Joachim.du.bellay
[Chateau de Rennes - Chambre allouée au Duc Regnant]
Un coup ! Un élan !
Un élan de douleur plus fort que les autres.
Quel est cet élan ? Serait-ce sa Raison qui le poursuit et le hante alors qu'à la Nage il tente de remonter l'Acheron, pour lui faire ressentir la douleur infinie que fut sa vie ? Où n'est-ce que son Imagination qui l'emmène vers des ailleurs lointains pour l'écarter de la dure réalité qu'il vient d'apprendre par courrier.
Mort réelle ou Mort symbolique, rêvée, hallucinatoire ?
Étrangement, quand la bouche est obstruée par le sang qui en coule, il n'est plus de mots même intérieurs à mettre sur les Idées, juste ces Idées Premières. Réelles ou totalement fantasmagoriques. Mais après tout qu'importe, ces idées, ces sentiments étaient bel et bien là.
A-t-il rêvé perdre la vie ou était-ce seulement la raison qu'il avait perdu, la vie étant toujours là sans se signifier, comme une étrangère qui décide de hanter son corps sans y être réellement chez elle ?
Bon sang, qu'importe ! L'un n'allait pas sans l'autre après tout, non ?
Absence de force et Désolation, lequel l'emportait donc ? Son corps ou son Âme ?
Lequel survivrait à l'autre, sans l'autre, en ce monde ?
Le Corps ? Lui qui s'était progressivement putréfié de l'intérieur, jusqu'à n'être qu'une carcasse n'arrivant que difficilement à soulever la pesanteur de cette âme troublée qui le hantait...
Ou l'âme ? Elle qui petit à petit s'était murée dans un silence profond, dans un mutisme qui semblait être la seule réponse à son immortalité.
Car elle l'était, elle en avait conscience.
Elle avait une éternité à vivre encore.
Mais qui voudrait vivre une éternité pareille ? Une éternité à souffrir et à repenser à tout ce chemin fait ? Qui voudrait sincèrement de cela ?
Pas lui, Pas Joachim.
Reniant tout ce en quoi il avait cru, et en lequel il ne pouvait désormais plus croire sans se morfondre dans une tristesse infinie, il se prit à croire pour ses derniers instants qu'après tout, tout cela n'était qu'une vaste farce, un jeu grandiose avec de piètres acteurs, des acteurs qu'il allait quitter sans jamais revenir, mais surtout sans jamais leur survivre, ne plus jamais revoir ces visages qui l'avaient ravi ou attristé, qui l'avaient déçu ou rendu heureux, qui l'avaient faire bondir de rage ou qui lui étaient indifférent ... Quoique ces derniers, pourquoi ne pas les revoir, après tout, ils n'étaient rien, ils n'étaient que poussière dans son monde à lui.
Ah son monde. Quel était donc son monde ?
Son Monde n'existait pas. Il n'avait plus un monde, il avait plutôt des Mondes, ou plus exactement deux Mondes.
Son premier monde se nommait Leyah, et il en avait été banni.
Le second se nommait Bretagne, et les faiblesses de son corps le poussait à le quitter, petit à petit, lentement mais surement. Et puis quand bien même il n'avait pas cet étrange Mal qui avait rongé son corps de l'intérieur, y serait il resté ? Pourquoi faire ? Il aurait surement fini ce mandat avant de passer le relai à un autre, jusqu'à ce qu'il meurt ou que ce Monde disparaisse.
Une vie sans but au final.
Alors pourquoi continuer à se battre contre son corps ? Pourquoi ne pas le laisser l'emporter ? Pourquoi continuer à futilement croire en des chimères ? Une lettre froissée dans sa main gauche, et dans l'autre, une pipe, d'où sortaient quelques nuages bleuâtres. Il souleva difficilement le bras pour porter sa pipe à ses lèvres.Et ... Une bouffée, puis encore une, encore une ! Et encore une !
Un instant où il est en l'air, la fumée en lui, dans sa bouche.
Il inspire alors un peu d'air, reprenant son souffle et puis ...
Enfin, un sourire ravi qui se dessine petit à petit sur ses lèvres alors qu'il expire cette fumée d'une couleur étrange. Enfin, il oublie tout ces soucis, il oublie sa vie, et devient un de ces nuages bleus/verts qui s'envolent de sa pipe vers le ciel, se mêlant à l'air ambiant pour ne former plus qu'un. Enfin ... Enfin ... Enfin ...
Un coup ! Un élan !
Un élan de douleur plus fort que les autres.
Quel est cet élan ? Serait-ce sa Raison qui le poursuit et le hante alors qu'à la Nage il tente de remonter l'Acheron, pour lui faire ressentir la douleur infinie que fut sa vie ? Où n'est-ce que son Imagination qui l'emmène vers des ailleurs lointains pour l'écarter de la dure réalité qu'il vient d'apprendre par courrier.
Mort réelle ou Mort symbolique, rêvée, hallucinatoire ?
Étrangement, quand la bouche est obstruée par le sang qui en coule, il n'est plus de mots même intérieurs à mettre sur les Idées, juste ces Idées Premières. Réelles ou totalement fantasmagoriques. Mais après tout qu'importe, ces idées, ces sentiments étaient bel et bien là.
A-t-il rêvé perdre la vie ou était-ce seulement la raison qu'il avait perdu, la vie étant toujours là sans se signifier, comme une étrangère qui décide de hanter son corps sans y être réellement chez elle ?
Bon sang, qu'importe ! L'un n'allait pas sans l'autre après tout, non ?
Absence de force et Désolation, lequel l'emportait donc ? Son corps ou son Âme ?
Lequel survivrait à l'autre, sans l'autre, en ce monde ?
Le Corps ? Lui qui s'était progressivement putréfié de l'intérieur, jusqu'à n'être qu'une carcasse n'arrivant que difficilement à soulever la pesanteur de cette âme troublée qui le hantait...
Ou l'âme ? Elle qui petit à petit s'était murée dans un silence profond, dans un mutisme qui semblait être la seule réponse à son immortalité.
Car elle l'était, elle en avait conscience.
Elle avait une éternité à vivre encore.
Mais qui voudrait vivre une éternité pareille ? Une éternité à souffrir et à repenser à tout ce chemin fait ? Qui voudrait sincèrement de cela ?
Pas lui, Pas Joachim.
Reniant tout ce en quoi il avait cru, et en lequel il ne pouvait désormais plus croire sans se morfondre dans une tristesse infinie, il se prit à croire pour ses derniers instants qu'après tout, tout cela n'était qu'une vaste farce, un jeu grandiose avec de piètres acteurs, des acteurs qu'il allait quitter sans jamais revenir, mais surtout sans jamais leur survivre, ne plus jamais revoir ces visages qui l'avaient ravi ou attristé, qui l'avaient déçu ou rendu heureux, qui l'avaient faire bondir de rage ou qui lui étaient indifférent ... Quoique ces derniers, pourquoi ne pas les revoir, après tout, ils n'étaient rien, ils n'étaient que poussière dans son monde à lui.
Ah son monde. Quel était donc son monde ?
Son Monde n'existait pas. Il n'avait plus un monde, il avait plutôt des Mondes, ou plus exactement deux Mondes.
Son premier monde se nommait Leyah, et il en avait été banni.
Le second se nommait Bretagne, et les faiblesses de son corps le poussait à le quitter, petit à petit, lentement mais surement. Et puis quand bien même il n'avait pas cet étrange Mal qui avait rongé son corps de l'intérieur, y serait il resté ? Pourquoi faire ? Il aurait surement fini ce mandat avant de passer le relai à un autre, jusqu'à ce qu'il meurt ou que ce Monde disparaisse.
Une vie sans but au final.
Alors pourquoi continuer à se battre contre son corps ? Pourquoi ne pas le laisser l'emporter ? Pourquoi continuer à futilement croire en des chimères ? Une lettre froissée dans sa main gauche, et dans l'autre, une pipe, d'où sortaient quelques nuages bleuâtres. Il souleva difficilement le bras pour porter sa pipe à ses lèvres.Et ... Une bouffée, puis encore une, encore une ! Et encore une !
Un instant où il est en l'air, la fumée en lui, dans sa bouche.
Il inspire alors un peu d'air, reprenant son souffle et puis ...
Enfin, un sourire ravi qui se dessine petit à petit sur ses lèvres alors qu'il expire cette fumée d'une couleur étrange. Enfin, il oublie tout ces soucis, il oublie sa vie, et devient un de ces nuages bleus/verts qui s'envolent de sa pipe vers le ciel, se mêlant à l'air ambiant pour ne former plus qu'un. Enfin ... Enfin ... Enfin ...
Citation:
«Ô juste, subtil et puissant opium ! Toi qui, au cur du pauvre comme du riche, pour les blessures qui ne se cicatriseront jamais et pour les angoisses qui induisent lesprit en rébellion, apportes un baume adoucissant ; éloquent opium ! toi qui, par ta puissante rhétorique, désarmes les résolutions de la rage, et qui, pour une nuit, rends à lhomme coupable les espérances de sa jeunesse et ses anciennes mains pures de sang ; qui, à lhomme orgueilleux, donnes un oubli passager des torts non redressés et des insultes non vengées ;qui cites les faux témoins au tribunal des rêves, pour le triomphe de linnocence immolée ; qui confonds le parjure ; qui annules les sentences des juges iniques ; tu bâtis sur le sein des ténèbres, avec les matériaux imaginaires du cerveau, avec un art plus profond que celui de Phidias et de Praxitèle, des cités et des temples qui dépassent en splendeur Babylone et Hékatompylos ; et du chaos dun sommeil plein de songes tu évoques à la lumière du soleil les visages des beautés depuis longtemps ensevelies, et les physionomies familières et bénies, nettoyées des outrages de la tombe. Toi seul, tu donnes à lhomme ces trésors, et tu possèdes les clefs du paradis, ô juste, subtil et puissant opium ! » [C. Baudelaire]
Dans des abimes profondes et étranges, le Duc s'enfonce, ce sourire léger au lèvres, son âme, grâce à la drogue qu'il fume ou qui le fume, croyant alors s'envoler vers des horizons bien différents de ce qu'a pu être cette vie. C'est ainsi le paradis qu'il croit découvrir, un Paradis où il voit les sons et entend les odeurs, un Paradis où il goute chaque rayon lumineux. Non ! Un paradis où il est gouté par chacun des rayons lumineux que chaque objet semble lui envoyer. Babylone, était-ce donc ça ? Non, "ça" n'avait pas de nom, c'était au delà des rêves des hommes. Ce ne pouvait être que la Cité de Dieu.
Son voyage devint alors de plus en plus réel.
Son sommeil se fit de plus en plus lourd.
Encore, et encore plus lourd, jusqu'à ce qu'enfin, ce sommeil ne soit plus.
Que Joachim ne soit plus.
***
Et le silence ...
Une lueur qui réussit tant bien que mal à s'immiscer entre les épais rideaux qui assombrissent la chambre éclaire ce silence. Ce silence qui à travers sa lourdeur semble prendre consistance au dessus de lit de mort du Duc de Bretagne. Où peut-être n'est-ce que son âme, trop lourde pour filer vers les cieux ou trop pleine de cette frustration que causent les actes inachevés, qui, laborieusement, peine à quitter cette Terre tout en se croyant déjà ailleurs.
Bientôt, quelques rares amis viendront le saluer une dernière fois avant la mise en terre.
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