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[RP][Oane Vira] L'Alabrena - Mesnie Saint Just

Sancte
A moins que ce ne soit le destin qui ne se joue de lui. Enfin ... La demande était claire. La formulation, explicite. Il n'y alla pas par quatre chemins, et rangea son volume d'hagiographies pour ouvrir le Livre des livres à la page désirée.

L'éclipse. Chapitre VIII.

La Résurrection a écrit:
Cette voix que j’entendis, alors que je me trouvais en compagnie d’Oane et d'Aristote, était calme et pénétrante. Ils m’expliquèrent tranquillement que c’était Dieu Lui-même qui allait me poser LA question. J’allai enfin savoir laquelle était-ce. La voix divine me dit: “Toi, l’humain que les tiens nomment Sypous, tu es venu à Moi, découvrant tout ce qu’un humain pourra connaître après sa mort. Tu as visité chacun des sept Enfers, où tu as rencontré chacun des Princes-démons, qui se sont présentés à toi, conformément à Ma volonté. Qu’as-tu retenu de tes périples ?”

Je répondis: “J’ai compris le sens du Salut. Lorsqu’un humain a vécu dans la libération de ses vices et dans l'humilité, s’étant ainsi conformé à Ta divine parole, libre, souveraine, et transmise par le prophète Aristote et par Oane, l'élu, sans captation d'aucune sorte Tu lui accordes le droit d’accéder en ces lieux, au Jardin des Délices, au sein des cieux, car Tu installes souverainement et librement l'humain dans une relation nouvelle avec Toi, sans condition. Chacun d'entre nous a la possibilité de vivre au-devant de Toi et réconcilié avec Toi. Mais si l'humain se détourne de la droiture et de sa condition, en refusant d’écouter Ta divine parole, qu’il s’abandonne totalement aux plaisirs terrestres, à l’égoïsme, à la tentation, à l'adoration d'icônes et de fausses divinités, Ta Justice t’amène à l’envoyer en Enfer, dans la mer, pour y être puni pour l’éternité. Tu nous aimes, mais c’est l'essence même de notre être qui nous invite à T’aimer.”

Dieu me dit: “Maintenant, le temps est venu pour toi de faire ton choix. Tu peux décider d’accepter la mort. Dans ce cas, je jugerai ta foi, en regardant si tu as un jour prétendu maîtriser la vie et t'être fait seul. Si, alors, indépendamment de tes qualités, de ton mérite, de ton statut, ou de tes bonnes œuvres, Je juge que tu en es digne, tu rejoindras les élus pour une éternité de joie et de bonheur. Mais si Je juge alors que ta vie s'est décidée loin de Moi, tu connaîtras une éternité de tourments en Enfer. Alors, si tu penses que ton temps n’a pas encore été accompli, que tu n’as pas encore été réconcilié avec Moi, tu peux décider de revenir à la vie.”

Je ne savais que répondre. Avais-je mérité de rejoindre le Jardin des Délices ou finirais-je en Enfer dans la Montagne de Désolation ? Alors, j’entendis des voix. C’était celles de mes amis, qui priaient pour le Salut de mon âme. Bien qu’ils se trouvassent sur terre, je les entendais distinctement. Cela me faisait chaud au cœur de voir qu’ils se souciaient tant de ce qui allait m’arriver. Il me fallait leur montrer que leurs prières n’étaient pas vaines. Je décidai d’accepter la résurrection, afin de pouvoir vivre dans ma Foi avec droiture et sincérité et mériter mon Salut. Je leur devais bien ça, au moins autant que je me le devais à moi-même.

Dieu me dit alors: “Depuis que J’ai décidé de changer l’esprit des humains en âme, afin qu’elle soit jugée à leur mort, chacun d’eux parcourt le chemin qui t’a conduit à Moi, et Je pose la même question à chacun d’eux. Certains ont la même prudence que toi, d’autres accèdent au Jardin des Délices, et d’autres surestiment la qualité de leur vie et de leur foi en l'Écriture, seule dépositaire de mon autorité sur terre, et sont envoyés en Enfer.”

“Ceux qui ont opté, comme toi, pour la résurrection ne gardent pas traces de leur périple céleste dans leur mémoire. Ainsi, leur comportement ne change que si la leçon s’est gravée au fond de leur cœur. Mais, afin que tous sachent quel sort terrible les attend s'ils se détournent de Mon amour, Je te laisse exceptionnellement la mémoire. Tu pourras ainsi témoigner de ton périple. Et ton témoignage restera pour les siècles des siècles. Maintenant que tu sais quelle tâche Je t’ai confiée, retourne à la vie, jusqu’à ce que Je te rappelle pour que tu fasses un nouveau choix.”


Alors, ma vue se brouilla. J’eus tout juste le temps de voir Aristote et Oane me dire à bientôt avant de perdre connaissance. Lorsque je me réveillai, je me trouvais dans mon lit, les bras en croix. Autour de moi des cierges étaient allumés et mes amis étaient en train de prier. En larmes, mais visiblement soulagés, ils m’expliquèrent que cela faisait neuf jours que j’étais mort. Je me levai, alla à la fenêtre, et vis que le soleil diffusait à nouveau sa chaleureuse lumière sur le monde. Je racontai à mes amis mon incroyable périple et décidai de coucher sur le papier tout ce que je venais de connaître pendant ma mort.


Et dans un ultime soupir, il referma lentement l'ouvrage sur le chapitre qui clôturait l'éclipse, et qui ouvrait la voie à la Fin des Temps.
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Matalena
Montauban alias la future Las Vegas du baptême express : Tous vos sacrements garantis torchés en moins de cinq minutes montre en main, service 24h/24 et livraison à domicile comprise dans le forfait ! Faudrait songer à se relayer en libre service pour assurer des messes perpétuelles au rythme des célébrations, ces temps-ci. Ou était-ce la saison qui voulait cela ? Baises en février, naissances en septembre, baptêmes en octobre et mariages en mars, ou inversement. Le cycle de la vie quoi.
Dans lequel elle intervenait tantôt comme chef d'orchestre tantôt comme souffleur, et en l'occurrence comme porteur. Parce qu'elle avait refilé ses deux croix de rab à la roukmoute et sa chiarde et qu'en sus elle n'en portait pas toujours sur elle en cas d'imprévu, la jeune femme n'avait pas même la possibilité d'illustrer cette arrivée du petit gars au royaume des hérétiques par un bijou en bonne et due forme. Pendant que le petit s'excitait dans ses bras (Les discours ça n'était pas son fort, le pauvre), elle lui cala la première phalange de son petit doigt dans la bouche histoire de la lui faire fermer et donner un tant soit peu de solennité à cette scène qui en manquait déjà suffisamment comme ça à son gout. Tétant obligeamment cette paluche brune, il ne protesta pas lorsqu'elle lui appliqua de l'eau sur la tronche, et son front blanc et fripé demeura parfaitement placide.


Deos, accueille cet être comme une de tes brebis. Que ta Grande Bonté s'étende à l'enfant de l'Homme et lui accorde les bienfaits de la foi et de la sagesse. Souhaitons que la voie de celui qui nait soit confirmée dans les actes de celui qui vivra.

Amen, etc etc. Ça, c'est fait. Cela dit dans l'histoire, elle n'avait pas tellement eu son mot à dire, et le regard un tantinet désapprobateur qu'elle laissa filtrer en direction du bourgmestre suggérait fortement que tout ceci serait soumis à discussions ultérieures. Par ailleurs...

Si je peux me permettre Votre Grandeur, un baptême réformé est-il réellement adapté à vos croyances ?
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« Ne confondez pas le sombre avec l'obscur. L'obscur accepte l'idée de bonheur; le sombre accepte l'idée de grandeur. »
Victor Hugo

Gnia
Etait-ce un fin sourire apaisé que l'on pouvait deviner sur le visage blafard de la Comtesse ? Probablement. La Saint Just avait toujours eu un lien quasi mystique avec ce chapitre du Livre de vertus qu'elle connaissait presque par coeur et l'ouïr version réformée n'en était encore que plus plaisant puisqu'il lui semblait le découvrir sous un jour nouveau, une nouvelle histoire pour un renouveau.

Un regard fatigué mais curieux détailla l'austère huguenote qui s'appliquait à sceller l'entrée du nourrisson dans une famille certainement plus aimante et présente que celle que la Saint Just pouvait lui offrir.
Et lorsque la Sombre lui adressa une question somme toute parfaitement logique, la Saint Just crût deviner alors ce qui lui conférait cette petite mine insatisfaite depuis que Sancte lui avait signifié ce que l'on attendait d'elle.


Matalena... Cette demande de baptême, je l'ai exprimée et voulue. Et je connais le sens des mots, des serments et des engagements. Mes actes et décisions sont rarement pris à la légère quand bien même ils peuvent sembler parfois soudains et irréfléchis.
Vous pouvez donc considérer que ce baptême correspond à mes croyances, oui.


Un profond soupir accompagna ce dernier pas vers la résurrection et le regard grave, ourlé de cernes profondes et bistres, qui s'était ancré dans celui de la Ladivèze ne cilla point.

Quand bien même vous n'en demeurerez que les seuls témoins, cette voie se confirmera dans les actes.

La messe était dite. Enfin presque.
Elle se souvint d'une petite croix en argent offerte dans une geôle austère du Castèth de Pau, serrée dans le double fond d'un coffret à bijoux et son regard s'éclaira d'une lueur indescriptible.

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Matalena
La jeune femme décrispa ses traits sur un sourire fugace mais lumineux, dont ne demeura rapidement plus trace que dans son regard luisant, comme un échange secret entre deux femmes de connivences. Les doutes, les hésitations, les longues conversations avaient laissé planer entre elles deux un écart certain qui pouvait s'expliquer par leurs divergences de valeurs et d'opinions. Ce voile levé valu à Sa Grandeur cette œillade complice, et la légère approbation du chef qu'ajouta la réformée. L'info était admise, nul besoin d'y revenir de façon plus explicite.

En ce cas fort bien. J'en suis heureuse.

Et malgré la neutralité du ton, le mot ne semblait point choisit au hasard.

Souhaitez-vous que nous vous laissions vous reposer à présent ? Je peux vous faire porter de quoi vous sustenter ?

Un accouchement, une rencontre avec Deos, une scène de ménage et un baptême plus tard, tout ceci devait sans doute s'être révélé éprouvant malgré l'endurance connue et reconnue de la dame.
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« Ne confondez pas le sombre avec l'obscur. L'obscur accepte l'idée de bonheur; le sombre accepte l'idée de grandeur. »
Victor Hugo

Sancte
La journée avait été rude pour la Comtesse. Toute infâme qu'elle soit. Rude et éprouvante. Aussi, quelque peu lénifié par la cérémonie qui venait d'avoir lieu, le ministre de la foy réformée recouvrit la désormais très pieuse aristocrate de son drap. La confrontation qu'il avait tant redouté n'avait finalement pas eu lieu. Au contraire. Le dénouement de cet épisode dépassait de très loin les maigres attentes qu'il avait pu espérer de cette entrevue. Elle avait fini par conserver son fils. Il en était désormais le parrain et futur précepteur, chargé de l'élever selon les saints préceptes de la foy réformée. La pièce revenue au calme, il posa sa main sur le crâne de la belle endormie et lui déposa un baiser fraternel sur le front, avant de se retourner vers le pasteur Ladivèze.

Laissez Matalena. Vous aussi avez eu une journée chargée. Je m'occupe de tout.

C'est ainsi qu'à son réveil, la St Just trouvera à son chevet une livre de bon pain enveloppée dans un linge propre, ainsi qu'une tranche de viande salée, accolée à un pichet de Bordeaux. Afin que le corps se fortifie au même titre que l'âme. De Iohannes, plus de traces. Et de temps en temps, pour le seul bénéfice de la quiétude d'esprit, ce n'était pas plus mal.
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Gnia
[Une (s)cène un peu particulière]


Revenant de leur expédition de la clairière de la foi, la Saint Just et son invitée avaient cheminé à pied depuis le Nord des environs de Montauban, traversé la ville fortifiée, puis le Vieux Pont pour revenir à l'Alabrena. Une balade considérable mais agréable malgré le temps hivernal.

Aussi, l'arrivée dans la grand salle où ronflait un feu imposant dans la cheminée haute comme un homme et large comme dix fut d'un grand réconfort et les deux nobles s'étaient serrées un instant devant l'âtre avant d'ôter mantels, fourrures, gants et couvre-chefs.
On leur fit porter un pot de terre fumant empli de vin chaud dont les épices parfumaient l'air sans toutefois parvenir à couvrir les effluves qui émanaient des cuisines pourtant sises dans la cour en un bâtiment indépendant pour prévenir les incendies. Le dîner s'annonçait fameux, comme à l'habitude depuis que la Saint Just partageait sa vie avec une troupe hétéroclite de damoiselles et damoiseaux. Et plus encore depuis que ses gens s'étaient mis en tête, sous la houlette du Vieux Georges, de nourrir leur maîtresse comme l'on gave un oie, de peur de la voir dépérir et reprendre les mauvaises habitudes qui l'avaient vue devenir l'ombre d'elle-même en Béarn.

Et tandis que l'on dressait la table, Agnès avait pris place sur l'un des fauteuils devant la cheminée et sirotait son vin. Une fois revigorée par le breuvage, elle s'adressa à la Vicomtesse d'Avize


Eilinn, êtes-vous satisfaite de votre séjour à Montauban ? Je ne sais si la promenade d'aujourd'hui a répondu à certains de vos questionnements, mais je gage que je puis tenter de répondre à certains et que pour le reste, notre invité au dîner saura compléter.
Cette curiosité pour le culte réformé, d'où vous vient-elle ?

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Eilinn_melani
La promenade avait été agréable, la comtesse et la jeune fille avaient discuté de choses et d'autres, de sujets légers sans grand intérêt. Elles avaient fini par retourner à l'Alabrena, ou on s'était chargé de les accueillir et de faire fuir le froid. Eilinn ayant une santé fragile, elle s'était vite réfugiée près de la cheminée, avec de grandes couvertures recouvrant ses jambes et ses épaules. La timbale réchauffait ses doigts engourdis, refaisant circuler le sang à nouveau, picotant les nerfs ensommeillés par leur séjour dans le froid.
Eilinn prit une gorgée du vin épicé, sachant pertinemment que trop boire trop vite n'était guère de bon aloi pour la suite de la soirée, même si ses os transis réclamaient la chaleur promise par l'alcool.

Agnès reprit le cours de leur conversation sur la réforme, et la jeune fille devint songeuse.

Hum... et bien, si je vous répondais juste la curiosité, cela vous satisferait-il ?

J'ai toujours été d'une nature touche-à-tout, d'ailleurs ma vie plutôt hétéroclite va dans ce sens... A la Nonciature le sujet de Montauban est souvent abordé, et je voulais voir de mes yeux l'homme responsable de tant d'agitation au sein de l'Eglise.
Je ne suis pas venue pour faire du prosélytisme, je n'ambitionne même pas de rapporter ma visite d'ici à la Nonciature.

Je suis juste curieuse de la doctrine réformée, pourquoi séduit-elle tant ici ? Je sais bien que l'on reproche souvent à l'Eglise Aristotélicienne, parfois à juste titre, sa rigidité ou sa lenteur, mais la foi qu'elle dispense est pleine de... compassion et d'amour.
Alors que ce que j'ai entendu ce matin, cela sonnait étrange à mes oreilles...
Pour reprendre un exemple qui me parle, c'est comme si je changeais l'épice d'une recette que je connais bien, lorsque je la gouterai, je saurai que c'est cette recette, mais l'épice changée bouleverserait également ma sensibilité.

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Vicomtesse d'Avize, Diaconesse de Paris.
Gnia
La Comtesse observa un instant le profil de la jeune femme, les doigts tapotant nerveusement l'étain du gobelet fumant. La comparaison culinaire lui arracha un fin sourire et elle prit une profonde inspiration avant d'entrer dans cette conversation qui tenait tout de même lieu d'une traversée d'un champ truffé de chausse-trappes, quand bien même sans savoir vraiment pourquoi, la Saint Just avait grande fiance en la Melani.

Le bouleversement, s'il surprend n'est pas forcément une mauvaise chose. Tout ce qui est figé et établi est condamné tôt ou tard à être remis en question et à vocation à changer, ne serait-ce que parce qu'il est dans la nature de l'homme de chercher, de repousser les limites de l'existant, d'essayer, quitte à se tromper. Il faut alors soit s'adapter soit combattre le changement s'il semble trop choquant.

Vous l'avez dit, ce qui est reprochée à L'Eglise romaine, c'est aussi un méandre de procédures qui demeurent souvent obscures aux yeux du profane. Une administration lourde et rigide et qui s'est considérablement éloignée de ses ouailles et d'une véritable présence sur le terrain.

Pourquoi la réforme séduit-elle ? A mon sens, hormis pour ceux qui s'y attachent par provocation ou par désoeuvrement, c'est qu'elle tâche de se dépouiller d'artifices et de tous les intermédiaires entre le croyant et le Très Hauct.
L'austérité et la simplicité qui la qualifient tant dans les cérémonies que dans la réduction notable des sacrements a de quoi séduire. Après tout, vous avez été vous même choquée et bouleversée par ce que certains prélats de l'Eglise s'autorisent au nom de la Foi. Qui ne rêverait pas d'une relation privilégiée avec Dieu, sans autre intermédiaire que la prière, sans idolâtrie pour d'autres figures que Lui, sans obstacle entre Lui et vous ?


La Saint Just se mordit l'intérieur de la joue avant de se taire enfin et de boire une petite gorgée tant pour se donner une contenance que pour reprendre son souffle après son discours. S'était-elle par trop découverte ? Est-ce finalement si important ? Un pli soucieux apparut sur son front et finalement, elle osa une dernière phrase.

Avez-vous déjà lu l'un ou l'autre des textes de la doctrine réformée ?
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Sancte
Comme les 52, par exemple ... intervint Iohannes qui avait fini, lui aussi, par regagner l'Alabrena un peu plus tôt que prévu. Le visage affichant la sérénité du juste, il s'approcha des deux jeunes femmes et prit place parmi elles, visiblement déjà délesté de sa cape, de son foulard, et de sa robe noire qu'il avait du confier à l'entrée malgré la fraîcheur de la bâtisse. Ces six mois de mandats municipaux avaient été plutôt tranquilles, mais les dernières semaines lui avaient fait goûter à la croix et à la bannière. Aussi fut-il satisfait d'avoir réglé ses derniers problèmes avant de passer la main au successeur qu'il s'était choisi, pour le bien de la Cité qu'il avait l'audace de considérer comme sienne.
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Eilinn_melani
La jeune fille resta songeuse un instant aux paroles de la Comtesse.

Je comprend vos arguments Agnès... J'avoue moi-même trouver plus de sérénité au sein d'un ordre religieux dont le dépouillement est l'un des maitre-mots, que dans le clergé séculier...


Eilinn resta un moment à contempler le fond de sa timbale.

Vous savez, j'ai vu Aléanore quand...

Le reste des mots, et du terrible secret qu'ils recouvraient, ne put franchir ses lèvres. Seuls le baron de Digoine et Clémence de l'Epine connaissaient la vérité sur les quelques minutes qui avaient suivi la mort de l'Etincelle, et le poids de ce fardeau pesait parfois lourd sur les épaules d'Eilinn. Une fraction de seconde elle voulut obtenir la compassion de la comtesse du Lavedan, avant que l'horreur des images ne la perturbent à nouveau et l'empêche de terminer sa phrase.

A cet instant propice, Sancte Iohannes pénétra dans la pièce, et cela soulagea presque la jeune fille. Un sourire revint sur ses lèvres lorsqu'elle le salua d'un hochement de tête. Tout trouble avait disparu de son visage, et elle répondit à la question posée par Agnès, et complétée par Sancte.


Nullement... Je vois mal ou je pourrai me procurer ces écrits en fait... que ce soit à Noirlac ou au sein de la Nonciature !

La môme imaginait déjà Adso ou Tully faire une crise cardiaque à ce type de demande. Elle se tourna vers Sancte. Elle n'était nullement gênée d'être en sa présence, ni ne semblait le craindre.

Je me suis imaginée qu'opportunément, vous pourriez me transmettre ce genre d'écrits !
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Vicomtesse d'Avize, Diaconesse de Paris.
Gnia
Lorsque Eilinn mentionna Aléanore, Agnès se remémora cette étrange journée où il lui avait été donné d'être pour la première fois de sa vie exécutrice testamentaire alors que quelques instants avant, celle qui lui confiait ses dernières volontés par pli cacheté était encore pleine de vie. Tâchant de se souvenir qui était où le jour de ce drame, elle eut soudain une petite idée de ce que la jeune vicomtesse d'Avize essayait de lui dire.
Pourtant, en lieu et place de compassion, si Eilinn avait poursuivi, elle n'aurait trouvé qu'un visage fermé et un regard dur, comme à chaque fois que quelque chose bouleversait la Comtesse.

Elle allait pourtant inviter la jeune femme à s'épancher, sachant qu'il est des images qui hantent jusqu'aux moment les plus sombres de la nuit, lorsque l'invité du jour se matérialisa à l'instant qui semblait le plus propice. Elle l'accueillit d'un fin sourire et un serviteur se présenta bientôt pour lui servir également un gobelet de vin chaud.

La Saint Just laissa le soin à Iohann de répondre à la jeune Melani. Si elle se doutait que les conversations de cette soirée seraient probablement animées, elle ne craignait point trop esclandres et coups d'éclat. Elle savait le ministre de la nouvelle opinion respectueux de l'hospitalité qu'elle offrait et l'oblate cistercienne était dotée d'une ouverture d'esprit qui présageait grande intelligence. Aussi, la Comtesse semblait détendue, satisfaite de s'entourer d'une compagnie dont les discussions ne lui arracheraient pas des soupirs d'ennui.

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Sancte
Iohannes fouilla à brûle-pourpoint dans sa besace et en sortit un feuillet usagé [mp] agrafé à une tablette qu'il remit à Eilinn. Tandis qu'elle s'en emparait, il la dévisagea du coin de l'oeil non sans une certaine méfiance. S'il avait déjà été donné au sicaire l'occasion de discuter, voir de débattre, avec de nombreux membres du clergé, il avait toujours gardé les nonces en horreur. Ainsi, la présence d'un adversaire reconnu et déclaré le plaça dans l'impossibilité de s'abandonner totalement aux charmes de l'hospitalité reconnue de sa Grandeur, merveilleusement incarnée par un feu ronronnant et une coupe intarissable de bon vin.
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Eilinn_melani
Eilinn ignorait totalement l'horreur qu'elle pouvait faire naitre chez le réformé. De par son jeune âge, elle gardait une certaine candeur et une naïveté qu'elle tentait de préserver au mieux, entre les déformations de son corps par sa puberté et sa découverte permanente du monde des adultes.
Elle garda le silence pendant sa lecture des 52, seul parfois un sourcil surmontant ses yeux d'azur marquait un sursaut, ou se levait suivant l'émotion née chez la jeune fille.

Au bout d'un moment, elle reposa le feuillet sur ses cuisses toujours couvertes d'un chaud lainage, et but une gorgée de son vin épicé. Elle rompit alors le silence qui s'était installé.


Je vous remercie tout d'abord pour ce feuillet instructif. Je comprends maintenant ce qui peut séduire les... mécontents de l'aristotélisme.


La jeune fille fut une pause, tandis qu'elle semblait rassembler ses pensées.

J'avoue que cette lecture me laisse songeuse. On vous l'a peut-être déjà fait remarquer après tout, je ne suis pas une éminente théologienne, mais je trouve étrange qu'une foi se définisse en fonction de ce qu'elle n'est pas...

Le dogme, du moins dans ma conception, est censé poser une vérité inaliénable. Or, en vous définissant de façon négative, par opposition, finalement vous pouvez susciter bien plus d'interpretations de votre doctrine...
Quand on dit "je suis un homme", il y a peu de ... variations possibles, on peut rajouter la couleur de peau, la couleur de cheveux, mais l'essence est definie. Alors qu'il est beaucoup plus aisé d'avoir une interpretation biaisée de "je ne suis pas un homme", par "je suis un aigle, une salamandre, un bout de bois".

Si j'ai bien saisi, la réforme se pose en tant qu'interprétation autre de la parole divine aristotélicienne, mais n'aurait-il pas été plus... constructif de bâtir la réforme en tant que... nouvelle religion à part entière ?

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Vicomtesse d'Avize, Diaconesse de Paris.
Sancte
Au final, n'en est-elle pas une ? enchaîna-t-il sans trop attendre. La jeune demoiselle paraissait frêle et indécise. Mais le réformé en son âge mûr ne savait que trop bien quel genre de créature pouvait se tapir dans l'ombre d'une ingénuité de façade. Aussi n'était-il pas décidé à vendre trop tôt la peau de l'ours. Ou en l'occurrence, de l'oursonne Languedocienne, qui ne tarderait sans doute pas à développer sa pensée.
Eilinn_melani
Eilinn fit la moue devant la réponse sibylline du réformé. Visiblement elle avait semblé attendre un éclaircissement de la part de Sancte, mais il paraissait s'amuser du manque de lucidité de la môme.
Elle tenta de mieux formuler sa pensée, même si elle était loin d'être à l'aise dans ce genre de discussion. Elle pratiquait l'exégèse sans difficulté, ce qui étonnait parfois pour son jeune âge, mais une conversation théologique avec une doctrine inconnue lui demandait plus d'effort de réflexion et de formulation.


La foi réformée s'appuie sur la foi aristotélicienne, même si elle en dénonce certains aspects. Si les piliers de la foi réformé disparaissaient, en l'occurence le dogme aristotélicien, que se passerait-il alors ?
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Vicomtesse d'Avize, Diaconesse de Paris.
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