Gnia
Ah oui, le logement... A la réflexion de Melina, la Comtesse hocha la tête. Va pour l'aile ouest. De toutes façons, il faudrait bientôt y loger une autre jeune fille et les appartements dédiés à sa vassale et aux enfants ne suffiraient pas à tenir les jeunes filles en fleur qui ne cessaient de venir agrémenter la pièce maîtresse du bouquet de l'Alabrena.
Des fleurs des champs en bourgeon pour tenir compagnie à un bouquet de chardon. La Saint Just retint un ricanement à cette évocation et reporta rapidement son attention sur Griotte qui avait repris la parole.
A la mention d'un fût de vin de Bourgogne, Agnès partit d'un grand éclat de rire qui tinta longtemps entre les murs de la chambrée. Soit l'Etincelle avait briefé son élève, soit elle était la digne fille de son père. Dans un cas comme dans l'autre, elle avait avancé un argument de poids pour conquérir l'Infâme.
Soyez remerciée de votre attention Damoiselle de Blanc-Combaz. Georges, notre vieil intendant se chargera de trouver un lieu propice à l'entreposage de votre précieux cadeau.
Lorsque Melina s'apprêtait à quitter la pièce, Agnès invita la jeune Griotte à la suivre. Une visite de la bâtisse ne serait point de trop, quelques confidences échangées le long d'un corridor, et une aide vaillante pour la Dame de Croisilles qui en faisait un peu trop aux vues de son état.
Et puis, surtout, c'était son propre état qui commençait à inquiéter la Saint Just.
Melina, point besoin de faire le service. Si j'ai besoin de quelque chose, Ailein s'en chargera. Faites donc visiter la maison à Griotte... Et repassez me voir dans quelques instants...
[Fin d'interlude - Toccata et fugue]
Une fois seule, Agnès avait laissé errer un instant son regard au delà des carreaux de l'alcôve, au travers des branches d'arbres dépouillées, jusque sur les flots aux teintes moirées d'émeraude et de gris du Tarn.
Puis, attendu, vint le premier coup de semonce. Un coup sourd qui venait du fond de son être. Suivi par deux autres. Les trois coups au théâtre qui annoncent l'ouverture de la pièce.
Silence.
Seul un pli soucieux barrait son front. Serait-ce différent du jour où elle avait mis au monde ses filles ? Serait-ce aussi tragique que le jour où elle avait survécu à la grippe mais pas la toute première vie qu'elle aurait dû mettre au monde ? A bien y réfléchir, elle n'en savait strictement rien et elle fut même un instant étonnée de découvrir qu'elle s'en fichait pas mal.
De ce constat étrange, elle décida donc de se concentrer tant que cela lui était encore possible sur un semblant de confort durant cette épreuve. Elle quitta d'abord lentement ses robes, ne conservant que le blanchet qu'elle portait en guise de dessous. D'un geste leste, elle attrapa la cruche de vin qui attendait non loin de la cheminée et un hanap et les posa sur le coffre qui tenait lieu de chevet près du lit. Elle se servit, une contraction suspendit un instant son geste, puis elle reposa la cruche et porta la coupe à ses lèvres, coupe qu'elle vida d'un trait.
Assise sur le lit, la Saint Just restait stoïque aux vagues à l'amplitude croissante qui soulevaient ses viscères, se contentant de serrer les dents et les poings sur les couvertures.
Et lorsqu'enfin, elle sentit le long de ses jambes les eaux de la délivrance, elle releva la chemise sur ses jambes et se laissa glisser doucement du bord du lit au sol, le dos calé contre le bois du lit d'un moelleux coussin. Elle jeta un regard aux portes de la chambre, espérant maintenant que Melina reviendrai.
Il était temps.
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Des fleurs des champs en bourgeon pour tenir compagnie à un bouquet de chardon. La Saint Just retint un ricanement à cette évocation et reporta rapidement son attention sur Griotte qui avait repris la parole.
A la mention d'un fût de vin de Bourgogne, Agnès partit d'un grand éclat de rire qui tinta longtemps entre les murs de la chambrée. Soit l'Etincelle avait briefé son élève, soit elle était la digne fille de son père. Dans un cas comme dans l'autre, elle avait avancé un argument de poids pour conquérir l'Infâme.
Soyez remerciée de votre attention Damoiselle de Blanc-Combaz. Georges, notre vieil intendant se chargera de trouver un lieu propice à l'entreposage de votre précieux cadeau.
Lorsque Melina s'apprêtait à quitter la pièce, Agnès invita la jeune Griotte à la suivre. Une visite de la bâtisse ne serait point de trop, quelques confidences échangées le long d'un corridor, et une aide vaillante pour la Dame de Croisilles qui en faisait un peu trop aux vues de son état.
Et puis, surtout, c'était son propre état qui commençait à inquiéter la Saint Just.
Melina, point besoin de faire le service. Si j'ai besoin de quelque chose, Ailein s'en chargera. Faites donc visiter la maison à Griotte... Et repassez me voir dans quelques instants...
[Fin d'interlude - Toccata et fugue]
Une fois seule, Agnès avait laissé errer un instant son regard au delà des carreaux de l'alcôve, au travers des branches d'arbres dépouillées, jusque sur les flots aux teintes moirées d'émeraude et de gris du Tarn.
Puis, attendu, vint le premier coup de semonce. Un coup sourd qui venait du fond de son être. Suivi par deux autres. Les trois coups au théâtre qui annoncent l'ouverture de la pièce.
Silence.
Seul un pli soucieux barrait son front. Serait-ce différent du jour où elle avait mis au monde ses filles ? Serait-ce aussi tragique que le jour où elle avait survécu à la grippe mais pas la toute première vie qu'elle aurait dû mettre au monde ? A bien y réfléchir, elle n'en savait strictement rien et elle fut même un instant étonnée de découvrir qu'elle s'en fichait pas mal.
De ce constat étrange, elle décida donc de se concentrer tant que cela lui était encore possible sur un semblant de confort durant cette épreuve. Elle quitta d'abord lentement ses robes, ne conservant que le blanchet qu'elle portait en guise de dessous. D'un geste leste, elle attrapa la cruche de vin qui attendait non loin de la cheminée et un hanap et les posa sur le coffre qui tenait lieu de chevet près du lit. Elle se servit, une contraction suspendit un instant son geste, puis elle reposa la cruche et porta la coupe à ses lèvres, coupe qu'elle vida d'un trait.
Assise sur le lit, la Saint Just restait stoïque aux vagues à l'amplitude croissante qui soulevaient ses viscères, se contentant de serrer les dents et les poings sur les couvertures.
Et lorsqu'enfin, elle sentit le long de ses jambes les eaux de la délivrance, elle releva la chemise sur ses jambes et se laissa glisser doucement du bord du lit au sol, le dos calé contre le bois du lit d'un moelleux coussin. Elle jeta un regard aux portes de la chambre, espérant maintenant que Melina reviendrai.
Il était temps.
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