Rien n'arriva, le silence resta silence, aussi assourdissant qu'il pouvait être, et son éminence Ingeburge pu reprendre la cérémonie. Jenah était soulagée que rien ne se soit passé et se retourna de nouveau pivotant d'un simple mouvement vers l'archevêque. Celle-ci après de brèves paroles sur le mariage invita la fiancée à la diction de ses vux.
Jenah sentit alors le trac monter en elle, soudainement il prenait possession de sa personne, elle s'était pourtant préparée la mère Lecoy, elle avait répété maintes fois moultes discours afin de trouver les paroles justes changeant milles fois de récit, elle avait l'habitude également des prises de parole en public ayant été durant des années la voix de Mâcon mais cette fois tout était différent. Ces mots allaient sceller leur union, ils devaient être à la hauteur de son tendre fiancé, de leur histoire ensemble, de leur amour.
La promise prit alors la main de Sarrasin dans la sienne, elle croisa son regard, et se donnant force et courage, d'une voix enfin posée pris la parole en ces mots:
Mon cher et tendre Sarrasin, reconnaît en mes paroles tout l'amour que je te porte, lis en mon regard la sincérité de ce sentiment brûlant qui en mon cur fait feu de tout bois.
Elle marqua une légère pause avant de reprendre ses paroles qui n'était en fait pas dictées par le moindre discours préparé, car à ce moment là tout avait été oublié, elle ne se souvenait plus de rien tant elle s'était transformée en un véritable bonbon à la guimauve rose à la merci de fulgurantes sensations. On ne savait trop comment elle arrivait à être claire tant elle était chamboulée, mais l'on pu nettement comprendre ce discours, sans doute est-ce dû à ces mystères du sentiment amoureux que seuls peuvent comprendre ceux qui le vivent.
Nous avons eu maintes fois l'occasion de nous côtoyer par le passé, au duché tout d'abord, tu étais CAC, j'étais maire. Puis nous nous sommes connus plus personnellement, je me souviens de ses nombreuses discussions plaisantes où je trouvais toujours réconfort. Petit à petit j'ai découvert ce sentiment profond que tu as déclenché en mon cur, ces élans guidant mes pensées sans cesse vers toi, errances qui m'emportent dans un monde idéal, cet amour indéniable que je te portais déjà et qui restera à jamais présent en moi. Amour que je n'aurais jamais pensé voir renaître, mais que le Très-Haut m'a accordé une seconde fois avec toi, toi l'homme de mes rêves, mon idéal. Rien n'était simple à cette époque, nous avions tous les deux notre passé, nous supportions chacun sur nos épaules un chagrin bien trop lourd pour une seule personne. Nous avons appris à partager, à se protéger l'un l'autre, à revivre enfin, et à nous aimer. Tu es entré dans ma vie, dans ma famille qui est maintenant tienne.
Dit-elle jetant alors un bref regard vers Célia, Tu as gagné mon amour mais aussi celui de Célia et de mes amis qui t'ont accueillis.
Elle resserra ses doigts autour de ceux de Sarrasin et continua dans sa lancée, sans suivre en rien les paroles qu'elle avait pu prévoir, l'amour vous dis-je ça donne des ailes ou plutôt du bagou! J'ai recouvré le bonheur grâce à toi, mon Sarrasin, et je suis bien décidée à te rendre à ton tour toujours plus heureux. Je suis prête à veiller sur toi, à être là pour toi à chaque instant, prête à bercer ta vie, mais aussi prête à mettre au monde tes enfants si le Très-Haut me le permet, et surtout à t'aimer d'un amour sans faille, envers et contre tout. Je t'aime mon Sarrasin et n'ai plus qu'une envie, celle de devenir tienne.
Jenah acheva ainsi son discours qui finalement avait été assez long, barbant pour certains, surement, un peu trop fleur bleu pour quelques personnes, peut être, émouvant pour les autres, possible, mais certainement décisif pour le couple à l'honneur. Elle regardait toujours Sarrasin droit dans les yeux, émue, aimante, cet homme qu'elle allait épouser avec qui elle allait tout partager. Elle sentait des larmes de bonheur monter à ses yeux, se préparer, en le voyant là en face d'elle si réjouie, elle se retint de les laisser venir et retourna son visage vers l'archevêque afin de lui signifier qu'elle avait terminé, avant de glisser de nouveau son regard dans celui de son fiancé.
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