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Information and comments (9)
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[RP] - J'irai cracher sur vos tombes.

Cassian_darlezac
- « Ah, les bonnes femmes... » C'est dans un soupir qu'il veut viril que le gamin repose enfin la lettre qu'il tenait quelques instants plus tôt entre les mains. « Vous voyez Fernand c'est bien les bonnes femmes ça, ça veut toujours vous faire de la cachoterie. Et ça vous fait mijoter des trucs, gober des bidules, tout ça pour s'assurer que vous ferez les choses comme elle veulent... Et nous qu'est-ce qu'on fait avec tout leurs machins ? Je vous le demande ? »

- « On fait... on fait... »

« Voilà! Exactement: on fait. On marche des deux pieds dans le plat, on mijote comme elles veulent et hop c'est du tout cuit. Non mais vraiment, moi si j'avais de la surprise à faire j'écrirai pas une lettre avec des empreintes de mystère: et patati, patata, venez tout de suite... J'irai droit dans le but dans une vraie franchise d'homme quoi ! Et puis de toute façon j'écris pas des lettres, alors... Mais bon, je ne suis pas une bonne femme non plus, voilà tout.  »

C'est sur ces sages paroles, qu'avait débuté l'épopée censée les mener une nouvelle fois en les terres de Nogent-le-Rotrou. Alycianne avait donc été prévenue, Mabourik attelée et - une fois les couvertures frusques et autres fanfreluches indispensables chargées - le gamin avait pu prendre place sur sa jument et mener la compagnie d'une poigne de fer. Bien entendu Marie, qu'ils avaient pourtant retrouvé sur Chalon, n'avait pas été informée de leur départ. Sans doute y aurait-elle trouver quelque chose à redire, comme toute chipoteuse normalement constituée. Las de ces éternelles récriminations dont on l'accable sans cesse - pauvre petit martyr qu'il est - il avait donc fuit comme un voleur. Non ils ne rentraient pas en Bourgogne, oui ils partaient se faire bichonner à Nogent, mais peu importe puisque seul lui et 'Cianne le savaient. Au diable les chipoteries et vive le bichonnage !

Un seul point obscurcissait légèrement les perspectives absolument radieuses que laissait présager un si délicieux séjour. Et ce point noir c'était cet affreux château, cet immonde domaine, cet horrible endroit où SA 'Nore avait failli s'unir avec... l'autre. Et c'est toutefois avec un sourire qu'il se remémore ce jour finalement charmant où, contre toute attente, le mariage n'avait pas eu lieu. Le morveux qui avait - pour une fois - passé des heures à s'apprêter, n'avait même pas eu à aller saluer le ramassis de chochottes qui croyaient bienvenue de venir célébrer un jour si funeste. Tout avait été annulé au dernier moment. Pourquoi ? Il s'en fichait foutrement ! Cette désastreuse mascarade avait pris fin, voilà tout ce qui importait. Il gardait 'Nore pour lui, 'Cianne, Grouillotte et Papa, et c'était parfait ainsi.

C'est donc bavassant quand ils bavassait, bivouaquant quand ils bivouaquaient, bâfrant quand ils bâfraient, roupillant quand ils roupillaient, vocalisant quand ils vocalisaient, avançant quand ils avançaient... qu'ils avalaient peu à peu les lieux les séparant de leur hôte. Un amoncellement de coches, voilà ce qui accueillit les yeux éberlués du morveux une fois arrivé. Dans son esprit tout s'enlise alors tandis qu'il tente en vain d'analyser la situation. D'autres invités? Encore un mariage? Se serait-il fait avoir? Alycianne le savait-elle? N'est-ce pas Griotte là bas? Ni une ni deux le voilà qui saute de sa monture et tend la main à sa sœur qui jusqu'à présent tenait fièrement des rênes de la chariote conduite par Mabourik. Un regard est adressé à Fernand et l'ordre lui est intimé de se préparer à repartir aussitôt. S'il s'agit d'un nouveau mariage, hors de question qu'il s'attarde plus longtemps. Ne reste plus qu'à en avoir le cœur net. Le regard s'attarde quand il aperçoit un coche frappé aux armes des Blanc Combaz. Papa est ici. Entraînant sa sœur dans son sillage, c'est d'un pas preste qu'il s'apprête à traverser la cours sans un regard pour la noble assemblée, quand... Les sourcils et les esgourdes frémissent. Cette douce voix, si admirablement viril...Papa? Au môme donc de brailler à son tour.


- « PAAAP... Oh, mais poussez vous donc vous! Allez faire le plouc ailleurs! » Un valet d'écurie bousculé ; sur le porche un Baron apparaît. Le gamin poursuit son ascension. « Il se passe quoi ici? Encore du mariage? Oh! Tiens bonjour Grouill... Fichtre ! »

Les yeux écarquillés le jeune blond dévisage la jeune brune. S'il avait rapidement remarqué au mariage qu'elle avait appris à faire des efforts vestimentaires, jamais au grand jamais il ne s'était aperçu à quel point ça lui allait plutôt fichtrement bien. Mais trêve de sentimentalisme, on est pas de chochotte à se laisser impressionner par ce genre de chose ! « Eh ben wahou! Ca te va bien ! Une vraie pintade de la noblesse et tout, et tout ! » Un sourire s'immisce pour ponctuer le tout, à la fois taquin mais aussi chaleureux. Un sourire fraternel, tout simplement. Et le regard se pose à nouveau sur son paternel afin qu'il clarifie la situation.
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Aleanore


Dans l’esprit de l’Etincelle, il y a les cris qui résonnent, les hurlements qui se succèdent, qu’elle n’entend pas mais qu’elle sait. Sa mère, puis éventuellement, les enfants, Blanche, peut être, Eusaias à n’en pas douter. Des jours à apprendre, à s’entrainer, elle ne peut être plus au point, alors quand sa mère s’approche d’elle, sans la moindre difficulté si ce n’est l’hésitation du début, Aléanore entreprend de lire sur ses lèvres. Le sourire se fige, ravie de la voir et pourtant, pourtant les mots sont durs. Comme une gifle qu’on lui collerait, l’envie de courir dans ses bras de s’y jeter et de pleurer son désespoir. Maman, on me chasse de ma vie ! Et pourtant, l’enfant se tait, tandis que l’adulte prend le pas. Non, Maman tout n’ira pas bien, plus rien n’ira. Mais le sourire reste quand bien même les bras se resserrent autour de sa mère, humant avec plaisir et nostalgie la violette de sa mère. Les mains se reposent doucement quand sa mère s’écarte et sans même avoir besoin de lire sur les lèvres, elle sait qu’elle hurle, après quelqu’un et pourquoi pas Cassian ou son Père, forcément l’un d’eux. Et de nouveau, elle revient, la gorge se noue et le sourire reste. Allons Aléanore, un effort, sois convaincante.

-« Je t’ai souvent déçue, n’est-ce pas ? »

Tu aurais aimé la rendre fière cette mère, lui rendre au centuple ce qu’elle t’a offert en te donnant la vie, alors pourquoi Aléanore ? Cette relation ambiguë avec cette mère .. Tu aurais pu la haïr, la maudire pour t’avoir séparé d’Arthur mais quand tu es sortie du couvent, comment aurais-tu pu ne pas accueillir sa venue avec joie. Ta mère. Comme elle est belle. Sont-elles toutes aussi belles aux yeux de leurs enfants, ou la tienne est-elle la plus merveilleuse des mères ?

-« J’ai compris pourquoi Violette ! »

Allez Aléanore, mets tout ce que tu as de plus gai, de plus beau, une promesse de félicité. Maman regarde moi, je suis heureuse, presque. Je suis jeune, belle et je souris, Maman, ne me quitte pas des yeux, car sans spectateur, l’artiste n’est rien.

-« Ton sourire ! Il est timide, rare, mais quand il éclot Maman, c’est un océan de joie pure.. » Les mains sont cueillies dans les siennes, le regard se baisse, avant de se relever, sourire doux barrant le visage de la jeune femme. « Même si je n’ai jamais vu l’Océan .. Même pas la mer, mais je vais y aller Maman. Je pars voir la mer ! En Italie, Florence, plus précisément. Tu sais comme j’aime la peinture, on dit que tous les plus grands peintres y sont réunis, et l’Eglise là-bas, Maman, elle ne décide pas comme chez nous.. Personne ne me dira plus rien d’affreux.. On ne me parlera plus de ce torchon, jamais .. » Oui, c’est cela Aléanore, sois fidèle à toi-même, mauvaise, fuyante. « Je ne serai pas vraiment seule, tu sais. Là-bas, il y a les comptoirs d’Albizzi, s’il arrivait quelque chose, tu serais prévenue dans l’instant.. Enfin, aussi vite que faire se peut. Tu te souviens de l’Albizzi ? »

Les mains sont serrées plus fort, et peut être parce que les mots qui vont sortir sont plus sincères que tous.

-« Je ne peux pas rester Maman, c’est trop dur. »

Le regard est implorant, et pourtant, le sourire est toujours aimant. Les mains sont lâchées doucement, avant de faire un pas en arrière.

-« Regarde, j’ai repris du poids ! Clarisse dit que ça me va bien ! Je suis sure que je peux lancer une mode en Italie. Tu sais, je crois bien que j’en suis capable. Mais avant tout, je voulais vous voir tous, parce que je ne sais pas combien de temps, je partirais, et je ne savais pas comment vous convaincre de venir, je n’ai jamais vraiment aimé les adieux. »

Quand on y est habitués dès l’enfance, ils deviennent douloureux. Les bras se glissent autour de la taille de sa mère, et les mains s’immiscent entre les boucles brunes, jumelles pour retrouver le contact enfantin.

-« Tu prendras soin de Merlin et Papa ? »

Non .. Elle se refuse d’être un souvenir pleinement vivant dans l’esprit de son petit frère. Un songe, rien de plus. Le sourire se fait convaincant.

-« Je vais m’en sortir, Maman, je m’en sors toujours. »

C’est résistant la vermine, ne suis-je pas la survivante des bâtards ?
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Gnia
Mais purée, on en revenait de l'Alençon ! Tout ce foin pour des épousailles, avortées d'ailleurs. Quoiqu'au moins Agnès puisse, sur ce point précis, n'émettre aucune plainte puisque cela l'avait exemptée de l'ennuyeuse cérémonie où la noble assistance invitée ne servait qu'à montrer combien les mariés étaient riches, puissants, pleins de relations bardées de titres et inévitablement dégoulinants d'un bonheur de façade à la date de péremption plus courte que celle du poisson frais.
Oui, un poil de mauvaise humeur la Saint Just.
Déjà qu'elle avait toujours détesté voyager en coche, elle avait dû se cogner en sus tout le trajet durant l'anxiété dévorante du môme Montmorency. Ouais, on savait que ces derniers temps le destin n'avait pas été très clément pour la Concèze. Mais bon, cela ne servait à rien de s'angoisser sans savoir de quoi il en retournait. Après tout l'excommunication n'était pas irréversible. Pas de quoi susciter toute cette agitation en somme.

'Fin, apparemment si.
A peine le temps de procéder au décoffrage en règle de l'intérieur de la voiture, de descendre le marchepied et de se masser les reins sans aucune classe que Grimoald revient déjà vers elle, la mine défaite. Tombe alors un glacial


Et bien s'ils nous demandent d'attendre, nous attendrons, voilà tout.

Elle plante alors là le gamin et sa peur, les inquiétudes des uns et des autres, toute cette effervescence alarmée, alarmante et parfaitement inutile et elle retourne s'encastrer sur la banquette inconfortable du coche.
Ouais, pragmatique toujours la Saint Just, plus ça s'affole autour et moins elle se sent concernée. Et puis l'émotion, ça vous gagne insidieusement, pernicieusement, alors autant s'en tenir éloignée.
Soupir agacé tandis qu'elle se rencogne sur les coussins qui tentent de donner à l'intérieur de la boîte en bois à traction chevaline autant de confort qu'un cercueil, en plus spacieux. Puis un grommèlement.


T'es quand même chiée, Concèze, de nous faire cavaler sur les routes de France pour nous laisser à la finale marner sur le perron...
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Mariealice
Je t'ai souvent déçue, n'est-ce pas?

Comme ils étaient terribles ces mots là dans la bouche d'une enfant chérie et aimée. Même si incomprise souvent. Même si si différente de la fillette qu'elle avait été et de ses parents. Même si.... Oh Jacques, qu'avait-elle fait de leur fille, de ses frêles bébés trop vite grandis mais nés d'un amour immense. Parce que oui elle avait aimé leur père. Totalement. Si fort qu'elle s'était effacée et eux avec elle pour le laisser en épouser une autre, une autre dont il avait eu une fille, une autre dont il avait adopté le fils. Une autre qu'elle avait haïe longtemps avant que le temps fasse son oeuvre et apaise une partie de ses blessures. Une autre qui était devenue presque une amie.... Mais eux aussi étaient morts. Ainsi que leurs enfants. Ainsi que son fils.. Il ne restait de tout ceci que sa fille, leur fille. Jacques.... Pourquoi m'avoir laissée tout porter ainsi. Tu me pensais si forte.

Déçue... Sans doute. Et j'ai dû le faire plus souvent qu'à mon tour. Je ne suis pas la mère la plus facile du monde, la plus présente non plus.

J'ai compris pourquoi Violette.

Pourquoi... Une révélation de cette importance voici qui méritait toute son attention et surtout qu'elle cessa de se perdre dans ses pensées et ses souvenirs pour se concentrer sur le présent, sur la vie plutôt que la mort.

Mains serrées sur les siennes, un sourire, si doux, si tendre. Un sourire qu'elle ne pouvait que lui rendre. Un sourire dans lequel elle retrouvait cette petite fille si tendre, si innocente. Celle qui jouait dans le jardin à Ventadour, avec son frère. Celle qui courrait après les papillons. Ne pas soupirer, sourire encore, écouter, attentivement, profiter de ce moment si rare entre elles deux. A croire que cela était un des points communs que la fille avait avec le père. Un moment de calme, de tendresse et point d'affrontement dû à la passion, à la force des sentiments ressentis, à ces caractères emportés.


La mer. Tu verras comme c'est magnifique. Vivant, toujours en mouvement. Même si l'on m'a dit que les tempêtes en méditerranée n'a rien à voir avec les colères de l'océan. Pour l'Eglise, je te le souhaite et je prierai pour toi, je suis sure que ce n'est qu'une erreur qu'ils regrettent déjà.

Comment lui dire que c'était la même église, que Clodeweck qui avait signé cet immonde parchemin y régnait tout autant qu'ici. Mais non, chut, elle ne le ferait pas, elle lui laisserait cette illusion, cette chimère. Qui savait, peut-être parviendrait-elle sur place à se faire entendre mieux qu'en ce royaume.

Albizzi? Oui il fut un de mes frères en la Licorne même si je l'ai peu connu. Sa veuve vient avec toi? C'est bien ton amie non?

Les mains se serrèrent à nouveau tandis qu'elle hochait la tête.

Je ne peux pas rester Maman, c’est trop dur.

Je comprends. Ne t'en fais pas.

Oui, elle comprenait la mère, la femme, la royaliste... Elle avait appris à encaisser bien des coups, aurait aimé qu'aucun de ses proches n'ait à le faire et pourtant... Sans doute aurait-elle dû rester à la maison, ne point vouloir servir mais aurait-elle pu leur offrir ce qu'ils avaient. Mais qu'avaient-ils? De l'argent, un fief, des toits où ils étaient en sécurité, des repas chauds. Et de quoi avaient-ils manqué? D'elle, de sa présence, de son amour, d'un simple bonsoir mes anges au moment de leur coucher... De ces choses si simples et pourtant si essentiels. Pauvre Violette à s'apitoyer sur elle à travers eux. Regard implorant de sa fille, regard aimant rendu, sourire qui se voulait convaincant, apaisant.

Oui j'ai vu. Cela te va bien et me fait très plaisir. Je te sais capable de tout, alors pourquoi pas de cela.

Tu sais. Il aurait suffit que tu me le demandes Aleanore. Que tu me dises vouloir me voir, avoir besoin de me parler. Tout simplement.

Et ce ne sont point des adieux. Tu reviendras et tu me raconteras tout ce que tu as vu, tout ce que tu as fait
.

Marie serra sa fille contre elle, fort, la berçant presque comme lorsqu'elle était petite, embrassant sa tête, la caressant.

Oui, je prendrai soin d'eux. Et tu verras comment Merlin aura changé la prochaine fois. Bien sûr que tu t'en sortiras.

Regard tendre alors qu'elle dégageait le visage de son ainée, repoussant une mèche folle qui s'était échappée, comme pour mieux le graver. Elle semblait sereine, étrangement sereine après tout ceci, ce mariage raté, cet arrêté de l'Eglise. Trop sereine sans doute face à tout cela. Mais que faire. Lui dire qu'elle n'était pas dupe, que quelque chose n'allait pas? Et si elle se trompait. Et si.... Elle retint un soupir et lui sourit à nouveau.

Tu m'écriras?
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Beatritz
De tous, la plus en retard - mais non la moins préoccupée de la situation - était la Souveraine de Bolchen qui, en dépit de son début de grossesse lui causant maints nausées et vertiges, arpentait les routes de France et d'Empire à un train de feu ces jours derniers.
Si elle fut parmi les derniers à se présenter à l'alarmante convocation de la Demoiselle de Concèze, c'était qu'elle se trouvait au moment où l'information lui était parvenue, aux noces de Lily-Jane de Cognin Franchesse Casaviecchi von Waldershut (respirez), la Comtesse de Lavaur, que l'on pouvait désormais ranger dans la liste de ses primes amis lorsqu'elle était survenue dans le monde. Si longtemps déjà ! Le temps de connaître bien d'autres visages, d'aimer bien d'autres personnes... Des personnes comme Clémence, comme Aléanore...

En tenue de voyage, vert sombre, dans une grande cape - car enceinte, mieux vaut avoir un peu chaud que trop froid, surtout quand on se promène depuis la Savoie - , elle se fit annoncer, entra... Et ne reconnut personne - ou trop de monde, en vérité.

Elle ne savait que faire ni qui saluer, ou saluer chacun à son tour, et y perdre des heures.
Mais ils n'avaient que cela à faire, perdre des heures, à attendre, n'est-ce pas ?

Béatrice de Castelmaure-Frayner était tout à fait désorientée. Elle n'avait pas imaginé trouver tant de monde ici. Qu'avait en tête Aléanore ? Que s'était-il passé, depuis... depuis le parvis de la chapelle, depuis la fuite ? Oui, en vérité, ils devaient tous se demander ce qu'il s'était passé.

La Souveraine de Bolchen se dirigea, parce qu'elles étaient tout proche, vers Jehanne de Volpilhat et Eilinn Melani. Une fois n'est point coutume, celui qui cherchait la superbe de Béatrice pourrait chercher longtemps. Son inquiétude avait tout balayé.

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Bisous, bisous, gentil béa-nours !
Aleanore
Du rire aux larmes, de la haine à l’amour, la Cour apprend tant et plus encore puisqu’elle apprend le contrôle de soi, et alors que les gestes et les mots de sa mère provoquent en elle l’envie de hurler de désespoir, de sangloter comme une enfant, l’habitude de la Cour fait son office et sans broncher, Aléanore s’enfonce plus encore dans le plus abominable mensonge de sa vie, le plus grand rôle jamais joué par l’Etincelle.

Et la voix se fait enjouée.


-« Non, Cloé ne viendra pas, elle a une petite fille et doit rester ici. »

Son amie est veuve, alors qu’elle est toujours vieille fille, mais en vérité, cela n’a plus d’importance, cela n’aura bientôt plus la moindre importance. Le cœur se serre et comme le ferait une enfant, les doigts rattrapent un pan de la robe de sa mère pour le tourner et le retourner en silence. Merlin .. L’Alterac, l’héritier, un poids si lourd pour un être si petit, chétif. Non, Aléanore, tu ne peux pas lui imposer ta présence, être le fardeau de sa vie, elle sera bien assez dure comme cela. Tu ne le verras plus, et c’est tant mieux comme cela, il oubliera, il t’oubliera.

-« Oui, je t’écrirai, promis ! Tous les jours, toutes les heures et je penserai à toi tout le temps ! »

Le sourire se veut mutin, mère et fille, même combat, les lettres sont si rares et toujours succinctes. Comme un retour en arrière, le départ pour les Croisades, elles n’avaient pas écrit mais jamais sa mère n’avait quitté ses pensées, jamais promesse n’a été plus sincère. La main se referme sur celle de Marie et lentement, elle la raccompagne à la porte.

-« Tu embrasseras Papa pour moi et dis lui merci pour tout, je n’ai jamais pu lui dire. »

Et à dix-sept ans, tu t’en rends compte ? Tu te souviens de l’homme qui a aimé sans demi-mesure et à qui tu en voulais de n’être ce père disparu. Les mains fines glissent sur le visage de sa mère et se haussant sur la pointe des pieds, la fille embrasse la mère sur le front, comme elle le faisait si bien quand elle était enfant.

-« Je t’aime. »

Il est loin le temps des vouvoiements, il y a cette égalité, l’acceptation de cette réciprocité de caractères et pourtant, la Violette s’épanouit encore, alors que l’Etincelle s’éteint peu à peu. La porte s’ouvre et doucement, elle l’entraine sur le pas. Clin d’œil complice.

-« Maman, votre mondaine de fille doit recevoir ses invités. »

Les doigts s’écartent doucement et les noisettes se posent sur l’homme à la porte.

-« Raccompagne ma mère et fais venir la Comtesse du Lavedan et Grimoald de Montmorency. »

Un dernier sourire à sa mère et silencieusement, les mots « au revoir » s’impriment sur les lèvres avant que la porte ne se referme. L’Etincelle, adossée derrière la porte, halète. Le mensonge .. Son plus grand péché, sa vie est un mensonge éhonté. En titubant, elle gagne la coiffeuse pour s’y laisser tomber et tenter de reprendre haleine et allure convenable. Combien de fois as-tu menti à ta mère en espérant la protéger ? Ce sera la dernière, ressaisis-toi Aléanore, la pièce n’est pas finie, ce n’était que la première scène. Alors le sourire revient et l’attente reprend.
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Alycianne
Il y a, au milieu de ces gens, une fillette affreusement calme.
Elle y avait bien réfléchi. Activé ses trois neurones jusqu'à leur épuisement. Et avait décidé, de ce genre d'avis catégorique qui s'inscrit dans son ciboulot et qui est si difficile à s'en déloger, elle avait donc décidé d'être calme.

Ce n'est pas un effort à produire tous les jours, je peux vous l'assurer, elle y avait d'ailleurs passé la nuit, la seule trace attestant du travail de ses méninges étant deux marques bleutées sous ses yeux.
Il était évident qu'il se passait quelque chose d'important. Le mariage, l'étrangeté de la missive, et ce rassemblement de personnes plus ou moins reliées à Aleanore. La petite ne les connaissait pas toutes, se contentait de leur adresser un petit sourire lorsqu'elle croisait leur regard.

Des cris, des voix, Papa, Papa ! Elle suit Cassian, tombe sur Griotte, entend Marie, et puis c'est Calyce et Kilia qui entrent dans son champ de vision. Beaucoup de monde à la fois, et que ça se bouscule dans la caboche de l'Alycianne
"Bonjour Papa ! Bonjour duduche ! Bonjour Calyce ! Tu m'as manqué Papa... Tu sais ce qui se passe Griotte ? De l'Anjou ici, c'est fou, non ? Très jolie dans la robe Griotte, écoute pas Cassian, tu es pas la pintade, tu es de la dilicieuse damoiselle ! J'ai gouté de la guimauve, vous savez ? Je pense que votre coiffure elle serait mieux avec un ruban rouge... Papa, Papa, Papa... Et tu penses que dame Aleanore elle a du problème ? Moi je crois qu'elle va aussi bien que on crie ou pas, donc la solution c'est de crier, non ? Crier ? J'avais décidé..."
Calm down.

- Bonjour.


Et d'attraper la paluche du Légendaire. Si elle se concentre très fort, elle est sûre et certaine qu'elle arrivera à lui passer un peu de son self-control.
Dame Aleanore, que se passe-t-il donc plutôt vraiment ? Vous savez que ils sont ici tous excités comme du pou sur la chevelure d'un mendiant ?
Sourire à droite, sourire à gauche, la gamine ne cherche même pas à cacher derrière ce visage décontracté quelque peur. Elle n'en a tout simplement pas pour l'instant, elle se l'est interdit, et de toute façon, si problème il y a, elle peut le résoudre. Pourquoi ne le pourrait-elle pas ? Elle est le Quartz de Bourgogne, qui a déjà cassé puis recollé, sans perdre de son éclat. Elle croit être passée par le pire sur ce monde, toujours en en ressortissant plus brillante. Il en sera de même pour l'Etincelle.

Je trouve, dame Aleanore, que vous faisez du joli grabuge par ici dans le salon... Ça n'est pas très gentil pour tout ces gens qui ont pas compris que la calmitude, c'est la solution !
Personne ne l'empêchera jamais de se trouver tout de même des idées plutôt carrément géniales -la calmitude était assez élaborée elle trouve qu'elle pense- ni d'inventer des mots. Elle a hâte de revoir la dame de Concèze, de s'installer sur ses genoux comme autrefois, de sentir sa main lui recoiffer ses boucles. Et puis de lui montrer comme elle sait faire sa gracieuse révérence, de lui apprendre qu'elle sait maintenant que "inquiétude" n'existe pas, mais "inquiétation" oui, de déguster avec elle les fruits confits -qui sont bien meilleurs avec une amie complice tout de même. Il suffit juste d'attendre, la fillette ne tient pas là de son Père adoptif, elle est très patiente.
Une pensée pour Mabourik qui doit attendre ses carottes, une autre pour se demander si en tant que Petite dame elle peut se permettre de soulever sa robe pour se gratter l'insidieux bouton de moustique sur sa cuisse. Et de lancer, l'air de rien :


- J'ai vu hier matin un drôle de scarabée qui se faisait manger par des fourmis, avec la tête de côté arrachée, et puis les fourmis passaient sur un petit pont de branche de bois pour aller dans la tête. C'est drôle, non ?

On fera à travers le tissu. Gratte gratte. Elle aimerait bien que les fourmis mangent les moustiques. Retour au monde réel, sa question semble un flop. Pourtant, c'était vachement intéressant. Tant pis, elle en parlera dans sa prochaine missive. A qui ? La victime n'est pas encore connue.
Grand sourire plein de dents moins celles qui manquent, pour arranger le tout.
Pétez un coup les gens ! La calmitude, c'est le top !

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Jehanne_elissa
Dans le silence elle avait regardé les gens entrer, la mère d’Aléanore hurler puis disparaître dans une accalmie bienfaitrice lorsqu’on vient de traverser le Royaume. Un soupir et elle change d’appui de jambe. Quel est donc le principe ? Allaient-ils être reçus les uns après les autres ? Diable, cela allait être affreusement long ! Mauvaise pensée, mauvaise, qui la conduit à se mordre l’intérieur de la joue. Punition, mauvaise pensée, punition! Peut-on donc décemment penser ceci alors que l’on est apparemment dans une situation de crise, celle d’une proche qui plus est, qui a raté son mariage mais qui est maintenant rejetée de leur Église ? Non non, ce n’est pas bien. Un nouveau soupir et elle s’apprête a annoncer qu’elle sort prendre l’air quand la Marquise vient se joindre à elles. Enfin un visage assez connu pour parler en de telles circonstances. Fragile sourire qui se dessine alors sur le visage de la bientôt plus petit Goupil.

- « Clémence, je me doutais de vous trouver ici…

Et là, que dire ? Parier sur le sujet de cette réunion ? Commérer sur le cas de la pauvre Alterac ? Oh non, non pas ça, surement la plaindre, la comprendre, commencer à élaborer des stratagèmes tout autant enfantins que vains pour lui redonner le sourire… Mince, elle aurait du emporter avec elles du nougat de Tante Pol, n’est-ce pas le remède à tous les maux ? Mais en tout cas c’est la mauvaise pensée. Tante Pol… Ou est-elle ? Que fait-elle ? Pourquoi ne lui a-t-elle pas répondu ? Non, non, y penser plus tard, ce n’est pas le moment de te rendre plus morose que l’ambiance actuelle petite Volpilhat…

COMMENT S'L'A FAUT QUE J’ATTENDE DANS LE SALON ?!

Jehanne Elissa et ses automatismes qui font haîr mais détester lorsqu’elle n’est plus, la douce routine… Vous l’aurez compris c’est un froncement de sourcil. Quel diable hurlait donc ainsi, assez fort pour que les échos viennent cogner contre les murs du salon ? Et oui, et oui, la petite Vicomtesse devient une Femme avec les sautes d’humeur qui vont avec… Ah tiens, un sujet de discussion ! Non, non, allons, pas les sautes d’humeurs allons… Mais l’impolitesse, ouh que c’est mal ! N’est-ce pas approprié de parler d’un vil qui se met à hurler, bravant toute convention, toute politesse, et ne respectant pas les décisions de la maîtresse de maison ? Et à son petit minois outré de se tourner successivement vers Eilinn et Clémence.

- « Quel est le vilain qui se permet de s’égosiller ainsi ? On dirait que l’on égorge un cochon sur la place de Montpellier, ou même un soit disant débat politique en Languedoc…

Mais une fois n’est pas coutume, et le « et là, que dire ? » s’impose encore. Pourquoi ? Pourquoi... Maintenant?

Est-ce dû à la morne atmosphère ? Aux couleurs froides du Nord du Royaume ? A la proximité du Domaine Royal ? Ou au fait que le visage peu enjoué de Clémence lui rappelle les funérailles de la mère de cette dernière ? Et la discussion tenue entre les deux héritières? Optons pour cette idée car dans l’esprit de la jeune Goupil un mot vient se placer en tête de tous, en tête de toute discussion, en barrage à tout autre chose, un mot auquel elle n’avait que peu pensé ces temps-ci, non, auquel elle s’était empêchée de penser : portrait. L’expression change alors et l’immense regard vert se pose sur la petite fille du Lion.


- « Clémence, accepteriez-vous de nous recevoir Eilinn et moi au sujet du… Portrait ?

Les mots ont été francs, directs, alors qu’elle soutient presque avec une pointe défi le beau regard de celle à qui elle se sent si étrangement liée. La main droite elle va chercher la main de son amie : « je te raconterais, je te raconterais ». Car lui en avait-elle vraiment parlé ? A qui en avait-elle vraiment parlé ? Peu de monde car peut-on parler aussi simplement de celui qu’elle a été éduquée à haïr alors… Alors qu’elle partage son sang ?

Donc le silence s’installe, encore. La gêne prend possession d'elle, encore. Quelle idée de parler de ça... Quelle affreuse nature que d'être tout le temps obligé de dire tout ce qui nous passe par l'esprit! Et à elle d'attendre que destin lui offre une belle occasion de changer de sujet, comme pour espérer que seulement deux personnes aient entendu, et qu’on ne lui demande surtout pas de répéter : un oui ou un non et passons au sujet suivant. Mais n’attendons pas trop car vivre dans la gêne, dans l’attente n’est ni une sensation coutumière, ni appréciée chez la petite Goupil.

La Souveraine, telle un Messie, telle une main tendue par le Destin et la Pitié, vient faire son entrée et se dirige vers elles sans un mot, complétant le charmant petit rang d'oignons qu'elles forment. On le sait, on l’a déjà vu du moins lors des festivités de Bolchen, Jehanne Elissa n’est pas le moins du monde impressionnée par la présence de la Duchesse. Elle la respecte énormément, oui ; elle admire ses tenues, bien sur ; elle est fascinée par sa si abondante richesse, évidemment ; mais elle ne se sent pas écrasée par elle et son extraordinaire rang comme peuvent l’être certains. Ah Dieu bénisse la candeur des jeunes années… Enfin bref, ce jour pourtant les impressions sont différentes. Son silence, à cette personne à la belle parole, lui coupe la voix. La Souveraine si altière est étrangement si effacée… Et on connaît le refrain : Jehanne Elissa n’aime pas les gens tristes…


- « Bonjorn Altesse… » Inclinaison de la tête, et elle reprend, sourire imparfait tout affiché. « Le voyage a dû être éprouvant… Voulez-vous vous asseoir, ou que l’on vous demande à boire ou à manger ? »

Excusons là, quand on vient d'un Pays ou la bonne chère et la bonne boisson sont religion -tiens, va t-on l'excommunier pour penser ça? - , on pense que cela panse toutes les plaies...
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Beatritz
- « Bonjorn Altesse… »
La rouquine baronne de Bourgogne - non que la narratrice ou votre héroïne méjugeassent Cauvisson, mais la Bourgogne est le centre du monde, n'est-ce pas - l'avait remarquée. Elle lui sourit, d'un sourire qui ne laissait pas voir ses dents, d'un sourire las et fatigué.
-« Que le Très Haut vous garde, Vicomtesse... »
« Le voyage a dû être éprouvant… Voulez-vous vous asseoir, ou que l’on vous demande à boire ou à manger ? »

Elle secoua la tête, en signe de refus.

-« La demoiselle de Concèze sait recevoir, il doit y avoir une raison à cette attente nue et sans divertissement. On dirait une veillée funèbre, on dirait une foule dans l'attente de savoir si la Reine a enfanté un héritier, ou si le Très Haut a pris son âme en couches... »

Elle soupira et sa tête lui tourna. Elle porta sa main gantée de blanc à sa tempe, et ferma quelques secondes les yeux, avant de demander :

-« Pourquoi attendons-nous ? »
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Bisous, bisous, gentil béa-nours !
Blanche_
A cheval entre sa disposition précédente, à savoir détester et maipriser l'Alterac pour son mariage raté, et, l'adorer pour son aura lumineuse, Blanche était en retard. Elle l'était par habitude, et puis parce que la Bretagne était catastrophiquement loin, et qu'elle n'avait pas encore assez d'argent pour s'installer en France dans un hôtel particulier qu'elle espérait pourtant se voir offrir par l'un ou l'autre. Elle l'était aussi car, perdue dans ce méli-mélo dramatique, du « L'aimerons nous, ou non, en définitive, cette Étincelle ? », elle perdait son temps à réfléchir et ne donnait plus d'ordre pour se rendre chez Aléanore. En définitive, il lui avait fallu deux jours de plus que prévu, ce qui était diaboliquement long, pour arriver ; quelques minutes de retard, donc, n'étaient rien face à ce qui aurait dû être si elle n'avait pris soin de partir en avance.
On la fit entrer là où se trouvaient Béatrice, et Clémence. Elle les vit discuter avec la jeune vicomtesse et sa pieuse amie, qu'elle connaissait pour avoir passé l'été précédent sur ses terres de Cauvisson. Mais sans soleil, et dans une ambiance oppressante due à l'angoissante lettre d'invitation, Blanche ne trouvait à ces visages connus aucuns traits familiers. Il y avait bien, à celui de Béatrice, un front haut et joliment coiffé, mais plus ce regard et cette allure qu'elle avait admiré à s'en brûler les yeux lorsqu'elle l'avait vue au Louvres.
Le bleu de Chablis au coté de l'Epine, et donc deux points plus éclairés parmi tous ceux présents ; pour Blanche, l'assurance de ne pas se retrouver seule, car elle se sentait comme au bruit qui avait retenti à Cauvisson, sans savoir vraiment si elle était elle, ou Aléanore. Elle, ou l'Alterac. Serait-ce elle, qui au crépuscule de ce jour, pleurerait une chose perdue ?

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Riches, tenez bon !
Eilinn_melani
Eilinn descendit du carrosse à la suite de Jehanne Elissa, suivant distraitement les actions des uns et des autres. Salutations pour Clémence de l'Epine qui semblait vouloir trouver un refuge auprès du duo languedocien. D'ailleurs Jehanne Elissa en profita pour glisser quelques mots sur une future entrevue à la champenoise, et Eilinn remua ses méninges pour se rappeler cette histoire de portrait. Quelques vagues souvenirs, la jeune fille se doutait vaguement de l'objet en question, et laissa les deux jeunes filles converser sans trop intervenir, préférant se demander pourquoi on les avait fait venir ici.

La duchesse de Bolchen toutes voiles dehors les rejoignit quelques instants d'après, et à nouveau, la Goupil entama la conversation. Eilinn se plongea dans d'intenses réflexions sur les évènements récents, ne se trouvant pas inspirée pour soutenir une quelconque hypothèse sur le pourquoi du comment.

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Mariealice
Son amie ne viendrait pas. Retenir la question qui brûlait les lèvres. Avec qui, alors, y allait-elle? Seule? Ne pas commencer à réfléchir et à avoir des idées toutes plus tordues les unes que les autres. Oui Aleanore l'avait habituée à faire tout et n'importe quoi mais... Mais rien du tout. Hochement de tête à l'information petite fille puis à celle de l'écriture.

Toutes les heures, n'exagère pas non plus.

Pas une grande correspondante la brune. Sans doute parce qu'elle voyait trop de parchemins tout au long de ses journées, en scellait trop pour avoir envie ou l'énergie de le faire une fois lâché le côté officiel. Elle s'en voulait souvent de ne pas l'avoir fait plus souvent, mais comme bien des remords ou des regrets, elle s'en accommodait vite.

Je lui dirai mais à ton retour tu pourras le faire de vive voix.

Un baiser sur le front, voilà qui faisait longtemps. Mais même ce genre de discussions, calme, sereine, cet échange presque intime, tout ceci n'avait eu de place entre elles depuis un temps qui lui semblait infini. Depuis le départ de sa fille de la Bourgogne.

Je t'aime aussi Aleanore. De cela ne doute jamais.

Non, qu'elle n'en doute pas. S'il était des sentiments vrais en ce monde, ceux qu'elle ressentait pour chacun de ses enfants ne pouvaient l'être plus. Peut-être ne l'avait-elle jamais exprimé correctement. Pourquoi peut-être. Avec ses enfants la vicomtesse n'avait jamais su s'y prendre, de son point de vue. Mais elle s'en voulait toujours pour quelque chose.

Un dernier baiser puis poussée vers la sortie. Aux suivants. Une sensation aux tripes que malgré le sourire, qu'elle aurait dû reconnaître comme étant de façade, tout ceci sonnait faux. Des yeux dont elle chassa l'humidité d'un revers de la main. Marches redescendues, la foule, oui oui on pouvait dire cela ainsi, la foule donc avait grossi.

Quelques pas vers Eusaias, Cassian et Alycianne, un peu pâle et remuée.

Bonjour à vous. Et Eusaias je ne plaisantais pas. Cessez de beugler.

Regard calme contrastant avec ce qu'elle avait crié de là-haut mais qu'il devait avoir lu comme un signal qu'avec ce calme elle devait certainement être très sérieuse. A voix basse, au Mauvais.

Et tenez-vous. S'il vous plait. C'est moi qui vous le demande.
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Gnia
Ben la Comtesse du Lavedan, il avait fallu venir la chercher dans son coche qu'elle n'avait pas quitté en signe de protestation passive et muette au manque de protocole dont Aléanore faisait montre à cet instant. Nan mais sérieux, faire rappliquer ce qui se faisait de plus épousable, ou de bien épousé(e), du moment ou presque, jusqu'au fin fond du foutu Alençon pour faire sa mijorée et même pas daigner montrer le bout de sa margoulette ? Toute cette noble assistance se rongeait les sangs et ça agaçait prodigieusement la Saint Just.
Ben ouais quoi ? Elle était sur son lit de mort, la gamine Alterac ? Nan, pas d'oriflamme en berne. Donc pas la peine de faire avoir des vapeurs, des malaises, des trucs de gonzesses où faut sortir les sels, pour autre chose qu'une question de vie ou de mort, nan mais !

Bon. Certes, y'avait un poil de mauvaise foi dans tout ça. Mais qui dit artésien dit champion de la mauvaise foi, après tout. Clairement la Saint Just n'avait, d'une part, aucune envie de faire un effort de sociabilité et d'aller saluer toutes les petites têtes bouclées et couronnées dans le salon de réception. Et d'autre part, aucune envie de céder à l'espèce d'angoisse latente que tout le monde exsudait par tous les pores de leur peau laiteuse, poudrée et parfumée.

Port altier, visage sévère quoique boudeur, la Comtesse du Lavedan suivit donc son maître queux que la Concèze avait jugé bon de convoquer en même temps qu'elle, la reléguant soudain au même rang qu'un sous fifre. De première classe, certes, le sous fifre, puisqu'il savait préparer divinement le chevreuil aux groseilles et savamment planquer les réserves de vins de Bourgogne pour les protéger de l'embargo tyrannique du Gouverneur de Montauban sur les produits burgondes, mais un sous fifre quand même.

Hochement de tête profond pour saluer les personnes présentes dans la pièce qu'elle traverse tandis qu'on les guide vers les appartements de l'ex-future Duchesse de Nogent le Rotrou. Arrivée dans la chambre, elle y trouve une atmosphère étrange, un truc qui prend aux tripes, qu'elle balaye d'un sévère


Bon. Alors ? Ca rime à quoi tout ça, Ma Dame des menus plaisirs et autres paradis artificiels ? Vous nous faites une jaunisse pour une connerie de mise à l'index de mes deux, c'est ça ?
Y'a moyen de boire un truc au moins chez vous ?


Elle ne prête pas plus attention que ça à ce que bouine le môme Montmorency. Empressé et anxieux qu'il est, autant le laisser passer avant Son Infâme Grandeur. Tant qu'il y a de quoi boire pour patienter et un fauteuil moelleux où reposer son comtal séant malmené par les cahots du voyage, finalement maintenant qu'elle est là, elle a tout son temps.

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Clemence.de.lepine
Sourire aérien pour Jehanne, alors que cette dernière prend conscience de sa présence. Depuis combien de temps n’ont-elles pas parlé, toutes deux ? Depuis combien de temps se fuient-elles en osant s’adresser que de vagues saluts courtois sans jamais rien exprimer d’autre ? Depuis les funérailles, oui. Ce sombre jour qui avait scellé l’existence de Matthilde sur cette Terre mais qui avait permis à Clémence de renaître tout à fait – aux côtés de Raphaël. Ce sombre jour où elle avait demandé à Jehanne de rester quand tous étaient déjà partis, et où elles avaient parlé. Parlé… d’un mort qui ne l’était sans doute pas, mais au fond, quelle différence cela faisait ?

Aux cris du Baron et à la réaction que la petite Goupil ne put retenir, la demoiselle de l’Epine, pour sa part, ne put s’empêcher de lui tancer un regard amusé. Oh, elle vieillissait, elle grandissait, et c’était étrange que cela l’intéresse autant. Les petits ne resteront pas petits longtemps… Et toi, Clémence, quand donc lâcheras-tu définitivement prise ?


C’est un vilain, vous l’avez dit vous-même. Et pire qu’un porc, veuillez me croire ! Mieux valait garder pour elle la teneur de la première lettre qu’elle avait reçue de la part du personnage. Elle grandissait, la petite rouquine, mais que ses oreilles restent chastes encore un peu…

Le silence revient, et chacun garde ses mots pour soi, dans l’attente d’en savoir plus. La mère d’Aléanore a disparu, et on patiente, dans l’espoir de la voir revenir avec quelque nouvelle sur le motif qui nous retient ici.

Et puis, Jehanne parle à nouveau – ou plutôt chante, c’est tellement agréable de l’entendre s’exprimer avec son accent d’Oc – et là, le temps semble s’arrêter un instant. Un bref instant. Pendant lequel l’atmosphère semble se rafraîchir et s’alourdir à la fois. Pendant lequel Clémence ne sait si elle doit céder à l’angoisse ou s’abandonner à la joie. Les recevoir au sujet du portrait… Comment pourrait-elle lui refuser ? Mais à quoi cela aboutirait-il, cette fois ? Se fâcheront-elles ? Pleureront-elles ou riront-elles de concert, émues et enthousiastes ? Elle n’en savait rien, et il y avait bien une chose que Clémence détestait, c’était de ne pas savoir où elle mettait les pieds.


Ce serait un plaisir que de vous recevoir toutes les deux. Vous pourriez venir à Decize, car j’ai pour un temps abandonné la Champagne. J’aurais moi-même un sujet à aborder avec vous et qui diffère du… portrait.

Ô voix, ne tremble pas… ça n’est qu’un petit bout de Vicomtesse, certes cruelle mais tendre à la fois…

Elle salut d’un regard chaleureux sa suzeraine qui à son tour se joint à eux. La Lioncelle répond à la question de la Souveraine par un simple hochement de tête négatif assorti d’un sourire diffus : personne ne sait, on attend, c’est tout. C’est long, mais on y peut rien.

Les choses se font naturellement, tous se retrouvent, comme si une boucle lentement se refermait. Il ne manquait que… Et bien non, voilà qu’elle arrivait : Blanche, Blanche… Si tu n’avais pas été là, peut-être que cet écho dérangeant tonnant au fond de ma poitrine se serait calmé un peu. C’était étrange, comme sensation. Mais quel besoin de réunir ceux qui de n’importe quelle façon avait compté ? Comptaient encore…

Son regard est alors attiré par la Pair de France, revenue d’on ne sait pas bien où, mais dont on se doute qu’elle vient de quitter sa fille. L’oreille se tend, les sens, aux aguets, se crispent : leur apprendra-t-elle quelque chose ? Leur dira-t-elle le pourquoi de cette invite ?

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Grimoald


Grimoald vit l’arrivée de quelques personnes qu’il connaissait. D’autres, cependant, n’avaient pas l’honneur de connaître l’innocent, ou du moins, l’Innocent n’avait pas l’honneur de les connaître. C’est alors qu’il vit la Comtesse du Lavedan retourner dans le carrosse. La première chose qu’il se demanda, c’est ce qu’elle pouvait bien foutre dans cette carriole Repartait-elle ? Heureusement pour elle, non, parce que sinon elle n’avait plus de Maître Queux. Grimoald ne savait pas trop où aller, en réalité. Voir Kilia, qui l’avait salué ? Voir Jehanne ? Voir Clémence ? Son esprit fut un temps embrouillé, alors que les questions s’y bousculaient. Il n’allait tout de même pas rester là, seul… Puis un cri. Quelqu’un, dans l’assemblée, hurlait à la mort. Tout le monde entrait dans le château, et Grimoald suivit, lorsqu’il vit la Vicomtesse revenir, accompagnée d’un homme qui avait l’air de tout sauf d’un gentil. Mais il s’en moquait, il voulait voir sa Nore. C’est là qu’il vit que l’homme venait vers lui. Haussant un sourcil, d’abord, il fut conforté en entendant qu’il venait lui parler.

« Grimoald de Montmorency ? »
« Lui-même. »
« Veuillez me suivre avec la Comtesse du Lavedan. »
« Je cours la chercher… »


Ni une, ni deux, le voila partit, jambes à son cou, vers le carrosse. Si elle n’avait pas été noble, et son employeur, il se serait permis quelques doux mots la priant de se hâter, mais il fallait quand même rester courtois avec une femme de son rang. Alors il ouvrit la porte du coche, et pointa son nez.

« Comtesse, on nous attend ! »

Ce à quoi jouait Nore, Grimoald ne le savait pas. Ce qu’il savait, cependant, c’est qu’il se passait quelque chose d’étrange. Pourquoi la Demoiselle demandait-elle des audiences privées, seul ou par groupes, pendant un bref instant ? Tout ceci n’avait pas de sens… Mais déjà, l’Araignée, dont Grimoald ne savait même pas le surnom, ouvrit une porte. Grimoald se hâta d’entrer, et il vit Nore assise à une table. C’est quoi ce bordel… ?

« Aleanore ! »

Le mot venait du cœur, comme pour marquer toute la passion qu’il voulait exprimer, mais qu’il n’arrivait pas à faire évacuer. Lui sauter au cou, à quoi bon ? La prendre dans ses bras ? Elle lui avait un jour dit qu’il était à présent trop grand. Et pourtant… Pourtant… Qu’il aurait aimé, la serrer contre lui, une dernière fois. Parce que oui, il ne le savait pas, mais il venait de rater sa dernière chance de pouvoir un jour l’embrasser.

Aux mots de la Comtesse, il se contenta de froncer les sourcils. Il s'en moquait.
Il voulait l'entendre parler.
Il ne voulait qu'elle...


EDIT : FAUTES --'
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