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La Rose Pourpre, Bordel des Miracles (2ème partie)

--Thorvald
Voir pour deux. Tandis que d'autres paupières glissent sur de subtils plaisirs, les yeux gris de Thorvald contemplent sa douceur. Jane. Tout juste se ferment-ils au passage de sa main, d'instinct. Puis se rouvrent,
avides de la voir encore. Et de se laisser voir.

... Et de vos doigts goûter la délicieuse pulpe.

Thorvald se laisse faire, sourit imperceptiblement. Rictus invisible des voyants.
Il sait qu'elle sent ses joues se tendre. Tendres.

Entre deux baisers sur le poignet soyeux qu'il a emprisonné, il donne les consignes.


Ici, vous devrez partager le gain de votre ouvrage. Mais en contrepartie, vous serez bien choyée et en sécurité.

En sécurité aux Miracles ... beau paradoxe n'est-ce pas ?
La Rose est un écrin férocement gardé.

Sa patte se lève et frôle les cheveux de la nouvelle perle des lieux. Ses doigts se perdent sur la nuque chaude.

Je ne fais qu'une bouchée des clients capricieux. Et si je ne suis là, la Succube y pallie.
Elle est bien plus diabolique que moi avec ses ennemis. Mais elle est juste avec les filles qui la servent.
Vous la rencontrerez avant ce soir. A elle seule revient la décision ultime.

Il effleure le cou si délicat, en savoure les contours, lentement. S'approprie l'endroit. Dompte les tensions sous la peau, entre frisson et abandon.

Et vous Jane, vous vous vendiez, n'est-ce pas, quand je vous ai trouvée. Que nous offrirez-vous contre la magie de ces lieux ...


_________________________
Lyhra
Ne serait-ce que le son de sa voix, cristalin et imperceptiblement salé, c'était déjà tout un voyage !

C'est ainsi que la Reyne Pourpre, subitement docile, se laissa capturer par le chant d'une sirène...
Il faisait sombre et c'était repos pour l'oeil sous la paupière close.

Elle était étendue là... légère... et pourtant terriblement ancrée sur le lit de tissus odorants, s'abandonnant facilement au roulis des doigts de Line et suspendue à la musique aquatique de sa voix.
Un ruban d'eau qui se dénoue... mot à mot.

J'étais sel... incrustée de corail... mouvement sous la lumière rocheuse... transparences...

Totalement nue, aussi offerte que pendant l'amour, peut être même mieux ! La Succube, comme la masseuse improvisée l'y invite, se laisse devenir vague, ressac, terre grignotée par les marées.
Peu à peu, tandis que les mains de Line délacent les noeuds sous la peau, elle devient cet îlot cerné par les flots, sans défense.

Douce et brûlante...
Froide et insolente...
Calme mais dangereuse...
C'est donc ainsi que l'on me voit... pense t'elle en soupirant, gémissant presque.

Elle est bien prête à se laisser éplucher toute entière sans rechigner tant elle sent que Line la perce à jour, involontairement, et toute à son art.
De façon incongrue elle pense que les mains d'une femme, de cette femme, surpassent de beaucoup le sexe d'un homme.
Mais le gingembre envahit son esprit et lui fait tout oublier.
Les Miracles...
La nuit de Démétria, dangereusement proche et... pire ! Thorvald qu'elle ne sait pas revenu, là haut... au dessus d'elle, accompagné.


Line ...
_________________
--Jane.
Ma tête s'incline, mes paupière se closent sous la caresse de vos doigts effilés comme tout ce qui émane de vous me semble t'il.
Et je bois vos paroles. Encore.
Les faux-semblants ne sont pas faits pour moi, parce que je n'ai que mon corps à offrir
et que finalement dans ma grande franchise, je n'ai aucune raison de croire la chose méprisable.

Vous offrir... Je n'ai que ce corps. Ces mains. Ces yeux qui ne voient pas.
Entre mes cuisses s'appaisent les gueux, les douloureux, tous ceux que la nature a voulus mal aimés...
Peut être parce qu'ils savent qu'aucun jugement sur eux, je ne pourrai porter...
Mais le voudrais-je même...

Je crois qu'ils s'abandonnent bien plus sûrement encore qu'un enfant nouveau-né.


Ma voix se fait murmure.

Quand à savoir ce que je voudrais vous offrir...

Mon ton se raffermit quand je prononce ce vous...

Le piment sur vos lèvres, le sel sur votre langue... L'autan contre vos os...



--Thorvald
L'autan.

Inconsciemment, la grosse paluche se referme sur le fin poignet. Thorvald regarde Jane.
S’il pouvait lire dans ses yeux, lire ses désirs et ce qu’elle est vraiment. Mais ses yeux sont vides. Et même par ses gestes et ses mots elle occulte ses volontés propres pour mieux vous faire exposer les vôtres. Et pour Thorvald, s'exposer c'est se mettre en danger.
Elle est aussi vide que la plage quand la mer se retire avant la grande … déferlante.
Le vide d’avant le déluge.
Le silence d'avant le fracas.
La Terre engloutit ses eaux pour mieux vous noyer ensuite.

Seulement,

le corps a sa mémoire.

Et le corps se tend, se redresse, esquisse la fuite. Pourtant, encore, il la regarde et n’en croit pas ses yeux.
- Ainsi l’Apocalypse reviendra par elle … Si belle et pure.
- Oui ben justement, méfie-toi. Puis elle n’est pas pure, c’est une putain. Une chienne. Aujourd’hui dépourvue de noirceur, belle dans sa candeur, avenante. Oui, avenante.
- C’est pour mieux nous manger mon enfant !
- Arrête ! Tu vas lui briser le poignet !

Thorvald la lâche. Souffle retenu, tempes battantes.
Allez retenir Eole dans une cage …
C’est le moment ! Fuyons !

Respiration profonde. Calmer sa voix pour ne rien laisser transparaître.
Ajuster vêtements et chevelure de la candidate.
Puis se lever.
Lentement, pour ne pas éveiller le soupçon.
Déployer la masse.
Enfermer ce désir fou de la brutaliser et dire …

L’air de rien …


Mangez un peu. La soirée sera longue.
Je vais demander si notre Reine peut vous recevoir.


Puis traverser la pièce parsemée de roses, nauséeux du mélange des parfums.

Obscure … tu es là.
Où est la Succube ?


Une tronche à avoir vu le Diable. Un peu livide, encore fumant par les oreilles certainement.

Regard circulaire. Tout est prêt pour ce soir. Seules manquent les belles. Les bains, elles doivent être aux bains. Il n'écoute même pas la réponse et, sourcils froncés, descend aux sous-sol.


_________________________
--Jane.
Sa main sur ton poignet... J'ai mal... Dis lui que j'ai mal... Dis-lui d'ôter sa main, ça me brûle...
Non.
Pourquoi fait-il ça ? Dis pourquoi ?
Lui seul le sait.
Mais toi aussi tu sais... Tu LE sais. Il t'a retourné les sangs.
Oui.
Il est dangereux. Il va...
Oui, peut être. Et après ?
Non, peut être pas. Tu as levé la tempête.
.... Lui aussi.
Cessez toutes les deux... Ici tu seras bien... Mais... Je n'veux pas qu'il te touche. Je n'veux pas qu'il nous touche.


Et votre main quitte mon poignet.
Et je hurle en silence laissant glisser sur moi
l'horrible indifférence de votre voix, soudain.
Mes côtes se soulèvent, mon bras revient léger se poser sur cette coupe.
Je la porte à mes lèvres, sereine en apparence.

--Thorvald
Une à une s’égrainent les marches. Et retombe peu à peu l’inexplicable fureur.
Une … Mais qu’as-tu fait Thorvald ? Elle est …Deux … si douce … Trois … innocente. Quatre … Tu es un âne.

Cinq …

Doucement son pied se pose sur la marche humide.
La pénombre moite retrouvée apaise ses pulsations.
Le pas se fait léger.

Six …J’ai hâte de la voir dans les yeux de la Succube ! Sept … Le pire âne jamais vu : voilà que tu es fier de … Huit … comme un chien ramener en ta gueule une proie sanguinolente …
Neuf …à ses maîtres.
Silence dans sa tête.
Dix …Mais je n’ai qu’un seul maître : ma Reine. Ne comprends-tu pas ?
- Justement.

La peau épaisse de ses bottes frôle les dalles. Il est en bas. Les voiles, dociles, se soulèvent, l’enveloppent.
Les voûtes aux reflets argentés étouffent ses craintes.
Retour à la matrice. Le monde humide et chaud.
Et les cheveux de Line, en torrent apaisant.
Elle est là, penchée sur un large baquet. La sirène des lieux. Il approche, ouvre la bouche pour réitérer la question mais …

Une boucle rousse sur la nacre d'un dos.

Un soupire …son soupire.

La Succube, dans toute sa splendeur, se dévoile au fur et à mesure qu’il approche.
Peut-être le moment d'offrir la flûte. Et tandis que les doigts de l'ondine s'occuperont à envoûter d'autres sens, il remplacera ses mains, pour maintenir le charme sur la peau de leur Reine. Le paquet est toujours là, dans le tissu violet, contre lui ...

Il le sort et le pose près d'elle, près de sa queue de sirène. Il s'agenouille en silence, et, dans l'espoir que ses mains se lèvent, adresse à la masseuse un sourire innocent.
Dieux, qu'elles sont belles toutes deux ...
--Obscure
Obscure c'était endormie sur le comptoir et avait fait d'affreux cauchemars. Elle était toute en sueur et ses yeux étaient effrayés.

La servante avait des larmes sur les joues et sa respiration était devenue rapide. La jeune femme avait rêvé de flamme, de sang, de cris et de haine.

Elle était toute chamboulée et lorsqu'elle entendit son nom elle sursauta. Qui l'appellait ? Où était-elle ? Toujours en train de rêver ? Non elle était bien éveillée. C,était Thorvald qui venait de l'appeller, mais qui n,avait même pas attendu la réponse.

Obscure se repeigna un peu et se leva de son siége. Elle avait besoin d'air oui un peu d'air cela lui ferait du bien. Elle prit sa cape et sortit dehors dans une ruelle et se laissa tomber sur une caisse en bois et se mit à sangloter.

La servante de la Rose enfouit son visage dans ses mains et versa un torent de larme. Pourquoi ce cauchemar ? Que voulait-il dire ? Elle était toute perdue et vraiment effrayée.

Elle avait besoin de réconfort, de tendresse et de chaleur, mais la seule personne qui aurait pu lui en donner se trouver aux bains.

Obscure resta à pleurer là sans bouger. Elle se posait tant de question pourtant sans réponse.

Puis après avoir pleuré pendant une heure elle entra à nouveau en s'essuyant les yeux, mais qui étaient tout rouge. La servante savait que cela se remarquerait.

La jeune femme avait besoin de sommeil. Elle n'avait dormi que 3 petites heures et elle avait travaillé dûr. Et où était sa récompense de son travail ?

Elle n'était pas heureuse, mais pas du tout, mais elle ne pouvait pas s'en aller. Sinon elle se retrouverait à la rue à nouveau et elle ne le voulait pas.

Obscure alla dans les cuisines et s'y assit et resta à vixer un point sans bouger comme paralysée par la peur et l'inquiétude....


pnj
Adelcia se promenait, ou plutôt airait, dans les rues étroites de la cours des miracles. Elle n'était pas d'ici et la campagne Niçoise lui manquait, ces étendues d'herbe remplaçant les dalles claquantes décollées, sur lesquelles on pouvait se tordre la cheville malencontreusement.

Cependant, pour le peu qu'elle en avait vu, Paris avait quelques coins, pour l'instant qui lui semblaient rares, sympathiques et agréables. L'église était magnifique, même si ces derniers temps, elle n'avait pas le loisir d'aller s'y confesser. Son ventre, lui, sous le léger voile de ses atours, cria famine, une fois de plus. Elle avait quitté Nice une raison simple, sa mère étant morte, son père ne voulait plus d'elle à la maison. Bien, voilà qui était fait, elle ne l'appréciait pas non plus. Mais à présent qu'elle connaissait la misère des rues, essayant de se faire héberger chez des paysans ou des moines ayant pitié d'elle, elle aurait, bien volontiers, fait le chemin inverse pour retrouver la chaleur d'un foyer qui n'était plus le sien.

La nuit dernière, elle avait finie son pain, son baluchon n'était donc qu'un bout de tissu sali par le voyage assise en partie sur un tas de foin qu'un paysan avait entassé dans sa carriole.

Adelcia en marchant, déboucha sur une place qui donnait sur un marché. Des odeurs écoeurante de poissons pas vraiment frai portaient au coeur, cependant, quelques senteurs sucrées lui donnaient des crampes à l'estomac qui réclamait ce qui lui était du.
Il aurait peut-être pour certain été aisé de passer son chemin, mais pour une jeune femme qui ne connaissait pas encore la vie de la rue, c'était tout une autre histoire.
Elle se dirigea vers les étalages et vit des pommes rouges vraiment aguichantes mais la propriétaire surveillait ses biens comme un aigle gêtait un mulot. Elle poursuivit donc son chemin l'air de rien. Des pommes vertes cette fois et la propriétaire était occupé à papoter avec une autre femme. D'une main qui se voulait furtive, elle prit une pomme et continua son chemin essayant de paraître le plus naturel possible.

Une fois avoir dépassé de deux étals celui des pommes vertes, elle entendit une voix d'homme crié " Au voleur ! "
Paniquant, imaginant ce qu'on pourrait lui faire si elle se faisait attraper, elle se mit à courir, son ventre et ses jambes protestant de plus belle.
Des " ne la laissez pas s'échapper ! " et toute autre sortes d'injonctions fusaient derrière elle. Courant toujours tout droit bousculant au passage, des passant, elle croqua dans sa pomme, car quitte à se faire prendre pour vol, autant profiter du bien volé.

Cependant, elle savait bien, que si elle ne parvenait pas à se soustraire du regard de ses poursuivant, elle ne pourrait tenir longtemps, elle n'avait qu'une bouchée de pomme dans le ventre, et courir aussi vite demandait trop d'énergie pour ce qu'elle avait avalé.
Elle enfourna une autre bouchée de la pomme, tournant et virant, haletant dans les rues, ne sachant même pas où elle allait. Il fallait qu'elle trouve une taverne, et vite.
Ne cessant de gambader le plus vite possible, elle attendait le moment où elle pourrait entrer quelque part sans être vue.

Sa vue se brouillait, elle ne voulait ni mourir et encore moins se faire couper la main, preuve du seule crime qu'elle aurait commit de sa vie.
Essayant de rester le plus sereine possible, elle distingua une rue très étroite, elle y tourna et tourna encore, c'était le moment ou jamais pour essayer d'entrer quelque part, sans réfléchir, elle prit la première porte qui se présentait à elle.
Adelcia l'ouvrit presque à la volée, la referma aussi sec, bien que plus doucement pour essayer de faire en sorte que les personnes qui étaient à sa poursuite ne l'entendent pas.

L'adrénaline s'évaporant en quelques secondes la laissa toute épuisée, sa vue devenant du brouillée au sombre, puis au noir si opaque qu'elle avait l'impression d'être aveugle avant de s'avanouir contre le mur.
Elle avait juste eu le temps de percevoir quelques voix, elle était peut-être bien attérit dans une taverne, on allait peut-être l'aider.

Cependant, elle ne se doutait pas que la soit-disant taverne dans laquelle elle se trouvait, n'était autre que le bordel le plus respecté de Paris : La rose pourpre.
Lyhra
Une certaine qualité de silence... le bruit de quelques gouttes formant ruisseau en son sein... la course du sang battant à ses tempes, le tintement du poison contre les parois veineuses, ce tic tac mortel jugulé par la potion de Shadahar, chaque jour.

Les mains de Line, salines, ouvraient la Succube comme un coquillage sous l'eau limpide.

C'est ainsi que Thorvald la découvrit.
Elle ne le vit pas avancer vers l'oasis qu'elles formaient à elles deux.
Mais...
Ce fut comme un vent léger caressant sa peau échauffée.
Un froissement dans l'air humide, l'écho d'un gémissement, étouffé.


Line...
Tu me fais du bien.

C'était juste une bouteille à la mer, ces quelques mots.
Parce qu'elle était la Reyne, parce qu'elle n'avait pas droit à l'erreur, jamais. Parce que les chiens attendaient à sa porte, pour la bouffer et se repaitre de sa prétendue richesse. Parce qu'elle était belle. Parce qu'elle était fière, parce que la Cour était sienne et qu'Hémophage était mort depuis longtemps et que plus personne, à part elle, ne se souvenait ...


Line...
Est-ce la nuit ?
Démétria... ce soir... je dois me préparer...
_________________
pnj
Bruit de pas.


Line...
Tu me fais du bien.



Fermez les yeux, madame. Je prends soin de tout. Ne vous inquiétez de rien.

Line croit savoir contre quoi elle se bat. C’est si dur, parfois, les Miracles. Et si bon de se livrer à de muettes confidences.
Cette tension qui accable la Succube et que le flot de ses caresses endigue peu à peu, c’est comme… une souffrance physique, peut-être une maladie qui coule dans ses veines, mais aussi une peine plus profonde, morale, le lent supplice d’une femme qui jamais ne se laisse aller au gré des vagues.
Alors Line se bat, fait couler cette souffrance loin du corps-nymphéa, l’entraîne ailleurs, là où les douleurs n’ont plus prise sur personne.

Bruit de pas.

Line jette un regard louve des mers en direction de l’intrus assez hardi pour troubler son tête-à-tête. Tout va bien, ce n’est que le gardien, j’ai confiance, c’est un ami. Une bulle, un ruisseau, l’onde capricieuse et inconstante, des pieds nus, tout cela les unit.
Allons, approche-toi, plonge ton regard dans le mien, si marin, et oublie tout. Mais attention, ne viens pas trop près, tu pourrais LA réveiller.

La Reyne Pourpre est envoutée, comprends-tu ? Ne la tire pas de sa torpeur, mais contemple, sous mes doigts, sa beauté. Allons, mon infidèle, Je le sais bien, que nous sommes belles, ainsi unies en un même coquillage clos pour les autres.
Le feu et l’eau mêlés, n’est-ce pas ?
Chut, pas un bruit !
Pourquoi ferais-tu un choix ? Pourquoi nous diviser ? Nous ne sommes pas solides, mais liquides, indivisibles…
C’est ainsi que je t’aime
Inconstant
Comme la bulle
Comme l’onde
Comme nous.
C’est ainsi que je t’aime, que je l’aime.
Pour moi ce paquet violet ? Moue espiègle.


Je te remercie, doux gardien de la Rose. Chut, la voilà qui se réveille !

A quoi ressemble une Reyne qui émerge de ses rêves ? A peine à un murmure, mais Line est en si intime communion avec la Rose des roses, qu’elle perçoit les moindres battements de son cœur.


Line...
Est-ce la nuit ?
Démétria... ce soir... je dois me préparer...



Line répond d’une voix aussi douce que jadis, le clapotis d’un ruisseau intérieur :


Madame, vous savez bien que la Nuit ne tombe jamais sans votre consentement. Le temps vous est assujetti. Prenez-le donc, si vous le souhaitez. En attendant, je crois bien que notre gardien voudrait… vous parler. Dois-je me retirer ?


Faire marée basse, même si c’est déchirant, même si une sourde folie orageuse commanderait de rester. Mais Line, elle, n’est pas sourde.
--Thorvald
Il a surpris son regard courroucé, l'espace d'une seconde. Puis elle s'est adoucie, comme la vague se retire après avoir fouetté le roc. Marée basse, Line échappe à ses doigts qu'il voudrait pourtant mêler aux siens. Alors il se repait de son regard, de ses yeux de sirène avant que la magie ne se rompe. Ils n'auront pas beaucoup de temps. Line, chaque visite en tes lieux souterrains est un voyage exquis. Promesse de partage et d'ivresse des sens. Reste ...

La reine frémit.

Ils l'ont senti tous deux. Thorvald innocemment d'abord, a posé ses grosses mains apaisantes sur les épaules nues de la Succube, et caressé cette peau huilée et parfumée. Clos de senteurs pour trio affamé. La volupté s'en mêle. Il ferme les yeux. Son cœur a dévalé les escaliers et gît en bas, tout affolé. Dans son ventre. Il s'en souvient maintenant, il a parcouru des galbes délicieux et frôlé l'aquatique limite. Du bout des doigts. Avant de s'arrêter, les joues empourprées de désir. Fugace moment d'égarement troublé par de royales paroles venues d'une autre dimension.

Line a parlé aussi, je crois. "Notre gardien". C'est moi, ça. Moi qui suis là ? L'esprit confus, éclaté, tente de refaire le puzzle de sa raison.

D'inoffensives vaguelettes mousseuses viennent éroder la pulpe de ses doigts et arracher ses ongles. Il tressaillit à leur contact pourtant si léger, mais empli d'une redoutable perspective. Elles veulent l'accueillir, le happer peut-être, l'entraîner vers des mondes sous-marins peuplés d'algues avenantes et de coquillages offerts. Le noyer ! Il reprend son souffle. Rouvre les yeux. Il était en apnée. Ses mains s'éloignent du bord de ces profondeurs inquiétantes, et se font plus fermes. Sur l'arrondi d'un bras. Puis cachées sous les boucles humides, elles traquent les tensions des épaules, tandis qu'il approche ses lèvres de la divine oreille.

Il va parler.


_________________________
Lyhra
Commander à la nuit ?
C'est vrai que la nuit filait dans sa main en pleines poignées d'étoiles...
Et d'or.
La lune pour un paquet d'écus noble messire !


Tu peux, oui.
Souffle t'elle à Line.
Et elle ajoute,
cet endroit est pour toi. Nulle autre n'y saurait mieux faire voyager l'âme et les sens.
Je ne prendrai rien sur tes gains, pour les massages, le premier mois, ensuite soixante pour cent.

C'était cruel de devoir compter les galets sur une si belle plage, mais c'était la patronne et la Rose n'était pas une simple coquille de noix. Pas toujours.

Ainsi ce sont ses pas qui crissaient sur le sable...
Ils étaient donc revenus des beaux faubourgs.
Tout le monde devait être en train se préparer et elle, elle était là, nue comme le premier matin du monde, houleuse sous la bourrasque de ses mains.

Portez un coquillage à l'orée de votre oreille, il vous contera la chanson des mers.
Qu'avait-il donc à lui dire ?

Qui ne dit mot consent.
Parles donc, Gardien des Roses...
Qu'aimerais-je faire pour toi ?

_________________
--Thorvald
[Entre deux déesses]

Ma Reine ...

Ses yeux dans ceux de Line, et ses lèvres dans les impériales boucles, Thorvald sourit à demi. Il a repris assurance et retrouvé le naturel qui le caractérise. Non qu'il ait dompté son émoi, mais il l'a laissé parcourir son échine et l'envahir.

De l'émotion faire force.


... une femme d'une beauté rare vous attend à l'étage.


Sa voix est grave et envoûtante mais il sait que son invitation à revenir sur le pont est le pire des réveils. Que l'heure est à l'alanguissement et à l'oubli. A l’offrande de soi.
Alors de ses mains désormais chaudes, il dégage le front humide de la Succube, chasse délicatement ses cheveux, parcourt ses tempes, puis ses pommettes. Ses doigts se rejoignent sur le haut de son nez délicat. Il murmure :


Ainsi je vous vois comme elle vous verra ... en aveugle.

Ce-disant, les mains se sont dissociées. La première dévale son nez, frôle ses lèvres pulpeuses, le creux de son menton parfaitement dessiné, s'empare de la douceur moite de son cou. Un instant, il s’étonne de l’aisance avec laquelle il a posé tout à l’heure ses grosses pattes sur la nacre sacrée. Sur ces épaules si blanches où il pose maintenant ses lèvres. La présence de Line incite à tous les abandons. Si sa compréhensive sirène n’avait été là, il n’aurait osé approcher la Rose des Roses, voluptueuse, dévoreuse Succube.
D’ailleurs, l'ondine va partir, il doit se presser désormais. Mais son autre main est capturée par le velouté d’un sein. Il savoure sans lutter. Impression fugace d'être tombé dans un roncier, dans lequel le moindre mouvement brusque vous transforme en charpie. Et délice d'être prisonnier de ces dangereuses épines.


Elle verra votre beauté, et par-delà les traits, devinera fierté et puissance ... Elle voit tout.


Il a lâché les derniers mots dans un souffle, ivre de son parfum.



_________________________
Lyhra
Jusqu'alors la nacre avait filée en paillettes liquides entre deux eaux, débordant les mains de Line et noyant sa peau d'un flux consolant, puis elle s'était écartée, laissant la Succube comme une terre apaisée mais esseulée.

Lui, lui... il l'avait touchée dans les traces de l'ondine et l'eau s'était enfuie en rigoles paresseuses.
Lui, c'était les sables mouvants.
Et, lentement, la rousse s'y trouvait aspirée.
Sa voix était pierre chaude au soleil, le pouls contre son sein, la course du vent et le poids de la terre...

Le temps que ses mots fassent leur chemin... la rattrape au loin, à l'aide d'une virgule, ou d'un pointillé évocateur...

Une nouvelle recrue ?
Belle.
Aveugle et qui voit ?
Elle croyait qu'à paris il était partit chercher des bottes !

Le portier de la Rose se mêlerait-il de nous fourguer les chats perdus et autres conquêtes que son minois charmant lui autorisait ?
N'avait-elle pas, si peu de temps auparavant, espérer quelqu'un qui remplirait le rôle qu'Ylaibo avait passionnément assuré pour Xénédra ?
Pour elle... la Reyne Pourpre des Miracles... Oui, elle l'avait rêvé cet homme à ses cotés. Souhaité que ce fut lui.
Le pourvoyeur de plaisir.
Son coeur bat la mesure de la morsure tendre de ses doigts sur son sein.

Elle voit tout ?
Et cela suffirait ? Ta recommandation... ?


Bien, je la verrai ainsi que tu le souhaite.
Souffle contre souffle.
Terre en mouvement, cataclysme, cyclone, chaos, séisme...
La Rousse émerge du nid, deux longues jambes le capturent.
Viendras-tu avec moi ?
Seras-tu là ?
Il faut qu'il comprenne ce qu'elle exige de lui.
Qu'il accepte.


Suis moi Thorvald...

La fière Rousse redevient la patronne, la reyne pourpre, celle qui commande.
Elle doit voir celle qui ne voit pas.
Vérifier que Démétria est prête.

Se vêtir d'un nuage de dentelle, ouvrir les portes de la Rose...

_________________
--Thorvald
La peau pailletée d'or, il se relevait de la tempête de sable. Ébouriffé. La douce mouvance des sols s'était transformée en cataclysme. Sublime nymphe en évolution, sa Reine émergeait, plus forte.
Soutenir son regard, sans défiance ni crainte. Lui signifier qu'il viendrait, qu'il serait là, qu'il acceptait ... Pour elle.

Le marché était sans condition. Pacte muet. Thorvald n'aimait rien tant que la simplicité. Et voir la Succube nue, simple, femme, suffisait pour offrir à toutes ses volontés son âme et son corps. Pourvoyeur lui plaisait ? Pourvoyeur il serait.

De plaisir.

Pour un jour cueillir ses lèvres carmines, s'y fondre et disparaître. Se replier sur le velouté d'un pétale et flotter, loin de toute douleur. Libéré des poinçons de la vie. Mourir contre elle. Comme la vague meurt sur le sable et se laisse boire, désolidarisée de la houle.

Mourir près d'elle, mais le plus tard possible !


Suis moi Thorvald...

Le gardien quitte à regret les lieux. L'eau du baquet est encore tiède et tremblante de son odeur. Il s'y serait bien délassé à son tour, pendant l'entretien de Jane avec la Succube. Il s'imagine déjà, s'immergeant. L'eau débordant de toutes parts, chassée par sa masse. Dérangée. Regrettant le corps délicat et les courbes douces de la précédente visiteuse.
Peut-être les doigts de Line sur les muscles de son dos ? Réjouissante perspective ... Mais ... il est curieux. Curieux de capter les ondes entre les deux femmes, là-haut. Alors il suit. Il reviendra.


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