Gorborenne
[Vent du Sud sur la Gascogne]
Terres du Sud, les derniers jours de l'été. Un petit tertre surplombant les flots apaisés de l'Adour. Adossé à un gros rocher tourner vers le vallon, Orion laisse les dernier rayons chauds de la journée lui caresser les joues. Le vent est chaud, poussiéreux, qui annonce l'automne à l'approche. Poussiéreux, comme ces souvenirs qu'il extirpe du fond de sa mémoire. Un vécu? non, ou presque, une raison de vivre peut être.
Jambes croisées, pieds nus sous la brise ardente, senestré d'une plume de cuivre ciselée qui tournoie au bout du sureau valsant entre ses doigts, vélin impatient qui attends sous la dextre dans l'herbe sèche, le Dragon réfléchit, aligne et réaligne les mots choisis......
De l'horizon son regard vacille un moment à sa monture qui paisse indifférente, à trois pas de là. Entre selle et couverture, un bout de tissu d'or et sable qui dépasse.... Arquian, et sa bannière, rangée là depuis.... depuis combien déjà?...... Cur qui se serre à d'autres souvenirs, d'autres temps..... Plus que la Compagnie, il avait aimé le rêve sousjacent à ces flammes qui avaient scellé leurs promesses..... Un idéal, fait de mots gravés dans le feu....... Tout ce qu'il en reste aujourd'hui...... Arquian qui semble à tout jamais derrière l'horizon, inaccessible sous le manteau d'une autre vie, mais qui peut prétendre savoir d'où naissent les Dragons?
Qu'importe puisque bientôt il ne seront plus..... Aussi éternelles qu'ils soient, Orion le sait, comme Arquian aujourd'hui, hier, c'était Féérie qui disparaissait de l'horizon.... Ainsi en sera-t-il de même, et le froid pénétrant de l'oubli emportera jusqu'aux derniers Dragons......
Adossé à son rocher, les yeux embués des ultimes lueurs du jour, le Géant secoue doucement la tête en un refus.... une évidence qu'il n'accepte..... cette autre raison de vivre qui palpite entre ses rêves..... peut-être tout espoir n'est-il pas perdu, non, peut être pas...... Il sait lui-même qu'il ne faut finalement que peu de chose à un Dragon pour se réveiller, mais la chose en elle même importe peu..... ce qui compte est le vent qui l'amène...... Comme les mains qui s'agitent à la rencontre de plume et vélin, laissant courir les mots en tracé fin......
Ce'Nedra,
Petite Soeur,
Tu sais, j'ai longuement réfléchit avant de prendre cette plume..... Quels mots pourrais-je coucher sur du papier que je ne pourrais te dire de vive-voix? Quel secret y a-t-il ancré dans les fibres de ce parchemin qu'il faille des lettres d'encre pour le réveiller..... Peut être le début d'un chemin, d'un parcours à travers les endroits et les moments, comme le sillage invisible que laisse un Dragon au firmament.
Des Dragons.....
C'est là ce que nous avons choisis d'être.... Enfin, j'ignore dans quelle mesure nous avons vraiment eu le choix. Peu importe à dire vrai..... Mais pour toi Petite Sur, qui apprends à ouvrir tes yeux au flammes vacillantes de l'existence, il m'importe de te dire Qui nous sommes, Ce que nous sommes.....
Mais, avant cela, peut-être devrais-je commencer par te conter de quel improbable nous venons. Ou tout du moins, là où se termine un pan de notre histoire, et où débute ta première leçon.....
Orion,
Chasseur parmi les Dragons
La Graine de Folie
Il était une fois, il y a bien longtemps, Enfin, finalement pas tant que ça .. En vérité, cela ne fait que quelques siècles seulement que les fées, les korrigans, les elfes et autres lutins sont passé des considérations quotidiennes à celle de vieilles réminiscences. On ne croise guère plus de farfadets malicieux aujourdhui, Ondine a déserté les ruisseaux et les arbres sont à tout jamais devenus muets, ou presque. Mais quimporte, lhomme daujourdhui ne se soucie plus guère de ce genre de choses. Mais à toi, petite Sur, laisse moi te conter comment le Petit Peuple est - comme bien dautres choses merveilleuses - tombé tristement dans loubli.
Chapitre Premier la Reine des Fées
Le début de la fin fut un équinoxe de printemps, semblable à tant dautres. Tous les habitants de Fabuleuse Féérie se rendaient aux pieds du Grand Chêne, demeure de leur Reine. Ils étaient là pour célébrer son réveil après les longs mois de lhiver. À chaque premier rayon de la saison de vie nouvelle, les portes de la Royale Demeure souvraient pour le temps que mets une femme à enfanter, pour trois saisons de liesse ou chaque jour pour le Petit Peuple nétait que de fêtes et de joies.
Seulement, cette année-là, la porte ne souvrirait point.
Dans le bois millénaire resteraient figés les battant dairain.
Le Soleil avait déjà atteint le Zénith dans sa course que le petit peuple dissertait toujours de ce qui avait pu se produire dans un fouillis de mille conversations qui se chevauchaient.
- Est elle malade ? non, notre Reine est à labri de se genre de choses..... Une trahison ? mais qui ? son mari ? non, le Roi Obéron lObscur est souverain de Féérie lui aussi, jamais il ne commettrait pareille vilénie !..... Pourquoi ne sort-elle pas ? Il faut aller voir ! mais qui ? on ne peut entrer dans le palais tant que les portes demeures fermées, cest la règle !
- Oui mais les portes devraient être ouvertes, cest une situation sans précédents.
- Iona ! Où es-tu ? Dis-nous, cela sest-il déjà produit ?
Le dit Iona était un vieil Elfe des Sous Bois. Un scribe, gardien des Histoires et Chroniques de Fabuleuse Féérie. Il était arrivé en retard ce jour-là, davoir compilé quelques histoires et contes pour divertir la Reine à son réveil et son ouvrage avait pris plus de temps que prévu. Encore un peu fourbu du trajet, il regardait tous les visages alentours qui sétaient tournés vers en un seul souffle retenu.
-De mémoire dElfe et de Grimoire, jamais notre Reine a manqué de se réveiller au Jour Promis. En ma qualité de scribe, je prends la responsabilité de tirer tout cela au clair.
Sans attendre, il prit la direction de larbre et commença à escalader les racines géantes. Il avait pris cette décision parce quil savait que ses congénères ne lauraient jamais fait, et surtout parce que ces nuits de compilation lui avaient laissé un mal de crâne à assommer un buf et quil désirait plus que tout échapper au douloureux brouhaha de toutes ces petites voies paniquées.
Les portes fermées ne lempêcheraient pas dentrer. Elles étaient symboliques. Eux, les Elfes, connaissaient tous les petits passages entres rameaux et branchages qui conduisent au cur de la Royale Demeure.
Les couloirs du palais semblaient tapissés dun manteau lourd de sommeil. Pas un bruit, pas un mouvement. Iona ne lavait jamais connu ainsi et, pour un peu, il aurait qualifié le silence de « mort » plutôt que de « pesant », mais chassa bien vite cette idée de son esprit. Machinalement, il prit la direction de la salle du trône, mais là aussi, le plomb muet régnait, lourd et gênant. Il se résout donc à prendre la direction des appartements de la Reine, espérant quil la trouverait assoupie sur sa couche.
Elle était bien là, magnificence sublime allongée sur sont lit dont les tissus de velours brillaient sensiblement sous les gouttes de lumière qui perlaient don ne pouvait vraiment dire où.
Latmosphère baignait de surnaturel. Rien détonnant pour le palais de la Reine des Fées me diras-tu. Mais pourtant, même Iona sentait quil y avait quelque chose danormal. Les joues de Sa Majesté Suzeraine de Féerie et dAvalon, avaient perdu leur éclat rose coutumier. A dire vrai, elle avait même le teint blafard, et sa poitrine nétait agité daucun souffle.
Iona comprit ce quil manquait en ces lieux comme un rocher que lon prend sur la figure: la Vitale Présence de la Mère du Petit Peuple. Tout à la réalisation de cette souffrance, le petit scribe même en oublia que leur survie à tous sen trouvait condamnée sur un plus ou moins long terme, car sans la Reine, le Peuple nest plus non plus.
Ce fut dabord comme un souffle, lécho dun murmure qui tira Iona de sa torpeur. Le timbre calme et serein dune voix qui lui réchauffait imperceptiblement le cur et lui séchait les larmes. La dépouille de la Sublime des Sublimes était là, sans vie devant lui, pourtant, son âme percevait le chant mélodieux de sa voix, comme une supplique insistante, un appel quon ne peut refuser.
- Iona, mon cher Iona, mon Enfant, toi qui est venu jusquà moi, sois béni ! Je te demande pardon.
- Pourquoi vous excuser ma Reine, nous sommes les fautifs, vous ne pouvez y être pour quelque chose !
- Tout ceci est bien de ma faute mon cher petit, un jour le pourquoi te sera révélé. Et je te demande pardon car je vais encore avoir besoin de toi. Ma vie ma été dérobée par traitrise, mais je peux encore être sauvée. Pour cela, il te faudra venir me chercher dans la Forteresse Introuvable du Roi Obéron. Hâte-toi, mon Enfant Bien-Aimé, car le temps presse.
- Mais, ma Reine, comment vais-je pouvoir trouver lintrouvable demeure du Roi Sombre ?
- Tu le sais déjà mon enfant, tu le sais déjà
La voix redevint écho, encore lespace de quelques instants, puis doucement se tut, laissant un vide encore plus grand au cur et à lâme dIona. Il resta là un moment dans le silence diluant les dernières traces de vie en ces lieux, effondré, lexistence en brisure, le bonheur à jamais fêlé. Aucun clepsydre naurait pu mesurer le temps qui lui fallu pour se relever, rassembler les fragments de son âme en lambeaux et se débarrasser de ce quil aurait pu lui rester de courage et de vaillance. Il naurait besoin deux pour ce dernier Devoir, car il savait ne pouvoir que le mener à terme . Cette certitude, cela seul demeurait ancré en lui
Il se releva, posa un dernier regard emplit dautant damour que de larmes sur le corps sans vie de sa Reine bien aimée et pris la direction de la sortie du palais. Il navait aucune idée du chemin à prendre, mais les échos de Sa voix seraient sa voie.
Gestes mesurés qui replient enroulent et scellent les vélins. Peut-être un peu pesants pour sa messagère, mais il a toute confiance en la chiroptère..... Sifflement suraigu, suivi d'un doigt tendu au bout d'un Chauve qui sourit, et vient dare dare se percher la chauve-souris..... main qui laisse le message à l'accroche va au ruban sous la manche et le décroche, tend au volatile le parfum du destinataire, et dans un frisson d'ailes disparait missive dans les airs......
[hrp:"La Graine de Folie", librement adapté de la BD du même titre]
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Terres du Sud, les derniers jours de l'été. Un petit tertre surplombant les flots apaisés de l'Adour. Adossé à un gros rocher tourner vers le vallon, Orion laisse les dernier rayons chauds de la journée lui caresser les joues. Le vent est chaud, poussiéreux, qui annonce l'automne à l'approche. Poussiéreux, comme ces souvenirs qu'il extirpe du fond de sa mémoire. Un vécu? non, ou presque, une raison de vivre peut être.
Jambes croisées, pieds nus sous la brise ardente, senestré d'une plume de cuivre ciselée qui tournoie au bout du sureau valsant entre ses doigts, vélin impatient qui attends sous la dextre dans l'herbe sèche, le Dragon réfléchit, aligne et réaligne les mots choisis......
De l'horizon son regard vacille un moment à sa monture qui paisse indifférente, à trois pas de là. Entre selle et couverture, un bout de tissu d'or et sable qui dépasse.... Arquian, et sa bannière, rangée là depuis.... depuis combien déjà?...... Cur qui se serre à d'autres souvenirs, d'autres temps..... Plus que la Compagnie, il avait aimé le rêve sousjacent à ces flammes qui avaient scellé leurs promesses..... Un idéal, fait de mots gravés dans le feu....... Tout ce qu'il en reste aujourd'hui...... Arquian qui semble à tout jamais derrière l'horizon, inaccessible sous le manteau d'une autre vie, mais qui peut prétendre savoir d'où naissent les Dragons?
Qu'importe puisque bientôt il ne seront plus..... Aussi éternelles qu'ils soient, Orion le sait, comme Arquian aujourd'hui, hier, c'était Féérie qui disparaissait de l'horizon.... Ainsi en sera-t-il de même, et le froid pénétrant de l'oubli emportera jusqu'aux derniers Dragons......
Adossé à son rocher, les yeux embués des ultimes lueurs du jour, le Géant secoue doucement la tête en un refus.... une évidence qu'il n'accepte..... cette autre raison de vivre qui palpite entre ses rêves..... peut-être tout espoir n'est-il pas perdu, non, peut être pas...... Il sait lui-même qu'il ne faut finalement que peu de chose à un Dragon pour se réveiller, mais la chose en elle même importe peu..... ce qui compte est le vent qui l'amène...... Comme les mains qui s'agitent à la rencontre de plume et vélin, laissant courir les mots en tracé fin......
Ce'Nedra,
Petite Soeur,
Tu sais, j'ai longuement réfléchit avant de prendre cette plume..... Quels mots pourrais-je coucher sur du papier que je ne pourrais te dire de vive-voix? Quel secret y a-t-il ancré dans les fibres de ce parchemin qu'il faille des lettres d'encre pour le réveiller..... Peut être le début d'un chemin, d'un parcours à travers les endroits et les moments, comme le sillage invisible que laisse un Dragon au firmament.
Des Dragons.....
C'est là ce que nous avons choisis d'être.... Enfin, j'ignore dans quelle mesure nous avons vraiment eu le choix. Peu importe à dire vrai..... Mais pour toi Petite Sur, qui apprends à ouvrir tes yeux au flammes vacillantes de l'existence, il m'importe de te dire Qui nous sommes, Ce que nous sommes.....
Mais, avant cela, peut-être devrais-je commencer par te conter de quel improbable nous venons. Ou tout du moins, là où se termine un pan de notre histoire, et où débute ta première leçon.....
Orion,
Chasseur parmi les Dragons
La Graine de Folie
Il était une fois, il y a bien longtemps, Enfin, finalement pas tant que ça .. En vérité, cela ne fait que quelques siècles seulement que les fées, les korrigans, les elfes et autres lutins sont passé des considérations quotidiennes à celle de vieilles réminiscences. On ne croise guère plus de farfadets malicieux aujourdhui, Ondine a déserté les ruisseaux et les arbres sont à tout jamais devenus muets, ou presque. Mais quimporte, lhomme daujourdhui ne se soucie plus guère de ce genre de choses. Mais à toi, petite Sur, laisse moi te conter comment le Petit Peuple est - comme bien dautres choses merveilleuses - tombé tristement dans loubli.
Chapitre Premier la Reine des Fées
Le début de la fin fut un équinoxe de printemps, semblable à tant dautres. Tous les habitants de Fabuleuse Féérie se rendaient aux pieds du Grand Chêne, demeure de leur Reine. Ils étaient là pour célébrer son réveil après les longs mois de lhiver. À chaque premier rayon de la saison de vie nouvelle, les portes de la Royale Demeure souvraient pour le temps que mets une femme à enfanter, pour trois saisons de liesse ou chaque jour pour le Petit Peuple nétait que de fêtes et de joies.
Seulement, cette année-là, la porte ne souvrirait point.
Dans le bois millénaire resteraient figés les battant dairain.
Le Soleil avait déjà atteint le Zénith dans sa course que le petit peuple dissertait toujours de ce qui avait pu se produire dans un fouillis de mille conversations qui se chevauchaient.
- Est elle malade ? non, notre Reine est à labri de se genre de choses..... Une trahison ? mais qui ? son mari ? non, le Roi Obéron lObscur est souverain de Féérie lui aussi, jamais il ne commettrait pareille vilénie !..... Pourquoi ne sort-elle pas ? Il faut aller voir ! mais qui ? on ne peut entrer dans le palais tant que les portes demeures fermées, cest la règle !
- Oui mais les portes devraient être ouvertes, cest une situation sans précédents.
- Iona ! Où es-tu ? Dis-nous, cela sest-il déjà produit ?
Le dit Iona était un vieil Elfe des Sous Bois. Un scribe, gardien des Histoires et Chroniques de Fabuleuse Féérie. Il était arrivé en retard ce jour-là, davoir compilé quelques histoires et contes pour divertir la Reine à son réveil et son ouvrage avait pris plus de temps que prévu. Encore un peu fourbu du trajet, il regardait tous les visages alentours qui sétaient tournés vers en un seul souffle retenu.
-De mémoire dElfe et de Grimoire, jamais notre Reine a manqué de se réveiller au Jour Promis. En ma qualité de scribe, je prends la responsabilité de tirer tout cela au clair.
Sans attendre, il prit la direction de larbre et commença à escalader les racines géantes. Il avait pris cette décision parce quil savait que ses congénères ne lauraient jamais fait, et surtout parce que ces nuits de compilation lui avaient laissé un mal de crâne à assommer un buf et quil désirait plus que tout échapper au douloureux brouhaha de toutes ces petites voies paniquées.
Les portes fermées ne lempêcheraient pas dentrer. Elles étaient symboliques. Eux, les Elfes, connaissaient tous les petits passages entres rameaux et branchages qui conduisent au cur de la Royale Demeure.
Les couloirs du palais semblaient tapissés dun manteau lourd de sommeil. Pas un bruit, pas un mouvement. Iona ne lavait jamais connu ainsi et, pour un peu, il aurait qualifié le silence de « mort » plutôt que de « pesant », mais chassa bien vite cette idée de son esprit. Machinalement, il prit la direction de la salle du trône, mais là aussi, le plomb muet régnait, lourd et gênant. Il se résout donc à prendre la direction des appartements de la Reine, espérant quil la trouverait assoupie sur sa couche.
Elle était bien là, magnificence sublime allongée sur sont lit dont les tissus de velours brillaient sensiblement sous les gouttes de lumière qui perlaient don ne pouvait vraiment dire où.
Latmosphère baignait de surnaturel. Rien détonnant pour le palais de la Reine des Fées me diras-tu. Mais pourtant, même Iona sentait quil y avait quelque chose danormal. Les joues de Sa Majesté Suzeraine de Féerie et dAvalon, avaient perdu leur éclat rose coutumier. A dire vrai, elle avait même le teint blafard, et sa poitrine nétait agité daucun souffle.
Iona comprit ce quil manquait en ces lieux comme un rocher que lon prend sur la figure: la Vitale Présence de la Mère du Petit Peuple. Tout à la réalisation de cette souffrance, le petit scribe même en oublia que leur survie à tous sen trouvait condamnée sur un plus ou moins long terme, car sans la Reine, le Peuple nest plus non plus.
Ce fut dabord comme un souffle, lécho dun murmure qui tira Iona de sa torpeur. Le timbre calme et serein dune voix qui lui réchauffait imperceptiblement le cur et lui séchait les larmes. La dépouille de la Sublime des Sublimes était là, sans vie devant lui, pourtant, son âme percevait le chant mélodieux de sa voix, comme une supplique insistante, un appel quon ne peut refuser.
- Iona, mon cher Iona, mon Enfant, toi qui est venu jusquà moi, sois béni ! Je te demande pardon.
- Pourquoi vous excuser ma Reine, nous sommes les fautifs, vous ne pouvez y être pour quelque chose !
- Tout ceci est bien de ma faute mon cher petit, un jour le pourquoi te sera révélé. Et je te demande pardon car je vais encore avoir besoin de toi. Ma vie ma été dérobée par traitrise, mais je peux encore être sauvée. Pour cela, il te faudra venir me chercher dans la Forteresse Introuvable du Roi Obéron. Hâte-toi, mon Enfant Bien-Aimé, car le temps presse.
- Mais, ma Reine, comment vais-je pouvoir trouver lintrouvable demeure du Roi Sombre ?
- Tu le sais déjà mon enfant, tu le sais déjà
La voix redevint écho, encore lespace de quelques instants, puis doucement se tut, laissant un vide encore plus grand au cur et à lâme dIona. Il resta là un moment dans le silence diluant les dernières traces de vie en ces lieux, effondré, lexistence en brisure, le bonheur à jamais fêlé. Aucun clepsydre naurait pu mesurer le temps qui lui fallu pour se relever, rassembler les fragments de son âme en lambeaux et se débarrasser de ce quil aurait pu lui rester de courage et de vaillance. Il naurait besoin deux pour ce dernier Devoir, car il savait ne pouvoir que le mener à terme . Cette certitude, cela seul demeurait ancré en lui
Il se releva, posa un dernier regard emplit dautant damour que de larmes sur le corps sans vie de sa Reine bien aimée et pris la direction de la sortie du palais. Il navait aucune idée du chemin à prendre, mais les échos de Sa voix seraient sa voie.
Gestes mesurés qui replient enroulent et scellent les vélins. Peut-être un peu pesants pour sa messagère, mais il a toute confiance en la chiroptère..... Sifflement suraigu, suivi d'un doigt tendu au bout d'un Chauve qui sourit, et vient dare dare se percher la chauve-souris..... main qui laisse le message à l'accroche va au ruban sous la manche et le décroche, tend au volatile le parfum du destinataire, et dans un frisson d'ailes disparait missive dans les airs......
[hrp:"La Graine de Folie", librement adapté de la BD du même titre]
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