Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, ..., 18, 19, 20, ..., 63, 64, 65   >   >>

La Rose Pourpre, Bordel des Miracles (2ème partie)

Lyhra
Bien sur que c'était sans conditions... Crois-tu que la Succube négocie à perte ?
Dialogue discret et muet entre quat'zieux valant pacte de sang, au moins !

Ces deux là étaient faits pour s'entendre de toutes les façons qu'une femme et un homme peuvent s'entendre.

Cachant sa nudité de déesse, la Succube se glisse lentement dans un fourreau de tissu.
Cache cache.
Elle prend la main de Torvald, désormais Rey Consort.

Montons.
Et l'entraine dans les escaliers, le dirigeant et le suivant, tout à la fois.

Ils émergent enfin, à la nuit tombée, au seuil de la grande salle réchauffée par un feu de cheminée, comme il brule en enfer...
Après la fraicheur de l'eau, leur peau allait cuire et se tordre, tout comme la flamme des hautes bougies disposées ça et là.


Où est-elle cette merveille ?
Montre la moi.

Elle avance, royale. Le cou bien droit, une cascade de flammèches lêchant ses reins.
Sure de sa beauté, de son pouvoir.

Est-ce cette menue silhouette ? Est-ce celle ci que Thorvald a distingué ?

_________________
--Jane.
Mon verre se vide jusqu'à la lie.
L'ambre liquide me désamorce, me foule, me soumet à son eau.
Mes doigts fluets se glissent épris, sur le coussin de satin pourpre.
Contact fluide et capiteux guidant mes sens silencieux.

Un sanglot déchire l'espace, étouffé et triste à mourir.
J'occulte cette réalité, bulle de coton, le temps s'écoule
n'a pas de prise, file, s'étire, se rétrécit.
La dernière goutte contre ma langue.
La dernière goutte qui se divise,
s'étale, parfume pour un instant tendre palais.

Un bruit de pas, diffus léger,
comme un silence entrecoupé.
Mes doigts arrêtent leur course folle.



Lyhra
Elle ne vit pas la forme sombre au sol, contre le mur, caché par la tenture qui séparait la grande salle de l'entrée de la Rose. Il faudrait que quelqu'un entre ou sorte pour y prêter attention.

Elle s'approcha donc de la jeune fille qui battait le pavé de Paris et que Thorvald avait cru bon de ramener ici.
Elle avait l'ouïe fine bien que d'épais tapis étouffent les pas et s'était figée à leur approche.
Thorvald avait eu l'oeil heureux car elle était aimable et bien faite de sa personne si ce n'était ce regard vide.
La Succube jeta un coup d'oeil appréciateur vers Thorvald et eut pour lui un signe imperceptible d'approbation puis fit sans hésiter le dernier pas qui la plaçait tout à fait en face d'elle.
Il était étrange de ne rien pouvoir lire dans ses yeux.
Etrange et malplaisant car la Maquerelle aguerrie avait coutume de discerner le bon grain de l'ivraie en observant ces fenêtres là, qui menaient directement à l'intérieur des gens.
C'était si révélateur que c'en était effrayant.

Toutefois, cette fille là ne regarderait pas avec dégoût un client disgracieux, c'était l'avantage.

Elle avait lâché la main de Thorvald et prit celles de la jeune fille dans les siennes pour les poser sur son propre visage. Elle savait que c'était ainsi que les aveugles voyaient, par le toucher et que c'était aussi un geste... intime mais la Succube n'était pas femme ordinaire et se moquait comme d'une guigne de ce qui se faisait, ou pas.


Le bonsoir ma jolie.
Sais tu où tu te trouves ?
_________________
--Jane.
Vous... Son double féminin.
Le galbe de votre joue, l'arc de vos sourcils
le cintre de votre front, l'arabesque de vos yeux
Vos narines palpitantes, fines, vos lèvres en volutes...
La cambrure de votre douce nuque...
Mes doigts imposent un rythme lancinant, tendre.
Tout en vous m'exprime, m'expose, me dévoile.

Vous êtes une cathédrale.

Alors dans l'absolue persistance
du temps qui se glisse entre vous et moi
J'avance mon visage et vous offre mes lèvres
baiser saisissant, captivant, étonnant
Qui n'a que le projet de me livrer à vous.
Je vous offre mon âme lors de ce cours instant
reflet de ce que mes yeux ne peuvent vous montrer.

Je vous quitte, délicate, murmure dans un souffle

Oui, je le sais, ma reyne.




Lyhra
D’habitude les mains qui se posaient sur elle avait payé fort cher ce droit et en usaient tout à fait avidement.
Des mains empressées, impatientes, dévorantes. De vraies flammes qui léchaient sa peau et tentaient de la précipiter dans une fournaise.
Des mains qui soumettaient, qui commandaient, toujours conquérantes.

Là… c’était tout le contraire.
Les siennes de mains, la Succube les laissa retomber le long de son corps gracile, puis elle ferma les yeux.
Dès lors, elles étaient à égalité. Paupières closes contre prunelles éteintes.

L’obscurité s’habillait pourtant de riches et chaudes couleurs sous les doigts de l’aveugle, elle ne savait encore son nom.
Le sien, du moins ce titre flamboyant de Reyne qu’elle s’était décerné, avait été prononcé d’une voix claire et la maquerelle en gouta toutes les secrètes intonations.

Oui, comme c’était différent l’effleurement de ces mains là, qui ne prenaient pas, mais bien au contraire, offraient. Et combien troublante était cette émotion de les accueillir.
Puis elle eut ce geste, insolite et bouleversant, de baiser les lèvres d’une Succube toujours immobile.
Elle en gouta aussi toute la générosité.


Alors il n’est point besoin de vous expliquer ce qui se vend ici.

La Rousse libéra à nouveau le feu vert de ses yeux et en caressa, à son tour, le visage de l’aveugle avant de reprendre,

J’avais une intendante qui m’était fort précieuse. Elle aurait pris le temps de vous accueillir comme il se doit et de vous conduire dans la maison, vous dire les choses qui se font et celles qu’il vaut mieux éviter.
Nous devrons nous en passer pour l’instant car la nuit s’annonce et j’ai encore à faire (me vêtir par exemple !).
Nous discuterons de ces choses demain.
La Rose ouvre à la tombée de la nuit, ferme au petit matin.
Les chambres sont à l’étage, la mienne se trouve en bout de couloir.
Venez.

Elle prit délicatement son poignet pour l’entrainer vers les escaliers, lui montrer une chambre libre, non sans avoir sourit à Thorvald avant de se détourner.

Un de ces sourires dont elle avait le secret…

_________________
Thorvald_
Un sourire. La Reine est satisfaite. La Reine se repait des proies que tu lui offres. N'as-tu point honte ...

Thorvald est remonté des bains, la main dans celle de la Succube, puis, passée la porte, la main s'est délicatement posée dans le creux de ses hanches démoniaques, entre les boucles encore humides. Ils ont traversé la salle pavée de pétales, et rejoint l'alcôve où Jane les attendait. Jane que tu as plantée là, indigne que tu es. La main a glissé, frôlant le tissu tendu par la courbe de ses reins, pour retomber dans le vide.
Pudique.
Comme si elle pouvait voir ...

L'air a vibré de leur puissante rencontre. Jane s'est donnée à elle comme elle s'était donnée à lui. Avec simplicité et plénitude. Entière, vraie. De retrouver ses gestes souples, sa silhouette gracile, sa voix profonde ... le cœur du gardien enfle à s'en faire craquer les côtes.
Il manque d'air.
Explosion interne en mille débris d'améthystes.
L'une a les yeux fermés, l'autre est aveugle. Ca tombe bien car l'espace d'un instant il est devenu blême.

Il lui rend son sourire et, le visage de marbre, les laisse rejoindre les chambres. Cela lui fait penser qu'il n'a toujours pas de chambre attitrée. Cette nuit encore, il devra trouver refuge chez l'une de ces demoiselles ... ou dormir contre la porte. Sa porte. Et sa main de bronze envoûtante et magique, fidèle sentinelle de la Rose, annonciatrice du meilleur, parfois du pire, jamais de la banalité. Heurtoir d'un autre âge, qui retentira bientôt dans la nuit, sous la main du visiteur.

Tout à ses pensées, il a rejoint les cuisines. Pas d'appétit. Un petit verre peut-être ? mais Chloé le savait, il ne tient pas l'alcool. Alors ?... rallumer l'âtre pour s'occuper les mains.

Obscure ?!

Il la secoue doucement. Elle dort la tête entre les bras, appuyée à la table. La sortie dans Paris l'aurait-elle épuisée ? D'une main il vérifie. Elle est brûlante de fièvre. Alors il la prend dans ses bras et, avec une facilité déconcertante, la porte à l'étage et la pose dans son lit.

Depuis combien de temps est-elle dans cet état ... Il ouvre le lacet de sa robe d'un geste expert, puis mouille un linge, qu'il applique ensuite sur son visage et son cou. Quelques gouttes fraîches glissent vers le matelas.

_________________
X
pnj
"Quelle est ta volonté?" se demanda t-il.
Je dois l'avouer, je suis un peu surpris...
Car la plupart des hommes jettent d'abord un coup d'oeil avant de se poser des questions. Ils font du lèche, si l'on peu dire, histoire d'évaluer l'étendue de leur pouvoir de séduction, mais il était trop inquiet pour s'essayer à l'exercer...
Il savait les femmes conformistes, même les plus jeunes ...
En proie à une exaspération croissante d'obéir aux lois, à la coutûme, au dispositif établi, il marqua le pas en ces lieux.

Avec un soin délibéré, il replaça une mèche qui se posait sur son large front, et avança en battant l'air nonchalemment de son pas vif.

PLus rien ne bougea aux alentours.
Cherchant son souffle, l'homme attendit, le dos bien droit, aux aguets. Pas un bruit.

Qu'est il susceptible de se passer?
Là, il lissa sa chevelure d'un noir de jais nerveusement, en observant le ciel. Au bout d'un certain temps, il fut pris d'une frénésie de chercher compagnie. Et il espéra ardemment trouver une femme à son goût...
--Jane.
Il est temps de s'offrir à demain,
Il est temps de sentir les peaux sous nos doigts, bientôt.
Votre main en bracelet, vous prenez les devants
Votre voix entêtante insinue mes tympans
Je sens sa présence proche, si proche.
Thorvald...
Il nous regarde, ses yeux nous caressent et
Sa musique a changé de tonalité.
Plus sombre, plus grave en cet instant.

La montée feutrée des escaliers nous emporte vers la volupté.
Une porte s'ouvre, l'espace d'une chambre qui sera désormais mienne.

J'ypénètre et déjà la litanie des chiffres reprend ses droits.
Un lit au centre et qui trône, drapé de soie fine et satin.
Une commode en demeure et qui invite les voyants à venir se perdre.
Mes doigts frôlent la surface réfléchissante du miroir.

Un mot sortira de ma gorge serrée.

Merci.


--Obscure
Obscure c'était finalement rendormie, mais tranquillement plongée dans ses cauchemars la fiévre prit la place. Elle s'agitait dans son sommeil et n'entendit pas Thorvald l'appellait et l'ammenait dans à l'étage. La servante était en sueur et était prise de spasme et des mots murmuraient sortaient de sa bouche à intervalle. Le gardien lui délassa la robe et se mit à essayer de faire tomber cette maligne fièvre. Puis Obscure dans un sursaut se réveilla et attrapa le poignet de la main de son ami et le regarda les yeux fous et dit:

Ils vont me rattraper...ils vont me brûler..me torturer...sorciére..sorciére..je vais mourir...aider-moi..sauvez..moi

Obscure avait des larmes qui coulaient sur son doux visages et la fièvre la dévorait à petit feu. Elle tremblait de tout son corps et on voyait une vrai détresse dans ses yeux. Puis, ses yeux redevinrent du même bleu et la servante reconnu Thorvald et dit:

Thorvald ? Est-ce toi ? Que m'arrive-t'il ? Aide moi je t'en supplie. J'ai peur, j'ai tellement peur.

Obscure se jeta dans ses bras et éclata en sanglot. Elle avait toujours de la fièvre qui revenait à certain moment. La fatigue avait eu droit sur elle. LA pauvre jeune femme était apeurée. Elle pleurait en cachant son visage dans le cou de son ami. Elle avait mal partout et avait l'impression que sa tête allait exploser. Puis, elle dit :

Il faut que je retourne en bas..il faut que je travaille..La Succube à besoin de moi.. aide moi à retourner en bas..

Obscure était encore faible et restait accrocher à Thorvald comme s,Il s'agissait d'une boué, car oui elle était en train de se noyer dans son chagrin qu'elle cachait aux yeux de tous...

Thorvald_
Obscure divaguait. La fièvre, le mal ... comment dompter cette agitation soudaine ? Le portier, énorme masse imperturbable, était bien désarmé. Des potions, des herbes, des breuvages, des incantations peut-être ? Qu'en savait-il ? Il avait appris à prendre soin des occupantes du lieu, arracher un sourire dans le matin triste, détourner la querelle ou l'ennui, faire fuir les tensions sous ses doigts ... garder leur porte.

Mais ce mal-là était terrible et il ne pouvait qu'ouvrir de grands bras impuissants à soigner le malaise et les larmes affolées. Un instant étonnés ils restèrent dans le vide, avalèrent ses pleurs et ses peurs, puis se refermèrent lentement sur ses épaules agitées. Il caressa tendrement son dos et tenta de la bercer de sa voix calme et grave :


Tout est prêt en bas. Tu peux te reposer maintenant. Souviens-toi ... les pétales de roses, les coussins, les bougies ... Ce sera une belle soirée grâce à toi. Rendors-toi mon Obscure ...


Il jeta un coup d'œil vers la porte demeurée ouverte, mais aucune aide ne venait, aucun médecin, aucun magicien ... il s'installa alors contre la tête de lit et attira la jeune femme contre lui avant de continuer sa douce litanie. Il parla sans trop y penser, laissant les mots passer le seuil de ses lèvres, dans l'unique but de la rassurer et de l'apaiser. Un léger parfum de jasmin qui avait imprégné ses vêtements lors de son inoubliable visite aux bains et à ses sirènes inattendues, flottait dans la chambre.


Sais-tu que Demetria et Rexane ne sont pas encore rentrées ... Elles vont avoir trouvé mille trésors, tu vas voir. C'est le grand soir pour Dem ... crois-tu que Belombre reviendra l'acheter ? Crois-tu qu'il remportera les enchères ? Et tu sais, Jane ... elle est dans la chambre à côté. Tu la verrais, comme elle est belle dans la lumière de la Rose. Belle dans la lumière de la Reine. Et ses mains ont la douceur de son regard perdu. Je loue les dieux qui l'ont mise sur notre route.
Jane ...


La voix de Thorvald avait baissé ... Obscure dormait-elle ? Ou bien était-ce lui qui s'était endormi. La porte ouverte, le portier à demi allongé, les bottes posées sur l'édredon, la jeune servante aux joues rouges et au corsage défait appuyée contre son torse : si Chloé entrait, c'était la porte assurée pour ces deux-là. Surtout si Obscure dans son délire la traitait de sorcière !

_________________
X
--Obscure
Obscure entendit la douce et profonde voix de Thorvald essayer de la calmer. La jeune femme se mit à se souvenir qu'elle avait tout préparée et qu'elle avait quelques heures devant elle pour dormir encore. Elle le m.ritait bien.

Son ami s'installa sur le lit et l'installa contre son torse. La belle avait les cheveux dénoués, mais avec toujours le joli peigne du gardien. Ses joues étaient rouges et ses yeux étaient fiévreux. Son corsage tout défait et sa robe toute froissée.

Elle semblait si fragile si faible. On aurait dit qu'ele aurait pu se briser en mille morceaux tel le plus fragile des bibelots.

Obscure se laissa bercer par les battements de coeur et la voix de Thorvald.

Ses larmes cessérent et la servante dit tout bas:


Thorvald restera-tu mon ami quoi qu'il arrive ?Continuera-tu à me parler et me consoler ? Pourrais-je continuer à rire avec toi? Je suis tellement désolée...

Obscure était toujours fiévreuse, mais elle avait un si grand secret que ses paroles n'étaient pas causées seulement par la fiévre. Elle en avait assez de le garder pour elle. Mais tranquillement le sommeil lui ouvrit ses bras et la belle tomba dans un profond sommeil.

La tête appuyée contre le torse du gardien et les cheveux qui venait chatouiller doucement le cou du jeune homme.

Ses rêves furent encore agités et la servante prit toujours endormie la main de Thorvald entre la sienne comme si ce simple geste pouvait l'aider à fuir ses cauchemars...



Lyhra
Ceci fait, l’avoir accompagnée dans une chambre libre, lui livrant ça et là quelques indications sur les us de la maison, elle la laissa apprivoiser ce nouveau décor et en déjouer les embuches pour gagner prestement sa chambre et endosser costume d’apparat pour briller sous la lune et accessoirement à travers les chandelles de la Rose !

Longtemps elle farfouilla dans la malle pansue où étaient serrés ses effets, envoyant valser alentours jupons satinés et coquets hauts de brocart pour finalement arrêter son choix sur un scandaleux corset de velours aussi noir qu’une giclée d’encre, fermé par un lacet de cuir et qu’une longue jupe du même tissu venait parfaitement compléter.
Une lourde chaine d’argent soulignait la finesse de sa taille tandis qu’une ribambelle de cercles d’argent tintait joyeusement le long de ses poignets.

Et pour finir, elle avait domestiqué provisoirement l’opulence de sa chevelure en une flamboyante torsade retenue par un lien de velours, noir lui aussi.
La Reyne Pourpre, cette nuit, rivalisait avec les ténèbres.

Quelques fards judicieusement estompés, un nuage de parfum, toujours le même depuis le Liquoré… et la Succube était fin prête pour cette nuit qui allait grossir bellement son pécule et rapporter gros à Démétria.

Porte soigneusement refermée, descente des escaliers, elle lança d’une voix forte un :


Tout le monde est-il là ?
_________________
Thorvald_
Obscure était désolée, "désolée" ? les mots flottaient dans sa somnolence. Désolée de quoi ? Il sombra dans un sommeil profond, happé par des rêves sombres, où le noir avait d'autres iridescences. Les rêves de Jane étaient-ils ainsi colorés ? Avait-elle seulement déjà vu, ou était-elle réduite au bon vouloir de son imagination ? L'inconscient le tirait vers ses profondeurs. Le corps s'enfonçait dans le moelleux du matelas, laissant l'esprit vagabonder librement, démuni des tensions musculaires, défaits des soubresauts de son enveloppe. Bien ... Avec la vague sensation d'avoir contre lui une braise. Si bien ...

Seules les paroles de sa Reine le tirèrent définitivement de sa sieste imprévue.

Elle appelait les pétales à reformer la fleur, la fière Rose, emblème de son établissement. Ce soir, les clients afflueraient pour se payer la vierge Demetria, ou au moins, pour les moins fortunés, pour la voir, se repaitre de ses craintes, de son innocence bientôt fanée, de son ultime candeur. Traquer dans ses yeux la peur de l'inconnu et de la souffrance ...

Lentement, Thorvald s'extirpa de l'étreinte de la jeune servante et déposa sa tête précautionneusement sur les oreillers. Il dégagea de son front les mèches collées par la sueur et posa un baiser sur sa joue. "Dors", murmura-t-il.

Puis il emprunta broc et bassine pour une rapide toilette, se recoiffa avec le peigne de la jeune femme, usa de ses onguents et de son khôl. Sa boucle d'oreille se refléta dans le miroir. Il lui rendit un sourire et ses yeux gris s'illuminèrent. Que ce devait être bon d'être femme, de se soigner devant ce miroir et de s'y trouver belle. D'essayer cette divine robe bleue, comme Obscure chez le marchand. De vérifier, d'un regard par dessus l'épaule, l'absence de pli sur la taille ...



Vêtu de son éternel habit pourpre et de ses bottes neuves, délicatement parfumé et maquillé, paré de sa boucle d'oreille, il sort de la chambre et glisse en silence vers celle de Jane, passe la tête dans l'entrebâillement de la porte ...


Jane ... Êtes-vous prête ? Puis-je vous offrir ma main dans ces escaliers encore étrangers ?
_________________
X
--Jane.
Sur la surface marbrée de la commode les crèmes fards et poudres de riz épars
Attendent qu'on s'en empare, qu'on les découvre, qu'on s'en enduise...
Mes doigts se sont refermés sur un flacon d'eau parfumée dont j'ôte le bouchon...
Rose, encore et toujours, entêtante...
J'en extrait quelques gouttes, les dispense sur ma peau..
Mes yeux se ferment tandis que leur course en perles de pluie les fait s'acheminer jusquà la naissance de mes seins.


Plus loin sous mes phalanges, un broc, un peu d'eau tièdie par la proximité de l'âtre... J'y verse un peu de parfum.
Un à un j'ôte mes vêtements, libère mon corps blanc
l'offre au miroir qui le reflète en soulignant chaque courbe..
Eponge gorgée d'eau et de parfum, je la presse contre ma peau,
délicatement frictionne chaque parcelle de mon corps offert à la caresse.

Lors, la porte s'entrebaille, bruit fin à mes oreilles....

Jane ... Êtes-vous prête ? Puis-je vous offrir ma main dans ces escaliers encore étrangers ?

Trouble se fait croissant,
Je me tourne vers vous, poitrine fière et haute...
Dans ma voix, un désir étranglé.


Non... Prête je ne suis...
Thorvald... Aidez-moi..
Habillez-moi.... Maquillez-moi...



Thorvald_
Le parfum de rose flotte dans la chambre, entêtant, plus appuyé encore que dans les autres pièces. Thorvald s'y est habitué, tout comme il est habitué à côtoyer les corps dénudés des déesses des lieux, frôler, simplement, naturellement ... Sans ambiguïté ni fard. Sur l'invitation, il entre, et les yeux qui étaient restés rivés sur les bottes, se lèvent.

...


Je ... vous aide ...


La voix s'est enrouée un instant. De stupéfaction. Mais le pas est assuré lorsqu'il longe le lit. Au passage, il prend un linge propre et le déploie en silence. Il est devant elle. Blanc sur blanc, le voile se pose sur les épaules et les enveloppent. Les bras l'entourent. Les corps se frôlent. Dans son dos, il défait l'épingle qui retenait ses cheveux. Le tissu glisse vers le bas, entraînant les gouttelettes. Entre eux stoppé, chiffonné, écrasé ...

La soie d'une robe améthyste vient s'ajuster parfaitement sur ses galbes délicieux, offrant outrageusement la pâleur de son sein au regard. Lisser le tout, parfaire un pli, lacer les rubans sur le devant, se perde dans ce creux ... oubli.

Poser sur sa bouche un doigt carmin.
D'un trait d'ébène, à ses yeux vides donner vie.
Pour un soir.
Pour un autre.
Car tel est leur destin ...

Boire à sa bouche l'espoir secret qu'on ne la touche.

_________________
X
See the RP information <<   <   1, 2, 3, ..., 18, 19, 20, ..., 63, 64, 65   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)