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[RP] - J'irai cracher sur vos tombes.

Blanche_
On la prend, on la jette.
Si elle n'était pas si orgueilleuse, la Walsh-Serrant dirait qu'elle est une rose, qu'on cueille pour se faner ensuite. Mais elle est orgueilleuse, quoique inquiète aussi, et finalement c'est l'amitié qui gagne sur l'égo et la fait rosir doucement.
Main prise, main rendue. Mon Dieu Aléanore, qu'as tu fait ?
Alors, tandis que les portes se referment et que le nom de la prochaine à venir se faire entendre, l'hermine se mort la lèvre jusqu'au sang, rouge pur qui glisse en sa bouche et charrie la salive entre les dents. Le sang qui se mêle au goût du sucre et des fruits, les deux aussi écœurants. Il y a un ventre qui se soulève dans cette maigre poitrine, qui bat entre les cotes à contre-coup du cœur, et demande à sortir pour y évacuer le fardeau tiède et bordeaux.
A la douleur provoquée, les yeux se gorgent de larmes ; sans que l'on sache si c'est dû à cette joue mordue violemment, ou la violence qui régnait dans cette pièce quand le silence était. Il y a trop de violence en toi Aléanore, qu'on ne peut te voir sans en être touché ; et si c'est de l'amour que tu nous donne, tout cet amour que j'ai reçu, quoi, alors, hein, qu'est ce qui reste en toi une fois que l'amour a fui ?
Il reste un peu de cette lumière, et je t'interdis de me la donner ta lumière, tu la gardes, elle est à toi, outrage si quelqu'un y appose son sceau !


F*cking cac ! grogne t'elle dans un murmure. Ní féidir liom fiú inis sé dó grá agam dó !

[P*tain de m*erde ! Je ne lui ai même pas dit que je l'aimais !]
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Riches, tenez bon !
Beatritz
Le silence avait fait place à tout. La Souveraine, ayant salué sa vassale, ayant salué quelques autres personnes, de ci de là, qui lui étaient au moins un peu connues, s'était murée dans un silence de recluse. Un à un, les présents étaient appelés, s'absentaient cinq, dis minutes peut-être, un quart d'heure pour les plus longs. Aucun parmi les revenus ne disait de quoi il retournait. Certains même ne revenaient pas, alors qu'on en appelait encore et encore. Étaient-ils sortis pas une autre porte, satisfaits de ce qu'ils avaient appris ?

Ô, qu'on abrège l'ignorance dans laquelle elle se trouvait ! La Castelmaure était dans une lassitude grandissante. Son inquiétude s'effaçait au profit d'un malaise plus profond, à mesure que la salle d'attente - car c'était bien cela, en fin de compte - se vidait. C'était un carnaval, une mascarade. Aléanore se moquait d'eux ? Ce n'était pas dans ses habitudes. Et pourtant...


-« Votre Altesse sérénissime, la Demoiselle de Concèze vous appelle. »

Frissonnant dans sa cape, la Souveraine considéra un moment le serviteur qui se proposait de la guider chez l'Etincelle. Le voulait-elle encore ?

Elle le suivit.

Monta les marches, une à une.

Longea le couloir, tourna, dodelina de la tête. Le paysage de la campagne de Nogent-le-Rotrou, à travers les carreaux, ne la séduisait pas. Une seule question : et le Duc ? Avait-il abandonné là l'Étincelle, empli de honte de ne l'avoir pas conduite jusqu'à l'autel ?

On arriva à la porte - la Bretonne était là, devant. Elle était partie quelques minutes plus tôt. Béatrice chercha le regard de la Blanche Hermine... Mais le serviteur n'avait que faire de cet échange oculaire ; il frappa, ouvrit, et s'effaça pour laisser entrer Béatrice de Castelmaure.

A pas hésitants, elle s'avança. Comment devait-elle paraître ? Bien droite, altière, comme à son habitude ? Mais c'était un boudoir, mais c'était l'intimité.

L'Étincelle était là, les traits parcheminés,
Les yeux d'une personne ayant beaucoup souffert,
Regard d'une chérie qui n'a que trop pleuré.

Et les poings délicats de la brune se serrent...


-« Aléanore, vous vous faites du mal... » L'entend-elle, la servante traduit-elle ? Béatrice avance, tout près de l'Étincelle. La jeune femme semble dévastée. Contre-coup du mariage avorté ? Effet de l'excommunication qui l'aurait, de toute façon, cassé ? Béatrice relâche la tension dans ses doigts, et prend le visage d'Aléanore, comme elle l'avait fait devant la chapelle.

-« Laissez-moi partager votre fardeau... »
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Bisous, bisous, gentil béa-nours !
Aleanore
Renoncer, maintenant. Se laisser aller dans le lit et dormir tout simplement.. Le pourrais-tu Aléanore ? Supporterais-tu les conséquences de ta lâcheté ? Jamais. Les yeux la brûlent de retenir plus encore les larmes qu’elle contient depuis si longtemps, depuis que la vie s’est acharnée sur le destin d’une Etincelle. Et la porte s’ouvre, le sourire se veut resplendissant, il n’est qu’à peine convaincant. Béatrice. A l’instant où elle passe la porte, Aléanore rêve de pouvoir se jeter dans ses bras pour y déverser le trop plein de larmes, le trop plein de chagrins, les émotions longtemps retenues en un sein trop maigre pour abriter tant de douleurs, Béatrice, comprends-tu tout ce que tu provoques. Alors le sourire essaye de poindre sur les lèvres tremblotantes pour rassurer celle qui avait su la réconforter tant de fois et certaines même sans vraiment le vouloir.

-« Vous m’avez tant donné et je ne vous ai jamais rien offert, même pas un merci. »

Il y a de la honte dans la voix de l’Etincelle, parce qu’au moment où les mots passent la barrière des lèvres livides, elle se souvient. Bolchen et la faveur publique, la gentillesse à Chablis, dans le coche quand elle avait appris, et peu avant sa fuite devant la chapelle. Les noisettes s’embuent, désespérées, et désespérément, Aléanore d’appuyer ses mains serrées contre ses yeux pour tenter de retenir le flot de larmes qui ne demande qu’à s’écouler comme pour lui rappeler qu’à trop retenir l’eau, on risque la crue. Et il n’y a plus de barrage, rien d’autre que des mains trop fines, la volonté a quitté le bord depuis longtemps et la dignité se fait la malle sournoisement. Hoquet de douleur, de peine, les mains se détachent du visage pour venir cueillir celles de la Bourguignonne et de les serrer l’une contre elle avant de les embrasser gentiment.

-« Vous aviez raison pour ce mariage. »

Sourire fataliste avant de l’inciter doucement à s’asseoir à ses côtés sur la couche.

-« La France ne me réussit pas, je vais partir en Italie Votre Grâce. J’irai à Florence, tout est déjà réglé. Je voulais vous voir avant pour .. » Pour quoi Aléanore ? Pourquoi voulais-tu tous les voir ? Tu aurais pu régler cela en quelques minutes et .. Tu ne les aurais pas vu une dernière fois. Une toute dernière fois, dire ce qui n’a jamais été dit. « Vous dire que de toutes les personnes que j’ai rencontré vous êtes de loin celle que j’ai le plus respecté. J’ai aimé être votre amie, et maintenant, quand j’y pense, j’aurais aimé être votre sœur, car il doit être bon de vivre à vos côtés et de se reposer sur quelqu’un de fort comme vous. »

Toujours la plus âgée, toujours la plus grande, entourée de gamins, et toi Aléanore, où était ton enfance dans les murs de ce couvent à pleurer la mort de ton frère et à chanter la Gloire d’un Dieu qui ne te protège déjà plus ? Oui comme il aurait été bon d’avoir une grande sœur, d’avoir quelqu’un avec qui rire, à qui confier ses peines et ses douleurs. Et de sourire un peu niaisement à Béatrice, un peu désolée de l’avoir fait venir pour des mots, mais si sure d’elle maintenant, il y a des femmes fortes Aléanore et tu peux en faire partie, regarde la, va jusqu’au bout. Béatrice n’aurait jamais rebroussé chemin, pas maintenant.
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Beatritz
Peut-elle pleurer, Béatrice ?
L'Étincelle est parmi les rares françaises à l'avoir sollicitée jusque dans son exil impérial ; l'une des rares mondaines de la Cour de France à l'avoir placée au cœur de sa vie, à avoir fait fi de la distance, fi de... de cette union qui la grandissait en Empire, mais l'effaçait tout à fait des tableaux mondains français - l'aurait totalement effacée, s'il n'y avait eu la très en vue Aléanore Jagellon Alterac.

Elle l'avait cherché, cet exil ; le bal royal avait laissé des traces dans son esprit et dans son cœur.
Elle aimait toujours Lévan.

L'Etincelle partait. La France entière quittait Béatrice. Y existerait-elle encore, après ce départ ? N'était-il pas temps de revenir, d'y briller pour Aléanore, qui elle, exporterait tout le charme et toute l'élégance français en Italie ?
Aléanore prit ses mains, et les embrassa. Elle lui dit toute sa reconnaissance, elle lui dit... Et, quoi ? La France ne lui réussissait pas ? Oh, l'Étincelle... Tu te trompes, ma belle. Et moi alors ? Reine manquée, fuyarde ostensible, de meilleur parti de France, je suis devenue une ombre, quand toi, de bâtarde, tu es devenue icône ! Elle lui dit des choses qui blessèrent la jeune brune, la Castelmaure, la Tapiolie... qui a toujours manqué de famille, qui aurait tant aimé des sœurs, de la trempe de l'Étincelle, ou même pas tant. L'Étincelle était trop de choses pour qu'on pût lui ressembler.

Face à tous ces mots, la Souveraine ne sait que répondre. Quels mots seraient assez puissants pour franchir la barrière de la surdité ? Quels mots auraient vraiment du sens ? Elle voudrait lui dire qu'elle ne prend pas cela comme une fuite, mais un élan naturel, vers l'Italie, vers les Etats du Pape, vers Rome, où elle sauverait sa cause, et reviendrait en France lavée de tout soupçon. Elle voudrait lui dire combien elle allait lui manquer, mais combien elle comprenait.

Aucun mot ne peut résumer ce genre de pensée.
Alors, Béatrice, le cœur étreint d'un sentiment qui la prenait rarement, retira doucement ses mains, et doigt après doigt, ôta ses gants, et les glissa dans celles de la Demoiselle de Concèze.


-« Prenez-les.
Ma mère venait d'Italie, m'a-t-on dit. Pensez à la pauvre de moi, lorsque vous y serez. »

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Bisous, bisous, gentil béa-nours !
Aleanore
Mains, gants, visage, mains, gants, visage, ballet qui se répète et l’Etincelle incrédule fixe les doigts qui se dévêtent lentement, les doigts aux ongles rongés quand les siens sont trop longs pour être civilisés, et pourtant comme ils sont beaux ces doigts, ce mystère, était-cela que tu cachais Béatrice durant tout ce temps ? Et les noisettes de fixer le regard, de s’attacher à chaque mouvement de lèvres, les yeux humides peinent à lire sur les lèvres et pourtant, oh pourtant comme les mots qui en sortent sont doux, sont beaux mais comme il est dur à quelqu’un, plus encore quand le quelqu’un fait confiance. Partagée entre l’amour et la mort, les doigts fins caressent les gants, et le visage se relève tout à fait, le port se fait altier, comme on le lui a appris, comme Béatrice l’a toujours vu, et le sourire est reconnaissant, les paupières clignent, les dernières larmes s’échappent.

-« Merci Votre Grace. »

Pour les gants et tant d’autres, pour la vie que tu m’as offert à travers toi, pour ce que tu feras Béatrice. Je t’ai demandé tant et je t’en demanderai encore, mais tu seras forte, toi. Et les doigts se glissent avec délice dans les gants, comme dans une nouvelle peau, comme dans elle, Béatrice. Oui, tu aurais aimé avoir une grande sœur comme elle, un modèle. Et elle se redresse l’Etincelle, droite et digne, expire un énorme soupir avant de se pencher en arrière pour jauger son reflet dans le miroir.

-« Je suis parfaitement hideuse quand je pleure. »

Nore le Retour ! Un sourire reconnaissant est offert à la Castelmaure, pour la dignité qu’elle lui a rendue, et le bras vient se glisser dans celui de Béatrice afin de la raccompagner à la porte.

-« Je ne cesserai de penser à vous, Votre Grâce. Comment peut-on vous oublier ? »

Et la chose est dite avec stupeur, oui comment peut-on oublier, le port altier, les azurs pénétrants, la chevelure d’ébène, non Béatrice, on peut faire beaucoup de choses, t’aimer, te jalouser, mais certainement pas t’oublier. La porte est ouverte et elle l’accompagne un instant sur le palier.

-« J’ai bientôt fini, et puis je vous rejoindrai tous, puis je partirai. Dieu vous garde Béatrice de Castelmaure. »

Aléanore de sourire doucement, en tentant de graver le regard, le visage dans son esprit, puis de se tourner vers le valet.

-« Va chercher la Dame de Décize, presse-toi. »

Un sourire, un dernier sourire, et Aléanore retourne dans sa chambre, moue pensive, lèvre mordillée. Et maintenant, le plus ignoble reste à venir.
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Clemence.de.lepine
Chacun, l’un après l’autre, disparait à la suite d’un domestique. A peine avait-elle eu le temps de remarquer l’entrée fort discrète d’Isaure - elle n’est même pas certaine que la jeune fille l’ait elle-même avisée – que déjà celle-ci avait déjà disparu, à la suite de Blanche et d’une inconnue. Et maintenant, alors qu’elle attend, tentant désespérément de garder les yeux baissés et son souffle aussi silencieux que possible, elle se sent… inutile. Un peu délaissée. Pourquoi faut-il qu’elle passe après les autres quand elle aurait voulu être la première à voir Aléanore, et à savoir. Comme tous les autres, sans doute. Elle retient ses soupirs, elle garde les yeux obstinément baissés sur ses doigts qui s’agitent en son giron, rythmant une cadence imaginaire, parce qu’il faut s’occuper lorsque l’on s’ennuie et que l’on se sent mal à l’aise.

Enfin, on vient la chercher, et péniblement, elle le retient justement ce « enfin » qui menaçait pourtant de franchir ses lèvres courroucées. Et elle entre, alors, dans l’antre d’Aléanore.

Ses yeux parcourent rapidement la pièce, quelques secondes seulement qui lui paraissent pourtant bien longues, avant de, négligemment, se poser sur la brune Alterac. Effet théâtral souhaité, bien entendu, quand elle veut laisser croire à l’Etincelle que les lieux dans lesquels on l’accueille lui importent bien plus que celle qui réellement l’y accueille. Un sourire ironique lui fait briller le regard, de cette lueur narquoise qu’Aléanore reconnait sans doute si bien, désormais.


Vous semblez bien tourmentée, ma chère.

En vérité, elle a l’air affreuse en restant néanmoins si belle… c’est une chose qui lui échappe. Comment peut-on paraître si mal en gardant une fraîcheur aussi élégante ?

Vous portez très bien le mystère et l’affliction, mais cela, je l’avais déjà remarqué à Bolchen.

Et soudain, elle note une absence. Où est Clarisse ? C’était elle qui traduisait, avant. Elle était toujours là, à aider et soutenir sa maîtresse. Comment allait faire Aléanore pour… l’entendre ? Clémence ne parvenait pas même à imaginer qu’elle puisse comprendre d’elle-même. Cela lui paraissait presque surnaturel : comment peut-on comprendre une chose qui est dite sans réussir à l’entendre ?

Où est Clarisse ? Demande-t-elle donc, en écho à ses pensées. Aléanore, ne me faites pas encore ce coup là, il faut que vous me compreniez.

Sinon, ça n’est plus drôle du tout.
Aleanore
Tu l’as rêvé cette arrivée, plus que tout autre, Clémence passant la porte, la chevelure blonde sur l’écarlate et la lippe mi-moqueuse, mi-angoissée. S’en repaître et lui apprendre plus sûrement peut être les méandres des jeux des faux semblants, son jeu ne trompe personne, elle moins que personne, et n’est ce pas cela ? A cet instant, face à Clémence comme depuis longtemps, Aléanore n’est moins que personne tout à la contemplation admirative de sa meilleure ennemie. Les mains glissent l’une sur l’autre, jouissant d’un contact neuf, les gants de Béatrice sur sa peau, tandis que Clémence, elle fait son show, elle la regarde, sourire en coin. Clémence, je sais tout cela, tu ne m’apprends plus rien, tu aurais du marquer le stop, trois secondes de concentration absolue sur tout autre que moi, et non pas ce balayage vulgaire.

L’Etincelle ne bouge pas, ne bouge plus, guettant les mots, souriant de temps à autre, Clarisse ne viendra pas, elle se débrouille seule et pour ce qu’il y a à dire, il vaut mieux. L’angoisse, pas de Clarisse, cela veut dire tout ou rien, cela veut dire qu’il faut qu’elle soit parfaite, qu’elle excelle, mais n’est-elle pas l’Etincelle ? N’est-elle pas là pour briller ? Et comme le soleil qui se lèverait pour éclairer le monde, Aléanore s’avance vers Clémence et brille d’une lueur sarcastique.


-« Je vous comprends, je n’ai jamais cessé de comprendre tout ce que vous vous tuiez à me dire même ce que vous ne vouliez pas. » Tu joues mal Clémence, mais je ne t’en aime pas moins, je t’en aime plus que les autres même. « Et si je semble tourmentée, c’est parce que je suis là pour faire mes adieux. Je pars en Italie, à Florence, pour l’Art. Et je vous avoue que j’ai peur que vous me manquiez Clémence de la Francesca. »

Haussement d’épaules désinvolte qui vient rejoindre le sourire fataliste. La France est à vous, à vous toutes et moi, je pars mais avant..

-« Faites attention ma chère quand vous êtes agacée, vous avez une ride entre les deux yeux, là. Quand je serai partie, et que vous n’aurez plus personne à regarder de la sorte, peut être alors que votre visage retrouvera un semblant de sérénité. »

Clémence, je pars, au revoir, il n’y aura plus de piques, plus de taquineries, il n’y aura plus nous, il n’y aura que les autres et toi, et les larmes me montent aux yeux d’imaginer le monde sans toi, sans ton sourire hautain, sans ton blond qui cache mon brun, sans le bleu des tes yeux qui me fait me sentir quelconque.

-« Vous étiez la seule .. »

Ca en est affligeant de penser à cela et les poings se serrent contre les lourds jupons noirs de dépit, de tristesse.
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Clemence.de.lepine
D’abord du soulagement. Elle la comprend. Et puis, de l’incompréhension. Partir ? Les quitter tous ? La quitter elle ? Pour l’Italie, Florence, cette ville dont on vantait les merveilles et le sens artistique. C’était une plaisanterie, n’est-ce pas ?

Aléanore, si vous me comprenez, moi je ne vous comprends pas. Vous allez m’expliquer ce que vous allez faire à Florence. On vous connait, je vous connais pour votre originalité et votre propension à vouloir faire et défaire les modes. Et là, vous décidez d’aller en Italie, et vous ne faites alors que suivre une mode, imiter ces artistes solitaires et marginaux qui vont à Florence comme en pèlerinage.

Elle hausse les épaules. Elle n’a plus aucune envie de jouer. Son cœur s’étreint à la seule pensée que l’Etincelle puisse la laisser seule, qu’il n’y ait plus personne pour comprendre son caractère aussi piquant que l’épine, que tous les autres s’en offusquent au lieu de s’en amuser, comme elle, comme cette dame de Concèze aussi forte que fragile. Elle ne répond même pas à la dernière taquinerie d’Aléanore, sur cette prétendue ride naissante entre ses sourcils. Plus tard, elle la regardera comme un doux souvenir, et au lieu de la creuser, cette ride, elle la détendra car alors, Clémence sourira en se remémorant les moments caustiques passés avec cette ennemie, ô combien aimée…

Ne partez pas… souffle-t-elle alors, tandis qu’elle l’observe, et qu’elle remarque ce masque qu’elle a déjà pu voir dans cette chapelle à Bolchen. Elle note ce voile humide au fond de ses yeux et cela lui fait une peine qu’elle n’aurait jamais pu imaginer ressentir à l’égard de la jeune femme, et à l’égard d’elle-même, également. Et elle ne lui dira pas « que sera la France, sans vous, que seront les enfants, sans vous, que sera la mode, sans vous, n’allez donc pas gaspiller votre talent ailleurs, c’est ici qu’il doit être car c’est Française que vous êtes ». Elle ne lui dira pas cela, tout comme elle ne lui dira pas qu’elle ne lui manquera pas, qu’elle continuera à penser à elle avec dédain et hauteur, ou qu’elle ne pensera même plus à elle du tout. Non, elle ne dira pas cela, car Clémence, malgré ses efforts, reste égoïste, et qu’aujourd’hui, à cet instant même, elle se sent trop dévastée pour pouvoir faire montre de malice.

Ne partez-pas, répéta-t-elle en s’avançant d’un pas, comme pour la retenir tout à fait, je ne le veux pas. Je veux que vous restiez ici, que vous soyez là aux mêmes endroits que moi, et que nous continuions comme avant à nous regarder d’un œil moqueur et provocateur.

Elle n’ose pas s’avancer davantage, elle ne sait même pas quoi faire exactement, elle se sent fébrile, elle a le cœur qui bat et le sang qui lui monte aux joues. Elle est perdue, et alors qu’elle aurait voulu crier, pleurer, parcourir la pièce d’un pas colérique en invectivant tout et n’importe qui, elle reste là, immobile, la mine suppliante, elle qui jamais n’a supplié personne.

Vous savez autant que moi ce que provoque l’abandon d’un… être cher.

Et elle se tait, parce qu’en une seule phrase, elle a révélé toute l’étendue de ses sentiments pour l’Etincelle, en lui rappelant leur vraie première discussion. Celle qui lui avait fait aimer la jeune femme parce qu’elle avait compris qu’elle n’était pas aussi forte qu’elle souhaitait le montrer au monde. Qu’elle avait vécu la même souffrance, qu’elle vivait incomplète, inaboutie, imparfaite, parce qu’elle avait perdu son Autre…
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Aleanore
Qui peut comprendre son départ pour Florence, tous.. Tous avalent sans réfléchir la jolie histoire, Clémence mise à part, mais Clémence a toujours été à part, un sourire en coin est servi à l’Epine qui la connaît si bien, bien sur qu’elle n’aurait jamais suivi cette mode ridicule. Porter des soies vénitiennes, évidemment, se mirer dans les psychés florentines, allégrement, mais quitter le Royaume de France pour l’Itaile ? A d’autres. Et Clémence comprend, sait, alors elle ne l’aime que plus jusqu’à ce qu’elle supplie, larmoie, mais Clémence ne larmoie pas, cela ne se peut, alors les noisettes se font dures.

-« Ne suppliez pas. Bon sang ! » Et de la rejoindre pour l’attraper par les épaules et la mettre face à la coiffeuse. « Regardez-vous ! Avez-vous réellement besoin de moi à vos côtés ? Vous êtes belle, vous êtes jeune et merde, vous êtes intelligente et riche en plus alors pour l’amour du ciel, vous allez me faire le plaisir d’arrêter immédiatement. L’Epine ne supplie pas ! Je pars Clémence, faites vous une raison, c’est un fait. »

La poigne sèche se relâche sur les épaules et le visage crispé par la réaction de Clémence redevient calme, un sourire est esquissé, nostalgique. Oui, tu sais Aléanore ce qu’est la perte d’un être cher, et tu sais aussi que tu t’apprêtes à les perdre à tout jamais ces êtres qui sont si chers à ton coeur.

-« Je ne vous abandonne pas Clémence, je vous donne l’occasion de prouver que vous avez le même sang que vos parents dans les veines, celui de Raphaël. Un lion ne se cache pas derrière un papillon, il attaque. Et moi, je m’envole et je vous regarderai d’en haut.»

Tu te souviens Clémence, tu m’as offert un sourire, une main, ton cœur et ses douleurs, et moi, Clémence, je te rends tout l’amour que tu as fait naître dans mon cœur, toute la douceur, tout ce qui naît quand on s’attache à quelqu’un comme je l’ai fait. La main gantée vient glisser dans celle de Clémence et doucement, elle l’entraine vers la sortie, la porte est ouverte et un sourire est offert. Lentement, les bras se resserrent autour du corps frêle de l’Epine et les lèvres se descellent.

-« Tu seras une lionne redoutable et une marquise respectée. Et tu seras parfaite si tu ne t’encombres plus du superflu. Laisse au passé ce qui appartient au passé, sois mon futur, mon Autre. »

Tu seras merveilleuse, tu seras femme, tu seras belle, et ils t’aimeront parce que je l’ai toujours voulu ainsi, et l’étreinte se desserre à peine, juste assez pour que les deux visages soient face à face et les lèvres pâles se posent sur leurs jumelles, un instant, un court instant. Et les deux mains viennent attraper les épaules pour la repousser, la renvoyer doucement dans le couloir. Les noisettes s’ancrent dans l’azur, et sans regarder le valet, l’Etincelle poursuit son rituel masochiste du jour.

-« Fais venir les Blanc-Combaz. »

Dernier regard dans le privé, toi et moi, adieu Clémence, adieu ma moitié. Et la porte se referme doucement, effaçant l’Etincelle derrière elle.
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Eusaias
Et le valet qui vient chercher les Blanc-Combaz. Si Aléanore savait recevoir, le balbuzard, lui, savait être déplaisant et le fait d’avoir patienté alors qu’il estimait devoir passer dans les premiers, voir même le second après la mère de sa promise, le confortait dans son envie d’être désagréable. Il suivit donc le valet passant devant ses propres enfants.

Bonjour Aléanore ! Laisse-moi d’abord ne pas te féliciter pour ton manque de savoir vivre ! Tu m’invites en catastrophe et tu… Comment dire… Oses me faire passer dans les derniers ! HON-TEUX ! Honteux et désagréable crois-moi et il va vraiment falloir que tu te battes si tu veux encore garder une place dans ma vie !

Mimant de l’ignorer il se place devant un cadre sur le mur afin de le scruter. Les mains croisées dans le dos il continua.

D’abord, l’Helvétie, l’Anjou, puis le Limousin, l’Anjou à nouveau, Nogent… Tu vas trouver un jour un endroit peut être ? Mon dieu que ce tableau est moche, la vieille est moche aussi, on dirait ma grand-mère ! Quel manque de gout ! Un peu comme la tenture avec les accrocs dans le couloir. Tssss….

Il haussa les épaules et retourna voir l’étincelle. « Tu es toujours aussi belle Aléanore, mon étincelle » aurait-il voulu lancer. Bien que l’expression : « à couteau tirés » était toujours de rigueur entre eux, Eusaias lui vouait un amour immense et la retrouvait dès qu’elle lui faisait signe. L’homme au faciès d’oiseau de proie s’était épris d’elle, alors qu’elle n’était qu’une jouvencelle sortie du couvent. Il l’avait rencontré lors de son ennoblissement, chez Marie-Alice et bien que jeunette elle avait su montrer son habilité dans ces jeux d’esprits très prisés chez les nobles. Le Balbuzard lui était tombé sous le charme.

Malgré l’écart d’âge entre eux, l’amour sincère et fort avait grandi. Toujours plus fort, toujours plus fou, cet amour était prometteur, mais hélas le destin en avait décidé autrement un soir de janvier à Mâcon. Le balbuzard s’était alors retrouvé seul avec la colère d’Aléanore pour seule compagne.

Le regard d’oiseau de proie scrutait encore le visage d’Aléanore alors qu’un sourire naissait sous son nez aquilin.


Alors, ma belle, quelle nouvelle folie nous as-tu inventé aujourd’hui ? Un mariage encore ? Le notre peut-être ! Très bien je dis oui !
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Alycianne
La tension grimpe lentement, mais la gamine est au dessus de tout cela. L'esprit léger, elle se refuse à essayer d'interpréter les expressions indéchiffrables des appelés qui redescendent. Elle remarque seulement qu'il n'y a pas parmi ces gens de sourires, aussi s'applique-t-elle pour compenser à sourire à s'en faire mal aux joues.
Le Secret -car c'est bien évidement un secret puisque personne ne veut en dire mot- qui l'attend là-haut attise tout légèrement sa curiosité, mais elle sait qu'elle le connaîtra bientôt, et elle se trouve même chanceuse de passer en dernière : elle n'aura que plus de temps avec l'Étincelle.

Et puis, c'est à leur tour. Elle emboîte le pas du pater familias, trottine derrière Cassian et Griotte. Avec le sourire toujours, elle remercie le valet qui les a guidés, puis franchit enfin la porte.
Là, très naturellement encore, elle esquisse une petite révérence, l'accompagnant d'un :


- Bonjour dame Aleanore.

Et tandis que le Balbuzard s'échauffe en grande pompe, Alycianne vacille. Elle scrute Aleanore, jette un regard à son père, Cassian, Aleanore.
Tout est très normal.
Quelque chose la quitte, lentement.
Dame Aleanore n'a pas l'air fatiguée.
Ça s'échappe, incontrôlable.
Tous ces gens croisés auparavant s'inquiétaient pour rien.
Elle tente de s'en persuader. Vainement.
Papa n'est pas en train de vous critiquer, dame Aleanore, puisqu'il vous aime.
Et le bouchon saute de la bouteille -plop !. Elle se retrouve vide, l'Alycianne, sa géniale calmitude a disparu, son courage s'est effacé, ne restent que ses doutes. Le cœur creux, le souffle court, et la caboche retournée, vite, vite, elle s'élance, vite, vite, s'accrocher à la source de tout cela, vite, vite, sentir qu'elle est là, vite, vite, savoir que tout va bien. Elle court enserrer la fine taille de la dame de Concèze, et de la serrer, serrer toujours plus fort. La jeune femme est bien là entre ses bras. Elle relève les yeux.

- Oh vous savez, j'ai eu Peur !
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Cassian_darlezac
Les émotions se succèdent dans la caboche du gamin aussi surement que les invités vont et viennent au rythme dicté par l'étincelle. Et dans cette ultime parade initié par sa tortueuse angevine, valsent quiétude avec impatience, branle de concert la sérénité et l'angoisse. Mais malgré toutes ses sensations contradictoires l'intrépide demeure de marbre, sagement il attend. A quoi bon s'en faire ? Si sa protégée se portait réellement mal on l'aurait prévenu de toute manière. Non, comme Papa lors de son empoisonnement elle doit avoir besoin de repos. Puis dans quelques jours elle ira mieux, dans quelques jours il retrouveront le coupable, dans quelques jours ils festoieront autour de sa dépouille, dans quelques jours tout ira de nouveau pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et peut être Papa et 'Nore se marieront-ils, dans quelques jours...

Oui le môme reste sur cette déduction au combien rassurante selon laquelle 'Nore n'est pas venu les accueillir parce qu'elle a été un peu empoisonné, mais va bien et mène l'enquête. Voilà pourquoi elle les reçoit un par un. Le monde est beau, vive la calmitude et comme 'Cianne, pour une fois on sourit benoitement en attendant gentiment la suite. Et le valet arrive enfin, les entraîne à sa suite. Le gamin lui suit, sans plus se poser de question. Ils sont alors introduit dans la chambre, rien de surprenant une nouvelle fois. Il s'y attendait et cette chambre il l'a connait pour avoir passer à Nogent quelques jours lors de l'épisode du mariage avorté.

Non le plus surprenant dans l'histoire est qu'Aleanore semble aller bien. Un peu fatiguée peut être mais rien d'inquiétant. Alors le sourire prend place sur son visage, tandis qu'il s'amuse des réflexion paternelles. Voilà tout est enfin comme ça devrait l'être, la routine habituel quoi. Papa et 'Nore se dispute comme une vrai famille, tout le monde va bien, l'ambiance est à son beau fixe. Ne reste plus qu'à savoir quelle délicieuse nouvelle l'étincelle va leur annoncer. Ne reste plus qu'à saluer mais avant on opine du chef aux propos de 'Cianne. Son regard s'attarde un peu plus sur les trait de son hôte, un regard aimant, c'est vrai qu'elle leur a fait foutrement peur quand même. Et la parole est enfin prise.


« Bonjour ! Moi j'ai pas du tout eu peur. Mais par la mazette, c'est vrai que c'est du genre d'accueil à se poser des questions ! » Plus qu'un reproche le môme invite son étincelle a rentrer dans le vif du sujet. Toujours plus classe qu'un « Bon tu le craches ton secret de bonne femme ? » mais l'idée est là...
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--Griotte



Le ballet continuait. C'était au tour des Blanc-Combaz d'entrer dans la danse, menée d'une main de maitre par Aleanore. La jeune Griotte avait appris à la connaitre et à l'apprécier au fil des jours, des leçons et des heures, qu'elle avait passé en sa compagnie à Nogent-le-Rotrou. Elle appréciait ces moments privilégiés, durant lesquels Aleanore lui prodiguait de multiples enseignements, sans jamais donner l'impression de se moquer de l'ignorance ou de la maladresse de sa petite dame de compagnie, qui découvrait peu à peu les subtilités du savoir vivre noblement, et faisait doucement ses premiers pas en haute société.

Oui, la Griotte appréciait les moments passés en compagnie d'Aleanore, bien qu'ils se soient fait de plus en plus rares durant ces derniers jours. L'arrivée des invités et les nombreux préparatifs que cela impliquait, avaient dû accaparer l'essentiel de ses journées. Il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. La mine songeuse, qui flottait sur les traits de la Dame aux Framboises, allait s'effacer dès qu'elle aurait reçu toutes les personnes qui étaient venues lui rendre visite, n'est-ce-pas ? Une fois qu'elle leur aura fait bon accueil et qu'ils quitteront les lieux pour rentrer chez eux, elle sera à nouveau tranquille et retrouvera le sourire discret que Griotte avait vu poindre aux coins de ses lèvres, de temps à autre. Peut-être même qu'après ça, son sourire se ferait plus large encore !

Et si l'issue de ce ballet continu entre la chambre et le salon, s'achevait sur une bonne note ? Aleanore avait-elle une bonne nouvelle à leur annoncer, à eux, les derniers qu'elle ait appelé. Une nouvelle qui rendrait les autres verts de jalousie ou de mécontentement, d'où leur manque d'enthousiasme au retour de leur entrevue avec la jeune femme...

Les Blanc-Combaz venaient de faire leur entrée dans la chambre de la Dame aux Framboises. La petite famille se tenait au complet devant Aleanore, et celle-ci allait leur annoncer une bonne nouvelle. Elle allait leur dire que leur famille n'était pas si complète que ça, qu'il y manquait une pièce maitresse, une personne chère à leurs cœurs, à eux tous : une épouse, une maman, une grande sœur, cette figure maternelle et aimante, qui restait absente chez eux et qu'Aleanore allait occuper en acceptant d'épouser Eusaias ; car c'est bien ça qu'elle allait leur annoncer, n'est-ce-pas ?

Silencieux et discrète, la Griotte observe à tour de rôle son père, figure assurée et rassurante, Cassian, ce frère auquel elle s'attache de plus en plus sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte, 'Cianne, sa sœur-amie qu'elle n'échangerait pour rien au monde, et Aleanore, la douce Aleanore, qu'elle a pris pour modèle, et même que quand elle sera grande, elle sera comme elle !

Oui, ils feraient vraiment une belle famille...


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Aleanore
Non, elle ne le regardera pas quand il rentrera, elle l’ignorera superbement. Non, elle ne pardonnera jamais, elle continuera à le haïr. Il est là parce qu’elle veut lui faire jurer de les protéger et rien d’autre. Et pourtant, quand il passe le seuil de la porte, la bouche s’entrouvre quand elle pose les yeux sur lui, et le cœur se révolte. On n’emporte rien dans la mort, pas plus la haine qu’autre chose, si tu meurs Aléanore, personne ne prendra ton secret, il restera tien, il restera sien. Rédemption, embrasse son nom, pardonne Aléanore, il a pris ce que tu lui aurais donné, ce n’était qu’un mauvais moment à passer, celui qui vient est bien pire, et il n’y sera pour rien, de la haine à l’amour, il n’y a qu’un pas, franchis le, reviens Aléanore, reviens aux temps anciens, reviens aux jours heureux, il n’y en aura plus, il n’y aura plus rien, ni de lui, ni de vous. Et les mots qui glissent sur les lèvres du Balbuzard n’ont pas d’importance, elle n’essaye même pas de le saisir, elle sait qu’ils ne sont que piques et mesquineries.

Le sourire s’illumine quand les enfants arrivent, elle répond à la petite révérence d’Alycianne, incline la tête en direction de Cassian et sourit complice à Griotte, alors que le Balbuzard lui tourne le dos, Aléanore fouille le regard des enfants, pourrait-elle leur servir ce mensonge, pourrait-elle seulement les regarder en face, et le père est ignoré superbement alors que la fillette s’élance, les bras s’ouvrent et se referment aussi facilement que par le passé, serrant contre son corps, celui débordant d’amour d’une enfant. Mais si tu ne mens pas Aléanore, tu les blesseras plus encore. Les noisettes se penchent vers la petite tête brune, et c’est l’affolement dans le cœur de l’Etincelle, si la petite a peur maintenant alors qu’arrivera-t-il ensuite ? Un genou est posé à terre, et les mains fines viennent recoiffer la chevelure brune, caresser les joues.


-« Oh mon Lapin, ce n’était pas voulu ! Je voulais voir d’autres gens et maintenant que c’est fait, j’ai plus de temps pour vous. »

La main vient glisser dans celle de la fillette, et elle l’entraine à sa suite vers les deux autres, gentiment, la main gauche vient relever le menton de la Griotte, et le sourire est fier et aimant, mais quand le regard se pose sur le seul garçon de la fratrie, farouchement, les bras frêles viennent étreindre contre elle le petit blond. Te rappelles tu la douleur, le bonheur quand il a prononcé ce mot devant le collège, tu aurais donné tout ce que tu possédais pour qu’il le pense vraiment, et maintenant, Aléanore donnerais-tu ta vie ? Lentement, l’étreinte se desserre, et la main gauche vient se loger dans celle d’Alycianne à qui elle sourit doucement. La tête se relève et le sourire se fait serein quand elle fixe Eusaias.

-« Bonjour mon amour. »

Comprendras-tu Eusaias tout ce qu’il y a de douloureux dans ces mots, toute la peine qu’ils contiennent, la voix se brise imperceptiblement, et le regard se pose sur les gants, les gants de Béatrice puisqu’il faut être forte. Le sourire reprend sa place sur le visage de l’Etincelle, et c’est Eusaias qu’elle fixe alors que les mots sont énoncés.

-« Je vais partir. En Italie, à Florence, j’ai des choses à y faire, plein de peintres à visiter, je vais devenir mécène. »

La lèvre est mordue au sang, le regard se refuse à se poser sur les enfants, combien de ses rêves ont été brisé, combien d’au revoir a-t-elle prononcé, combien d’adieux, les gens partent et ne reviennent pas, elle ne reviendra pas et le cœur se serre dans la poitrine d’Aléanore, vivement la main est retirée, et comme Alycianne avant elle, Aléanore s’élance pour atterrir contre Eusaias. Les mains viennent retrouver leur place d’avant dans la chevelure longue, les doigts s’emmêlent et les lèvres se collent à l’oreille.

-« Je n’ai pas le choix, je dois le faire. Je dois partir. Aide-moi. »

Combien de fois as-tu déçu ceux que tu aimais Aléanore ? Les ongles s’enfoncent dans le pourpoint du Balbuzard et les dents viennent mordre le col pour empêcher les sanglots de percer. Une éternité à leur côté pour un instant de tranquillité mais sans la foi, il n’y aura rien, il n’y aura plus rien.
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Cassian_darlezac
Si on oublie Alycianne et peut-être Isaure, trois femmes ont essentiellement marqué ta vie bonhomme ou plutôt ton enfance, et ce à jamais. Il est amusant d'ailleurs de remarquer qu'étant toute de la même famille elles ont pourtant chacune un rôle bien différent.

Commençons par la plus jeune Maeve Alterac, la sœur, la confidente. Avec Maeve tu sais que tu peux tout dire, tout faire, tout en risquant de te prendre une main dans la tronche bien évidemment. Avec elle le sourire sera toujours au rendez-vous, quand bien même il serait en demi teinte. Maeve, celle qui se veut toujours si grande, si moralisatrice mais fini par s'amuser de tes conneries, peut être parce qu'elle te connait mieux que quiconque. C'est sans doute pour ça que tu n'arrives pas te résoudre à lui écrire, à lui demander une fois pour toute se qu'elle branle. Pourquoi s'éterniser en Anjou alors que sa place devrait être encore et toujours au côté de Gaspard ? Alors tu ne lui écris pas parce que tu sais que quoi qu'elle fasse tu lui donnera raison et que peu à peu tu arrives à penser que là pourtant elle a tord. Et puis à quoi bon t'inquiéter quand tu es persuadé que si elle allait mal tu serais le premier au courant ?

Outre Maeve il y a bien sûr Marie Alice, la mère, la voix de la raison, cette raison que tu aimes tant défier. Flirté avec la limite en permanence tel est ton crédo et quand la limite est franchi ne reste plus qu'à attendre ton garde fou. Alors l'ouragan tempête, te rattrape en un rien de temps et te rabroues pour t'offrir un câlin quand promesse est enfin faite de ne plus recommencer. Mais tu recommencera bien évidement, ne serait-ce que pour profiter d'elle quelques instants, entre deux de ses responsabilités chronophages. Parce que face à Marie tu es encore qu'un enfant, un enfant auquel elle fout des coup de pied au cul pour qu'il grandisse mais un enfant tout de même. Et – bien que tu l'admettra jamais – c'est foutrement agréable.

Vient enfin Aléanore, ta 'Nore, celle dont le statu est indéfinissable. A mi-chemin entre la mère et la grande sœur, en passant par la confidente. Plus ouverte qu'une mère, tu sais que tu peux lui parler de tout et de rien, mais plus protectrice qu'une sœur elle sera toujours là pour te défendre de ta propre bêtise ou de celle des autres. Et pourtant tu aime l'exaspérer également, voir son front se plisser et sa répartie claquer, froide et hautaine. Parce qu'une étincelle énervée ça a la classe et que ça vous calme son morveux en deux temps trois mouvements, mais que ça ne dur jamais longtemps. Avec Aleanore c'est tout ou rien, elle peut être parfois si proche et d'autres fois sembler ailleurs. Mais quand elle est là c'est un flot d'amour qui se déverse sur toi, elle t'aime et ça tu n'en douterai pour rien au monde. Alors à cet instant quand elle te prend dans ces bras c'est d'un sourire que tu accueil l'étreinte. Et alors même que ta fierté voudrais que tu écourte l'instant tu fais tout pour qu'il dure. Peu importe ce qu'en pense Papa, tu as eu peur, elle va bien alors tu exiges toi aussi ta dose de réconfort.

Passe quelques instant avant l'annonce tombe, comme un coup de poignard dans le dos. Il n'en faut pas plus pour que tu comprennes et les azurs s'assombrissent. On ne réuni pas une bonne douzaines de personnes, on ne met pas en place toute une mise en scène saugrenue pour annoncer qu'on part deux jours faire les boutiques à l'étranger. Quant à devenir mécène... Tu en rigolerais sans doute si tu connaissais la signification de ce mot gamin. Ne vois-tu donc pas à quel point ton excuse est ridicule Aléanore Jagelon Alterac ? Mécène... A quoi bon quand on sait que tu es déjà leur muse à tous...

Et l'intrépide morveux n'a alors plus qu'une envie, prendre la tangente, ouvrir cette putain de porte et se tailler avant que ne débute ces adieux qui semblent inévitables. Il sait qu'il doit être fort pour montrer l'exemple à 'Cianne, fier pour que Griotte sache que son frère n'ai pas une chochotte et qu'elle peut compter sur lui. Et surtout, surtout il doit montrer à Papa qu'il est un vrai Blanc Combaz. Et un Blanc Combaz, ça crie ça tempête, ça scandalise mais ça ne pleure pas comme de la grosse lopette. Pourtant le gamin ne bougera pas les yeux fixé sur ce couple improbable à nouveau réuni. Cette fois il ne s'enfuira pas et c'est avec la rigidité du marbre qu'il reste les yeux fixés sur les deux protagoniste en attendant que son père prenne la parole.

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