Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2   >>

[RP] Ich bin ta mère*... en Poitou

Thrandhuil


Niort, à l'heure ou blanchit la campagne


La ville s'endormait et j'en oublie le nom... Des ruelles désertes, les chats déjà couchés, les chalands point encore réveillés, nous traversions au trot, jetant des regards envieux aux tavernes fermés.

Soudain, une enseigne évocatrice, où trônait un poney... souvenirs de parti périgourdois, du curé nain sur son poney rose...


Tsss, nenni, el padre!

Kika, toujours vigilant, empêcha le curé, pour la 10ième fois, de descendre pour forcer l'entrée d'une taverne.

Oui, mon fils, mais celle-là, elle est particulière... Regarde, elle s'appelle 'Le Poney Fringant'.

Non mon père, vous savez bien qu'on doit rattraper la Grande qui caracolle devant avec son Piero qu'à la tête dans la lune.

Le curé prit alors son air moralisateur:
Kika, ce type de parole, je te conseille de te les garder, lorsqu'on les aura rejoint. L'est pas facile, la Bryn...

Du coup, il ne pouvait plus décemment insister.
Bon, on traîne, là...

et l'équipée de repartir au petit galop, au petit matin, sans s'être arrêté au poney fringant...
--Gageon
[Un peu plus tard… DANS le Poney Fringuant, entre dix bières et dix bières et demie]



Victorine assise sur un tabouret devant sa chopine, commençait furieusement à loucher sur la bibine... Et en plus ça rime. Elle s'était demandé ce que fichait le curé, jusqu'au troisième gobelet, ensuite qu'est-ce qu'elle fichait là, jusqu'au double, et depuis, elle ne se demandait plus rien. Mais vraiment plus rien du tout.

La taverne était fort visitée mais la plupart des voyageurs et des habitués l'ignoraient superbement. Qui se serait donc arrêté sur cette vieille cantinière un peu chaloupée, avec le regard flou, mélange de houblon fermenté et de cataracte, et la babine pendante, mélange surtout de houblon fermenté.

Gageon soupira d'ennui à l'instant où la porte s'ouvrit en grand :

Victorine ! Ma beauté ! J't'avions enfin r'trouvée !

Cette entrée fracassante (enfin presque) ne fit même pas sourciller l'ancienne, à peine releva-t-elle la tête vers l'arrivant :

T'étions là, toi ? M'dis pas que tu viens me narguer avec ta roulure de Féécarabine jusqu'ici tout de même ?

Le petit bonhomme noueux, retira son chapeau et coiffa ses cheveux rares du bout des doigts, puis d'un air contris reprit :

C'étions toi que j'voulions ma princesse… J'avions jamais eu que toi dans le cœur. Ch'avions point pour quelle raison le malin est venu m'tenter avec la Fée…
Oh mais y'a pas que cte vieille sorcière et ses manies d'intringuante, m'est avis ! Là dû s'en passer des choses à la caserne… Pour que t'y sois renvoyé, moitié mort, en pleine paix !
M'enfin, ma toute belle. C'étions humain. C'point ma faute si la grande l'avait décidé de m'mettre sentinelle… J'avions pas le choix que de leur ouvrir à toutes ses donzelles… Ah ! Ces jolis minois, ces sourires…
Cerbere de Sarlat, vieux cochon ! Tu vois c'que j'disions c'est pure vérité. T'as que la gueuse en tête… Y suffit d'un jupon et pfuit, j'irions encore pleurer.
Mais non, ma Victorine, cte fois, je te'l promets. Sinon, j'serions point venu si loin pour te chercher. J'te ramenons à Sarlat et j'irons voir, m'sieur le curé… pour qui m'abs… enfin qui me lave de tous mes péchés.
Tu pourras mieux recommencer, l'âme allégée !

Le vieux rabougri se mit à genou, disparaissant presque sous la table.
J'voulions que toi, Victorine Gageon, ça a toujours été ! Tu pourras même m'attacher… J'irons plus travailler à la caserne.D'façons, drôle d'armée que c'serait de reprendre une vieille guenille comme toi.
Viens, ma toute belle, je te ramenions à Sarlat… J'allons te faire une belle vie, j'ai des économies, j'avons touché mon r'liquat…

Disons qu'il lui aurait promis autre chose que Victorine aurait pu hésiter. Alors que devant cet argument sentimental à souhait, quelle femme avisée eut pu refuser. Néanmoins, la vieille n'étant point sans scrupules, se rappela à l'instant sa mission.
Et… mais c'est pas tout ça ! Ma'me Bryn m'a confié une mission "de la plus haute importance" ! dit-elle sur un ton sans équivoque.
C'étions quoi ta mission, ma fée ?
Ah ! Non ! Pas Fée ! J'devions remettre ce pli à messer curé, çui qui faisions la messe à Sarlat avec son drôle de parler.
Mais il est complies passée, ma Victorine ! Risque plus de s'arrêter ton curé !
Bah, qu'est ce que je vais faire de'c' pli ?
Attend-moi, j'ai une idée.

Le vieux se relève et se met à brailler.
Y'a-t-y quelqu'un qui sache écrire ?
Immédiatement, une main se leva. Celle d'un homme d'armes.
Lis-moi donc ça, mon gars.
Le convive s'exécuta et le vieux se remit à brailler.
Y'a-t-y quelqu'un qui prend la route de Fontenay, ce soir ?
Le même gars hocha la tête.
Tiens, alors, écris au dos… "C'est Cerbère qui ramenions Victorine à la maison. Voulons point vous fâcher, M'ame Bryn, mais je mourirais sans ma moitié"…
Une fois la copie terminée.
J'te demande un service, de soldat à soldat… A la poterne de Fontenay, remets l'pli à Ma'me Bryn… Tu peux pas la louper. L'est… pfiou, encore plus grande que ça… tout en noir… et avec un peu de chance, tu pourrais même l'entendre s'agacer.
Se tournant vers la vieille qui semble avoir cuvé, les yeux plein de larmes.
Allons, Victorine, faut pas pigner… T'étions pas heureuse que ton Cerbère soit venu t'chercher ?

Que Victorine soit heureuse ou pas à cette idée, nulle ne le saura jamais. Dumoins était-elle certainement satisfaite de se dire que dans six jours, la marche serait terminée. Et ça, ça pouvait la rendre fichtrement heureuse la cantinière.
See the RP information <<   <   1, 2   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)