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[RP][Oane Vira] L'Alabrena - Mesnie Saint Just

Gnia
Ah oui, le logement... A la réflexion de Melina, la Comtesse hocha la tête. Va pour l'aile ouest. De toutes façons, il faudrait bientôt y loger une autre jeune fille et les appartements dédiés à sa vassale et aux enfants ne suffiraient pas à tenir les jeunes filles en fleur qui ne cessaient de venir agrémenter la pièce maîtresse du bouquet de l'Alabrena.
Des fleurs des champs en bourgeon pour tenir compagnie à un bouquet de chardon. La Saint Just retint un ricanement à cette évocation et reporta rapidement son attention sur Griotte qui avait repris la parole.

A la mention d'un fût de vin de Bourgogne, Agnès partit d'un grand éclat de rire qui tinta longtemps entre les murs de la chambrée. Soit l'Etincelle avait briefé son élève, soit elle était la digne fille de son père. Dans un cas comme dans l'autre, elle avait avancé un argument de poids pour conquérir l'Infâme.


Soyez remerciée de votre attention Damoiselle de Blanc-Combaz. Georges, notre vieil intendant se chargera de trouver un lieu propice à l'entreposage de votre précieux cadeau.

Lorsque Melina s'apprêtait à quitter la pièce, Agnès invita la jeune Griotte à la suivre. Une visite de la bâtisse ne serait point de trop, quelques confidences échangées le long d'un corridor, et une aide vaillante pour la Dame de Croisilles qui en faisait un peu trop aux vues de son état.
Et puis, surtout, c'était son propre état qui commençait à inquiéter la Saint Just.


Melina, point besoin de faire le service. Si j'ai besoin de quelque chose, Ailein s'en chargera. Faites donc visiter la maison à Griotte... Et repassez me voir dans quelques instants...



[Fin d'interlude - Toccata et fugue]

Une fois seule, Agnès avait laissé errer un instant son regard au delà des carreaux de l'alcôve, au travers des branches d'arbres dépouillées, jusque sur les flots aux teintes moirées d'émeraude et de gris du Tarn.
Puis, attendu, vint le premier coup de semonce. Un coup sourd qui venait du fond de son être. Suivi par deux autres. Les trois coups au théâtre qui annoncent l'ouverture de la pièce.
Silence.

Seul un pli soucieux barrait son front. Serait-ce différent du jour où elle avait mis au monde ses filles ? Serait-ce aussi tragique que le jour où elle avait survécu à la grippe mais pas la toute première vie qu'elle aurait dû mettre au monde ? A bien y réfléchir, elle n'en savait strictement rien et elle fut même un instant étonnée de découvrir qu'elle s'en fichait pas mal.

De ce constat étrange, elle décida donc de se concentrer tant que cela lui était encore possible sur un semblant de confort durant cette épreuve. Elle quitta d'abord lentement ses robes, ne conservant que le blanchet qu'elle portait en guise de dessous. D'un geste leste, elle attrapa la cruche de vin qui attendait non loin de la cheminée et un hanap et les posa sur le coffre qui tenait lieu de chevet près du lit. Elle se servit, une contraction suspendit un instant son geste, puis elle reposa la cruche et porta la coupe à ses lèvres, coupe qu'elle vida d'un trait.

Assise sur le lit, la Saint Just restait stoïque aux vagues à l'amplitude croissante qui soulevaient ses viscères, se contentant de serrer les dents et les poings sur les couvertures.
Et lorsqu'enfin, elle sentit le long de ses jambes les eaux de la délivrance, elle releva la chemise sur ses jambes et se laissa glisser doucement du bord du lit au sol, le dos calé contre le bois du lit d'un moelleux coussin. Elle jeta un regard aux portes de la chambre, espérant maintenant que Melina reviendrai.
Il était temps.

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Melina
Mélina avait bien en entendu suivis la demande de sa suzeraine, et une visite complète de la maisonnée s'était faite. Mélina parlant tantôt des lieux, tantôt de ce que la jeune fille aurait surement à y faire en ces lieux précis. Elle lui montra l'aile Ouest, ou elle allait faire préparer la chambre. Cette visite plut à Mélina et cette jeune fille allait apporter un souffle nouveau dans l'Alabrena. Elle laissa donc la jeune fille dans sa nouvelle chambre, qui était assez spacieuse et avait une belle vue.

Sur le chemin du retour, Mélina prit du vin pour sa suzeraine qui aurait des contractions bien plus sévère qu'un simple accouchement, ou était-ce parce que ceux-ci pouvait durer plus longtemps...Mélina espérait simplement que le tout se passerait bien, déjà le temps était avancer pour cette grossesse.. et elle n'aimait pas savoir que cela risquait aussi la vie de dame Gnia. Mais comment faire changer d'avis l'infâme... C'est ainsi qu'avec une bouteille en main elle toqua puis ouvra la porte. Voyant sa suzeraine ainsi lui fit tourner le coeur trois tours... déjà, c'était le commencement. Mais certes pas le commencement qu'elle attendait. Déposant la bouteille sur une table non loin de Gnia, elle s'approcha d'elle rapidement.

- Dame Gnia, vous serez mieux sur le lit...

Aidant celle-ci à se lever et prendre place, Mélina vit le liquide transparent et réalisa une chose... elle devait être avancer, plus qu'elle même. C'est avec un effort surhumain dans son état, qu'elle aida sa suzeraine à s'installer le plus confortablement possible. Puis une contraction vint. Elle n'était pas dans la chambre depuis longtemps, qu'elle en était déjà à la deuxième contraction. Mélina porta la bouteille à Gnia l'incitant de boire celle ci, l'aidant à passer quelque peu la douleur. Elle se souvenait bien de l'accouchement des filles de Gnia... elle se croisait les doigts en pensée pendant qu'elle examina Gnia.

- Vous auriez du me dire que vous étiez aussi avancer... vous aller devoir accoucher Gnia.

Elle avait oublier son protocole et en dedans d'elle, l'adrénaline l'obligeait à être prête à toute éventualité... l'enfant n'était pas à terme, c'était certain.. mais il était trop vieux pour avorter doucement... les herbes avait bel et bien déclencher le processus d'accouchement chez sa suzeraine. Faire chercher de l'eau chaude, des linges propres et du fil, elle en aurait besoin pour le cordon. Elle utiliserait sa dague, elle devait la passer sous la flamme, elle pourrait ainsi s'assurer que tout irait bien..

C'est ainsi que Mélina s'activa à préparer mentalement sa suzeraine que l'enfant naitrait, peut-être vivant, peut être mort... Elle avait tout ce dont elle avait besoin... peu importe ce qui arrivait. Même si c'est émotionnellement qu'elle doutait d'être prête elle-même. Le travail se faisait rapidement et en moins d'une heure, Gnia était prête pour accouché, étant ouverte assez pour pouvoir poussé.

Avec beaucoup d'encouragement, Mélina demandait à sa suzeraine de pousser lorsque les contraction rapprocher se faisait sentir. Mais malgré que tout aurait sembler par apparence être le temps venu pour la naissance, quelque chose clochait. L'enfant ne s'engageait nullement dans le canal, malgré que sa tête toute chaude pouvait être sentit. Elle se rappela l'un des accouchement de sa mère, ou sa soeur eu le cordon autour du coup...Mais elle n'avait qu'aider la sage femme, elle n'était pas certaine des manipulation à faire, mais les contractions de plus en plus forte, elle voulait aussi soulager la mère. Puis vint l'inévitable qu'elle craignait arrivé... du sang commençait à couler doucement, et l'enfant ne venait toujours pas, si elle ne se pressait pas, il n'avait aucune chance de vivre... cela serait surement le désire de sa suzeraine, mais une chose à la fois. Mélina appela George pour faire venir Matalena. Elle était bien plus versé en médecine qu'elle même, et Gnia aurait une chance de survivre. Le temps qu'elle soit trouver et qu'elle rapplique ici, Mélina poursuivrait le nécessaire... Elle devait agir... plusieurs contraction et elle avait l'impression que l'enfant devenait froid.. il ne fallait plus attendre. Mélina espérait qu'elle arriverait à trouver le problème, elle croyait que le cordon était entourer autour du cou du bébé, et avec beaucoup de manipulation difficile au vue des pertes sanguine de la mère, les mains de Mel glissaient. Elle finit par arrivée à repousser l'enfant et toucher le cou de celui-ci, et comme elle le croyait, l'enfant avait enrouler le cordon, mais elle n'arrivait pas à le défaire, ou même trouver comment il était entortiller sur sa proie. Lorsqu'elle entendit des pas dans le corridor, elle fut soulager de savoir que de l'aide était en route. Une fois arrivé, elle expliqua la situation à Matalena et lui laissa le champs libre pour qu'elle puisse faire son travail, restant à ses côtés, autant pour apprendre, que pour assisté.

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Matalena
Et ben voyons... Sitôt quittée la chatte flamboyante de sa rousse qu'on venait de nouveau quérir ses services pour le même type de prestations : à croire qu'elles s'étaient passé le mot pour l'empêcher de rester propre plus de deux jours d'affilés. Le serviteur tenait une mine des grands jours, et l'avait avertie que les choses s'engageaient mal. Super... Rien de tel que de tirer un phoetus mort du ventre d'une femme pour bien commencer sa journée, bol de CornFlakes dans une main, et bébé froid dans l'autre.
Déjà sous son regard ombrageux se profilaient les différentes probabilités plausibles pour un accouchement en conditions extrêmes... Qui passaient entre autre par le décès de la mère. Manquerait plus qu'on lui colle le meurtre d'une noble sur le dos pour parfaire son tableau de chasse.
Occupée de ces sombres pensées, la jeune femme fut reçue par une... Une quoi d'ailleurs ? Dame de compagnie ? Qui malgré une inquiétude manifeste restait maitresse d'elle-même. Hors de la chambre quelques propos s'échangèrent à voix basse, une exclamation de voix de l'Occitane, et la porte s'ouvrit à toute volée.


De l'eau. Lavez-lui aussi l'intérieur des cuisses. Depuis combien de temps ça coince ? Il aurait fallu le retirer immédiatement... On risque de les tuer tous les deux...

Les conditions d'hygiène étaient minimales, mais pas catastrophiques compte tenu du fait que l'on était dans une demeure à fric aux draps propres. La Languedocienne appuya sans douceur sur le bas-ventre de la femme pour constater l'avancée dans le bassin, alla jusqu'à s'assurer de la dilatation, après tout elle ne serait jamais que la troisième personne ce jour là à se promener dans l'intimité de la noble.
Si l'on a crée le forceps, c'est justement parce que rentrer les mains dans un vreau ban, en plus d'un être humain même miniaturisé, ça n'était guère possible, à moins d'envisager que la Saint Just se soit faite troncher par un éléphant. Et dire que les arabes l'utilisaient déjà depuis plus de cinq cents ans...
En ce cas que pouvait-elle faire ? A dire vrai, rien, si ce n'est essayer de rattraper le temps perdu et tirer le plus rapidement possible la métastase de son cocon de souffrance. Impossible de mettre la Saint Just debout, elle était trop faible... Alors, les muscles des bras bandés avant l'effort, l'Occitane la saisit sous les aisselles afin de trainer la noble jusqu'à sa tête de lit, utilisant les coussins pour faire prendre un angle artificiel à son bassin, lui écarta les cuisses comme les deux rives d'un fleuve, et rentra ce qu'elle pouvait de ses paluches à l'intérieur pour tenter de rattraper le truc. Les contractions, à défaut de s'être arrêtées, avaient beaucoup diminué. La compression sous oxygénant le cerveau du petit avait du être ralentie par le relâchement musculaire. C'était déjà ça... Mais comment le faire sortir alors que la mère ne prodiguait plus aucun effort ?


Passez-moi la pince à buches.

Aaaaah chouette ! En voilà une bonne idée ! Soirée gay pride chez la comtesse option fourrez-y c'que vous voulez ! Mais la bougresse était on ne peut plus sérieuse, et nous vous faisons grâce des détails truculents s'agissant de ce qu'elle en fit. Non vous dis-je. N'insistez pas. Vous êtes agaçants à la fin...
Lorsqu'elle retira enfin le minuscule et maigre enfançon du corps martyrisé, il ne poussa pas un cri, pas un souffle... Et la Saint Just non plus.


Occupez-vous d'elle. Prenez des linges, appuyez le plus fort possible pour que ça s'arrête de saigner, essayez de la réveiller...

Sa voix s'était faite atone alors qu'elle tenait entre ses mains longues et minces un être minuscule, si silencieux, tiède encore. Son regard d'onyx s'était figé face à l'œuvre de Deos, et elle passait machinalement la main sur la cage thoracique ronde et frêle sous laquelle on sentait des cotes, fines et courtes comme les articulations de plumes d'oiseau.
Lentement, elle se mit à murmurer une prière. Des mots d'hérétique pour accueillir une âme...
On ne permettrait pas qu'un innocent se perdre dans les limbes...
Jusqu'à ce qu'un imperceptible frémissement...

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« Ne confondez pas le sombre avec l'obscur. L'obscur accepte l'idée de bonheur; le sombre accepte l'idée de grandeur. »
Victor Hugo

Gnia, incarné par Sancte


Au début, elle avait poussé la Saint Just, sans rechigner. Quitte à en passer par là autant que ça se termine vite. Melina l'avait d'autorité allongée sur le lit et toute à son effort d'expulsion, Agnès n'avait pas moufté, même si pour l'avoir testé et approuvé, elle préférait de loin la position accroupie. Pas pour rien qu'elle s'était préparée aux premiers coups de semonces à mettre bas sur la descente de lit. Mais il est des instants où il faut accepter que d'autres gèrent pour vous et à ce sujet et dans ce contexte bien particulier, Agnès perdait toute sa naturelle autorité pour se livrer pleine et entière - avec même des morceaux en plus façon paniers de Yoplait- à celle qui la délivrerait de son mal.

Au début et même après, elle avait gueulé la Saint Just, sans retenue. Tant qu'à faire, autant se défouler au passage. Et il avait pris cher celui qui l'avait mis dans cet état. Chapelet de jurons, exhortations au Très Hauct pour qu'il le frappe d'impuissance jusqu'à la trente sixième génération, entre autres suggestions de techniques nouvelles d'émasculations diverses et variées à l'usage des bourreaux en manque d'imagination. En oubliant sans gêne aucune que pour se mettre dans cet état, ben fallait être deux, minimum.

Puis était venu le moment où elle avait compris que ça se passait pas vraiment comme prévu. Galérer pour expulser un moutard, elle connaissait, en guise de bizutage on lui en avait collé deux pour le prix d'un. Mais là y'avait autre chose.
Normalement la douleur galvanisait. Si l'on s'accordait avec les contractions, rapidement l'exercice devenait une sorte de routine qu'il fallait ponctuer de longs râles, comme les gars remontant les bateaux sur le chemin de halage à la force des épaules.
Nan, sans déconner, y'avait un putain de souci...



- "Agnès ? Mon petit ? Z'êtes pas suffisamment bête pour penser que vous allez vous en tirez comme ça ?" Une voix lointaine, un brin sarcastique

- "Heu ben heu... Chais pas moi... C'est pas vous qui décidez d'c'genre de trucs normalement ? Genre dans l'style un peu surnaturel effrayant - d'ailleurs en passant, faudrait voir à se renouv'ler, ça fait son effet, mais c'est kitsch un peu quand même - une robe noire, une tête de mort et un jolie faux à faire pâlir de jalousie les moissonneurs, toussa ?"

- "Allons Saint Just, si encore t'y croyais un minimum à toutes ses conneries, j'pourrai faire quelque chose pour toi. Mais là, c'est pas drôle, t'es même pas un peu flippée."

- "Nan mais si si, j'vous assure, tenez regardez, j'suis sûre que j'ai les pupilles qui s'dilatent de terreur et tout. Mais s'il faut, j'en rajoute hein, pas de soucis. Si y'a que ça pour vous faire plaisir..."

- "Tsssss... Tu m'as même pas imploré une seule fois. T'as même pas chialé ta mère que tu voulais pas mourir. Nan sérieux, tout de suite, ça casse la dynamique du truc."

- "Ouais. Bon. J'avoue. M'enfin faut dire que ses derniers temps, chais pas à quoi vous jouez mais vous me les brisez menu aussi. Et quand j'fais la gueule, ben j'le fais pas à moitié. Donc j'vous fais la gueule, là, actuellement, au cas où vous auriez pas remarqué !"

- "Ben pourquoi tu crois que j'me rappelle aussi injustement à ton bon souvenir, foutue artésienne mal embouchée, hein ? Parce que normalement, ben plus t'en chies, mon p'tit, plus tu me pries. C'est systématique. Logique. Implacable. Mais nan, toi tu crois que genre on a le droit de se demander si on peut croire en Dieu dans la mesure où des fois, il est occupé ailleurs et que pan, il s'est pas occupé de vous au moment où malheureusement il était penché sur un autre problème.
Ben ça se passe pas comme ça, Saint Just.
La Foi, ça se commande pas, c'est des foutaises ! Bullshit ! T'entends bougre de picarde ?! Donc là, présentement, t'es recalée. Case prison, ne touchez pas 10 000 francs, la totale. Et ça sera comme ça tant que tu continueras à douter de moi ! Tu peux crever pour crever, là ! Allez hop, casses toi maintenant..."


- ".... Hahem... Mais... Heu... "

- "Ginette ? Annulez mon rendez-vous suivant, elle m'a fatigué la gamine... Oui, le hold'em avec le crew du Sans Nom aussi oui..."

Ce qu'il y a de bien avec les dialogues avec Lui, c'est que tout semble parfaitement normal même quand on croit avoir entendu dans le lointain un "Passez moi la pince à bûches". C'est aussi ce qu'il y a de bien quand on est dans les vapes. On entrave rien à rien, on est juste une poupée de chiffons en roue libre.
Le souci, c'est que malheureusement, ça a une fin.
Et le retour à la réalité est violent et rude. Surtout quand il commence avec un vagissement qui vous vrille les tympans. Misère, c'est l'moment de lâcher prise.


- "Dieu, j'vous déteste !"

- "Je sais, Saint Just, je sais..."

Rideau.


Ah non, un truc quand même avant...
Un petit éclat qui brille entre les cils, une question quasi inaudible, même pas une question, un constat, il faut que ce soit un constat


Dites moi qu'au moins c'est un putain de mâle....

Sancte
Ces problèmes de gonzesse, le lecteur réformé n'en avait cure. Bien au chaud, chez lui, dans son manoir, Iohannes en arpentait les couloirs. Sa vie avait pris un nouveau tournant, et bien qu'il ne soit que peu affecté par le qu'en dira-t-on, un certain nombre d'effets secondaires indésirables n'avaient pas manqué de se manifester parmi son proche entourage. Les élections approchant à grand pas, il devait néanmoins conserver son calme pour se garder une avance confortable dans le vote de ses administrés. Si jamais le jeune Lehman se réveillait de sa rêverie, il serait toujours temps de riposter en contre-ténor en frôlant l'interjection déloyale, sans jamais en user tout à fait. De toute façon, si le seul choix de cette campagne revenait à choisir entre Sancte et un occitanien inconnu, l'abstention atteindrait très probablement des sommets. Ses pas le menèrent jusqu'à sa cour, où il grimpa rapidement dans sa diligence, en faisant claquer la portière. Ahhh, le train de vie de Gouverneur ! Bien qu'il s'en défendait allègrement, bien malgré lui, il s'y était attaché. Depuis le temps. En comparaison, aucune situation n'était digne de s'y rapporter. Ni les honneurs d'un poste de conseiller Ducal, ni le frisson de ses attrapades de jeunesse.

Ce jour, Cairn lui servait de cocher. Il était si massif qu'il peinait à tenir sur son sièges, et les rênes qu'il tenait en main paraissaient ridiculement chétives.


- Où va-t-on ?
- A l'Alabrena, chez Sa Grandeur.

Cairn marqua une légère hésitation.
- Un commentaire peut-être ?
- Je croyais que vous étiez en froid.

Silence dans la cabine. Iohannes se demandait d'ailleurs s'il devait répondre. Si ce n'était pour le châtier de sa libéralité sur des sujets sensibles.
- Agnès est cet autre que nous ne pouvons être. Et c'est pour cela que nous l'aimons.
- Nous ?
répliqua le colosse borgne au travers d'un sourire de charogne.
Cinglant:
- Il suffit.
- Il sera fait selon votre bon plaisir, bon et généreux bourgmestre.

Le tout prononcé sans la moindre trace d'ironie à laquelle on aurait pu légitimement s'attendre.

Et la voiture se mit en branle.



              ***



Rentrez avec un inconnu: vous-même !
Pas de réponse.
Montauban: j'en ai besoin !
Calme plat.
Montauban: une certaine manière de construire la Guyenne !
Soupir.
Ben ... Vous me demandez un slogan, moi je ne comprends pas bien ce que vous voulez.
- C'est bien pour cela que je suis Gouverneur de la plus belle Cité d'Aquitaine et que toi tu n'es qu'un grand con.
Le visage déformé du colosse se fendit d'un sourire radieux qui lui donnait un petit air idiot tout à fait charmant. Pas contrariant le Cairn, qui avait compris depuis belle lurette que pour avoir le ventre plein, il lui suffisait de garder les pieds du magistrat bien au chaud. Ce qui au fond, ne lui coûtait rien. Sinon un brin d'amour propre.
- Mais pas tire-au-flanc !
- Alors annonce moi. Imbécile. Nous sommes arrivés.
Sur ce, le colosse se redressa et vida ses bronches dans un cor au son insupportable.
- BRRRRRRRROOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOM ! Oyez, Oyez, mesnie ! Faites place et accueil à l'humble mais néanmoins très mirifique Gouverneur de Montauban !
- La corne de brume, c'était obligé ?
Dans un magnifique sourire: - C'est classe nan ? 3 écus et 75 deniers chez Benichou. J'peux vous avoir des prix si vous voulez.
Soupir.
Encore une fois, la journée s'annonçait pas terrible.

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Gnia, incarné par Sancte


Et pendant qu'à l'étage, l'atmosphère était à l'urgence et à l'action, à l'office, elle était à la frénésie et au sang d'encre. Les servantes couraient des cuisines à l'étage, transportant de lourds seaux d'eau chaude, des piles de linges et de charpies, la cuisine ressemblait à une buanderie, les domestiques affichaient une mine inquiète et même les garçons d'écuries passaient de temps à autre une figure anxieuse à la porte de l'office pour venir aux nouvelles. C'est que mine de rien, la Saint Just avait beau être sévère et exigeante, elle n'en restait pas moins une maîtresse juste qui payait correctement et qui savait prendre soin de son personnel. Aussi, à l'annonce que leur maitresse accouchait dans des conditions difficiles, chacun avait l'angoisse de perdre son travail, il fallait l'avouer, mais aussi une véritable inquiétude pour leur protectrice et bienfaitrice, finalement.

Et au milieu de toute cette maisonnée, le vieux Georges. Prostré sur un banc devant un godet de tord-boyau. Se retenant de larmoyer à l'idée de perdre sa p'tite Saint Just, une môme du pays, comme lui, qu'il avait connu encore gaminette et qu'il aimait comme sa propre fille qu'il n'avait jamais eu. Bref, le vieil intendant, se rongeait les sangs pour sa Dame tout en se bourrant la gueule copieusement, incapable qu'il était d'avoir la moindre prise sur ce qui pouvait bien se passer dans la maison.

Puis il y eut un mugissement, puissant, profond, qui fit vibrer les fragiles carreaux des fenêtres. Georges en renversa son verre de frayeur, les domestiques qui s'affairaient cessèrent toute activité en se regardant avec une pointe de peur dans le regard. Puis une voie à peu près humaine avait rugi, annonçant de la visite.
Le vieux domestique grommela en vidant le fond de son godet où il ne restait qu'un infime goutte de sa gnôle tout en maudissant ce foutu bourgmestre qu'il pouvait décidément pas encadrer. S'ébrouant, le pas pas très assuré, il sortit dans la cour pour recevoir les visiteurs.

Et y'avait pas à tortiller, le bon et généreux bourgmestre, il pouvait pas le piffrer, même si le physique trapu du bonhomme et un truc indéfinissable dans son faciès le faisait rester à bonne distance de ses grosses paluches. Toisant de son regard gris et embrumé l'arrivant, il courba légèrement l'échine en guise de salut, glissant un oeil circonspect sur l'espèce de conducteur de coche encore plus flippant que le bruit qu'il avait émis de son drôle d'instrument, et annonça, la voix chevrotante et bien imbibée


Sa Grandeur n'est pas visible et ne reçoit pas. Elle est pas trop en état, présentement...

Celle-là, elle lui avait échappé. Le vieux fit une petite grimace et décida qu'il valait mieux se la fermer finalement.

Sancte
Hé bien quoi ? Tout juste fauchée par la petite mort la St Just ? Nenni. Simplement punie par là où elle avait péché neuf mois plus tôt. Depuis sa cabine, le magistrat considéra le vieux Georges de par les soupiraux de ses paupières grisées par sa fraîche balade. C'est que le paysage en ce jour, était aussi net que Georges ne l'était pas. D'ailleurs, Iohannes ne goûtait guère le ton employé par ce monsieur, qui n'était rien d'autre au fond qu'une invitation à décamper. Le défiant lourdement du regard pour lui signifier sa réprobation quant à ses manières cavalières, il sortit sa carcasse échinée de la voiture, et posa pied à terre, se dressant face au laquais comme le juste face au réprouvé promis à la damnation éternelle. Les œillards confiants, Cap'taine Sancte ! L'individu est seul ? Oui-da. L'individu est désarmé ? Oui-da. Alors forcément, les mauvais conseillers de la conscience vous invitent à flamber quelque peu et de traiter votre interlocuteur aussi salement que cochon de Bretagne. C'est qu'il n'aurait peut-être jamais plus l'occasion d'autant briller face à si piètre résistance. Rien qu'à y penser, il ne pouvait s'empêcher de trouver ça déprimant. Car oui, c'est dur de vieillir. Passé un certain âge, on aspire plus qu'au calme et à prendre les jours ennuyeux les uns après les autres, comme ils se présentent ; les principaux leviers de la vie: la passion, l'amour, la guerre, la bouffe, le pouvoir, l'or et le vin, n'offrant plus vraiment les mêmes promesses. S'il cacha les motifs réels de sa venue, il décida de prendre lui-même les choses en main, ne faisant pas participer Cairn au vote décisionnel qui se jouait dans sa conscience. Ferme et couci-couça pénétré par une austérité huguenote de façade, il lui répondit:

Georges, mon bon Georges, brave homme que tu es, sache que c'est précisément parce qu'elle n'est pas en état qu'il est VITAL qu'elle me reçoive.

Et l'actuel bourgmestre de tourner autour du valet en jouant les grimes profondément moralisateurs, les mains jointes dans le dos, laissant vagabonder en son esprit les cours sinueux de ses dispositions au baratin sans même prendre la peine de délibérer au préalable avec lui-même. Il nota toutefois que la bâtisse de la Saint-Just avait de la gueule. Un jour, sans doute lui demanderait-il qui avait eu le bon goût de l'aider à l'acquérir ou si elle s'était contenté d'en fracturer la porte. Par simple curiosité. Mais il en revint bien vite à ce qui le préoccupa initialement.

Car oui ! reprit-il de plus belle, en levant l'index bien haut au travers d'un geste acrobatique. En bon valet, tu ne peux ignorer que je suis son ciel sur la terre, le but de tous ses désirs, l'accomplissement de ses joies, la règle morale sur laquelle elle mesure sa volonté qu'elle ajuste en toute chose sur la mienne et celle du firmament ! Par conséquent, fils, il est de ton devoir de m'introduire auprès de Sa Grandeur. Et je te prierais de te dépêcher un peu. Il ne va pas tarder à être quatre heures et j'ai un jeu de paume avec l'évêque qui m'attend.

Enfin si Dieu veut.

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Tetard, incarné par Sancte


---Pendant ce temps, dans la chambre de souffrance de la Saint Just... Ouais parce que tout de même y'en a qu'en oublierait presque qu'on était en train d'accoucher par ici---

C'est un petit gars Votre Grandeur.

Et en parlant d'organe, force était de constater qu'il n'y avait point que la voix qui fonctionnait, et que ce ridicule et osseux semblant d'héritier était déjà en train de marquer territoire en urinant sur ses chausses. Maintenant le petit squelette à la plus grande distance possible sans le lâcher au sol, à savoir bras tendus, la jeune femme fut interrompue dans son heureuse nouvelle par le beuglement d'un cor.
Ca y'est ?
ENFIN ?
La Sainte Inquisition ? L'armée ? Les papistes débarquaient ? La GUERRE ?! Allumez torches brandissez fourches ô braves Montalbanais !

Ah, non... Fausse alerte...


On dirait... Ma foi, on dirait Sancte qui gueloit à votre porte.

Commenta l'Occitane en rivant ses billes noires sur les vitraux qui donnaient sur la cours. L'enfant ayant terminé l'inauguration de ses pompes, l'accoucheuse essuya le sang et autres dépôts organiques qui lui donnait des airs de phoetus possédé dans un film d'horreur avant de l'emailloter dans un drap clair. Le maintenant coincé entre son bras à la musculature sèche et sa poitrine trop menue pour l'intéresser, elle tendit à la Saint Just ruinée par la séance une chemise longue propre puis un broc d'eau. C'est qu'avec ses airs de Picasso période cubisme analytique, ça cassait un peu son sex appeal naturel et indiscutable.


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« N'oubliez pas que, si longue vous apparaisse votre existence, votre mort, elle, est éternelle.»
Robert Merle

Gnia, incarné par Felina


[ En direct de la piaule de la Saint Just - "Je n'ai rien à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur."(W. Churchill)]

Un mâle.
A la nouvelle, la Saint Just avait ouvert définitivement les yeux et était sortie de la torpeur et de cette irrépressible envie de retomber dans les vapes.
Bon. Un garçon donc.
Du coup, elle en oublia sa scène de ménage avec le Très Hauct et revint aux choses plus terre à terre. Genre, réaliser que sa respiration s'était faite sifflante, piqure de rappel de la rencontre entre sa poitrine et un carreau d'arbalète poitevin et du fait que, plus jamais, elle ne pourrait faire d'effort soutenu sans que ses poumons lui rappellent sa faiblesse. Genre, découvrir que oui, même si ça avait cessé, elle avait abondamment saigné pour expulser son bâtard et que c'est peut être pour ça qu'elle se sentait aussi vaillante qu'une vieille mule en bout de course. Et puis, de toutes façons, l'arrivée en fanfare au dehors la ramena relativement vite à la réalité... V'la le boucan.
Et pour annoncer qui ? Nan mais normal. Justement aujourd'hui, la visite du Gouverneur. Normal, j'vous dis. Après Dieu, ses hommes de main. Normal.

Bon. De toutes façons, normalement (oui, je sais, rien n'est normal aujourd'hui, mais bon), Georges devrait contenir le visiteur impromptu. Après tout, il avait été signifié qu'on ne tenait pas spécialement à recevoir Sancte Iohannes à l'Alabrena quelques temps auparavant et en plus, aujourd'hui, ben on recevait pas tout court.

Elle fut tirée de ses réflexions par la Sombre qui lui tendait de quoi se refaire une gueule un peu près humaine à défaut de parler de se refaire une beauté. Une petite grimace qui pouvait ressembler à un sourire fut offerte à l'accoucheuse. Et tandis que l'Infâme se faisait aider dans le difficile exercice de "change de fringue et débarbouille toi toute cette merde que tu t'es foutue partout", elle lui signifia

La grosse Lulu va nous dégotter une nourrice en urgence, ça vous débarrassera.

Malgré tout ce qui pouvait être sous-entendu dans la phrase, Agnès ne retint pas un coup d'oeil curieux sur le minuscule être que la Ladivèze tenait contre sa poitrine.
Un mâle...



[Pendant ce temps, dans la cour - "Il n'y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas"]

Ben, pendant ce temps-là, le Vieux Georges, il en menait pas large. Dans les brumes de son ivresse triste, une lumière scintillait, celle qui lui rappelait justement pourquoi il ne l'aimait pas, le foutu bourgmestre.
Parce que quand il descendit du coche avec son regard désapprobateur, le vieux domestique n'avait pu retenir un raté dans sa poitrine.
Parce que tandis qu'il lui tournait autour, un doigt docte levé, le Georges ne savait plus trop où donner de la tête, noyé sous le flot de paroles, perturbé par le ton moralisateur, déconcentré par les crispations de ses viscères dès lors que le bonhomme était un peu trop près.
Et puis, parce qu'il le savait, le Montalbanais, il donnait à son Agnès ce regard parfois si triste. Et ça, ça suffisait à pas l'aimer.

A bout de ressources, le vieil intendant se contenta de bafouiller en pleurnichant


Mais... D'toutes façons, même si la moitié des trucs que vous m'dites étaient vrais, et franchement, sauf vot' respect, j'crois pas trop qu'même le quart soit établi, j'pourrions point v'zintroduire. M'dame est en pleine délivrance et à c'qui parait, ça s'passe pas bien... C'est beaucoup trop tôt...

Et de lever un regard embué sur le Gouverneur, à la fois inquiet pour sa Saint Just et complètement désolée d'avoir manqué à tous ses devoirs de fidèle intendant à la retraite et donc vendu la mèche.

C'est ambiance bonne femme là-haut, on v'laissera pas entrer.

Il baissa le regard, les épaules s'avachirent. Voilà, il avait capitulé.
Signifiant à son vis-à-vis par son attitude, "Si tu veux rentrer là dedans, mon gars, démerdes-toi, tu connais le chemin", en somme.


Sancte
[A l'entrée. Du côté de chez vous.]

Il envoya paître le vieux questeur à cran qui avait vraisemblablement besoin de s'offrir une petite retraite du côté des Bénédictins pour que lui passe l'envie de se plaindre. Voyant que ce dernier se mettait à pleuroter davantage que l'enfançon qui venait de naître, le Gouverneur de la Réformée se mit à clamer haut et fort:

Au dispensaire vous trouverez un médicastre compétent. Allez-y. Au moins aurez-vous le sentiment de servir à quelque chose.

C'est là que contournant le brave homme pour accéder à l'escalier, le souvenir de l'autre efféminé Italien lui revint en mémoire.

Et si un certain Appollodoro D. Nespresso se propose, n'acceptez qu'en dernier recours.


[Dans la chambre de son Infâme, à l'atmosphère refoulant les odeurs d'une partouze ayant mal tourné.]

J'arrive à point on dirait.

Le monde était cruel. Mais tant que le noble Ministre Iohannes veillait sur sa bonne ville, la providence avait toutes les chances d'abreuver Montauban de ce genre de prodigalités surprises. Et tandis que la St Just se familiarisait avec les joies d'un accouchement difficile avec un mono-poumon -ou le besoin qu'ont certaines de toujours faire leurs intéressantes (sic)- son attention se porta sur la petite vedette de la pièce lorsqu'il eut le plaisir de passer devant un miroir. De fait, il s'offrit la primeur d'un sourire scintillant, avant de s'intéresser enfin à l'enfant qui une fois dehors, lâché dans le monde, boycotterait lui aussi un jour la vinasse papiste de Bourgogne. Si Dieu le voulait. C'est là qu'il remarqua de façon assez élémentaire, l'inaction du petit amas de chair. En dehors de la générosité de sa vessie. Demeurant stoïque dans ses fripes propres -et qui comptaient bien le rester- il se demanda bien comment il allait se tirer de ce guet-apens en évitant soigneusement le regard de la mère au comble du bonheur de la maternité. Il n'en doutait tellement pas que l'initiative consistant à s'en assurer ne lui traversa pas l'esprit. Mais puisque aucune merdouille ne lui était arrivée, une question restait en suspens. Allait-elle faire mine de s'en ficher et de cacher l'enfant ou au contraire de clamer sa venue au monde à chaque coin de rue ? Allons Agnès. C'était un mâle, tout de même. Le premier. Certes, visiblement assez silencieux et effacé. Mais tout de même.

Toujours est-il que toujours fort indisposé par les accouchements qui s'inscrivaient dans une sphère totalement inconnue pour lui, il se sentit profondément mal à l'aise parmi toutes ces femmes, ces odeurs âcres de sang, d'urine, de remugle, et de sueur qu'exaltaient une tension et une peur alourdissant l'air ambiant. Le visage plus pâle qu'un linge, il se chercha une issue de secours.


Heu ... Je voulais pas déranger.
Je crois que je vais vous laisser.


Et il alla s'allonger dans le cabinet attenant avant de courir le risque de se casser la gueule pour de bon.
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Gnia, incarné par Felina


Absorbée dans la myriade de réflexions que lui avait inspiré le fait de se découvrir mère à nouveau et qui plus est, cette fois-ci, du mâle qu'elle avait tant espéré la première fois, la Saint Just se laissait faire par les matrones qui avaient entrepris de lui prodiguer une toilette sommaire. Elle était passée soudainement du stade de celle qui espérait bien ne pas mettre au monde une quelconque nouvelle descendance à l'ironie de donner vie à un garçon qui ne serait jamais héritier du fait de son statut d'illégitime. Probablement encore l'une des farces de l'autre perché là-haut. Un sourire en coin flottait sur ses lèvres, malgré la douleur, malgré la fatigue, malgré tout.

Puis il y eut quelques murmures et une brise de mécontentement dans la chambre qui l'arrachèrent à son cynisme intérieur. Alarme ! Un mâle autre que celui qui avait inondé les bottes de la Ladivèze avait pénétré le périmètre de sécurité !
Fort heureusement pour lui, la délivrance avait déjà eu lieu ce qui lui évita de se faire chasser manu militari par une armada de grosses servantes au giron menaçant armées de leurs grosses mains de lavandières ou de cuisinières et d'une gouaille à faire pâlir les poissonnières.

Abandonnant immédiatement le débarbouillage en règle de l'accouchée, on la recouvrit prestement d'un drap chaste. Avisant la cause de ce remue-ménage, la Saint Just leva un regard fatigué sur le Bourgmestre et arqua un sourcil de surprise avant de refermer les yeux en retenant un profond soupir qui n'aurait pas manqué de faire entendre un sifflement peu discret. Elle hésitait encore sur la conduite à tenir lorsque l'impromptu vida de lui même les lieux, visiblement indisposé par le rappel crû que la nature à l'oeuvre n'avait rien de charmant.

La Saint Just fit un signe discret de la tête à l'un des soubrettes afin qu'elle aille s'assurer que le gouverneur de Montauban ne soit pas aller vider ses tripes sur les beaux tapis du petit salon attenant à la chambrée et au besoin de lui faire porter un remontant.
Puis comme par enchantement le ballet des domestiques reprit.

La secondine qui avait fini par sortir, signant là l'achèvement du processus de mise au monde, fut récupérée en vue de l'enterrer au fond du jardin. Il aurait été dommage que les hordes du Sans Nom rappliquent pour cause de non respect des bases élémentaires. L'on offrit à l'accoucheuse de récupérer le cordon afin d'un faire l'ingrédient principal de filtres d'amour. La Sombre ne compilant pas son office de sage-femme avec celui de rebouteuse douteuse, Agnès doutait qu'elle n'accepte l'offre faite de bon coeur.
Par contre, après avoir fait avaler à la Comtesse un bouillon de viande, l'avoir étendue dans des draps propres, une nourrice dégottée pour le petit être chétif qui n'avait même pas songé à réclamer, un sarment de vigne ajouté dans le feu ronflant dans l'âtre pour purifier l'atmosphère, tout ce petit monde exclusivement féminin décida qu'il était temps d'aller s'en jeter un dans le gosier, voir de se remplir la panse et invita l'accoucheuse à en faire de même.

Dans un calme qui tranchait avec la frénésie des instants d'avant, la Saint Just, que la blancheur immaculée des draps faisait paraitre encore plus pâlotte, alpagua la soubrette chargée de veiller sur le Gouverneur.


Allez me chercher le Bourgmestre.

Il ne restait qu'à assouvir la curiosité du pourquoi de sa présence en ces lieux avant d'enfin pouvoir dormir.

Sancte
Bon. Voilà. Terminé la fête à neuneu. Le chahut s'était déporté dehors et résonnait désormais contre les murs de la cour. Affaibli, le bourgmestre se redressa avec une lenteur qui confinait à la perpétuité. Depuis qu'il avait rencontré Agnès lors du siège de Pau, il avait appris à relativiser la noirceur de son âme que les guerres et les conflits incessants avaient maculé. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait la Comtesse dans un état d'affaiblissement extrême et d'avoir à redouter qu'elle finisse dans un linceul à la fin de la journée. Inspirant profondément, il laissa passer son angoisse pour ne pas s'enfoncer dans une catatonie ridicule. Il ne se sentait jamais autant idiot que lorsqu'il était désemparé. On l'appela au chevet de la Comtesse. Il s'y rendit et lui sourit aimablement. Il posa une main sur sa joue, qu'il tapota en vue de lui rendre le vermeil d'autrefois, bien que lui-même soit pris d'une pâleur à effrayer les morts. Néanmoins, s'il n'appréhendait pas sa réaction, il préférait que cet entretien se déroule sans témoins. D'une simple oeillade, il intima à la seule suivante restée sur les lieux de bien vouloir les laisser seuls. Ils avaient quelques explications à débarder sur un sujet délicat avant qu'elle ne s'en aille dormir.

Je suis là.

S'il avait envie de quitter le lieu-dit de l'Alabrena, ce qui eut été parfaitement compréhensible dans sa situation, il n'en montra rien. Il se contenta d'exciter avec sa discrétion coutumière la fierté intransigeante de la bête Artésienne qui brillait depuis plusieurs jours par son absence en la Cité des Saules. Il était venu dans un premier temps s'enquérir de son état. Il avait été servi. Et dans un second temps, aborder de front une discussion qui les plaçait dans l'impossibilité pugnace de pouvoir accorder leurs violons.
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Gnia, incarné par Sancte


Epuisée, lasse, vidée. L'on aurait pu croire qu'elle avait rêvé meilleure condition pour se trouver en cet instant face au bourgmestre mais finalement cela valait surement mieux. Elle éviterait ainsi les écueils de ses colères aussi rares que puissantes. La colère était passionnée et c'était justement le type de sentiments que la Saint Just ne voulait plus jamais ressentir. Cela sollicitait bien trop l'esprit pour bien peu de résultat.
Aucun sourire ne répondit à celui qui lui fut offert et sa main ne chassa pas celle qui s'était posée sur sa joue pour la simple raison que cela exigeait trop d'efforts après tout ce qu'avait enduré son corps. Elle se contenta donc d'écarter mollement le visage.

Enfin, elle leva sur Iohann un regard austère.


Qu'est ce que vous êtes venu faire ici ? Vous êtes venu m'expliquer votre conception toute particulière du renoncement ?
Ne vous donnez pas cette peine, je crois que j'ai parfaitement compris que chacune des paroles que vous me servez, de vos intentions à mon égard ne s'avèrent être dans les faits qu'une vaste mascarade destinée à me ménager.
Si vous estimez que ce que vous avez à me dire est susceptible de se vérifier dans les faits, je vous écoute. Sinon, vous pouvez partir.


La voix était basse, sans émotion autre qu'une immense lassitude. Affronter l'inéluctable ne se faisait pas sans douleur. L'accepter d'autant plus. Preuve en avait été faite quelques instants auparavant.

Sancte
Typiquement le genre de réactions féminines qui vous donnaient envie de devenir pédé comme un phoque. Son premièrement était rempli: elle allait bien. Le secondement par contre attendrait encore un peu. Il maintint sur la Comtesse ses yeux délavés, encadrés par les soupiraux de ses paupières sous lesquelles brillait une petite étincelle de bouffonnerie, et remit son chapeau.

Comme il vous plaira.

Ce genre d'arguties, il les connaissait depuis perpet'. Les sachant stériles pour les avoir enduré un certain nombre de fois sans le moindre résultat, il était décidé à les laisser de côté. Au moins préserverait-il la santé de la St Just et la tranquillité de ses nerfs, ce qui n'était pas rien. Ainsi donc, il s'éclipsa.
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Gnia, incarné par Sancte


Evidemment.
La Saint Just poussa un profond soupir et se mordit les lèvres avant d'appeler la servante qui devait trainer dans l'une des pièces attenante à la chambre.


Rappelez le Gouverneur qui vient à l'instant de quitter la chambre, j'vous prie. Et insistez...

Les yeux fixés sur le ciel de lit, elle se fustigeait tantôt de son orgueil démesuré tantôt de la faiblesse dont elle estimait encore avoir fait montre par cette demande. Et, les oreilles aux aguets, elle se maudissait de tout de même de guetter avec une certaine appréhension les crissements des roues d'un coche sur les graviers de la cour.
Nouveau soupir qui lui arracha une petite grimace de douleur.
Et de patienter, le corps affaibli diamétralement à l'opposée de la furieuse envie d'aller chercher elle-même le Montalbanais. Elle aurait certainement eu plus de chance qu'une pauvre domestique qui ne savait même pas de quoi il en retournait.


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