Volkmar
[Dans les prés de Touraine, près de Chinon, bientôt prêts à croiser le fer sous un soleil de plomb. Jeudi, 23ème jour du mois de septembre, l'an de grâce 1458 sous l'oeil du Très Haut.]
Petit matin.
De si bonne heure que le jour ne s'est pas levé encore.
Dans les champs, aux alentours de Chinon.
A quelques dizaines de minutes de marche à pied, tout au plus.
L'herbe de la prairie que foulait une paire de bottes était rase, verte.
Dans l'aube naissante, elle luisait de minuscules et innombrables perles de rosée.
Terre plutôt élastique sous le pied, même si les lourdes semelles laissaient tout de même des traces de pas, quoique peu enfoncées.
Démarche souple, le possesseur des bottes avançait sans un bruit, prenant la mesure du terrain et de l'espace.
A son flanc droit battait l'épée, fourreau suspendu à la ceinture.
Malgré le peu d'heures encore du jour, il faisait déjà chaud.. Pas de manière étouffante, et la rosée rafraichissait agréablement l'air, mais pour un mois de septembre, il faisait chaud.
D'ailleurs, bientôt, l'homme à l'épée, se débarrassa du fourreau de la dite lame, qu'il posa contre une grosse pierre, afin de se dévêtir de son mantel,
ne gardant que chemises et braies, droit dans ses bottes, avant de ceindre de nouveau l'épée.
Il reprit son va et vient dans le champ, lançant parfois un regard au loin vers les murs de Chinon.
Moustachu, les sourcils un brin broussailleux, le cheveux batailleur et revêche, mais heureusement coupé court, les oreilles un iota décollées, plus longiligne que fort et large d'épaule, l'homme était Poitevin, et s'appelait Volkmar.
Un nom peu courant dans le Poitou, et d'abord parce que la grande asperge à moustache n'était Poitevin que de naissance, ce qui reste, admettons le, une fameuse gageure de régionalité.
Mais il s'en sentait désormais fort détaché.
D'une parce que le Poitou ne lui avait jamais apporté grand chose, et qu'il le lui avait personnellement bien rendu.
De deux parce qu'avec sa cousine désormais en Touraine, et les amis qu'il possédait en Helvétie et dans le sud, il ne pouvait se permettre le sectarisme. Enfin, pas sans une certaine contradiction, et il s'en savait suffisamment pour éviter celle là.
Ce qui ne l'empêchait pas d'abhorrer les Angevins pour des questions de principe, où l'on voit donc qu'il ne se sentait plus vraiment lié au Poitou.
Ce matin là, donc, ce n'était pas son statut de ressortissant du Ponant qui le faisait tenir sur ses deux pieds en attendant une adversaire.
Car Volkmar comptait fermement affronter en duel, ce matin là, une certaine souris rousse, prédatrice unicornée plutôt flamboyante quand il avait s'agit de lui résister corps et âme, quite à la retrouver sur la lice.
Mais quand à savoir lequel s'était joué de l'autre, sans doute les deux s'en gageraient responsables.
Comme le dit l'adage, premier arrivé, premier servi.
Volkmar s'était décidé pour commencer ce duel d'un côté du champ qui lui plaisait mieux sous le pied.
Il la forcerait dors et déjà à venir à lui.
Mais en attendant, il ramassa son baudrier, la pierre qui lui servait de support, et déplaça les deux du bon côté du champ, pour pouvoir s'asseoir sur ce gros caillou en terminant sa collation.
Ne manquaient plus qu'une adversaire et deux témoins.
Heureusement que sa blonde était loin, elle en aurait pris courroux, qu'il soit obligé de faire appel à des témoins pour rencontrer une femme dans une forme, certainement, mais laquelle, de cérémonie à la mode.
Quoique le duel se passa d'assistance pour ne conserver qu'officiance.
Petit matin.
De si bonne heure que le jour ne s'est pas levé encore.
Dans les champs, aux alentours de Chinon.
A quelques dizaines de minutes de marche à pied, tout au plus.
L'herbe de la prairie que foulait une paire de bottes était rase, verte.
Dans l'aube naissante, elle luisait de minuscules et innombrables perles de rosée.
Terre plutôt élastique sous le pied, même si les lourdes semelles laissaient tout de même des traces de pas, quoique peu enfoncées.
Démarche souple, le possesseur des bottes avançait sans un bruit, prenant la mesure du terrain et de l'espace.
A son flanc droit battait l'épée, fourreau suspendu à la ceinture.
Malgré le peu d'heures encore du jour, il faisait déjà chaud.. Pas de manière étouffante, et la rosée rafraichissait agréablement l'air, mais pour un mois de septembre, il faisait chaud.
D'ailleurs, bientôt, l'homme à l'épée, se débarrassa du fourreau de la dite lame, qu'il posa contre une grosse pierre, afin de se dévêtir de son mantel,
ne gardant que chemises et braies, droit dans ses bottes, avant de ceindre de nouveau l'épée.
Il reprit son va et vient dans le champ, lançant parfois un regard au loin vers les murs de Chinon.
Moustachu, les sourcils un brin broussailleux, le cheveux batailleur et revêche, mais heureusement coupé court, les oreilles un iota décollées, plus longiligne que fort et large d'épaule, l'homme était Poitevin, et s'appelait Volkmar.
Un nom peu courant dans le Poitou, et d'abord parce que la grande asperge à moustache n'était Poitevin que de naissance, ce qui reste, admettons le, une fameuse gageure de régionalité.
Mais il s'en sentait désormais fort détaché.
D'une parce que le Poitou ne lui avait jamais apporté grand chose, et qu'il le lui avait personnellement bien rendu.
De deux parce qu'avec sa cousine désormais en Touraine, et les amis qu'il possédait en Helvétie et dans le sud, il ne pouvait se permettre le sectarisme. Enfin, pas sans une certaine contradiction, et il s'en savait suffisamment pour éviter celle là.
Ce qui ne l'empêchait pas d'abhorrer les Angevins pour des questions de principe, où l'on voit donc qu'il ne se sentait plus vraiment lié au Poitou.
Ce matin là, donc, ce n'était pas son statut de ressortissant du Ponant qui le faisait tenir sur ses deux pieds en attendant une adversaire.
Car Volkmar comptait fermement affronter en duel, ce matin là, une certaine souris rousse, prédatrice unicornée plutôt flamboyante quand il avait s'agit de lui résister corps et âme, quite à la retrouver sur la lice.
Mais quand à savoir lequel s'était joué de l'autre, sans doute les deux s'en gageraient responsables.
Comme le dit l'adage, premier arrivé, premier servi.
Volkmar s'était décidé pour commencer ce duel d'un côté du champ qui lui plaisait mieux sous le pied.
Il la forcerait dors et déjà à venir à lui.
Mais en attendant, il ramassa son baudrier, la pierre qui lui servait de support, et déplaça les deux du bon côté du champ, pour pouvoir s'asseoir sur ce gros caillou en terminant sa collation.
Ne manquaient plus qu'une adversaire et deux témoins.
Heureusement que sa blonde était loin, elle en aurait pris courroux, qu'il soit obligé de faire appel à des témoins pour rencontrer une femme dans une forme, certainement, mais laquelle, de cérémonie à la mode.
Quoique le duel se passa d'assistance pour ne conserver qu'officiance.