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[RP] Aux portes du "Puni tant scié"

--Doceur.houste


Hempozaidezatl essayait de faire bonne figure pour faire croire à la belle Anamaya que tout était normal et sous contrôle... mais il n'en menait pas large...

Les voilà pris au piège avec deux énormes reptiles à tendance mange-tout-ce-qui-bouge-et-puis-aussi-ce-qui-bouge-pas-en-fait-tant-qu'à-faire-après-tout-miam-miam, qui avaient le goût de la chasse et le goût du sang semble-t-il... Il savait que s'il recevait ne serait-ce qu'un coup de leurs puissantes queues écaillées, on retrouverait le haut de son corps à quelques mètres plus loin que le bas de son corps.

Cependant le vieux prêtre plissa les yeux et prit un air sérieux, et persévérant... à défaut de percer varans...
Mais ce qu'il fallait savoir à propos du vieillard strabique et squelettique, c'était qu'il était le spécialiste des situations désespérées.

Après tout, il avait passé la majeure partie de sa vie à se mettre dans des situations fâcheuses. Il avait d'ailleurs un don quasiment inné pour cela, bien aidé par son caractère particulier et son cortex qui était comme sa taille... atrophiés.
En voie de conséquences, pour compenser cette prédisposition funeste et pour survivre, Hempozaidezatl avait, au fil des nombreuses années, développé un bien grand nombre de ressources cachées et de capacités secrètes qui lui permettaient toujours de se sortir de n'importe quelle situation.

Et ce jour-ci, le vieux prêtre d'apparence frêle et .. un peu débile, faut quand même bien le reconnaître, allait une fois de plus étonner son monde en faisant preuve de ses talents.

Son regard caméléon qui ne cilla pas lui permit de voir tout autour de lui... euh.. enfin surtout sur les côtés. Il repéra une pierre gravée derrière les immenses crocodiles qui devait activer certainement un système de sortie si on la pressait de la bonne manière.
Il ne savait pas exactement trop comment il savait que c'était cette pierre qu'il fallait actionner, mais c'est l'avantage de ce genre de personne... ça réfléchit pas plus que ça. Mais sans doute la force de l'habitude l'avait appris à repérer toujours le moyen de se sauver d'un endroit.

Femme ! Vois-tu la stèle peinte de poudre de couleur bleue avec le symbole de l'ananas ailée gravé sur sa surface ? Voilà notre échappatoire..

Il lorgna d'un air pugnace les deux estomac sur pattes équipées chacun d'une mâchoire un peu plus grande que lui, et ajouta qu'il fallait tout d'abord se débarrasser d'eux.

Mais il va falloir tout d'abord se débarrasser d'eux (mais euh !.. je viens de le dire !).

.. et je m'en occupe.

Hempozaidezatl s'étira et fit craquer ses articulations, avant de prendre une posture en présentant son bâton horizontalement, face à lui... Il faisait face aux deux colossaux prédateurs battis qu'avec des muscles sans aucune peur. Étrangement la carrure du vieux prêtre sembla plus impressionnante, et la confiance qu'il affichait était cette fois-ci palpable, authentique. Et il inspirerait même de la crainte si sa voix stridente ne rendait pas le tout tout de même un peu comique.

Femme.. je vais utiliser une technique ancestrale que l'on enseigne ici dans ce temple à tous les hauts prêtes... Cet arcane secret permet de contrôler toute créature en lui faisant faire tout ce que l'on veut pendant un temps... certes limité mais suffisant.

Dès que je te donnerai le signal il faudra courir vers cette stèle et ficher le camp sans perdre de temps...

Il n'attendit pas que la belle Ana lui réponde pour savoir si elle approuvait ce plan.. il sembla émaner une onde de la carcasse du vieux prêtre fou bien campé sur ses jambes, émettant un cri assourdissant et pourtant faible...

Puis il frappa du sol deux fois et se mit à entamer une danse savante qui consistait se tortiller comme un ver en tournant sur lui-même sur un rythme étrange, alors que sa voix tonnait et entonnait une prière secrète :

Ouuuka tchaka ouga ougaa
Ouuuka tchaka Ouuuuga ougaaaa

Presque en état de transe, Hempozaidezatl exécutait sa danse tribale, presque primaire, tandis que les deux reptiles le regardaient.. comme hypnotisés, subjugués...
Lorsqu'il finit sur les derniers pas de danse, le silence qui suivit fut pesant... et alors qu'il allait exercer son contrôle sur les dangereuses bêtes, il les regarda et déglutit.

Oh oh... ça a pas marché...

Il poussa un cri terrifié tandis que les deux crocodiles se précipitèrent sur lui en claquant des mâchoires, le poursuivant avec une vitesse déconcertante, le piégeant vers un coin du mur de la profonde crevasse où ils se trouvaient.
Anamaya
La rage bouillonnait à nouveau dans ses veines, tant pour ce dégénéré du bulbe qui lui servait de guide que contre elle, pour avoir été aussi amore de lui faire confiance et de le suivre en pensant retrouver son Prince qu'elle aimait plus que tout.
La situation était désespérée et la fin qui les attendait ne faisait aucun doute quand à son issue. Ils allaient de faire bèqueter par des crocodiles affamés !
Alors elle lui ordonne de nouveau :

Vous avez très peu de temps pour réfléchir avant de je ne vous envoie comme hors d'oeuvre à nos deux compagnons !

Et il resta immobile un long moment, visiblement songeur, ce qui agaçait grandement la jeune femme. Quel intérêt d'attendre puisqu'elle savait que sa fin allait être douloureuse, alors autant le faire de suite, pas la peine de faire durer le plaisir, surtout en de tels moments ... Plus c'est long, plus c'est bon .. Mon oeil tiens !

Puis tout à coup, le vieux momifié semble reprendre vie et lui indique une potentielle issue à ce coupe-gorge. Les sourcils se froncent avec l'envie de lui demander si il ne se fout pas à nouveau d'elle et qu'il n'aurait pas l'intention de la jeter en pâture pour s'en sortir indemne. Elle s'apprête d'ailleurs à lui sortir ses quatre vérités quand celui-ci se met en mouvement pour entamé une danse frénétique comme si il était sous l'emprise de peyotl.
Oui voilà ! C'était ça, il avait consommé trop de peyotl ! Pfff la voilà bien tiens .. Prise entre deux reptiles à l'estomac vide et un vieillard desséché et défoncé.

Et lui s'agite comme si il avait le cul dans un fourmilière ou même comme si il avait été frappé par la foudre. Il battait des bras et secouait les jambes en des mouvements totalement désarticulé que ça en était ridicule. Tellement ridicule que les deux crocodiles n'était nullement impressionnés, et là on aurait effectivement pu croire qu'ils souriaient pour se moquer de lui.

Ca suffit !!!!!

Là s'en était trop, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder la jarre. Il était temps pour elle de prendre les choses en mains!!!

D'un regard circulaire, elle cherche une solution, ses yeux étant maintenant habitués à l'obscurité. Ses onyx se posent alors sur son panier qui se trouvait à ses pieds. Et là lui vint une idée lumineuse. Elle sortir le silex qu'elle avait dans sa poche et s'entailla le pouce, laissant ainsi son carmin imbiber le tissu qui recouvrait le panier. Chose faite, elle se saisit de celui ci par l'anse et le balança en direction des deux monstres.

Courrez !!!!!!!

Et d'un geste prompt, elle saisit le bras du vieux rabougri et l'entraina avec elle en direction de la stèle qu'il avait désigné. Les deux reptiles ainsi occupés un court instant leur laissèrent assez de répit pour se faufiler derrière un passage étroit qui s'enfonçait dans la paroi. Ils étaient enfin saints et saufs. Essoufflés, ils s'arrêtèrent un instant dans cette goulotte où régnait une lueur étrange que produisait une mousse phosphorescente.

Espèce de vieux fou ! J'vous garantie qu'une fois sortis d'ici, je me charge personnellement de votre cas !
--Doceur.houste


Le voix de la jeune femme tonna et fit s'arrêter le vieux prêtre sur les derniers pas de son étrange danse. Hempozaidezatl se rendit compte alors que son arcane secret transmis entre prêtres de génération en génération n'avait aucun effet sur les deux monstres.
Et face aux deux crocodiles qui fonçaient soudainement vers lui, il vit toute sa longue vie passionnante défiler devant ses yeux.

De sa naissance où l'on s'y reprit à deux fois avant d'annoncer que c'était un garçon, avec tout de même un léger doute persistant, de son enfance à regarder les nuages, de son adolescence à... regarder les nuages. Et soudainement, il revit également le moment où sa vie bascula, lors de sa rencontre avec Boaplindboutl, le haut prêtre jadis qui lui donna envie de suivre la voie de la religion, subjugué par son calme, sa générosité, sa sagesse et son incroyable capacité à casser des oeufs durs d'une seule main, et qui eut une mort héroïque en perdant l'équilibre au sommet du temple en officiant un sacrifice humain -humain qui était dans un sacré jour de chance ce jour-là.
Puis il vit à toute vitesse les longues années durant lesquelles il passa son temps à lire, à apprendre, et surtout à ne se rappeler de rien le lendemain et de devoir tout reprendre depuis le début... Il revit tous ces bols de haricots qu'il a mangé toute sa vie, il revoyait également le ciel, si bleu, où flottaient de blanches dindes cotonneuses, avec appétit, sans se rendre compte que ce n'était que des nuages. Puis cette belle jeune femme qui lui demanda de la guider voir son tendre aimé à l'intérieur de ce temple dont au final il ne se souvenait jamais précisément de l'entrée...
Et enfin, il reprit conscience au présent et vit les mâchoires puissantes, immenses et béatement ouvertes des reptiles géants juste en face de lui.

Hempozaidezatl ferma les yeux... Il accepta son sort... Il n'avait eu au final qu'une vie pitoyable, et elle n'avait aucune raison de continuer...

Il n'entendit qu'en arrière fond la voix d'Anamaya...

Courrez !!!!!!!

Il n'y fit aucunement attention, tandis qu'il entendait les lourdes mâchoires se refermer et claquer, déchiquetant de leurs innombrables dents son frêle corps.. Etrange... il pensait que ça ferait plus mal...

Puis il se sentit tiré par le bras, il sentait qu'on le déplaçait... ainsi son grand voyage commençait.. certainement était-ce donc la sensation que l'on éprouvait lorsque l'on meu...

Espèce de vieux fou ! J'vous garantie qu'une fois sortis d'ici, je me charge personnellement de votre cas !

Hempozaidezatl cligna des yeux.

La jeune femme, furibonde le rouspétait, et il la regardait un peu ahuri, sans comprendre. Il fronça les sourcils en se rendant compte qu'ils étaient dans un passage étroit, où luisait une étrange mousse le longs des parois...

Oh.. Flûte... Tu es morte toi aussi, Femme ?

Puis il se retourna et vit avec horreur les deux crocodiles se déchaîner sur le panier qu'Anamaya avait apporté.. il lui fallut encore un moment pour faire un plus un et comprendre ce qui s'était passé...

Il se tourna de nouveau vers Anamaya et leva vers elle des yeux tout rond.

Tu... tu m'as sauvé la vie... Je.. je te suis redevable...

Les yeux caméléons du vieux prêtre ne pouvaient cacher une sincère gratitude. Il tourna de nouveau la tête vers les monstres qui festoyaient, mais qui avaient du mal à prendre dans leurs gueules les petits fruits et autres mets, s'évertuant à se disputer un morceau de tissu.
Le vieux prêtre prit un air terriblement courroucé en voyant ce spectacle et tout ce gâchis... Il marmonna...

Ma.. récompense... non...

Il serra son fidèle bâton dans son maigre poing. Puis il s'élança d'un bond vers les deux prédateurs qui pourtant avaient failli le croquer il y a encore un instant en poussant un cri plus effrayé qu'effrayant.

AaaaaaaaaaaaaaaYayayayayayayayayaaaaaaa*reprend son souffle.. reprend son souffle...*yayayayayayayayaaaaaaaaaa !!!!

En courant comme un dératé vers les deux hippopocrodiles .. hum.. ou plutôt vers le panier, il présenta le bâton face à lui en signe de menace. Malheureusement, il s'emmêla les jambes car il n'avait jamais su courir en fait, et l'extrémité du bâton se coinça entre deux dalles au sol et plia sous son poids avant de se redresser en faisant "chhhtoing". Le vieux prêtre fit ainsi propulsé, tel une grenouille catapultée, et atterrit avec fracas sans coup férir sur un des reptiles qui en fut aussitôt assommé.

Le crocodile à ses côtés et le vieux prêtre se regardèrent aussi surpris l'un que l'autre, dans un grand silence. Puis le reptile claqua son immense mâchoire, ce qui faillit faire lâcher le contenu de la vessie d'Hempozaidezatl terrifié, qui vit dans ce mouvement le panier finir en miette dans la gueule puissante.

Il cria de sa voix stridente et se remit à courir à toute vitesse vers l'étroit passage d'où il venait, entraînant le crocodile tout droit vers Anamaya.
D'un coup d'oeil périphérique, dû à son strabisme prononcé, il remarqua que devant l'étroit passage il y avait une sorte de porte coulissante à l'entrée.

F.. f... Feeeemme !! .. Là !!.. Là ! Une porte !!! Viiiite !!!

Il le cria de toutes ses forces en courant vers leur cachette, le véloce reptile sur ses talons.
Anamaya
Les onyx se lèvent au ciel, la belle tlaxcaltèque se disant qu'elle était définitivement maudite d'être tombée sur un énergumène pareil. L'espace d'un instant l'idée, qu'elle n'aurait jamais du venir ici et suivre son instinct, lui effleure l'esprit, prenant tout ceci pour un signe des dieux. Oui, c'est cela un signe des dieux, comme celui qu'elle avait eu le jour où elle avait voulu mettre fin à ses jours.
Mais ce temps est révolu, elle a de nouveau une raison de vivre et c'est celle-là même qu'elle est venue chercher, retrouver ...

Elle se retient de ne pas frapper le vieux prêtre, question de respect ... Mais si elle le pouvait, elle le mettrait certainement en orbite non loin des étoiles ...

Et alors qu'elle les croit sortis d'affaire, ce branquignole aussi abruti que branlant, retourne se jeter dans la gueule du loup, enfin des crocodiles. Elle regarde bouche bée ce qui se joue devant elle, les onyx écarquillés au point qu'ils en sortiraient presque de leurs orbites. Ce vieux prêtre est définitivement fou. Totalement irrécupérable ! Tout se passe rapidement, le ravagé du cerveau manque de peu de se faire becqueter et revient en courant, un crocodile aux trousses. Et lui hurle tant qu'il peut et il le fait assez bien il faut l'admettre. Il crie même plutôt fort pour un être chétif ... C'est fou les effets de l'adrénaline sur le corps humain ...

Elle fronce les sourcils aux paroles qu'il vocifère. Une porte ? Quelle porte ? Léger regard circulaire, pour se réhabituer à la pénombre. Elle aperçoit en effet ce qui ressemble à une porte, elle pousse dessus et la pierre crisse contre la paroi, laissant un étroit passage, elle s'y engouffre sans se préoccuper du déjanté qui hurle d'avoir un reptile carnivore sur ses talons. Et ce qu'elle découvre la laisse pantoise ...
--Doceur.houste



Yayayayaaaaaaa !!!

Le vieux prêtre, livide et toujours pas à court de voix -faut dire qu'un reptile de six mètres de long qui vous court après, la gueule béante, ça vous aide à chanter-, fusa dans l'interstice de la pierre roulée qui faisait office de porte, et fit soudainement preuve d'une force colossale et surprenante de sa part afin de bloquer l'issue en poussant le chemin qu'il restait à faire à cette pierre.
Il entendit alors l'immense crocodile se fracasser le museau contre l'obstacle avant de gémir et de gratouiller à la porte.

Hempozaidezatl haleta, reprenant son souffle difficilement, le visage livide. Il connaissait à présent sa vie par choeur à force de l'avoir vu défiler encore et encore devant ses yeux pendant cette course.

Puis il leva les yeux et regarda le visage interdit de la belle Anamaya qui fixait l'autre face de la grande pierre roulée.

Huff.. huff.. oh... c'est marrant ça.. huff.. huff.. ce dessin représentant cette belle jeune femme, cet homme qui a l'air d'un prince.. et pis cet espèce de petit truc tout vieux et tout moche qui tient un bâton... huff.. huff...

Le vieux prêtre toujours essoufflé haussa les épaules. Il faut dire que l'information mettra du temps dans son cerveau pour s'additionner et lui faire dire "oh.. ça me dit quelque chose au fait !"

Puis, il inspira profondément, et se redressa.

Femme...

Il retira une mangue dissimulée dans son pagne qu'il venait de ramasser au risque de se faire déchiqueter par les deux monstres, -mangue qu'il faudra, cela va sans dire, fortement laver- et le tendit à Anamaya.

Pour ton homme...
Anamaya
La belle papillonne des yeux, se les frotte puis penche la tête. Elle rêve ... Oui ce ne peut être qu'un rêve ...
Elle a la berlue, voilà c'est ça ! Les paupières papillotent de nouveau sur les onyx indécis. Elle se penche sur la pierre ronde, jusqu'à presque la toucher du bout du nez. Une main tremblante s'avance jusqu'à ce que la pulpe des doigts frôlent la pierre rugueuse. Puis lentement, les doigts suivent les traits colorés à même la roche, la main se recule, elle regarde ses doigts ... Pas de pigment frais, ce dessin n'est donc pas récent ...

Elle tourne la tête vers le vieux fou, comme assommée, ignorant le fruit tendu.

Qui ... Qui a pu dessiner cela ? ...

La voix qui était si dure et autoritaire quelques temps auparavant est devenue si fragile ... Empreinte d'émotion ... La main, restée en suspend, tremble. Et alors la belle murmure comme pour elle même :

Où es-tu mon doux Prince ? ...

Et sans s'en rendre compte, une larme coule le long de sa joue. Onyx qui se pose à nouveau sur le vieux prêtre.

Trouve-le ... Je t'en supplie ...
--Doceur.houste



Le vieux prêtre était plutôt fier de lui, et resta immobile, tel un totem imposant et digne, bombant son torse squelettique et offrant le fruit qu'il pensait alors n'avoir aucun équivalent en valeur dans le monde à ce moment précis.
Il ne remarqua même pas que la belle Anamaya n'y faisait même pas attention.

Qui ... Qui a pu dessiner cela ? ...

Il entrouvrit un oeil et se gratta nonchalamment sous le pagne à un endroit stratégique qu'il serait inconvenant de nommer ici, en voyant que la jeune femme regardait encore le dessin gravé dans la roche qui scellait cette entrée.
Il dandina alors pour s'approcher et s'attarder plus longuement sur l'esquisse en louchant, et rassembla au bout d'un long moment les cours que l'on lui avait apprit.. et répété chaque année depuis à présent plus de cinquante ans. Il énonça de sa voix toute fluette :

Le dessin a été gravé dans la pierre à l'aide d'un instrument bien spécifique.. et ce sont des traits caractéristiques et rustiques que l'on peut reconnaître facilement pour tout homme aussi érudit que moaa haha.
Il a dû être fait par l'ancienne civilisation qui avait commencé à ériger ces pyramides, avant nous, et dont nous sommes tributaires, et qui a disparu mystérieusement avant que l'on prenne leur place, il y a plusieurs centaines d'années.
Quelques choses comme nos ancêtres.. ou plus exactement comme nos oncles.

On raconte que cette civilisation avait mis au point un horoscope infaillible, et ils étaient capable de prédire avant même la naissance d'un enfant toute sa destinée. La personne qu'il épousera, le jour et la manière dont il la rencontrera, le jour aussi où il sera blessé à la guerre, le jour où il mourra, le nombre d'enfants qu'il aura, et tout le reste, tous les évènements importants de sa vie, décrite sur une grande frise.
Et on raconte aussi que jamais ils ne se trompaient. Tout le monde savait d'avance ce que la vie lui réservait et avançait sans crainte.

Tout était écrit, et en plus des frises et des horoscopes rédigés et remis, les prêtres disséminaient ça et là des indices que seuls ceux à qui ils étaient destinés pouvaient reconnaître et comprendre,, aux endroits les plus improbables parfois.

Afin de les guider.. ou pour les mettre en garde...

Voilà ce que je sais et ce dont je peux être sûr.. Par contre, je ne sais pas comment interpréter ce gribouillis.

Hempozaidezatl haussa les épaules, tout de même déjà plutôt satisfait de lui, avec le secret espoir d'avoir ébloui la jeune brune avec ses connaissances.

Il la regarda du coin du l'oeil, et fit des vaguelettes avec ses sourcils lorsqu'il vit qu'elle remuait les lèvres pour murmurer et essaya d'en capter les mots. Mais comme il était sourd comme une tortue qui court, il y avait peu de chance pour qu'il les comprenne.

Il fut surpris lorsque Anamaya, d'habitude si dure avec lui, sèche et dégageant une forte confiance en elle, devint douce, fragile, et qu'une larme perla sur ses joues.
Et de sa voie douce, en le regardant enfin, comme si elle était ailleurs néanmoins, elle lui pria :

Trouve-le ... Je t'en supplie ...

Le petit coeur endurci du vieux prêtre sembla s'apaiser face à ce regard et cette supplique qui venait du plus profond des sentiments de la jeune femme. Il en fut ému, comme cela ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps... depuis si longtemps...

Il opina du chef et répondit simplement :

C'est pour ça que je suis là, Femme.

Il lui glissa la mangue dans la main d'Anamaya et lui prit doucement le poignée pour la mener le long de la galerie scintillante à l'intérieur de laquelle ils se trouvaient à présent, dans l'espoir de trouver une sortie et leur chemin.

Puis, tout en marchant, les informations étaient enfin remonté dans le cerveau de vieux prêtre, qui arbora un grand sourire et se retint de ricaner. Intérieurement il pensa.

*Oooooooh.. hohohooo... ça y est !! J'ai compris ce qu'elle marmonnait dans sa barbe la femelle ! Elle me disait "Mon prince..." .. nan, y'avait un truc avant.. aaah vi voilààà... "Tu es mon doux Prince "

Héhéhééé, bien joué, Hempopo !! ça valait bien la peine de risquer tes miches avec ces crocodiles pour sauver cette malheureuse mangue, ça l'a séduite la fifille !

Hé ouiii, hé ouii.. j'crois que ce soir, mon bon p'tit vieux.. tu vas devenir un homme ! AÏE*

Hempozaidezatl se frotta le nez après s'être écrasé la figure contre la paroi, oubliant de tourner au tournant. Mais cela ne lui enleva pas son sourire plein d'entrain.
Anamaya
Longue litanie du prêtre qui lui explique alors l'origine de la fresque devant laquelle ils sont postés. Les paroles glissent alors sur elle comme goutte de pluie sur une feuille de bananier. En gros, elle n'écoute rien ! Trop plongée dans ses propres pensées à prier pour revoir son Rayon de soleil ... Seul un mot accède au jardin secret de son esprit. Destinée ...

*Destinée
On était tous les deux destinés
A voir nos chemins se rencontrer
A s'aimer sans demander pourquoi
Toi et moi

Destinée
Inutile de fuir ou de lutter
C'est écrit dans notre destinée
Tu ne pourras pas y échapper
C'est gravé*

Ahem .. Pardon, on s'égare ... Enfin quoique pas tant que cela ! Bref ...

Complètement déconnectée de la réalité bien "terre à terre" de la situation, elle réagit à peine quand le vieux desséché lui colle la mangue dans la main avant de la saisir au poignet afin de reprendre leur périple.
Elle marche par automatisme, un pied après l'autre, tirée par son guide fou. Mais ce dernier, occupé par des pensées lubriques dont elle n'aura pas connaissance (Et fort heureusement sinon elle l'aurait émasculé sans détour !), se heurte avec rudesse à la paroi. Ben vi, avec son strabisme divergent/convergent pas évident d'évaluer les distance, surtout dans la semi obscurité ! Le "Donk !" caractéristique de l'os nasal contre la pierre, lui fait secouer la tête et sortir de sa torpeur. Elle tourne son regard vers la droite et aperçoit un tout petit point de lumière vive. Se débarrassant de l'emprise du prêtre, elle court en direction de la lueur salvatrice. Une longue ascension débute, la foulée aisée, devient de plus en plus pénible, laissant la belle haletante et au bord de l'épuisement, mais sa rage d'y arriver dépasse la douleur physique alors elle continue, la lueur devenant de plus en plus grande et forte.

Ali !!!!!

Seule la présence de son Soleil pouvait à ce point l'éblouir ... Du moins c'est ce qu'elle croyait ... Voyant à peine où elle pose la pointe de ses sandales, elle fonce tête baissée dans le halo de lumière. Elle papillonne des yeux pour appréhender ce qui l'attend, avançant encore un peu mais arrêtée dans son élan par cette drôle de sensation de vide sous la sandale. Et quand enfin, les onyx s'habituent à la lumière de l'astre du jour, elle se rend compte qu'elle est au bord d'un précipice. Falaise surplombant le clan ... Vue imprenable sur les Callis et le verger.
--Doceur.houste


Hempozaidezatl souriait et sautillait en progressant dans ce tunnel étroit aux parois scintillantes, ne sentant même pas l'effort que l'ascension demandait, comme un jeune premier qui allait avoir sa première plume sur la tête. Il gardait le poignet de la jeune femme entre ses doigts fins et se faisait grand plaisir de la guider ainsi, lui dont la seule main qu'il ait jamais tenu était euh.. était son pied.

Mais soudainement, alors qu'ils aperçurent un clignement de lumière, Anamaya dégagea son bras et courut vers ce qui était certainement la sortie.

- Aaah... Femme, attends !

Le vieux prêtre se mit à courir à quatre pattes derrière Ana, une expression embêtée sur le visage à l'idée qu'elle ait déjà oublié la promesse d'une nuit torride avec lui.. non, pas qu'elle le lui ait clairement dit, ni même qu'elle l'ait une seule seconde penser car tout son coeur était tourné vers son prince, mais cette idée s'était on-ne-sait-trop-comment-et-franchement-c'est-bien-mieux-comme-ça ancrée dans l'esprit du vieillard. Et il s'expliquait le fait qu'Anamaya s'échappe en le laissant en arrière comme un vieux morceau de bois pourri et couvert de champignons par cette pensée :
*Ah les femmes... la coquiiiine, hihihii*

Aveuglé par la soudaine lumière en se retrouvant enfin au-dehors, Hempopo entendit juste la voix pleine d'espoir d'Ana crier le nom de son prince, suivie d'une succession de bruits contre les rochers de la falaise.

- Ouuuch ! Ouuuch ! Aille, aaaaah !(©*)

Les yeux révulsés qui regardaient dans deux directions opposées à la fois, horrifiés, allaient de paire avec les cris de douleur du vieux prêtre et les craquements secs résonnant dans le vide, qui s'éloignaient, s'éloignaient avant de finir dans un grand fracas sur le sol tout en contrebas.

Accroché de justesse par le pagne à une branche, Hempozaidezatl venait de voir son bâton périr dans une interminable chute mortelle. Mais, un peu blasé de revoir une fois de plus sa vie défiler à toute allure devant les yeux, le vieillard tourbillonna sur lui-même et agrippa de ses mains et de ses pieds cornus la paroi rugueuse et coupante afin d'escalader jusqu'à la saillie où se tenait Ana et qui aboutissait au tunnel d'où ils venaient.

- Ne t'en fais pas, Femme, tout va bien, moi trop fort, moi escalader montagne tous les matins au petit-déjeuner, mo... aaaaAAAAaaaAaaaaaAAAAAh !!

Cette fois-ci, c'était bien le vieux prêtre qui tombait, son pied prenant appui sur une pierre qui se détacha de la paroi, le faisant perdre l'équilibre.
Un minable petit "schtouik" se fit entendre, bruit que produisit le corps caoutchouteux, qui tenait plus de la grenouille que de l'humain, en atterrissant sur une autre saillie à deux mètres plus bas.

Hempozaidezatl grommela un peu en frottant son gros pif et son petit hercule, et cligna ses yeux caméléons.

- Femme ! Il y a un autre tunnel ici ! Sans doute qu'il descend et nous mènera au pied de la falaise.
Descend, je te rattrape.

Le vieillard leva les bras pour la réceptionner, cachant mal un sourire lubrique sur son affreux visage.





* toute ressemblance avec le nom d'une émission sur la nature sauvage et présentée par un futur président de la république sera forfuite et involontaire.
Anamaya
Des bruits de sandales claquant sur la pierre, derrière elle, ne la tire même pas de sa contemplation. Elle reste bouche bée devant tant de splendeur.
Ali lui avait promis le paradis, mais elle ne pensait pas en être si proche ... Non, pas si proche. Et pourtant ... Ce qu'elle admirait là, lui faisait croire le contraire.
Cette vue sur le lointaine canopée de la forêt, ce ciel si bleu, le vol des ara si colorés ... Un véritable rêve !

Mais voilà, son "compagnon" d'aventure avait un don sans pareille pour lui gâcher tout plaisir. Et il arriva bien sûr avec fracas sur la corniche qu'il dépassa allègrement avant de se mettre à pédaler dans le vide puis de dévaler lamentablement le long de la pente abrupte.
Par je ne sais quel miracle, il se retrouva accroché à une branche, sauvé d'une chute mortelle.

C'était tellement comique, que la jeune femme ne pu se retenir de pouffer de rire avant de lever les yeux au ciel.

Par tous les Dieux ... Quelle maladresse !

Ce dernier tentait une nouvelle fois de faire son intéressant, enjolivant ses mésaventures pour se faire mousser. Seulement la branche ne fut pas de cet avis, et lâcha sa proie, qui termina quelque mètres plus bas sur une avancée rocheuse.

Femme ! Il y a un autre tunnel ici ! Sans doute qu'il descend et nous mènera au pied de la falaise.
Descend, je te rattrape.

Un sourcil perplexe se hausse, puis les paupières se plissent légèrement sur les onyx acérés ... Elle tourne la tête et observe l'endroit ou elle se trouve. Léger sourire qui étire le coin des lèvres fines.

Ne t'en fais pas vieux f... Toussotement. Vieil homme. Je vais descendre par moi même en empruntant cet escalier à flanc de paroi, dit-elle en tendant le bras droit pour appuyer ses dires. Ne bouge pas, j'arrive !

Et d'un pas souple et aérien, elle dévale les marches taillées à même la pierre afin de rejoindre le boulet ... Pardon, le guide des lieux.
Une fois à ses côtés et sans même un regard plus appuyé, elle s'engouffre dans le nouveau tunnel.

Tu viens ou tu reste là ?
--Doceur.houste


Le vieux fo.. euh, le vieux prêtre resta un instant figé, les bras toujours levés en l'air, après avoir vu Anamaya lentement et gracieusement descendre les marches de l'escalier qu'il n'avait même pas remarqué sur le côté de la roche.
Et il n'y avait pas que son pagne déchiré par la branche qui était tombé : sa mâchoire aussi.

Et tandis qu'elle se dandina de manière hautaine et théâtrale pour le snober et pénétrer sans l'attendre dans le nouveau tunnel qui se présentait à eux, il cligna enfin ses yeux caméléons, la bouche toujours bée. Chacun de ses oeils fixèrent tour à tour et de manière désordonnée la corniche au-dessus de lui, le vide en contre-bas, l'escalier, la branche cassée, le vide en contre-bas, l'escalier, la branche cassée, la corniche, l'escalier, la branche en bas, la corniche cassée, l'escaaaliiiieeer en cherchant vainement à comprendre ce qui venait de se passer.

Tu viens ou tu reste là ?

Réveillé par la voix de la jolie brune, et sentant également un courant d'air à un endroit inhabituel, il se secoua en réprimant un frisson et remonta son pagne, le maintenant d'un main, et pénétra à son tour dans la grotte.
Faute de pénétrer quoique ce soit d'autre ce soir.

Ils débouchèrent rapidement dans une nouvelle grande salle étroite, où l'on apercevait une autre embrasure de l'autre côté, face à eux.
Soudain Hempozaidezatl s'éclaira en fouillant la salle du regard et en apercevant un symbole particulier en forme de faucon sur une forme ronde.

Oooooh ! oui, oui, oui, oui, ouii !
Femme ! Cette fois je suis certain de connaître le chemin !
Je connais parfaitement cette salle pour y être passé devant plusieurs fois ! Elle mène au couloir qui mène aux pièces où sont soignés les malades !
Et d'ailleurs, pour te le prouver...

Le vieux prêtre crapahuta joyeusement en arborant un grand sourire vers le symbole sur le mur adjacent de là par où ils venaient d'entrer, et pressa selon un ordre précis quelques stèles autour.

On nous a strictement interdit de faire ceci dans cette salle, sous peine d'être en danger de mort !

Un crissement résonna tandis que le sol tremblait sous un rugissement effroyable. Des pans des murs longeant la salle se dérobèrent et le sol s'effondra, ne laissant qu'un mince passage jusqu'à l'autre côté. D'énormes roches suspendues par des chaînes fouettèrent l'air en se balançant sur une cadence soutenue en travers du passage, et des gigantesques pieux de toute taille dont certains étaient ornés encore des squelettes d'imprudents zébraient la pièce de toute part par fauchage intensif.

Le vieux prêtre fanfaronna en bombant le torse, se gaussant, tout fier de lui de ne pas s'être trompé.

Alors Femme ? On dit merci qui ?
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