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La Rose Pourpre, Bordel des Miracles (2ème partie)

--Mme_madeleine


Mains croisées et sourcils froncés, Mme Madeleine attend que l’on veuille bien ouvrir l’huis pour qu’elle puisse se présenter à la directrice du pensionnat. Il est tard soit, mais tout de même, voilà une façon bien impolie de recevoir un visiteur alors que la nuitée est tombée. Tandis que l’épaule se soulève encore une fois, des pas se font entendre tout près d’elle. La tête bien droite et les yeux rivés sur la porte, elle ne jette pas un regard à l’ombre qui se déplace vers elle, jusqu’à ce que celle-ci s’arrête à ses côtés. Doucement, les pommettes saillantes et le regard acerbe de l’intendante se tournent vers l’homme.

Plait-il ?

Que lui veut cet individu ? D’un air dubitatif, elle l’observe. Encore un de ces goujats qui n’ont de cesse d’importuner les dames, elle en était sûre. Pour elle aucun doute, lui comme tous ses pairs finiraient jugés par le Tout Puissant qui les enverrait expier leurs péchés auprès du sans nom. Ce malpoli ne prenant pas même la peine de répondre, elle reporte son attention sur la porte, poussant quelques grognements au passage.

Humph

Enfin, le bruit reconnaissable de la poignée se fait entendre, suivit d’un grincement, qui laisse apparaître un homme. Froncement de sourcil à la vision d’icelui. Qu’est-ce donc que ce pensionnat où telle tenue est permise pour un veilleur ? Et ce parfum qui sort de ce lieu, lui agressant les narines. Et ce lourd rideau derrière la porte, cachant à ses yeux l’intérieur du bâtiment. Ces fioritures ne semblent pas dignes d’un établissement où de jeunes filles pures sont élevées !

Le chapelet est repris en main alors que l’homme en question s’adresse à elle, l’invitant à entrer. Il tourne, il tourne, égrenant les prières lorsqu’enfin Mme Madeleine pose un premier pied au sein de la Rose. Elle reprend sèchement le portier qui a osé lui donner du ma sœur avant de passer de l’autre côté du miroir, du côté obscur.


Mme Madeleine je vous prie jeune homme, n’avez-vous donc jamais vu une sœur de votre vie ?

Et… le regard s’abaisse, découvrant l’épais tapis qui recouvre le sol, le cœur manque un battement à la vision de cet établissement du vice qui se cachait derrière ces murs. Elle, Mme Madeleine, dans un tel endroit ! Ce lieu de débauche, où l’odeur est intenable. Elle manque de s’évanouir lorsqu’une cuisse laiteuse se dévoile devant elle, lorsque ses yeux rencontrent les pétales éparpillées au sol, lorsque les bouteilles s’entrechoquent, versant leur liquide pourpre dans de grandes coupes. Dieu, quel est ce berceau de la luxure et de la lubricité. Est-ce cela que l’on nomme bordel dans les bouches impures ?

Est-ce ici que les femmes s’adonnent à des pratiques sexuelles innommables, où les hommes viennent assouvir leur désirs pervers alors que leur pauvre femme dévouée les attendent au logis ? Une main se pose sur le mur pour éviter la chute, tandis que l’autre fouille fébrilement dans la poche de sa veste pour en sortir ses sels. Le flacon est débouché et le nez effleure icelui, redonnant quelques couleurs au teint déjà blanc de l’intendante.
--Igor_massovich
Blam ! La porte venait à l'instant de se refermer. L'homme de main du comte ne se sentait guère à son aise. Il n'avait, d'une part, aucune envie de mettre pied en cette cour décriée comme le cimetière abritant les fols et rebus de l'humanité. Il aurait su s'acquitter de cette tâche moyennant un affreux rictus. Mais il s'agissait en outre de rallier le bordel pourpre, dont la couleur attachée au nom lui rappelait étrangement la condition de son maître. Comme quoi, un même élément pouvait être synonyme du meilleur comme du pire... Quelle ne fut sa réaction lorsqu'il reçu sa mission. Il l'accepta néanmoins, comme à l'accoutumée, au prix d'une grimace s'étirant jusqu'aux esgourdes. Né pour servir loyalement.

Ce serait autre chose que de noyer les bâtards dans les douves du château familial. Le polonais demeura un instant face à cette porte close, vêtu d'un complet de lépreux. De nombreux trous, un poil de crasse, disséminé avec application pour gagner en crédibilité. Pas question d'échouer. Il porta la main à sa ceinture comme par habitude, mais n'y trouva point l'épée qui la ceignait habituellement. Un simple poignard, attaché à sa cheville, ferait l'affaire. Encore qu'il n'envisageait pas un instant de recourir à celui ci au bordel. Si tout se passait bien, il n'en aurait d'ailleurs que pour quelques minutes.

Sa poitrine se gonfla. Il se signa. Fervent Aristotélicien, évidemment. Noyé dans le berceau de l'hérésie. Puis il frappa. Deux coups mesurés. Il méditait sur une manière d'accéder à la patronne en évitant tout soupçon. C'est avec elle qu'il devait traiter... On la disait future Reyne, si elle ne l'était déjà. Il n'en savait pas grand chose a vrai dire, si ce n'est les racontars. Mais aux dires de certains, la hiérarchie de ce lieu infâme s'était vue chamboulée.

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- Igor Massovich -
Thorvald_
[Et le loup entra dans la bergerie]

Il avait arrondi de larges soucoupes : la sœur faisait plus vraie que nature. Déguisement soigné. Et ce ton, tranchant et froid ... et cette main qui s'appuie au mur. Et ... et oui ! c'était bien une religieuse ! Mais que faisait-elle ici ??? Thorvald posa sa main sur sa taille et la guida vers la Reine des Roses. Il avait perdu le sourire taquin qui l'avait d'abord accueillie, et la regardait avec un mélange d'inquiétude et d'incrédulité.

Entrez, puisque vous êtes là. Venez, je vous présente à la ... propriétaire ...

Une vague hésitation, fallait-il ajouter au choc ? ... mais puisque les lieux parlaient pour lui, puisque le décor signifiaient déjà la fonction de l'endroit, il compléta :

... La Succube.

Puis il la laissa là, au milieu de la salle, plantée devant les filles en tenues affriolantes, devant les clients muets d'envie, et devant les profondes émeraudes d'une Succube plus sensuelle que jamais. Thorvald s'installa auprès de sa Reine, pour, l'espace d'un instant, faire partie des spectateurs de cette entrée insolite. Admirer le tableau. Une sœur à la Rose ! L'air pincé, vaguement pâle. Le flacon de sels encore en main. Tous attendaient qu'elle se reprenne et parle enfin de sa venue.

Le gardien se pencha vers La Succube. D'un gros doigt délicat, il dégagea de son cou nacré une brune boucle perdue, pour murmurer à son oreille :
Un certain Sirlapinus. Il vient armé et cuirassé, et dit vous connaître. Curieuse ? Il planta ses yeux gris dans les siens en attendant une réponse qui, si elle tardait trop, signerait sa noyade.

Loin, loin, la main de bronze l'appelait à nouveau ...

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X
Lyhra
D'abord elle était arrivée, elle, ELLE, sa perle. Légèrement nacrée, fine, luisante.
SA vierge, Démétria, qui ce soir allait vendre sa fraîcheur au plus offrant.

Tout ce que la maquerelle pouvait souhaiter ce soir, hormis un excellent profit bien sur était que son acquéreur ne soit pas un rustre qui prendrait sans donner, de ceux qui vous retroussent un jupon et vous besognent en ahanant comme un boeuf et sitôt leurs bourses vidées, étalaient leurs vilaines jambes sur les vôtres et ronflaient méchamment.

Or donc, la Succube couvait ce joyau d'un oeil caressant quand Thorvald s'approcha dangereusement. C'est comme si d'un coup, les chandelles brillaient plus fort. Cet homme là lui donnait envie de bien des choses... elle eut aimé être au matin et l'entraîner vers son coquillage de lit.
Un temps pour chaque chose...


Que nous as tu dégotté là ? Souffla t'elle en désignant du menton la vieille chouette échouée là avant de tendre l'oreille au nom prononcé... Sirlapinus dis-tu ? Oui je sais qui il est et ce qu'il veut, nous avons échangé quelques missives...
Elle n'en dit pas plus, les yeux rivés sur la drôle de bonne femme plantée au milieu des cuisses dénudées et qui semblait aussi peu à sa place à cet endroit que la Succube le serait au milieu d'un couvent.

Elle réfléchit une seconde et d'un doigt faussement négligent dessina sur sa main une arabesque compliquée.


Lui, Sirlapinus, montre lui le bar. Il va y boire une coupe, je le verrai après.
Pour l'heure, il me faut savoir ce que cet épouvantail me veut avant qu'elle s'évanouisse purement et simplement sur mes précieux tapis...

Elle fit signe à la femme, si on pouvait l'appeler ainsi...

Approchez donc !
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--Esemyr
Ah, Paris. Son air fétide, toujours. Ses ruelles crasses. Et toujours, cette insidieuse manière de mêler le vulgaire au raffiné. Un bouge à la devanture immonde pouvait cacher un établissement à l’atmosphère feutré, propice aux rencontres étonnantes. Esemyr n’avait pas mis les pieds dans la cité depuis cinq… six ans peut être. Il était parti quelques temps loin d’ici, au-delà des frontières, au sein d’un pays morcelé qui se disait Empire. Faire murmurer le nom de la Salamandre, des tavernes les plus obscures aux alcôves des plus grandes cours. Il aimait qu’on parle de lui dans l’ombre, que le sobriquet qu’il s’était attribué ne naisse sur des lèvres qu’accompagné d’un tremblement irrépressible. Puis il s’était lassé de l’Empire qu’on disait Saint, de ses festivités raffinées, de ses querelles de dogmes, de ces châteaux qui fleurissaient un peu partout. Il restait, malgré tout, dans cet Empire qui en plus de se dire Saint, se targuait d’une ascendance latine, quelque chose de bien trop germanique. Brutal, primitif, vulgaire… Non, décidément, Paris, même dans ses ruelles les plus infâmes, où la puanteur faisait crever les rats, gardait toujours cette infime touche de raffinement qui n’existait que de manière bien trop artificielle au-delà du Rhin.

Paris la soumise. Lascive, étendue là comme une femme attendant son amant. Lui ? Peut-être. Les femmes avaient toujours été sa faiblesse. La seule qu’il se reconnaisse, en tout cas. La vie qu’il avait choisi de mener, ses activités peu enclines à la lumière du jour, ne lui permettait pas de prendre femme, et il se louait chaque soir d’avoir pris cette direction. Une seule femme pour un seul homme. Quelle grossièreté… Quelle hypocrisie primaire, quel aveuglement volontaire… Certains y parvenaient, grand bien leur fasse. Esemyr, lui, découvrait chaque matin, lorsqu’il parcourait les marchés, parmi le petit peuple, ou louvoyait au sein des cours, entre les représentants de la haute noblesse, de nouvelles fleurs à cueillir. Combien stupide il serait pour s’interdire, la faute à un serment sans fondement prêté devant les hommes, d’aller effeuiller chaque soir ou presque une fleur aux senteurs, aux couleurs, à la texture aussi variées que chacun des matins du monde. Certes, il revenait parfois auprès d’une déjà connue, pour le seul plaisir de voyager en terres explorées. Les plaisirs ne le sont que lorsqu’on les varie, après tout. Il jouait l’amant fidèle, de temps à autres, pour l’étrange frisson qui le parcourait à savoir que celle qui refermait ses bras sur lui, contre la poitrine de laquelle il se nichait, croyait le posséder pour elle seule. Pour autant, il ne pouvait se contenter de ce seul plaisir. Le désir de l’inconnue était bien trop puissant.

Promenant sa silhouette gracieuse au fil des ruelles sombres, la Salamandre frissonnait de découvrir de nouvelles perles, des fleurs graciles prêtes à être cueillies, totalement vierge de son regard, à défaut du reste, parfois. Il se murmurait, dans les lieux les plus mal famés de la ville, que le meilleur endroit pour ce type de cueillette se nommait la Rose Pourpre. Quelle évidence… Les jolis pétales qu’il pourrait effeuiller là bas seraient sans nul doute à son goût. Et puis, comme chaque soir, il s’esquiverait, après avoir payé son morceau de paradis, vaincu par la lassitude. Cette étrange mélancolie l’avait gagné depuis longtemps, déjà. Plus il en cherchait l’origine, plus il craignait qu’en réalité, elle n’ait commencé à naître dès sa première escapade au royaume des sens. Petit à petit, de manière fugace, elle s’était installée, et rien ne pouvait l’empêcher d’envahir son âme, une fois les amarres larguées et la marée retirée. Une fois passé la puissante déferlante qui parachevait ce voyage étrange et pénétrant que l’on nomme, prosaïquement et par une ignorance déplorable, l’acte d’amour. C’était alors cette mélancolie insidieuse qui prenait la place laissée vide par l’explosion de ses sens. Et, dans cet instant tragique, il trouvait que tout cela n’avait plus tant d’attrait. Que les femmes, ces anges qui se révélaient démones, ne méritaient plus vraiment qu’on se laisse guider par elle. En ces heures là, qu’elles soient adorablement prudes ou pleines d’expérience, diaboliquement corsées ou d’une candeur désarmante, les filles de haute ou petite vertu ne l’intéressaient plus.

Puis, quelques heures ayant passées, parcelle après parcelle, sa peau frissonnait à nouveau en croisant un jupon, un corsage dentelé, un regard à la dérobée. Tout revenait, puis tout repartait. Cycle étrange de ses émotions, qui le faisait passer de la fébrilité d’un jeune adolescent au soir de son premier soir à l’amertume d’un homme qui a tout vu et pour qui rien n’a plus d’attrait. Etrange blessure que celle-ci, glanée dieu sait comment. Moins nette que celles tracées par la lame d’une dague, plus insidieuse que l’étrange chaleur qui vous envahit lorsqu’un poison brûle vos veines. La Salamandre s’y connaissait en blessure, mais celle-ci, il doutait de pouvoir en guérir un jour.

Il glissait d’une ombre à l’autre, sans trop savoir pourquoi. Peut être l’instinct prenait-il le pas lorsqu’il se perdait dans ses pensées. Il arriva en vue de la porte qu’on lui avait indiquée. Il vérifia, par quelques gestes tant répétés, que sa tenue était convenable. Hors de question de passer pour un vil cancrelat de passage venu se rincer l’œil. Il avait les moyens, largement, d’acheter tout l’établissement s’il le voulait. Les prestations haut de gamme de la Salamandre se monnayaient très cher. Aucun pli disharmonieux sur ses vêtements. Ses longs cheveux noués au niveau de sa nuque, aucun ne dépassant, exceptée cette mèche savamment laissée libre, qui descendait nonchalamment le long de sa joue.

Esemyr se savait attirant. Ses yeux d’opale, aux reflets qu’on jurerait être violets, faisait des ravages dans la gente féminine, qui ne le craignait pas, au premier abord. Son allure légèrement efféminée, ses manières un peu précieuses, sa démarche gracieuse amenaient tout d’abord n’importe qui à se poser des questions sur ses préférences. Les femmes, ainsi, étaient tout à la fois intriguées et rassurées par quelqu’un qui, visiblement, ne pouvait leur faire grand mal. Puis peu à peu, le jeu de la séduction s’installant, elles se retrouvaient piégées de l’avoir trop laissé approcher.

Un petit sourire naquit sur ses lèvres alors qu’il frappait à la porte. Tandis qu’on lui ouvrait, il crut bon de se présenter.


Esemyr d’Alcée pour vous servir, l’ami. Il est, parait-il, dans votre établissement, de jolis moments que l’on peut grapiller pour quelques écus. J’espère être tombé au bon endroit…
pnj
L’envers des choses l’avait toujours fascinée. C’est pourquoi elle n’avait même pas eu à décider de ne jamais vivre au bon endroit.

Tu seras pêcheuse, ma fille. Tu passeras ta vie comme nous, au bord de la Seine.

Et elle avait préféré vivre de l’autre côté du miroir, non pas à la surface de l’eau, comme sa famille, mais dans les profondeurs, en compagnie des poissons qu’elle aurait dû attraper pour gagner son pain.
Et de profondeurs en profondeurs, elle s’était enfoncée dans la Cour des Miracles, loin des pêcheurs, au grand désarroi de ses parents. Elle y avait connu la lie de l’humanité, les cloaques, le monde sous-marin des assassins et des voleurs.
Tous, elle les avait accueillis en son lit, va-nu-pieds, marchands, honnêtes gens, bandits, qu'ils soient bons ou mauvais amants Tous, ils lui avaient parlé de terres à conquérir, à acheter, à cultiver. Même le plus misérable des gueux avait son bout de terre à défendre, celui sur lequel il avait posé ses pieds. Elle, cela lui importait peu, la terre. Elle se taisait et rêvait d’océan.

Les voyages, ce n’est pas pour toi. Qui t’a parlé de sirènes et de pirates ? Ce sont des absurdités. Et finis donc ton poisson.

Pourquoi Line préférait-t-elle toujours ce qui ne semblait pas avoir de sens ?
C’était ainsi. Elle s’était évadée car elle ne voulait pas rester là, au bord d’un fleuve, à perpétuer le cycle familial. On pêchait, on vendait, on mangeait, on faisait des petits qui mangeaient, vendaient, pêchaient…Finalement, poissons et pêcheurs étaient pris dans le même filet.
Non, la Seine qu’elle aimait tant ne lui suffisait plus. Elle voulait aller plus avant à présent. Mais pour voyager, mieux vaut se munir d’argent. On n’en trouve pas sous tous les coquillages.
C’était une belle ondine, elle savait y faire avec les hommes, alors elle était venue à la Rose Pourpre. Ainsi elle allait en avoir de l’argent, dès ce soir. Assez pour le départ ivre vers la mer ?

Voulait-elle toujours partir ? Suis-je bien à ne plus errer ? Suis-je arrivée quelque part ?

Thorvald...un ami...avec lui, l’ambiguité aquatique...les bains...on les lui avait confiés...tous les délices marins sont à inventer dans un tel lieu...l'amour... la Succube… La vie pouvait être douce ici.

Oui...

Oui mais.

Finalement, en venant ici je n’ai pas tant désobéi.

J’étais destinée à pêcher les poissons au bord de l’eau et me voilà pêcheuse d’hommes au bordel.

Et l’océan ? Toujours loin, l’océan.

Alors ? Que faire ?

Se noyer à jamais dans les yeux de la Succube ?
Ecarter les cuisses et y accueillir, tous les soirs, le destin ?

Et après, quand je serai vieille ?

Line se mire dans la glace de sa chambre. Elle est si belle et si jeune, ainsi parée de voiles semi- transparents, sertis de petites pierres bleues et de coquillages étincelants de lumière lunaire. Une véritable sirène venue d’Orient.

Mais quand je serai vieille ? Pourrai-je me regarder ainsi dans le miroir sans me dire : vieille catin, qu’as-tu fait de ta vie ? Où est l’océan promis ? Pourquoi n’as-tu jamais été enivrée « d’être parmi l’écume inconnue et les cieux »1 ?
Line mélancolise, tourne et se brise sur une chaise, en proie aux sanglots intérieurs. Et Raven, oiseau de mauvais augure, si bien gardé par sa Sentinelle ? Et la mort ? Et le vide de toutes ces nuits, sans l'ombre d'une aventure au petit jour ?

Son premier soir à la Rose Pourpre serait-il déjà secrètement gâté ? Quelle est cette ombre qui s'agrandit ?

Allons, Line, souris, ton heure n’est pas encore venue, ni de partir, ni de vieillir. L’océan est patient. Pour l’instant, viens, car on t’attend peut-être, viens rencontrer l’homme d’un soir, celui qui te fera oublier, l’espace d’une nuit, que tu es une catin et que c’est seulement à son argent que tu en veux. Celui-là qui te tournera la tête méritera bien que tu lui sacrifies, pour quelques heures, l’écume, les vagues et l’océan.

C’est ainsi que Line entre dans la salle, adorable d’indécision. Cet homme, est-il déjà là, à l’appréhender ? Ou aime-t-il lui aussi se faire attendre ?


1citation de Mallarmé, in Brise Marine
Rexanne
Et ça y’est, le soir s’installe à la Rose, la nuit tombe son voile obscur sur les Miracles, offrant sa délicieuse discrétion.
La nuit tout est permis.
La Rose déploie ses pétales qui une à une se présente dans la grande salle, autour de sa Reyne Majestueuse, et derrière son bar la tenancière pose un œil amusé sur ce ballet qui soir après soir se reproduit. A ceci près que ce soir n’est pas un soir ordinaire. C’est le Grand Soir.

C’est Thorvald qui le premier se met à la tache, allers-retours incessant entre la porte et la grande salle, amenant les nouveaux arrivés. Pas que les nouveaux arrivants d’ailleurs, un froncement de sourcil se dessine furtivement à la vue du poids mort qu’il transporte et de la fillette qui galope dans ses traces. Quels oiseaux tombés du nid nous a-t-il donc encore dégoté ?!? Bientôt plus un pensionnat et un hospice qu’un bordel ici !

Et puis Obscure, servante qui se permet de se présenter aux clients, faisant double emploi. Comment peut-elle croire qu’elle ne leur a déjà pas proposé la boisson ? Et plus encore comment peut-elle pousser la sottise jusqu'à venir la prévenir de leur arrivée imminente à son bar ? Un regard noir aussi dédaigneux qu’assassin est la seule réponse qui lui est accordée alors que se saisissant d’un verre la brunette l’emplit du vin accoutumé pour la Maquerelle.

Tiens donc potiche à l’humeur aussi changeante que la marée, vas donc servir ta patronne… et dégage moi la vue !

L’intérieur de la joue est mordu juste à temps pour retenir la pique. Non, elle ne l’aimait pas. Un établissement de filles, y’en fallait bien une, fallait pas se leurrer… Pas la peine de jouer à la grande amie pour l’occasion de la soirée, l’hypocrisie ne comptant pas parmi les atouts de la petite intrépide, au même titre que la diplomatie.

La mauvaise humeur est pourtant bien vite chassée à la vue de la ravissante perle rousse qui fait à son tour son apparition. Regards des deux amies qui se croisent, sourire rassurant et lueur approbatrice dans les prunelles tandis que la jolie vierge la rejoint.


– T’es superbe Demounette, tu vas faire des ravages, aux grands plaisir de mes mirettes esbaudies ! Je te sers un verre ?

Un clin d’œil complice avant que ses iris ne soient attirés par une nouvelle entrée.
Et quelle entrée !
Rictus moqueur ancré au coin des lèvres, elle observe l’arrivée d’une mégère sur le point de défaillir. Visiblement vieux jeu et frigide comme pas permis celle là, ne savaiit donc t’elle pas où elle posait l’arpion en franchissant le seuil ?
Désireuse que l’information soit claire autant que consciencieuse dans son amusement à heurter les bonnes mœurs, la brunette tire davantage sur son bustier mettant encore un peu plus à nu l’échancrure de son décolleté, caressant de la main le voile fin et la dentelle dont il est fait.

Tu t’es égarée vieille taupe… Ne sois donc pas si guindée et remets toi en, la Succube t’attends…

Regard entendu qui cueille celui de la Princesse de la soirée, éclat moqueur y brillant. Un signe de la main à l’Ondine qui émerge... Rejoins donc la rive où la boisson coule à flots!
pnj
Il était arrivé, observant le bal des entrées, sans chercher à entrer dans la lumière.Les plus observateur le reconnaîtrons peut être. Cette haute stature, digne jusqu’à l’orgueil, se regard froid, d’un vert vitriol, ce léger plis d’amertume… Il était à l’extérieur, fumant sa pipe d’os, fine et fragile. Ce qui choquait, bien qu’on ne les aies vu se déplacer souvent, ces temps derniers, c’était sa tenue. Une robe de bure, noire de jais, une épée à la poignée d’argent aux serpents, un masque… Là était la chose inhabituelle. C’était un masque de bois. Ciselés et fin, d’une délicatesse extrême. Poli, gravé, et vernis, s’arrêtant juste sous le nez. Il reconnut l’un des hommes patientant à l’huis. Mais n’en montrait rien. Sa voix grave semblait songeuse, et indifférente au reste.

-« Elle était le courage de mille d’entre eux
Bornée et belle jusqu’à l’excès.
Elle était la fierté de ses aïeux
Qu’elle repose en paix.


Des semaines qu’il tente… L’âme, enfuie, l’inspiration perdue, et ces maux s’envolaient et ne se fixaient pas, tel des oiseaux de mauvais augure. Il arriva devant la porte, cogna au heurtoir, et tira une nouvelle volute sur sa pipe. Il était droit, et ne bougeait pas, l’esprit vagabond, semblait il, ou juste, attentif. Il devait bien cela à son frère, de tous les endroits où la langue se délie, celui-ci en était le plus prolifique. Cela valait bien un peu de patience. La porte s’ouvrait et avec elle les odeurs d’un intérieur soigné, mais chargé des effluves d’une outrancière féminité. L’ouverture dévoilait un gardien, et non une gardienne, c’était une nouveauté pour lui, mais depuis le temps qu’il ne se montrait plus, il eut été étonnant que les choses n’aies pas changé un tant soit peu. Il prit la parole, toujours sans regarder l’homme d’arme à sa gauche.

-« Bonsoir, j’ai quelques affaires à résoudre, et il n’est pas exclut que je reste pour la nuit.

Il sorti sa lame, sans aucune velléité.

-« Je suppose qu’il est toujours d’usage de se désarmer.


Il la tendit de ses mains gainées de noir, avec une sorte d’humilité totalement déplacée. Si son sourire était épanoui, ses yeux dénotaient, aucune joie, pas de chaleur. Vidé de toute substance.


-« Il me faut voir la Succube…
Thorvald_
La porte pouvait bien vibrer, trembler, tomber, Thorvald était englouti dans le regard de sa reine. Qu'ils aillent au diable les gêneurs : moi, je me repais de sa douce clarté de jade, de ses flots scintillants à l'aube de son âme, des reflets de ma perte au fond de ces yeux-là ... Les mots de la tenancière du bordel mirent quelques secondes à atteindre son cerveau embrumé. Oui, un verre au bar pour Sirlapinus. Était-ce lui qui frappait encore et encore ?! Ou bien allait-on ouvrir la porte à l'entière Cour des Miracles, attroupée pour contempler la sublime,
l'exceptionnelle,
la sublimissime vierge ...
Démétria en personne !

Profitez profitez, une seule représentation !!!

Thorvald se leva, posa au passage un baiser dans le cou de l'ondine revenue d'entre les eaux, fragile hors de son élément, si fragile. Divine Line, heureux celui qui tombera dans tes filets ce soir ...

Et la porte s'ouvre encore.
Un soldat, invité à rendre les armes et à monter à l'assaut du bar.
Un lépreux ... ah non ! pas un lépreux ! C'est pour quoi, mon vieux ? Tiens, voila l'aumône et file dans la noirceur des rues, la pourriture crasse et ... oh
Ooooh un bel étranger. Entrez donc monseigneur, passez que j'admire votre déhanchement. Vous, vous ne finirez pas la nuit : passez la porte et je ne garantie plus rien.
Et et ... un encapuchonné. Manquait plus que ça. Oui oui, il est d'usage. Et pour la nuit, on verra ça hein.

Thorvald range les armes de ces messieurs dans le coffre et reste un instant sur le pas de la porte à prendre le frais. La rue suinte de noir. De temps à autres, une ombre glisse.

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X
Sirlapinus
Seigneur dieux, je haie les grandes cités et ces ribambelles de folasses et d'allumé. J'entre donc dans ce lieux de débauche, habitude acquise depuis longtemps déjà au cour de mon ancienne vie. Une vie de soldat en campagne. Une armée en marche est toujours accompagnée de filles de joie, a l'arrière, pour garder le moral des troupes. Souvent elle deviennent femme d'un homme de la troupe et fond des enfants. Heureusement d'autre arrivent, jeunes, belles, fraiches, parfois elle sont catin de mère en fille, mais qu'importe, ont les prend, car c'est tout ce que l'on a. Certes dans des granges plutôt que dans des maisons, avec de la paille comme couche plutôt que des draps de soie, et....Fichtre de Foutre de bien moins jolie qu'ici....L'homme a l'entrée me demande mon poignard, soit! Je lui donne, de toute façon, ici, je n'en aurai pas besoin, quoi qu'il arrive. Il m'indique le comptoir et je m'y rend, passant devant la bigote a moitie évanoui

Allons ma bonne dame, reprenez vous, vous êtes dans un lieux ou la bonne tenu est exigée....

Je ris de mon mot, elle dénote tant avec le décore, superbe cadre d'ailleurs, l'argent est présente en ces murs, pour sur. Mes yeux papillonnes partout, les senteur sont.....je n'ai pas de mots pour ca, enfin ca sent bon, les filles sont magnifique, et les appartement richement apprêté.
La tenancière aussi est belle, et sont corsage bien ouvert, sont regard de glace impose le respect. Je m'assoie le plus en arrière possible, dans un coin, accoudé au comptoir lustré.


Patronne, je voudrai du vin, donne moi ceux que tu as de mieux pour ca ....

Je depose quelques pieces sortie de mes poches, j'enlève mon manteau, j'attends la succube.... C'est elle, j'en suis sur, cette femme au milieux de sa cours, c'est elle la maitresse des lieux. On me l'avais décrite comme belle et séduisante, elle est bien plus que ca, elle est magnifiquement belle...diaboliquement désirable...et rousse! Sorcière...
Lyhra
L'ondine était apparue et comme gorgée d'eau avait apporté une vague de fraicheur dans l'atmosphère brulante de la Rose... avec sa peau qui brillait comme nacre, elle allait en attirer plus d'un dans ses filets cette sirène là.

La Succube s'impatientait pourtant, comme si son temps n'était pas compté, comme si celui ci n'était pas précieux... Que lui voulait elle enfin cette femme sêche comme un coup de trique plantée au beau milieu de la grande salle ? Une place de laideronne ? Certains hommes pouvaient aimer ce faciès jaunit de privation... comme un défi.

Elle grogna doucement, irritée de devoir se priver de Thorvald repartit assurer son service.

Pourtant il fallait bien qu'ils entrent les prétendants à l'hymen inviolé !

Sir Lapinus s'installait au bar, elle détailla le bonhomme, repensant à sa requête...

Un oeil sur lui, un oeil sur l'autre, muette et pire qu'une statue de cire. Restait son coeur qui battait la mesure, charriant un sang empoisonné qui rougissait ses tempes.

Et mon vin ?!
Obscure ! Jura t'elle, que fais tu vilaine à tant tarder !

Elle étendit ses longues jambes, dévoilant une peau pâle comme une soie blanche.

Qui arrivait donc ? Le rideau bruissait, des paroles s'échangeaient.

Thorvald, qui vient ... ?

_________________
--Obscure
Obscure était partie à nouveau dans ses rêveries lorsque rexane lui donna le fameux verre de vin pour la Reyne Pourpre. La servante ne se préoccupa du regard mauvais que lui fit la jolie brune derrière son comptoir. Pourquoi s'en occuper ? Elle n'était plus rien pour la jeune femme. Au contraire elle lui fit son plus beau sourire et vit que La Succube s'impatientait. Il est vrai qu'elle tardait. Elle prit le verre et vit deux hommes entrer et ne semblaient pas être là pour démétira. Ils regardaient sa patronne, mais que voulaient-ils conc tous ce soir ? N'étais-ce pas la soirée de la jeune vierge de la Rose ? Obscure haussa les épaules et alla endirection de la Succube et lui tendit son verre et dit:

Voici votre verre de vin. Veuillez me pardonner d'avoir été si longue, mais il y a beaucoup de monde et Rexane semble avoir bien du travail. Puis-je faire autre chose pour votre service ou je peux aller en cuisine rencontrer cette petite fille que nous a ramenné Thorvald?

Obscure passait son travail avant toute chose, mais elle sentait la fatigue revenir. Oh qu'elle avait hâte que cette soirée soit finie et que la Rose reprenne un rythme tout a fait normal. Elle attendit donc que La Succube lui réponde...

pnj
Après avoir octroyé un signe de tête au gardien, Il passa les rideaux et autre voilures de l'endroit. Ses pas résonnèrent étrangement dans la grande pièce. Ses yeux sillonaient les perles de la succube. Superbe culture. Apréciateur, il en admirait les éclats modorés, les courbes sinueuses, la finesse de l'ornement. L'enclos respirait le luxe. Velours, boiserie, chaleur, et ces odeurs de femme. La bagatelle était partout, légère et ephémère, papillon de nuit, paré des couleurs du jour. L'une d'elle avait un regard vert, brillant. Comme l'écaille des reptiles qu'il affectionnait tant. Comme un arrêt dans certaines poitrines, lui indiquait que sa fraterie, n'avait pas été oubliée. Ses coins de lèvres se soulevèrent. Ses gestes n'étaient pas lents, mais mesurés, et il se dirigea vers le bar. Son attention fût détournée quelques instants par une soeur en habit. Il sourit, soudain, et sans prévenir, plongé dans le passé, son frère se pavanant avec deux d'entre elle, la cuisse offerte, la lèvre entrouverte, ne se rappellant que du nom de leurs dieu. Azazel. Ainsi il avait dû lancer une mode. Il reprit sa marche, l'oeil allumé par une certaine nostalgie, amusé. Son occupante semblait très affairée. Elles étaient toutes des invitations à la débauche, mais celle ci avait ce je ne sais quoi qui indiquait que ses services se limitaient à la boisson.

Il lui demanda un hypocras, et son attention se retrouva à nouveau sur la dame aux yeux verts. Ses cheveux semblaient des entrelacs de feu. Sa peau était d'une paleur à ne jamais voir le jour. L'encapuchonné a le sens du détail. Lors d'autres s'en approchaient, c'était avec une sorte de déférence.C'était donc la reine, Dame maquerelle. Une forte tête qui ne baissa pas les yeux lors qu'elle croisait les siens, d'une couleurs extrêmement proche. La succube. Il l'avait imaginée fanée par le pouvoir, elle était épanouïe, il imaginait son charme surané, elle avait le magnétisme sensuel d'une flamme, attirante et dangereuse. Comme lui. A avoir ce qu'elle veut. Toujours ou presque. Il lui adressa un sourire en coin, le pouce sur la lèvre, songeur, avant de se retourner vers la demoiselle du comptoir.


-"Vous m'obligeriez si vous consentiez à me dire ce que je peux offrir à boire à votre tenancière.
Lyhra
Merci.

Fit elle en se radoucissant face à la complaisance d'Obscure la servante, se saisissant de la coupe avec une impatience mal dissimulée.
Cette dernière était plus précieuse qu'il n'y paraissait et la Succube avait pour elle sans le montrer une sorte de bienveillance abrupte, aussi elle lui donna congé pour le moment, elle pouvait aller à la cuisine oui...et faire ce que bon lui semblait, même y savourer quelques douceurs si cela pouvait lui donner quelques plaisirs.

Puis, elle fit tomber dans le vin une mesure de cette poudre que lui avait fait remettre Shadahar par l'intermédiaire d'un de ses sbires maudits et délaya le tout afin de le boire hâtivement. Sa vie en dépendait... ! Elle ne pouvait oublier cela tout comme elle ne pardonnerait jamais et si ce damné osait un jour reparaître aux portes de sa maison elle lui planterait elle même une dague en plein coeur.
Mais l'heure n'était pas aux jérémiades d'aucune sorte.
C'était la nuit de la vierge.
La tenture s'était ouverte une nouvelle fois, dévoilant ... elle failli s'étouffer d'une gorgée de son vin au goût acre, dévoilant... la bure que tous connaissait aux Miracles.
Cette bure noire et ce masque... Ils étaient sept autrefois et l'on entendait plus guère parler d'eux, c'était devenu comme une légende... personne ne savait et tout le monde en disait de nombreuses choses.
C'était l'un d'eux, à n'en pas douter. L'un des encapuchonnés mais lequel ?

Un frisson parcourut lentement son dos, finissant de s'enrouler sur sa nuque. Etait-il là pour Démétria ?

_________________
--Jane.
Je te l'ai dit pour les nuages....
Tu ne me l'as pas dit.
Je te l'ai dit.
Non.



Déboussolée, désorientée, atomisée mon âme.
Désarçonné, divisé,décapité mon coeur.
Empoigné, trituré, suspendu le verre.
L'attente, cette attente...

Vous qui venez ici repaitre de nos chairs
Abandonner vos sens aux plaisirs interdits
Céder à la luxure qui lèche vos veines impures
Vous dont bientôt les lèvres se presseront, avides,
contre nos peaux, nos corps vendus, palpitants.
Vous qui dans les ténèbres libèrerez semence,
Dans un ultime plaisir.
Vous.
Attendre que s'ébauche la danse à quatre temps,
dans le noir éclatant, de ma nuit détonnant.



*Je te l'ai dit pour les nuages
Je te l'ai dit pour l'arbre de la mer
Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles
Pour les cailloux du bruit
Pour les mains familières
Pour l'oeil qui devient visage ou paysage
Et le sommeil lui rend le ciel de sa couleur
Pour toute la nuit bue
Pour la grille des routes
Pour la fenêtre ouverte pour un front découvert
Je te l'ai dit pour tes pensées pour tes paroles
Toute caresse toute confiance se survivent







*Paul Eluard
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