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La Rose Pourpre, Bordel des Miracles (2ème partie)

--Tarah


Étrangère dans cette maison, il faudrait du temps pour qu'elle se fasse accepter, être à la hauteur sans faire ombrage aux premières filles, rester à sa place, savoir être patiente et dévouée... Tara en était là à ses réflexion devant le silence de la reine.
L'entrée, le sourire du portier lui souhaitant le bonjour lui réchauffa le coeur plus vaillamment que si elle avait oser prendre une boisson chaude. Elle lui rendit avec gratitude.


Enchanté Thorvald.

Son allusion à sa fille lui fit le regarder avec amusement, plissant le coin des yeux elle lui répondit.

Oui, effectivement Léna dort encore, elle en avait bien besoin je pense.

L'entrée en trombe d'une jeune fille coupa court la conversation engagée et la brune s'enferma de nouveau dans le silence...
La nouvelle venue avait la frivolité et le langage de celle qui sont heureuse, sa demande à la maquerelle lui signifia que celle ci était une des servantes de la rose.
Une autre arriva sur ces entre faits. Elle avait la peau de lait et la démarche ondulante. Qu'elle est fraîche, mais apeurée comme un petit animal aux abois et voilà que la cruche lui échappe. Tarah s'interrogeait sur cette pétale un peu trop pure, un peu trop intimidée. Elle n'était certes pas une servante, ni une habituée à voir son regard s'effrayer face à la patronne.
L'animation de cette cuisine et ce qui avait à observer détacha un peu la brune de ses pensées moroses.


Lyhra
Elle ne le resta pas longtemps, seule.

Bientôt il y eu foule dans les cuisines de la Rose.

La porte qui menait à la cave, toujours fermée, ne laissait filtrer aucun bruit et la Succube avait momentanément oublié l'existence de ses « prisonniers ».

Tarah fut la première à paraître. Sans dire mot, elle salua la Rousse et entreprit de prendre quelque nourriture, cette dernière apprécia le silence, beaucoup moins la lueur maîtrisée dans les yeux de la nouvelle. Celle ci était une chatte sauvage et enragée pensa t'elle, prête à mordre. Elle serait difficile à manier. On risquait le coup de griffe.
Soit, elle ferait attention à ne pas la provoquer, par égard pour les tourments dont elle semblait l'objet, mais qu'elle n'oublie pas qui commandait ici.

Puis ce fut Thorvald, le gardien embauché de la veille qui franchi le seuil et l'atmosphère paru s'alléger soudain. Sa bonne humeur et son regard pétillant aurait déridée la plus sèche des mégères.


Le bonjour Thorvald répondit elle en s'entendant décerner le titre de plus belle des roses. Elle l'avait été, le serait encore, n'en doutait point. Mais le teint si pâle qui était son apanage désormais et encore pour de longues semaines, lui enlevait un peu de cet éclat si particulier qui la caractérisait.
N'empêche, elle apprécia.

Obscure suivait de près, qui se lançait déjà dans un long discours qui assomma les oreilles de la Succube alors que peu après, le bruit d'une cruche cassée la faisait sursauter. C'était Line, l'air emprunté, adorable de confusion. Elle lui fit un bref clin d'oeil, une cruche ce n'est... qu'une cruche.


Va faire les achats que tu veux Obscure. Emmènes qui veut bien te suivre et reviens à temps pour tout préparer.
Des chandelles blanches et des charrettes de roses, j'en veux partout, disperses les pétales au sol, que l'on marche sur un tapis de roses et que l'odeur enivre quiconque passera le seuil. Tout doit être propre, les miroirs passés au vinaigre, les tentures secouées, pas de poudre à brûler, les roses suffiront. Le comptoir doit être ciré, fais toi aider si besoin.

Non Chloé n'était pas levée et il lui semblait qu'elle ne l'avait vue depuis une éternité et cela la troubla. Que ferait elle sans sa précieuse intendante ?
Rexane descendrait bientôt, ferait l'inventaire du bar et de ses besoins. Il faudrait un mélange spécial pour ce soir.

Pour l'heure, son déjeuner terminé, elle posa un regard féroce sur la porte de la cave.


Nous devons d'abord nourrir le fauve. Elle se saisit d'un long couteau qui servait à découper la viande.

Obscure, prends un plateau, un peu de pain et de l'eau, c'est suffisant pour ce chien et son laquais.

Thorvald, accompagnez nous je vous prie.
_________________
--Dusaan


[descente à la cave]

Dusaan se réveilla en sursaut et en sueur. Bouche pâteuse. Œil hagard. Il avait la sale impression d'avoir oublié quelque chose et son cœur palpitait trop vite. Angoisse furtive.

Une fois sur pattes, il constata que la journée était bien avancée. Le grand jour ! Le premier jour d'une longue marche vers la gloire.

Il secoua ses plumes. Pas besoin de s'habiller : il avait dormi avec ses vêtements de la veille. La veille, et sa peu glorieuse soirée à la Rose Pourpre. Il sentait encore l'odeur des parfums du bordel sur lui. Il sourit au souvenir de la belle tavernière. Ah s'il n'avait été si saoul ...

L'heure était venue de ratisser les ruelles et de recruter quelques lascars. Ils ne résisteraient pas à l'appât du gain. Et lui, en échange de quelques pierres précieuses, atteindrait le trône et la gloire éternelle ! Le trône du Palais des Reys ! Un sourire machiavélique se dessina sur son visage.

Il enfila son manteau et descendit les escaliers de son repaire. Machinalement, il mit les mains dans ses poches pour savourer encore la chaleureuse présence des pierres contre sa peau. Mais du bout des doigts, il ne put en compter que trois !

Il blêmit. Fouiller dans sa mémoire. Écarter les brumes du souvenir. Il ne s'était pourtant pas fait agresser sur le chemin du retour. Cela s'était donc passé à la Rose ! Une main dans sa poche ... la sienne ! L'expression de pitié de la serveuse quand il payait. Mais bien sûr ! Il avait payé sa bière avec son trésor !!! Trésor qu'elle avait dû prendre pour de vulgaires perles car son œil n'avait pas brillé. Mais quel âne !

Il se dirigea donc vers la Rose. Porte close. Pas un bruit. Que faisaient les catins quand le soleil se levait ? Elles dormaient ou sortaient. Il avait donc le temps de récupérer son bien.

Dusaan fit le tour du bâtiment, trouva un soupirail dont il fit éclater la vitre, et se faufila à l'intérieur. Noir. Sol gluant. Il attendit un instant que ses yeux s'habituent à la pénombre ...
--Thorvald
Obscure, prends un plateau, un peu de pain et de l'eau, c'est suffisant pour ce chien et son laquais.

Thorvald, accompagnez nous je vous prie.


Le gardien ne put réprimer une légère grimace. Retourner dans la puanteur de la cave à l'heure du petit déjeuner ne l'enchantait guère. Il termina néanmoins sa tartine et se leva. Pour la Reine, il était prêt à tous les sacrifices. Tout en allumant une chandelle, il se tourna vers elle et surveillant son couteau du coin de l'œil, il lui dit :

Son laquais ? Vous parlez du cadavre qui tient compagnie à ce rat puant ? Je doute qu'il soit encore en état d'avaler quelque chose d'autre que des pissenlits. Et encore, par la racine !

Il lui adressa un sourire forcé. Ca devait vraiment puer là-dessous. A moins que l'huile répandue au sol n'ait agit comme un embaumement, empêchant les chaires de se putréfier. Avec les curaillons, ne pouvait-on espérer un miracle ?...

Thorvald passa devant La Succube, soutenant son regard d'émeraude, mêlant ainsi leur force et leur détermination pour affronter le démon. Du moins, le pensa-t-il. Il frissonna à l'idée qu'elle le suive armée de ce couteau. Un mauvais coup est si vite arrivé ... Chloé et Thorvald en savaient quelque chose. Cependant, il tenta de se rassurer .
Même désarmée, elle te ferait frissonner.
Pas très rassurant ... Pense à autre chose, mon vieux.
Il retira la chaise adossée à la porte. Sa grosse main sur la poignée, l'autre enserrant la chandelle, il attendit qu'Obscure soit prête et que La Succube donne le signal. D'une voix un peu trop aigüe et sur le ton de la plaisanterie, il ajouta :


Dans un escalier, c'est l'homme qui passe devant !

Il lança un regard charmeur à la Reine. A vrai dire, il ne se préoccupait pas vraiment de galanterie à ce moment précis. Il avait surtout peur qu'Elle passe en premier et se fasse occire par l'abominable évêque sous ses yeux effarés. Mais il ne pouvait mettre ses capacités en doute devant les filles. Aussi longue que fut la lame de La Succube, c'était à lui de pénétrer dans les escaliers étroits et obscures, d'ouvrir la voie et d'affronter l'inconnu.

_________________________
Rexanne
[Réveil tardif sur un après midi déjà bien engagé]

Une « nuit » agitée, une « nuit » terminée. Sûrement la meilleure qu’elle avait passée depuis belles lurettes ! Le réveil dans les bras vigoureux d’un homme était bel et bien le réveil le plus agréable que l’on puisse avoir…

Les ablutions faites ainsi que les apprêtements coutumiers du « début » de journée réalisés, la jeune fougueuse enfila en hâte une jupe fourreau noire fendue jusqu’aux hanches, de chaque coté, et se moula dans un bustier bordeaux en dentelle fine avant de descendre à la volée les escaliers, la crinière indomptée flottant à sa suite.

Il était tard, elle serait sans doute la dernière levée et Dem’ devait l’attendre de pied ferme pour préparer sa soirée…

Dans la cuisine des éclats de voix… qu’est ce qu’elle disait, dernière levée ! Le pas se hâte encore mais dans sa tête aucun regret : si le lever avait été tardif c’est que la « nuit » avait été digne d’être prolongée…

Dans la cuisine en effet bien du monde était réunis, la brune épicée qui avait été engagée la veille, avec la petiote, était là, la tenancière du bar se rendit d’ailleurs compte qu’elle ignorait encore leurs noms. Line était à quai elle aussi, sur ses traits se lisait l’expression contrite du gamin prit en faute… Un sourire réconfortant en sa direction. Sacrée Line, en voilà une qui plaira à celui qui désirera une compagnie soumise ! Au fond de la cuisine Thorvald, Obscure et la patronne se tenaient devant une porte dont la chaise qui la condamnait plus tôt avait été enlevée. Le plateau de ravitaillement que tenait Obscure indiquait clairement leur intention : ils allaient nourrir le fauve.

Un joyeux …


– Bonjour la compagnie !

… résonna dans la cuisine quasi-silencieuse avant qu’elle ne reprenne en s’avançant vers le petit groupe du fond, n’ayant pas manqué de se saisir d’un petit pain encore chaud au passage dans lequel elle croquait à belles dents…

– ‘voulez que ch’descende à votre place patronne ? Ou au moins ‘vec vous ?!

Les séquelles de la veille lui cuisait toujours son cou meurtri mais ce n’était si peu qui allait lui ficher la frousse de redescendre, au contraire même, elle avait plutôt la hargne de s’y confronter de nouveau. D’ailleurs la réponse de la Reyne Pourpre n’avait été donnée mais elle se tenait déjà aux cotés de Thorvald, en première ligne, prête à descendre dans le boyau sombre qui menait à la cave.
--Obscure
Obscure fut ravie d'entendre la Succube lui accordait son souhait. Bien sûr elle gardait pour elle qu'ell préférerait y aller avec le moins de monde possible. Elle fut surprise quand la patronne lui dit de prendre un plateau et de quoi manger. enfin c'était un grand mot. un peu de pain et un peu d'eau.

Mais qui avait donc passé la nuit à la rose et qui était si mal accueillis. elle ne posa pas de question et alla prendre du pain et de l'eau et alla s'installer derrière Thorvald.

Curieusement, ils se ditigeaient vers la cave. la cave ?!? Mais voyons, quel était ce genre de cleint qu'on traitait ainsi ? Rexanne arriva à ce moment. La Servante lui fit son plus beau sourire et la salua d'un mouvement de tête. oh non la jolie rexanne n'aurait plus aucune emprise sur elle. elle ne la ferait plus fâcher ni pleurer.

La tavernière se décida à s'installer devant elle. la compagnie commença sa descente et une odeur écoeurante vint lui monter au nez. Obscure en fut presque malade, mais se retint. la curiosité était plus forte que le dégoût.

Tout à coup, la jeune femme vit une ombre bouger dans le coin et la servante de la Rose glissa à l'oreille de Thorvald:


Attention il y a quelque chose dans le coin qui semble se cachait si je ne me trompes pas.

Obscure se demandait bien qui était cette ombre. ils allaient sûrement le savoir assez tôt que c'était le client de la veille que thorvald avait sortit ivre chaud. La jeune femme resta tout de même sur ses gardes.

pnj
Le sommeil s'est posé en invité indésirable sur les paupières de la gamine... A demi fermées, la lutte contre Morphée s'est faite ardue, une première bataille gagnée, la guerre se perdra, elle le sait.
Tout comme elle devine que ce soir, elle ne dormira pas avec la jolie Rexane, mais devra s'engouffrer sous des draps froids. Mais lesquels ? Une souris au milieu du bordel, l'allure bravache du jeune trophée des enchères oubliée sur la banquette, elle se faufile au milieu d'une foule de nouvelles arrivantes...
Mais le sable soporifique que le Dieu du sommeil a saupoudré sur les émeraudes pourtant vives d'habitude empêche la réflexion, et l'interrogation furtive devra attendre demain pour obtenir une réponse. Il est pour l'heure temps de grimper les marches, les doigts fins en appui nécessaire sur la rampe.
Une, deux, trois... Choisir la chambre...
Quatre, cinq, six... S'voir déjà sous les couvertures...
Sept, huit, neuf... Y parvenir...

Une porte, une autre, et c'est dans l'antre de Savannah qu'elle atterrit, la jeune rouquine. Une pièce vidée de son essence. La belle des Îles a quitté la Rose, et sa chambre a des airs de récif abandonné... Une ou deux effluves, à peine, qui viennent raviver l'image de la plantureuse demoiselle dans la mémoire d'une Demetria qui dort debout.
C'est l'enfant qui s'échoue sur le lit, bercée, à peine ses cheveux étalés sur un oreiller, par le ressac de la fatigue. C'est tout juste si elle a pris le temps de laisser glisser au sol la robe qui jusque là couvrait ses formes encore juvéniles.
Doux voile éthéré des rêves qui s'enchainent ou languissent au cours d'une nuit bien plus calme que les précédentes. Peut-être que sa conversation en compagnie du beau Belombre n'y est pas étrangère, toujours est-il que le vert qui s'ouvre en fin de matinée sur une pièce ensoleillée est reposé et pétillant d'impatience.

L'étirement se fait félin, mais le saut du lit est vif, et suivi de quelques pas presque dansants. La peau nue bercée des rayons froids d'un soleil hivernal réagit par des frissons empressés lorsqu'elle s'applique à ses ablutions. Et sachant la journée à peine commencée pour la Rose, c'est à la recherche des vêtements dans lesquels elle est arrivée qu'elle se lance.
Sa robe de toile simple, sa cape de laine épaisse, les bottes usées... Tout est propre, et rapidement enfilé.
Pressée la demoiselle ? Oh oui... Dans un coin de sa caboche elle se souvient bien que c'est aujourd'hui qu'elle va préparer sa chambre et s'acheter des robes, en compagnie de celle qui est devenue tout naturellement son amie.

Bien plus sautillante que lorsqu'elle l'avait grimpé au petit matin, elle descend l'escalier, son nez mutin à la poursuite des effluves gourmandes échappées d'une cuisine bondée. Le rendez-vous des Pétales au réveil...
Il y en a là aussi qu'elle ne connait pas, mais la jeune Vierge repère tout de suite une brunette à la bouche pleine près de laquelle elle se glisse, attrapant à son tour un petit pain encore chaud dans lequel elle plante ses dents encore blanches avec une lueur de gourmandise.


Bonjour tout le monde !
Bonjour Rexane... Dis t'as pas oublié hein ?


La prunelle émeraude s'agrandit légèrement en marque évidente d'une peur d'avoir été oubliée pendant son sommeil. C'est qu'elle en rêve depuis qu'elles en ont parlé, de ces courses dans Paris.
Dans sa poche droite pèse sa bourse... Celle là même qu'elle a dérobé à un homme mûr et ivre juste avant d'entrer à la Rose. Peut-être pas grand chose, mais surement de quoi se payer quelques tenues, et de quoi décorer la pièce qu'on voudra bien lui octroyer...
En caressant de l'idée ces quelques écus, elle se souvient également de la missive de Belombre, ce parchemin scellé qu'elle devait remettre à la Reyne Pourpre la veille au soir, et qu'elle lui tend maintenant avec une petite mine dépitée.


Bonjour ! Belombre m'a donné ça pour vous...
Mais j'étais fatiguée... et vous occupée... et euh...
'Fin voilà, je vous la donne maintenant.


Se faire excuser d'un sourire entre confiance en soi et confusion de l'oubli. Et Dem croque une nouvelle bouchée de pain, prête à aller courir les étals. Des idées plein la tête, les oreilles ouvertes à toute proposition avisée de la belle tenancière.

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{chloe_la_douce}
Finalement, les bruits venant du bas finirent pas l'importuner.
Se levant sur ses membres engourdis, elle laissa son regard faire le tour de la pièce vide, une dernière fois.
L'oiseau s'était envolé.
Voilà qui lui servirait de leçon. C'était bien la dernière fois qu'elle se laissait aller à écouter ses sentiments. Mieux valait vivre seule jusqu'à la fin de ses jours plutot que de vivre un tel déchirement une seconde fois.
Désormais, elle serait forteresse inaccessible dans un lieu dédié à la débauche et la luxure. Drôle de destin !

Avec un soupir las, elle se passa un peu d'eau sur le visage, essayant vainement d'effacer les traces violettes que la veille et les larmes avaient laissées sous ses yeux.
Un coup de brosse rapide pour decipliner ses cheveux et elle s'enveloppa dans un grand chale de laine sombre, avant de descendre lentement les marches vers la cuisine.

D'un signe de tête, elle salua ses compagnes déjà présentes, omettant volontairement de regarder Thorvald.
Elle attrapa un morceau de pain et grignota la croute sans conviction.
Du travail l'attendait. C'était bien la seule chose qui lui restait à présent.

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pnj
L’épisode de la cruche cassée était déjà oublié. Il avait été accueilli par quelques sourires très peu moqueurs, et personne n’avait songé à réprimander Line. Voilà qui la changeait de ses expériences en tant que servante !

A présent, Line s’amusait à contempler les visages du matin. Miracle du petit jour : tous semblaient transformés. Le teint était plus frais, les gestes naturels, un parfum de rivière se dégageait de l’ensemble.
On était loin des affres marins.
Line n’avait d’ailleurs qu’une envie : regagner les bains. Elle se souciait peu de savoir si elle en avait le droit. Elle y retournerait barboter, voilà tout. Et tant pis pour les remous que cela pourrait créer.
La menace de se faire virer au début de l’hiver ne l’effrayait même pas.
Peut-être qu’il neigerait.
Peut-être même qu’il ne ferait pas si froid.

Tiens, ils allaient à la cave, les autres. Et la troglodyte était descendue, toujours d’aussi mauvais poil. Son visage n’avait pas profité du miracle matinal : il était même encore plus blafard que la veille.
Troglodyte.
Peut-être le vague à l’âme, qui sait ? Line n’avait aucun désir de creuser. Elle aussi la lame de fond l’engloutissait, et alors ? Elle aussi Raven, la sentinelle, les requins. Tant pis, Tant pis.
Elle préférait détourner ce torrent-là, flotter au dessus des tartines du déjeuner, et surtout, oui surtout, sortir en catimini…
Direction : les bains, qui l’appelaient déjà. Elle en était déjà toute frémissante.

C’était peut-être la seule chose qui lui restait.
Rexanne
Indifférence devant l’éblouissant sourire hypocrite de la servante, mieux valait ne pas y prêter attention, pas le désir de gâcher une journée si bien entamée ! C’était tout de même consternant d’avoir sous les yeux un de ces trop nombreux spécimens de femmes-girouette ! D’un jour à l’autre c’était le jour justement, ou la nuit ; un coup je baisse la tête pour feindre de ne pas te voir et un coup je te sers des risettes à n’en plus finir… Pas foutues de se faire une ligne de conduite… méprisables.

C’est un tout autre sourire, autrement plus chaleureux, que lui offre par contre la petiote Dem’ peu après, en venant se planter à ses cotés, engouffrant comme pour l’imiter l’un des délicieux petits pains fraîchement dorés, ignorant certainement le pourquoi de l’équipée en partance vers le sous sol.

- Bonjour Rexane... Dis t'as pas oublié hein ?

Un sourire malicieux qui se dessine sur les lèvres de la brunette, vu l’expression de ses traits c’est qu’elle en douterait vraiment la chipie ! Comme si une femme pouvait oublier un après-midi d’emplettes ! Un semblant de masque de réflexion crispe ses traits un instant…


– Humm… Oublié quoi déjà ?

…avant qu’une lueur moqueuse ne s’allume dans son regard tandis que sa bouche s’étirait en un sourire qui ne l’était non moins.

– Bien sur que non que j’ai pas oublié ! Pourquoi crois-tu que je serais déjà debout sinon au lieu de savourer une grasse matinée accompagnée !?

Le clin d’œil est complice, la voix amusée. Elle l’avait promi : elles iraient toutes deux chiner dans le bric à broc des étales de Paris pour dénicher de quoi accommoder la chambre de la plus jeune pétale de la Rose. Un miroir sûrement, des rideaux sans doutes, des coussins peut-être… L’esprit battait déjà le pavé, mais pour l’heure s’était d’abord un saut à la cave qui s’imposait.

– J’ai une bricole à régler, pendant ce temps prends un petit déjeuner copieux, t’en auras besoin : je vais t’épuiser à te faire courir le tout Paris !

De front avec Thorvald s’est la descente qui s’ébauche, les remugles de la cave prenaient un peu plus la gorge d’assaut à chaque pas, chaque marche. Faut dire que des chairs qui entrent en décomposition ça fleure pas bon la rose… Par prudence l’une des dagues fixées à ses cuisses est dégainée, ce chien de vieil Evêque est capable de tout, surtout du pire.

- Attention il y a quelque chose dans le coin qui semble se cacher si je ne me trompe pas.

Nouveau sourire moqueur. Ah ça pour sur, il s’en serait jamais douté le Gardien que l’autre cancrelat se terrait dans un coin ! L’ironie ne franchit pas ses lèvres pourtant, c’est pas le moment.
--Lena


Les paupières papillonnent, le petit corps s'étire sous les couvertures dans un bâillement, et les mains viennent frotter les yeux bleus encore emplis de sommeil.

Soudain Léna sursaute et s'assied sur le lit, laissant son regard se promener dans la petite pièce... Où est-elle ?
Les souvenirs reviennent peu à peu alors qu'elle se réveille tout à fait :
La taverne, la jolie brune: Tarah... Puis la ruelle et cet endroit, beau, aux senteurs douces ainsi que les dames qui les ont accueillies.
"J'ai du m'endormir sur le fauteuil... Quelle bourrique je suis !" secouant la tête de dédain, elle devrait être plus prudente à l'avenir, Léna fait glisser ses jambes hors du lit et pose ses orteils sur le parquet froid.

Un frisson la parcours, son estomac gronde, l'enfant soupire... Qu'elle est loin son ancienne vie...
Perdue dans ses pensées, la fillette enfile machinalement ses vêtements, lasse ses chaussures et regarde la porte, indécise, se balançant d'un pied sur l'autre : peut-être devait-elle attendre qu'on vienne la chercher ?
Mais son estomac se rappelle à son bon souvenir et la fait grimacer. Tant pis... Si elle fait une bêtise, on la sermonnera, et puis si c'est vraiment grave, on la jettera dehors, de toute façon elle n'attendait plus rien de personne aujourd'hui...

Lentement elle fait tourner la poignée et la porte s'ouvre sur le pallier dans un grincement. Léna ose un pas, dehors le silence. La gamine avance donc tout en mettant un peu d'ordre dans sa longue chevelure, pas question de passer pour une souillon, elle n'en était pas une.

Des voix se font entendre en bas, un bruit de vaisselle brisée aussi, la gamine se dirige vers elles, regardant ça et là, s'imprégnant des lieux, se mémorisant par où elle passe pour éviter de se perdre. Un moment la fillette reste dans l'ombre à regarder sans bruit :
Tarah est assise et mange, cela la fait saliver, celle qui doit être la patronne s'apprête à descendre elle ne sait où, la cave sans doute, accompagnée de l'homme qui les a accueillies et de deux autres belles femmes, l'une tient un plateau, Léna fronce les sourcils, ce n'est peut être pas la cave finalement...

Tenaillée par la faim, elle prend son courage à deux mains et s'avance dans la cuisine, le regard posé au sol, et ses doigts triturant le tissu de sa robe elle lance timidement, s'attendant à se faire rabrouer :


- Bonjour...

Hésitante elle regarde les filles une à une et s'attarde sur Tarah, le cœur battant.

--Tarah


Les allées et venues lui semblent incessantes enfermée dans sa solitude. Les bonjours sont lancés à la volées, y picorent qui veut. Elle reconnaît la tavernière de la veille et lui répond d'un sourire. Elle est suivie de peu d'une jeune fille au teint de roses blanches et aux yeux verts plus brillants que des émeraudes.
Tarah aurait aimé un peu de tranquillité ou un peu de chaleur humaine, l'une et l'autre probablement, un soupire vint mourir sur ses lèvres. Elle était belle et bien seule et envia un instant les regards, les sourires et les non dits allant des uns aux autres.
Tandis que certains se dirigeaient manifestement dans les sous-sols pour nourrir quelques bêtes immondes ou plus vraisemblablement des employées en punition une petite tête apparût dans l'encadrement de la porte.
Un timide "bonjour" à peine audible et la gamine pose son regard dans le sombre de ses yeux. Une immense joie traversa le cœur de la brune, non elle n'était pas seule, un animal sans défense dépendait d'elle et cela lui donna un nouveau courage. Il lui fallait remonter la pente, ne pas se laisser happer par le découragement et la morosité, pour elle, pour Léna...

Elle se leva, approcha de l'enfant et se penchant sur elle lui baisa les cheveux et d'une voix douce lui murmura :


Bonjour Léna, j'espère que tu as bien dormi.

Tarah la mène vers la table et lui montre une place libre puis fait ce qu'elle avait à peine osée pour elle-même, lui servit un petit pain frais et un grand verre de lait et se rassoit près d'elle.

Tant que je le pourrais tu auras toujours de quoi manger et un endroit ou dormir... mais tu devras travailler !

Comme toujours Tarah s'en voulait terriblement de son ton presque autoritaire qui semblait dénué de sentiment, elle était avare de paroles comme d'autres l'étaient d'écus. Pourtant a cet instant elle aurait aimé dire comment elle lui remerciait d'être là, que la vie à deux serait plus facile. Mais de cela la rebelle n'en était pas capable.

--Dusaan


[A la cave]

Dusaan posa une main sur son nez. Quelle puanteur ! Sous la Rose, l'odeur était aussi putride qu'elle était épicée et douce à l'étage. Comment pouvait-on dormir sur un pareil fumier ?

Ses yeux habitués à la pénombre glissèrent sur les objets épars et sur ... un cadavre ?! Regard dédaigneux qui n'ose revenir sur la masse informe. Oui c'est bien un cadavre. Les secrets de la Rose sont stupéfiants ...
Sur le mur opposé, des escaliers. Avec soin, il traversa la pièce et gravit lentement les marches, tendant l'oreille.

Seul le léger grincement de ses chausses sur le bois, d'abord. Puis des éclats de voix, longuement. Dusaan s'immobilisa. L'escalier devait donner sur une pièce. Peut-être l'arrière-cuisine. Des bruits, une chaise qu'on tire, une poignée qui tourne. En silence, Dusaan redescendit, se cacha sous l'escalier et sortit son couteau de sa ceinture. La main serrait fermement le manche. La lame était dissimulée contre sa jambe, du côté obscure. Le bras au repos attendait le moment propice.

Seul ou accompagné, il retournerait dans la grande salle pour récupérer son trésor, ses adorables petites pierres. Ses précieuses.

Son destin en dépendait.

Au-dessus de lui, déjà, on descendait. Un pas lourd ... le portier peut-être. Un pas léger ... la servante qui devait venir chercher des provisions. Drôle d'endroit pour entreposer les réserves.
{chloe_la_douce}
Que faisait une gamine dans la cuisine du bordel ? Ca n'était pas une pension de famille ici !
Elle ne les avait pas vues arrivées ces deux là, mais connaissant la Succube, elle se doutait bien que la mome ne vendrait pas ses charmes ici.
Attablée et grignotant sans appétit, elle observait les nouvelles arrivantes.

Dans son dos, on s'agitait à la porte de la cave, mais elle avait peu soucis de rejoindre les sous sols de triste mémoire. Que cette brute de portier meurtrier se fasse tuer par le vieux bouc, c'était tout ce qu'il méritait.

Finalement, elle s'adressa à la femme qui servait l'enfant en piochant timidement dans les victuailles posées sur la table.

- Je crois que je ne vous connais pas. Je suis Chloé, l'intendante de la Rose.
Je suppose que la patronne vous a embauchée... Bienvenue dans ce cas.
La petite peut manger tout son saoul, et en échange, elle pourra peut être porter quelque message ou prêter la main à Obscure si besoin. On ne fait pas travailler les enfants ici.


Croquant à nouveau dans son pain, elle observa la petite qui mangeait. A la Rose, les visages défilaient. Elle avait appris à ne pas s'attacher, sachant qu'une fille pouvait partir du jour au lendemain, mais peut être que ces deux là resteraient. La Rose leur offrait un havre au milieu des miséreux et de l'hiver.

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Lyhra
Un sifflement lui échappa, ce n'était guère élégant dans une bouche aussi séduisante mais le message de Belombre valait bien ça.
Démétria pouvait s'enorgueillir d'un acquéreur empressé...

Elle nicha le parchemin dans la tiédeur d'un entre-deux seins accueillant et hocha la tête en direction de Thorvald, le laissant la précéder tout en s'inquiétant à retardement de ses paroles...

Un cadavre ? Le petit scribe ? Il avait été nourrit chaque jour pourtant...
Qu'était-ce encore que cette fable ?

Mais le balancement des hanches du portier agit de façon hypnotique alors que Rexane les rejoignait et elle oublia tout à fait la chose dite, tenant son long couteau bien fort.


Viens donc Rexane, nous ne serons pas un de trop face au diable en personne.

Entre temps Chloé était enfin descendue, l'air morose. Sa patronne n'avait manqué de le remarquer avant de tourner les talons vers la cave, mais cela devrait attendre...
Même la jeunette qui accompagnait Tarah la veille avait également pointé le museau.
Tout le monde était levé à la Rose et avait à faire avant la nuit suivante.

Elle n'avait pas entendu le chuchottement de sa servante et suivait le mouvement, tout de même sur ses gardes.

La petite troupe descendit l'escalier pas à pas, s'attendant forcément à un coup tordu de la part d'Odoacre.


Ou est-il donc ?!
S'exclama la Succube dont le regard, fouillant l'obscurité, ne voyait rien qui ressemblait à ce satané personnage.
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