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[RP] Aux portes du "Puni tant scié"

Anamaya
Ambiance ...

Cela faisait maintenant une journée entière que son Prince était enfermé derrière les murs épais du Temple d'Ixtenco. Elle le savait pourtant en de bonne mains, mais le fait qu'il soit si "loin" d'elle, en dehors de cette sphère tactile dont eux seuls avaient le secret. La belle Anamaya, celle qu'il appelait sa "Princesse", était dans tous ses états, le coeur lourd, le corps fatigué et submergé par la mélancolie. Tout comme le serait une fleur sans son soleil.

Ne pouvant rester dans cet état végétatif, semi-comateux, elle décida de se rendre au Temple à la sortie du Clan, pour quérir des nouvelles de son aimé. Une orchidée plantée dans les cheveux et un panier chargé de victuailles, elle sorti donc de sa calli pour le retrouver.

Tentant de se persuader que tout allait bien se passer, elle essayait de paraitre détendue. Et c'est avec un léger sourire forcé qu'elle se présenta à la porte où siégeait un vieil homme, sans doute un prêtre.

S'approchant de lui, elle le détailla du regard. Sa peau était burinée, les cheveux poivre et sel, le nez crochu et imposant, façon bec d'aigle. Niveau carrure le pauvre était taillé à la hache dans un tibia de sauterelle et pour sûre qu'à la première grande bourrasque de vent, il s'envolerait comme un vulgaire brin de d'herbe séchée.

Alors qu'elle se plantait devant lui, il releva la tête pour la regarder et elle pu alors dénoter son léger strabisme convergeant, sans doute du à la petite proéminence épidermique qu'il avait sur l'aile du nez et où trônait un poil légèrement frisouillé.
Elle se râcla légèrement la gorge et s'adressa à lui de sa voix douce.

Niltzé,

Je suis Anamaya et je souhaiterais voir le Prince Ali qui se trouve entre vos murs.
--Doceur.houste


Le vieil Hèmpozaidézatl écoutait les esprits du vent, assis sur le bas des marches du temple. Une autre manière de dire qu'il fainéantait tandis que les autres prêtres s'affairaient à préparer la cérémonie de la première moitié de la mâtinée.

Il balayait le paysage de ses yeux caméléon, d'un air morne, recherchant une solution à un problème insoluble... comment faire de l'eau chaude si on n'a pas d'eau froide, seulement de l'eau tiède ?
Voilà une énigme comme il les aimait, lui qui était réputé parmi les siens à résoudre tous les plus grands mystères les uns après les autres.. -mais toujours après tout le monde-.
Toujours très strict avec les règles, il ne permettait jamais aux autres de faire le moindre écart... et bien entendu, les autres, cela ne l'incluait pas...
Il ne quittait jamais son grand bâton qu'il lui permettait, en cas de grandes bourrasques de vent, de rester accroché dans les lianes ou barré par les branchages des grands arbres de la jungle pour contrecarrer tout envol impromptu.

Il ne remarqua pas l'arrivée de la belle Anamaya, et pour cause, elle était dans l'angle mort de son champ de vision : en face de lui. Ce n'est qu'en entendant ses pas gracieux et légers, ainsi qu'en constatant une légère modification dans l'air, par l'apparition de quelques touches florales agréables. Son flair ne le trompait pas.
Un pécari se promenait dans le coin.

Il faillit sursauter lorsqu'il entendit la prétendue pécari s'adresser à lui d'une voix douce :


Niltzé,

Je suis Anamaya et je souhaiterais voir le Prince Ali qui se trouve entre vos murs.


Hempozaidezatl grimaça. Une femme. Il n'avait jamais su pourquoi les grands Dieux avaient créé une si étrange créature, si ce n'est de permettre à l'homme de se demander pourquoi les grands Dieux avaient créé une si étrange créature. Il avança la lèvre inférieure, et souffla pour soulever le long poil trônant sur l'aile de son nez qui frétilla et dansa en ondulant dans les airs avant de retomber en semblant rigoler.
Le vieux prêtre posa ses deux mains devant ses globes oculaires, et ouvrit les paumes sur lesquelles des faux yeux avaient été dessiné et agita les doigts inlassablement.
Il se redressa en réunissant ses lèvres en cul de poule et toisa la belle jeune femme avant de parler d'une voix forte de soprano castré :


Femme ! Personne n'est autorisé à rentrer dans le temple, s'il n'est pas malade ou s'il n'a pas une aussi jolie coiffe que la mienne !!

Reviens d'où tu viens.. d'autant plus que la personne que tu souhaites voir a été rappelée par les Grands Dieux auprès d'eux...

Pscchht ouste ! Ouste ! En plus je suis extrêmement occupé à regarder vaguement le paysage d'un air niais !
Anamaya
Les onyx alors étincelants d'espoir s'assombrissent et un sourcil se hausse de surprise devant le comportement du vieux prêtre. Elle se retient même de rire en entendant sa voix nasillarde et haut perchée, sans parler de son allusion à son accoutrement rocambolesque qui serait un gageur d'accès au Temple.

Passé ce cours instant de moquerie intérieure, le visage blêmit au reste des paroles du vieux fou. Le sang ne fait qu'un tour et elle en lâche son panier pour le chopper par le col et le secouer comme on secouerait une paire de maracasse. Et la douce tlaxcaltèque devient furie et lui hurle dessus.


Comment ça il a été rappelé auprès des Grands Dieux ? Ce n'est pas possible ! TU MENS ! Où est-il ? Je veux le voir !!

Et la jeune femme de continuer de secoué le vieux gringalet limite désèché, par l'âge et qui sous l'ire de la jeune femme, n'est plus qu'un fétu de paille entre ses mains
--Doceur.houste


Un bruit vrombissant rugissait, accompagné d'un babillement qui n'avait rien à envier au cri d'un bébé pécari suspendu par les pattes au dessus d'une bassine d'eau froide pour un bain.

C'était le bruit que faisait le frêle prêtre Hempozaidezatl secoué par Anamaya qui était sous le choc de la nouvelle. Il ne comprenait un traître mot de ce qu'elle disait, la voix de la brune étant déformé, les oreilles de sa tête qui bringuebalait dans tous les sens n'arrivant à suivre et décrypter les sons autour de lui.

Le vieux prêtre s'accrocha aux bras de la jeune femme, de peur de s'envoler si son corps venait à se déchirer et cria de sa voix aigüe, tremblante, apeurée :


FeMmE ! CeLa nE sERt à RieN ! Me sEcOUeeeEeer ne le RAmèNerA pAaaaAaas caR Il ESt heUreUx d'êTrE raPpeLé aUpRès deS DieUx !
Il EsT moooOoooRt !!! PisSeNliT nOus a QuIttéééé !
Anamaya
La fureur de la jeune femme allait crescendo, plus le corps frêle ballotait entre ses mains, plus elle le secouait vigoureusement, emportée par le mouvement qui s'amplifiait à chaque fois.
Le vieux prêtre n'était plus qu'un vague pantin désarticulé. Toutefois celui-ci malgré le traitement de choc, trouva encore suffisamment de force pour répondre aux cris de la furie qui le tenait fermement avec nulle intention de le lâcher.

Malgré le hocquettement du vieux prêtre, elle saisit néanmoins ses dernières paroles et stoppa net son secouage de puces, le laissant pantelant entre ses mains..


Comment ça Pissenlit ?! Je n'ai pas demandé Pissenlit mais PRINCE ALI !!! Espèce de vieux croulant dégénéré !

Haletante de rage, elle le reposa au sol, les yeux flamboyants de colère et se retenant de ne pas l'achever de suite, car il était son seul lien avec ce qui se passait à l'intérieur du vase clos qu'était le Temple. Puis tentant de reprendre un peu son calme, elle le regarda et d'une voix où l'on sentait poindre une nouvelle tempête, elle lui répéta.

Je souhaite voir le PRIN-CE A-LI. Il a été amené ici il y a deux nuits de cela.
--Doceur.houste



Pris de vertiges et titubant sur ses jambes alors qu'il sentait le sol bouger sous ses pieds plats, Hempozaidezatl tentait de garder l'équilibre tant que bien que... hum... surtout mal en fait.
Et la voix rageuse et assourdissante de la belle Ana n'arrangeait rien.

Lorsque ses yeux qui pointaient dans des directions opposées arrêtèrent de rouler, et qu'il retrouva un tant soit peu ses esprits, à supposer qu'il en ait réellement, le vieux prêtre qui accusait encore la pression de l'air sur son cerveau décrypta les derniers mots de la jeune femme qui fulminait.

Il la toisa, un peu décontenancé... avant de reprendre sa pose où il se pensait le plus impressionnant pour ses adversaires. Il posa de nouveaux ses mains devant ses yeux, et ouvrant ses paumes en agitant les doigts, arquant ses tiges de bégonias qui lui servaient de jambes en se baissant d'un air censé être menaçant.
Il siffla ensuite de sa voix fluette :


Oui.. oui... Prince Ali, oui c'est bien lui, Ali à babouins...
Prince Ali, plus fort que lui je connais pas...

Qui est toujours souriant et qui parle sans cesse d'un certaine Anamaya dans son sommeil ?

Nan 'connait pô, jamais vu, jamais entendu parler.
Et de toute manière personne n'entre dans le temple...


Hempozaidezatl souriait intérieurement, persuadé d'impressionner la belle Ana, tandis qu'un filet de bave s'écoulait de ses lèvres jointes en cul de poule, gardant son air menaçant en lorgant du coin de l'oeil le contenu du panier apporté par la jeune femme.
Anamaya
Tous deux se regardent en chiens de faïence. La belle toise le vieux de toute sa hauteur en réponse à son propre air hautain. Puis l'étrange prêtre prend une pause burlesque et une voix rappelant le son caractéristique d'une cascabelle. Mais malgré le ton étrange employé, le visage de la belle s'éclaire, jusqu'à devenir béat, en entendant les paroles du fou.

OUIII !!!! Oui c'est lui !!!!!


Les onyx pétillent de bonheur et d'amour, le visage est des plus radieux et un magnifique sourire orne les lèvres carmines de la jeune femme. Au même instant son coeur s'emballent et bat à tout rompre dans sa poitrine. Après le choc de la pseudo annonce de sa mort, elle le sait maintenant vivant !

Mais la joie n'est que de très courte durée. Le vieux prêtre continue sur sa lancée et finalement lui annonce qu'il ne connait pas de Prince Ali.

Froncement de sourcils. Le visage de la belle se fige pour se tordre dans une grimace de colère. A nouveau le courroux s'empare d'elle, il monte même d'un cran quand son regard croise le strabisme convergeant qui lorgne son panier.


*Alors comme ça il veut jouer .. Très bien ... Jouons donc ...*

Au prix d'un effort sur-humain, elle ravale sa rage, son visage se radoucit et sa voix se fait mielleuse. La voilà maintenant psylle, jouant de son pungi pour charmer ce Massassauga.

Es-tu vraiment sûr de ne pas connaitre de Prince Ali ? Tu as pourtant su le décrire ...
Il serait bien dommage qu'une belle récompense te passe sous le nez si tu venais à me mentir ...


Et alors avec un geste mesuré et gracieux, elle sort du panier une belle mangue juteuse et odorante, la faisant miroiter sous son nez, prenant garde à ce qu'il ne puisse pas s'en saisir.
--Doceur.houste


Les temps étaient durs pour les prêtres... Condamnés étaient les plus novices à ne manger que des haricots, les fruits* de la terre donnés par les Dieux pour nourrir les hommes. Les tortillas et les morceaux de viande de pécaris bien gras et juteux sont impurs, disent les grands prêtres en s'en gavant et en se léchant les doigts.
Même pas de fruits... que des haricots... et Hempozaidezatl faisait encore parti des jeunes prêtres, malgré son âge centenaire. Et il avouait sans retenu et à juste raison en avoir plus qu'assez de s'envoler à chaque météorisme incontrôlé, causé par son régime alimentaire particulier qui lui provoquait de nombreux gargouillements dans le ventre.

Hempozaidezatl abaissa les mains de ses yeux, fixant la belle mangue dont les effluves sucrées et enivrantes chatouillaient ses narines qui frétillaient sous la promesse d'un délice interdit, les lèvres tremblantes d'émotion...


Ré.. com... pense ?...

N'arrivant plus correctement à penser, encore qu'on peut se demander s'il en a déjà été capable, le corps du vieux prêtre prit le dessus. Et il sautilla en tendant les bras, essayant d'attraper la mangue à chaque atteinte du point culminant en battant des mains dans les airs.
Un ouistiti qui passait par là, regarda la scène d'un oeil étonné.. avant de secouer la tête signifiant sa réprobation et sa honte face à un tel comportement.

Le vieux prêtre continua à sautiller en agitant les mains, alléché de plus en plus par la vue et le parfum du fruit.


Mon... mooon précieuuuux... Mon précieuuuux...

Commençant à haleter de manière bestiale, le prête ne pouvait s'empêcher de continuer à rebondir en direction de l'objet convoité.

Parle Femme.. rahaaaa... Que veux-tu ?... rhahaaaa... Prince Ali ?... raahaaa... il... va bien, il sortira bientôt... rhaaahaahiiin... par contre tu ne peux paas entrer...
Anamaya
Et voilà le vieux croulant qui avait retrouvé toute sa jeunesse et qui bondissait tel un Mico. Mais la brune étant un peu plus grande que lui, le fruit lui restait désespérément inaccessible. Et il sautait, sautait furieusement, bavant d'envie devant le trésor que représentait la mangue.
Et elle continua de le narguer, le laissant par moment frôler du bout des doigts, la peau douce du fruit.


Non, non ... Tu ne l'auras que si tu me conduis à lui ... Et si tu fais cela, tu en auras même deux ...
La récompense n'est-elle pas assez belle pour que tu accèdes à ma demande ?


Petit sourire narquois vissé aux coin des lèvres.

Et si tu le mérites tu auras même autres chose en sus ... A toi de choisir ...

Elle rajoute alors dans un léger souffle mielleux.

J'ai également des tortillas nappées d'aguamiel ... Et de bonnes chapulines fraichement frites ...
--Doceur.houste


A ces mots qui résonnèrent comme une douce musique suave et dangereuse dans la tête creuse du vieux prêtre, ce dernier se calma, haletant, un sourire rêveur -et édenté- illuminant son visage. Ses yeux, pointant chacun dans une direction différente, pétillaient d'envie... et euh ... faisant un peu petit peur aussi.

Il s'immobilisa, ressassant les sensations et l'excitation de ses papilles qui se remémoraient le goût de ces saveurs oubliées... Non pas une... deux mangues.... sentir à loisirs le jus du fruit gorgé de soleil et de parfums couler sur sa langue desséchée.. Langue qui se noyait à ce moment précis, l'eau lui montant à la bouche, en débordait même...
Et l'évocation de tortillas nappés d'aguamiel le fit gémir de plaisir et d'envie à l'idée ne serait-ce que d'y goûter... Et il se sentit chavirer à l'entente de chapulines... Il se revoyait gamin, avec son arrière-grand-mère lui en préparait, c'était comme si c'était le siècle dernier... d'ailleurs ça l'était. Il se revoyait sentir la patte de sauterelle craquer sous ses mâchoires puissantes, les ailes croustillantes et fines et surtout cet abdomen qui renfermait le merveilleux goût des entrailles de l'insecte chauffé par la friture éclater sous ses dents qui le perçaient...

... euh... Pause momentané, le narrateur, ne tenant plus, est parti déjeuner... euh... voilà voilà... Euh.. sinon, vous allez bien ?... oui, bien bien... euh.. ahem... Didier.. tu reviens finir l'histoire vite vite, hein ?... Didier ?!... ah le voilà...


Hempozaidezatl, sluurps, oops excusez-moi... euh... Hempozaidezatl disais-je donc sentit une contraction dans son ventre... Ce n'était plus son cerveau qui commandait à présent... c'était son estomac.
Il leva son bâton en direction de la mangue pour tenter de la toucher, sans grand succès...
Il regarda la belle Ana, sans vraiment la voir, les larmes aux yeux... La lèvre tremblotante et la voix plus aigüe que jamais il lui souffla faiblement :


Femme... Si tu savais comme j'aimerai bouff... euh comme j'aimerai t'aider... oh oui, commme je l'aimerai....


Sa voix pleine d'émotion poursuivit après un ultime essai pour attraper la mangue du bout de son bâton.


Mais Femme... ne sais-tu donc pas que les voies du temple sont impénétrables ?
Anamaya
Grondement sourd sorti du fond des âges.
Arquement de sourcil de la belle puis sourire qui s'étire d'autant plus. Elle en était maintenant sûre, la faim tenaillait le vieux prêtre et celui-ci était prêt à céder ... Ne restait plus que le coup de grâce à asséner pour qu'il accède à sa requête.


Voies impénétrables dis tu ? Alors écoute bien la mienne de voix ... Je suis certaine que tu connais un moyen de se fourvoyer dans ces dites voies ... Et tu vois cette belle mangue et tout ce que je t'ai énuméré ... Que dirais-tu d'y avoir droit une fois par mois ? Pour ce tout petit service que je te demande ...

Sourire enjôleur de la belle et voix qui baisse dans un murmure suave.

Alors ces voies sont-elles toujours aussi impénétrables ?

Et puis ... Cela serait notre petit secret ... Tu ne dis rien et je ne dirais rien non plus ...


Et à nouveau elle le nargue en croquant dans la belle mangue. Juste devant son nez. Laissant s'écouler le sirupeux jus mordoré, si parfumé et si sucré qu'elle en grogne et soupire de plaisir tout en se redressant, sans lui laisser le loisir de lui chiper le fruit qui dévoile désormais sa délicate chair jaune et velouté.
--Doceur.houste


Les voies du temple sont impénétrables...

Oui, elles le sont... mais Hempozaidezatl retenait au bord des lèvres ces paroles qu'il était tenté d'ajouter :

"Oui elles le sont... car moi je sais pas comment on y rentre dedans et je suis obligé d'attendre qu'on vienne me chercher pour me guider jusqu'à cette fichue porte d'entrée cachée de temple à chaque fois que je sors parce que je suis puni par le Grand Prêtre pour avoir encore confondu le grand siège avec un pose-manger..."

Mais le vieux prêtre se tut. Il veilla bien à ce que ses mots ne sortent pas... par peur évidemment de passer pour un nul et ternir l'image terrifiante qu'il avait réussi à véhiculer auprès de cette belle jeune femme tout à fait à son goût... oui bon, enfin qu'il croyait avoir réussi, car la vraie image qu'Anamaya avait du petit vieux était, il faut bien le dire, tout autre.
Et l'autre raison était bien entendu la proposition alléchante et alléchée de la belle...

Obnubilé par la mangue dans laquelle Anamaya semblait prendre un tel plaisir presque indécent à croquer dedans, et ayant un pincement au coeur à chaque goutte du jus qui tombait au sol.. un goutte de saveur exquise de gâchée... Hempozaidezatl, dont l'estomac vrillait dans tous les sens et s'accaparait les méandres de sa raison et de sa pensée, réfléchit...
Et si par hasard il arrivait à trouver cette entrée ?.. Il aurait droit une fois par mois à un festin auquel seuls les Dieux pourraient avoir le privilège de savourer... Une fois par mois.. manger autre chose que des haricots, et se gaver en poussant des râles obscènes de mille exaltations et fumets et parfums glisser le long de son palais et lui délivrer des secousses orgasmiques...
Cela valait la peine d'essayer. Surtout si en plus il pouvait également revoir l'appétissante créature qui se tenait devant lui et s'adressait à lui d'une voix aussi douce qu'un miel diabolique.

Il reprit alors sa position en posant ses mains devant ses yeux et en commençant à marcher, jambes écartées en direction du temple. C'était plus pour se donner de l'assurance en ayant l'air d'en avoir, qu'autre chose.
Il se retourna et agita frénétiquement ses doigts pour s'adresser à Ana. Bien sûr, il ne vit pas qu'il se trompait de côté et que la jeune femme était à l'opposé.


Suivez-moi... et ne me lâchez pas d'une semelle.. le chemin risque.. euh sera long et difficile...

Il cacha son dégluti, car il ne savait pas encore au juste où il les menait.

Marchant pendant un moment, il entrevit une entrée... il eut un moment de doute, ne reconnaissant pas vraiment l'endroit, mais s'il hésitait trop, ce serait elle qui aurait des doutes... Il agit donc rapidement... Advienne que pourra...


C'est ici...
Anamaya
Elle voyait bien que les yeux, globuleux et pétillants du vieux prêtre, suivaient avec attention chaque goutte sucrée qui lui roulait sur le menton. Elle dénota aussi la légère lueur perverse qui perçait de ce regard plein d'envie ...

Longue inspiration pour se redonner de la contenance et ne pas céder à la peur panique à l'idée que son petit jeu légèrement malsain pourrait se retourner contre elle ...
Et puis d'abord, pour avoir été guerrière! Elle n'avait donc rien à craindre de ce gringalet insignifiant et aussi fragile qu'une brindille.

Vite oubliée cette pensée totalement déplacée, elle le fixa de ses yeux malicieux tout en exprimant sans complexe le plaisir qu'elle prenait à savourer ce fruit délicieux.
Le vieux se redressa légèrement et reprit sa position favorite. Sans se défaire de son côté burlesque, il se mit à marcher, les jambes arquées à tel point qu'on aurait pu croire que chaque nuit il dormait les jambes enroulées autour d'une jarre de pulque ... Ah moins que cela ne soit sur le dos d'un lama ...
Elle se retint de rire à cette démarche particulière alors qu'elle lui emboitait le pas pour le suivre. Mais à peine avait-elle fait quelques mètres qu'elle stoppa net pour ne pas le percuter. Il s'était retourné et agitait ses doigts avec frénésie, lui intimant de la suivre.
Légère moue grimaçante de la jeune femme avant qu'elle ne lui réponde un peu sèchement.


Oui, oui, je vous suis ... Mais un Conseil, évitez de vous arrêter de la sorte trop souvent, je pourrais vous briser les os ...

Pis difficile ou pas, je vous demanderai de vous dépêcher un peu ... C'est urgent !


Ils reprirent leur avancée dans le Temple, elle le suivait, le coeur battant, la gorge sèche. Si tendue et angoissée à l'idée qu'elle allait enfin le retrouver ! Son autre, son Prince ...

C'est ici ...

Le coeur s'emballe, manque un battement et repart de plus belle à une vitesse folle. Les larmes lui montent aux yeux, le savoir là, si proche ... Elle s'avance lentement et ...
--Doceur.houste


Après l'entrée inconnue, un court couloir déboucha... sur une grande salle, d'un plafond si élevé que l'on ne voyait presque pas où il s'arrêtait et de murs si larges et éloignés les uns des autres qu'il en fut étonnant et à se demander si cette grande pièce n'était pas plus grande que le temple lui-même...

Hempozaidezatl en resta bouche bée, et ses yeux caméléons sortirent un peu de leurs orbites. Il resta interdit un moment.. Jamais il n'avait vu cette salle, et même jamais il n'aurait pu imaginer voir tel endroit ici...
Il eut du mal à refermer sa mâchoire édentée, puis replaça ses mains devant ses yeux pour cacher son air ahuri et prononça cette phrase plus pour lui-même que pour Anamaya d'une voix qu'il voulut blasée et posée en se tournant vers elle et en agitant les doigts :


Ne .. ne.. nenenene... ne vous en faites pas... ce cececece... c'est toujours un peu impressionnant la première fois.. mais c'est normal.. tout est normal... Avançons...

Le vieux prêtre savait qu'il n'était pas du tout sur le bon chemin. Mais qu'importe.. il était trop tard pour reculer... Et plus que la faim et la promesse d'un butin à volonté et cela tous les mois, c'était la peur que la belle jeune femme le tabasse en se rendant compte qu'il se fichait d'elle, qui le fit continuer. Il étira le cou, se souvenant encore de son secouage intensif...

L'écho d'un murmure de clapotis d'eau résonnait inlassablement dans l'immense salle, ce qui n'était pas désagréable... Bien que ne sachant pas exactement d'où cela provenait.
Hempozaidezatl voulait donner l'impression d'être sûr de lui, et continua sa marche, lentement, ses jambes arquées, contournant ce qui semblait être une grande crevasse au milieu de cette immense salle vers l'autre point où il y avait une autre ouverture.

Mais soudainement, un petit cliquetis se fit entendre, alors que le pied du vieux débris enfonçait une dalle dans le sol. Un bourdonnement sourd apparut tandis que le sol semblait trembler sous leurs pieds. Il regarda tout autour de lui, essayant de comprendre ce qui se passait, puis zouff !!...

Hempozaidezatl ne sentit plus le sol sous ses pieds... mais plutôt sous ses fesses.. Il glissait à tout allure avant même de s'en rendre compte en poussant un cri bestial de perruche effarouchée et atterrit finalement dans de l'eau pas très profonde, amortissant la chute de la belle Anamaya qui le suivait de près.

Se secouant pour se sécher, il ouvrit grands les yeux en voyant qu'ils étaient pris au piège dans ladite crevasse. Il y avait une petit chute d'eau qui coulait et alimentait un large bassin où l'eau s'écoulait à son tour on ne sait où, décoré par d'épaisses plantes tropicales et de rochers énormes, et une odeur de dinde froide s'expliquait par les nombreux ossements de carcasses de volatiles ici et là..

Et il déglutit péniblement en voyant devant eux, deux gigantesques crocodiles, d'au moins huit mètres de long chacun, à la massive peau écaillée, les regarder avec appétit, ouvrant la gueule pour montrer leurs rangées de dents aiguisés, une lueur inquiétante dans leurs yeux de prédateurs...


T.. Tout va bien... Tout est normal, Femme... Regarde, ils nous sourient.
Anamaya
... Et une grande déception s'empare d'elle ... Alors qu'elle s'attendait à pénétrer dans une chambre, la voilà qui déboule en compagnie de son pseudo guide dans une pièce immense !! Frappée de stupeur, elle se mit elle aussi en mode gobage de mouche, la bouche ouverte, limite catatonique. C'est au même moment qu'il se retourna et lui fit ses salamalèques en agitant ses doigts frénétiquement. Attitude qui commençait d'ailleurs à l'agacer.

La bouche se referme tandis que son guide bégaie et elle n'a qu'une seule envie ... Lui coller un bon coup de sandale taille fillette dans le fondement en lui hurlant dessus : "Déballe, on triera après !"

Au même instant elle commença à douter de la fiabilité de son guide ... Mais trop tard pour rebrousser chemin. Coûte que coûte elle le retrouverait son Prince.

Le vieux prêtre repris son chemin, elle le suivit donc d'assez prêt, histoire qu'il ne lui fausse pas compagnie en la laissant se débrouiller. Elle lui collait donc aux sandales comme son ombre.

Un déclic, discret ... Mais trop tard pour réagir que déjà le vioque hurle alors que le sol se dérobe sous leurs pieds, direction les mondes engloutis.
Longues tirades de cris lors de la descente qui semble interminable, tous deux usant le fond de leurs pagnes sur la pierre lisse et poisseuse.


AAAAAHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!

La chute arrive enfin à son terme, amortie par l'élément liquide et dans un grand PLOUF !
A nouveau la rage gagnait la jeune femme. Mais dans quel pétrin les avait-il fourré ! Elle s'apprêtait à l'invectiver quand elle huma l'air comme il le faisait, dirigeant son regard vers le même endroit que lui.
Billes d'onyx qui s'écarquillent de terreur. Le cri qui allait sortir, reste définitivement coincé dans le fond de sa gorge.
Tout juste un gargouillis guttural se fait entendre.


T.. Tout va bien... Tout est normal, Femme... Regarde, ils nous sourient.

Alors les lèvres se pincent et la voix se fait cinglante tandis qu'elle lui marmonne pour ne pas crier et appâter encore plus les deux colossales reptiles.

Tu vas voir si ils sourient ... Tu as intérêt à nous sortir de là et fissa ou je te balance entre nos deux amis ...
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