Arielle_de_siorac
[Arielle_de_Siorac]
Bruges...
Dans la lumière déclinante de cette fin de journée d'octobre, le carrosse noir et or s'engagea dans des rues aux noms imprononçables. Noordzandstraat, Dweersstraat, Wulfhagestraat... De belles demeures, à l'architecture d'un raffinement particulier, encadroient des rues peu animées, mais où l'on voyoit néanmoins passer quelques manants à l'accoutrement étrange. Les occupants du véhicule, perplexes, s'émerveilloient de voir l'exotique capitale défiler devant leurs yeux.
Sint-Engel Plein... Heu... Place Sainct-Ange? Le cocher, incertain, s'arresta devant un étal pour mander son chemin jusqu'à l'Hostel d'Harlegnan.
Zijn daar, maat,* luy répondict un badaud en luy indiquant d'un geste un édifice derrière luy, de l'autre costé de la place.
Et quel édifice! Rarement ces Angevins n'avoient-ils vu une telle demeure! Mesme les luxueuses constructions parisiennes pouvoient estre jalouses de cette élégance!
Arrivés devant les portes, imposantes et puissamment gardées, les voyageurs descendirent de carrosse. En premier lieu, la petite Rose, surexcitée. Puis, la servante, la mine inquiète. Enfin, Arielle mit pied à terre.
Cette dernière auroit paru méconnaissable à un oeil familier. Non qu'elle estoit défigurée, mais il y avoit dans son regard, dans sa démarche, quelque chose d'ombrageux, un égarement terrible, qui estoit en total contraste avec la délicate réserve qui l'avoit toujours caractérisée.
Tandis que Rose se délassoit les jambes autour du carrosse, Arielle s'avança par devers les gardes.
Bien le bonjour, mes braves. Je suis la Dame d'Azé et de Dissé-sous-le-Lude. Je suis venue icelieu à l'invitation personnelle de Messire Louis Hubert d'Harlegnan.
Oh, Mevrouw, je crains que Heer d'Harlegnan ne soit absent, luy répondict l'un d'entre eux. Il est en voyage.
Il n'est donc pas encore arrivé... Je sais fort bien qu'il est en voyage, jeune homme. Je viens à peine de le quitter, il y a quelques jours, à Paris. Soit, je l'attendrai.
Les gardes, après consultation auprès de leurs supérieurs, acceptèrent de laisser entrer Arielle et sa mesnie. C'estoit probablement là une énième conqueste du fougueux Cerf, crurent-il. On leur réserva de spacieux appartements, avec vue sur la cour intérieure de la splendide demeure.
* C'est là, l'ami.
Bruges...
Dans la lumière déclinante de cette fin de journée d'octobre, le carrosse noir et or s'engagea dans des rues aux noms imprononçables. Noordzandstraat, Dweersstraat, Wulfhagestraat... De belles demeures, à l'architecture d'un raffinement particulier, encadroient des rues peu animées, mais où l'on voyoit néanmoins passer quelques manants à l'accoutrement étrange. Les occupants du véhicule, perplexes, s'émerveilloient de voir l'exotique capitale défiler devant leurs yeux.
Sint-Engel Plein... Heu... Place Sainct-Ange? Le cocher, incertain, s'arresta devant un étal pour mander son chemin jusqu'à l'Hostel d'Harlegnan.
Zijn daar, maat,* luy répondict un badaud en luy indiquant d'un geste un édifice derrière luy, de l'autre costé de la place.
Et quel édifice! Rarement ces Angevins n'avoient-ils vu une telle demeure! Mesme les luxueuses constructions parisiennes pouvoient estre jalouses de cette élégance!
Arrivés devant les portes, imposantes et puissamment gardées, les voyageurs descendirent de carrosse. En premier lieu, la petite Rose, surexcitée. Puis, la servante, la mine inquiète. Enfin, Arielle mit pied à terre.
Cette dernière auroit paru méconnaissable à un oeil familier. Non qu'elle estoit défigurée, mais il y avoit dans son regard, dans sa démarche, quelque chose d'ombrageux, un égarement terrible, qui estoit en total contraste avec la délicate réserve qui l'avoit toujours caractérisée.
Tandis que Rose se délassoit les jambes autour du carrosse, Arielle s'avança par devers les gardes.
Bien le bonjour, mes braves. Je suis la Dame d'Azé et de Dissé-sous-le-Lude. Je suis venue icelieu à l'invitation personnelle de Messire Louis Hubert d'Harlegnan.
Oh, Mevrouw, je crains que Heer d'Harlegnan ne soit absent, luy répondict l'un d'entre eux. Il est en voyage.
Il n'est donc pas encore arrivé... Je sais fort bien qu'il est en voyage, jeune homme. Je viens à peine de le quitter, il y a quelques jours, à Paris. Soit, je l'attendrai.
Les gardes, après consultation auprès de leurs supérieurs, acceptèrent de laisser entrer Arielle et sa mesnie. C'estoit probablement là une énième conqueste du fougueux Cerf, crurent-il. On leur réserva de spacieux appartements, avec vue sur la cour intérieure de la splendide demeure.
* C'est là, l'ami.