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[RP] Dans l'ombre du Phénix

Lexhor
[Quand deux Phénix correspondent...]

Les quelques jours qui se sont écoulés entre l'envoi de la missive de Lexhor et la réponse d'Actarius avaient permit au Duc de réfléchir à la façon dont il allait annoncer tout ceci à Kéridil.
Comme précédemment, de suite après la lecture de la missive de son ami, il entreprit de lui répondre pour le rassurer.


Citation:
Mon ami,

Comme tu le dis si bien Kéridil est mon fils de coeur. Néanmoins, je suis très attaché aux liens familiaux et je saurais l'empêcher de savoir d'où il vient et de connaitre les siens. Je vais donc de ce pas lui annoncer la nouvelle. ce sera sûrement déjà fait lorsque tu me liras.

Je te tiendrais bien sûr au courant de sa réaction et nous conviendrons d'un rendez-vous s'il accepte de prendre contacte avec les siens, ce dont je ne doute pas, même si je ne puis te l'affirmer.

Je suis heureux du dénouement de cette histoire qui a visiblement suscité bien trop de peine au sein des tiens. Ton oncle, ton cousin et toi avez eut bien trop longtemps le coeur meurtris.

Tu ne me dois rien, ta famille non plus. Nous sommes amis et je sais parfaitement que si un jour j'ai besoin de toi, tu seras là. L'inverse est également vrai. Et ceci me suffit amplement.

Que toi et les tiens se portent bien jusqu'à ma prochaine missive!

Lexhor.




Le pli fut scellé et envoyé en Languedoc, à l'intention de la maison d'Euphore.
Lexhor sortit alors de son cabinet de travail en son son donjon du château d'Alluyes, fit sceller son cheval et se dirigea vers la baronnie d'Auneau où résidait Kéridil...

Quelques heures de voyage à brides abattues pour rallier ses terres plus au nord, non loin de Paris. Arod laissé aux écurie, Lexhor prit le temps de se changer avant de redescendre dans la petit salon du château.
Il se servit un verre de vin et fit mander son fils...Les minutes s'égrainaient très lentement. Elles parurent des heures au duc qui tournait et retournait sans cesse les mots dans sa tête...
Il allait bientôt arriver, il faudrait bien parler.

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Keridil
[Scions, scions du bois...]

L'hiver ne tarderait guère et pour ne pas avoir froid dans ses modestes dépendances, ce jour-ci, Keridil avait décidé de scier pour se chauffer le moment venu.
Alors qu'il devait bien avoir empilé trois bons stères, un des serviteurs vint le chercher. Le maître des lieux voulait l'entretenir avec lui dans le petit salon du château où le brun se rendit donc sans autre forme de procès.
Étrange que sans l'avoir prévenu avant, Lexhor fasse mander son fils de la sorte. Quand il avait voulu lui enseigner les joies de la nature, ou plutôt les mystères de la vie, il lui avait lancé l'idée d'une discussion un moment avant.

Bref, arrivant dans le château à proprement parler, Keridil emprunta les quelques couloirs menant au petit salon, frappa et entra.
Lui aussi voulait parler avec le Duc, il avait une annonce qui le réjouissait à lui faire. Certes il aurait préféré que Naluria soit là aussi.

Décontracté comme l'était aussi son père adoptif, le jeune homme le salua.


Bonjour mon p'tit papa !
Tu voulais me voir ?

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Lexhor
Le fils prodigue était enfin arrivé, et d'humeur joyeuse, comme à son habitude. Bien que ce fusse un peu plus que de la bonne humeur semblait-il.
Lexhor se leva pour le saluer et lui sourit.

Bien le bonjour mon fils. J'espère ne pas t'avoir trop déranger.
Tu veux peut-être boire quelque chose?


Le Duc essayait de gagner du temps et de faire en sorte que Kéridil soit le plus à l'aise et détendu possible. Ilo ne voulait pas lui annoncer la nouvelle de but en blanc.

Il attendit la réponse de Kéridil avant de demander qu'on lui apporte ce qu'il avait demandé.
Puis, lui désignant le fauteuil en face de celui où il était assis peu avant.


Assieds toi Kéridil, nous serons plus à l'aise.
Alors dis moi, comment vas-tu? Depuis quelques temps tu vis ta vie comme un grand et j'en suis heureux, mais je m'y intéresse tout de même beaucoup...

Un sourire léger. Il voulait amener la discussion avec finesse, après avoir échangé quelques banalités.
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Keridil
Accueilli chaleureusement, comme toujours, Keridil fit une accolade à son père. Evidemment, il n'avait pas été grandement déranger, il fut juste heureux qu'à cet instant le Chambellan soit à Auneau, en effet, il passait plus de temps aux ambassades d'Orléans que sur les terres où il vivait.

Tu ne me déranges jamais voyons, et je prendrais volontiers un verre de ton meilleur vin !

Il sourit, l'occasion se prêterait sûrement à trinquer et à porter un toast.

S'installant et croisant nonchalamment les jambes, le brun sourit. Il était d'usage que Lex demande des nouvelles sur la vie de ses proches. Il aimait les savoir en agréable condition et c'était tout à son honneur. Et puis en tant que père, il était bien normal qu'il s'intéresse à sa vie.

Je vais merveilleusement bien si tu veux tout savoir ! Et si tu ne m'avais pas fais appeler pour me parler de quelque chose, je crois que nous nous serions vus tout de même, car je dois moi aussi te parler.

Keridil remercia du doigt le serviteur qui portait les verres.

Mais je t'écoute, tu voulais me parler d'une chose en particulier j'imagine ? Pour une discussion sur le comment je vais, je pense que tu aurais choisi un quelconque lieu de promenade, et pas un salon. Me trompé-je ?
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Lexhor

Lexhor écoutait son fils lui raconter qu'il allait bien. Le jeune homme semblait réellement très heureux. il le lisait dans ses yeux et l'entendait dans sa voix. Ceci le réconforta. e serait peut-être plus facile de lui annoncer qu'il avait retrouvé trace de sa famille de sang, ou plutôt que sa famille de sang avait retrouvé sa trace...

Les verres de vin arrivèrent et Lexhor en bu une gorge rapidement. Il tiqua lorsque son fils l'incita à lui parler le premier. Non non, ça ne se passerait pas ainsi...


J'ai en effet à m'entretenir avec toi à propos de quelque chose d'important. Mais je préfère t'écouter avant. Cette nouvelle à l'air de te ravir et j'ai hâte d'en profiter également.

La manoeuvre, bien que facile, était habile et laissait un peu plus de temps à Lexhor...

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Keridil
De toute façon, le tout jeune Amahir crevait d'envie de dire ce qui le mettait tant en joie. Il espérait bien que Lexhor prendrait bien la nouvelle, il l'avait encouragé indirectement à agir comme il l'avait fait, et ses élans maritaux de la soirée précédente en disaient long.

Tu voulais me voir marié à Della ? Tu voulais d'ailleurs officier prématurément n'est-ce pas ?
Alors
- voix toute excitée - je l'ai demandée en mariage ! Et elle a dit oui !
Je nage dans le bonheur depuis cet instant. Et d'ailleurs, soit assuré que rien de ce que tu pourras m'annoncer ne serait capable de ternir cette journée !


En réalité, la mort de quelque proche aurait pu sincèrement lui causer un grand désarroi, de la panique etc etc etc, mais Lexhor n'aurait pas telle mine si l'annonce devait être funeste.

Bon allez ! Tu me fais languir !
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Lexhor

Lexhor qui avait eut la mauvaise idée de boire une gorgée de vin, avala de travers à l'annonce de Kéridil et se mit à tousser. Visiblement, lui, n'avait jamais eut l'intention de faire dans la douceur concernant son annonce.
Lorsqu'il reprit son souffle, Lexhor se racla la gorge en hochant la tête.


Je comprends mieux maintenant, tu n'es pas de très bonne humeur, tu es euphorique!

Lexhor réfléchit un instant et sourit. Euphorique...Il était même un Euphore d'ailleurs...

Je te félicites mon fils. Pour ton goût et ton choix. Et pour avoir eu le courage de te lancer. Ce n'est pas rien. Della est une jeune femme exquise et je serai heureux que tu l'épouses. C'est une formidable nouvelle qu'il nous faut fêter.

D'un trait il avale son verre de vin.

Finit ton verre!

Sans attendre le Duc fait demander deux autres verres. Il sourit à son fils avant de reprendre un peu son calme.
Il se racle à nouveau la gorge.


Bon...C'est mon tour maintenant.
Te souviens tu un peu des invités du mariage de Garlaban et Jasmine? Nombre d'entre eux étaient des rencontres datant que la campagne de Provence. Te souviens tu d'un d'entre eux en particulier? Un homme à l'accent chantant du Sud? Un Languedocien plus précisément, arrivé les bras chargées de victuailles et de boissons de sa province?


Lexhor attendait la réponse avec une légère anxiété. Que Kéridil se souvienne d'Actarius lui simplifierai beaucoup la tâche...
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Keridil
Yes ! Lexhor était aussi content que lui de la nouvelle, et il ne manqua pas de les faire resservir. Keridil avala son second verre aussi vite que le premier, et pour peu qu'un troisième arrive, il prendrait la nouvelle qui l'attendait en chantant.

Hé merci p'pa !

Oui, les surnoms affectifs que le brun donnait à son père adoptif étaient toujours différents pour la seule et bonne raison qu'il n'arrivait pas à trouver lequel sonnait le mieux. Mais chacun était empreint de tendresse et d'admiration pour cet homme qui, dès qu'il en avait eu l'occasion, avait pris Keridil sous son aile, après que son épouse l'ait fait elle même.
Vint le tour du Duc de dire ce qui l'avait mené jusqu'à Auneau.
Bizarrement, il commença par une question, qui était tout aussi bizarre. Keridil se souvenait d'un Languedocien en effet.


Hmmm, un accent du sud prononcé dis-tu ? A vrai dire, j'ai plus souvenir de cela lors des joutes d'Alluyes, lorsque je fis les entrées, plutôt que lors des épousailles où je ne suis pas resté très longtemps après la cérémonie. Mais si ma mémoire est bonne, il y avait cet été un gaillard et son fils. Tous deux avaient un fort accent. Je ne puis me rappeler son nom, un Vicomte de...Tournelie ou quelque chose de ce genre. Pourquoi cette question ?
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Lexhor
C'est qu'il commençait à avoir une sacrée descende le gamin!
Lexhor le regarda un peu ahuri de le voir vider son verre aussi vite. D'un geste il demanda qu'on resserve Kéridil.


Oui bon ben ça va hein...Le vin ça se déguste, quand même...


Un léger sourire et il écoute le jeune homme lui raconter ses souvenirs concernant Actarius.

Tu as bonne mémoire oui. Actarius a également participé à nos joutes. Quoi qu'il en soit, j'ai reçu il y a quelques temps, une bonne semaine maintenant, une missive de mon ami Actarius, car c'est bien ainsi qu'il se nomme.

Son visage était sérieux sans être trop grave pour autant. Il marqua une pause avant de reprendre d'une voie claire et posée.

Il cherchait un jeune homme, le fils de son cousin. Ce dernier n'est plus mais son père, l'oncle d'Actarius, lui, est encore vivant. Il est vieux et malade et Actarius voulait qu'il ait des nouvelles de son petit fils. car ce dernier a disparu depuis bien longtemps. La faille d'Euphor ne savait que très peu de choses sur cet enfant.

Le Duc marqua une nouvelle pause, bu une gorgée de de vin puis se pencha vers Kéridil, posa sa main droite sur la joue gauche de l'enfant.

C'est là que j'interviens. Actarius lui aussi se souvenait bien du mariage de Garlaban et des joutes. Il se souvenait surtout du visage d'un jeune homme dont les traites lui rappelaient fortement son cousin.
C'est alors qu'il me fit part de son histoire, de ce jeune homme qu'il cherchait. Ce jeune homme, Kéridil, c'est toi...Tout ceci est u peu trouble mais tout laisse à penser que ta famille de sang est celle d'Euphor, que tu est le fils du cousin d'Acarius...

Je sais que tout ceci arrive comme ça, d'un coup et que ceci peut bouleverser quelque peu ta vie. Mais je me devais de te le dire, pour toi, pour ta famille.
Si tu le souhaites, nous pouvons organiser une rencontre.


Un sourire protecteur se dessina sur le visage de Lexhor, soucieux de la réaction du jeune homme et de la façon dont il allait prendre la nouvelle.
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Keridil
[Stupeur et tremblement...]

Vlan ! Comme ça ! Prend ça !
Tu m'étonnes que ça va bouleverser sa vie au gamin ! S'éloignant de Lexhor, se levant, d'une manière aussi théâtrale que l'aurait fait Naluria, Keridil jeta un regard d'incompréhension à son père.
En réalité il ne pensa même pas à sa Villefort de famille soit disant de sang. Le découvrir au hasard comme ça, ça avait toujours paru louche, mais le brun était de nature confiante. Et sa confiance, parmi tous, c'est au moins à Lex qu'il pouvait l'accorder, aussi ne douta-t-il pas un moment de ses dires.

Voulait-il savoir qu'il avait une famille de sang alors qu'il chérissait tant celle qui l'avait adopté ? Peu importait maintenant puisque de toute façon, il savait.
En plus d'apprendre qu'il avait une famille, il apprenait du même coup que son géniteur n'était déjà plus. Qu'en serait-il de sa génitrice d'ailleurs ?
Se posant par milliers ce genre de question, le Chambellan fit les cent pas dans un silence remarquable, puis se réinstalla, regardant Lexhor fixement.


Avais-je besoin d'une famille autre que Naluria et toi ? Non mais vraiment ! J'ai dix-sept ans et on ne se soucie de mon existence que maintenant ?

Mais il y avait ce vieillard souffreteux et il n'était pas dans l'esprit de Keridil de refuser à un mourant sa présence, si elle était désirée. Puis se calmant, il se raisonna et considéra qu'au moins rencontrer cette famille ne pouvait pas lui être néfaste.

Je souhaite les rencontrer, mais je veux que tu me promettes d'être là ce jour. J'aurais besoin de ma vraie famille, celle qui a fait de moi l'homme que je suis.

Il esquissa un sourire. Heureusement qu'il les avait ces deux là ! Puis reprenant une gorgée de vin, il en vint à une question pratique.

Qui est cet Actarius alors ? Comment est-il ?
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Lexhor
Ce que Lexhor craignait se produisit. Le jeune homme eut une réaction forte qui trancha avec la bonne humeur qu'il dégageait quelques secondes auparavant.
Lexhor fit la moue, ingurgita une gorgée de son vin et se gratta le bouc puis l'arrière du crâne.


Ecoute Kéri, je sais bien que tout ceci doit être très perturbant pour toi. Je n'en sais pas beaucoup plus sur cette histoire mais ce dont je suis sur c'est que c'est bien plus compliqué que tu peux le penser. Rencontrer Actarius te permettra de la découvrir. Et je serai à tes côtés à ce moment là, tu peux en être sûr. C'est un ami fidèle, un homme de parole et quelqu'un de bien. Tout comme son épouse, Nanelle.
Quoi qu'il arrive, Naluria et moi seront toujours ta famille, rien ne changera jamais ça. Mais je pense que c'est important pour toi de savoir d'où tu viens, et quelles sont tes racines. Ensuite tu décideras de ce que tu souhaites faire.


Il sourit, passa sa main dans les cheveux de son fils et trempa de nouveau ses lèvres dans son vin.
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Keridil
Les paroles de Lexhor s'avérèrent réconfortantes et Keridil reprit lentement mais sûrement ses esprits. Un peu de tenue bon sang !
Et puis de la patience aussi. Il aurait bientôt des réponses à toutes ses interrogations et il lui tardait donc de rencontrer cet Actarius d'Euphor.
Riant lorsque son père l'ébouriffa, il prit une autre gorgée également.


Tu as raison. Alea Jacta Est, et sache qu'en effet, mes parents ne peuvent être autre que Naluria et toi.

Un sourire, un clin d'oeil. Les deux gaillards se connaissaient et se comprenaient plutôt bien.

Tu as déjà convenu d'une rencontre ? Où dois-tu le faire ? Je pense que le plus tôt sera le mieux, non ?

En effet, si le vieillard était près de passer l'arme à gauche, il valait mieux ne point tarder à lui accorder sa dernière volonté, et si vraiment les Euphors étaient sa famille, si le jeune fiancé choisissait d'accepter l'évidence, alors ils devraient partager son bonheur, qui malgré son désarroi, était toujours là, au fond.
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Lexhor
Lexhor sourit en voyant que Kéridil reprenait son calme et ses esprits. Il savait que son fils était un être raisonnable mais l'aveu d'une telle nouvelle mettrait quiconque dans un état d'anxiété hors du commun. Un coup de massue s'était abattu sur la tête du jeune homme qui avait su encaisser le choc.

Tu raisonnes comme il le faut mon fils et je suis fier de toi. Je vais de ce pas écrire à Actarius pour convenir d'un rendez-vous au plus vite. Tu peux maintenant prendre congé et souffler un peu à l'air frais. A moins que tu ne préfères rester près de moi.

Un sourire à son fils puis il prend une nouvelle fois plume et vélin.



Citation:
Mon ami,

J'ai annoncé la nouvelle à Kéridil, et, bien qu'il eut accusé le coup un moment, comprenant bien que sa vie allait être chamboulée, il a décidé d'accepter de te rencontrer afin que tu lui parle de ses origines, que tu lui racontes l'histoire de sa famille.
A toi de nous dire quand tu souhaiterais que la rencontre ait lieu et où.
Pour résumer, tu montes où on descend?

A très bientôt mon ami, délivre la bonne nouvelle à tous les membres de ta famille.

Bien à toi,

Lexhor.



Le rituel était maintenant bien rodé. Le plis scellé fut envoyé en Languedoc...

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--Fenwis.d.euphor
[La nuit je mens]

La nuit s'était abattue comme un couperet sur la forteresse de Tournel. Pourtant, déchirant ce voile ténébreux, une lueur était apparue. Seul témoin de cette scène, une chouette dessinait d'indolentes courbes dans le ciel. Elle semblait écrire dans le ciel des mots d'infini aux voyelles longues et arrondies à l'image de celles qu'une demoiselle essoufflée auraient pu glisser dans le creux de l'oreille de son amant.

De ses plumes s'échappaient une encre de nuages, des phrases si pures, si belles, si douces... Des rêveries d'enfance aux songes d'amour sous la paisible aura des étoiles. Elle traçait encore et encore le fil d'une vie, l'offrait à l'impassible regard de la transparente Sélène. Elle déclinait parfois, s'abandonnant à une chute vertigineuse pour mieux relater l'à-pic d'une sombre consonne, d'une douloureuse épreuve. Rondes, verticales, les lettres se succédaient comme un funeste écho à l'irréversible passé.

Tandis que la lueur chancelait, chaque syllabe paraissait se détacher plus difficilement. Comme si pesait un poids soudain et terrible sur le vol du rapace. Les remords. Où étaient ces si douces rêveries ? Où s'était enfui ce doux songe ? La mort dans le sillage, la chouette accrochait une énième lettre, plus lourde encore que la précédente. Le choix. Où avait disparu cette Bohême ? Où s'étaient éclipsés les chemins ? Nuit froide d'automne... Sous le vent frais, le rai lumineux qui, s'échappait du Castel, s'affolait de plus en plus. L'enfant de Minerve, elle, poursuivait sa basse oeuvre. La phrase prenait forme.

Dans un ultime coup d'aile, elle fut tout à fait visible. "La nuit je mens", oui, il avait menti, il avait menti à son fils, il s'était menti et désormais que les ténèbres l'enveloppaient, il comprenait, il comprenait que jamais il ne verrait de fin à son tourment, qu'il emporterait ses remords dans l'enfer lunaire. Le volatile prenait de l'altitude défiant Sélène. Il se déroba, puis se furent les étoiles qui s'échappèrent de son horizon. Enfin, la lune elle-même s'effaça. Une dernière poussière de vie quitta son iris éteinte. Fenwis s'effondra soufflant dans sa chute la flamme. La lueur avait disparu après avoir offert une ultime résistance à cette nuit de septembre.

La nuit, pour une dernière fois, il avait menti...


Actarius
[L'ironie du sort]

La Fortune a ses revers, le Sort, lui, a sa propre ironie. Imaginez seulement que le Vicomte parcourait la missive de son ami orléanais lorsqu'on vint lui annoncer la mort de son oncle. Fenwis... lui qui semblait avoir repris de l'allant, enflammé par la perspective de revoir son petit-fils. Finalement, la nuit l'avait pris et il s'en était allé avec ses remords. La nouvelle arracha un regard vide au Mendois. La mort, il ne la connaissait que trop, il parvenait à lui opposer un visage de glace, mais l'émotion bouillonnait toujours dans ses entrailles.

Alors qu'il confia à Joan la tâche de s'occuper des formalités de cette tragique issue, une pointe de douleur vint aiguiser la gravité de sa voix. Puis, il demeura seul, seul face à cette ironie. Impassible de visu, mais bouleversé en son âme. Il ne parvint à se résoudre à offrir une réponse à son frère d'arme que le lendemain.




Salutations mon frère d'armes !

Le malheur vient de s'abattre sur ma famille encore. J'ai tant de fois côtoyé la mort, elle m'a pris tant d'êtres chers. Pourtant, la douleur est toujours présente. Le Très-Haut a rappelé à lui mon oncle, le grand-père de Keridil.

En son honneur, je vous invite à venir vous recueillir avec moi en mon Castel du Tournel. Ce sera l'occasion de parler, d'évoquer l'histoire des siens avec mon cousin, ce sera l'occasion de rendre hommage à celui qui s'en est allé avec ses remords.

Que le Très-Haut veille sur toi et les tiens !

Actarius d'Euphor



Un messager partit avec cette missive brève en direction de l'Orléanais.
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