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[RP] - J'irai cracher sur vos tombes.

Eusaias
Elle l’avait appelé : « mon amour ». Le Balbuzard restait là, bras ballants à repasser dans sa tête ce qui s’était passé dans la pièce. Il était rentré en brayant, en se moquant et la provocant et elle lui donnait du : « Mon amour ». Il arqua un sourcil afin de montrer qu’il attendant la chute, car chute il y aurait, l’étincelle ne pouvait se laisser faire sans piquer à son tour. Ses enfants allaient l’étreindre, l’approcher la questionner, mais désormais son visage était dirigé dans la direction de celui rappelant un oiseau de proie. L’Italie ? Florence ? Des peintres ? Elle fuyait le Balbuzard oui ! Puis ce fut…. un miracle !


Aléanore accroché à lui, comme quand ils étaient amoureux, comme à leur début. Et les bras du baron qui enlacèrent l’étincelle alors qu’elle se referme contre lui. Il ne préféra donner aucune réponse, s’appliquant à lui caresser une joue d’une de ses mains qui d’habitude n’étaient que rudes. Ne rien dire, à quoi bon, il avait toujours été là quand elle lui demandait, il le serait encore. Les yeux de rapaces se fermèrent alors que la bouche appliqua un baiser sur le front d’Aléanore, puis sur la pommette sur laquelle son pouce venait d’arracher une caresse.



Je t’aime mon amour. Reste avec moi… avec nous.


Ridicule ? Peut être, mais à ce moment c’était la chose qui lui venait à l’esprit. Il aventura ses lèvres vers celles de l’Alterac et les posa à la commissure des lèvres de la jeune femme. Le contact fut doux, mais il pouvait sentir la peine de la jeune fille. Dans ces cas là, certains restent spectateurs, d’autre réconforte, le Balbuzard lui taquine afin de gagner un sourire et c’est ce qu’il fit.


« Allons, Florence c’est tout petit, c’est ridicule, viens donc à Digoine, nous ferons venir tes artistes. » Osa-t-il avant de l’embrasser pleinement cette fois.


Epousez-moi Aléanore Jagellon Alterac, épousez-moi où vous le voulez et nous irons tous où vous désirez. Mon amour, ma mie dites oui !


Il frôla du bout des doigts, les lèvres fines et délicates de la dame de Concèze, de Thiais. Que pouvait-il leur arriver, ils étaient pour la première fois tous les cinq réunis.
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Alycianne
[Dis-lui oui !]

Les Peurs sont effacées. Sereine maintenant, heureuse à s'en faire éclater le coeur, la fillette profite en silence des retrouvailles.
Vous souvenez-vous, dame Aleanore, de ce soir à Sémur ? Il y avait Marie, Maeve, Flaiche, vous, Karyl et moi, et puis, et puis des sourires, des rires, tout le monde par terre avec du coeur jusqu'aux yeux, et c'était la Famille. La Grande Famille, dame Aleanore, j'ai compris que maintenant, dame Aleanore, que la Famille, c'est comme ma Maman d'avant, c'est dedans et tout autour, et puis ça réchauffe et ça soigne tout. Et bien là, dans cette chambre, à nous cinq, c'est la Famille.

Et lorsque l'Etincelle lâche enfin le pourquoi de leur venue, Alycianne ne comprend pas -bug complet au niveau ciboulot deuxième étage.
Ce sont des adieux.

L'idée de Famille disparait en un clin d'oeil, le gouffre est là, béant, dans la poitrine de la gamine. Non ! se révolte-t-elle.


- Alors je viens avec vous !

D'autant plus que l'on dit le plus grand bien des vins italiens.

Puis elle contemple, ravie, le Balbuzard enlacer Aleanore. Des paroles, douces cette fois, cherchent et vont tout arranger. Papa est le plus fort, il y arrivera.
Et à la fillette de trépigner de joie en riant. Il y a bien au monde une seule personne qu'elle daignerait laisser épouser son père, et cette personne est bien l'Aleanore.


- Disez oui !

Et hop ! La Petite demoiselle Future dame-chevalier de soulever bien haut ses jupes, et de sautiller gaiement en long, en large et en travers de la pièce. Hey Griotte ! Chalut Cassian ! C'est la fête ! Le Mariage ! Souriez les gens ! Hi, hi, hi ! Les boucles tressautent sur ses épaules en s'échappant peu à peu du ruban rouge, et ses genoux remontent haut lorsqu'elle enchaîne ses petits sauts. Un sourire grand, qui laisse voir jusqu'à la glotte, et les yeux pétillants. L'Alycianne serait même d'humeur à entamer une petite chansonnette d'ambiance, mais ne trouve pas les mots, l'inspiration est là, forte, puissante, en elle, mais rien ne sort. Alors on bougeotte, on effleure la robe de l'Etincelle, et l'on se retient de sauter au cou de tout le monde.
Joie à l'état pure.

Puis elle s'arrête. Quelque chose l'arrête. Un souvenir, c'est bien ça. D'un séjour en Anjou, de temps passé en la compagnie de la dame de Concèze, de paroles échangées en taverne... Etait-ce "Non, je n'épouserai pas Eusaias" ou "Je ne l'aime pas" ? Elle doute, l'Alycianne. Et de lever ses yeux clairs vers le couple.

Dis-lui oui !
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Aleanore
J’aurais voulu que tu comprennes, que tu entendes la peine, l’incapacité d’aller au de-là, au de-ça de la loi et des hommes. Et sous les caresses, plus rien n’a d’importance que le corps brisé d’une jeune femme qui n’a jamais su trouver sa véritable place si ce n’est celle où elle se trouve, mais plus rien n’est comme avant, le corps se tend, se tire à en craquer, le cœur se serre à en exploser, et sous les baisers, les lèvres tremblent d’une douleur mal contenue, comme un sceau brûlant qu’on poserait sur la chair nue. Les noisettes à demi-voilées par les cils peinent à comprendre mais le cœur comprend, et Aléanore plonge en plein cauchemar alors même que tout porte à croire que c’est un doux rêve. Et l’instant attendu depuis quatre longues années arrive, balayant tout sur son passage, piétinant un cœur déjà mis à mal, la mine se ferme, il a osé..

-« Non. »

Les mains se détachent, doucement, et sans regarder personne, elle regagne la coiffeuse dont elle extrait un vélin qu’elle dépose dans la main de Griotte.

-« Tu donneras cela à la Comtesse du Lavedan, ma Chérie. »

Et sur le vélin s’étale les mots qu’elle avait peiné à trouver malgré leur simplicité apparente.

Citation:
A une amie devant l’Eternel et devant Notre-Dame.

Il y a de cela deux ans, vous me confiâtes une jeune fille pour une durée déterminée, et j’ai eu à charge d’apprendre ce que je savais à la damoiselle de Morvilliers avant de vous la rendre. A mon tour de vous demander de prendre soin d’une jeune fille pour moi.

Griotte de Blanc-Combaz ne sait pas tout mais apprend vite. Soyez honnête avec elle comme vous l’avez toujours été avec moi et elle vous rendra au centuple tout ce que vous lui donnerez. Je gage que son caractère s’accordera bien au vôtre et je ne doute pas du parfait enseignement que vous lui offrirez en échange de quoi, elle saura être une dame de compagnie accomplie.

Eternellement votre.

AJA.


-« Tu seras parfaite ma fille parce que nous l’avons voulu ainsi et ils regretteront chacun des quolibets qu’ils ont pu proférer à l’encontre des bâtards. Toi et moi savons que nous valons mieux que certains consanguins. Rends moi fière, Griotte, deviens plus que je n’ai jamais été. »

Les bras fins viennent se refermer sur le corps de la bâtarde de l’homme qu’elle aime, à l’écraser contre elle, le cœur a ses raisons que la raison ignore, et Griotte avait su rattraper la longueur d’avance des deux autres Blanc-Combaz. Un baiser est déposé sur la joue de la Griotte avant de se tourner vers la fillette, un sourire timide vient jouer sur les lèvres de l’Etincelle.

-« J’ai toujours été jalouse tu sais ? A ton âge, je ne savais pas bien faire la révérence, et toi, mon Lapin, tu y excelles, tu seras la plus belle dame-chevalier du Royaume de France. Et si ils ne le savent pas encore tous, alors tu devras leur montrer pourquoi nous t’appelons le petit Joyau de Bourgogne, tu brilleras plus tard. »

Une énième fois, la mèche brune est recoiffée derrière l’oreille, une énième fois, elle la serre contre elle, une énième fois mais la dernière, elle l’embrasse tendrement sur le front avant de faire face à Cassian. Et la gifle part sans prévenir, cinglante, sifflante, et aussi vite que la gifle est partie, ce sont les bras qui se resserrent autour de l’Intrépide.

-« Ce n’est qu’une claque parmi tant d’autres, parmi toutes celles que la vie te mettra. Tu devras être fort pour elles, tu n’es plus mon champion, Cassian, tu deviens le leur. Sois en digne mon fils. »

Les mains se desserrent d’elle-même, et le cœur se resserre, la répartie ne tardera pas, ils ne sont plus si doux qu’au début, les enfants sont cruels et surement plus qu’elle. Mais le pire reste à venir, les noisettes se posent sur Eusaias.

-« Non, je ne peux pas t’épouser. Je suis excommuniée. »

Et les larmes viennent inonder de nouveau les joues de l’Etincelle. Excommuniée, plus aucun sacrement ne lui est autorisé, elle ne pourra plus jamais se montrer en public sans encourir le risque d’être montrée du doigt, elle ne pourra même plus aller à la messe. Les deux mains viennent s’appuyer contre lui.

-« Va-t-en Eusaias. Va-t-en, je t’en supplie. »

Un baiser est arraché et un deuxième, au goût salé des larmes vient se mêler celui de l’amère résignation. « Je t’aime, tu étais l’unique, il n’y a eu que toi. » Et tandis qu’une main s’agrippe au pourpoint, la deuxième le pousse vers la porte. Et finalement, elle s’écarte.

-« Sortez.. Redescendez .. Je vous rejoins en bas. »

Un regard est jeté à Cassian.

-« Emmène-les. Pars Cassian. »
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Cassian_darlezac
A la question de Papa, le sourire a à nouveau prit place sur le visage de l'adolescent. Il a suffit de regarder la joie qui a envahi 'Cianne pour se laisser lui même emporter. Oui il espère le gamin, il y croit elle va enfin dire oui. Elle ne peut pas, non moralement elle ne peut pas le repousser après s'être rapprocher ainsi de Papa. Alors il l'a cette envie égoïste, cette volonté que l'étincelle se trouvant au pied du mur soit dans l'incapacité de lui dire non. Mais elle est forte ta protégée, bien plus que tu ne l'as jamais été. Elle ne fuit pas, ne cède pas, et énonce le mot tant redouté.

« Non. »


Et là c'est l'incompréhension. Pourquoi ? N'as-tu pas compris qu'on te veut juste à nos côtés, sans contre parti ? Je serai même près à apprendre à danser pour que tu restes, à devenir sage, poli, distingué. Dis, veux-tu également que je fasse attention à chacun de mes accoutrements 'Nore ? Je le ferai ! Même des poèmes je peux en écrire plein, et des beaux ! Moi je trouverai ça débile, tu les trouveras merveilleux. Et jamais je ne te dirai que je trouve ça nul, promit ! Comme ça tu sauras contente. En plus tu sais quoi ? En vrai je le connais ce fichu protocole, c'est juste que j'aime bien faire le bougre d'âne... Mais pour toi je peux être la pire des chochottes, je peux deviendre ce que tu veux, mais ne part pas, s'il te plait...

Voilà ce qu'aurait pu lui crier le gamin si elle ne lui avait pas recollé une fois pour toute les pieds sur terre. Voilà ce qu'il aurait pu lui dire si la claque final ne lui avait pas fait reprendre ses esprits. Le réveil est rude d'ailleurs. Il la regarde, sans broncher, un peu honteux de s'être laisser prendre à défaut. Alors il redresse la tête fièrement, vois Aléanore, vois comme je serai fort. Si toi tu ne peux pas nous promettre de rester alors je te promets de les protéger pour que tu sois fier. La suite le gamin y est plus ou moins attentif. Excommuniée ? Si le terme lui dit en effet quelque chose il est incapable de savoir à quoi il fait référence. Quelque chose de grave surement. Mais il ne cherchera ayant déjà compris que ce serait perdu d'avance.

L'heure du départ sonne alors, sans ménagement elle leur indique la sortie. Un dernier regard qui s'accroche et hochement de tête avant que la question ne franchisse ses lèvres.

« Si un jour tu reviens, tu me le feras ce portrait avec Fléance ? J'ai parlé à Cerridween quand je serai prêt je pense qu'elle voudra bien de moi comme écuyer. Tu vois moi aussi je sais tenir mes choix. »
Pour une fois le port du morveux est altier. L'instant s'éternise avant que dans un murmure il le dise enfin : « Merci et bonne chance... maman. »

Le pensais-tu vraiment ce maman Cassian ? Peu importe n'est-ce pas ? Il est sorti, voilà tout. Peut être devait-il être énoncé afin qu'elle s'en aille en paix. Il y a des choses qui doivent être dite parce que c'est comme ça, point à la ligne. Comme lui laisser voir que ton vieux rêve ne s'est pas totalement envolé, que toi aussi tu peut être têtu. Et même si tu sais qu'elle te préfèrerait ailleurs que dans les mêlés, peut être y fonceras-tu tête baisser parce que là sera ton choix.

Ne reste plus qu'à attendre que les autres soit décidé et tu les entraîneras dehors, en leur forçant la main s'il le faut. N'est-ce pas là ses dernières volontés ?

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Alycianne
Non. Non. Non.
Il résonne dans l'oreille de la toute jeune fille. Elle reste stoïque, laisse le temps à cette réponse d'être savamment enregistrée, décortiquée, interprétée.

Elle veut comprendre, Alycianne. Elle ne connait pas la signification de l'excommunication, mais ce simple mot ne peut empêcher de séparer des personnes qui s'aiment. Seul un mot le peut, et la fillette l'a compris il y a déjà bien longtemps, et pourtant bien trop tôt : la mort. Et au fur et à mesure du temps, on se rend encore compte que ce n'est pas tout à fait exact, que rien, aucun mot ni aucune force, ne peut séparer deux personnes qui s'aiment. Car il subsiste toujours, quelque part, un jour, un souvenir, un parfum particulier, une lettre, un témoin qui rend alors vie, pour seulement un court instant peut-être, à cet amour.

Mais ce "Non" si catégorique l'arrête, la glace. Il implique que personne n'a le droit d'accompagner l'Etincelle en Italie, et ce n'est pas là quelque chose qui rebuterait la Future dame-chevalier -prête à enfourcher Mabourik et partir pour le Nouveau Monde avec seulement trois sous en poche s'il le faut-, non, mais que ce soit Aleanore qui ne veuille personne auprès d'elle, Aleanore qui refuse cette vie qu'on lui offre, Aleanore qui leur fait des adieux semble-t-il définitifs, malgré toutes les raisons qui lui sont données, étalées, étendues devant ses yeux et qui lui intiment de faire chemin arrière.
Et la fillette est cette fois-ci lucide, ne cherche pas de l'explication fantastique.

Le "Non" est clair. L'Etincelle veut rayer une partie de sa vie, qu'elle l'ait aimée ou non, là n'est pas le problème. Alycianne est certaine d'avoir été aimée, n'envisage même pas la possibilité que son amie ait pu lui mentir. Et n'imagine donc pas que la jeune femme puisse leur mentir à présent.
Il lui faut pourtant trouver une raison, l'excommunication, bien que compliqué comme mot, ne peut être seule source de tout cela.

Je veux comprendre !

Elle a envie de s'énerver, s'arcbouter contre ce "Non", contre son amie, de crier qu'elle n'est pas d'accord, et qu'elle est Petite dame de Concèze, qu'elle a voix au chapitre en ce qui concerne la Grande, de menacer de sortir sa collections d'insultes secrètes-à-ne-débiter-qu'en-situation-d'extrême-danger, de s'accrocher au bureau et d'annoncer qu'elle ne sortira pas d'ici sans liqueur de framboise, de faire ce Caprice qui lui pend au nez et qu'elle juge avoir le droit de s'accorder. Elle l'aurait fait, quelques mois plus tôt. Mais il y a depuis une histoire de Quartz brisé une certaine faiblesse qui s'est immiscée en elle durant son long séjour au couvent.
Et elle reste calme.

Son regard clair se fait de glace, tandis que la solution la plus plausible lui monte à la tête.
Aleanore est une chochotte.
Elle fuit, l'Aleanore, elle fuit le mot compliqué qui pourtant n'arrête rien, n'empêche rien, les Lapins, ça saute par dessus les mots, et Aleanore le sait bien que ça saute haut les Lapins comme Alycianne, qui en naissant avait pour futur certain celui de grosse et sale paysanne travaillant dur la terre pour nourrir sa marmaille. Que sont ces mots face à ce qui, grâce aux forces du hasard, attend maintenant la petite ?
Refuser son passé, c'est manquer de courage.
Et la gamine de ne trouver aucun droit à Aleanore de manquer de courage.

Comment toi, avec tout ce que tu as, tout ceux qui sont venus aujourd'hui pour toi, te donnes-tu le droit de partir, partir loin, en effaçant tout ceux-là ?

Egoïste. Si la môme n'a pas trouvé le mot exact, elle saurait très bien le définir, et l'appliquer à l'Étincelle.
Elle lève bien haut le menton, prend son courage, ce courage auquel elle tient tant, à deux mains, et droit dans les yeux de l'Aleanore :


- Vous comprenez un jour que il suffit d'être toute droite, de plus bouger, et de dire que ça continue, que la Peur c'est rien dans le tout, et on plonge dedans...

Moi aussi je suis une chochotte, Dieu sait que j'ai peur, tout le temps, constamment, mais j'ai le Courage !

... Alors à ce moment là seulement on se revoit.
... Alors à ce moment j'acceptera de vous regarder sans ravoir en moi tout le mal que vous me faisez là.

Elle détourne la tête. Cligne, cligne, cligne des yeux, vitesse folle, vite, vite, il ne faut pas pleurer, pas devant elle.
Et à la Petite Rouge de quitter la chambre, la première, droite comme un I, toujours très fière, soudain très adulte.

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Eusaias
Non !

Tout avait été dit. Non ! Non elle ne serait pas son épouse. Non elle ne voulait pas et la colère lui noua les tripes. Tout se passa sous ses yeux Griotte, Alycianne et Cassian, reçurent de manières différentes des dons d'Etincelle. Quant à lui, il n'y avait alors pour lui que des larmes et ce mot « Excommuniée ». Il lança une main salvatrice, comme pour la saisir, mais ce fut elle qui le toucha en premier, le repoussant.


M'en aller ? Oui si tu y tiens. Mais je t'emmène avec moi.

Ses mains se firent plus rudes en la saisissant par les coudes et d'un geste vif attira Aléanore contre lui.

Allons mon amour, je n'ai pas peur des excommuniés, je n'ai pas peur de l'église non plus. Vous serez mon épouse si vous le désirez, vous serez mon invitée si vous préférez, mais à Digoine vous serez.

Il embrassa la chevelure de la brune.

Je connais assez de prêtres pour arranger cela, suffit de modifier un papier ou deux. De toute manière le Carmélingue est une andouille de première, on ne va pas se laisser faire.

Sa main se porta à son cou et il bisa la chainette qui l'entravait afin de l'offrir à la belle.

Puis, c'est ma médaille de baptême. Prenez là, je partage ce baptême avec vous. Finissez de saluer tout le monde, je vous attends derrière la porte et je vous emmènerai à Digoine. Sechez vos larmes, on ne pleure pas chez les Blanc Combaz.
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Aleanore
Comme un verre qui tomberait par terre et qui se briserait dans un fracas épouvantable, le cœur d’Aléanore explose, la main vient se crisper sur le jabot de la robe alors même que sournoisement les mots de Cassian s’insinuent, ravageant tout sur leur passage. Elle a échoué et il le lui rappelle, il lui prouve que les promesses peuvent être tenues mais qu’elle n’y arrive pas. Le tableau .. Elle s’y était attelé et prise par sa charge d’intendante royale, elle l’avait laissé à son triste sort à l’hotel parisien. Sur la toile, un Cassian adulte caressant la tête d’un Fléance fier et beau, mais jamais plus, tu ne pourras finir ce tableau, Aléanore, pas plus que tu ne pourras voir ton intrépide devenir un homme. Fébrilement, les mains viennent essuyer les larmes qui n’en finissent plus d’entâcher sa dignité, et au prix d’un effort effroyable, un sourire ridicule vient glisser sur ses lèvres alors même que les mots s’échappent en un souffle.

-« Je suis fière de toi. »

Oui, elle les pense ces mots car sereine, elle peut voir venir la mort sans s’inquiéter de l’avenir du petit Paon, Cerridween prendra soin de lui, et il deviendra le chevalier qu’il rêvait d’être. Elle ne flanche pas quand le mot redouté est lâché car dans l’azur de l’Intrépide brille la même détermination, farouche parce que passionnée, que dans les noisettes, et à dix-huit ans, Aléanore fixe le seul enfant qui aura été véritablement et pleinement sien. Entier dans ses gestes, dans ses paroles, Son fils.

Mais déjà le temps passe et déroule son lot de désespoir, alors même qu’elle s’attend à devoir la consoler, la câliner, c’est une Alycianne glaciale qui lui fait face. Dieu que tu les as bien élevés, Aléanore, vois comme ils sont à ton image, les mots n’ont pas besoin d’être saisis pour être compris. Tu m’accuses mon Lapin, comme ta colère est justifiée et comme tu as raison de m’en vouloir ainsi, on n’apprivoise pas un lapin pour le relâcher dans la nature sans explication. Et le lapin fuit laissant dans la poitrine de l’Etincelle une plaie béante, sanglante, plus douloureuse encore parce qu’elle le comprend et s’en veut de la faire souffrir.

Et dans les bras du père, elle voit s’échapper ses enfants, le père qui n’en finit plus de la torturer et le coup de grâce est porté quand il retire sa médaille de baptême, alors le mot claque dans l’air, désespéré.


-« NON ! »

La médaille est glissée dans sa main et la main est serrée dans la sienne à en faire blanchir les jointures.

-« Tu ne comprends pas ! Garde la, ce n’est qu’un symbole Eusaias. Cela ne ramènera jamais ce qu’ils ont détruit. »

Accrochée à ses épaules, sur la pointe des pieds, elle comprend à quel point, il a toujours été trop grand pour elle. Tu visais trop haut Aléanore, rends lui sa grandeur et redescends sur terre. Alors farouchement les lèvres se scellent à celles du Balbuzard, et aux larmes de recommencer à couler, flot ininterrompu, comme un barrage qui aurait sauté, et c’est cela Aléanore, toutes les murailles que tu as dressé autour de ton cœur s’ébrèchent, et il est temps que tout s’arrête avant la crue fatale. Entrecoupés de sanglots et de baisers, les mots filent.

-« Je ne pars pas pour toujours, je reviendrai et je t’aimerai encore, à jamais. Il n’y aura que toi mon amour, mon époux jusqu’à ce que la mort nous sépare et au de-là. Bien au de-là. »

Vicieuse Aéanore, le corps frêle, les baisers, les mots doux, tout cela pour le pousser en dehors de la pièce, et soudain, les mains se détachent et Aléanore recule d’un pas, puis deux avant de récupérer les enfants par la main et de les pousser à la suite de leur père, un souffle, un regard.

-« Je vous aime mes amours. »

Et la porte se referme à clé, et un cri jaillit des lèvres blessées par la passion désespérée alors qu’elle se jette sur le lit, avant de s’y recroqueviller sur elle-même, animal blessé. Combien de minutes avant que tu ne te redresses Aléanore ? Avant que le flot de larmes se tarisse ? Combien de minutes avant que tu ne quittes ce lit ? Le temps s’est écoulé lentement et tout aussi lentement, Aléanore se glisse hors du lit pour rejoindre la coiffeuse, la robe est rajustée, la chevelure remise en place et enfin la clé tourne dans la serrure, et la tête redressée, Aléanore passe devant l’Araignée.

A-t-on vraiment conscience de la chance que l’on a ? C’est la question qui s’imprime dans l’esprit d’Aléanore quand le regard se pose sur l’assemblée qui s’étale à ses pieds. Sans un bruit, elle descend les escaliers, fend la foule, sourire aux lèvres, destiné à tous, à chacun et soudain, elle s’arrête devant Gnia, du corsage est extrait un vélin cacheté de vert.


-« Je n’ai jamais trouvé le temps d’aller le porter moi-même à la Chapelle, je vous fais confiance pour cela, Dicé. »

Et la missive scellé est déposée d’autorité dans les mains de l’artésienne, sourire complice, les lèvres retiennent les piques qui jalonnent d’ordinaire chacune de leur rencontre. Ce n’est plus l’heure. La porte d’entrée du hall est rejointe et tournant le dos au soleil, la jeune femme contemple un instant ces personnes qui se sont déplacées pour elle, ces personnes à qui elle a menti impunément, qu’elle a blessé sans jamais le vouloir. Sans prévenir, une larme s’échappe et roule le long de la joue, elle ne l’essuiera pas, ne gaspillera pas ses dernières forces alors que le pire reste à venir.

-« En vérité, je crois que vous êtes tous jaloux car c’est moi qui pars en voyage. »

L’humour n’a jamais été ton fort, Aléanore. L’Araignée la frôle et sort, discrètement, un regard est jeté en arrière, assez pour constater que le coche est avancé dans la cour. De nouveau, les noisettes se posent sur son entourage.

En silence, les mains se relèvent et viennent former le cœur devant la poitrine avant de s’envoler pour attraper les pans de la robe noire. Aléanore qui n’avait jusqu’alors ployé genou que devant les Très Grands du Royaume, de plonger dans une révérence telle que le front en touche presque le sol, la nuque est courbée humblement, dernière marque de respect et enfin, le corps se redresse et la voix, qui des années durant, s’est imprégnée des accents de la Bourgogne, de l’Anjou, retrouve les accents chantants de son Limousin chéri.


-« Je voudrais que vous gardiez de moi, cette image, celle d’une femme qui aime. Car j’aime chacun d’entre vous, pour ce qu’il m’a offert, pour ce qu’il m’a fait découvrir. Quoiqu’il puisse arriver, je veux que vous conserviez cette image-ci et aucune autre. »

Celle-ci plutôt qu’une autre, le regard parcourt l’assistance une dernière fois avant de leur tourner le dos et de sortir dans la cour. La main se lève en un dernier salut et le visage se tourne de trois quart, lueur mutine au fond des yeux.

-« L’Etincelle continuera de briller. Je vous aime et je vous embrasse. »

Et la main fine retombe pour glisser dans celle de l’Araignée qui l’aide à monter dans le coche et la porte se referme. Alors que le coche s’ébranle, l’Etincelle rencognée dans les coussins de fixer l’autre habitant du coche dissimulé par les épais rideaux. Un arc de cercle est réalisé par le véhicule conduit par l’Araignée qui quitte la cour afin de faire mine de gagner le châtelet pour finalement obliquer au dernier moment, caché par les arbres du jardin et enfin, la chapelle est visible.

La porte s’ouvre et la main est refusée. Alors que son voisin descend à son tour, les lèvres se descellent enfin.


-« C’est un beau jour pour mourir, mon père. »
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Beatritz
Aléanore qui s'incline, c'est un peu comme Béatrice qui dit « Merci » : si rare qu'on en mesure toute la puissance, quand cela arrive. La Souveraine, revenue dans la salle où il y avait toutes ces personnes qui désormais savaient le départ de la jeune femme, s'était assise, murée dans le silence, pour attendre. Elle n'était pas prête à reprendre la route, et pourtant, Aléanore ne lui avait pas proposé de séjourner au château.

La jeune Castelmaure réalisa qu'elle n'avait pas dit à Aléanore qu'elle attendait son second enfant, qu'elle était en cela affaiblie, mais qu'elle aimerait lui donner une marraine de sa trempe. C'était trop tard, désormais...

C'était désormais trop tard. L'Etincelle avait une dernière fois fait reluire sur eux ses éclats, et était partie, dans le manteau de la campagne de Nogent-le-Rotrou.

Partie.

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Bisous, bisous, gentil béa-nours !
Fitz
Tout ce temps passé dans le coche à se remémorer les derniers événements.. A décortiquer encore et toujours la raison de sa présence en cette calèche. Comment en était-il arrivé là ? Tourbillons de pensées s’entrechoquant dans sa tête, bourrasques violentes prêtes à ébranler à tout moment sa volonté dans la tâche qu’il s’apprêtait à réaliser..

Une première question s’imposait à lui, et toute réponse apportait avec elle son flot d’interrogations : pourquoi avait-il accepté de venir ici ? Pourquoi l’Aléanore avait-elle passé le plus clair de son temps à la chapelle de Nogent depuis l’annonce de sa mise à l’Index ? Pourquoi l’avoir écoutée ? Pourquoi avoir laissé sa conscience le guider sur cette pente dangereuse ? Et enfin, pourquoi ne se sentait-il pas coupable envers Rome et ses vœux prononcés ?

Des heures passées à soulager la pensée de la Dame de Concèzes.. A essuyer ses pleurs, à se taire et à écouter, sans juger. Les bancs neufs du confessionnal étaient sortis meurtris de cette expérience et ne demandaient qu’à être polis et vernis à nouveau. L’absolution dont elle avait tant besoin.

Des attelages étaient ensuite arrivés, déversant sûrement leur flot de nobles, invités pour l’occasion par la Concèzes. Des lustres plus tard, la porte aux épais rideaux s’ouvre et dévoile la silhouette de la jeune dame, silhouette qui s’assied en silence et le regard qui se fixe sur lui. Que peut-on voir dans ce regard, Aléanore ? Souffrance, tristesse, solitude ? Peut-être un mélange de ces sentiments exacerbés ? Que dire alors dans pareille situation ? Un seul être humain a-t-il déjà vécu telle expérience ? Silence.

Cahotements et arrêt définitif devant la Chapelle, lieu consacré et interdit à sa voisine en temps normal.. Mais le Fitz avait décidé de faire une exception, il n’en avait pas le pouvoir mais en avait la volonté inébranlable. L’ombre d’Aléanore ouvre à nouveau la porte, signe que le clou du spectacle arrivait à grands pas. Les pieds se posent sur le marchepied et entament lentement la descente des deux étages, retardant au plus l’arrivée sur la terre ferme. Qui allait prendre l’initiative ?

Une voix s’élève.


-« C’est un beau jour pour mourir, mon père. »

Le visage fermé se tourne vers Aléanore. Que veux-tu que je réponde, Aléanore ? A quoi te serais-je le plus utile ? As-tu seulement pensé à ce que je vivrai ensuite, au quotidien, tandis que ton Âme aura pris la fuite ? Je serai le seul à devoir supporter le fait d’avoir partagé ce moment avec toi, en as-tu seulement conscience ? Imagines-tu le poids du fardeau que tu t’apprêtes à me léguer ?

-« Il n’y a pas de bons jours pour mourir, Aléanore ! »

Sourire figé et crispé depuis la descente du coche. Ton plus sec qu’il ne le voulait. Malgré sa surdité, elle avait dû sentir la gifle dans sa voix, d’autant qu’il avait pris l’habitude d’articuler le moindre de ses mots, ne laissant aucune équivoque quant au fait qu’il ait éructé ces quelques sons. Au fond de lui, il la haïssait pour sa couardise, mais la comprenait pour l’injustice subie. Aléanore la pieuse.. Elle n’aurait même pas droit à son épitaphe en lieu consacré. Ton qui se veut adouci..

-« Seulement des jours à vivre selon son cœur et sa conscience.. Et si ton cœur te dicte ces actes..»

Il offre son bras à la Dame, sans doute la dernière marque due à son rang qu’elle recevrait. Direction la chapelle. Sa dernière requête et non des moindres : une bénédiction avant le grand départ. Un dernier péché du clerc. Son ultime présent.

Avant de poursuivre, le clerc s’arrête au milieu de la nef et fouille pour la dernière fois dans le néant des iris sombres.. Ca n’en valait pas la peine. Il le savait. Pourtant..

Veux-tu vraiment fuir, Aléanore ?

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Curé dans mon bled perdu.. Entre autres..
Aleanore
Trop d'émotions tue l'émotion, tu n'as déjà plus rien d'humaine quand les mots de l'alençonnais claquent, le corps tressaute, frisson incompréhensible, il fait si froid dans la campagne de Nogent-le-Rotrou et soudain, le soleil du Limousin de ton enfance te manque et les mots du père comme une caresse après la gifle viennent réchauffer un instant le coeur frigorifié, le bras offert est accueilli avec un sourire reconnaissant, être encore un peu la Dame aux Framboises, un instant avant la fin.

Et ils entrent dans la chapelle, cette chapelle qu'elle avait aimé pour ce qu'elle symbolisait le sommet de son ascension sociale, et plus encore quand elle l'avait recueilli lors de la chute infernale. Et lui .. Quand ils s'arrêtent au milieu de la nef, elle l'observe silencieusement. Lui, l'homme d'église, le représentant en Alençon de ceux qui l'avaient brisé, la tête se secoue imperceptiblement, l'homme de Dieu, le représentant du Très-haut sur terre, humain dans son adoration plein du Divin.

En d'autres temps, elle aurait pu rire de sa capacité à tout entendre, tout écouter venant d'une femme, mais cette fois, elle s'était contentée d'apprécier, s'était confiée. Des mots, des larmes, ballet dépourvu de toute grâce, d'un ridicule fini et pourtant, le regard de son confesseur, s'il s'était durci, n'avait fait preuve de mépris à son égard. Les lèvres retiennent la question qui la brûle depuis qu'elle le connaît, comme fait-il ? Comment fait-il pour continuer à aimer les hommes alors qu'ils sont foncièrement mauvais ? Et sans prévenir, elle sourit.


-« Je ne fuirai pas devant l'autel cette fois-ci, mon père. »

Comprends moi .. Vivrais-tu sans la foi ? La mienne a été souillé par un homme, on m'a refusé ce droit d'accès à Ses côtés, l'absolution ne m'est plus rien. Et si tu ne peux comprendre, offre moi une dernière fois l'impression d'être toujours cette petite novice qui chantait amoureusement les louanges du Très-haut, rends moi ne serait-ce qu'un peu ce qu'il m'a volé.
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Fitz
[“The dreams in which i’m dying are the best i’ve ever had”]


Tressaillement. Avait-elle un don pour trouver les mots qu’il.. ne faut pas ? Avec ce doux sourire affiché sur son visage, espérait-elle encore lui faire retrouver sa bonne humeur en ce jour morose, qui sera déclaré a posteriori jour de deuil fitzéen ? Pas d’humour dans les prunelles de la Framboise, juste l’envie d’achever ce qui avait été entamé quelques jours plus tôt dans le silence du confessionnal. Il ne répond pas, il n’en a pas la force, fuit le regard de la Concèzes et l’entraîne toujours plus loin dans la chapelle, toujours plus près de la fin, de sa fin.

L’autel est en vue à présent. Une calice s’ayant abreuvé au baptistère reposait déjà sur le napperon d’un blanc immaculé.. Ce blanc qu’il ne quittait habituellement jamais. Quels autres sacrifices avait-il concédé à Aléanore ? Les deux visiteurs silencieux du lieu consacré ont maintenant gravi l’unique marche les séparant du choix de la jeune dame. Regard en direction du parvis.. Plus moyen de reculer. ‘Assumer ses actes et aller de l’avant’, un dicton qu’il se plaisait à utiliser en modèle.

Toujours cet horrible silence. Le clerc se retourne enfin pour faire face à la Dame de Concèzes. Il abaisse sa capuche, saisit les mains d’Aléanore et serre. Aléanore, sens ce que j’éprouve en ce moment, éprouve ce que mon cœur subit depuis quelques instants, subis cet instant où ta vie va basculer. La chevelure brune encadre un visage qui lui paraît encore si innocent. La voix tremble.


-« Aléanore. J’aurais voulu savoir comment guider mes gestes pour cette bénédiction, mais je ne le puis pas. Aléanore, tu as fais ton choix et j’ai suivi le mien en mon âme et conscience. Toute ta vie durant, tu as baigné dans les croyances qui veillent encore en moi. Aléanore, tu as été trahie. Mais sois-en sûre, ma fille, nous demeurons égaux devant le Très Haut lors de notre jugement. »

Pincement au cœur lorsqu’il comprend que l’Âme de la Concèzes ne rejoindrait pas l’astre solaire. Mais inutile de le lui dire. Elle le sait déjà.. Regard qui se baisse..

-« Puisse ton Âme rejoindre un endroit meilleur qu’ici-bas.. »

Il n’a pas le courage de la regarder en face. Comment aurait-il pu ? Lui-même ne consent toujours pas entièrement à la décision qui souillera à jamais l’Âme de son enfant. Il trempe alors le bout de ses doigts tremblants dans le calice et les approche du front d’Aléanore. Des gouttes tombent éparses, le clerc ne contrôle pas son geste avec la même assurance dont il fait preuve habituellement. Enfin, une croix est tracée et la gorge est nouée. Le Père tente de croiser à nouveau les yeux de la jeune dame. Les pupilles sont dilatées. Plus bas que jamais, il prononce les quelques mots pouvant, il l’espère, délivrer la Concèzes de ses doutes..

-« Je te bénis, mon enfant.. »

N’y tenant plus, le clerc s’incline légèrement pour déposer un doux baiser sur le front humide. Les mains sont lâchées, les regards séparés, la capuche relevée. La lumière provenant du parvis l’appelait. Sa tâche était accomplie. Il ne pouvait plus rien faire. Sauf prier. Pour Aléanore.


(* Mélodie de clôture)
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Curé dans mon bled perdu.. Entre autres..
Aleanore
Pardonnez moi, mon père car j'ai péché en actes, en paroles et en pensées.. La tête s'affaisse légèrement alors qu'elle voit les lèvres de l'homme s'agiter, les gouttes d'eau viennent s'écraser à ses pieds, sur sa robe, et quand les lèvres se posent sur son front, c'est un soupir de soulagement qui s'extrait de son coeur, de son corps tout entier, un sourire de reconnaissance qui flotte sur le visage de l'Etincelle. Va en paix et qu'Il te garde mon père..

Tout finit où tout a commencé ..

Il y a des choses qui n’ont plus l’importance qu’on leur accordait avant, avant quoi ? Avant la fin, avant la fin de toute chose, il y a ce début naïf, et la réalité est toute autre, douloureuse dans tout ce qu’elle a d’intense, de tangible. Les noisettes glissent sur les murs de la chapelle, celle qui aurait du voir naître une union parfaite, et finalement, les lourdes jupes noires glissent sur le dallage tandis que l’Etincelle rejoint l’un des deux prie-dieu. Lentement, les genoux ploient et rencontrent le bois duquel on a ôté le petit coussinet de velours, implacable regard qui se perd dans les vitraux tandis que des manches sont détachés les rubans d’or et que les manches sont remontées pour laisser à l’air libre les avant-bras. Lèvres purpurines qui s’entrouvrent pour réciter le Crédo, tandis que les rubans sont noués à la pliure des avant-bras et resserrer primitivement avec les dents quand les mains sont trop maladroites. De l’escarcelle à la hanche est extraite la petite boite contenant la pâte brune, assez pour tenir une semaine si les prises sont quotidiennes, la thériaque est saisie entre deux doigts et glissée sans ménagement sous la langue, alors même que le stylet est retiré du fourreau, les doigts fins caressent un instant la pierre sanglante.

-« Confìteor Deo omnipotènti et vobis, fratres, quia peccàvi nimis cogitatiòne, verbo, òpere et omissiòne, mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa. »

Sais-tu Aléanore que la mort n’est pas une délivrance ? On ne peut échapper si facilement à l’horreur de la vie, tu fuis, la lame vient s’enfoncer dans la peau fine des poignets à découvert, tranchant sans bavure la blancheur éclatante de la chair mise à nu, comme elle, la lame s’appuie plus encore de la main droite qui n’a jamais eu sa prédilection. Encore une fois, Aléanore, tu fuis et ce sera la dernière fois, alors que les premières entailles étaient horizontales, la lame vient fendre la chaire verticalement, l’arme est lâchée, alors que la tête dodeline d’avant en arrière et que la lèvre est mordue au sang, elle n’a pas attendu assez longtemps pour que l’opium fasse son effet, trop peur de ne pas aller jusqu’au bout, alors fébrilement, la main droite se lève pour détacher le premier ruban, à tâtons, et la main gauche reste inerte tandis que le flot s’écoule de plus en plus fluide, elle a trop appuyé, les tendons sont tranchés, un rire silencieux s’échappe tandis que des dents, elle détache le deuxième nœud et que sur la peau délicate s’étale un filet écarlate. En vérité, plus rien n’a d’importance que les gouttes vermeilles qui tombent et s’étalent sur le dallage, que la tête devenue trop lourde qui s’affaisse au fur et à mesure que les idées se font confuses.

-« Plus haut.. »

La main droite s’élève tandis qu’un éclair rouge est capté par les noisettes, et déjà Aléanore part, sur les épaules de son père, sa quête ultime, il est là. Les doigts sont tendus à l’extrême pour attraper, espérer caresser l’aile flamboyante du papillon de son enfance. Les mains potelées cueillent l’éphémère au vol, sourire de victoire aux lèvres exsangues, les doigts s’écartent pour apercevoir l’intouchable, révélant les traces de poudre rubiconde sur la chair et l’insecte à la robe flamboyante de battre péniblement des ailes maintenant ternes, et du passé ou du présent, le cri désespéré jaillit tandis que le papillon dégringole des mains de l’enfante et que le sang dégouline des mains de la femme. Et tu pleures, tu pleures ma fille, ma sœur, je porte ta douleur, les larmes s’écoulent, ravageant les derniers vestiges d’une dignité oubliée, et les paupières lentement s’affaissent sur la vision de rubis tombant les uns après les autres, perles de vie, perles d’innocence, les cils retombent, voile impérieux, silencieux, accrochée à l’un d’eux, larme ultime. Et sur la vie, le regard d’Aléanore se voile, les paupières sont closes.

Il n’y aura plus jamais de lumière, plus jamais de rayon de soleil, plus jamais d’Etincelle…

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Eusaias
Et le balbuzard de regarder Aléanore faire « ses révérences ». La médaille de baptême toujours agrippée solidement par la main aux doigts longs et acérés le rapace guettait sa proie. La sauterelle reçoit une missive, quelques sourires et piques afin d’amuser encore la galerie et l’étincelle qui s’en va vers la chapelle. Le Balbuzard suivit la course du coche du regard et machinalement il se mit à le suivre également à pied. Elle le snobait, ne lui avait il pas dit qu’il l’emmènerait à Digoine !


Victor le coche !


D’un doigt inquisiteur il pointa ses enfants. Le visage était ferme et ne prêtait pas à la discussion.


Vous vous restez là ! Papa revient avec Aléan… Maman ! Tenez vous près nous rentrons tout de suite après !


Sans perdre de temps il s’agrippa sur le flanc du coche et grimpa s’installer aux côtés du conducteur. Foutre dieu, tout lui semblait compliqué ici, alors qu’en bourgogne, une deux gifles suffisaient généralement à mettre tout le monde d’accord avec soit. La médaille fut rangée dans la poche du mantel alors que la chapelle se présentait. Ce fut là, en descendant du coche que le Balbuzard entendit la complainte Aléanore. La porte du coche fut ouverte à la volée et Victoria, la maitresse de fer rejoint la banquette arrière. Le Balbuzard était encore assez croyant pour ne pas pénétrer armée dans un lieu Saint.


ALEANORE !


Elle était, avachie au sol, baignant dans du sang. Les entrailles du balbuzard se nouèrent, un haut le cœur fut réprimé avec difficulté. La vue du sang ? Non Eusaias avait livré bien trop de batailles pour craindre la vue du sang. Mais la réalité face à lui le faisait trembler, lui qui se targuait de ne trembler qu’à cause du froid. La mort qui revint comme une claque dans le visage de l’homme au faciès d’oiseau de proie. « On ne pleure pas chez les Blanc Combaz » lui avait il dit… « On ne pleure pas ». Lentement un genou est posé au sol, le tissu s’imprégnant de sang de sa promise, de son amour. La main du bourguignon qui caresse la chevelure de l’Alterac.


Dors ma belle, dors. Repose-toi, je vais tout arranger ensuite on rentre à Digoine.


La tête fut ramenée sur les genoux, la main toujours caressante parcourait le visage.


Victor ! Va me chercher le prêtre ou n’importe quel prélat… Préviens Marie je t’en prie.


Et le regard du rapace, humide mais ferme accompagna le garçon de ferme jusqu'à dehors. La tête se tourna vers le visage de l’Etincelle et vint cueillir un baiser. On ne pleure pas chez les Blanc Combaz… Mensonge et la joue qui pour la troisième fois connait la sensation de la larme.
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Eilinn_melani
Etrange dialogue qui venait de se passer entre Eilinn, Jehanne Elissa et Aléanore. Les deux jeunes filles retournèrent au grand salon ou patientaient les autres invités, Eilinn restant préoccupée par cette conversation. Elle ne comprenait pas le sens de tout ceci, et Aléanore parut une dernière fois, pour leur dire adieu. L'émotion étreignit la gorge de la jeune fille, alors que dans un dernier éclat de lumière elle disparaissait. Stupeur, interrogation, chacun s'interrogeant sur ce qui venait de se produire. Toujours silencieuse, elle serrait la main de la Goupil dans la siennes, tandis que mille conjectures naissaient dans son esprit.

Elle allait proposer à Jehanne Elissa de s'en aller, quand le valet d'Eusaias entra dans la salle, réclamant la présence d'un clerc.

Eilinn regarda autour d'elle, s'attendant peut-être à ce qu'un prélat se montre, mais dans la foule présente aucun ne lui semblait être de l'Eglise Aristotélicienne.
Elle finit par s'avancer timidement, ne sachant pas ce qui venait de se produire dans la chapelle de Nogent.


Je suis soeur cistercienne si besoin est.

Le valet lui indiqua alors de se rendre à la chapelle, ou le baron de Digoine se trouvait. Intriguée, ne connaissant que de vue le-dit baron, Eilinn fit un signe de tête à Jehanne Elissa, du genre "je reviens tout de suite", et quitta le castel pour emprunter la route menant à la chapelle Saint Jean.
A l'entrée, le noble en question. Elle ne put réprimer un sentiment instinctif de méfiance, né du profil aigu du baron.


Le bonjour, je suis Eilinn Melani, et je suis oblate cistercienne, que se passe-t-il ?

On lui avait déjà demandé de bénir une épée, mais jamais elle n'avait officié de messe ou de sacrement particulier. Elle espérait bien que sa présence serait ici toute symbolique.

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Isaure.beaumont
Elle n’avait pas insisté. A quoi bon ? Le regard était sans équivoque. Et quand Aléanore disait non, Isaure savait parfaitement qu’elle n’y pouvait plus rien. Alors, elle était partie sans un mot. Juste un sourire pour Aléanore et une idée derrière la tête.

Isaure avait toujours voulu voir l’Italie. C’était là-bas que ces aïeux étaient nés. Là-bas qu’ils avaient régnés. Alors, oui, plus que tout, elle voulait connaître l’Italie ! Et quelle belle perspective de la découvrir aux côtés de son Aléanore ? Et puis, si elle partait, elle aurait bien besoin de quelqu’un pour lui parler de la France, quelqu’un pour être sa voix. Et qui d’autre qu’elle-même pouvait jouer ce rôle ? Faire admettre cette évidence à la framboisée serait une dure affaire, il lui faudrait donc ruser. Et au lieu de rejoindre la noble foule à l’étage inférieur, la jeune Morvilliers, une fois les deux autres jeunes femmes disparues, fit demi-tour et se cacha dans une petite pièce inoccupée. Il lui suffirait d’attendre que les appartements de l’Etincelle soit vide et alors elle pourrait mener à bien cette mission.

Par la porte discrètement entrebâillée, la jeune et belle Wagner surveillait les allées-venues. Clémence d’abord, puis Cassian. Son paon. Il lui manquait, mais elle était bien trop fière pour lui pardonner. Et puis quelques longues minutes plus tard, alors que la Morvilliers commençait à vraiment s’impatienter, le groupe des Blanc Combaz ainsi qu’Aléanore prit la direction du salon où le reste des invités patientait. L’heure était venue de mettre son plan à exécution.

Et c’est prudemment que la jeune fille quitta son repaire pour rejoindre le lieu du délit. Silencieusement, elle poussa la porte et jeta un œil dans la pièce pour s’assurer qu’une domestique ne s’y trouvait pas. Si l’une d’entre elles devait être présente, elle n’aurait qu’à prétendre être là au nom d’Aléanore pour y récupérer un quelconque objet.
Mais elle n’eût pas à mentir : la pièce était merveilleusement vide. S’engouffrant en pouffant, l’ingénieuse élève de l’Etincelle se précipita vers les malles qui s’entassaient dans un coin de la chambre. Louée soit la passion d’Aléanore pour les vêtements : les malles étaient assez grosses pour contenir une petite damoiselle ! Sortant précautionneusement les merveilleuses robes, Isaure s’extasiait devant la douceur, la beauté et le raffinement des tenues. Nombreuses étaient les robes qu’elle n’avait jamais vues sur l’Alterac. Toutes plus belles les unes que les autres. Il fallut cependant hâter ses gestes. Le temps pressait et il lui fallait trouver une bonne cache pour que personne ne s’aperçoive que les robes étaient hors de la malle. Soulevant les lourdes couvertures et déplaçant les gros oreillers, la damoiselle commença à y étaler les vêtements avec douceur. Une fois la chose faite, il ne lui restait plus qu’à tirer les draps, remettre les couvertures et repositionner les oreillers.

Elle arrivait enfin au bout. Bientôt elle aussi serait à Florence ! Il ne lui restait plus qu’à s’installer confortablement dans ce grand coffre qui lui offrait sa protection pour le plus merveilleux des voyages. S’y glissant le sourire aux lèvres, Isaure rêvait déjà de la belle Firenze, de son pont Vecchio aux nombreux bijoux et de sa Basilique Santa Maria del Fiore. Ah Florence !

Isaure pouvait bénir le Très-Haut de lui avoir donné une petite taille. Avant de fermer le coffre, la jeune fille avait retiré sa cape et s’en était servi pour offrir à sa tête un plus grand confort. Légèrement recroquevillée, elle attendait que le voyage commençât.

Florence, nous voilà…

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