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[Rp] Et l'Amiral vogua ...

Cronos


Le Vicomte grommelait alors que son écuyère allait chercher la princesse. Il n'avait visiblement pas réussi à cacher à Keyliah qu'il était souffrant et la jeunette commençait à se faire du soucis. Moins qu'elle aurait du sans doute et c'était mieux ainsi. Le Vicomte n'aimait pas qu'on le perçoive en position de faiblesse.

Finalement Keyliah mena à bien sa mission et Armoria vint s'assoir près du Vicomte alors que l'émissaire allait s'assoir près de Burger. Cronos lui en était reconnaissant, il fallait qu'il s'entretienne de choses importantes avec la princesse.
Et cette-dernière lui tendait la main. N'avait-elle toujours pas compris où nourrissait-elle encore le secret espoir de voir le visage de l'Amiral ? Comme à son habitude, le Vicomte lui prit délicatement la main tendue dans son gantelet de fer et l'appliqua à son heaume en un contact froid et métallique. Rien ne changeait.

Une fois la "politesse" effectuée, la dame du Breuil elle aussi fit son entrée. La situation était complètement différente de celle d'Armoria car, bien que personnalité importante, Kirah était tout à fait chez elle en Normandie et n'avez pas de raison de voyager incognito. Le Vicomte ne se gêna pas pour l'interpeler. D'un mouvement du bras, il lui fit signe de venir.


Kirah ! Venez donc vous assoir avec nous plustot que de siroter en solitaire.

Une interpellation à la normande, ni plus ni moins. le Vicomte fut alors pris d'une nouvelle quinte de toux qu'il parvint à calmer au bout de 5 reprises. La poitrine lui faisait un peu mal. Parlant un peu plus bas, il s'entretint avec la princesse.

Sans doute faudra-t-il que je vous parle de mon état de santé Altesse mais attendons l'arrivée de la duchesse à nostre table.

Il reprit son souffle.

En attendant, quelles nouvelles d'Artois ?
Armoria
Armoria était ainsi faite que sitôt qu'elle voyait une blessure ou entendait une quinte de toux, ressurgissait en elle la petite fille qui suivait sa grand-mère dans la cueillette des simples. Autant dire qu'en entendant celle du noir Vicomte, ce réflexe si bien ancré refit surface. Elle le regarda - autant qu'on peut regarder un heaume - en levant un sourcil. Elle étrenna un frisson en songeant au mot terrible : consomption...

Il semblerait que votre armure ne soit guère chauffée, Vicomte... Votre santé, nous allons certes l'évoquer, ce que j'aurais fait, sauf votre respect, même sans votre permission.

Déjà, elle fouillait dans sa mémoire. Les recettes de Zivapa la Bohémienne avaient fait merveille sur la consomption d'Asterius, alors même qu'on le disait perdu... Si Cronos avait une maladie moins grave, nul doute que cees recettes fonctionneraient à merveille.

Les nouvelles d'Artois, ma foy, il semblerait que nous dirigions vers une issue favorable et pacifique, cette voie médiane souhaitée par Sa Majesté. Nous n'attendons plus que la confirmation du Primat.
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[Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique]
Keyliah
Les yeux levés en direction des poutres qui ornaient le plafond, keyliah soupira. C’est qu’à trop vouloir jouer des ronds de jambes et des courbettes, elle avait finit par oublier que son livre était resté au sol lorsqu’elle avait fait son remue-ménage pour tenter de persuader le vicomte de prendre du repos, paroles dont il semblait se fiche éperdument d’ailleurs …
La jeune fille se retrouvait donc là, assise à la table de Burger qui lui-même continuait son occupation première, l’écriture. Difficile donc pour la donzelle de rater l’entrée de Kirah avec qui elle se souvenait d’avoir échangé quelques lettres à propos du poste de poursuivant d’armes qu’elle proposait à l’époque. Keyliah avait été un peu déçue de ne plus recevoir un seul billet de cette dame, ne serait-ce que pour la prévenir qu’elle n’avait pas été choisie.
Mais bien des semaines étaient passées depuis et l’avranchine avait eu quelques autres préoccupations, surtout concernant la mairie d‘Avranches.

Les yeux rivés sur l’amiral, la jeune fille ne put s’empêcher d’imaginer que les messes basses échangées avec la princesse annonçaient l’arrivée imminente d’aussi mauvaises que grandes nouvelles.
Saluant donc Kirah dans les règles de l’art, l’écuyère en vint à boire une longue … très longue gorgée de calva. Elle avait beau tenter de se raisonner, rien n’y faisait, ce n’était plus de la simple inquiétude qu’elle ressentait mais une profonde peur, celle de perdre si vite la place que le vicomte avait bien voulu lui accorder à ses côtés, et encore, ceci n‘était rien, une place après tout, elle pourrait toujours s‘en faire une en un autre lieu et près d‘une autre personne. Mais le heaume était connu de toute la Normandie et peut-être même plus loin encore, quelle peine immense cela serait de perdre un homme tel que lui.

Se rasseyant alors, la mine quelque peu boudeuse et triste à la fois, Keyliah ne savait plus quoi faire pour passer le temps, d‘autant qu‘elle aurait préféré être, elle aussi, mise dans la confidence si son seigneur était gravement malade.

D’un côté une conversation avait été entreprise entre les bonnes gens, de l’autre on avait un certain nombre de badauds qui paraissaient s’amuser au possible et de l’autre encore il y avait le voisin le plus proche de la tablée, Burger donc, que Keyliah préféra laisser admirer si fièrement le chef-d’oeuvre qu’il avait véritablement mis sur le vélin et qu‘il s‘empressa d’envoyer on ne sait où.
L’ennui s’installa donc à nouveau.

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Burgerqueen



Burger voyait que Dame Keyliah soupirait et s'ennuyait ferme. Il se repositionna sur son siège, sans prêter grande attention à ce qui se disait à côté, et en profita pour se rapprocher subrepticement de sa voisine.

Il lui donna un petit coup de coude complice tout en lui souriant et mis alors son doigt sur la bouche pour lui faire signe de garder le silence. Il déposa entre ses mains un rouleau dont l'encre n'était pas encore sèche , tout en regardant par dessus son épaule pour être sûr que personne n'allait lire ce qu'il avait écrit.

Peut être que s'il avait su les liens qu'il y avait entre dame Keyliah et messire Cronos n'eut-il pas agit ainsi...
Kirah
Oups, elle n'avait pas reconnu l'armure vivante présente devant une table là plus loin en arrivant. Comment avait-elle pu ? Le lapsus !
Mais l'invitation etait plaisante ... sans facons. Après tout pourquoi pas ? Tant qu'à devoir rester dans cette taverne, autant que ca le soit en bonne compagnie.

Deposant au passage une aubole au troubadour qui les rassasiait de ses chants, elle se rapprocha de la tablée.

D'une voix mesurée, sachant que trop d'étalage n'était pas de mise, mais peinant à se départir d'appellation qu'on lui avait fait entrer en tete à coup de sermons, elle salua les personnes attablées.


Princesse.... Le plaisir de vous recroiser.
Amiral ! Quel ton ! Un nouveau tournant suite à votre excès en salle du Trone peut etre ? Le calva aurait-il érodé la rigidité qui se tient derrière ce heaume ?


La jeune Keyliah semblait un peu perdue face à ces personnes plus agées qui se retrouvaient là. Se rappelant alors ce que contenait la besace attachée à sa selle, elle se pencha vers la demoiselle.

Demoiselle, si tu oses braver le froid... ou si faire enrager mon ecuyer te tente, sache que j'ai dans mes fontes un message qui devait t'etre envoyé dès mon arrivée à Valmont. Si attendre le pigeon ne te plait pas, tu peux l'avoir de suite. Simplement le scel en est absent pour le moment.

On risquait de croire qu'elle en avait après son ecuyer... et c'était bien le cas. Elle aurait déjà pu etre non loin de Valmont à l'heure qu'il était. Et non pas bredouille sur les routes. Si Mariette avait été là, sur que cette jument n'aurait jamais osé boiter. Mais non, elle avait accompagné le vicomte, laissant aux bons soins d'Hildegarde, une equipe de soule en mal de betises.

Eh bien, à quoi buvons nous ?

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Keyliah
Fixant rien de bien particulier, la donzelle sentit qu’on lui administrait quelques coups de coude et elle se retourna, voyant alors un Burger bien près d’elle. Ce dernier en vint d’ailleurs à lui tendre un parchemin qu’elle se mit à lire. Soupirant longuement, elle rendit son bien au troubadour et afficha une mine plus sombre que jamais …
En temps normal, Keyliah aurait pu dire de ce poème qu’il était mélancolique, mais sentant que le pire risquait d’arriver, elle pensait surtout que ce n’était là que bien triste, mais pourtant pure vérité … "[…] Au rythme saccadé d‘une toux peu docile venait y expirer la gigue du heaume noir …" plus parlant on ne pouvait pas faire !
Finalement, ceux qui ne connaissaient pas le heaume pouvaient même rire de ce qui était retranscrit là, après tout, les métaphores étaient bien trouvées et tournées, m’enfin, pour l’avranchine qui avait connu l’amiral depuis sa plus tendre enfance, qui en avait certainement entendu parler lorsqu’elle était encore bien au chaud dans le ventre de sa mère, de savoir qu’elle était au service d’une figure emblématique de la Normandie qui bientôt chuterait de son piédestal, c’était un profond désarroi.

Cela l’avait alors occupé quelques instants lorsque le héraut vint lui murmurer quelques petites choses à l’oreille. Un pli, pour elle ? Étonnée d’une telle chose, la jeune fille remercia la dame de cette attention et se leva alors.
Une légère inclinaison de la tête en direction de Burger puis une adressée aux occupants de la table de Cronos, l’écuyère attrapa son manteau et le posa négligemment sur ses épaules.
Pour une missive, la donzelle était effectivement prête à braver le froid et lorsqu’elle fouilla dans la besace désignée plus tôt, elle trouva effectivement ce qui lui revenait de droit. C’est alors qu’un oisif vint à sa rencontre en lui tendant une autre missive. Décidément, c’était jour de fête de ce côté-là !

La taverne toute proche, Keyliah ne mit donc pas longtemps à en rejoindre l’entrée. La neige avait eu le temps de s’entasser sous ses semelles de chausses. Tapotant donc ces dernières sur le pas de la porte, celle-ci fut enfin poussée pour que l’avranchine entre à nouveau dans l’établissement.
S’installant à la place qui était désormais la sienne, elle ne prit pas la peine de retirer le vêtement qu’elle avait sur le dos, peut-être aussi parce que la lettre qui lui avait été remise en mains propres était des plus intrigantes de par sa provenance et donc qu‘elle en faisait oublier le reste.

S’empressant d’ouvrir la lettre que lui adressait Kirah, la brunette la parcouru et sourit. Décidément, à croire qu’on lisait dans ses pensées, mais ce qui retenu en cet instant son attention était plutôt la proposition qui lui était faite. Elle prendrait donc le temps d’y répondre un peu plus tard …

Puis d’ouvrir la seconde lettre écrite des mains de Thael. La situation était des plus amusantes tout de même. Alors que Keyliah s’était retrouvée à Fécamp elle aurait pu sympathiser avec les villageois mais c’est bien avec un Avranchin qu’elle avait passé le plus clair de la journée. Le plus drôle surtout c’est que les fécampois étaient persuadés qu’une histoire d’amour était née entre ces deux là. Ridicule ! comme se plaisait à le dire la donzelle, mais on ne pouvait faire taire les mauvaises langues et elle n’en avait que faire, après tout, elle savait qu’elle venait de voir partir un très bon ami, le seul véritable ami qu’elle avait réussi à se faire depuis ses seize années d’existence d‘ailleurs, ce qui ajoutait une pointe de tristesse à cette soirée déjà bien mal commencée.
Enfin, à lui aussi il fallait qu’elle réponde, elle comptait sur cet échange régulier de lettres pour qu’il la fasse voyager par l‘imagination.

Quelques morceaux de vélin sur le coin de la table, un petit encrier, le tout venait d’être sortit de la gibecière de Keyliah qu’elle-même venait de réussir à délivrer des pieds de la princesse dans un mouvement des plus amples, discrets et gracieux.
La première réponse serait donc adressée à Kirah après une relecture de la missive que celle-ci lui avait laissé prendre dans sa besace.
La donzelle regardait burger en coin et lui sourit.


Voyez, vous n’êtes pas le seul à faire dans le maniement des lettres ! Bien que ce ne soit aucunement de la prose ce que j’écris là.

Elle riait doucement avant de reprendre son activité. Comme le disait Thael, les femmes avaient la faculté d’entreprendre plusieurs actions dans le même laps de temps, en effet, Keyliah avait la possibilité de participer à une conversation tout en lisant ou en écrivant, voir même en cuisinant, etc.

Et votre poème, est-ce trop indiscret que de vous demander à qui vous l’envoyez ?
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Burgerqueen



Dame Keyliah avait eu l'air attristé du petit poème de Burger. Bien qu'il est vrai le sujet n'était pas gai... la référence pouvait être trouvée amusante... Du moins c'était ce que pensait Burger. Il était bien peiné que son art ne fisse point sourire, ou pour le moins soupirer... Peut être y avait-il un lien étroit entre Cronos et Keyliah ?

Quand à la dernière arrivée, elle s'appelait donc Kirah, et semblait connaître tout le monde ici... L'amiral même l'invitait à sa table... Lorsqu'elle passa près de Burger pour lui tendre quelques piécettes, Burger la salua bien bas en la gratifiant d'un


Madame est trop bonne.

Puis regardant dans sa paume, il distingua une pauvre pièce en fer blanc. Son sang ne fit qu'un tour, et il maugréa assez fortement pour qu'on puisse l'entendre.

Pfff, j'peux même pas payer un verre de calva avec ça, c'est du foutage de ... Mais il s'arrêta avant d'aller plus loin, et repris son sourire servile. Puis celle-ci s'adressa à dame Keyliah. comme Burger était très proche il distingua juste quelques mots...

... Si... mon ecuyer te tente... tu peux l'avoir de suite...

Dieu seul savait ce que Burger pouvait en déduire... Toutefois, comme pour accréditer les doutes de Burger, Keyliah sortit prestement... Il fallait croire que l'affaire avait été prévue d'avance et que la brunette en était toute émoustillée...

Pourtant, cela ne dura guère... Burger se disait que cela fut bien rapide...
A son retour, il lâcha tout haut d'un air triste... comme pour lui même.

Les gens ne savent plus savourer les choses de la vie... Tout doit aller vite... c'est d'un triste...

Puis, Keyliah sortit son écritoire... Burger la regardait faire, il aimait sa manière d'user de ses instruments et de les ranger sur la table. Elle en prenait grand soin comme tous ceux qui aiment les lettres... et lui adressa quelques paroles...


Voyez, vous n’êtes pas le seul à faire dans le maniement des lettres ! Bien que ce ne soit aucunement de la prose ce que j’écris là.

Il haussa les sourcils surpris... et dans un sourire ajouta,

Tout ce qui n'est pas prose est vers et tout ce qui n'est point vers est prose, madame...

Et votre poème, est-ce trop indiscret que de vous demander à qui vous l’envoyez ?

Burger se redressa dans son siège et pris une voix conspiratrice...

Je l'envoie à la confrérie des troubadours où je postule, peut être m'accepteront-ils dans leurs rangs ? A propos, vous semblez bien proche du noble Cronos, vous êtes de la famille ?

Keyliah
La main de la jeune fille se faisait légère et la plume glissait sur le vélin qui ne tarda pas à être rempli de mots en tous genres.
Elle souriait à la remarque de Burger concernant la prose, mais pourtant, il n’y avait rien dans les lettres qu’elle écrivait qui pouvait un temps soit peu faire penser à de la poésie.
Puis finalement, le troubadour vint à répondre à sa dernière question. Il y allait franchement, apparemment ce qu’il allait faire de son poème n’était en rien un secret.


Et bien si avec de tels écrits vous n’arrivez pas à intégrer cette confrérie c’est à n’y rien comprendre.
Il me semblait, il y a bien longtemps de cela, que ma tante avait côtoyé quelques membres des plumes libres mais ces deux cercles privés ne doivent pas avoir le même but si ce n’est répandre la poésie dans le royaume.


C’est alors qu’à son tour, Burger se permit d’en apprendre un peu plus sur la donzelle et sur le vicomte. Le regard de Keyliah flânant en cet instant du côté du heaume mal en point, elle s’intéressa de nouveau au poète en secouant doucement la tête.

Non, point de la même famille, je suis son écuyère, certes un peu distraite, mais son écuyère tout de même.

Il est vrai qu’avec le jeune âge de la brunette on pouvait penser qu’elle était la fille, la nièce, voir même la petite fille du chevalier noir, pourtant, il n’en était rien, même si elle le suivait désormais quotidiennement dans ses tribulations. Cela l’amena à se demander si Sarga était bien à Dieppe d’ailleurs, lui aussi avait fait parti du voyage et bien qu’il ne se montrait que trop peu au goût de l‘avranchine, tout portait à croire qu’il avait trouvé à s’occuper pleinement en dehors des tavernes.

Mais au fait, où vivez-vous quand vous n’êtes pas sur les routes ?

Ces paroles lui traversèrent l’esprit. Après tout, ils étaient en taverne pour une bonne partie de la soirée, autant connaître le voisin, même si ce n’était qu’en surface. Et puis il fallait bien avouer que Keyliah était de nature curieuse alors même si elle ne posait pas toujours les questions qui lui brûlaient les lèvres, par pudeur si ce n’était par timidité, elle n’en pensait souvent pas moins.

Alors qu’elle venait de terminer l’écriture de la première missive, on venait lui en apporter une troisième, d’Avranches, encore, mais cette fois-ci, l’émetteur n’était autre que Joel, ah le lieutenant ! Il avait au moins autant de choses à raconter que l’écuyère, et c’était toujours un bonheur que de lire cet humour qui faisait tout le charme des lettres que le jeune homme envoyait.
Décidément, Keyliah allait être plus occupée que ce qu’elle imaginait, et ce n’était pas un mal justement puisque cela la sortait des journées répétitives.


Et bien ! je ne croyais point possible d'être désirée de la sorte.

Dit-elle en cet instant d'un ton tout à fait enjoué. Trois missives reçues en aussi peu de temps, voilà qui avait de quoi donner des ailes à la donzelle envers qui les traitements de faveur n'étaient aucunement monnaie courante.
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Cronos
Kirah a écrit:
Eh bien, à quoi buvons nous ?


A quoi boire ? Le Vicomte savait bien pourquoi il avait insisté pour qu'elles viennent à sa table. Il ne pouvait pas tromper, il le sentait au fond de lui. C'était dans sa chaire, dans ses poumons qui le déchiraient.
La duchesse lui donnait une formidable occasion d'enchaîner sur ce redoutable sujet. Mais la chose allait peut être les choquer ?

Bah ! Le Vicomte n'était plus à ceci près. Il avait choqué toute la France en passant une annonce pour avoir un ventre alors serait-il vraiment étonnant qu'il annonce le pire dans une taverne devant un verre de calva ?
D'une voix lasse et essoufflée, il entreprit d'expliquer le tout à ses deux interlocutrices.


Nous allons boire pour un voyage duchesse. Le genre de voyage que l'on fait seul et dont on ne revient pas ...

Une nouvelle quinte de tout lui fit se crisper sur sa choppe. La douleur passée, il reprit mais son discoursétait un peu haché

La chose devrait vous paraistre claire ... le Très-Haut m'a permis d'avoir une existence bien remplie et de servir ... au mieux.
Maintenant, il reprend ... ce qu'il a donné ...

Ne soyez point ... triste parce qu'il n'y a pas de raison ... de l'être. Les plus vieux partent avant ...
Je me devais ... de vous le dire ... à vous Princesse ma position et ... l'amitié que je vous porte ... ainsi qu'à d'autre ... me l'imposait. Je ne doute pas que vous saurez ... transmettre mes salutations ... plus loin que je ne pourrais le faire.

Et vous Kirah ... vous êtes une amie chère ... que j'ai vu s'élever ainsi que d'autres normands dont vostre aimé. Vous tenez une place ... particulière dans mes dernières volontés. Vous saurez quoi ... faire ...


Une nouvelle quinte de toux, plus longue, le fit taire et se courber. Se relevant enfin, le heaume donnant l'écho d'un souffle rauque et court des plus anormal, il attendit la réaction des deux femmes.
Armoria
Cette toux. Ce peu d'appétance pour la vie, ce renoncement dans ses mots, dans sa voix.

Elle fut plongée tout droit dans un passé qui palpitait encore dans sa chair, dans son coeur blessé, montrant à la place de Cronos le visage de celui qu'elle avait sauvé, celui qu'elle aimait, celui qu'elle avait trahi sur l'autel du sacro-saint devoir, quand Morgennes l'avait suppliée d'accepter de devenir sienne au nom du Roy et du Royaume.

Asterius et sa consomption... Les paroles de Zivapa résonnèrent dans sa tête. Ses recommandations avaient sauvé l'homme qui un jour lui avait fabriqué de ses mains ce petit canard en diamant sur lequel sa propre main venait de se poser dans un réflexe.

S'il y avait une chose que les amis d'Armoria aimaient, et que ses ennemis redoutaient, c'était sa mémoire. C'était le moment ou jamais d'en faire montre. Et ne pas montrer de compassion, ne pas sembler prendre en pitié ce roc. Ce serait une insulte à lui faire, et la plus sûre façon, sans doute, qu'il refuse de l'écouter. Raffermir sa voix, tout d'abord.

Ce soir, elle allait plaider.


Bah ! Qui parle de dernières volontés ? Allons, Vicomte, depuis quand renâclez-vous devant l'obstacle ? Depuis quand tournez-vous les talons devant une bataille ? Quels sont vos symptômes, hmmm ? Perte de poids, d'énergie et d'appétit ? Fièvre, toux grasse ?

Elle tapota la table de son petit poing fermé.

Vous souffrez de consomption, l'ami... C'est certes une bataille rude à mener, sans doute la plus rude de toutes celles que vous avez connues : mais battez-vous, mortecouille ! Quelqu'un qui m'est cher en a été atteint, et Dieu sait s'il a frôlé le trépas...

Elle frissonna à ces mots, revoyant le gouffre noir d'une vie dont Asterius aurait disparu.

Mais remède a été trouvé : nulle garantie à cela, je vous l'accorde. Juste... Un fier destrier, et une lance solide, pour mener l'assaut contre cet ennemi qui vous assaille.

Elle eut un regard vers Kirah, quêtant son soutien pour prendre le Heaume à rebrousse-poil.

Encore une bataille, Vicomte. La dernière, peut-être, mais la plus rude, la plus belle... Accordez-nous cette dernière bataille, voulez-vous ?
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[Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique]
Burgerqueen


Burger qui avait entendu ce qui se disait à côté, restait coi, la bouche ouverte... La Normandie sans le seigneur noir... Il n'avait jamais connu. Une page normande se tournait, voilà bien la première fois qu'il se retrouvait sans avoir rien à dire...

Il se leva de table et s'inclina respectueusement. Le seul hommage qu'il put rendre et fut à sa portée...
Keyliah
La plume se plia sous la pression qu’exerçait l’index de Keyliah. La table à laquelle elle se trouvait n’était pas suffisamment éloignée pour éviter à la jeune fille d’entendre ce qu’avait à dire l’amiral à ses invitées. Il sentait donc que la fin de sa vie était proche, pourtant, la princesse refusait la fatalité et tentait de faire comprendre à l’homme qu’un remède existait pour le mal qui le rongeait alors.
L’écuyère, elle, préférait ne pas trop espérer, au moins, si la santé de Cronos s’améliorait, elle aurait une bonne surprise, sinon, elle savait à quoi s’attendre.

Burger semblait lui aussi avoir entendu ce qui s’était dit, c’était très certainement pour cela qu’il s’était levé d’ailleurs.

Quelle impuissance que celle de la jeune fille en cet instant. De ne pas être triste, c’était bien là chose difficile, après tout, il ne s’agissait pas de n’importe qui, alors même si la seule tristesse en cet instant était de savoir que le vicomte acceptait la funeste issue de son actuelle situation, cela n’était probablement rien comparé à l’immense peine qui risquait d’assaillir la donzelle lorsque le chevalier noir en viendrait à disparaitre.
Ce heaume que tant de gens énuméraient, admiraient, risquait bientôt de laisser apparaitre le véritable visage de son porteur mais ce n’était pas ainsi que Keyliah imaginait voir le visage de cet homme. Elle espérait devoir user de certaines ruses et subtilités pour obtenir le droit de regard sur ce visage, mais là, une certaine amertume se fit sentir … non vraiment, pas ainsi.

Il fallait espérer que Kirah soutiendrait Armoria pour le remède. De croire qu’on laisserait ce grand personnage disparaitre de la sorte, c’était presque absurde. La brunette s’était surprise à dire, il n’y avait pas si longtemps, qu’à grandes actions grande mort et elle n’avait peut-être pas tout à fait tord. Le vicomte dans un dernier duel, pour un dernier assaut sur le champ de bataille, pour un dernier tournoi de joutes ou même pour un dernier banquet, mais pas grabataire et allongé dans un lit en attendant que la mort veuille bien le délivrer de ses souffrances ...

La plume reposée sur la table pour lui éviter d’avantage d’être ainsi malmenée, le regard de la jeune avranchine vint fixer tristement l’âtre de la cheminée après qu’elle se soit redressée.
La fin d’une époque, vraiment ?

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Cronos


Le Vicomte secoua le heaume devant les propositions de la Princesse; Elle lui faisait chaud au coeur mais sa position sur le problème était clair.

J'ai mené ... trop de batailles dans ma vie Altesse. Si le Très-Haut a mis cela en moi ... alors il faut respecter sa volonté ...
J'ai pris ma décision. Nul n'est immortel ... en ce monde ...

Mais vostre proposition me touche ...

J'ai choisi de passer mes derniers jours ... à Yvetot. Ma porte sera ouverte ... à tous et chacun pourra me dire ... ce qu'il souhaite avant le ... dernier voyage.
Je les recevrais tous ... dans le mesure du possible ...


Nouvelle quinte de toux. Cette fois Cronos du mettre ses mains gantées de fer puis, une fois la crise passée, il y découvrit des traces de sang. Il semblait que la chose s'accélérait.
Keyliah
Des souvenirs … de terrifiants souvenirs … de quoi peiner encore un peu plus une jeune fille déjà fragilisée par la nouvelle qui venait de tomber.
Et Cronos qui ne souhaitait plus livrer bataille … c’était la dernière … celle qui aurait raison de lui …

Deux ans plus tôt, une presqu’île du nom de Granville, l’étage d’une herboristerie, une femme d’une quarantaine d’années qui devait se battre contre la suette anglaise attrapée on ne sait où. Une adolescente de quatorze ans impuissante face à cette situation, et une folle à rouleau qui en vint à laisser un veuf et deux orphelins de mère.
Depuis ce jour traumatisés, deux jeunes d’Orbieux survivaient malgré tout. Keyliah avait trouvé un certain réconfort en devenant l’écuyère de l’Amiral, car même si cette fonction n’était pas sans risque, elle savait qu’elle avait quelqu’un près d’elle, pour qui l’honneur comptait et qui ne l’aurait donc pas abandonné si facilement.
Mais là, l’espoir disparaissait progressivement. Les quintes de toux du vicomte se faisaient plus longues et plus douloureuses, aussi bien pour lui que pour ceux qui l’entouraient.

Le chevalier noir - couleur cierge de pâques sous le heaume, à n’en pas douter - souhaitait retourner en ses terres d’Yvetot. Il pouvait être assuré que l’avranchine le suivrait, mais le voyage ne serait-il pas trop long pour lui ? Il n’était de toute façon plus question qu’il retourne en son fief à pieds ou à cheval mais bel et bien de l’obliger à rester allongé dans un chariot même si cela le désopilait d’être assisté de la sorte.

L’homme parlait sur un ton si posé que la réaction de son écuyère en fut presque de grincer des dents. A croire qu’il ne remarquait pas qu’aux tables avoisinantes on entendait la moindre de ses paroles.
D’être ainsi serein devant des femmes, c’était mal connaître ces dernières, il ne craignait plus leur réaction, c’en devenait perturbant. Une bonne gifle ? Tout de même pas ! Pas littéralement alors, mais qu’elles paroles ou actions pouvaient bien le faire changer d’avis ? Des soins, simplement des soins, ce n’était pas grand-chose que la princesse proposait là pourtant. La consomption était un mal suffisamment épouvantable pour le prendre au sérieux et qu’il devienne le centre des préoccupations.
Keyliah soupira longuement, le regard toujours plongé du côté de la cheminée cherchant ce qu’il était possible de faire pour que le seigneur d’Yvetot réagisse enfin …


… Soyez tranquille, d'autres se lamentent à votre place Monseigneur …

Dit-elle alors n’en pouvant plus de toute cette tension et de l’ébullition de son cerveau. Elle allait devenir folle à tenter de cacher ses émotions. Elle ne pouvait pas nier le fait qu’elle avait entendu toute cette conversation, elle aurait pu faire comme si de rien n’était mais c’en était plus qu’il n’en fallait pour qu’elle supporte tout ceci d’avantage. Quelques secondes suffisait donc à la faire chanceller, et bien soit, elle assumait ses réactions.
Son côté désinvolte reviendrait vite si elle ne s’éloignait pas un peu de là. Alors après avoir salué de nouveau l’assistance d’une légère révérence, la donzelle alla s’asseoir près de cette cheminée qu’elle ne cessait d’observer, en laissant sur place ses effets personnels.

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Kirah
Ahhhhh non !

Bondissant sur ses jambes comme un ressort qui ne serait inventé que bien plus tard, les mains sur les hanches, la duchesse foudroya du regard l'homme devant elle de ce regard qui en avait fait se recroqueviller plus d'un.

Enlevez moi ce heaume si vous l'osez Amiral et redites moi tout cela les yeux dans les yeux ! Alors peut etre vous croirais-je !
Non mais !
Vous laisseriez ainsi votre fils pour lequel, vous le vénérable amiral, vous êtes illustré de par le royaume pour la façon dont vous avez trouvé la mère ?
Cet enfancon que la femme d'armes nous servant Vinkolat et moi a sauvé de la mort une première fois ?


S'approchant de lui, l'air menaçant, elle passa dans son dos, l'observant attentivement puis revint devant lui.

Quel est donc ce nouveau tour ? Nous apitoyer pour qu'une terrine de héron vous soit servie ? Il ne me semblait pas que c'était là le remède habituellement prescris pour qui avait pris un peu froid....

Allons donc.... otez moi ce heaume si vous l'osez plutot que raconter des inepties.


Contrairement à Armoria, la dentelle était un art qu'elle laissait aux flamandes qui se révèlaient particulièrement imaginatives en la matière. Elle n'avait que très rarement pris des gands quand elle désapprouvait quelque chose. L'amiral en avait déjà fait les frais, excepté que la plus grande "bataille" qu'elle ait mené à son encontre soit celle concernant son bateau... et se soit réglée avec de la poudre noire.
Quoique celle dans l'ombre pour aider Meghann à le faire évader de sa geole bretonne n'avait pas été sans difficultés non plus.
Meghann lui avait toujours été particulièrement proche depuis son arrivée en Normandie. Il était hors de question qu'elle laisse l'Amiral sombrer dans son marasme.

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