Une nouvelle semaine qui commencait, et celle- ci sentait l'automne, ce qui signifiait pour la jeune grecque l'approche de l'hiver et cela la rendait "fourmi". Ce matin-la en se reveillant, elle avait decide de se rendre a la bibliotheque, depoussierer les etageres ou s'empilaient des livres que plus personnes n'ouvraient et des tas de bibelots que les soeurs avaient ramene de leur tour du royaume.
L'hopital etait desert, il n'y avait pas de patient, meme pour une simple visite de routine. Il semblait que la Savoie soit etrangement premunie des maladies habituelles que l'on rencontrait ailleurs dans le pays. En meme temps, on n'allait pas souhaiter que les gens meurent pour le plaisir de les voir passer par l'hopital !
La jeune femme s'arreta un instant pour regarder autour d'elle. Entre l'hopital, l'Atrium et le manoir, le menage devenait une vraie corvee ! Il faudrait peut etre qu'elle envisage d'embaucher du personnel, surtout que les jardins respectifs auraient bien besoin aussi de quelques soins.
Sa soeur tournait en rond, incapable de s'interresser a l'activite "nettoyage d'automne" plus d'une journee. Elle lui annonca soudain qu'elle allait rendre visite a une de leurs amies, surement pour eviter de reprendre le chiffon. Aphrodyti sourit, sachant tres bien qu'il etait impossible de garder sa soeur tranquille, qui plus est a faire une tache rebarbative, enfermee a l'interieur. Elle la suivit donc du regard, par la fenetre, se diriger vers les ecuries et partir au galop sur son etalon. Elle en profita pour aller au refectoire se servir une limonade fraiche et se remit au travail quelques instants plus tard, tout en chantonnant.
Alors qu'elle finissait de remettre droit les tableaux et de retendre les rideaux, une tempete gesticulante et hurlante fit son entree. Mini lui agita un morceau de tissu rouge sous les yeux et la jeune femme prit ca pour de nouveaux rideaux (il faut avouer que son esprit etait toujours plonge dans son nettoyage!) mais sa soeur l'interrompit pour se remettre a parler de facon hachee.
Mais nan! Regarde! C'est Pisenlit...Pour moi...T'as vu...Beau travail hein? Puis elle se precipita se cacher derriere un paravent avec son morceau de tissu, laissant sa soeur dans le plus grand etonnement. Elle ressemblait souvent a une enfant qui faisait les choses et tentait de les expliquer ensuite, ce qui lui causait parfois de legers soucis, ce dont Aphrodyti essayait de la proteger la plupart du temps.
Les mains sur les hanches, elle la vit ressortir tel un diable de sa boite, revetue d'une houppelande !! La surprise de la blonde allait croissante. Sa soeur ne portait que des braies, plus facile pour courir, sauter et monter a cheval. Elle portait rarement des vetements feminins, trop fragiles, trop encombrants et assez peu resistants pour l'energie de la brunette.
Apres quelques minutes de discussion, Aphrodyti compris que sa soeur commencait a s'interresser a son cote feminin. Ce n'etait pas faute de la part de l'ainee d'avoir essaye de lui inculquer les minimums du "savoir vivre" mais l'impatience de sa cadette avait eu raison des lecons qu'elle lui donnait en vain.
Oui bah...Mieux vaut tard que jamais! Bien sûr! Et qui est censé te transformer en une « Dame » digne de ce nom ? Bah TOI pardi! Qui est la plus patiente avec moi depuis toujours ? Qui est sait mieux que personne se conduire dans le grand monde ? Aphrodyti eut un moment d'hesitation. Se moquait-elle d'elle ou etait-elle vraiment prete a se comporter comme une personne de son sexe ? Parfois elle se disait que, malgre une vie remplie de responsabilites, Mini se conduisait comme une enfant. Mais c'est surement ce qui faisait son charme aussi. Et puis avoir ete elevee dans une ferme, ne la destinait pas a avoir de bonnes manieres, comme sa soeur qui elle avait vecu depuis sa naissance entouree de la bourgoisie et de la noblesse grecque.
La jeune femme defit son tablier, le deposa sur la table et sourit a sa soeur.
C'est une tres bonne decision, ma cherie, a condition que tu t'y tiennes. Je sais que ton caractere n'est pas porte sur les "chichis" et les manieres du "grand monde", mais tu as plus de vingt ans maintenant, tu as deux enfants et des responsabilites un peu partout dans le duche, surement meme en dehors. Il serait alors temps que tu te conduises comme une dame. Elle fit une grimace en souriant, designant la houppelande sur sa soeur.
La couleur est un peu voyante mais en tout cas, cela te sieds a merveille. Elle baissa la voix et murmura :
Mais avec les bottes, ce n'est pas tres elegant. Elle eclata de rire en voyant la mine de sa soeur, jetant un oeil sur ses pieds.
Alors, par quoi veux tu commencer ? Savoir s'habiller, s'appreter, se deplacer ou savoir se tenir a table sans se jeter sur le buffet ? Peut etre eviter de se battre comme une poissonniere juste pour le plaisir ? Elle se retint de rire a nouveau mais il etait facile de lire sur son visage combien elle etait hilare.
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