures fabuleuses dans la basse cour du domaine. À moins qu'il ne soit fou, il doit bien savoir que les véritables trésors sont plutôt à Rome, à Jérusalem ou en Cathay. Pas céans, à Bruges, même si la ville est bien belle.

Une autre gorgée de vin, et la comtesse se releva dans un mouvement d'impatience.

Ah! si Jeanjacob était là! Il y verrait peut-être plus clair. Probablement arriverait-il même à me faire rire malgré les circonstances. Il a une nature si légère, si heureuse, il a une telle confiance en la vie! Près de lui, on se sent tout de suite plus...

Elle s'interrompit, autant par pudeur que par désarroi. Elle ne pouvait se laisser aller à rêvasser de lui alors même qu'il disparaissait à son tour!

Le nez à la fenêtre, Arielle observait sans les voir les ombres furtives qui traversaient la place Saint-Ange en cette heure violette de complies. Il lui semblait voir dans la pénombre du soir la route de Hollande, chaque embranchement, chaque village dressé en travers du chemin...


Il faut au moins savoir s'il est arrivé en Flandres.

La comtesse fit face à Aelis. Un peu d'espoir lui revenait; elle avait décidé que faire ensuite, elle avait un début de plan. Elle agirait, elle le trouverait. Il suffisait d'avoir un plan.

Je pars pour Anvers. Demain. S'il a passé la frontière, il y a forcément fait un arrêt, c'est une ville chère à son coeur. Quelqu'un l'aura vu, il y a plusieurs amis.

Souhaitez-vous m'accompagner?

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Aelis
Réfléchir...
Ça cogite sévèrement en la cervelle de moineau.
Une morte qui ne serait peut-estre poinct morte, et un trésor qui n'existerait pas, à moins...


Et si le mot "trésor" était une métaphore pour désigner tout autre chose... ?

Perplexité.
Elle songe à ce Laurens qu'elle ne connait guère...
"Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N’est-il point là ? N’est-il point ici ? Qui est-ce ?"*
Ne voudrait pas non plus orienter Arielle sur une fausse piste...
Alors elle se tait, et l'écoute.


Je pars pour Anvers. Demain. S'il a passé la frontière, il y a forcément fait un arrêt, c'est une ville chère à son coeur. Quelqu'un l'aura vu, il y a plusieurs amis.
Souhaitez-vous m'accompagner?


Et la Maledent de hocher positivement la teste.
Anvers, oui...
La ville lui était totalement inconnue.
Mais l'état de détresse dans lequel se trouvait la Gilraen la touchait, et elle se devait de l'accompagner, si ce n'est par respect des valeurs de son ordre, au moins par toute la sympathie que lui inspirait la vieille femme.
Sympathie qui croissait au fur et à mesure de leurs successives rencontres.


* Extrait du monologue d'Harpagon dans L'Avare de Molière.

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Arielle_de_siorac
[Antwerpen]

Les hautes murailles d'Anvers avaient saisi Arielle à la gorge, lui donnant l'impression qu'on lui coupait le cou à nouveau. Ce n'était pas tant ces pierres elles-mêmes qui la chaviraient, mais plutôt le souvenir de la joie illuminant le visage de Jeanjacob lorsqu'il approchait de sa chère ville.

Le carrosse abritant les deux dames avait passé les portes quelques minutes auparavant, s'engoufrant en douceur dans un dédale de venelles sans nom. Il s'immobilisa bientôt dans l'éclaircie permise par la grande place, en face de l'église où midi résonnait.

Ressaisie, la comtesse descendit parmi les badauds affairés. Tout autour, la vie poursuivait son cours, immuable, insensible. Il fallait se secouer, remuer ciel et terre. Il fallait retracer le comte pour mieux retrouver son héritier.

Les prunelles noisette examinèrent rapidement les lieux, à la recherche d'un point de départ. Elles le dénichèrent dans une enseigne qui ballottait de manière invitante.


Damoiselle Aelis, nous commencerons par cette taverne, annonça-t-elle. Les chances sont grandes que mon époux s'y soit arrêté s'il est passé par Anvers.

À n'en pas douter, quelqu'un se rappellerait du passage de Jeanjacob; iceluy était célèbre autant pour son prestige que pour la capacité de sa panse quand il s'agissait de bière.

Sans tergiverser, Arielle poussa donc la porte de l'établissement d'où s'échappaient rires et éclats de voix. Un fumet indescriptible l'enveloppa aussitôt comme un brouillard, mélange de houblon, de gras, de sueur et d'autres choses innommables. Une taverne flamande, quoi! Dans la pénombre, derrière les vitres crasseuses, elle eut d'abord du mal à y voir.


Bonjour à vous, murmura-t-elle sans même apercevoir les visages. Sans doute ne l'avait-on pas entendue parmi les clients, nombreux pour l'heure jeunette. Néanmoins, la comtesse était consciente du contraste de sa mise avec le menu peuple. Elle ne passerait pas inaperçue.

Tavernier?

Goedendag, Mevrouw! entendit-elle enfin.
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Roinathan
un après midi comme tout les autres, Roinathan descendit de la bibliothèque parcourant toujours les même ruelles paveuses pour se rendre chez lui.
La tête encore dans les livres pour se mémoriser ses nouvelles connaissances, Roin glissa poliment en murmurant un "bonjour" par ici et un "vous allez bien?" par la aux passants sans trop attendre une réponse...
Faut dire que le pauvre homme vivait fort retiré sur soit, partageant que très peu, trop peu sans doute ses émotions et s'impliquant que trop peu dans la vie sociale Anversoise depuis l'inexplicable disparition de sa tendre moitié...

A l'approche de l'église, Roin traverçât la grande place d'un pas décidé quand il apperçut du coin de l'oeil des couleurs bien trop familier flanqué à l'arrière d'un carrosse qui avait pris une halte pas très loin des tavernes Anversoise.

Les yeux fronçants, sentant une coulée d'adrénaline lui remonter tout le corps, Roin se mit à rêver et le sourire au lèvre il chuchotât un "JJ" s'auto-questionnant presque inaudiblement...

Courant dans la direction et interrogeant le valet à l'imposante moustache, qui presque endormi attendait ses maîtres, où je pouvais trouver le Comte, il me pointât d'un gros index la direction d'une taverne sans dire plus...

Excité, Roin s'en approchèrent et tentât de voir l'ombre d'un personne très cher à son coeur à travers les fenêtres à petits vitraux embuées.
L'ambiance chaude dans la taverne lui empêchèrent de voir quoi que ce soit et il poussa d'une main tremblante d'émotions la porte...
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