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[RP] - J'irai cracher sur vos tombes.

Aleanore
[HRP/ Ce RP est bien entendu ouvert à toutes participations moyennant le fait que je désire recevoir un MP pour m'informer de votre potentielle envie de venir participer. Ci'mer Albert.]



    « J’ai raté ma vie, je ne veux pas rater ma sortie.» (*)


Il n’y a plus de bruit, plus un son que le silence dans la chambre, dans la vie de l’Etincelle, tout s’est arrêté quand le papier scellé d’or est tombé. Clarisse ne rit plus, Georgette ne bougonne plus et l’Etincelle .. L’Etincelle ne chante plus. Le monde ne tourne plus à Nogent-le-Rotrou où continue de vivre Aléanore depuis la fuite de la chapelle le jour de son mariage, il avance paresseusement entrecoupé de leçons à la Griotte.

Jusqu’à présent, Aléanore avait fui la vie, l’avait trouvé moche, sale, dure ou trop molle, risible mais jamais encore, Aléanore n’avait trouvé la vie inutile, dépourvue de tout sens. Car plus rien n’a de sens maintenant que les mots terrifiants s’étalent sur le papier. Excommuniée .. Les doigts fins s’enroulent autour des perles de nacre du rosaire pendant à son cou, réflexe enfantin gardé de l’époque du couvent. Comment en était-elle arrivée là ? Et la même sentence revient : Tu aurais du rester dans ton couvent. Se consacrer à l’amour du Très-Haut, devenir Mère Supérieure à la mort de la mère Hortense, protégée par des murs de pierres de la folie et de la haine de hommes.

La lèvre inférieure est mordillée avec violence avant que le regard ne se porte sur l’extérieur, la chapelle dans toute sa simplicité bienveillante. La fin de tout, la fin de sa vie, cette vie qui a vraiment commencé le jour de son baptême, de son entrée dans la famille aristotélicienne, et que l’on brise à coups de grandes phrases, de déclarations haineuses. Un seul sait, personne n’est au courant que lui et sa conscience, alors les noisettes se posent résignées sur la chapelle et finalement, se reposent sur le couvre-lit en fourrure, les mains s’y glissent avec une fiévreuse passion, profiter encore de ce contact primitif qui l’avait toujours bouleversé. Primitif, le hurlement qui s’échappe des lèvres pâles tandis que les ongles s’enfoncent et que Clarisse accourt pour calmer le désespoir de sa jeune maitresse, ne pas effrayer les jumelles du Duc ou la petite dame de compagnie, renvoyée à sa toilette pour la matinée. Hurlement clos par une quinte de toux violente ployant l’Etincelle en deux, sourire sarcastique aux lèvres, elle se redresse.


-« Les voies du Seigneur sont impénétrables .. Mais cette fois, on ne peut se tromper sur ce qu’Il désire. »

Le regard cendré de la camériste s’agrandit de stupeur avant que la tête blonde ne s’agite vivement en signe de négation. Sourire tendre et main qui se lève pour caresser la joue de la camériste.

-« Brisons là… Où en suis-je de .. ma correspondance ? »

Les mains s’agitent, ballet muet, parfait, tellement parfaite cette Clarisse. Et pas qu’elle, les coursiers sont prêts à se disperser dans tout le Royaume, embauchés par l’Araignée.. Fidèle Araignée.

-« Bien.. »

Oui, bien, tout est bien, tout est réglé dans les moindres détails, de la révélation faite à qui de droit, aux lettres qui seront bientôt dispersées dans tout le Royaume de France et au de-là. Lettres au caractère urgent, suppliant les destinataires de venir à Nogent-le-Rotrou par tous les moyens le dix-neuvième jour de septembre. Et les derniers détails .. tout derniers ..

-« Fais prévenir Griotte, les jours qui suivront, je veux qu’elle reste dans ses appartements et qu’elle s’applique à ses leçons, il faut qu’elle soit parfaite pour nos invités. D’ici-là, je ne veux voir personne. »

Et de se glisser hors de la couche pour rejoindre la fenêtre, une coupe d’eau de vie de framboise cueillie au passage et portée à ses lèvres.


_______________
(*) oui, j’ai osé.
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Grimoald


Branle-bas de combat, dans la grande maison de l’Albrena, siège de la mesnie Saint Just. Gnia et son maitre queue allaient s’absenter durant quelques semaines. Il fallait donc régler les derniers détails. Pendant quelques temps, Grimoald avait hésiter à nommer quelqu’un qui le remplacerait. Il fallait qu’il soit cruel et sans cœur, pour que la boutique tourne correctement… Bien qu’il ne faille faire manger que Eoghan. Mais lorsqu’il y avait un problème, personne n’en assumait la responsabilité, et cela créait un gros trouble dans la maison. Il fallait aussi que le jeune garçon fasse ses valises, et par-dessus tout, il fallait qu’il prenne le temps de se demander pourquoi Aléanore les rappelait-elle si vite, seulement quelques jours après leur retour. Un autre mariage ? Non, sûrement pas… Grimoald n’avait aucune idée du pourquoi de la chose, et il commençait à s’inquiéter. Il ne lisait pas les annonces de l’Eglises, se refusant de s’y intéresser. Cependant, ce jour là, il aurait du la lire, et il aurait compris… Tout compris.

Une fois que toutes les valises furent chargées, et que les dernières recommandations furent données, Grimoald monta dans la calèche. Un cheval simple aurait été plus rapide, mais le temps incertain propre à l’automne ne permettait pas de prendre le risque de passer un si long voyage sous la pluie, c’eut été trop dangereux. Le voyage promettait d’être long, entre l’incertitude et le doute. Quelques heures après le départ, Grimoald commençait à montrer des signes d’agacement. Il faisait nerveusement bouger sa jambe de bas en haut, et pour lui, le coche n’allait pas assez vite. Sa joue collée contre la petite vitre commençait à se pétrir de froid, mais il s’en moquait, il voulait juste arriver en Alençon le plus vite possible. Posant sa main sur sa jambe, essayant de calmer les tremblements, il murmura, plus pour lui-même que pour les ténèbres qui l’avaient progressivement entouré.


« Tout ira bien… »

[…]

Sa tête pendait dans le vide. Assis dans le carrosse, la respiration lente et forte, le garçon dormait. Plus ils s’approchaient de Paris, plus les routes devenaient bonnes, et bien qu’ils aient emprunté les grands axes pour avoir plus de temps, le voyage avait été plus long que prévu ; une intempérie et la crue d’une rivière leur ayant fait perdre une journée de route. Normalement, le coche aurait du arriver le dix-huit au soir, mais à l’aube du dix-neuf, ils n’étaient toujours pas arrivé. Pour le moment, Grimoald dormait. Dans certains coins d'Irlande, le sommeil qui ne connaît pas de réveil est toujours suivi d'un réveil qui ne connaît pas de sommeil. Il se souvenait de sa mère, de son père. Il faisait de beaux rêves, jusqu’à ce qu’il tombe en avant. En effet, la voiture venait de s’arrêter.


« Sale con ! »
« C’est que nous sommes arrivé monsieur. »


En effet, une fois qu’il regarda par la fenêtre, il vit le beau château de Nogent. Il sortit alors, sautant par terre (il n’aimait pas les marche pieds), et toisa le conducteur du regard. D’un geste lui indiquant de déguerpir sur le champ, il se tourna vers le château. Une main passée dans les cheveux, plus par habitude que pour ce qu’il dégageait aujourd’hui. Il se moquait de son apparence, et pour cause… Il marcha à toute vitesse vers un page qui faisait sa taille. Il le prit par les épaules, comme pour l’inciter à parler.

« Où est Aleanore ? Allez la chercher, dites lui que je suis là… Elle… »
« Monsieur, j’ai reçu l’ordre de vous demander d’attendre. »


Il lâche le page, et laissa ses bras le long du corps. Qu’est ce que c’est que cette mascarade ? Il retourna vers l’entrée, près de Gnia. Cette fois-ci, il avait peur. Pourquoi ? Il ne le savait pas. Peut être était-ce l’écriture conventionnelle que sa grande sœur avait utilisé pour lui demander de venir… Peut être était-ce ce page qui ne voulait pas le laisser entrer… peut être que c’était cet appel, quelques jours seulement après leur retour… Il commençait à se poser des questions. Il était si inquiet qu’il se mit à courir vers Gnia, s’arrêtant nez à nez avec elle.

« Ils nous demandent d’attendre. »
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Kilia
Courage petite sœur

Une lettre décacheté à la hâte, heureuse d'avoir des nouvelle de Nore, savoir comment elle va, ce qui se passe dans sa vie. Les quelques lignes sont lu rapidement mais le sourire escompté ne se dessine pas sur son visage. Elle grimace inquiète, cette lettre était inquiétante au possible. Et un cri retentit dans son castel. Qu'on prépare ma cape et mes sacoches de voyage. Qu'on selle mon cheval et que ma garde se prépare. La duchesse avait été là pour la jeune fille à l'un des pires moment de sa vie, si elle l'appelait ainsi c'est qu'il se passait quelque chose de grave. Pas d'hésitation elle irait et le plus rapidement possible.

Pas le temps de prendre calèche, la route était trop longue. A cheval cela risquait d'être épuisant mais elle pourrait passer le Maine plus discrètement et ne pas avoir à demander des autorisations qu'elle n'aurait surement pas.

C'est le séant en compote que la duchesse arriva dans le domaine de Nogent. Pied à terre qui a du mal à retrouver le sol, première enjambée assez chancelante. Même si elle aime galoper, là elle avait un peu forcée, les pauses avaient était très courtes. Son cheval confié à ses gardes, l'ordre de le bichonné fut donné, et la duchesse d'aller vers un jeune homme secouant un page, mais pas le temps d'arriver qu'il partait déjà en courant. Juste le temps de l'entendre dire, « Ils nous demandent d’attendre. » avant de l'interpeller.

Bonjour! Mais il ne veut pas nous laisser voir Aleanore?

Elle connaissait Grimoald, elle aurait pu mieux le saluer mais pour l'heure c'est Aleanore qui la préoccupait.

J'ai reçu une lettre des plus inquiétante, elle vous à appelé vous aussi? Que se passe-t-il je n'aime pas cela...

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[Milite pour l'ancien Forum!] Mère D'Anjou, dict la Lumière D'Anjou
Mariealice
Pourquoi fallait-il que tout s'emballe au même moment? Pourquoi fallait-il que tout commença à dérailler de concert? Si elle le savait... Et la lettre d'Aleanore après le mariage raté ne faisait que l'inquiéter un peu plus. Non qu'elle ne comprit que sa fille puisse vivre fort mal cette fâcheuse histoire. Et encore plus l'annonce de son excommunication que certains s'étaient fait un plaisir de mettre sous le nez de la brune.

Son ainée, excommuniée. Certes la jeune fille avait des défauts mais bon celui de renier l'Eglise et ses préceptes, elle qui avait été élevée à la fin de son adolescence au coeur d'un couvent. Même petite, Marie avait veillé à ce que tous ses enfants soient baptisés et reçoivent une éducation religieuse en sus du reste. Aleanore avait même voulu devenir inquisitrice avant de vouloir épouser Eusaias puis de fuir en Anjou. La brune avait cessé depuis longtemps de vouloir la comprendre mais pas de l'aimer.

Elle avait donc repris le même coche qu'un mois plus tôt, seule cette fois et la mine sombre, ses doigts tapotant sur ses genoux. Une fois arrivée dans la cour du château, elle trouva surprise d'autres attelages. Une sorte de réunion? Diantre mais enfin que se passait-il!

Un petit groupe de têtes connues, juste à temps pour entendre les derniers mots échangés, assemblée hétéroclite.


Bonjour à vous. Pourrait-on savoir ce qu'il se passe? Où est ma fille? Comment va-t-elle?
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Eilinn_melani


Le carrosse aux armes de Cauvisson et de sa Goupil suzeraine entra dans la cour du Castel de Nogent.

A l'intérieur, le duo infernal. Enfin d'habitude. Le trajet s'était passé ici dans un morne silence, rompu par quelques questions sans grand intérêt de temps à autre, pour vérifier si l'autre était toujours éveillé.

Eilinn avait eu presque en primeur le texte de Clodeweck, le quinze septembre. Elle aurait du écrire à Aléanore pour la prévenir, lui certifier qu'elle pourrait se porter garante d'elle auprès de l'Evèque d'Angers. Peut-être même qu'Eilinn pourrait obtenir le soutien du Recteur Bardieu pour obtenir l'annulation de l'excommunication de l'Etincelle. Il ne lui suffirait que d'une missive après tout. Mais elle n'en avait rien fait. Elle était restée ébahie de stupeur devant l'annonce.

Après la stupeur vint la révolte devant l'injustice, alors que les cisterciens enjoignaient aux prières et au soutien des excommuniés. Et elle avait fait une chose affreuse, allant à l'encontre de ses préceptes, remettant en question son investissement dans l'Eglise et la Congrégation des Affaires du Siècle. Mais il était désormais trop tard pour revenir en arrière, et elle ne voulait pas que cette profonde injustice soit tue.

Et Eilinn ruminait sur cette simple considération : L'Eglise pouvait se tromper. Et que pouvait-il y avoir de plus terrifiant que de comprendre que ce que l'on croyait un symbole de perfection, l'incarnation de l'Amitié, n'était en fait qu'une assemblée d'humains tristement imparfaits usant de la foi de chacun pour asseoir leur autorité ? Quel crédit pouvait-elle désormais accorder à Rome maintenant que celle-ci avait piétiné allègrement ses propres valeurs ?
Au loin le brouhaha, des silhouettes déjà rencontrées, mais Eilinn n'esquissa même pas le geste de descendre de la voiture.



Jehanne, que reste-t-il... de nos illusions ?

Qu'avons-nous donc fait de nos treize ans ? Ou sont passées les douces chimères qui nous animaient en mangeant des gâteaux et en jouant avec les lapins de la Vaunage ou de Boiscommun ?
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Jehanne_elissa
Et c’était reparti pour « Nogente-le-Rotrou »… Mais cette fois-ci dans de plus sombres circonstances. C’est une lettre échevelée qui les avait sorties du magnifique été indien Languedocien, une lettre échevelée des plus inquiétantes. Pourquoi me diriez-vous ? Il y a bien des gens qui griffonnent des mots bâclés, les envoient, et dont les lecteurs ne s’inquiètent guère. Pourquoi ? Car ils savent que leur correspondant est dans ce genre ci, concis, un peu brouillon, un peu dissipé. Mais lorsque c’est Aléanore qui envoie une lettre échevelée on fronce les sourcils. Comment la bâtarde Alterac qui ne méritait d’ailleurs pas ce statut, si adepte des belles choses, des belles phrases, des beaux mots pouvait-elle se laisser aller à une telle brièveté ? Et bien figurez-vous que cette question, l’héritière Goupil ne sait que trop bien la raison et ne peut s’empêcher de frissonner en imaginant les sentiments qui devaient habiter l’Etincelle. Et c’est d’ailleurs pour ça qu’elle est là, sur les routes, again, vers l’Alençon.

Et oui, oui oui oui, il y a des gens qui peuvent se permettre tant de route juste après avoir froncé les sourcils à la lecture d’une lettre. C’est ça, c’est un des jolis privilèges à faire partie d’une dite «jeunesse dorée » : point trop de chaînes pour entraver vos mouvements, pas trop d’obligations. De plus ça lui permettra de faire une halte Parisienne sur le retour avec un sage arrêt à la Curia et surement un autre vers les Galeries… Mais ça, c’est une autre histoire. Un léger sourire vient soulever l’ourlet carmin, le premier de la journée, couvrant ses dents imparfaites alors que sa main va instinctivement se nicher dans celle d’Eilinn. Aléanore lui pardonnerait sûrement ce sourire naïf et innocent d’une ancienne enfant devenant femme et aimant de plus en plus les belles choses. L’Etincelle resterait à jamais l’Etincelle.


Et le temps passe.


Jehanne, que reste-t-il... de nos illusions ?


Le regard vert se laisse aller mollement à l'extérieur du coche ou elle voit aussi des silhouettes connues. C'est un lourd silence qui s'installe après la question d'Eilinn, une question à laquelle elle a déjà bien pensé il y a quelques temps. Le jour de l'annonce du mariage de tante Pol avec le Chevalier de Siarr. Ce jour là elle avait eu son premier face à face avec le monde des adultes, un monde d'incompréhensions et de non-dits. Ce jour là elle avait pensé que ce monde n'était pas pour elle, qu'elle ne voulait que jouer et s'amuser elle, alors que les grands ne veulent apparemment que faire le mal. Et puis la guerre, les guerres, lui avaient enlevé Actarius et encore accentué son mal-être. Et puis elle en avait parlé avec Grimoald au mariage de la Souveraine. Et puis Eilinn était arrivée, et le sourire revenu. Elle se tourne donc vers son amie avec un pâle sourire aux lèvres après avoir tapoté sur la porte.

- « Elles sont toujours là Eilinn. Je pense même que ce ne sont pas des illusions, c’est simplement les rêves que l’ont veut réaliser car je suis certaine que les rêves se réalisent. Ce qu'on nomme les illusions sont là, en nous, mais le Monde veut nous les enlever. C’est un trésor. On ne doit pas nous le piquer. »
Un valet ouvre la porte et Jehanne Elissa glisse son nez dehors, dans l'air frais Alençonnais. Un soupir puis elle se tourne à nouveau vers son amie. « Aléanore a besoin de nous, allons-y. »

Une main saisie, un sourire poli donné et elle descend, s'arrête, attend son amie et es voila parties vers les silhouettes connues. Mais l'humeur n'est pas tellement à la parole alors c'est un sourire général qui est donné avec un vague «Bonjorn ».
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Griotte
Les véhicules arrivaient au compte gouttes. Ils s’alignaient dans la cour les uns après les autres, sous les yeux observateurs de la petite demoiselle de compagnie, qui s’était accoudée négligemment à la fenêtre de sa chambre. Elle observaient les coches déverser leurs nobles contenus en ce demandant combien de personnes étaient attendues à Nogente-le-Rotrou. Un nombre assez important, d’après ce qu’elle avait compris. En quel honneur leur présence avait-elle été requise ? La jeune fille n’en avait pas la moindre idée. Aléanore avait entretenu le mystère à ce sujet, mais la Blanc-Combaz devinait qu’il y avait anguille sous roche. Le calme et le silence pesant qui régnaient dans la demeure ne laissaient rien présager de bon…

Les sourcils se froncèrent lorsque le regard de Griotte se posa sur les armoiries ornant l’un des coches. Pour les avoir vues maintes et maintes fois, elle reconnut sans peine, celles de la famille Alterac. Était-ce Marie-Alice, cette femme qui était descendue de la voiture quelques instants plus tôt ? Griotte était trop éloignée de la scène pour parvenir à distinguer les traits des personnes qui commençaient à se regrouper dans la cour.

Lassée de patienter seule dans sa chambre, alors qu’elle devinait que quelque chose ne tournait pas rond, et que l'attente faisait monter en elle une tension fébrile, la Blanc-Combaz décida de rejoindre les premiers invités. Elle vérifia rapidement son allure, arrangea une mèche sombre qui s’était échappée de sa coiffure, puis entreprit de descendre dans la cour pour aller à la rencontre de la suzeraine de son père et du petit groupe qui s'était formé autour d'elle.


-« Bonjour à vous. Je suis Griotte de Blanc-Combaz, la demoiselle de compagnie d’Aléanore. J’espère que vous avez fait bon voyage… »

Présentation faite, que dire de plus ? Peut-être aurait-elle mieux fait de continuer à patienter à l’intérieur. Maintenant qu’elle était sortie, les mines inquiètes qui l’entouraient, risquaient fort de lui demander la raison de cette invitation soudaine, chose à laquelle Griotte était bien incapable de répondre, mais il était trop tard pour rebrousser chemin.
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Calyce.
Il est de ces jours où l'on regrette d'avoir fait telle ou telle chose. Ce jour là, la brunette n'en avait qu'un. Celui d'avoir ouvert la porte à ce coursier porteur d'un drôle de message... Oiseau de mauvaise augure, vas. Sauf que tant qu'on en a pas lu le contenu, bah on ne sait pas. Sourire habituel offert au porteur et qui s'élargit à la vue du sceau. Nul besoin d'ouvrir pour en connaître l'expéditrice... De Dame à la framboise, il y en a qu'une : Nore. Plissement de nez alors que les mirettes parcourent le message... Invitation inquiétante. Habituée à mieux de la part de la porteuse de belles robes.

Réflexe premier. Prendre place et gratter une réponse. Alors elle noircit un parchemin vite rapidement. Que se passe t-il ? C'est si urgent que ça ? Tu as besoin de quelque chose ? Pourquoi le dix neuf ? Relecture rapide, tête secouée alors qu'une main froisse le papier qui finit par terre. C'est ridicule. Ne perdons pas de temps, en route pour Nogent. Fallait partir maintenant pour y arriver à temps... Une légère hésitation avant de quitter la pièce... On revient en arrière, menotte qui fait danser la plume, à nouveau. Pouvait pas partir sans ça... Fallait prévenir la cadette qui traine dans le coin, sait-on jamais. Feuille simplement pliée et mise dans la main d'un messager emprunté au duché...


A Maeve Alterac... siouplé.

Et alors que le messager cavale d'un côté, Calyce, elle, s'en va de l'autre. Et c'est aux portes de la ville que son chemin croisera celui d'une étoile. Bref échange, elles se comprennent et finiront par y aller ensemble, à Nogent... Pas la seule à être invitée faut croire.

Le dix neuf, à Nogent. Les deux angevines arrivent et ne tarderont pas à se rendre compte qu'elle ne sont pas les premières. Tête inclinée rapidement pour saluer le petit attroupement formé. Inquiétude pesante qui se fait sentir... Émeraudes qui vagabondent, reconnaissent certains visages et qui finissent par se poser sur Kilia à qui elle offre un léger sourire avant d'aller prendre place à ses côtés...

Nore ?
Elle est où ?
Kilia
Les gens arrivent... trop de gens, trop de tête connues aimées ou pas. On aurait pu croire à une fête mais la lettre ne semblait pas annoncer cela. Elle avait appris que le mariage ne s'était pas fait, que excommunication était tombée.
Elle aurai pu répondre à Marie-Alice quelques chose comme "Bonjour, je crois que personne ne le sait...", elle aurait pu lui dire qu'actuellement elle avait recueillit son autre fille, Maeve, sous sont toit, mais elle n'en a pas l'envie... autant tourner les talons avec juste un salue de la tête comme ceux que savent si bien faire les gens de la cour quand ils veulent juste t'ignorer.

Elle déteste ne pas savoir, déteste les surprises et les grandes réunions tout autant. S'il n'y avait pas tous les autres elle serait déjà entrain de franchir la porte et de crier "Aleanore" dans toutes les pièces du château.
Nore... ce joyaux jamais épargnée.

Elle part faire quelques pas. Pas envi de rester à parler, personne n'a la réponse, même Marie-Alice à l'air tout autant inquiète.

A un autre moment elle aurait engagée la conversation, cherchée un verre mais elle avait un sale pressentiment. Respirer un bon coup et ce dire qu'elle leur a tous fait peur pour faire une grande fête. Et de faire la moue parce qu'elle n'a pas prit de malle. Nore qui aime tant les belles tenues...
Kilia ne peut s'empêcher de poser les yeux sur sa longue tunique noire et poussiéreuse. Sur ses braies tout autant parsemée de poussières geste machinal du revers de la main comme si cela pouvait suffit à la rendre plus présentable, ou plutôt essayer de disperser son malaise.
On leur a dit d'attendre, elle respecte trop Aleanore pour faire un foin à l'Angevine ici... et pourtant.

Elle revient machinalement vers les quelques personnes autour de Griotte. Elle avait loupé l'entrée de la demoiselle et ne savaient pas qui elle pouvait bien être mais tout le monde avaient l'air suspendu à ses lèvres.

Petite voix qui la sort de ses pensées,
Nore ?
Elle est où ?
Calyce aussi ? Et pour la jeune fille qu'elle apprécie énormément sa gorge se dénoue un peu et son visage se détend pour ne pas lui montrer son présentement. Sourit qui se fait doux avant de lui déposer un baiser sur le front.

Nous n'avons pas encore vu Aleanore, mais elle ne va pas tarder vu le nombre de gens qu'elle a fait venir. Elle doit vouloir que tous soient présent pour faire sa descente d'escalier...

Elle ne voyait pas trop pourquoi elle avait fait venir tant de monde, peut être qu'après l'excommunication elle voulait annoncer qu'elle changeait de religion. Elle se demanda un instant si elle n'allait pas leur avouer un truc atroce: Nore Spinoziste impensable... Elle commença à se triturer la cervelle. Malade?
La duchesse prit une grande inspiration faut arrêter de délirer une fête surprise même si elle est un peu crado ça serait très bien!

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[Milite pour l'ancien Forum!] Mère D'Anjou, dict la Lumière D'Anjou
Clemence.de.lepine
Une lettre d’Aléanore, cela n’avait au fond rien d’original mais ça n’était pas non plus si commun. C’était alors curieuse, que Clémence avait brisé le scel, non sans avoir pu retenir un petit soupir contrarié. Quoi, encore ? Que lui voulait-elle, l’Etincelle ? Qu’allait-elle encore pouvoir trouver qui parviendrait une nouvelle fois à lui faire monter le rouge aux joues : de colère ou plutôt d’agacement, car elle agace, l’Alterac, toujours, toujours… sans que pourtant la Lioncelle ne puisse jamais lui en vouloir tout à fait.

Le ton est différent, cette fois, et en un éclair, Clémence revoit Aléanore, prostrée dans la cour de Cauvisson, Blanche à ses côtés. L’une aux cheveux pâles, l’autre aux cheveux sombres, et cette dualité frappante qui choque et qui broie. Deux femmes : la vaillante et la souffrante, l’Hermine qui soutient et l’Etincelle qui ploie. Pourquoi, pourquoi cette image, alors même qu’elle a vu, de ses yeux, de son âme, avec quelle rapidité la Dame de Concèze et de Thias est parvenue à se remettre de son terrible accident ? Toujours plus belle, alors, toujours plus souriante, altière, et piquante, autant que Clémence pouvait l’être avec elle. D’une façon moins forcenée, peut être. Plus amusée, plus tendre… moins farouche. Elle relit la lettre, et elle comprend.

C’est cet état de détresse dissimulée au travers de ces mots urgemment couchés sur le vélin, qui l’a interpellée, qui lui a fait penser à ce même moment de désespoir et de douleur survenu en la Vaunage. Pourquoi lui demander de venir en ce dix-neuvième jour de septembre ? Pourquoi même l’exiger presque, ou plutôt, le supplier ? Nous avons tous laissé derrière nous Nogent-le-Rotrou et toi avec, emplis de cette frustration propre à ceux qui ne comprennent pas et ne comprendront sans doute jamais. Alors pourquoi nous supplier de te revenir ?

Peu importait, au fond. Ce que l’Etincelle souhaitait on ne pouvait refuser d’exaucer. On ne pouvait que la détester à se voir ramper à ses pieds sans qu’elle n’ait même eu à le vouloir ou à le demander.

Et donc, l’Epine arrive à Nogent le dix-neuvième jour de septembre. Elle y trouve les autres, ceux qui sont déjà là et qui l’y ont précédée. Son cœur bat sous son corsage et étrangement, elle devine qu’il bat pour les événements à venir, ce mystère qu’elle redoute, cette Etincelle qui d’un seul coup d’œil peut faire frémir son assurance, qui d’un seul sourire ironique peut la faire rager sans qu’elle n’en dise mot. Les yeux fatigués d’avoir trop regardé, les lèvres lasses d’avoir trop souri, les pommettes blanches d’avoir été trop pincées, les cheveux épars d’avoir été trop tirés, l’esprit absent d’avoir trop réfléchi, elle se dirige d’un pas pourtant confiant mais mesuré vers les autres, inconnus sans l’être tout à fait car ce sont des visages qu’elle connait pour les avoir déjà aperçus ici ou ailleurs. Hochement de tête pour saluer l’assistance et inconsciemment, elle se rapproche d’une petite rousse et d’une petite brune, leur offrant un sourire presque timide alors même qu’elle est l’aînée et qu’elle les connait plus que tout autre ici.

Et puis elle attend. Pourquoi donc se poser d’autres questions ? Personne ne semble savoir, la seule chose à faire est d’attendre, curieux ou angoissé, ou les deux à la fois.

Aléanore, y es-tu ?
Mariealice
Et cela continuait d'arriver. De tous les coins. Des visages déjà croisés, parfois bien connus. Mais des réponses nullement. Des signes de tête à chaque personne, de plus en plus énervée de ne pas comprendre. Même Griotte dont elle ignorait la fonction auprès de sa fille mais elle savait si peu de choses à dire vrai.

Kilia s'éloigna, elle le vit du coin de l'oeil et se demanda un instant si c'était à cause d'Aleanore, parce qu'elle saurait quelque chose elle, ou bien de sa situation avec la Pairie. Dans un autre lieu sans doute qu'elle aurait été lui demander mais là, après réflexion et observation plus poussées, si elle avait su, nul doute qu'elle l'aurait dit.

La tension montait, inexorablement, en elle. L'énervement, la peur, l'incompréhension et le fait de voir tout ce monde convoqué. Même d'Anjou. A qui devait-elle en vouloir pour tout ceci d'ailleurs. L'Anjou où Aleanore avait suivi Fitzounette et s'était du coup retrouvée à ce Conseil? Aurélien qui était mort pour avoir eu cette idée de l'angevinisme? L'Eglise pour n'avoir su faire qu'une chose, frapper au lieu d'écouter? Détruire au lieu d'aider à reconstruire? Ou bien tout simplement à elle de n'avoir pas tout fait pour la garder près d'elle? Près d'eux? De n'avoir pas su sauver son frère jumeau, Arthur? De n'avoir pas été choisie par Jacques, leur père biologique de l'épouser elle pour en faire des enfants légitimes?

Trop, tout ceci était trop pour l'impatiente et sans crier gare, elle décidé qu'il suffisait et passa devant tout le monde, entrant dans la demeure, défiant du regard quiconque de se mettre en travers de son chemin.

Plantée dans l'entrée, furieuse et anxieuse, elle se mit à hurler en se moquant comme de sa première paire de bottes de la bienséance.


QUE QUELQU'UN M'AMENE A MA FILLE AVANT QUE JE DEMONTE CE CHATEAU PIERRE PAR PIERRE!
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Aleanore


    « A la Gloire de mon Père. »



Dans le reflet, deux noisettes pailletées qui observent sans frémir chacun des détails. La peau fine et pâle qui luit d’une fine pellicule d’eau, la poitrine plus bombée qu’elle ne l’a jamais été mais toujours aussi discrète, le ventre plat, désespérément plat qui n’aura jamais connu l’ignominieuse transformation due à la grossesse, les hanches enfantines qui n’ont de mérite que celui d’être présentes sans pour autant être vraiment visibles, les jambes fines, presque dégingandées de cette enfant qui n’a jamais vraiment grandi, les bras minces et à la peau si fine tendue sur des veines apparentes, le marquage sur l’avant-bras, la couronne des Fauchards. Elle a échoué, elle aurait du être celle qui apporterait la couronne, elle aurait du être cette couronne. Le regard se détourne et se pose sur la couche où Clarisse a déposé sa tenue du jour, déjà la camériste revient portant entre ses mains tremblantes la chainse qui aurait du être portée le soir de sa nuit de noces, de lin blanc aux rubans de gueule. Les bras se lèvent pour passer la pièce de lingerie fine, la tête n’a pas bougé, fixant toujours la couche tandis que Clarisse ajuste le col de la chainse dévoilant allégrement la naissance de la poitrine, et la camériste d’aller chercher la robe sur le lit qu’elle passe à son tour par dessus la tête fièrement dressée qui se retourne vers le psyché, sourire narquois aux lèvres.

Au tassel de brocard doré du même brocard que les rubans qui ornent les manches de cette robe de velours noir, du noir de Thias, du noir de son Limousin, du Limousin de son père. Le menton se relève, fier, quand les noisettes se retrouvent dans le reflet, les noisettes des Jagellon, les noisettes des Rochegarde. Toute à sa contemplation, elle ne fait déjà plus attention à Clarisse qui lisse les plis de la robe puis la prend par la main pour la conduire à la coiffeuse. La masse sombre est démêlée, tendrement, l’ébène de sa mère s’écoule dans le dos, se confondant au noir de la robe, glissant jusqu’à la rondeur du siège, et ça et là, une mèche est tressée d’or, de perles de verre. Une goutte d’essence de framboise est glissée derrière l’oreille tandis que les mains fines jusque là inactives, viennent cueillir sur la tablette de la coiffeuse, le rosaire de nacre qui ne la quitte plus depuis son premier séjour parisien à l’occasion du bal royal. Tu avais quatorze ans alors, Aléanore, comme tout te semblait beau.. Et le vernis a craqué, tout est resté beau mais différemment, ce n’est plus cette beauté innocente qui berçait tes débuts, mais une chose est restée inchangée, la foi. Les perles aux reflets changeants s’égrènent entre les doigts fins avant de rejoindre leur place, à son cou, contre son sein. Les perles sont remplacées par les maillons délicats de la chaine portant le pendentif paternel, les paupières se ferment tandis que les doigts redessinent le visage de ce père chéri, et enfin, les yeux se rouvrent et la chaine est passée autour du cou à son tour.

Prête ? Presque .. Quand elle se retourne, c’est une Clarisse au bord des larmes qui lui tend les mules en cuir de Cordoue sombres. Les chaussures sont considérées un instant avant d’être prises et posées sur la coiffeuse, lentement, elle se lève, les bras s’écartent pour recevoir contre son sein le corps sanglotant de sa camériste. Les mots sont murmurés alors que tendrement les mains viennent caresser les mèches blondes.


-« Tu n’oublieras pas ? Je t’ai toujours aimé et je t’aime toujours. Et rien ne changera cela, n’en doute jamais. »

Bien sur qu’elle l’aime. Clarisse, l’amie, la sœur, la complice, fidèle en tout, à quel moment a-t-elle remarqué toute l’importance que la bourguignonne a pris dans sa vie ? Clarisse sait tout et ne dit rien, Clarisse ne juge jamais. Relation dépourvue de malice, son confesseur mis à part, Clarisse est la seule personne à avoir vu son âme à nu au même titre que son corps. Enfin, les tremblements se calment, et les bras se desserrent, la main fine vient caresser la joue ronde de la camériste.

-« Va aux communs, fais venir l’Araignée, il se chargera des invités. »

Les mules sont récupérées et mises alors que la camériste se dirige vers la porte.

-« Clarisse ? »

Les noisettes dans la coiffeuse fixent la silhouette arrêtée devant la porte.

-« Ne sors que quand tout sera fini et va voir la Souveraine de Bolchen, dis lui que je t’ai confiée à elle en attendant .. Adieu ma Clarisse. »

Sans un regard, l’Etincelle rejoint la fenêtre pour considérer en silence l’amassement des coches. Oui, adieu, tu iras en Enfer après cela, Aléanore, et eux .. Tous ceux que tu aimes, tous ceux-là sont voués au Paradis. Plus jamais après ce jour, tu ne reverras les sourires complices des enfants, les yeux brillants d’amour des mères ou les visages chéris de tes amies.

-« Adieu .. »

Une main ferme vient se poser sur l’épaule de la jeune femme, inutile de se tourner, il y a que lui pour oser ce geste qui aurait valu une main coupée à n’importe quel valet.

-« Elle s’en remettra, inutile de me regarder comme ça, Roland .. Quand ce sera fini, tu donneras ses gages à Hugues et tu lui diras de partir à Concèze mettre tout en ordre et après, il fera bien ce qu’il voudra. Va maintenant, fais venir ma mère. »

La main se retire et le regard jusqu’alors tourné vers l’extérieur se pose sur l’intérieur de la pièce alors que vivement le dos de la main vient essuyer les larmes perlant à l’orée des cils. Il faut être forte pour que tout se déroule selon son plan. Mondaine Etincelle qui retrouve les automatismes de la Cour et déjà, les mains retombent gracieusement sur le velours noir alors qu’un sourire doux s’étale sur le visage de poupée. The show must go on ..
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Eusaias
Pfffffffffffffff elle va encore me les briser menues

Soupir et grimace du Balbuzard car voilà quelques jours qu’il avait reçu un courrier de sa future « promise non-promise », le statut d’Aléanore évoluait selon les jours, et ceci n’augurait rien de bon. Dans ce courrier encore plein d’impératifs, Aléanore Jagellon Alterac le sommait de la retrouver chez elle pour aucune raison. Généralement leurs retrouvailles amoureuses évoluaient à coups de pics et d’injures, de rentre-dedans et de croc-en-jambe, l’amour parfait en somme selon le manuel du petit Blanc Combaz. Comme d’habitude le Baron de Digoine avait dès la première lecture ordonné qu’on prépare malles et coche. Comme d’habitude donc son cœur battait la chamade en pensant revoir celle qu’il aimait tant, mais comme d’habitude toujours, il n’en dirait rien et se montrerait désagréable et ronchon pour cacher ses sentiments.

Mais non monsieur le baron, vous êtes tellement joli qu’on peut que chercher à vous plaire.

Oui mon beau on veut toutes vous plaire.

Les deux greluches qui venaient de parler c’étaient des gagneuses. L’une brune aux boucles nombreuses et au menton volontaire, elle sentait bon le parfum et cachait bien son jeu de tapineuse. La seconde une rouquine plutôt alléchante : forte poitrine et joli minois, pas une des catins édentées qu’on trouvait facilement dans Dijon, mais elle n’avait pas non plus inventé la pluie. Que faisaient-elles dans le coche ? Une mauvaise idée de l’ingénieux Victor qui voulait tester son idée de « coche tout service ». L’homme du baron voulait mettre des coches à disposition des bourgeois et des nobles, coche qui comprendrait tout l’attirail du coche, un tonnelet de vin de Bourgogne et une gagneuse, il ferait fortune ainsi pensait-il.

Toi m’appelle pas « mon beau » ou je t’en colle cinq dans la gueule ! Je ch’uis pas un des bourgeois de pacotille qui aime se faire passer la pommade pour oublier qu’ils sont QUE des sales bourgeois.

Quittant ses bottes il posa ses pieds sur les genoux de la brune : « Et toi rends toi utile masse-moi les pieds avant que je ne te trouve meilleure occupation ! »


Quelques temps plus tard, arrivé à destination.

Le crépitement des cailloux contre le bas du coche marquait l’entrée du Baron dans la cour. Mais nulle jouvencelle ne sera choquée par la présence de deux puterelles, celles-ci ayant été limogées, en pleine course du coche. La première pour « rire de niaise intempestif » et la seconde pour avoir osé dire : « mais vous n’avez pas le droit » lorsque la première fut poussée dehors. Le baron avait rétorqué d’un simple : « Mais si ! Voyez vous-même » avant de la tirer par les cheveux au niveau de la porte et de la pousser, pied aux fesses, hors du coche et dans un buisson.

C’était donc un Bourguignon, fort remonté qui sortit du coche. Ses mains habiles le réajustèrent avant qu’il ne s’élance à travers la cour, hélant un valet.

Conduit moi prestement au près de ta maitresse ou je te donne à bouffer à mes chiens

Hélas tout n’était pas enclin à faire sourire le Baron et dans la cour, sortant du château, on put entendre un : COMMENT S'L'A FAUT QUE J’ATTENDE DANS LE SALON ?!
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Cl0e
La Lectouroise était assise dans la Salle des Audiences à regarder les gens se critiquer, se rabaisser, s'humilier, se pavaner d'œuvrer pour le peuple alors qu'ils ne faisaient rien, des gueux qui prenaient des nobles de haut.
Vraiment, l'Armagnac, c'est plus ce que c'était .. Heureusement, il y en avait quelque uns pour rattacher la blonde à son village sinon elle se serait déjà fait la jaquette.
Appuyée sur ses coudes, le menton dans ses mains, elle écoutait, lasse, tout ce vacarme, lorsqu'un valet vint la trouver, les joues écarlates.


- Et bien mon brave, que vous arrive-t-il ?
- Une missive urgente, ma Dame.
- Urgente ? Allons bon ...


Elle releva la tête et prit la missive. Alors seulement, elle reconnut le scel de son amie.

- Qu'est-ce qu'Aléanore peut bien avoir à me dire qui soit si urgent ? Toujours pressée .. Encore plus depuis qu'elle est sourde.

Mais alors qu'elle parcourait les lignes du parchemin, l'inquiétude se lisait sur le visage de la blonde, qui se leva, sans même prendre la tête de saluer. De toute façon, ils étaient trop occupés à se crêper les chignons et à se regarder le nombril pour la voir sortir.
Et puis, autant ne pas perdre de temps, elle avait de la route à faire. Beaucoup de route.


[ ... ]

Retour vers les terres alençonnaises qu'elle connaissait si bien. Mais qui avaient changé, depuis le temps. Beaucoup de choses avaient changé, à vrai dire ...
Et alors qu'elle arrivait à Nogent-le-Rotrou, un monde fou était rassemblé. Un visage connu, la mère de son amie, l'air terriblement inquiet.
Elle-même avait un mauvais pressentiment. Que se passait-il encore ? Après la surdité, elle était devenue aveugle ? En tout cas, quelque chose de tragique, c'était certain. Elle salua les personnes présentes, qui se faisaient toutes un sang d'encre. Elles ne savaient pas plus qu'elle ce qu'il se passait donc. Chose qui agaçait sévèrement la génitrice de l'intéressée d'ailleurs...

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Mariealice
Rien ne bougeait ou plutôt si, des serviteurs allaient et venaient, à pas feutrés, chuchotant, comme dans la maison d'un mort. Mais bon sang personne n'était mort alors pourquoi ces mines sombres et ses yeux baissés? Pourquoi aucun d'entre eux n'osait lui parler, leur parler? Pourquoi enfin personne n'avait répondu à son hurlement?

Puisque c'était ainsi, puisqu'il semblait que la seule façon de trouver sa fille soit de la chercher elle-même, la brune se décida à se diriger vers la première porte vers sa droite. C'était soit visiter chaque pièce soit attraper par le col un des valets et lui arracher par la force où se terrait Aleanore.

Alors qu'elle allait ouvrir la dite porte, un homme l'interpella et lui fit tourner la tête.


Vicomtesse, si vous cherchez la Dame de Concèze, veuillez me suivre je vous prie.

Enfin aurait-elle pu répondre mais elle préféra se taire et fit donc demi-tour pour le rejoindre et lui emboîter le pas, une fois qu'il remonta les marches qu'il venait de descendre. Rongeant son frein, elle inspira et tâcha de se calmer. Sous peu elle aurait le fin mot de toute cette histoire à n'en point douter et pourrait rassurer tout le monde. Et ramener son aînée avec elle. Et régler ce souci avec l'Eglise. Voilà.

Mais ses pensées rassurantes volèrent en éclats au moment où ses yeux se posèrent sur la silhouette de sa fille puis sur son visage, pâle, presque diaphane. Et cette attitude qu'elle avait vu si souvent dans les couloirs du Louvre, ce masque qu'elle-même portait parfois. Elle resta interdite, un moment qui lui sembla une éternité puis s'avança vers la chair de sa chair pour la serre contre elle.


Ma puce... Que se passe-t-il? Maman est là.. Tout ira bien.

Seigneur mais sa vue ne l'avait pas trahie. Elle avait repris du poids. Allons si elle mangeait c'est que tout allait bien n'est-ce pas.... Alors pourquoi ce sentiment atroce que quelque chose n'allait pas. Avant d'entendre un hurlement dont elle aurait reconnu la voix entre mille.

Ne bouge pas d'ici.

Et d'ouvrir la porte pour hurler à son tour en réponse.

EUSAIAS VEUILLEZ BAISSER D'UN TON OU JE VOUS PROMETS QUE VOUS LE REGRETTEREZ!

Et de refermer la porte pour s'approcher à nouveau de celle pour qui tout ce monde s'était déplacé.

Bien. Donc... Si tu m'expliquais à quoi cette petite réunion rime.
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