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La Rose Pourpre, Bordel des Miracles (2ème partie)

Lyhra
La Succube écouta sans piper mot l'explication de la jeune catin tout en l'observant attentivement.

C'est vrai qu'elle n'était assurément pas vilaine certes mais sans aptitude particulière.
Dommage, pensa-t'elle.
Il était fort excitant de pouvoir proposer à ses clients quelques fantaisies qu'on ne trouvait pas dans les autres claques du Royaume.

Méfiante de nature, elle préféra vérifier une chose.


Nous devrons vérifier que vous n'êtes affublée d'aucun de ces ... elle hésita sur le terme à employer... désagréments que les hommes nous laissent parfois pour présent en plus de leur or... C'est la règle.

Elle eut un sourire ironique en poursuivant, c'est notre intendante qui s'en chargera, parcourant la salle du regard et ne la trouvant pas, elle doit se trouver aux bains, ou à l'étage, aux cuisines peut-être ? Allez donc vous présenter à Rexane, au comptoir que vous voyez par ici, esquissant un geste de la main, contez lui votre arrivée, rafraîchissez vous d'un verre de vin si cela vous dit et demandez après Dame Madeleine.
Pour le reste, nous verrons demain.

Ceci fait, la Succube s'apprêtant à se diriger elle-même du coté du bar se vit arrêter par une femme pliant les genoux comme à la cour du Roy.
Mais c'est son regard surtout auquel elle s'attacha. Une volute de fumée changeante.

Etait-ce une cliente pour Démétria ?


Bonsoir...
Je suis la propriétaire de la Rose...
Que puis-je pour vous ?
_________________
--Lulu_la_charnue
Lulu se releva et dévisagea la Dame qui se tenait devant elle.
La Dame est plaisante et se trouve fichtrement charismatique…au demeurant totalement perverti, ce qui était loin de lui déplaire. Pour peu, elle en oublierait l’exquis portier et serait tentée de rétorquer à la Succube, en réponse à sa question, un « vous pouvez tout » très évocateur.
Dévorant du regard ce véritable fantasme ambulant de ses pulsions insondables, la prennent de folles envies de Matronne perverse. Elle s’imagine déjà une scène torride dans un échange de fessées et de « fouette cocher » fougueux et sensuel, ponctué de baisers mordants et de frottements humides à la cadence effrénée jusqu’au cri du condamné se noyant dans les flots de jouissance.
Elle n’est cependant pas dupe, la Dame est une patronne, tout comme elle. Elle sait se mettre en valeur et d’un rien, créer les sensations et faire se pâmer bien des gens.
Lulu range dans son placard imaginaire ses envies charnelles pullulantes et arbore un sourire courtois.


Vous pouvez m’accorder quelques bonheurs en cette soirée.


Elle songerait à lui demander les faveurs de l’homme de la porte, pour le reste, elle tenterait au petit bonheur la chance.
Pas très à l’aise dans le fonctionnement de cette maison – la sienne étant ouverte au tout venant et l’entrée n’était donc pas tant filtrée – elle lui demanda tout simplement le mode d’emploi.


Je suis arrivée il y a quelques jours à peine en cette ville, et je ne suis pas très au fait de ses us et coutumes. Cela est pis encore concernant votre établissement. Toujours est-il que, qu’il soit ici ou ailleurs, l’ennui reste le même. Aussi je suis venue icelieu afin de le tromper avec la joie des sensations issues du plaisir de la dilettante, de la boisson, de la…nature et de la chair.

Vous pourriez m’accorder une Boucle d’Or. Je suis intriguée par ses dehors et aimerai les découvrir autrement. Le portier me parlait tantôt de négociations… comment fonctionnent les choses icelieu ? Dois-je faire avec vous le devis de mes…consommations et m’y tenir ?

Elle espérait pouvoir goûter à ce portier, dans l’immédiat ou plus tard dans la soirée, peu lui importait tant qu’elle obtenait satisfaction.
Lyhra
Sous la brume argentée de son regard, la Succube se laissa complaisamment détailler sans bouger un cil.
Elle avait l'habitude de ces regards, féminins ou masculins, que d'aucun aurait jugé envahissant mais pas elle. C'était aussi divertissant qu'un verre d'alcool fort. Elle en buvait donc la moindre goutte et en tirait un plaisir considérable.

Ainsi, elle était nouvelle parisienne, du moins pour quelques jours, arrivant d'un comté voisin ou lointain, dans quel but ? La Succube était forcé de supposer toutes sortes de circonstances, curieuse qu'elle était des choses et des gens.
Quoi qu'il en soit, elle avait trouvé les Miracles bien vite pour une étrangère et la Rose encore plus. Mais de cela la patronne ne pouvait que se féliciter, son établissement se pouvait découvrir à peine l'on était dans la place de Paris.

C'était une cliente, pas une catin venue chercher de l'embauche et la Rousse eut immédiatement un coup d'oeil complice qui semblait dire... bien sur qu'ici les bonheurs sont légion...
Il ne tenait qu'à son appétit et aux moyens dont elle disposait de le satisfaire.

Une boucle d'or ?
La Succube fonça les sourcils, ne sachant ce qui était entendu par là, et d'un haussement d'épaules remis à plus tard la résolution de cette énigme pour répondre à la question qui relevait de son domaine exclusif, question que la cliente ne posait certainement pas pour la première fois.


La jolie brune qui se trouve derrière le comptoir est Rexane. Faites lui confiance pour vous servir les meilleurs vins du pays, voire de plus loin. Elle mélange les goûts à merveille... nous pouvons aussi vous faire servir de quoi manger et c'est à elle qu'il faudra régler la note.

Pour d'autres... consommations... ajouta-t-elle en incisant d'un trait d'émeraude la fumée qui s'enroulait dans ses prunelles, il suffit de me faire part de votre choix et je vous en donnerai le prix.

Ce soir la Rose se défait d'un pétale neuf au plus offrant, aussi, la nuit en est quelque peu chamboulée mais je suis certaine que vous trouverez de quoi largement vous satisfaire... sa main décrivit lentement une demi lune, offrant ainsi aux yeux gris tout ce qu'elle possédait.
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--Jaysabel
Hum... Jaysabel haussa un sourcil. La dame semblait déçue, mais elle aussi. Fallait-il absolument se vanter pour être engagée? La Succube serait-elle du genre à engager les catins qui parlent plus qu'elles n'agissent? Tant pis, elle verrait bien de quoi elle est capable plus tard.

Elle écouta la propriétaire parler sans dire mot. Avait-elle du mal à prononcer quelques mots en particulier? Même les catins de la Rose pouvait avoir ce genre de malaise? Hé ben!

Pas besoin de rester dans le mystère. Jaysabel savait très bien de quoi elle parlait et n'avait pas ce genre de ''désagréments''. Non, elle était en parfaite santé, aucune rougeur, aucun picotement. Mais bon, si c'était la règle, elle devait parler avec la dénommée Rexane en premier lieu.


Très bien.

La jeune femme regarda les visages des femmes présentes. Elle espéra pendant une fraction de seconde que la femme qu'elle devrait voir, une certaine Madame Madeleine, ne fut pas celle qui était sortie en faisant toute une scène.

Tout à coup, une autre femme entra traînant avec elle son halo de fumée. Elle était certes ravissante, mais dégageait en sa démarche et ce qui se lisait sur son visage une attitude de défi. Derrière elle, le beau portier qui retournait aussitôt à son boulot. Son poste à celui-là venait-il avec l'ordre de ne pas lui toucher? Elle espéra bien que non...

Elle s'avança au comptoir pour rencontrer Rexane et attendit qu'elle vienne elle-même à sa rencontre, histoire de ne pas la déranger en plein travail. Elle viendrait lui répondre quant elle en aurait le temps, Jaysabel n'était pas pressée puisque la rousse lui avait dit qu'elle verrait cela seulement demain. Mais où dormirait-elle cette nuit? Arf, la jeune femme y repenserait plus tard.


--Lulu_la_charnue
De son regard de brume, Lulu, ainsi qu’on la nommait, suivit le geste de la propriétaire des lieux.
Quelle personne serait son élue ? La séduisante Rexane qui savait manier les bouteilles ? La catin qui semblait ne pas encore avoir tout à fait ses marques en ce lieu et qui poireautait au comptoir ?
La douce et innocente jeune vierge ? La pauvrette aurait un goût d’amertume lorsqu’elle devrait satisfaire des hommes peu habiles… Mais Lulu n’en avait cure à vrai dire, et la tentation d’une chair jamais profanée encore était bien trop grande.
Discrètement, elle glissa un mot à voix basse à l’intention de la Succube.


Au sujet de votre exclusivité de la soirée… puisque vous vendez son hymen et que je ne puis le rompre… songez à faire double gains en me laissant étrenner sa pureté et en vendant son hymen tout de même ensuite. Doubles gains pour une innocence pas perdue dès la première fois. Songez-y… J’y mettrai le prix et vous y gagnerez en ce qu’elle ne pourra décevoir celui qui la fera femme par deux moyens puisque son hymen demeurera intact et que je suis prête à lui enseigner quelques caresses.
Songez-y.
Pour ce qu’il en est de cette Boucle d’Or, je vous prie de me donner votre prix dès que vous le désirez lors de cette soirée. Je ne saurai que vous en être reconnaissante.

Puis, reprenant ses distances,

Merci pour votre accueil en ce lieu divin, et la perspective de passer une soirée chez vous. Si elle m’est agréable, sachez que je ne manquerai de vous…honorer.


Incroyable tout de même de devoir passer par un portier et de voir la Matronne pour pouvoir venir consommer… impensable… et pourtant possible.
Le plus dur était fait, il ne restait plus qu’à passer une soirée agréable et à espérer goûter à l’or pur, ou impur, quel qu’il soit.

Pour l’heure, il se faisait grand soif.
Lulu se dirigea tranquillement vers la reine de l’absinthe et des autres boissons – bien que seule l’absinthe l’intéressait - Rexane.


Bonsoir Dame Rexane.
Appelez-moi Lulu, et servez moi un verre de Saint Abandon je vous prie. Enfin non… La Succube me vantait les mérites de vos suggestions de vins…faites-m’en donc découvrir avant de passer à la fée verte. Le rouge aux prononcés tanins me sied à ravir.
Lyhra
Une nuit à la Rose n’est jamais perdue. Ses alcôves dissimulent bien des surprises…
Bonne soirée Madame…

Elle était bien un peu présomptueuse la Succube car il y avait en ce début d’automne trop peu de fleurs à cueillir. L’été les auraient-elles donc tout fanées ?
Le diable si elle n’en dégottait pas quelques unes rapidement pour regarnir son bouquet car il ne faudrait pas que ce manque nuisît à la réputation de sa maison. Les mauvaises langues courraient bon train dans les ruelles…

Mais qu’était-ce enfin que cette boucle d’or dont il était fait allusion à deux reprises ?!
Il n’y avait pourtant aucune catin à la Rose disposant d’une chevelure que l’on puisse ainsi nommer.
Perplexe, la Succube suivi des yeux la souple ondulation de cette femme troublante qui se dirigeait droit vers Rexane, tout en examinant sa proposition.

Lui octroyer la jeune vierge avant sa vente aurait certes pu se révéler intéressant mais il était trop tard pour la soustraire aux regards. Comment vanter une fille qui ne se trouve pas sous vos yeux et dont vous ne pouvez contempler les atouts ?

Son regard étincela alors, mi narquois mi troublé. Elle aimait à provoquer les gens pour savoir la limite précise de leurs audaces. Cette nuit était propice à bien des choses…

Elle chercha Démétria des yeux, puis cette femme au comptoir, oui… après tout pourquoi pas ? Cela émoustillerait les clients, les filles, et même Dame Madeleine en aurait les sangs tournés, à coup sur.
Il y avait cette alcôve dont les panneaux repoussés ferait parfaitement l’affaire, la jeune rousse et la brune maitresse s’y trouveraient à l’aise et pourraient se livrer à toutes sortes de câlineries sous nos yeux.
Elle allait leur en toucher deux mots et fit signe à Démétria de s’approcher, son geste ne souffrant aucune attente.

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--Mme_madeleine
Un verre d’eau, voilà qui sied mieux à l’intendante.
Droite comme un i, elle attrape le verre tendu par le gardien, le remerciant d’un signe de tête.
Durant toute sa longue vie, jamais elle n’avait compris l’attrait provoqué par ces boissons alcoolisés qui font tourner la tête. Il n’y avait qu’à voir ces soûlards crier en pleine ruelle, passées les vêpres, alors que les bonnes gens sont tranquillement rentrés chez eux après une dure journée de labeur aux champs.
Cette débauche d’alcool semblait aussi être chose naturelle à la Rose.

Du coin de l’œil, elle observe Thorvald, priant en elle même qu’il n’ait pas l’affront de tendre un verre à l’enfant munie de son chat, cette créature du diable.
Sourcil levé, ensuite, accompagné d’un haussement d’épaule droite. Elle attend la suite de la phrase, qui scellera l’avenir du matou.
Bien, l’homme semble être en accord avec Mme Madeleine.
Si fait, le chat n’a donc rien à faire icelieu.

Les mains jointes, elle refuse poliment l’assiette de soupe, échaudée par l’aspect des mains de la petite, qui effectivement mérite bien un bon bain.


Je vous remercie jeune homme, mon estomac ne crie point encore famine à cette heure.

Un demi tour suit ses paroles, alors qu’elle fait le tour de la cuisine, le « fief » de la dénommée Obscure, ouvre tous les tiroirs, vérifie les miches de pain dans la huche, remet correctement le torchon roulé autour du jambon sec, se familiarise avec l’endroit, tandis que le gardien s’esquive.
Décidément la cuisine de l’établissement n’a point non plus grand chose à voir avec son ancien emploi. Plus petite, assurément. Mais le lieu porte en son sein beaucoup moins de jeunes filles que le pensionnat.

En silence, Mme Madeleine effectue son petit tour de découverte, son regard revenant fréquemment sur le chat et la petite Alice.
L’intendante s’apprête à ouvrir la porte de la cave lorsque le jeune homme refait son apparition.
L’espace d’un instant, Mme Madeleine manque de s’évanouir, son cœur loupant un battement, ses blanches mains se portent sur sa poitrine.
Non, ce goujat n’oserait tout de même point mettre cette si jeune enfant au service de cet établissement !
Dieu, mais n’avaient-ils donc point une once d’humanité et de respect pour l’être humain icelieu ?

Et puis, soulagement.
Non, Alice est trop jeune.
Mais tout de même, même si le soulagement est de mise, une légère moue étire les lèvres de l’intendante. Une dague à cette enfant si jeune… quel idée a encore traversé l’esprit du gardien.
Regard offensé, encore, lorsqu’elle l’entend parler de bain et le voit s’approcher d’elle. Ce n’était point à un homme de donner le bain à Alice, elle s’en chargerait.


Dites moi jeune homme, où pourrais-je trouver un baquet et de l’eau, ainsi qu’un gant de crin afin que cette enfant retrouve une once de propreté ?
Permettez donc que je m’occupe de cette jeune fille.


Main saisie de la petiote et regard appuyé, qui n’accepte aucune réponse négative.
--Esemyr
La maîtresse des boissons remplit à merveille son office. La liqueur de rose, au goût si doucereux, s’accompagna d’un clin d’œil et d’un sourire, le tout réhaussé d’une pointe d’humour, avant de laisser place à un murmure accepté au creux de l’oreille. Bientôt, donc. Bientôt la rose serait cueillie, les pétales effeuillés. Qu’il fût ou non la main qui aurait l’honneur de se risquer aux délicieuses épines que la belle Demetria cachait encore en elle, il espérait que le vainqueur de l’enchère n’ait pas l’haleine brutale et le souffle violent qui pourrait flétrir la fleur avant même de la cueillir. Le gâchis serait terrible et perdre une telle pureté dans les limbes d’ébats bestiaux et sans saveur suscitait au fin fond de l’âme d’Esemyr un étrange effroi qui le convainquit de ce qu’il savait déjà. La belle n’était pas ordinaire. Il n’était que peu de femmes qui pussent se targuer d’avoir fait naître en lui un tel émoi. D’avoir rendu la Salamandre fébrile comme un jeune garçon au soir de son premier soir. Esemyr porta à ses lèvres le verre de liqueur, après avoir dument remercié Rexanne.

Autour de lui, la ronde, calme et silencieuse, continuait. Les mouvements étaient pesés, comme si le moindre geste brusque risquait de rompre l’atmosphère savamment établie. Rien ne venait plus troubler le cours du temps au sein de la Rose, à l’excepté de quelques éclats de voix dont les habitués du lieu semblaient coutumiers. Les hommes entraient, commandaient ou ne commandaient pas. Les femmes entraient, habituées ou non, venant chercher un morceau de mieux vivre en échange d’un morceau de bonheur. Peu sortaient, en revanche. Comme si la porte qui était le point de passage obligé pour qui voulait pénétrer en ce lieu ne s’ouvrait que dans un sens. La porte se fermait sur la nuit froide du dehors, et s’ouvrait sur la clarté ténue et accueillante de l’intérieur. Jamais l’inverse. Du moins jusqu’au matin. Mais l’aube était loin, encore. Et le seul astre d’où émanait la puissance du lieu prit la parole. La maîtresse des lieux, aux cheveux enflammés, avait repris ses droits. Esemyr avait étudié du coin de l’œil sa réappropriation de la salle. Femme de pouvoir, femme d’ambition, qui évoluait avec une aise gracieuse en ce lieu, comme elle le faisait, doute n’étant point permis, en dehors, en des milieux bien plus troubles et dangereux. Maîtresse à la poigne de fer sous des dehors de velours, celle dont le nom était murmuré depuis le début de la soirée, « Succube », connaissait les arcanes les plus retorses de ce monde ci, avait fréquenté, il n’était que de croiser son regard et de savoir y lire les étranges reflets, les eaux troubles et les recoins obscurs de la face cachée de Paris la Bâtarde.

La Succube annonça l’enjeu de ce soir. Enjeu que beaucoup ici connaissaient, pour lequel la plupart des hommes présents étaient venus, même si certains semblaient s’être endormis depuis belle lurette. Faire une offre… Quelle offre ? Il n’était point de trésor assez fabuleux pour arriver au quart de la valeur de la première nuit d’une perle aussi pure que Demetria. Du moins, Esemyr jugea ainsi du peu que la belle lui avait dévoilé, et qui cachait assurément plus de délices encore que son regard n’en saurait promettre. Et si or était exigé, or il pouvait offrir. Et plus, même. Parcourir l’obscurité sous le nom de la Salamandre lui avait apporté plus d’or que le plus grand des princes n’aurait osé le rêver. Or qu’il dépensait sans vraiment y prêter attention, aussi il n’était même pas si certain qu’il eut jamais possédé autant de richesses qu’il s’en targuait. Mais l’argent venait à lui, même lorsqu’il laissait au repos la Salamandre pendant plusieurs mois. Il ne manquait jamais grâce aux revenus des terres que certains de ses plus riches commanditaires lui avaient octroyés, souvent après d’âpres négociations où il ne l’avait emporté que par la peur que suscitait l’évocation de la Salamandre jusqu’au cœur des prunelles de ses vis-à-vis. Toutes ces parcelles ou ces propriétés éparpillées un peu partout dans le royaume, et même au sein de l’Empire voisin étaient gérées de main de maître par quelques proches de confiance. Enfin, disons plutôt des proches dont Esemyr connaissait sur le bout des doigts les travers à la propension à se servir sur les revenus dont il aurait du jouir, mais il valait mieux confier ce genre d’affaires à des personnes dont on connaissait les vices qu’à d’autres en qui l’on plaçait ce que les faibles appellent de la confiance et qui n’était rien d’autre, aux yeux d’Esemyr, qu’un pâle aveu d’incapacité à contrôler sa propre vie.

Or ou terres, il pouvait remplir les coffres de la Rose pour les jours, les mois ou les années à venir. Mais acheter ne l’intéressait guère. Et tous les prétendants à la première nuit de Demetria pouvaient avoir un atout du même acabit dans leur manche. Qui pouvait savoir si ne se cachait point ici un bâtard royal, l’intendant d’un duc, un pillard de grands chemins ou un sénéchal véreux qui tous auraient eu accès à des richesses immenses ? Enfin, s’offrir une nuit de passion ne se monnayait pas d’or et d’argent. Cela était d’un vulgaire qu’Esemyr fuyait de tout son être. La grossière comparaison de la mystérieuse et insondable beauté qui se niche entre les jambes d’une femme avec une poignée de pièces d’or avait une fâcheuse tendance à tuer dans l’œuf tout embryon de désir qui viendrait lui brûler âme. Non, une nuit dans les bras d’une femme, surtout une nuit aussi particulière que celle-ci, ne s’achetait pas par le seul poids de l’or. Elle se gagnait par grandeur stratégique, on l’emportait par la supériorité de ce que l’on pouvait proposer. Par un échange qui n’était pas qu’une transaction commerciale. La différence se faisait sur l’atout suprême, sur ce qui rendait l’offre surprenante, qui faisait que, même si elle ne pouvait être gagnante à coup sûr, on ne pouvait pas pour autant la balayer d’un revers de main. Des atouts de ce type, Esemyr se flattait d’en posséder quelques uns.

Il était temps d’abattre le premier. La Succube fut libérée de ses discussions l’espace d’un instant. Esemyr se glissa, tel une vipère gracile, et s’approcha de la flamboyante maîtresse du lieu.

Je me présente, Esemyr d’Alcée, de passage en la Capitale, où le hasard et la chance ont eu loisir de se combiner pour porter mes pas jusqu’au sein de votre domaine. Votre annonce clamée un peu plus tôt a charmé mon oreille, comme l’ont fait les atours de votre divine protégée.

Il se tut quelques secondes pour laisser tout le loisir à la reine de la Rose de le détailler, l’air de rien, et de peser chacune de ses paroles. Il n’était nul besoin de connaître les moindres tréfonds de l’âme humaine pour deviner que son regard avait l’acuité et la finesse d’analyse d’une femme habituée aux beaux parleurs et aux langues trompeuses. Qu’elle le jugeât ainsi ou non, il n’aurait su le dire avec certitude. Si l’on pouvait aisément voir, à condition de n’être point aveugle, que ses yeux savaient voir au-delà du voile des apparences, et même bien plus loin encore dans les profondeurs des âmes qu’ils croisaient, la réciproque était presque impossible. Son regard acéré était aussi d’une incroyable impassibilité, qui masquait tant les émotions qui pourtant devait palpiter au fond d’elle-même que les pensées qui se construisaient dans la partie consciente de son esprit.

Je possède or et terres qui ne me sont que peu de choses et dont je me débarrasserais bien volontiers. Mais je gage que bien d’autres vous feront de telles propositions. Ce que je puis vous offrir, en revanche, gracieuse Succube qui nagez en ce monde de la nuit avec une telle aisance, et que nul autre ne pourra vous proposer, c’est que d’un seul mot de votre bouche, vous puissiez provoquer sans nulle autre compensation une brûlure de la Salamandre.

Le nom ne lui évoquerait rien, sans doute. « Salamandre » était un souffle qui passait fébrile d’une bouche à une oreille dans les hautes sphères de ce monde, parmi ceux qui possédaient suffisamment pour monnayer ses brûlures. Non que la maîtresse d’une maison de plaisir ne possédât pas tant de richesses, mais l’occasion de recourir à la Salamandre ou plus simplement d’entendre parler d’elle en des lieux où se croisaient nobles et puissants ne devait pas se présenter à chaque matin qui naissait. Mais ce que désirait Esemyr n’était pas de voir apparaître la compréhension dans les yeux de la Succube, mais plutôt la curiosité. Elle devait avoir l’habitude des langages abscons, des phrases mystérieuses, des silences qui laissaient tant de paroles en suspens. Peut être, s’il avait su éveiller en elle suffisamment d’interrogations, lui proposerait-elle l’obscurité familière d’une alcôve ou le confinement raffiné d’une pièce isolée du monde pour deviser avec lui des non dits de ses propos, et entamer les réelles négociations pour la fleur de Demetria.
--Demetria.
Ses doigts courent sur le bois fin d'un comptoir qui en aura vu bien d'autres... Quelques traces indélébiles, ronds humides imprégnés dans les rainures creusées par l'usure ça et là. Pas tant que le Bordel soit construit depuis si longtemps, mais ils sont nombreux à s'être accoudés, surpassant la bordure de cuivre, posant le coude sur le bois, se donnant une contenance ou cherchant à attirer les regards de la serveuse de la Rose.
Les pensées vagabondent comme les doigts, imaginant ceux qui avant elle ont effleuré ce lieu, quelles catins se sont accoudées ici pour verser à Rexanne leur rançon du soir.
Image fugitive d'une Marianne, d'une Savannah qui se sont enfuies dans les rues de la Cour alors même que Demetria venait à peine d'y trouver un point d'ancrage. Celle dont elle avait récupéré la chambre, qu'elle avait habillée à son image. Chambre qui hébergera ce soir sa première nuit avec un homme, la perte de sa virginité...

La Vierge secoue légèrement la tête pour revenir au temps présent. Comme il est aisé dans cette ambiance tamisée, dans ce cocon que La Succube a réussi à créer, de se croire dans une bulle, d'en oublier le temps qui passe pourtant inexorablement. Effleurant Belombre des émeraudes brillantes de questions, la route de son regard se poursuit jusqu'à croiser sa Reyne qui lui fait signe.
Le fin sourcil s'arque, dans un élan surpris. Elle ne pensait pas que la Maquerelle l'appellerait avant quelques temps, lorsque les enchères seraient closes. Elle sait combien la Rousse flamboyante peut être occupée pendant la soirée. D'un clin de paupière, elle essaie de voir ce qu'elle a raté pendant sa contemplation du comptoir...

Obscure qui s'enfuit, tant mieux. Thorvald qui rejoint la cuisine, venant de la porte... Une entrée. Qui donc... S'échappant du regard de la Reyne, arrivant au comptoir, une femme auréolée de fumée... Le nouveau pétale l'avait donc déjà déserté pour le bar... Et cette fumeuse aux formes plus que féminines qui se conduit ici comme une cliente...
Pourtant elle avait vu déjà, Dem', une femme venir succomber aux charmes de la Maquerelle, elle savait, à quinze ans, que l'amour pouvait se décliner sous des formes alternatives à la simple reproduction, elle n'imaginait pas ça pour sa première fois. D'ailleurs, sans... rouge qui grimpe aux pommettes sans qu'elle ne s'en aperçoive... est-ce vraiment une première fois ?

Baste, elle n'est surement pas là pour elle.. Pour Thorvald, pour la Maquerelle, pour n'importe qui, mais à part pour un homme quel intérêt peut représenter une Pucelle ? Le geste de la Reyne se rappelle d'ailleurs à son bon souvenir et glissant de son tabouret, elle ajuste sa robe de soie, avant de se diriger vers la Maquerelle.
Quelques pas de faits avant de la voir rejointe par son bel éphèbe.. Esemyr se tient près d'elle. Flottement, hésitation. Doit-elle ou non continuer... elle sait, elle devine, pourquoi il est là, et ne voudrait pas déranger quelque tractation dont elle ne veut rien connaitre... pour l'instant du moins.

Fi de l'hésitation. La Reyne a appelé, elle se doit d'obéir. Le pas mesuré mais déterminé la conduit près de sa Maquerelle. Dame Succube a commandé, la Vierge obtempère. Un sourire glissé furtivement à l'adresse d'Esemyr, alors qu'elle choisit une place équidistante des deux parties. Emeraudes qui interrogent.


Vous m'avez appelée ?

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Lyhra
Saint Foutre ! Quelle faconde.

Ne voulait-il pas une cuillère de miel pour adoucir sa gorge et compenser celui qu'il venait de lui servir ? Songea t-elle moqueuse mais nullement indisposée par le bagout apprêté de cet... Esemyr. Un drôle de nom au passage.

Il présentait admirablement bien le sieur d'Alcée, un rien trop délicat peut-être ?
Il paraissait néanmoins sur de son fait et très désireux d'acquérir ce que Démétria avait à céder. Qu'il enrobasse le tout dans de jolis mots n'était pas pour lui déplaire si tant est qu'il ait aussi de quoi se payer la lubie, cela semblait le cas, il avait, du moins s'en vantait-il, terres et or.
Soit.


Bonsoir Messire d'Alcée, chanta-t-elle d'une voix suave.

Elle n'avait saisi un traître mot de sa dernière phrase mais n'en montra rien car Démétria arrivait et ce qu'elle avait à lui dire ne souffrait aucun retard.

Veuillez m'excuser un instant je vous prie.

Elle entraîna la jeune rousse à un pas de là, baissant la voix,

Ma petite, j'ai à coeur de défendre tes intérêts tu le sais. Cet Esemyr te plaît, rougis tant que tu veux cela te sied au teint ironisa-t-elle. Tu l'as ferré comme un brochet au bout d'une ligne, tu iras loin fais moi confiance. Mais en attendant l'issue des enchères et son offre car il n'est pas le seul, j'ai autre chose pour toi.

Un temps de silence, savourant la suite, la Succube reprit,

Ouvres grand tes oreilles et tes yeux. Tu vois cette femme au comptoir, la brune, bien, je veux que tu ailles la trouver, elle sait qui tu es, aguiches là, emmènes là dans cette alcôve ci (celle qui était largement ouverte aux regards) et amusez vous... termina-t-elle avec un clin d'oeil malicieux.

N'aies crainte que l'on te voit, c'est justement tout ce qu'il faut.
Elle ne perforera pas ton précieux hymen et montrera à tous ces hommes comme le plaisir te va bien. Laisses toi faire, je gage qu'elle sait s'y prendre bien mieux que beaucoup d'hommes... et puis... elle a de quoi payer. Cette nuit te rapportera gros.
Va.
La poussant doucement mais fermement, la patronne l'encouragea d'un dernier sourire avant de reporter son attention vers Esemyr.

Vous disiez ? La brûlure d'une Salamandre ?
Quelle fable encore que ceci, était-il tombé sur la tête ?!
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Saens
Il venait de frapper trois coups à l'huis. Et c'était incongru. Ce soir, il ne se ferait embêter par personne. Il aurait pû aller déclamer des stances en l'honneur du fessier royal, à trois heures du petit matin, dans la ruelle la plus glauque de la Cour, qu'on ne l'eut pas contrarié. Sic. Il sortait tout juste de ses fourneaux, laissons voir : hirsute, le cheveu noir et presque encore fumant, la fumée, c'était celle de la bouffarde qui pendait à ses lèvres. Par-dessus une chemise ivoirine aux manches relevées, un tablier on y voit rien, maculé de longues trainées rouges. Le foie de veau, ça tache. Et contre sa cuisse, encore souillée, et pour parfaire la panoplie de boucher fou, se balançait un hachoir plein de promesses. De facto, c'était un cuistancier à la barbe salée et aux calots atrocement gris, atrocement grands, longinquo, un étalier reconverti en meurtrier ambulant. Heureusement qu'il avait sa gueule d'ange avec lui.

C'était quand il avait pris sa pause. ça tremblait dans le quartier. Qu'est-ce qu'il se passe, qu'il avait demandé au vieux banban. Qu'est-ce qui s'passe ! On vend le tendron ce soir, qu'il avait murmuré. Il avait grimacé. Le brun n'avait pas la foucade des pucelles. Mauvais souvenirs. Une fois, il y en avait même une qui tournait autour des draps, non non messire, ça ne passera jamais !
Mais si, Mais si ! Voyons Adèle ! Raisonnez-vous !
Nenni ! Voyez la bête !
C'est parce que je suis croate, vous vous y ferez !
Mais vous allez m'écarteler en deux !
Enfin Adèle ! Cessez de courir vous allez réveiller votre mère ! Tenez-vous ! Et offrez le cuisseau ! Ya du labeur.

Il chassa ses traumatismes avec sa fumée, attendit gentiment qu'on lui ouvre. Il s'était amené là en curieux. Il voulait voir la vierge qui créait tant de remous, peut-être effleurer du regard une gourgandine qui tient son passé sur la gorge et, bien plus certainement, lever gracieusement le coude. Ecluser juste ce qu'il faut pour que la fée Ivresse vienne le cueillir dans ses bras et le perdre dans le monde. Mais pour ceci, mon bon ami, il faudrait parvenir à entrer. Il baissa les yeux et s'examina en une fraction de secondes. Le tablier et le hachoir, c'était peut-être pas bien avisé, surtout pour convaincre un potentiel gardien qu'il n'escomptait pas dépecer les Roses pour les foutre dans des bocaux. Il recracha vivement sa fumée, siffla un juron épuisé. Trop tard.
Thorvald_
Dites moi jeune homme, où pourrais-je trouver un baquet et de l’eau, ainsi qu’un gant de crin afin que cette enfant retrouve une once de propreté ?
Permettez donc que je m’occupe de cette jeune fille.


Le ton était sans appel, et Thorvald détestait plus que tout les conflits et les haines sourdes. Néanmoins, il s'était réjoui à l'avance de jouer à la poupée avec la petite. Et céder à l'intendante, c'était faire une croix sur la douce peau enfantine qui apparaîtrait sous la crasse, sur la soie de ses cheveux blonds qui se dérouleraient sous l'eau des bassins, tels des algues alanguies. C'était renoncer à la coiffer, la parer de rubans et d'étoffes veloutées, farder ses lèvres pures et souligner de khôl le parfait contour de ses yeux. Renoncer à éveiller ses premiers émois de petite femme.
Renoncer à la créer.
A la concevoir toute pour l'offrir à sa Reine.
Il ne pouvait se résoudre à se priver d'un tel moment de grâce mais ... il était partageur :


Vous êtes une mère pour nous, madame Madeleine. Menez-la aux bains, au sous-sol, vous y trouverez sels et onguents. Nul gant de crin, mais de douces brosses et autres accessoires propices à la décontraction des corps. Peut-être Line vous guidera-t-elle dans vos choix, si elle est en bas et si nul client n'y accapare ses soins.

Vous pourrez, il va de soit, profiter de l'endroit pour vos propres ablutions.

J'irai quant à moi chercher quelques soies et dentelle pour vêtir l'enfant. Désirez-vous une robe plus ... appropriée aux lieux ? Peut-être quelque chose de soyeux et de sobre à la fois, à votre image ?


A cet instant, la main de bronze tomba à nouveau. L'annonce de la vente de la vierge semblait attirer les clients. Thorvald attendit la réponse de madame Madeleine et alla ouvrir.



Avait-on passé commande de viande ? Drôle d'heure pour une livraison ... La mine dégoûtée, le colosse au visage d'ange adressa un regard interrogatif au visiteur : c'est pour ... ?

_________________
X
Saens
C'est pour, c'est pour... mais enfin c'est pour.

Le brun lève sénestre, sénestre hisse deux doigts, attend une minute mon géant, et je te dirai de quoi il en ressort. Juste le temps d'ôter le tablier, et le rouler en boule, de le fourrer dans une besace au cuir meurtri. De rabaisser les yeux ensuite, parce que quelque chose cloche encore, ya comme un poids bizarre, du côté de sa cuisse droite. Le hachoir suit le même chemin que son confrère tablier. Les cendres de la pipe sont brièvement versées dans la rue. Reste un brun avec un peu de sang sur le col, qui pourrait aller chanter des stances en l'honneur du fessier royal, à trois heures du petit matin, dans la ruelle la plus glauque de la Cour, qu'on l'eut allègrement tabassé. Sourire.

Pour qu'est-ce ?

Planter l'épine dans le pétal mon cher,
Et jauger les abats, puisque les sots ne l'y laissent pas.
Et puis les abats, ça s'assaisonne très bien aussi savez-vous,
Mirer les roses donc, et si la rose est rose...
S'éclater dans le gynécée, lui retourner les carpelles,
S'abreuver sagement d'ambroise car je suis l'androcée,
Boire au calice et butiner, le dard en inflorescence,
Ou se tenir branlant à l'ourlet d'un piteux pétale,
Et qu'importe, j'aime aussi les viornes et les trifoliums !

Voilà.
Ou, plus sobre,


"Un cuistancier qui veut perdre ses gages."
Thays
Thays, une jeune exotique arrivée icelieu récemment. La peau dorée, presque brune, révèle deux yeux d'océan, d'un bleu-vert-turquoise.
Elle prend grand soin d'elle, passant de l'eau de fleurs de tiaré dans ses cheveux de geais et jusqu'au bout de ses ongles, elle en embaume l'air discrètement. Ses lèvres insolentes manient de manière chronique le franc parler dénué de pincettes. Pas même pour ménager son interlocuteur. C'est une personne entière, sans détour. Qui pense ce qu'elle dit et dit ce qu'elle pense.

Elle porte les tenues qu'il est coutume de porter dans la noblesse, à Weno (île de Chuuk, Micronésie), car elle en est originaire.
Elle porte donc sa robe légère de dentelles rouges, bras et jambes jusqu'au bas des cuisses dénudés, décolleté dégagé. A en croiser des regards, elle se dit que cette culture est plutôt pudique, voire prude.

S'étant glissée dans des peuplades, des gens qui furent réduits à l'esclavage, s'en étant tirée de justesse...Elle fuit. Depuis un peu plus d'une année. Quoi donc ? Qui donc ? Elle préfère ne pas en parler. Toujours est-il que ce type d'immigrante est encore jamais vu. Souvent, elle est prise pour une esclave à première vue, mais considérant ses dentelles aguichantes et sa propreté, l'on y pense à deux fois. Au final, ce doit être une servante excentrique et un peu gâtée, ayant trop travaillé dans les champs.

Rêveuse, elle songe avec mélancolie aux calanques de son île. Elle en deviens nostalgique.
Ici les gens semblent d'autant plus faux qu'ils sont éduqués. Et les autres semblent si inintéressants qu'elle n'a pas envie de véritablement les rencontrer.

Toujours la même rengaine... une ville, des milliers de gens, jamais de vraie rencontre. Les gens ne font que se croiser finalement, mais ne se rencontrent pas.
Ou alors c'est à celui qui aura le plus de titres...Ou alors à celui qui criera le plus fort à la calomnie...
Déplorable... Pitoyable... Elle patiente encore un peu, mais se dit qu'elle partira peut-être dans une autre ville sous peu, pour voir si les gens là bas savent vraiment vivre.

La silhouette de Thays se profila derrière un homme au col...ensanglanté ?

Haussant un sourcil intrigué, un tantinet inquiète, elle ralentit la cadence afin de le laisser entrer, ou s'en aller, sans elle.
Saens
Juste après avoir donné sa réponse - son mensonge ? Nenni, on peut dépenser beaucoup en buvant, surtout quand on est né avec du vitriol dans le raisiné - le brun tourna la tête, à cause d'un bruit de pas. Un battement d'ailes de moucheron convulsif plus tard, il avait remis les manches de sa chemise en place, et vainement discipliné un de ses épis noirs, sans savoir pourquoi.

La raison est derrière, elle une peau d'ambre et des yeux couleur océan qu'est de bonne humeur, lui murmure son oreille. Elle fixe ton col aussi. Tall and tan and young and lovely... Le brun baisse les yeux vers ledit col, note la bavure, le redresse illico vers l'exotique : mais demoiselle, ignorez-vous la poésie de quelques taches rouges sur du coton blanc ? C'est même, comme un auspice pour cette nuit.

Mais autre chose le chiffonnait, et il se décida à lui adresser la parole. Car Saens n'était pas qu'un amant, un bourreau des aubergines et un névrosé, il portait également, dans son immense polyvalence, la toque du père abusif. Même avec les inconnues. Surtout avec les inconnues. Brunes. Qui se baladent en petite tenue. Puis l'était curieux. Un pas vers l'arrière donc, les sourcils pensifs et la voix basse.


"N'avez pas peur ? Non, parce que ma couleur préférée, c'est le vert, et il y a un instant, lorsque j'ai tourné la tête, j'ai oublié quelle était ma couleur préférée. J'ai la remembrance poussive, en générale, et versatile, un peu comme une vieille charrette abandonnée dans un champ de ronces, mais j'oublie très rarement ma couleur préférée. Et ici, ça grouille de coquillards, de bellâtres et de tire-laines qui... On s'en fout, mais... Vous n'avez pas peur de leur faire oublier leur couleur ?"
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