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La Rose Pourpre, Bordel des Miracles (2ème partie)

--Mme_madeleine


Les esprits sont à peu près retrouvés, le mur est lâché. Comment a-t-elle pu se retrouver dans tel endroit… la question reste sans réponse dans son esprit qui continue à égrener les prières, telles une bouée de sauvetage qui pourrait la ramener vers une rive moins obscure que ces eaux noires et troublantes.
Une dernière fois, Mme Madeleine fait courir le flacon de sels sous son nez, pour retrouver toute consistance.
Mme Succube avait dit le jeune homme. Soit, elle irait rencontrer cette dame, elle irait plonger ses yeux glacials dans les siens.

Un sursaut de dégoût la ramène totalement à la réalité lorsque le portier ose porter sa main sur elle, sur sa taille inviolée. Même à travers le tissu de la robe épaisse, elle sent la chaleur de cette main, qui lui arrache une grimace horrifiée.


Vous êtes prié de me lâcher jeune homme !


Elle s’apprête à lever la main, pour lui montrer ce qu’il advient lorsqu’on lui manque de respect, à elle, Mme Madeleine, l’intendante respectée et respectable, quand son regard tombe sur la créature à moitié dévêtue qui se pavane derrière le bar, puis sur les hommes qui parcourent la salle en silence, et enfin sur les femmes qui se déplacent comme des ombres, laissant apparaître plus, beaucoup plus que ce que la décence exige.

Non, ce n’est point l’endroit, point le moment d’abattre sa colère sur cet homme.

Le bras redescend le long du corps, pris d’une intense crispation de ne pas avoir continué son geste. Un jour, il lui en cuira à ce malotru, mais pour l’instant, mieux valait se protéger. Qui sait ce qui pourrait lui arriver si elle portait la main sur lui, avec toutes ces personnes autour d’elle.

Elle avance, donc, un regard noir s’abattant tout de même sur le portier, pour se retrouver devant Mme Succube et ses cheveux couleur de feu. Mme Madeleine, durant ce laps de temps, a repris toute la confiance qu’on lui connaît, toute la certitude qu’en ce monde, elle est là pour faire le bien, et pour aider Dieu à punir les créatures du Sans Nom.

Alors qu’elle parcourt le tapis recouvert de pétales de roses, que ses chaussures écrasent sans ménagement aucun, Mme Madeleine comprend enfin.
C’est lui, son Seigneur, lui qui l’envoie en ce lieu du vice. Il souhaite qu’elle les remette sur le droit chemin… comment serait-elle parvenue jusqu’ici sinon ?
Voilà l’explication plausible, il n’y en a point d’autres.

La grimace qui lui sert de sourire se dessine sur son visage pendant quelques secondes, puis s’efface pour laisser place à nouveau au visage austère de l’intendante.

Un dernier pas, et voici qu’elle se retrouve devant Mme Succube.
Petit salut de tête, avant de se présenter.


Mme Succube, je me nomme Mme Madeleine. Vous êtes donc la responsable de ce lieu ?


Elle se lance, toujours droite comme un piquet, faisant face à la rousse, prête à mener à bien la mission que son Seigneur lui a confié, les mains rejointes en une prière muette et les yeux rivés dans les siens.
pnj
Il remercia la dame Rexanne, des écus glissés à son intention.
Et le sourire de se dessiner plus avant, la main pleine d’un nectar coloré, pourpre s’il en est. Délicatesse d’une effluve piquante, finesse du cristal, deux verres une paume à la chaleur de l’âtre, dessine des arabesques chaudes sur le chêne tendre de son masque. Et ses oreilles de se tendent, amusé. Tandis que sa démarche se fait plus souple, chat de salon… couvrant la distance, l’œil rivé dans celui de la succube. Amusante. Le ton grappillé de hauteur, léger tremblement de dégout. Soupir en creux d’oreille sacerdotale.


-« Les voies du Seigneur sont impénétrables, paraît il.


Vibrance des cordes vocale, à peine, le souffle vient du ventre, là ou aiment naître les désirs.

-« Je ne parierais pas sur les vôtres.


Un sursaut, peut être. Et l’œil d’une succube éveillant l’amusement. Et une main emboîtant le pas, peut être un peu trop bas, naissance d’une rondeur cachée. Un fruit nouveau, ferme mais tendre. La menace ne fleurit pas dans le ton, il est d’une douceur presque hallucinatoire, d’un trémolo de moiteur d’alcôve.

-« Tenez vos mains, ne tentez pas le diable. » Susurre t’il donc, tirant un fauteuil pour que Dame pudeur s’installe, à la gauche de l’infernale rousse. Il lui tend son verre. La pâleur d’une main se dévoile. De sa main libre il tourne doucement la paume, de sa main gantée de noir, effleurant des lèvres le poignet de la Succube, avant de lui remettre doucement son nectar.

-« Mes hommages, Madame, permettez que je m’immisce, dans votre emploi du temps. Je ne réponds à aucun nom. Cela permet d’être évoqué à discrétion…

Un subtil abaissement de tête. Le démon était courtois. Il s’installa lui-même, presqu’en face d’elle, légèrement de biais, à portée d’oreille, et de regard…

-« Ne me nommez donc pas… »
Son pouce passa sur ses lèvres, avant de rajouter… « À moins que vous n’aimiez l’imprudence… » Cette dernière phrase, en suspends, il regarde la sœur.

-« Ou l’impudence… Mais d’abord, je laisse Mademoiselle tenir son propos.

Ainsi l’invita t’il à poursuivre sa diatribe qu’il imaginait d’une grande maîtrise, chaste, ennuyeuse au possible. Son sourire en coin visita d’un clin d’œil à la succube, connivence. Il prit ses aises en allumant sa pipe, d’ivoire et très fine, subtilité des odeurs épicées, à proximité de la nonne, les yeux la détaillant… Cherchant ce que l’aigreur dissimule.
--_alice_
Eh voilà, elle entrait dans la cuisine, les yeux grand’ouverts, à observer tout ce qui pouvait lui passer sous la pupille. Le gardien semblait s’habituer au fait qu’elle allait rester à la Rose, et malgré le regard étonné et suspect que l’apparente maîtresse des lieux avait posé sur elle; la belle et grande rousse aux iris verts et perçants, et que le gardien avait l’air d’aduler; cela ne paraissait pas compromis.
Ils étaient entrés seuls dans la cuisine. Le Sieur tenait toujours celle qui s’était étalée devant le bordel; d’ailleurs elle paraissait plus très vivante celle-là. Non sans manque de délicatesse, le jeune homme la posa derrière une porte qui, en cédant, laissa s’échapper une odeur nauséabonde. Alice grimaça, se demandant ce que pouvait être la cause d’un tel fumet.
Lorsqu’il eut fait son hospice et qu’il revint vers elle, la gamine glissa dans un souffle "Alice". L’information n’ayant pas eu l’air d’avoir été enregistrée, elle recommença "Je m’appelle Alice !" Cette fois-ci, le ton avait été plus décidé, bien que la voix, jouée, gardait un aspect gentillet et doux, telle une vraie petite fille.
Mais là encore, même en insistant, le message ne reçut pas de réponse. Tant pis.
On lui glissa sous les yeux un panier de fèves. Quoi ? Déjà au travail ? Elle qui pensait qu’elle allait avoir droit à un bain… Encore une fois, tant pis.
Le gardien tourna les talons, partant s’affairer à son sien de travail, la laissant seule dans la cuisine, son bout de tissu à la main. Ce dernier qu’il fallait qu’elle envoie aux ordures, selon les ordres de son Sieur; La petite prit un air boudeur, mais se résigna, avisant "la chose", répugnante. Soit, il n’avait pas tort. D’un geste rapide, elle s’en débarrassa. Ses yeux noirs s’abaissèrent alors sur ses mains… noires. Elle parcourut la cuisine de ses billes onyx cherchant pour quelqu’eau lui permettant de se nettoyer un brin. Un baquet se présenta donc à elle:

Bonjour petit baquet ! Que dis-tu ? Tu as de l’eau pour moi ? Oh mais comme c’est gentil !

Et elle s’arrosa, dissolvant au mieux la crasse qui régnait sur ses mains et son visage. Une peau claire apparut sous la saleté, contrastant de plus belle avec son regard d’ébène. Une fois qu’elle eut fini de s’apprêter, la mioche retourne vers la table, se hissa tant bien que mal sur un tabouret, tira les fèves vers elle, et commença à les découvrir. « Les éplucher », v’là ce qu’avait dit le gardien. Bon, eh bien, il fallait apprendre un jour !
Elle redescendit du tabouret, chercha rapidement un récipient, prit le premier qui lui tomba sous les mains, une espèce de grand saladier de bois, pas si lourd que ça, qu’elle ramena sur la table, le poussant de ses petits bras, reprit place sur son trône et se saisit d’une fève.
La peau de cette dernière céda sous la pression de ses petites phalanges. Ah ! En fait, ça n’était pas si compliqué que ça ! Et puis répétitif ! Donc facile.
Elle fit un tas des fèves à préparer, vidant le panier, et déposa celles dont elle s’était déjà occupée dans le saladier.
Petit à petit, le tas d’épluchures augmentait. C’était pas si mal de se sentir utile !
Ses petons, perchés dans le vide, battaient la mesure d’une chanson qui lui trottait dans la tête, ce même air qui finit sur ses lèvres en quelques paroles:


Ma mère qui m’a nourrie n’a jamais connu mon nom ! Oh eh ! Ma mère qui m’a nourrie n’a jamais connu mon nom ! Oh eh !
L’on m’appelle, l’on m’appelle, l’on m’appelle Fleur d’épine ou Fleur de rose c’est mon nom.
Tralalala Tralalala Tralalala lalalalalala Oh eh !


--Esemyr
Le portier le fit entrer de bonnes grâces. Grâces probablement feintes, par ailleurs. Regard qui jauge, déshabille. Ils devaient avoir l’habitude des drôles de clients, ici. Un établissement respectable, comme le prouvaient tentures, décorations, pétales de rose. Pas de scandale. Trop vulgaire. Non, ici, on savait se tenir. Mais Esemyr était bien sous tout rapport, à première vue. Le regard du portier était sans équivoque à cet égard. Il ne voyait en lui, nouvel arrivant inconnu, qu’une frêle créature inoffensive, aux mœurs sans doute quelque peu déviantes, qui ne ferait pas long feu. Crois-le, mon ami. Esemyr d’Alcée est une petite chose sans danger. La Salamandre tue comme d’autres récitent un credo. Avec beaucoup d’application, un sens aigu du détail, et un soupçon d’hypocrisie.

Dans un froissement de tissu, Esemyr poursuivit sa route. Des armes à déposer ? Que nenni. Pas d’arme, la Salamandre n’en a pas besoin. Il se murmure du bout de la terre bretonne aux contrées ottomanes, qu’il existe mille et une manières de tuer sans arme. Esemyr en connaît mille et deux, et peut-être plus, qui sait. Tous ces nectars, par exemple, qui apparurent à ses yeux quand il pénétra dans la pièce qui semblait principale, déjà peuplée de silhouettes hétéroclites, pouvaient, par un savant mélange et des dosages subtils, devenir des poisons fort utiles. Mais des armes mortelles, il n’était nul besoin d’en chercher dans les bouteilles et fioles là derrière. La tavernière arborait un corsage à la profondeur qui aurait rendu la vue à un aveugle et ôté la vie à qui osait y aventurer les prunelles. Mais quiconque se désenvoûtait et quittait l’obscurité rassurante de l’échancrure de sa poitrine pour remonter jusqu’à son visage comprenait dans l’instant que les souffrances de l’enfer serait un humble chatouillis face à ce qu’elle réservait à ceux qui oseraient glisser plus qu’un iris sur sa peau douce. Ses yeux étaient un interdit fort suffisant, et seuls les plus hardis auraient relevé le défi. En d’autres temps, peut être aurait-il tenté le diable, lui qui dormait si souvent dans son sillage. Il fallait à coup sûr faire preuve de mille subtilités et manœuvres délicates pour parvenir à endormir sa méfiance et vaincre sa cuirasse. Tentant. Mais pas ce soir, pas par les temps qui couraient.

Esemyr s’approcha du comptoir, y fit son nid pour les minutes à venir. Avec une élégance calculée, il jeta un regard circulaire et désinvolte sur le lieu de plaisir. Pas débauche, non, plaisir. Pas de vulgarité en ce lieu, ou savamment masquée. Pas de ces râles bestiaux qu’on entendait parfois dans les bordels ambulants des armées en campagne. Au suivant, murmurait-on sous ces tentes crasses. Non, ici les couleurs chatoyaient, les sons étaient feutrés. A peine se devinait l’exquis gémissement d’une femme que des caresses adroites amenaient juste à un battement de cil du point culminant de l’extase charnelle. D’une main langoureuse, Esemyr se massa le cou, en profitant pour continuer son tour de la pièce par des regards à la dérobée.

Des femmes, bien sûr. Deux rouquines. Il y reviendrait plus tard. Toujours faire un premier état de la pièce avant de se plonger dans les détails. Une sœur, par là bas. Son esprit l’avait repéré avant que son regard ne s’y attarde, quelques secondes seulement. L’insolite était une des premières choses que son cerveau entraîné notait. Cela lui permettait de décider au plus vite s’il y avait danger. Et il n’y en avait pas. Quelles que fussent les motivations qui avaient poussé cette étrange oiselle jusqu’ici, son air pincé, sa robe proprette et la foule d’émotions qu’elle cherchait à maîtriser étaient autant de signaux qui prouvaient clairement à l’œil averti qu’elle était égarée, ni plus, ni moins. Il faudrait la guetter, du coin de son esprit affûté, car les égarés gardent toujours en eux un soupçon d’imprévisibilité, mais celle-ci aimait bien trop son Dieu pour être véritablement dangereuse. Esemyr avait ses dieux propres et ses rites personnels, sa foi était portée aux nues par cette sorte d’osmose qui ne le prenait qu’en deux occasions : lorsqu’une femme savait faire naître son extase et lui offrir la sienne, et lorsque la Salamandre prenait la vie et s’en délectait.

Deux rouquines. Les hommes avaient peu d’importance. Esemyr avait laissé glissé ses yeux sur eux, suffisamment longtemps pour laisser planer encore un peu le doute, jaugeant le risque qu’ils pouvaient représenter. Un risque certain, le lieu s’y prêtait. L’encapuchonné, surtout. Connus et plus encore par lui comme ils l’étaient, il n’était pas sans ignorer leurs talents. Mais dans la mesure où la Salamandre dormait, ce soir, et que l’endroit n’était pas à la mort, a priori, Esemyr n’alla pas plus loin qu’un simple calcul de chance qui ne l’inquiéta pas outre mesure. Les deux rouquines. De toutes les légendes entourant de leur aura les créatures féminines, celles concernant les rousses avaient toujours exercé sur lui une langoureuse fascination. On les disait baisées par le feu. On prétendait que nombre d’elles n’étaient pas de vraies rouquines, et qu’il n’était qu’une seule manière de s’en assurer. Quoi qu’il en fût, les flammes attiraient toujours les papillons, et les ailes d’Esemyr tremblaient d’aller s’y brûler. La première, de son air sévère à la gestuelle de ses mains, de son œil avisé à la rigidité sereine de son déhanché, ne laissait aucun doute. Elle dirigeait. Les hommes, les femmes, l’établissement. Elle était femme de pouvoir, de celle que l’on ne gravissait que comme le pic d’une montagne, à force de patience, assurant chacune de ses prises, pied après pied. Défi tentant s’il en est. Mais l’autre…

Rouquine aux yeux d’émeraude. Comment faire plus plat, plus attendu, plus convenu. En brisant ces codes bien trop figés par une éclatante lumière qui irradie de chacun de ses mouvements, chaque battement de cil. En donnant aux émeraudes si banales des variantes infinies. Le soleil mourant sur l’horizon d’une mer d’opale. Les teintes printanières des étangs frémissant sous la bruine. Les voiles divins qui irisent le ciel dans les confins nordiques et glacés. La profondeur des océans lorsque plus aucune terre ne vient rappeler au marin qu’il existe un retour.

Et vierge, de surcroît. Cette liberté émanant de son déhanché. Une infime trace de peur au fond de ses prunelles. Et ce parfum évanescent que peu de narine parvienne à déceler.

Il devait se reprendre en l’instant. Il était resté de trop longues secondes sur elle. Il s’ancra sur son tabouret, exhala un petit soupir d’aisance pour jeter à nouveau le trouble sur sa sexualité. Petit sourire envers la tavernière qui avait ses yeux posés sur lui. Depuis combien de temps ? Elle a repéré qu’il la regardait, pas de doute. Et même s’il en subsistait un, mieux valait jouer le jeu. Nier ou faire semblant de rien serait éveiller les soupçons.

Maîtresse des boissons, j’imagine. Vous serait-il possible de me servir un verre ? Un nectar langoureux, pour faire écho à ce très bel endroit, je vous fais toute confiance quant au choix du breuvage. Et si vous le permettez, gracieuse tenancière, une petite question… Quel est le nom de cette charmante petite hirondelle que je vois là bas ?
--Demetria.
Le compliment de Rexanne attire irrémédiablement sur les pommettes de la Vierge le rose timide qui leur va si bien. A peine un sourire qui s'esquisse, de quoi creuser en un léger sillon sur la joue en forme de fossette. Hochement de tête imperceptible alors qu'elle accepte de bonne grâce le verre offert par la tenancière. La belle brune a toujours su choisir pour la jeune rouquine la boisson qui convenait à l'occasion ou la conversation.
Elle a encore dans le nez mutin qu'elle tend vers la préparation de son amie les effluves odorantes, tantot sucrées ou plutot épicées, des précédents breuvages savamment conçus par Rex'. Le dernier... elle s'en souvient comme si c'était hier, et ça tombe plutot bien, c'était hier soir justement. Une conversation des plus agréables engagée par un Belombre charmeur, sur des sujets qui auraient pu en d'autres temps s'avérer d'une banalité ennuyeuse, et qui la veille avait coloré une soirée qui s'annonçait pourtant morose.

Voilà la cinquième nuit qu'elle passe à la Rose... Cinquième soirée depuis celle où elle s'était présentée, vêtue de sa robe de toile et d'une cape de laine de bonne facture. Ne demandant qu'un repas, recevant une proposition d'emploi en échange, et une promesse sonnant comme autant d'écus sur le comptoir... Sa virginité contre un toit, de la nourriture, de l'argent et la sécurité... Sans l'avoir encore cédée, elle avait déjà gagné la chaleur, l'amitié, l'animation d'un Bordel décidément peu propice au calme plus de quelques heures et de quoi se vêtir convenablement.

Enfin convenablement... Pour sûr, sa mère ne penserait pas comme elle, à la voir ainsi couverte, ou découverte, selon le point de vue. La soie verte qui coule sur les courbes encore imparfaites de l'adolescente, ombres qui dessinent sur le tissu les reliefs d'un corps presque enfantin et pourtant si féminin déjà.
Si sa poitrine ronde et pleine se devine à peine sous l'étoffe fine qui couvre jusqu'à la gorge blanche, l'échancrure de son dos descend, révélant l'échine, jusqu'à la cambrure de ses reins, laissant entrevoir lorsqu'elle se meut des hanches qui s'arrondissent un peu plus chaque jour... Le fin lacet qui noue la robe sur sa nuque gracile court sur son dos, terminé par une perle qui oscille au même rythme que sa mèche bouclée qu'elle a laissée hors du chignon lâche qu'elle porte ce soir. Non, sa mère n'apprécierait sans doute pas.
Elle n'en a cure, Demetria, puisque la Reyne Pourpre et Rexanne ont donné leur avis, pour l'une dans le regard, pour l'autre expressément, et qu'il n'y a bien que ceux là qui comptent désormais pour la jeune pucelle.

D'une main fine elle récupère le verre que la tenancière lui tend avant qu'elle ne soit appelée par son devoir et ses clients. Se hissant sur l'un des tabourets hauts au bout du bar, elle prend sa place favorite. Entre les portes vers les cuisine, l'escalier, le regard donnant vers la porte, les alcôves et le bar.
D'ici, la Vierge peut tout voir, tout détailler, observer. Son occupation favorite depuis qu'elle est entrée à la Rose à vrai dire. Sans jamais se lasser, les émeraudes farfouillent, glissent, ébauchent, fixent et parcourent les clients, les catins, le portier, la Reyne et les mille et une petites choses qui peuvent intéresser ne serait-ce que quelques secondes une jeune fille de quinze ans.

D'autant que partie depuis le début de la journée se perdre dans le Ventre de Paris, elle a raté nombre d'évènements qu'elle s'empresse de deviner maintenant. Qui est donc cette jeune femme qui semble perdue, au regard vide, la petite fille que Thorvald conduit aux cuisines, encore une... Vague question qui traverse l'esprit de Dem': "Mais bon sang, que fichaient des enfants à la Rose ?" ... Et puis des arrivées...La religieuse semble se remettre difficilement de son malaise.
Et rend Demetria mal à l'aise. Froncement d'un nez mutin, alors qu'elle tourne rapidement le pers de ses prunelles vers une autre direction. Elevée par des membres de l'étrange confédération des nonnes, elle n'en garde pas un souvenir impérissable, en tout cas pas de quoi l'enchanter de recevoir dans cet endroit qu'elle considère aujourd'hui comme "chez elle", et elle fuit la vision de cette femme.
D'autant que la porte s'ouvre de nouveau.

L'homme qui la passe... Fin, gracieux, élégant. La démarche aussi féline et glissante qu'il était possible de l'imaginer pour quelqu'un qui ne portait pas de robe fine... La mise impeccable, malgré le temps extérieur et les aléas d'une traversée de la Cour pour arriver jusqu'au Bordel. Les sinoples tentent de se cacher derrière les longs cils clairs qui les bordent pour mieux observer l'étrange arrivée.
Elle en a vu passer et repartir, des hommes, dans ce temple de la luxure, elle les a observés, avec dans un recoin de sa tête cette question la taraudait depuis qu'elle avait accepté de servir icelieu... "A quoi ressemblera mon premier ?" Mais à part Thorvald qu'elle ne voyait que peu, qu'elle savait ne pas être celui qui la déflorera, elle n'en avait que peu aperçu... Et jamais ici. Intriguée, elle le suit du regard, curiosité toute juvénile. Alors qu'il s'approche du bar, elle s'aperçoit soudain qu'il la détaille également, et baisse la tête, rose virant au rouge sur les joues de la Pucelle.
Pas tellement qu'elle soit gênée, elle sait que ce soir elle est l'attraction de la Rose, mais parce qu'elle l'observait également, et que ce n'est pas correct de fixer les gens... Vite, trouver un autre point de mire, ne plus prêter attention à ce jeune éphèbe dont les yeux l'attirent pourtant, maintenant qu'elle les voit de plus près. Couleur étrange qu'elle ne reconnait pas. La porte, scruter la porte.


Qui vient d'être franchie par un homme encapuchonné... Trop jeune, la rouquine, pour reconnaitre là l'un des membres d'un des groupes autrefois puissant de la Cour, mais l'aura qui se dégage de l'homme, la présence de La Succube à ses côtés, elle se doute, instinctivement... Sans qu'elle n'y prête plus attention que ça.
D'autres entrées, le retour d'une Ondine qu'elle salue d'un sourire, bien que n'ayant pas eu le temps encore de converser avec la nouvelle habitante de la Rose... Suivre Rexanne des émeraudes, gravant en mémoire les gestes, les alcools et autres épices que la Brune verse avec dextérité dans les verres à servir.
Et à la dérobée, Demetria cherche à percer le mystère de l'homme aux manières. De toute façon, elle a toute une soirée d'observation qui l'attend... Autant commencer tout de suite...


('ci à Debussy pour l'inspiration )
________________
Lyhra
Si elle avait été de ces femmes qui pouffent de rire, la Succube eut sans doute succombé à un bel accès d'hilarité face à cette Madame Madeleine aussi roide que la queue d'un homme en rut.
Elle se contenta pourtant d'un coup d'oeil moqueur en direction de Thorvald qui avait manqué de peu un soufflet à en croire la main crispée qu'elle avait, à temps, remisée contre sa hanche ingrate.
Bien, elle gagnait un répit avant de finir dehors, à coup sur celle-ci n'avait rien à faire entre les aimables murs de la Rose ! Mais la Succube résolut de la laisser vider son sac.

Et le pendant de cette nonnette offusquée se devait d'être un démon, pas des moindres, l'un de ceux que la cour cache en ses abysses. L'un des sept frères. Du moins elle en aurait juré. Jamais elle n'avait été aussi proche de l'un d'entre eux et c'était effroyablement enivrant, au point qu'elle failli lâcher la coupe qu'il lui offrait. Mais la Rousse su se ressaisir à temps, lui adresser un coup d'oeil flatté, l'assurer du plaisir sans pareil qu'elle avait à le trouver ici, chez elle, en ce soir de fête.
Oui, la vente d'un hymen était une célébration festive en ce temps là !

C'est avec peine qu'elle détourna les yeux, englobant sous un feu vert brûlant la dite Madeleine en lui intimant de poursuivre, glissant sans vergogne sur un client s'adressant à Rexanne, sur Jane dont c'était la première nuit à la Rose...
Plairait-elle à celui dont le masque ne laissait rien voir ?
L'on disait parfois qu'ils cachaient un visage marqué par le démon.
Elle... elle n'y verrait rien...
Ou était-il là pour Démétria ?


Vous êtes dans la vrai Dame Madeleine, je suis bien la maîtresse du plus fameux bordel des Royaumes !
Que puis-je pour vous ?
_________________
Rexanne
La porte n’en finissait plus de s’ouvrir et se fermer.
Depuis le hall d’entrée des éclats de voix, quelques bribes qui indiquent lorsqu’une arrivée est imminente… Et les hommes s’égrainent…

Et un homme…

Au comptoir il s’installe, en retrait certes, mais avec les manières de celui qui s’avance en terrain conquit.

- Patronne, je voudrais du vin, donne moi ce que tu as de mieux pour ca ....

Paroles égrainées avec autant de nonchalance que sa main qui fait l’aumône au comptoir.
Rictus amusé qui se dessine sur le coin des lèvres de la brunette qui, faute de pouvoir le regarder de haut vu sa taille, pose un regard aussi dédaigneux que moqueur sur les piécettes libérées. La soirée s’annonce haute en divertissements…


– Eh bien ! Le bonsoir à vous aussi ! Pour commencer je ne suis pas la Patronne, La Succube c’est la rousse flamboyante là bas. Gracieux signe du menton à l’appui avant que le timbre ironique de résonne de nouveau. Ensuite pour vous payer un de mes verres de vin faudra en sortir d’avantage de vos pièces sonnantes et trébuchantes, c’est pas le premier tripot du coin ici et on se rince pas le gosier à l’œil, œil qui est déjà comblé rien qu’en passant la porte. Et pour finir on n’a pas élevé les cochons ensemble que je sache alors tenez vous en au vouvoiement, allez savoir pourquoi mais je déteste qu’on me manque de respect !

Doucereuse mise en garde alors qu’armée d’un regard empreint de provocation elle repousse vers lui le trop maigre tas de piécettes. Si de la Rose elle n’est pas un Pétale… c’est qu’elle est l’Epine.

Deux hommes…

Pas n’importe lequel… Un Encapuchonné… Reconnaissable entre mille… Coin de lèvre qui se rehausse, du beau monde tiens ce soir… Remue-ménage en vue ?
Un hypocras, bien sur, tant que vous avez de quoi le payer ! Et un verre pour la Maquerelle ? Très bien, deux hypocras, deux !
Regard interrogateur qui le suit alors qu’il emporte les verres… Pourquoi diable souhaitait-il s’entretenir avec la Patronne ? Tout de même pas pour Dem’, non pas ma douce petite Vierge en ses pattes douteuses, je ne pourrais dormir tranquille…

Trois hommes…

Un homme a l’apparence soignée qui entrait cette fois… Le comptoir qui l’attire en premier lieu, étape obligatoire du marathon d’une nuit qui s’annonce. Il s’installe, il observe, tel le fauve aux aguets et aussi discret soit-il, rien n’échappe à la Brunette. Petite Dem’ qui en envoute un de plus…
Pas le premier, pas le dernier.
Les mâles ne savent résister à sa fraicheur candide, tels les vautours planent autours d’une viande particulièrement avariée. Sourire moqueur qui s’esquisse, malgré les muscles quelle faiblesse messieurs !
Regards qui se croisent finalement. La lueur espiègle qui tressaute au fond de l’onyx ne laisse pas la place au doute : elle l’observait. Il le sait. Elle sait qu’il sait. Aucune honte, aucune gêne. Pas le moindre rose ne montera aux joues, jamais le regard ne sera détourné.

- Maîtresse des boissons, j’imagine. Vous serait-il possible de me servir un verre ? Un nectar langoureux, pour faire écho à ce très bel endroit, je vous fais toute confiance quant au choix du breuvage. Et si vous le permettez, gracieuse tenancière, une petite question… Quel est le nom de cette charmante petite hirondelle que je vois là bas ?

Un sourire gracieux qui répond le premier aux paroles habiles, fin Renard, heureusement que Corbeau elle n’est pas, elle en perdrait son fromage !


– Et vous imaginez juste. Le bonsoir à vous. L’hypocras sera peut être un peu doux pour un sire de votre prestance, de tout aussi voluptueux mais un peu plus corsé je puis vous offrir une liqueur de Rose, rien de tel pour vous plonger dans l’ambiance.

Sourire malicieux alors qu’une main se lance à la quête du flacon en question tandis que sa sœur poursuit le verre adéquat.

– Quant à la jolie Rousse son nom est Démétria. Elle est l’immaculée dont l’hymen est mis aux enchères ce soir.

Regard protecteur qui se pose un instant sur le brin de jeune femme qui trone au bout du bar, sourire franc et amical qui effleure ses lèvres, qui s’y accroche un fragment de seconde, le temps d’un battement de cœur, le temps de revenir au client.

Du bout des doigts, le verre empli de la liqueur parfumée est poussé jusqu’à lui.


– Seriez vous en ce lieu pour cette occasion spéciale ou doit-on le plaisir de votre visite au hasard de vos pas ?
Sirlapinus
He bien dit donc, en voila une réponse foudroyante, mes yeux sont rond de surprise. Les gueuses sont donc aussi chic que des dames du monde, j'aurais du m'en douter vu l'écrain dans lequel sont sertie ses diamants. En d'autre circonstances je lui aurais fait ravaler sa langue de vipère, mais là, la diplomatie serai surement plus approprie. Elle s'eloigne maintenant, pour servir cet homme bien étrange, he bien... sacré bonne femme. Je range ma ferraille, puis lorsqu'elle s'approche a nouveau, je lui glisse d'un ton courtois.

Veuillez excuser, belle dame, les manières un peu rustre d'un vieux soldat trop longtemps reste en compagnie de soudard. J'en ai oublie les bonnes manières. Je ne voulais point vous manquer de respects, mais je tutoie par habitude plus que par volonté.

Je désirerai cependant gouter, moi aussi, à une des liqueurs dont vous avez le secret, et ceci devrai largement compenser ma consommation, tant visuel que gastronomique.

Je sort des plis de mon habile une petite bourse de la taille d'une pêche, pleine de pièce, que je pose sur le comptoir face a moi. Ces pièces en provenance des quartes coins du monde, amassée à la force de l'épée. Elle on l'odeur du sang et des larmes, mais leurs éclats dorée fait naître sur les visages la convoitise, l'envi, des traits de malice dans les yeux et sinon un sourire béat.
Malgré ma discretion, mon manège n'est pas passe inaperçu, évidement, certain n'ont sans doute pas raté une miette de ce que je viens de faire. Cela me fait doucement rire, mais maintenant je dois rester sur mes gardes.

En attendant la réponse de la harpie, ou bien un verre, je prend le temps de regarder ceux qui sont la, devant moi. Les hommes paraissent calme et paisible, tant mieux cela me change des gourbis habituel, mais attention à l'eau qui dort, le masque et le capuchon ne me dise rien qui vaille, le beau parleur non plus. Tous dégage une aura malfaisante, et les femmes n'en sont pas moins dangereuse, preuve en est cette tenancière de caractère.

La pucelle vient de s'assoir non loin, elle est vraiment belle, mais bien trop jeune pour moi, et puis je ne suis pas venu pour ca, quoi que si l'occasion se présente... Non du moins pas encore.


On m'appelle Messire lapinus, en raison du porte bonheur que je possède. Mais je suis dans l'ignorance, pouvez vous m'éclairer? Comment dois-je vous appeler?
Et de combien de ces babiole allez vous me soulager?
--Obscure
Obscure vit bien que la Succube avait été énervée de l'attente, mais ce n,était point la faute de la servante si la serveuse de boisson était trop lente. Mais la jeune femme cru voir dans les yeux et la voix de La Succube une attention particuliére pour elle .Ainsi la ptronne l'aimerait birn quand même ? Elle haussa les épuales et fut heureuse de l'entendre dire qu'elle pouvait aller se reposer aussi longtemps qu'on aurait pas besoin d'elle. Obscure lui sourit et dit:

Je serais donc à la cuisine. Si vous avez besoin de quoi que ce soit je ne serais pas loin. Vous ne m'aurez qu'à m'appeller et je viendrais aussi vite que possible. PAsser une excellente soirée.

Obscure partit donc dans un joli son de froufrou vers les cuisines. La jeune servante entra et vit toute de suite la petite fille qui semblait travaillait. Et bien elle avait une petite apprentie avec elle miantenant ? Elle ne put s'empêcher de ne pas sourire. Elle adorait les enfants. Même si elle ne l,a jamais dit elle avait déjà eu un enfant.Obscure garda donc le silence en observant la petite qui se parlait et qui semblait bien travailler. Elle s'approcha tranquillement pour ne pas L,effrayer et dit à l'enfant d'une voix mélodieuse et douce:

Bonjour. Je me présente Obscure servante depuis quelques jours à la Rose Pourpre. Tu es ici dans ses cuisines dans mon royaume. Oui je sais ce n,est pas grand chose, mais j'ai quand même toute une pièce à moi. DDit moi je vois que tu as commencé à travailler. On t'as nourri au moin ? Tu as peut-être encore faim et après ton travail on pourrait aller aux bains et tu pourras te laver et changer de vêtement, car si on veut avoir sa place ici. Il ne faut pas avoir l'Air d'une petite mendiante. Si tu veux je peux t'aider à continuer. Et toi quel est ton nom ?

Obscure la regardait déjà avec tendresse de ses grands yeux bleus et lui souriait d,un de ses plus veaux sourire sincéres. Elle voulait vraiment l'aider la petite. Elle ne voulait aps qu,elle se retrouve comme elle dans sa situation ou pire. La servante de la Rose avait dans l'idée de l'aider à apprendre le métier et qui sait elle pourrait même être servante dans de grandes maisons plus tard. Le mieux ce serait qu'elle ne reste pas jusqu'à la fin de ses jours dans la Cour des Miracles comme elle et tant d'autre. La jeune femme se mit à la tâche et commença à préparer déjà le déjeuner du matin. Cela lui éviterait de se lever plus tôt et elle pourrait passer du temps a vec la fillette. Obscure tout en travaillant espérait que l'enfant lui réponderait....

--_alice_
Le travail allait bon train. Le tas de fèves pas prêtes se réduisait maintenant à une petite poignée tandis que celui d'épluchures grossissait à vue d'oeil. Toujours les pieds ballants dans le vide, Alice fredonnait toujours son petit air qu'elle aimait bien.
Les gonds de la porte de la cuisine grognèrent au passage de jolie dame du début. Le regard de la petite ne leva pas les yeux de son travail. Fallait tout finir avant de se préoccuper d'autre chose ! Et puis y'en avait plus pour long maintenant !
Une voix doucereuse s'éleva dans la pièce ; ainsi elle était dans un antre bien particulier, son sien à elle. Ma foi, c'était en effet déjà pas mal ! Et quoi ? Il fallait encore qu'elle répète son prénom ?
La gamine soupira en son fort intérieur, s'enticha d'éplucher correctement la dernière fève, eut le plus grand des sourires de satisfaction personnelle et sauta du tabouret pour rejoindre la demoiselle qui s'était mise aux fourneaux.
Les billes noires de la gosse se posèrent sur elle. Sa petite voix décidée et claire allait résonner entre ces murs.


Moi, c'est Alice. Dis, pourquoi on t'appelle Obscure ? T'es pas si foncée que ça !

Les questions des enfants... Toujours aussi particulières, n'est-ce pas ? Cela dit, la petite regardait les gestes de la servante. C'est qu'elle avait toujours faim mine de rien ! Et puis, elle avait bien travaillé sans broncher ni même poser de question, alors ça serait une pitance bien méritée ! Et enfin, elle avait parlé de prendre un bain. Cette perspective, longtemps regardée, allait bientôt arriver, et à en regarder ses haillons, c'était pas plus mal !
La petite se souvint d'un coup qu'elle avait quelque chose qu'il allait falloir soit planquer dans un coin à elle, soit marchander... Coup d'oeil vers la servante... Est-ce qu'elle serait digne de confiance ou bien irait-elle moucharder au moindre vol au vent ? Mmmh... Scepticisme et compagnie...
La bourse était toujours à sa place, ficelée à la taille et cachée par la petite cape miteuse. Elle ne saurait dire combien il y avait dedans, mais sans doute une bien jolie somme ! Mais il ne fallait pas qu'elle soit découverte. Il fallait attendre.
Elle retourna rapidement à la table, se hissa pour mettre toutes les épluchures dans le panier, puis à la poubelle, fit l'aller-retour et poussa le saladier de fèves sur la plan de travail où était la servante. Avec un petit sourire interrogateur, elle la regarda, comme pour dire, "c'est bien, mais on en fait quoi ? et puis, oui, j'ai faim moi ! et c'est quand le bain ?"
Pas exigeante pour un sous la gamine ! Mais non ! Non vraiment, vous allez chercher de ces trucs, vous !


--Obscure
Obscur equi était en train de mettre du pain au four n'entendit pas la petite approcher . La servante se releva en essuayant les mains sur son tablier et la regarda. Elle se mit à rire d'un doux rire lorsqu'elle lui demanda pourquoi on l'appellait Obscure. Ellle se pencha à sa hauteur et dit:

Il est vraiq u'obscure n,est pas mon vrai nom. Obscure pour mes yeux et mes cheveux, mais surtout parce que personne ne me connaît vraiment et que si quelqu'un tente de percer mes secrets se ramassent avec des trous noirs. Obscure n,est qu'un nom, mais comme toit pourquoi t'appelles-tu Alice ?

Obscure sourit et se releva et continua à se mettre à la tâche. Dès qu'un des pains fut prêt elle en sortit un et donna un gros morceau à la petite pour qu'elle mange. La servante de la Rose regarda le Panier et se demanda bien où donc avait eu la tête de Thorvald pour lui donner cette tâche. Elle trouverait bien en temps et lieu quoi en faire. Elle finie son travail et alla s'attabler à la table avec l'enfant et dit tout en souriant:

Dit moi qu'aimerais-tu être plus tard? Aimerais-tu passer quelque temps ici avec moi à travailler pour la Rose Pourpre? Tu saiscela me ferait très plaisir que tu restes mais je ne veux pas te retenir. Mes horraires sont: je me lève la première le matin pour faire le ménage de la nuit, je prépare la table pour déjeuner, je fais un peu de nettoyage, je vais faire des courses si La Succube me le demande, je prépare la salle pour l'autre soir et comme tu vois je reste aux cuisines. Nous nous couchons tard, mais toi si tu travaillais avec moi tu ne serais pas obligée de rester éveillée toute la nuit. Tu en dis quoi? tu reste ou tu repars? Tu auras un toit et de quoi manger ous les jours. On ira t'acheter de nouveaux vêtements. Et pour ce qui est du bain il faudra attentre que la soirée soit terminée et que toutes les filles soient passées et par la suite nous pourrons y aller.
--_alice_
Eh ben ! C'est qu'elle en pose des questions le jolie dame ! Mmmh... Bon, on va tenter de reprendre les questions une par une...
La gamine avait suivi la jeune femme à la table, s'était débrouillée pour reprendre sa place sur un des tabourets, se hisser tout la haut, c'est pas si simple pour une gosse haute comme trois pommes !
Et hop ! Un petit quelque chose à manger ! Du pain... Bon, sans commentaire. Non, ce n'est pas ce qu'il lui avait déjà été donné précédemment par le Sieur gardien de le Rose.
Petit coup de dents dans le pain offert. Tout chaud d'ailleurs !
Bon, les questions.


C'est l'curé qui m'a appelé Alice. M'man elle m'avait pas donné de nom...

Elle la regardait fixement, toujours avec ces pupilles aussi noires que ses cheveux à elle.
Petit bâillement à demi camouflé par la menotte de la fillette. Nouveau morceau de pain mordu, mâché et avalé.
Mais les questions faisaient leur cheminement dans la tête d'Alice. Si elle allait rester ? Mais peut-être bien finalement ! Cela dit, il fallait que le gardien revienne la voir. Parce que la servante obscure avait beau être gentille et tout ça, c'était lui qu'elle préférait ! Et il n'y avait qu'à lui qu'elle allait vraiment faire confiance. Que voulez-vous, elle l'aimait bien ce Sieur.
L'idée qu'elle serait logée, nourrie, blanchie tous les jours la rassura et lui donnait raison de rester en ce lieu.
Et la grande dame rousse ? Celle autour de qui tout se trame, celle à qui tout le monde lèche les frusques ? Elle sait qu'une gamine de sa trempe était entrée dans sa demeure ? Et pis après, pour ce qui était du fait de travailler, c'était pas un véritable problème ! Il fallait bien éviter de s'ennuyer !
Alors que son esprit faisait des va-et-viens entre les questions, elle répondit de sa voix d'enfant intrépide:

Ch'ais pas c'que je ferai plus tard. P't'être que je resterai, c'pas moi qui fait le monde ! Faut d'mander au bon Dieu pour savoir...

Allez hop ! Une phrase sans intérêt ! Mais voyez-vous, la gamine avait bien compris une chose pendant ce temps passé à se trimballer dans la Cours Miraculeuse, c'est qu'les grandes personnes, ils aiment s'accrocher à ce genre de phrases, et à ce bon dieu, mis à toutes les sauces. Il faut bien s'adapter, non ?


Madame Obscure, j'peux aller dormir ?

Et elle se refaisait tout sucre, tout miel la mioche. Mais c'est vrai qu'il faisait grand sommeil. C'était pas la sieste volée sur le canapé qui avait suffit à rattraper tout le besoin de dormir de la petite, ça non.
Frottant doucement ses petits yeux, Alice bailla à nouveau, attendant une réponse.


--Dusaan


Dusaan glissa dans l'air de la nuit. Plumes bien collées sur le haut de son crâne. Veste bien mise. Sobre. Pour le moment. Le gardien était sur le pas de la porte. Saloperie de gardien qui l'avait foutu à la porte le matin même. Cette fois, Dusaan ne revenait pas pour récupérer ses pierres. Il avait fait une croix dessus. Non il revenait pour une toute autre affaire. Il s'en était passées des choses dans la journée !

D'abord, il avait rejoint le domicile familial dans Paris. Ses rêves de gloire à la Cour des Miracles devaient en passer par là. Son épouse avait toujours été généreuse et conciliante. S'il voulait monter sa petite armée ici, il devait tenir le siège là-bas, à genoux devant cette jeune épousée dont la naïveté commençait cependant à s'effriter ...

Un accident bête dans les escaliers. La tête avait cogné la pierre. Le sang avait giclé dans ses beaux cheveux blonds et sur sa robe crème. Vraiment ... c'était pas de chance. Le sort s'acharnait. Pour consoler le veuf éploré, l'on lui remit dans la journée l'héritage tout entier. Mais cela ne tarirait jamais sa peine ... par Aristote elle était si belle, si douce, si ... un couinement resta bloqué dans la gorge de Dusaan et il leva un oeil vers ses spectateurs attendris.

C'est donc les fouilles pleines d'or qu'il passa la porte de la Rose, non sans avoir remis avec une grâce feinte, son arme au gardien. Saloperie de gardien.

Le pas assuré de l'homme qui arrive en terrain conquis, Dusaan traversa la pièce et vint s'installer au bar. Au passage, il avait toisé le monde, des clients éblouis, des putains lascives, autour d'une Succube plus hautaine que jamais. Une nonne aussi ... une nonne ? Et ... l'étoile de ses jours, la lumière de ses nuits, sa douce ... Rexanne !

Un client lui parlait. Saloperie de client, la touche pas ou ... Un rictus passa sur son visage et fondit aussitôt à la vue de sa belle.


Permettez-moi douce Rexanne, de vous offrir un verre de ce qui vous siéra, et de boire le même breuvage que celui que vous porterez à vos divines lèvres.


Il s'était pourtant promis ne ne pas en faire trop. Mais ... ce décolleté, cette peau, ces yeux ...
pnj
Tiens, un signe de la tavernière. Qu’est-ce que cette poissonnière lui veut donc ? Et voilà que la vierge lui sourit aussi.
Line n’aime pas trop les bandes de femmes. Leur fréquentation a toujours tourné au vinaigre pour l’ondine. Les pêcheuses l’accusaient d’être une « voleuse d’hommes ». Sur ce elles lui griffaient le visage jusqu’au sang.
Pourtant, était-ce sa faute à elle si tous ces types s’agglutinaient comme un banc de poissons autour du corail ? N’était-ce pas plutôt leur tort, à ces rombières malodorantes, si elles ne savaient pas garder leurs hommes ?
Ici, parmi ces autres femmes, Line ne se sent pas plus à son aise. Cependant, contrairement au pêcheuses, celles-ci ne sont pas d’honnêtes femmes cramponnées à leurs hommes comme bigorneaux aux rocher. Et elles leur plaisent, ça oui, aux hommes. Il n’y a qu’à voir les regards de merlans frits que leur jettent les clients. La vierge, surtout, semble s’attirer tous les suffrages. L’appas de la chair fraiche sans doute.
Line est partagée. D’un côté, tant mieux. Ici, personne ne la jalousera, personne ne lui fera de mal. Mais en même temps, Line aime être la plus extraordinaire, la plus resplendissante de beauté sous-marine, la plus enviée aussi. Là, son orgueil en prend un coup. Voilà qui la rend complètement mélancolo. C’est vrai, quoi, si on n’est pas la plus belle, à quoi bon vivre ? Demandez à la belle mère de Blanche Neige ce qu’elle a ressenti quand elle a été détrônée par sa niaise de belle-fille.
Eh bien, Line, c’est un peu pareil. Elle en aurait presque des envies de meurtres. Elle qui est encore si belle et si jeune, la voilà reléguée au rang des vieilles laideronnes. C’est ainsi : quand on a vingt ans, il suffit d’une qui en a quinze pour que le monde s’écroule sous un déluge d’amertume. Comment travailler dans ces conditions, je vous le demande bien !

Jalousie… Line voudrait rentrer sous l’eau.
Et c’est ce qu’elle se prépare à faire. Retourner au bain, loin des yeux, loin des juges, loin de la traque aux rides. Mais avant tout, il faut en obtenir la permission.
La Succube est en grande conversation avec la nonne et le type à capuche. Celui-là, Line l’a déjà aperçu dans la Cour. En général, sa présence n’est pas de bon augure, on pourrait en frissonner. Mais que voulez-vous ? Line n’a pas le sens des priorités. Ce qui lui fait peur, ce soir, c’est le temps. Celui qui en passant, vous affaisse, vous grisonne et vous ruine. Et si, à jamais, j’étais enfermée dans ce temps immuable ? Comme c’est lent ! C’est encore trop rapide ! Et comme c’est violent d’attendre de perdre toutes ses dents !
A vingt ans, Line n’a encore rien perdu de son sourire de corail. Cependant, elle porte discrètement la main à sa bouche, histoire de vérifier, on ne sait jamais. Tout va bien, elles sont toutes là.
Approchons donc la Succube. Elle acceptera sans doute. Il faut bien que quelqu’un accueille les clients au bain.

Madame…

Mais Line s’interrompt, stupéfaite. C’est le regard de la nonne qui la fait soudain trembler. Il lui rappelle celui de sa mère.


--Esemyr
Démétria... Un nom qui sentait les terres hellènes. Les pierres des temps antiques, lorsque l'on se damnait pour l'amour d'une déesse. Démétria qui attirait tous les regards. Hommes avides, baveux, presque. Hommes envoûtés, emportés d'avance au pays des songes, craignant de n'y jamais donner aucune réalité. Femmes jalouses, prêtes à tuer. La pulsion de mort, comme il la connait, la Salamandre... Femmes protectrices, maternelles, presque. Tant d'émotions mêlées, contraires, rien que pour elle. Démétria, que de paradoxes dans les regards qui se posaient sur sa jolie peau. Chacun ici voulait la mordre. Qui pour goûter les promesses de son parfum... qui pour la marquer de son sceau, en faire son appartenance... qui pour briser la douce perfection de son teint. Convoitises que tout cela.

Seriez vous en ce lieu pour cette occasion spéciale ou doit-on le plaisir de votre visite au hasard de vos pas ?

Si vous m'aviez posé, jolie tenancière, cette question quelques minutes plus tôt, avant que n'apparaisse cette blessure divine à mon regard, je vous eus répondu le hasard, sans hésiter. Malicieux hasard qui fait se croiser bien des routes... Maintenant, je serais tenté de répondre qu'un dieu malin doit trouver amusant de faire s'enflammer mes sens pour avoir mené mes pas jusqu'ici.

Léger sourire flottant sur ses lèvres, alors que le regard poursuit son voyage. D'autres personnes qu'il détaille, s'attardant sur les hommes. Il n'avait plus grand espoir de jeter le trouble dans l'esprit bien trop acéré de la tenancière, mais laisser planer le doute sur les autres étaient toujours de bon augure. D'un mouvement gracieux, Esemyr saisit le verre, trois doigts suffisent à le prendre, les autres ajoutant à sa féminité toute travaillée. Il explora du bout des lèvres le rebord du verre, narine détaillant les vapeurs évanescentes. Non pas qu'il craignît un empoisonnement. Vieux réflexe, tout simplement, de ceux qui faisaient qu'il était toujours de ce monde. Parfum entêtant de rose, légèrement plus sucré que les pétales de la fleur. Petite trempette de la lèvre supérieure, juste de quoi réchauffer le bout de la langue. Et pour mieux revenir à la tenancière qui, il le sait, ne l'a pas quitté des yeux ou presque. "Un sire de votre prestance", a-t-elle dit. Elle maniait bien les mots, la jolie colombe. Esprit affûté, langue fort habile. Et des prunelles perçantes, qui savaient en quel terrain elles avançaient, et qui continuait de le jauger. Mais lui non plus n'avait pas manqué ce regard posé sur la rouquine gracieuse qui sublime l'endroit. Elle est sa soeur de coeur, sa gardienne, sa protectrice. Elle grifferait, la panthère, si l'on osait blesser son hirondelle. Le blesser, bel oisillon égaré en ce monde... ce serait fort dommage, et quelque part au fond de lui, Esemyr apprécia ce regard de maman louve sur la belle Démétria. Il serait affligeant que sa fleur soit cueillie par un rustre qui la blesserait. Par un goujat qui ne saurait en apprécier toute la fragilité.


Aux enchères, m'avez-vous dit? Me voilà marri de n'avoir pas vendu tous mes domaines. Elle les vaut assurément, et je suis certain que sa première nuit s'arrachera à des sommes affolantes... Y'a-t-il déjà des candidats sur les rangs?
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