[ dans un amphiii .. toujours dans la chambre, l'a pas bougé ]
Leyah, cest Eini, ouvre moi.
La rousse secoua la tête de gauche a droite, comme si sa brune de l'autre côté de la porte pouvait voir cette forte négation, non elle ne voulait pas ouvrir, elle ne voulait prendre aucun risque supplémentaire, la folie la gagnait sans doute de plus en plus, ou peut être pas, la tête dans le citron, c'est jamais bon...
Leyah ... Maman rousse. Ouvres nous s'il te plait. Ouvres cette porte, on va t'aider ... on est la.
La main de la rouquine serrait fortement le velin, elle l'avait extirpé de cette main devenue trop raide, et lisait sans cesse ces mots couchés, cherchant a ravaler sa nausée et les larmes qui lui inondaient a présent la bouche.
Nouveau haut le cur, elle eut tout juste le temps de filer droit vers la fenêtre, de l'ouvrir et de laisser a son estomac déjà trop vide, le soin d'expulser le reste de son contenu, peu lui importait qu'il y ait du passage en dessous , tout au plus certains penseraient qu'il pleuvait encore en Bretagne.
Trainant les pieds , blanche comme un linge, la Marquise vint a nouveau s'assoir juste à coté de cet époux qu'elle avait envie de frapper, lui faire mal, très mal, jusqu'à ce qu'il ouvre enfin les yeux, et les bras pour qu'elle s'y engouffre et qu'il la rassure et la réconforte comme jamais personne n'avait pu faire mieux que lui.
Ce couple aussi insolite qu'imprévisible, avait fait jaser tant et plus, personne d'autre que la rouquine n'avait pu connaitre la véritable nature de l'animal Brocéliande, homme aux multiples facettes, tantôt arrogant et prétentieux, et tantôt sincère comme personne.
Cette capactité qu'ils avaient tous deux de se détruire pour s'aider ensuite a se relever était juste hallucinante, à plusieurs reprises, il l'avait mise à terre, a plusieurs reprise seule sa main avait pu la relever, et elle le lui avait bien rendu.
D'engueulades événementielles en réconciliations torrides, le couple Brocéliande était atypique par cette relation de destruction massive couplée de complicité si intense qu'ils en étaient liés pour la vie.. le meilleur et le pire.. le meilleur du pire aurait été la phrase adéquate.
" Lélé " ce sobriquet idiot dont il l'avait affublée uniquement par fantasme de cette veine qui enflait dans le cou de la rouquine quand il s'amusait a lui taper sur les nerfs, portait a lui seul cette relation, nulle autre personne que lui ne pourrait plus l'appeler de cette façon, c'était a lui , rien qu'a lui ..
Cette " Lélé" était la femme du Brocéliande, et non sa veuve, si il devait réellement disparaitre à jamais, rappelons qu'elle n'accepte pas cette mort, Lélé mourrait avec lui, elle vaporiserait dans les airs, laissant juste place a une coquille vide de tout , vide de vie, vide de sens, vide tout court
Ce côté de sa vie parsemé de bonheurs intenses voilés sous d'engueulades immense, d'instants de tendresse pure à d'autres plus délirants..
Elle se surpris a sourire, tandis qu'elle le regardait fixement , repensant a cette première rencontre du maitre dragon qui avait bien fallit tourner vinaigre, ou encore Rieux et l'auberge de Einigriv.
Han cette auberge, que de souvenirs, elle sourit plus largement repensant au fait qu'ils s'étaient occupés a leur manière dans les couloir de la dite auberge, léger pouffement repensant a la tête de la Dame de Ferel quand elle l'avait appris et reprise de constance tout aussi rapide, la rouquine le regardait avec tendresse, laissant à ses souvenirs le droit de s'envoler au loin.
A ce mariage, a ces naissances, les choses classiques dans un ensemble pas du tout du même gabarit, personne ne pourrait jamais comprendre , elle en était certaine, personne pourrait.
C'est qu'il était unique son cher et tendre, aussi mauvais quand il voulait que la peste, aussi bon qu'un gâteau plein de crème dégoulinant dans d'autres occasions, rares cela dit..
Sentant l'insistance de l'autre côté de la porte, la rouquine après avoir passé une énième fois la main sur le visage du Broc, se releva et se posa au bureau , il était grand temps que cela bouge, et ne voir arriver de médecin l'aggacait au plus haut point.
Elle prit donc une plume et commença sa rédaction
Citation:
Ma chère Eve, mon amie, ma Duchesse,
J'ai atrocement besoin de toi, et de tes talents de médecin. Joachim est en piteux état, tous le disent mort, mais je suis certaine d'avoir senti un souffle, léger, mais un souffle, je n'ai confiance en personne, trop de gens veulent le voir mort, et je suis persuadée que cet état est du a un poison violent. Sa sois disant mort n'est pas normale, ce n'est pas une fatigue passagère qui peut plonger un homme dans un état proche de la mort par un claquement de doigt.
Tout ceci n'est pas normal, et je ne me fierais qu'à toi, si cet état dans lequel je pense qu'il est , est réversible ou qu'il ne le soit pas, j'exige que mon époux reçoive les soins de la meilleure, et d'une personne en qui j'ai confiance aveugle. C'est pour cela que j'ai besoin de toi ma Eve
Je ne me résoudrais pas a le laisser partir sans certitudes, je ne me résoudrais pas a laisser mon mari tant aimé se faire enterrer vivant s'il l'est, et ce même si pour en avoir la certitude je dois m'enfuir avec sa carcasse , et le cacher dans un domaine au loin. Je sais que beaucoup m'accueillerait, mais si son état est bien celui auquel je pense, ou me raccroche pour me tenir debout est bien celui qu'il est, un voyage pourrait être bien trop périlleux.
Je suis perdue ma Eve, je ne sais plus que penser, ai je rêvé ? Est ce juste le fait de ne vouloir le laisser partir ? Ou ai je réellement senti ce souffle léger ? La folie me gagne peu à peu, j'ai besoin de toi .. .
Leyah
Une fois cette rédaction terminée, la jeune femme se redressa, et telle une ombre totalement vidée de son âme actionna le mécanisme de la serrure de la chambre dans un ' clic clac' sonore dans le silence ambiant et passa la tête par la porte ...
J'ai besoin qu'on fasse parvenir ceci a la Duchesse de Guerande .. _________________