Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Ich bin ta mère*... en Poitou

Brygh_ailean
* Je suis ta mère. Ce récit est ouvert à tous ceux qui veulent y participer dans la mesure où ils respectent la cohérence de l'histoire. Merci à tous et bon jeu.


Elle avait tourné, viré toute la matinée. Sans résultat. Pas une seule auberge pour y passer la nuit dans tout Saintes. Bryn maugréait ferme, sous une apparence d'impassibilité. Certes, elle avait l'habitude des repas à la cloche de bois et des nuits à la belle étoile, mais elle aspirait cette nuit à bien autre chose et elle ne se décourageait pas encore de le trouver. Elle était désormais presque sortie de la ville, en direction de la forêt.

- J'avions mal au pied, ma'me Bryn.
- Je sais bien, Gageon…
Une autre jérémiade de sa cantinière et c'est sûr, elle exploserait.

- C'est encore loin avant qu'on s'arrête, m'ame Bryn ?
- Nous nous arrêterons une fois que nous serons arrivés, Jehan.
Une autre question de son apprenti et c'est sûr, elle exploserait.

- Ouh, qu'elle est vilaine, c'te là… Pis qu'elle est vieille !
Attirée par l'exclamation de la Gageon, Bryn se tourna vers l'objet de remarques, toujours amusantes, de la part de la vieille berrichonne qui n'avait plus rien d'une rosière non plus.
- Plutôt que de moquer cette brave femme, approchons-nous plutôt pour nous renseigner, la mère…
Apostrophant l'autochtone.
- Le bon jorn, doña.
- Bé le bunjhor, grandessime.


Bryn sourit. Même ici, elle serait "la grande", cela valait-il la peine de voyager ?

- Dites-moi, donc, la mère… Savez-vous où je pourrais trouver une chambre à louer ?
- Deux m'ame Bryn, deux… Comptez point que je partage ma chambrée avec vous et tous les hommes de vot' suite.

- Tss… Gageon, cessez de me faire passer pour dévergondée. Ces messieurs ont décidé de dormir à la belle étoile… Nous n'allons pas contrarier cette volonté virile, tout de même ?


Voilà ! La grande lui a encore cloué le bec en parlant avec des mots qu'elle n'est pas sûre de comprendre. La Gageon se renfrogna, pesta et maugréa. Tout ça à la fois, et oui…

- Ah nan, mais moi je n'ai rien décidé, hein…
- Jehan tu accompagneras messer Piero et te souciera des chevaux. Je ne te nourris pas à te prélasser !
- Han… C'pas juste… C'vraiment trop injuste.

Pendant ce temps l'indigène décatie semblait réfléchir et se tâter. Bryn en profita pour enfoncer le clou. Pas dans la vieille non plus, ce n'était pas une tueuse en série, m'enfin ! Encore que… Il ne fallait pas qu'elle explose, c'est tout.
- Je paierais grassement la mère…
Cela sembla suffisant.
- Y'auriont bé la d'meure de la Toinette qu'a cassé sa pipe en courant le drôle, saprée vésse ! J'y tiens la maisonnée en ordre, juste pour quand qu'ces enfants viendront chercher son bien… mais j'pourrions vous y loger, contre quequ'pièces.
- Je vous offre 5 écus pour la nuit et 5 autres pour le bois…
La vieille sembla rajeunie de la moitié de sa vie et offrait à ses interlocuteurs un sourire qui en dit long sur sa pratique des barbiers.
- Je vous y menions sur l'heure, mais vous savez mes pov' os…
- Et si nous vous chargions sur la charrette ?

- Z'êtes trop agralante, vot' segnourajhe.

Bryn reprit les rênes pour mener les bêtes à la traine en se demandant quelle seigneurie en effet aurait l'amabilité de laisser place à une gueuse édentée pour continuer à pied. Mais le terme était plaisant et avait de quoi l'amuser. Et c'est ainsi qu'elle poursuivit son chemin, entre les jérémiades de Gageon qui notons-le, avait profité de la situation pour s'installer près de la vieille, et de Jehan, qui avait forcément une partie du poids du monde à porter sur ses frêles épaules.

Quelques perches plus loin, le convoi s'enfonca légèrement sous le couvert des arbres pour ne mieux ressortir sur la cabane d'un charbonnier. Quelques arpents encore, et c'est une fermette qui apparut.

- C'tions cheu me, dit la vieille avec fierté. Bien que sobre, le lieu était bien entretenu et la grande hocha la tête vers l'ancienne en signe de respect. Puis de nouveau les arbres et enfin une masure, minuscule, qui rappela à Bryn celle qu'elle occupait lorsqu'elle était arrivée à Sarlat.

- Voilà… La manse à la Toinette.
- C'est trop p'tit.
- Gageon, silence. Merci la mère, si vous pouviez nous ouvrir, nous saurons nous satisfaire pleinement de votre hospitalité.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Les os de la vieille étaient bien plus solides dans la perspective du pécule qui l'attendait. Elle ouvrit la porte de la masure : confort rustique, un lit clos (ouais, là Bryn se sent mal parce que faire rentrer une carcasse de six pieds dans un lit clos, c'est pas gagné…), une table et quelques tabourets. Une cheminée à très large foyer et sa crémaillère toute instrumentée.

- C'est très bien.

Avisant par ailleurs dans un coin, un baquet à lessive et deux seaux cerclés, Bryn se retint de s'exclamer : Parfait ! Elle allait pouvoir mettre à exécution ses desseins.

- J'sentions plus mon gros artou, ma'me Bryn. J'voudrions bien trouver un onguent…
- Vous marcheriez, Gageon, au lieu de vous faire porter ! Vous sentiriez vos doigts de pied, croyez-moi !

- Facile à dire pour vous, ma'me Bryn. Vous êtes à cheval…
- Gagne-le ton cheval, Jehan… et alors nous en reparlerons. Je vais allumer le feu pendant que tu détaches mes fontes… Et vous Gageon, puisez de l'eau pour qu'on la fasse chauffer. Vous nettoierez vos pieds dans mon eau avant d'y apposer quelques baumes… Je vous prêterais ma brique de savon…
- Point ! Si j'lavions mes pieds, j'risquons d'en attraper un mal…
- Vous laverez et nous vous trouverons un onguent plus tard, saprebleu !


La cantinière regarda ses pieds, se disant qu'il fallait bien que la grande vienne de chez les sauvages pour avoir des idées aussi ridicules sur le pouvoir de l'eau. L'idée même de retirer sa camisole pour se laver ne relevait pas de bonnes pratiques aristotéliciennes, aux yeux de la vieille berrichonne.

L'apprenti en profita pour reprendre :
- J'ai faim !

Regard courroucé de la grande.

- Alors dépêche-toi et file en ville chercher messer Piero ! Vous aurez largement de quoi installer votre campement dans cette clairière !
Petit sourire moqueur en pensant au matelas trop petit certes, mais douillet qui l'attendait. Signe d'impatience franc lorsqu'elle vit son apprenti renâcler avant d'obéïr.
- Mais dépêche-toi, foutre dieu !

Décidement, ce voyage prenait des couleurs nouvelles à chaque heure du jour. N'était-ce pas là le propre du destin ? Glissant quelques pièces dans le creux de la main de leur nouvelle voisine, elle la remercia vivement en lui intimant courtoisement la sortie. Profiter de quelques minutes de parfait silence sans jérémiade ni question, cela avait aussi du bon.
_________________
Thrandhuil


A quelques lieues de là, à l'orée de la forêt de Saintes


Ils avaient chevauché toute la nuit, pour rejoindre la Grande qui était partie un jour plus tôt. L'homme en soutane avait eu beau s'accrocher, il avait manqué tomber bien des fois, et c'est fourbu qu'il se laissa tomber à bas de la monture, quand le chef de file le libéra d'un:
Ca y est, Padre, c'est tout pour aujourd'hui. Bienvenu en forêt de Saintes!

Bon Dieu, il avait enfin quitté le Périgord!

Pas trop tôt! Ca fait plus de deux mois que je devrais être là.

Bon, on boit un coup, et on roupille quelques heures! Après, faudra retrouver la gru, euh, la Grande.


Il déplopa sa fiole d'AdS et remplit les trois gobelets de bois sortis comme par miracle de sa soutane.

Kika, Virback, on trinque ...mmm... à la Liberté, ça vous va?
_________________
curé de Marseille
--Gageon


Un seau ça va ; trois seaux, bonjour, les dégâts. A quelques siècles près, c'est ainsi que se résume l'état d'esprit de Victorine à cet instant. Voilà déjà trois seaux qu'elle puise pour le chaudron, tandis que sa maitresse s'est contentée de s'occuper du feu.

Et maintenant Madame a jeté ses vêtements près de l'entrée et déambule en camisole dans la masure, à machouiller une plume en tenant un vélin.

- M'ame Bryn, vous devrions point vous dévêtir en plein jour, c'est point des façons. Suffirait que quelqu'un passe…

Evidemment, pour toute réponse elle a eu le droit à un grognement et un haussement d'épaules avec un geste de la main en direction de l'épée.

- C'est ça, ma'me Bryn, faites pas comme si vous aviez rien dans c'tétio… Vous savions c'que je veux dire…

Mieux vaut ressortir puiser un quatrième saut avant de perdre son sang froid. Ah, si la grande avait été sa fille, ça s'rait pas passé comme ça. Déjà s'rait r'mariée depuis longtemps, passque veuve si jeune, c'est pas aristotélicien que de point s'remarier… Pis qu'elle varderait pas comme ça, avec rin sur eul pio, ça non… et s'approprir sans sa camisole… Mon Dieu ! Victorine soupire : si la grande avait été sa fille, elle ne serait sûrement pas futée comme elle est et Victorine n'aurait jamais eu l'occasion de voir du pays comme elles ont vu ensemble. En fait, elle aurait bien aimé avoir une fille comme elle, même en camisole au milieu du jour… Elle revient néanmoins à la charge lorsqu'elle trouve la grande accoudée à la table en train d'écrire, dévoilant son derrière.

- M'ame Bryn ! Ca suffit ! Z'allez arrêter de vous trémousser comme une carriole qui bassicote ! Pis r'dressez vous, par Ste Hélène ! Si c'étions pas moi qu'étions rentré mais c'barbouillaud de Jehan... ou bien le joli messer, ou pire encore... c'te drôle de curé licheur et ses deux petouillons !

Le coup de colère semble avoir fait son effet car elle entend du mouvement derrière elle tandis qu'elle verse l'eau dans la lessiveuse de bois et tâte du bout du doigt si ce n'est pas trop chaud.

L'eau est prête, ma'me Bryn… Je file à la rivière pour lavocher votre tournure…

Heureusement qu'elle se relève avant de se retourner car devant ses yeux vole soudain une camisole tandis que la grande s'approche du baquet dans son habit de naissance. Dernier soupir découragé :

- Ma'me Bryn…
Pierobero
Piero en avait assez des jérémiades de Jehan. Certes l'homme était poli mais Piero n'appréciait guère les hommes ne se comportant pas en tant que tels. Et pour tout avouer, il ne se souciait guère de lui, il pensait sans arrêt à sa divine maitresse. Des images défilaient inlassablement devant ses yeux. Quelle délicieuse soirée tavernale il avait passé.
Il se sentait désormais idiot de rester ici, il avait voulu comme à son habitude l'a taquiner et par esprit de contradiction avait préféré bivouaquer à l'extérieur de la ville dans la forêt de Saintes.
Il regarda Jehan et lui dit de se préparer. Il râla de plus belle, croyant qu'une nouvelle marche l'attendait mais au fur et à mesure qu'ils avançaient, un sourire grandissait sur la face de Jehan. Il comprit que Pierobero s'était résigné, il allait retrouvé sa maitresse et sa commère préféré: Gageon.
Ils étaient presque arrivé quand ils virent Gageon des vêtements à la main, il était certain que c'était ceux de Bryn.
Piero les reconnut immédiatement à force d'avoir contemplé la personne les possédant. Il avisa Jehan d'aller donner de l'aide à Gageon arguant qu'il n'était pas sérieux de laisser une femme de cette âge tout faire.
Dans les faits, Piero n'en avait cure et se dépécha de rejoindre la modeste chaumière qu'avait loué Bryn pour proposer à cette dernière une petite marche avant que la nuit ne tombe. Il avait déniché une clairière d'où ils pourraient contempler le coucher de soleil.
Il passa la tête dans la chaumière et vu la plus belle des créature de dos se prélassant dans son bain. Piero se demanda comment elle pouvait y trouver son bonheur, une bonne rivière délicieusement fraiche voilà ce qu'il affectionnait tant. Mais qu'importe, il ne venait pas là pour ça. Il s'approcha à pas de loups et lui susurra à l'oreille.


Un coup de main pour le dos?
_________________
Sénéchal du Périgord Angoumois
Brygh_ailean
Un sursaut léger qu'elle masqua d'un clapotis tout aussi discret. Incroyable ! Ce beau diable avait donc renoncé à passer la nuit dehors, elle avait gagné. Mais il n'était pas question de fêter trop vite la victoire. Sans se retourner et d'un ton volontairement provocateur :

- Diantre, messer le preux dormeur des bois, vous êtes parvenu à vous faufiler jusqu'ici ?

Elle se demanda un instant ce qu'il était advenu de Jehan et pria Christo, Aristote, Hélène et une tripotée d'autres apôtres et saints qu'il ne déboulat pas sur l'instant.

- Ne trouvez-vous pas l'ambiance étouffante ? Ne risque-t-elle pas de vous amollir ?

L'allusion était perfide mais c'était un juste retour des choses : c'est le reproche qu'il lui fît quand elle souhaitait trouver masure pour s'héberger. Elle plia les genoux légèrement pour humidifier son linge dans le baquet prendre son pain de savon qui exhalait le capiteux parfum de chèvrefeuille puis se redressa en remontant lentement le linge sur ses jambes infiniment longues.

- La douce chaleur de cette eau, ce n'est point pour vous qui préférez la vivifiance d'une eau glacée au petit matin, n'est-ce pas ?

Lui tendant le pain de savon par-dessus l'épaule en inclinant la tête pour lui offrir sa nuque.

Et ces effluves ne valent certainement pas celle des herbes d'eau qu'on trouve dans nos rivières ?

Elle se retournait maintenant pour capituler jugeant elle-même avoir abusé de son pouvoir à cet instant. Ou ne fût-ce pour l'envoûter davantage en lui dévoilant son plus bel atout ? Elle n'eut pas le temps d'y penser qu'elle sursauta vraiment cette fois en voyant la porte s'ouvrir à la volée.

- M'ame Bryn, débarrassez-moi de cte barbouillot de malheur qui arcande dans mes jambes... Ma'me Bryn, qu'est ce qu'y fait là çui-ci ?

La grande se sentit rougir jusqu'à la racine des cheveux, respira à fond pour retrouver sa contenance, et plongea ses yeux dans ceux de son "garde du corps" pour conserver la magie du moment malgré cette intrusion.

- Gageon, mille excuses ! En universitaires que nous sommes, messer Piero et moi avons décidé de nous lancer dans quelques études comparatives du pouvoir du feu, de l'eau et de l'air... C'est de l'alchimie des corps... vous ne pouvez pas comprendre.

- Han... et c'est-y pour ça que vous étions toute nue ?

- Certes, certes... à défaut de quelques sujets d'étude, je dois me sacrifier à la métaphysique !

Ragaillardie par un nouvel aplomb, elle poursuivit.

D'ailleurs, à ce propos, Gageon, je pense que nous étudierons fort tard... Ne pourriez-vous plumer quelques poules et nous les accommoder dehors ? L'alchimie donne faim...

La porte se referma tout aussi brusquement sur un chapelet de jurons qu'elle entendrait certainement demain, et le lendemain et le surlendemain. Mais elle n'en avait rien à faire du tout. Seule l'alchimie particulière de cette soirée lui importait. Posant ses mains délicatement sur les larges épaules de Pierobero, elle lui glissa à son tour à l'oreille.

Vous aviez dit "le dos" ?

Puis faussement confuse.

Mais regardez ! Je vous asperge.... Ne devriez-vous pas quitter ce mantel et cette chemise avant qu'ils ne soient détrempés ?

Rien ne devrait plus les perturber désormais, à moins qu'un prêtre ne déboule sans crier gare. Au quel cas, elle était décidé. Il faudrait compter un prêtre de moins sur la Terre !
_________________
Pierobero
La grande le taquinait comme elle savait si bien le faire. Comment pouvait il savoir les bienfaits d'un bain chaud lui qui avait toujours pris des bains glacés ou à défauts des rapides toilettes à l'aide d'une bassine d'eau. Ce qui était certain c'est qu'il appréciait infiniment les douces effluves émanant de Bryn qui lui chatouillait quelque peu ses narines.
Et la grande n'avait pas l'air de déprécier l'eau chaude. Bien au contraire, elle prenait son pied...
Piero vit la Belle se retourner et ne put détacher les yeux. Il dû le faire bien involontairement car elle sursauta. Il venait au même instant de sentir une présence dans son dos. Il se retourna et fut aussi décontenancée que la maitresse. Mais il fut surpris de voir la spontanéité avec laquelle Bryn se ressaisit. Encore un talent caché...
La vieille Gageon bien que naive, sortit "sans soucis" feignant l'ignorance.
Piero se ressaisit et redonna toute son attention à son interlocutrice.
Elle posa doucement ses mains sur ses épaules, pour réponse il lui sourit.


Le dos? Pierobero fut géné mais se reprit rapidement.
Hum, c'est comme il vous siera. Je ne suis que votre humble serviteur, garde de votre corps.

La Belle commença à l'innonder littéralement le torse et le visage.
Il fit mine d'être un brin véxé et se dirigea vers la porte...
Afin de se saisir d'une lourde barre de bois qu'il fixe sur la porte afin de la bloquer. Rien ne devrait plus les perturber désormais, à moins qu'un bélier ne défonce la porte sans crier gare. Au quel cas, il était décidé. Il faudrait compter des porteurs de béliers de moins sur la Terre !
Il retourna prêt du baquet, retira son mantel et sa chemise.


Il est vrai que comme vous l'avez dit, l'ambiance est étouffante dit il un sourire coquin aux lèvres.
La ballade en forêt initiallement prévu était loin dans sa tête désormais.
Il ne souhaitait que savourer ce moment.

_________________
Sénéchal du Périgord Angoumois
Brygh_ailean
Qui aurait pu dire à l'avance que Bryn n'avait raconté que la vérité de cette soirée à la mère Gageon ? Certainement pas elle, ou du moins, pas au début.

Et pourtant au cours de cette nuit, elle apprit et expérimenta davantage qu'elle ne le pensait, remettant en cause une à une les matières qu'elle croyait maîtriser —
Connaissances militaires de base : Oubliez tout ce que vous croyez savoir.
Tactique de base : Se mettre à découvert par rapport à l'adversaire n'est pas nécessairement dangereux. Cela peut l'inciter à se mettre à découvert lui-même...
Stratégie de base : Lorsque l'adversaire a déjà largement pénétré vos flans, il n'est pas déshonorant de capituler. C'est même fort agréable de le sentir anéantir une à une toutes vos défenses...
Stratégie avancée : N'hésitez pas à le laisser reprendre des forces au petit matin car la contre-attaque est souvent encore meilleure que le premier assaut.

C'est ainsi alanguie par la plus douce des batailles, qu'elle se leva et se prépara à lever le camp, sans un pincement au cœur lorsqu'il fallut jeter un dernier regard à la petite manse qui avait abrité cette si singulière étude de la nature, comme elle n'en trouverait certainement jamais sur les bancs d'aucune université.

Le convoi reprit donc la route, la grande chevauchant en tête comme elle en avait pris l'habitude avec son compagnon depuis fort longtemps. Aujourd'hui cependant, l'impression n'était pas la même. S'agissait-il d'attirer encore et encore son regard pour ne pas mettre fin au lien qu'ils avaient tissés ? Elle montait avec grâce, faisait appel à tout son savoir équestre pour mettre en valeur la cambrure de son dos, le port altier de sa tête.


C'est-y pas malheureux de voir ça ? Une vraie gamine... Pfff....

Faisant fi des sarcasmes provenant du convoi — enfin plus précisément de Gageon, on s'en serait douté —, elle poursuit ainsi la route, accélérant l'allure au rythme de ses soupirs et de ses sourires aux anges.

Et tout à coup, la Tour de la Lanterne lui apparut dans la brume vespérale du couchant maritime. Arrêtant sa monture un instant :


C'est magnifique ! C'est même divin !

Dès que le mot eut passé la frontière de ses lèvres, 'elle réalisa l'énormité de sa conduite.

- Foutredieu, nous avons oublié le curé et ses deux escortes à Saintes !

Elle se tourna vers ses compagnons de route simplement pour s'entendre rétorqué :

- Bah, v'la c'qu'y arrive quand qu'on a l'esprit ailleurs que dans sa tête... Faut pas chercher !

Oscillant entre éclater de rire et tancer la méchante, jalouse peut-être, Bryn préféra interroger la seule personne dont l'avis lui importait alors.

Que faisons-nous ? Aimeriez-vous camper sur une plage ?
_________________
Pierobero
Piero avait passé une délicieuse nuit, bien loin de toutes celles qu'il avait passé depuis très longtemps. Il était fort possible qu'elle soit la plus belle.
Ils étaient désormais en chemin, elle en tête et lui à quelques enjambées derrière elle. Il la regardait aussi souvent que possible se lissant machinalement sa moustache naissante afin de se donner de la contenance. Il essayait tant bien que mal de se rappeller le rôle de sa présence et jetait des regards aux alentours pour vérifier que la voie était libre. Maintenant qu'il avait retrouvé un certain goût et une raison de vivre, il ne souhaitait point qu'arrive un accident à sa source de jouvence.
Soudainement, la grande eu une révélation, elle se rendit compte de l'abscence du curé et de sa troupe. Piero n'avait guère oublier, seulement il souhaitait égoïstement être seul à partagé la compagnie de Byn.
En omettant les remarques incessantes et les plaintes des deux valets, Piero goûtait pleinement à cette tranquilité. Cette sensation d'avoir fait le bon choix, c'est son coeur qui l'avait ammené à escorter Bryn mais c'est également son coeur qui avait trahit ses sentiments en taverne. Très certainement, qu'il était aveugle de ses sentiments qui existaient bien avant cette soirée en taverne.
Enfin, ils arrivèrent dans une crique où une petite plage était balayé par le vent et les rouleaux des vagues. Cela faisait plus d'un an que Piero n'avait plus vu cette mer. Une mer se déroulant jusqu'à l'horizon. Que pouvait il bien se trouver de l'autre côté? Les enfers, le néant?
Cela le fit frissoner et il tourna les yeux vers quelque chose ou plutôt quelqu'un de bien réel et d'attractif. Elle croisa son regard et lui demanda ce qu'il pensait de camper sur la plage. Il adorait l'idée.


Bien sûr! J'en serais très ravie.

Il sauta avec agilité de sa monture et rejoignit Bryn pour l'aider à descendre bien qu'elle susse parfaitement le faire d'elle même.

Allez donc vous dégourdire les chambres et visiter les environs, je vais de mon côté m'occuper des chevaux.

C'était une chose qu'il affectionnait particulièrement depuis sont entrée à la caserne, il se saisit donc des deux montures noires et les débarassa de tout leur attirail. Il s'occupa, de les brosser, récurer et fini en leur flattant l'encolure chacun leur tour.
Puis il apporta tout le barda au campement de fortune où Gageon s'appretait déjà. Il monta les tentes, déballa les affaires et il tomba sur l'épée et le bouclier de Bryn. Une panique le parcourut, il l'avait laissé partir sans armes, sans personnes! Quelle piêtre garde du corps, il faisait.
Il s'agitait dans tous les sens, répétant son nom à voix haute croyant qu'elle réapparaitrait comme par magie. Soudain, une main s'accrocha à son épaule. Une main flétrie mais encore pleine de vigueur qui le forca à pivoter et à se tourner vers la mer. Il aperçut alors, la source de ses inquiétudes. Nu pied dans les vagues, les cheveux aux vents. Il la contempla, elle était tellement innoncente comme celà. On aurait dit une petite fille.
Pierobero quitta son mantel et ses bottes et l'a rejoignit prestement. Il posa ses mains sur sa taille délicatement et vissa son menton sur son épaule gauche. Il ferma les yeux et sentit les battements de son coeur qui battait la chamade. Il rouvrit les yeux et lui pris sa main qu'il baisa tendrement.


Vos mains sont gelés, nous ferions mieux d'aller nous réchauffer près du feu. Je ne voudrais pas que vous attrapiez quelque chose dit il plein de tendresse dans la voix.
_________________
Sénéchal du Périgord Angoumois
Brygh_ailean
« Allez donc vous dégourdir les jambes et visiter les environs, je vais de mon côté m'occuper des chevaux. »

Sa poitrine se souleva avec le sentiment d'exploser. Il lui offrait sans le savoir ce qu'elle avait de plus cher, qui lui avait tant manqué : les reflux de cet eau grisâtre naissant du ciel pour mourir à ses pieds.

Elle s'approcha, mais le contact à travers les bottes ne lui suffisait pas... Elle les défit en un tour de main — enfin, en deux coups de talons plus exactement. Elle risquait de mouiller le bas de sa houppelande, qui alourdie, l'empêcherait de se mouvoir à son gré. Elle défit le lacet aussi rapidement et le lourd vêtement vint rejoindre les bottes.

Bryn s'élança vers l'eau, sans retenue, seulement heureuse de sentir l'océan lui caresser les orteils affectueusement. Elle regarda l'horizon et cette ligne imperceptible entre l'azur et l'eau, marchant sans vraiment de direction, sautant par dessus les trous d'eau et les petits crustacés, ramassant ici et là un galet arrondi par les vagues en se demandant d'où il provenait. Le bas de son jupon était déjà tout humide que cela ne lui suffisait pas...

Là-bas derrière cette ligne fine, il y avait la pointe de Bretagne, la Cornouailles, l'Irlande, puis Mull, la terre de ses ancêtres... et puis plus loin encore, Hoy, son île. Elle respira à pleins poumons les embruns espérant que de l'autre côté, il existait encore quelqu'un pour se souvenir qu'elle avait été des leurs. Ses cheveux détachés lui fouettaient le visage et malgré sa mélancolie, elle n'était pas triste, au contraire. L'espoir venait de renaître dans son cœur et dans son ventre. Una serait bientôt près d'elle, et elle avait désormais Pier...

...qui justement s'égosillait à l'appeler visiblement inquiet.


oh mon dieu...

En quelques foulées elle était près de lui, à son tour inquiète de savoir ce qu'il allait penser de sa tenue. Mais ses gestes de tendresse eurent tôt fait de la rassurer. Que ne pouvait-elle rester à l'abri de ses bras puissants jusqu'à la fin des mondes ? Lorsqu'il ajouta :

« Vos mains sont gelés, nous ferions mieux d'aller nous réchauffer près du feu. Je ne voudrais pas que vous attrapiez quelque chose ».

Elle esquissa un sourire, reflet de son bonheur naissant :

C'est trop tard, mon ami. Je souffre déjà d'une langueur dont vous êtes la cause. Et je ne connais meilleur remède que vos baisers.

Elle le suivit néanmoins jusqu'au feu, glissant ses mains autour de sa taille pour sentir la chaleur de sa peau, la plus douce des morsures lui saisissant le cœur à cet instant.
_________________
Thrandhuil


l'a point bougé, l'curé. Forêt de Saintes, donc...


Etait-ce par nostalgie, ou par grand soif? Toujours est-il que la Sardine aidant, quelques fioles furent vidées, et la petite sieste qui suivit vit le curé dormir pendant des heures... et ce n'est que le soir qu'il s'éveilla.

Le feu était couvert, mais ses deux compagnons avait pourvu à son possible réveil (du curé? du feu?) et des branchages secs étaient posés à coté. Ainsi qu'un Garenne, vidé.

Cependant, nul trace des deux frères. Le curé ne s'en inquiéta point.
Encore à courir la gueuse...

Il ranima donc le feu, et mis de l'eau à chauffer. Puis il partit vadrouiller dans la forêt, cherchant de quoi agrémenter le gibier.

pfff, la Provence est loin. Tiens, de la sauge. Mais pas moyen de trouver du romarin ici! Heureusement que j'en ai quelques branches, séchées...

Il ramena aussi quelques patates douces, et trois carottes piquées dans un champ non loin.
Bah, ça compensera ce qu'ils ne donnent pas à la messe, où d'ailleurs ils ne vont pas!

Il déballa avec soin la Truffe qu'il avait trouvé à Périgueux. Celle-là même qui lui avait vallu d'être séparé de Bryn...

Damned! Bryn! Faut qu'on la retrouve! Dieu sait ce qu'il a pu lui arriver!!
Enfin, c'est une grande fille... hum, tudieu, oui!, hum... et puis elle est avec un solide gaillard, un soldat, donc un homme d'honneur, qui saura veiller à sauvegarder sa Vertu des coquins et des mauvais garçons!


Le ragoût de lapin fleurait bon; la truffe avait été découpée en fine lamelle, mélangée au coeur et au foie hachés menus, avec un peu de mie de pain trempée dans du lait et du persil sauvage. Il avait préféré séparer les cèpes de Bordeaux (3 beaux spécimens, trouvés au pied du chêne au milieu des fougères) et les laisser en accompagnement, afin que sa farce mette au mieux en valeur le goût de la truffe...

Ne doutant pas de la prochaine arrivée de son escorte, il chantonnait pendant que le lapin mijotait, une chanson du cru.


C'est l'histoire d'un pauvre gars
Courant la gueuse dans les balluches.
Quand t'as toute la semaine dans le baba,
Tu peux bien rêver d'une greluche.
Chevauchant sa rose ponette
Sur les chemins du samedi soir
Il dérapa sur ses roupettes
En entendant ce cri bizoire.

Les filles de La Rochelle
Ont attrapé le scorbut.
Mignons, finie la bagatelle.
La charentaise ne répond plus... Oh gué !

Le pauv' gars stoppa son bourin
En se croyant halluciné
Puis il tendit ses esgourdins
Espérant bien s'être trompé.
Oui mais, tout soudain derrière lui,
Il entendit ce cri fatal
Qui semblait déchirer la nuit
De toute son horreur sidérale.

Les filles de La Rochelle
Ont attrapé le scorbut.
Mignons, finie la bagatelle.
La charentaise ne répond plus... Oh gué !

_________________
curé de Marseille
--Gageon


Ils avaient poursuivi la route laissant derrière eux La Rochelle et l'océan pour bifurquer vers Niort. Victorine, en bonne terrienne, se réjouissait de quitter cet air chargé d'iode, de sel et d'odeurs bien trop fortes. Assise dans la carriole au côté du jeune Jehan, elle était restée très silencieuse jusqu'à ce qu'ils arrivent en vue de la Sèvre où sa maîtresse proposa un bivouac, en contre flan de la forteresse.

Installant le campement comme à son habitude, la vieille était néanmoins ravagée par la curiosité.

- Jehan, mon minot, viens donc par-là…

L'apprenti obtempéra sans rechigner. Après tout, il n'avait pas vraiment mieux à faire.

- Tu sais ce qu'elle a, la maîtresse ? Elle est bizarre depuis l'église de La Rochelle.
Le gamin haussa les épaules.
- Han… Non, j'ai pas remarqué. Mais elle s'est remise à écrire et à lire, là, c'est pas bon signe.
- Ouais, c'est ben c'que j'me disais, pis elle a p'us ce sourire beniaud qu'elle a depuis Saintes… Y'a un truc qui tourne pas rond, j'te dis. T'as pas parlé de sa visite en ville ?

Les deux compères observaient la brune escote.

- Nan, m'a rien dit. D'façons me dis jamais rien, sauf "Qu'est-ce que tu bouines, Jehan ?" ou "Sors de là, Jehan !"
- Oui, enfin, l'a pas vraiment tort non plus, la maitresse…
- …


Ils avaient tout deux oublié le feu à démarrer, les tentes de fortune à installer, le repas à préparer. Ils restaient comme deux âmes en peine, hypnotisés par la plume de la Bryn qui noircissait du parchemin.
Brygh_ailean
La grande était en effet concentré sur son ouvrage. Elle avait manqué à sa parole et pris du retard sur l'une de ses deux missions. Se fustigeant elle-même de son comportement frivole, elle avait donc décidé de combler le manque. Avisant la carte sommaire du marais poitevin que lui avait préparé Mari, reprenant la plume pour écrire, puis la carte, puis la plume, elle était arrivée à combler en une bonne heure tous ces manquements.

- Gageon ! Jehan !

Les deux marauds sursautèrent en cœur.
- Ayé, ç'va être notre fête !
- Passez devant, m'ame Victorine, c'est vous qu'elle a appelé en premier !
- Toujours aussi couragereux, toi.


Une fois qu'ils furent devant elle, Bryn entama ses explications.
- Gageon, demain nous vous trouverons une auberge. Voici une lettre pour le père Thrand.

Citation:
Padre,

Nous voici à la lisière de la Vendée et je ne peux me soustraire davantage à la promesse que je vous ai faite de vous conduire en sécurité de toute armée vers votre terre d'accueil. Aussi vous ai-je laissé au bas de cette missive une carte détaillant où vous nous retrouverez. Nous ménageons les chevaux car nous n'avons d'autres montures et notre périple est long. Ainsi pourrez-vous nous rattraper sans difficulté. Rejoignons-nous à la poterne de Fontenay.

Votre dévouée fille,
Bryn


Allez vous poster chaque jour au Poney Fringuant jusqu'à ce que le padre y soit et remettez-lui la lettre. Et vous nous rejoindrez avec lui, c'est compris ?
- J'allions pas vous faire le repas ?
- Non, Gageon, je pense que nous nous débrouillerons très bien sans vous. Le sénéchal et moi avons su survivre ensemble avant que je ne vous engage… Nous continuerons.
- Avant ptêt, mais maintenant…
- Il suffit, la mère… Le sujet est clos.


Se tournant alors vers Jehan.

- Jehan, voici toi aussi, une lettre. Demain matin, tu prendras la route de Poitiers, la cathédrale, et tu remettras cette lettre à monseigneur Forth. Veux-tu ? Tu te rappelleras, monseigneur Forth… S'il n'est pas à Poitiers, file à Thouars… Et de Thouars, rejoins-nous au village de La Roche sur les bords de l'Yon. Tu te souviendras ?
- Poitiers, la cathédrale, le curé, Thouars, La Roche…
- Il s'appelle comment le "curé" ?
- Forth.


La grande tendit alors les rouleaux à ses deux vis-à-vis.

- Ne vous fourvoyez pas… C'est important. Je vous remercie d'avance.

Puis elle lissa alors ses cheveux, cherchant du regard Piero qu'elle avait à son tour négligé.
_________________
Pierobero
Ils étaient donc revenu près du feu. Piero emmitoufla Bryn tout d'abord dans une couverture et entreprit de la rechauffer du mieux possible.
Après s'être assuré que sa tendre allait mieux, Piero l'embrassa longuement avant de se mettre à démonter le camp.
Toute la troupe se mit en branle pour Niort, ils ne voyagèrent guère longtemps, les valets étant harassés par le voyage. Il était vrai qu'ils n'avaient pas la même préparation physique que Pierobero et Bryn.
Leur maitresse bienfaitrice sous de faux airs de mégère proposa une pause que tous acceptèrent. Piero chercha un endroit sûr et le trouva en une clairière, éloigné de la route d'où le feu ne serait pas visible.
Quand il eu finit de s'occuper du feu et des chevaux, les deux valets étaient déjà couchés depuis un moment et il profita de l'occasion pour sortir de la gnole et une bouteille bien de chez eux, ou tout proche du moins. Piero et Bryn parlèrent et se calinèrent jusqu'à tard dans la nuit.
Un nouvelle nuit magique par ailleurs, après la nuit torride passé dans un lit clos, ce fut une nuit torride à même le sol sur un fin tapis de mousse.
Du coup, seul Gageon et Jehan pouvaient se targué d'être frais car malgrès les plaintes de Piero, Bryn relanca la petite troupe. Ils n'étaient qu'a 4 heures de Niort et elle voulait arriver avant la levée de jour.
Piero avait connu bon nombre de nuits blanches à guetter l'ennemi mais celle là fut dur à accuser. Sans forces, sans energie, sans volonté il était dur de rester éveiller et de garder un oeil sur les alentours même si les torches n'éclairaient qu'a quelques mètres.
Seulement, il avait fait une promesse à Bryn qu'il comptait absolument honorer et il resta éveillé tout le long du trajet. Jetant parfois un oeil sur sa tendre qui ne paraissait pas pertubé plus que ça par le sommeil.
Après 4 heures de routes, ils furent en vue de Niort. Ils arrivèrent en même temps qu'arrivèrent les premiers rayons du soleil. Bryn s'était isolé et grattait sans arrêt à l'aide de sa plume. Piero ignorait qui était le ou les destinataires mais il la laissa seule sans l'embêter de questions. Les deux valets discutaient dans leurs coins et n'étaient pas d'une réelle utilité. Il n'était point leur Maistre et les laissa à leurs cachotteries tandis qu'il se mit à s'occuper du camp bien que harassé par la "pause" et le trajet.
Il termina l'installation du camp mais laissa tout de même le soin de préparer le repas à Gageon. Bryn sortit enfin de son silence et donna des directives à ses valets. Seuls, ils seraient de nouveaux seuls. Rien que elle et lui. Il souriait rien qu'à l'idée.
Les directives données, il vit qu'elle le cherchait du regard. Il s'approcha d'elle et lui dit:


Je suis là mon amour. Veux tu que nous fassions quelque chose?
_________________
Sénéchal du Périgord Angoumois
Brygh_ailean
La grande s'empourpra immédiatement à ce tutoiement qui dévoilait ne serait-ce qu'à leur maisonnée la nouvelle intimité de leurs rapports. L'avait-il fait exprès ? Etait-ce involontaire ? La maisonnée en question n'était pas dupe non plus. Pourquoi rougir alors ? Peut-être parce qu'à travers ses mots, et malgré une évidente prévenance, il indiquait clairement qu'elle était désormais sienne et cela lui était encore peu familier.

Que répondre à sa question ? Il y avait tant de choses qu'elle aurait aimé faire à cet instant. Se rouler dans l'herbe avec lui, comme deux adolescents ? L'idée la fit sourire… N'était-pas ce qu'il avait déjà fait la nuit précédente ? Nouveau sourire, mais différent cette fois. Chaque jour lui offrait une nouvelle facette de ce garde du corps si particulier. Il était parmi ses plus anciennes connaissances, parmi ses plus proches aussi, et pourtant que n'avait-elle jamais perçu derrière l'homme posé, entier et raisonnable, l'amant passionné, exigeant et surprotecteur ? Elle se rappelait maintenant chaque mot, chaque geste, chaque vide lié à l'absence, chaque coup au cœur lorsqu'ils n'étaient pas d'accord… et leur donnait une signification nouvelle.


Accordons-nous un instant, veux-tu ?

Elle prit le soin de ranger plume, encrier et planche à écrire dans sa besace, avant de l'inviter à s'asseoir près d'elle en lui tendant la main.

N'est-il pas bon de ne rien faire aussi ? Je sens de la fébrilité et de l'agitation chez toutes les personnes que nous croisons et pour la première fois… cela ne me fait ni chaud, ni froid.

Etait-elle devenue à ce point un monstre d'égoïsme ? Elle savait que non, mais pour une fois, alors que le Royaume était au bord de l'explosion, elle aspirait à s'occuper d'elle-même avant tout. Et d'eux, plus exactement. Elle replia les jambes, ressentant une légère morsure de tous ses muscles qui la fit rougir à nouveau.

Han, l'entraînement me manque depuis que j'ai quitté le rang.

Faisant rouler les muscles de son dos et de ses épaules, elle lui lança un regard empli de défis et de promesses.

Que dirais-tu de louer la lice de la prochaine ville où nous nous arrêterons et de nous entrainer correctement ? Pimentons la chose, même : le perdant aurait un gage ?

Elle était sûre de perdre mais la tentation était la plus forte. Le besoin de se dépenser et de tirer la lame aussi. Grâce à lui, elle savait qu'elle était de nouveau vivante, à l'extérieur comme à l'intérieur. Il était temps qu'elle se le prouve… si tant est qu'il ne lui prouvait déjà chaque nuit.
_________________
Brygh_ailean
A peine quelques heures aux portes de Niort et déjà il fallait repartir. La nuit profonde, odorante et inquiétante du marais poitevin avait fait place à des sous-bois plus accueillants, mais l'eau n'était jamais bien loin. « Devona, devona, tes sources magiques coulent sous nos pieds. Devona, ô divine mère de nos rivières, je sens tes courants me porter. » La fille de l'eau rit intérieurement de cette litanie des temps anciens qui lui effleurait les lèvres alors qu'elle cheminait.

La route s'élargit bientôt légèrement, preuve de l'arrivée proche aux abords de Fontenay. Fontenay, la fontaine : Devona suivait ses pas. En Poitou, elle était en terre picte, l'autre terre de ses ancêtres. Voilà pourquoi. Aristote avait dit : "Il ne peut y avoir qu'un seul Dieu"… mais de déesses, il ne parlait pas.

Bryn chassa bien vite ses dangereuses et étranges idées pour revenir à une réalité tout aussi dérangeante : il ne leur restait que quelques heures seulement à profiter de cette courte intimité, puis il faudrait de nouveau composer avec un groupe plus nombreux. L'escote se rembrunit. Ils risquaient d'être à court de denrées, les prix de Niort étant infiniment trop élevés pour la bourse toujours trop maigre de voyageurs. La solution était simple, bien que plutôt risquée.

Lorsqu'ils s'arrêtèrent enfin pour reprendre des forces et attendre le curé, sa décision était scellée. Une petite heure de repos et déjà elle était sur le qui-vive, faisant attention de ne point éveiller son compagnon. Elle sentait son regard anxieux et protecteur, toujours à l'affût à chaque seconde de leur chevauchée et souhaitait qu'il puisse profiter encore de quelques instants de paix dont il avait besoin bien plus qu'elle.

Ainsi faisait-il encore noir quand elle arriva sur le marais. Attendant que le jour se lève, adossée à la berge d'un fossé, l'arc sur les genoux, elle écouta le claquement d'ailes des pipistrelles qui profitaient de l'aube naissante pour croquer leurs derniers insectes tout en observant un moyen-duc perché sur un arbre suivre attentivement leur manège.

A l'aurore, tandis que le nocturne prédateur quittait son perchoir, Bryn se releva et commença son approche vers une bruyante famille de palmipèdes. Surpris, les halbrans s'égaillèrent dans les tamaris, provoquant l'envol de deux canes. Elle les regarda faire, attendant patiemment qu'elles aillent se poser quelques perches plus loin.

Seule sa tête dépassait, lui permettant une vue rasante de la bouillée de tamaris vers laquelle elle se dirigeait. Encore une perche pour les atteindre mais elle était désormais à découvert. Il était temps de se mettre à l'œuvre.

Elle choisit un empennage à plume large, qui ralentirait certes la vitesse de la flèche, mais elle était si proche. Flèche encochée, elle rampa ensuite à l'aide de ses trois membres libres, seulement dissimulée par quelques herbes sèches.

Une demi-perche encore, les canes étaient sous les tamaris. Le pouce en place, respiration… Bryn s'agenouilla et une cane s'envola. Elle tira, sans s'être rendu compte qu'elle avait armé. La flèche traversa les rémiges : tant pis, mauvais tir. Mais où était l'autre ?

Toujours à genou dans l'herbe, elle l'aperçut contre la berge, encocha une nouvelle flèche et se concentra. A la décoche, la cane s'envola… Trop tard, la flèche était en elle, plantée dans l'argile de la berge. Surprise, l'oiseau se débattit accélérant le saignement qui déjà colorait l'eau. La grande la regarda renverser doucement la tête et rendre son dernier souffle, la remerciant silencieusement de son sacrifice.

Un instant de recueillement puis il était temps de revenir au campement de fortune. Une canette pour cinq. Il faudra trouver mieux.


Chasse largement inspirée des Récits de chasse à l'arc de Circus.
_________________
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)