Anne_blanche
Messe ? pas messe ? L'on était bien dimanche, et messe ou pas, Anne se rendit à l'église. Ses vêtements étaient encore couverts de la poussière du voyage, mais elle n'en avait cure. Le Très-haut voit les âmes, pas les oripeaux.
A cette heure fort matinale, l'église était encore vide, à moins que quelques miséreux chargés de cirer les bancs ne s'y fussent endormis, ou que derrière les piliers se cachassent quelque pécheur honteux de sa faute. Anne rejoignit immédiatement son prie-Dieu et s'y agenouilla.
Elle commença par une action de grâces au Très-haut, pour le remercier de les avoir conduits sains et saufs, son fils et elle, à travers le Berry et la Touraine, pour cette mission de ravitaillement.
Puis une prière, pour la sauvegarde de cet étrange garçon, le jeune Valatrion, qui les avait accompagnés à l'aller, et s'était lancé ensuite dans la direction de l'Anjou, sur la foi d'un nom prononcé, et qu'il avait cru reconnaître. Dernier lien avec Gabriel.
Le cur lourd, Anne récita encore des prières à l'intention des âmes de son frère, de ses parents, de son époux, de sa marraine... Les disparus la hantaient trop souvent, trop souvent elle aspirait à les retrouver.
Très-haut, donnez-moi la force de lutter contre l'acédie...
"Pensez aux vivants"... Était-ce Aristote en personne qui venait de lui souffler cette idée ?
Les vivants, c'étaient ses amis, Dame Marie-Alice, qui se remettait difficilement à Chinon d'une terrible blessure reçue au combat, et au chevet de qui elle n'avait pas été autorisée à se rendre ; Messire Walan, dont elle était sans nouvelles depuis des semaines, depuis que, guéri, il était retourné au combat ; Dame Ewaële, jetée en prison par la bêtise d'Angevins félons ; et cette petite rencontrée dans une taverne de Châteauroux, filleule de Walan, qui suivait aveuglément la troupe interlope du balbuzard, au risque - comme toutes celles qui croyaient trop longtemps en lui - d'y perdre son âme.
Pour tous elle pria, longuement.
Quand elle releva la tête, l'église était toujours vide. Sans doute l'heure de la messe n'était-elle pas encore arrivée.
On était bien, dans le calme et la bonne odeur de cire et d'encens, un peu entêtante. Apaisée, Anne résolut de rester là. Elle sentait son énergie lui revenir à chaque inspiration.
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A cette heure fort matinale, l'église était encore vide, à moins que quelques miséreux chargés de cirer les bancs ne s'y fussent endormis, ou que derrière les piliers se cachassent quelque pécheur honteux de sa faute. Anne rejoignit immédiatement son prie-Dieu et s'y agenouilla.
Elle commença par une action de grâces au Très-haut, pour le remercier de les avoir conduits sains et saufs, son fils et elle, à travers le Berry et la Touraine, pour cette mission de ravitaillement.
Puis une prière, pour la sauvegarde de cet étrange garçon, le jeune Valatrion, qui les avait accompagnés à l'aller, et s'était lancé ensuite dans la direction de l'Anjou, sur la foi d'un nom prononcé, et qu'il avait cru reconnaître. Dernier lien avec Gabriel.
Le cur lourd, Anne récita encore des prières à l'intention des âmes de son frère, de ses parents, de son époux, de sa marraine... Les disparus la hantaient trop souvent, trop souvent elle aspirait à les retrouver.
Très-haut, donnez-moi la force de lutter contre l'acédie...
"Pensez aux vivants"... Était-ce Aristote en personne qui venait de lui souffler cette idée ?
Les vivants, c'étaient ses amis, Dame Marie-Alice, qui se remettait difficilement à Chinon d'une terrible blessure reçue au combat, et au chevet de qui elle n'avait pas été autorisée à se rendre ; Messire Walan, dont elle était sans nouvelles depuis des semaines, depuis que, guéri, il était retourné au combat ; Dame Ewaële, jetée en prison par la bêtise d'Angevins félons ; et cette petite rencontrée dans une taverne de Châteauroux, filleule de Walan, qui suivait aveuglément la troupe interlope du balbuzard, au risque - comme toutes celles qui croyaient trop longtemps en lui - d'y perdre son âme.
Pour tous elle pria, longuement.
Quand elle releva la tête, l'église était toujours vide. Sans doute l'heure de la messe n'était-elle pas encore arrivée.
On était bien, dans le calme et la bonne odeur de cire et d'encens, un peu entêtante. Apaisée, Anne résolut de rester là. Elle sentait son énergie lui revenir à chaque inspiration.
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