Rick se doutait que son vis-à-vis était noble puisqu'il joutait mais il fut surpris qu'il soit aussi héraut du Poitou. Cela signifiait donc qu'il faisait respecter les règles de la noblesse et qui respect des règles, il ne poserait sans nul doute, aucun problème pour réparer le tort qu'il avait causé à Alethea. C'est en tout cas, ce qu'il avait fait comme déduction. Arrivés dans la tente, le Poitevin s'installa sur sa paillasse puis lui répondit.
Voyons, je ne veux pas faire porter la faute à votre cousine mais à ce que je sache pour pécher de cette manière il faut être deux et je n'ai en aucun cas violenté votre cousine pour ce faire. Même si je conviens que nous n'aurions pas du succomber à nos pulsions.
Certes Eragon, à ma connaissance et d'après ce que j'ai réussi à obtenir de ma cousine, il y a eu consentement de sa part. Ceci dit, ce n'est pas une raison.
Petit mouvement de recul de la part du diacre, lorsque le colosse se lève et commence à faire les cent pas.
Et quand bien même j'aurais voulu réparer cet affront que je fais à votre famille, je ne le puis dans l'état actuel des choses. Non pas que l'envie n'y soit pas, au risque de m'enfoncer, j'aime Alethea, mais il me reste des formalités à terminer avant de pouvoir convoler en noces avec qui que ce soit.
Maintenant sortez je vous prie, je ne peux rien pour vous pour le moment.
Rick fut outré par ces propos. Vraiment, il détestait cette noblesse qui se croyait tout permis. Il ne devait pas céder à Léviathan, prince de la Colère mais il la sentait là, au fond de ses entrailles et ce n'est que grâce à Aristote qu'il se retint de ne point lui mettre son poing dans la figure. Non seulement, il ne voulait pas l'épouser malgré ses sentiments vis-à-vis d'elle mais en plus, il le congédiait. Puisqu'il en était ainsi, il ne serait pas tendre.
Je vais partir, soyez sans crainte mais quitte à bouleverser l'ordre naturel des choses, je ne quitterai pas votre tente, sans vous dire ma manière de penser.
Rick soupira puis le regarda droit dans les yeux.
Messire Eragon, je ne sais pas ce qui vous retient de ne pas laver l'affront que vous fites à ma cousine. Si c'est d'un point de vue religieux, je peux toujours vous donner l'eau du baptême, vous donnant le droit d'épouser ma cousine. Si c'est un problème de noblesse, alors là, bien entendu je ne peux rien pour vous. Sachez cependant qu'il est hors de question pour moi que ma cousine reste ainsi. A cause de votre négligence, Thea va avoir du mal à trouver mari. Et si je ne savais sa passion pour servir son ordre, je n'hésiterais pas une seule seconde à la mettre au couvent. Et malgré ses dires, ce n'est pas au médicastre que je suis, que vous ferez croire qu'il n'y a aucun risque qu'elle ne porte le fruit de votre amour.
Le jeune homme secoua la tête et continua
Vous prétendez aimer ma cousine mais vous faites tout pour ne pas assumer vos actes. En tant que noble, vous auriez dû apprendre que l'amour physique entre un homme et une femme n'est toléré que sous la bénédiction du Très-Haut. Vous faites sûrement régner l'ordre dans la noblesse, de part votre position. Et pour ma part, je ne fais que transmettre la volonté divine aux brebis égarées que vous êtes. Je ne peux laisser ma cousine comme une bannie de la société. Je vais donc devoir vous trouver un remplaçant. Sachez que d'ores et déjà ma cousine s'est engagée à ne plus vous voir. Je vous serais de ce fait, gré, de ne pas chercher à la tenter et de la laisser expier ces fautes jusqu'à son prochain mariage.
Rick n'était pas pour autant un mauvais bougre. Il savait que l'erreur était humaine et sans la volonté de Tiadriel, il aurait sûrement tenté de ne pas comprendre le message divin, avant leur mariage. Il aurait sûrement succombé à la tentation. De plus, il avait vécu dans le pêché avant sa rencontre avec le Très-Haut. Il se devait donc de laisser une opportunité au couple d'amoureux. Tout en s'approchant de la sortie, alors qu'il avait levé le pan de la tente, il se retourna vers l'homme au torse nu et lui dit
Je suis chapelain à la Ste Boulasse, sise sur le domaine de ma soeur Korydwen et son mari Althiof, baron de Cournon. J'habite en outre à Montpensier. Si par hasard, vous changiez d'avis, faites le moi savoir. Je ne resterais pas inactif et je m'en vais de ce pas, chercher un époux convenable à ma cousine, pour qu'elle ne soit pas montrée du doigt. Sur ce, je ne vous salue pas car votre décision me déçoit beaucoup.
Et le jeune homme sortit en secouant la tête. Il espérait trouver sa cousine encore là, mais il était bien trop optimiste pour cela. Elle n'avait pas demandé son reste et s'était enfuie. Rick ne savait pas s'il devait en être heureux car elle tenait sa promesse vis-à-vis d'Eragon ou s'il devait être en colère car il n'avait pas fini sa discussion avec elle. Après petite enquête, il apprit qu'elle était partie. Il se décida à lui écrire une lettre
Citation:Ma chère cousine,
Notre dernière discussion me laisse un goût amer en bouche. J'aurais voulu que cette nouvelle vous me l'appreniez vous même, sans que je ne découvre ceci par le fruit du hasard. Mais est-ce là le fruit du hasard ? N'était-ce pas là la volonté du Très-Haut que je sois enfin au courant ?
J'ai eu discussion avec votre amant. Il se dit amoureux de vous mais ne veut ou ne peut pas devenir votre époux. Je ne vous cacherais pas que cette réponse ne me satisfait pas. Sachez qu'à mon retour en Auvergne, je vous chercherais un mari qui accepte d'une femme qui ne soit plus de première fraîcheur.
J'aurais voulu vous voir à ma sortie de discussion avec Eragon pour vous faire subir un examen médical et être convaincu que vous n'êtes point porteuse du fruit de vos amours indélicats. J'en informerais votre futur époux de cette possibilité.
Je vous tiens au courant dès que je connais le nom de votre futur époux. Votre mariage se tiendra à la Ste Boulasse et j'ose espérer que vous ne ferez pas comme notre cousine Carmen, et que vous irez jusqu'au bout de votre expiation.
Je vous embrasse bien affectueusement,
Votre cousin,
Rick
