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La Rose Pourpre, Bordel des Miracles (2ème partie)

--Demetria.
La fumeuse la détaille et l'envisage... Il y a deux jours, sans doute Dem' aurait-elle baissé les yeux, se plongeant dans l'étude passionnée de sa robe, de ses mains, ses bottines, n'importe quoi pour ne pas se retrouver dénudée sous un regard inquisiteur.
Mais nous sommes bien aujourd'hui, et depuis elle a appris à tenir le cap vaille que vaille, accordant à son teint empourpré de timidité l'audace bravache de la jeunesse. Elle se tient bien droite, laissant retomber sur ses hanches girondes bien qu'encore à peine esquissées, le bras qui tout à l'heure désignait l'alcôve. Afin d'échapper à la chaleur qui semble se complaire sur ses pommettes juvéniles, elle se concentre sur discours ô combien passionnant de Lulue sur le sauvignon...

Décidément, tous les clients de la Rose partageaient une passion sans mesure pour l'alcool et particulièrement le vin. De Belombre qui en raconte les tanins, à Lulue qui vante sans détour les attraits... Depuis qu'elle est là, Demetria n'aura gouté que les saveurs sucrées de cocktails savamment préparés par Rexanne, ou la liqueur de Rose, boisson inspirée dans cette antre.
D'une légère inclinaison de la tête, elle cherche une seconde ses mots pour répondre à l'invitation. Dans ses veines court un picotement anxieux. Si elle se prépare depuis des jours à cette nuit où le Pétale deviendra Rose, elle n'avait pas songé qu'une femme serait celle qui la première toucherait la peau vierge. L'idée, sans lui déplaire, l'interpelle. La soudaineté de l'ordre de la Succube aussi.


Bien…cette alcôve me semble bien plus confortable que ce comptoir. C’est avec plaisir que je vous suis. Souhaitez-vous goûter à ce sauvignon ? Si vous n’aimez le vin si bon soit-il, permettez-moi de vous faire goûter à mon péché mignon.

C'est avec plaisir que je gouterai le sauvignon... Même si la curiosité me pousse à vous demander quel est votre péché mignon.

Demi sourire esquissé, la lueur dans le jade indiquant qu'elle espère bien, même si elle saurait le cas échéant faire face et ne pas marquer de surprise, qu'il s'agit d'une autre boisson... Chaste demoiselle aux réactions encore prudes, même si depuis son arrivée elle en a vu de belles...
Mais le temps de commander les verres et la bouteille, voici une apparition qui se place derrière la plantureuse silhouette. Cheveux ébouriffés, minois plus tout jeune, regard fatigué et tenue pour le moins... étonnante. Sourcil légèrement arqué en voyant le carmin maculer la tenue du nouveau client, hochement de tête intrigué en réponse au bonsoir lancé comme un bouchon dans un étang...

Elle ne s'inquiète pas. Dem' se sait en sécurité. Entre un Gardien, une Reyne et l'Epineuse Rexanne, elle ne craint rien dans le salon pourpre. A peine allait-elle saluer, décousant la ligne de ses lèvres, que Lulue se retourne, coupant net toute velléité de la Pucelle. Entre amusement et agacement que la Fumeuse se permette de tancer un client. Car qui d'autre s'accouderait au bar... Les réflexes de la Maquerelle commencent à se transmettre à la Vierge. Légèrement Perplexe elle suit l'échange unilatéral.

Et suit la poigne du brun qui se délie, l'épaule qui roule, étincelle surprise qu'elle contient, regardant de l'oreille Lulue, écoutant des émeraudes le brun et son geste. Prunelles qui se croisent. Geste qui s'éteint plus rapidement qu'il n'avait été amorcé. Le rire se lit dans les yeux du boucher, il éclot dans la gorge de la Pucelle.
Léger, aérien, insolent, flottant gracieusement autour d'elle tels de petits grelots que le mouvement d'air auraient provoqués dans leur sommeil policé, il s'étale, joyeusement enfantin, sur la Vierge, secouant la menue poitrine. Avant de s'évaporer dans l'air ambiant, ne laissant qu'une Vierge contrite devant le regard de la Fumeuse, fuyant celui du Brun cause de son hilarité puérile.
Déglutit. Se reprend. Eclair furibond d'un vert faussement offensé vers Saens. Sourire d'excuses vers Lulue.


…donc, désirez-vous goûter ce vin, ou passer à mes péchés mignons ? Ainsi nous demanderons les boissons et iront les attendre où vous me le proposiez. Nous serons bien plus à l’aise et…
…tranquilles


Verres déposés, Sauvignon débouché qui tronent sur le zinc, un sourire plus franc vers son amie qui planque à son tour une mine rieuse.

Les boissons sont là... Nous pouvons y aller... puisque vous ne souhaitez d'autre compagnie que la mienne... ce dont je m'avoue flattée...

Et effleurant d'une main celle de la Fumeuse, esquissant un sourire matiné de "Vous m'amusez" au Brun, elle tourne tête et talons, prenant sans précipitation la route de l'alcôve, son dos dénudé jusqu'aux reins, blanc, pur...vierge.

_______________________
Thays
- Pendant ce temps, refusée à l'entrée -

Thays, pantoise, regardait l'homme aussi grand qu'une armoire entrer et refermer la porte de la Rose Pourpre après lui.

Un afflux sanguin l'emporta. Elle aurait dû emporter sa mâchette avec elle, lorsqu'elle avait quitté son île, Chuuk.
Pour sûr qu'elle en aurait fait un planté magistral dans la porte, fendant les ornements.

Ne se contenant pas, elle se mit à vociférer.


Bien, refusez donc les Damoiselles au profit des meurtriers !
Bien, j'irai chez la concurrence !

Toujours hurlant à pleins poumons, hélant le chaland, puis la foule,

Oyez oyez !! La Rose Pourpre n'accepte plus les femmes, rien que les assassins !
Mais voyez ce que j'y ai à dire !


Sur ce, haussant sa courte robe et se penchant en angle bien droit, elle tendit son cul nu en direction de la porte, se doutant bien que le portier n'aurait cure de ses indignations.
Pour peu, elle en aurait lâché un gaz, mais ce n'était pas très élégant.
--Jaysabel
Hé bien, hé bien... l'action entourait Jaysabel mais ne semblait pas l'atteindre en son centre. La jeune femme se sentait bien seule au comptoir, se demandant si Rexane n'aurait pas une petite pause à un moment donné. Non mais, c'est que les clients ne la laisseraient pas tranquille de la soirée! On lisait bien dans leurs yeux à quel point cette femme leur faisait envie. Et on ne l'avait pas remarqué elle... ce que c'était désagréable. Jaysabel s'était faite toute petite pour ne pas attirer l'attention, au risque de mettre en colère la Succube. Il valait mieux se fondre dans le décor et attendre. Attendre que Rexane ait une petite seconde pour lui répondre ou qu'un miracle survienne.

Miracle des miraculés, c'est une pauvre chaste qui sortie de la cuisine au même moment! Une pauvre chaste...? Mais qu'est-ce qu'une femme comme elle pouvait bien faire en ces lieux? La bouche pincée comme une soeur répugnant le spectacle qui s'offrait à ses yeux, elle la regardait comme si elle voulait la sauver.

Pitié, faites que ce ne soit pas la dame qu'il lui fallait rencontrer, Madame Madeleine... Et pourtant, elle en avait tout l'air avec un nom comme celui-là. C'était un nom de bonne soeur. Et à bien y penser, pourquoi dirait-on madame d'une catin? Bon sang...

Bon, aucun autre choix ne s'offrait à elle que d'aller ouvrir ses jambes pour un ange au regard mémère qui allait vérifier son état de santé. Très bien, se dit-elle en un soupir. Puis, arborant un magnifique sourire, pas trop séducteur pour ne pas la choquer, elle se leva et s'adressa à la dame.


Excusez-moi, seriez-vous Madame Madeleine?

Réponse évidente, il lui fallait continuer.

La propriétaire m'a dit de venir à votre rencontre pour vérifier mon état de santé.

Elle avait fait attention aux termes employés. N'étant pas grossière de nature, ce n'était pas bien compliqué, mais elle s'assurait de vouvoyer la dame qui se trouvait devant elle. Mais quel âge avait-elle donc? Avait-elle l'apparence de son âge ou si c'était son pacte avec le Tout Puissant qui l'avait rendu comme ça?

Lyhra
Si elle fut surprise de la proposition , la Succube n’en laissa rien paraître.
Une maquerelle avait ceci du curé parfois, la faculté de pouvoir tout entendre sans battre un cil. La différence étant qu’ensuite, on chantait autre chose que des Pater...

Pourtant, elle l’était bel et bien et se dit qu’on avait déjà essayé de lui faire avaler des choses farfelues –c’est le moins que l’on pouvait dire tout en restant convenable- mais pas de cette sorte là.

Il fallait qu’elle réfléchisse bien sur, réponse ne pouvait se donner par retour de souffle. Aussi, elle lui indiqua d’un geste deux fauteuils à quelques pas de là, aimablement disposés autour d’une table ronde et basse supportant un chandelier de fer noir, sur lequel était planté une longue chandelle cramoisie qu’elle alluma avant de s’asseoir, croisant élégamment ses deux longues jambes, naturellement allumeuse.

Fortuitement, un flacon de vin patientait là qu’on le débouche, flanqué de deux coupes. Servir de ce breuvage aux joyeux reflets carmins et s’y employer lentement leur laissa donc à tous deux le temps, pour l’un d’imaginer la réponse qui lui serait faite et pour l’autre de peser chaque mots prononcés.

Il tuait donc.

Ce n’était à proprement parler pas un exploit, surtout aux Miracles où l’on trouvait pléthore d’assassins pour quelques écus ! Au pire, Shadahar le Maudit savait vous concocter un poison diabolique qui vous envoyait ad padres en moins de temps qu’il ne fallait pour l’avaler.
La belle affaire !
Elle-même… pouvait user de ses jolies mains aux ongles soignés pour bien autre chose que des caresses, si cela s’avérait nécessaire, et cela l’avait été parfois bien qu’elle goutait fort peu d’avoir à se salir les mains de telle façon.

Il tuait discrètement.

Heureusement encore ! Avait-on jamais vu un égorgeur claironner à tous les vents le nom de son commanditaire ?!

Et puis avec ça… comment remplirait-elle sa part du marché conclu avec Démétria ?
Faudrait-il couper la poire en deux dans l’éventualité ou la douce vierge ait un cruel ennemi à éradiquer : Esemyr ferait deux estropiés au lieu d’un trucidé ?
C’est en or qu’elle s’était engagée à payer la vierge rousse pas en promesse de mort.

Elle en était là de ses réflexions quand Dame Madeleine sortit des cuisines terrorisant la fillette entrainée dans son sillage.
Saint Foutre ! Il faudrait lui coller quelques dentelles sur son habit pour la rendre présentable celle là ! La pauvrette qui se tenait comme un lapin apeuré entre ses serres bien aiguisées aurait grand besoin d’une main secourable mais la Succube avait d’autres chats à fouetter, cela attendrait.

Elle reprit sa gamberge.

Des terres ? Pardi, ce serait un pré à mouton perdu au fin fond des royaumes ou le bout d’une forêt maigrichonne, c’était par trop risqué et qu’en feraient-elles ? l’une débutait dans le métier et l’autre en était à son apogée. Quant à l’or… il fallait voir.


Vous parliez de terres ? … En avez-vous les titres de propriété ? Décrivez moi donc ces possessions là.

Et sans lui laisser le temps d’encore répondre elle tapota la courbe de son exquis sein gauche là où avait été prestement dissimulée la proposition de Belombre,

J’ai ici une offre ferme, en écus.
Quelle pourrait-être la votre ?

Reposant son dos contre le dossier, elle se laissa aller confortablement, approchant la coupe de ses lèvres, l’œil indéchiffrable.
_________________
--Lulu_la_charnue
- Pendant ce temps, entre femmes et homme instrusif -

Demetria riait de si bon cœur… L’homme derrière Lulu se fichait donc d’elle ?
Elle s’apprêtait à faire volte face à lui assener un regard à lui faire s’uriner dessus, mais sa vierge saisit sa main, douce prime étreinte, si prometteuse et coupant court à son ire et ronchonnement d’avoir été dérangées…

Instantanément de bonne humeur, suivant les pas de son hôtesse, elle glissa un regard lubrique à l’homme, en coin, et lui lança d'une voix suave un
« vous pouvez regarder… » lourd de sens tout en caressant du bout de ses doigts la main délicate de la doulce jouvencelle.

Elle espérait qu’il les suive…le spectacle promettait et il serait aux premières loges… dessert prêt à emporter suite à l’exquis mets principal encore jamais dégusté.

De faim, à ces irrésistibles perspectives, elle s’en lécha les lèvres.

Elle se laissa entrainer du pas déterminé de Demetria, effleurant les hommes et femmes au passage afin d'attirer leur attention à tous.
Plus elles auraient de public, plus ce serait délectable.
--Barbatoss


[Devant la porte d'un bordel réputé pour ses parties fines]

Chargé d'une course fort acceptable pour cette nuit à présent bien entamée de part la taille de la bourse qu'il venait de récolter. Notre homme avançait dans sa besogne quand l'occasion d'assister à un spectacle fort interressant et distrayant ne manqua pas de lui sauter aux yeux. S'immobilisant, il se mit à observer la scène de cette jeune fille au tempéramment bien trempé. Difficile de dire si ce n'était que simple curiosité... La belle paillarde gesticulant et mugissant toute sa colère le fit sourire au point qu'il trouva même un certain intérêt à venir l'aborder dès qu'elle eut rabattu ses jupons sur son délicieux fessier.

Arborant un air de bon ton sur la face tendit que son port de tête le distinguait encore davantage, il s'avança.

Clap. Clap. Clap.

Les paumes s'entrechoquèrent gaiement, alors qu'il riait, ses yeux vifs et pleins d’intelligence cherchant l'accroche à ceux de la tigresse tendit que son propre regard passait de rieur, à doux et à la fois imposant.

Quel charmante pièce donnée là mais je m'interroge sur le pourquoi de ce désir de pénétrer en un tel lieu? Il ne sied guère à ce si jolis minois fit-il en souriant.

Ne souhaitant guère l'offenser, il n'ajouta pas que son accoutrement pouvait en revenche suggérer le contraire. Il avait parlé sur le ton simple de ceux qui ne cherche nul cohorte. A présent proche d'elle, il put détailler son visage et sa mise. Il devina à son portrait qu'en sa personne habitait une âme dénuée de bien des artifices. Quand à sa propre toilette, elle n'était que peu soignée au vu du vieux cuir de chasse qu'il arborait sous ses armes, de ses cheveux dénoués et emmêlés, sans parler de sa peau basannée à force d'être exposée au soleil et aux quatres vents.

Permettez que je me présente, mon nom est Barbatoss

Nul courbette n'accompagna ses dires mais il inclina poliment la tête tout en songeant que cette splendide demoiselle pourrait gâcher son existence si elle parvenait à passer la porte d'un tel bouge. Il l'imagina dans un corset de fer lui labourant les hanches, fardée et parfumée à outrance. Une damnation à laquelle la plupart des femmes derrière ses portes s'étaient vouées elles-même. Cette image certainement erronée ne manqua pas de l'agacer et il éprouva presque un sentiment de gène à l'imagination dont il pouvait déborder.



--Belombre
Un pétale flétrirait cette nuit, donné en pâture a un animal assoiffé par celle qui l'avait choyé en vue d'un récolte sonnante et trébuchante. Belombre su que la reine des roses voulait bien plus mais, l'obtiendrait-elle? L'appât du gain toujours et encore pourtant lorsque la terre emplira ses entrailles que feront pour elle, écus, pierrerie, vaine promesse de paradis?

Il s'amusait encore et toujours à observer ses âmes se débattant sur ce royaume, à la recherche de dieu sait quel bonheur...le vin, les plaisirs charnelles, le pouvoir, l'argent, la force, l'amour... mais lui que désirait-il?

La douce rousse se dirigea avec une femme gonflée de sa prestance à l'écart, la maquerelle tentant d'amadouer l'autre prétendant, allée et venue au bordel, âmes chêtives ou perdues, esprits combatifs ou idiots, cette maison retenait en ses murs un panel de vie insignifiante mais au combien réelle.

Son regard sombre jaie se reporte un instant sur l'objet de ses désirs d'un soir et tombe sur le regard puissant de celle qui l'accompagne, il y lit une force doublé d'une tentation redoutable. Une phrase laché ne s'adressant pas à lui vient à point nommé pour le sortir de son ennui « vous pouvez regarder… » la voix sifflante avec un soupçon de défi, il ne lui en faut pas plus pour s'inviter.
Ainsi la pucelle serait offerte avant à la meilleur des professeurs qui soit en ce domaine. Belombre avait toujours été attiré par l'intensité sensuelle des caresses que pouvaient s'échanger deux femmes, loin de la domination, de l'humiliation, de la force brute. Geste précis, doux, l'une sachant très bien ce que l'autre apréciait pour ce connaître mieux qu'un homme ne connaitrait jamais le corps d'une femme

L'ombre s'adossa contre l'alcôve, reporta son verre de vin à ses lèvres. Il ne gagnerait peut être pas l'hymen mais au moins profiterait d'un spectacle des plus ennivrants.
Thays
[Devant le bordel, face à face avec un inconnu déconcertant]

Clap. Clap. Clap.

Coupée dans son envolée lyrique, Thays ayant recouvert son popotin haussa un sourcil.
Le bonhomme riait et applaudissait. Se moquait-il d’elle ?Qu’il ose un peu pour voir…S’il saluait ses performances de comédienne, c’était décidé, elle lui volerait dans les plumes. Toujours agacée, énervée, son ire n’était pas complètement descendue. Une bagarre lui aurait fait du bien.

Quelle charmante pièce donnée là
Parbleu, elle allait le castagner à l’en déformer de tous les côtés celui-là !

mais je m'interroge sur le pourquoi de ce désir de pénétrer en un tel lieu? Il ne sied guère à ce si jolis minois


Coupée dans son élan sanguinaire imaginaire. La flatterie était plus qu’évidente mais avec elle, ça marchait. C’est que Thays aime les hommes. Elle les collectionne. Il va sans dire que sa collection a sacrément pris la poussière et qu’elle attend toujours certaines pièces, mais bon…

La suite l’étonna. Un homme qui, se présentant, ne faisait ni courbette à en coller sa mâchoire au sol, ni baise main faussement mal calculé et effleurant – oh que je suis maladroit – le sel de sa peau.

Si elle permettait qu'il se présente ? Mais bien sûr qu'elle lui permettait.
Elle le lui enjoignait même !

Une lueur de vif intérêt naquit dans l’océan. Elle le regarda avec bienveillance, totalement apaisée.

Mais très certainement.
Je suis Thays. Et si je me trouve icelieu…ma foi, la coupable doit être ma curiosité à vrai dire. Je n’ai jamais été dans ce genre de maisonnée.
Mais…vous m’intriguez. Que siérait-il donc à ce si joli minois ?
--Ainara
La Cour.... Jamais elle aurait pensé y revenir si vite. Jamais non plus elle aurait imaginé qu'ce s'rait dans ces conditions. Non. Elle avait cru tourner définitivement le dos à cet endroit, ne plus jamais revoir ces venelles étroites et puantes, ces bicoques délabrées et leurs habitants tous plus ou moins gibier de potence. Et pourtant....

Pourtant elle était là. Encore plus loqueteuse que les gens du cru, si c'tait possible. Encore plus affamée aussi. Des jours qu'elle avait rien becqueté, depuis son départ en fait, si ce n'est de méchants potages arrachés à la "charité" de quelque curé plus porté sur le cotillon que sur les prières ou de quelque bourgeois condescendant qui pensait acheter ainsi sa place en Paradis. En Paradis! Qu'ils gèlent tous en enfer oui, et pour l'éternité, c'était tout le bien qu'elle leur souhaitait!

En attendant, c'était elle qui gelait en cheminant d'un pas hésitant dans les ruelles de la Cour. Elle avait tout envisagé pendant cette escapade: travail honnête, mendicité, brigandage même... Force était de constater que rien de tout ça n'était pour elle. La seule chose qu'elle savait faire, décidément, c'était se vendre. Retour aux premières amours: coureuse de rempart, fleur de bordel, c'était bien là son seul métier. Seulement voilà, on en vivait rarement quand on était seule. On récoltait plus de coups que de pièces quand personne n'était là pour calmer le chaland. Et les coups, Aïnara en avait eu son content. Largement assez même en si peu de temps, pour lui faire regretter, amèrement, de s'être esbignée de la Rose. A-t-on idée de lâcher ainsi une place sûre pour aller courir les chemins avec un godelureau! Pour sûr, elle s'en mordait les doigts maintenant, de s'être cru de celles qui peuvent n'avoir qu'un homme quand depuis ses quatorze ans elle était de celles qui sont à tous.

Et maintenant, elle se retrouvait le bec dans l'eau, réduite à jouer son va-tout ici. La Cour des Miracles... La blonde lâcha un bref ricanement qui résonna dans le silence de la rue. Comme si ça existait, les miracles! Pourtant, elle en aurait bien besoin d'un pour convaincre ce soir...

Encore quelques pas, tourner l'angle de la venelle... Elle y était. La Rose. Bougie allumée à l'extérieur: la maison était ouverte. Mais serait-elle ouverte pour elle, la fuyarde, l'ingrate? Elle qui avait jeté aux orties la fidélité exigée? Pas gagné, pas gagné du tout, même en faisant amende aussi honorable qu'un condamné à mort sur le parvis d'une cathédrale. Seulement elle avait pas le choix, la blonde. S'approchant du bordel, elle dépassa les deux individus en conversation devant la porte close sans leur prêter grande attention, et saisit le heurtoir. Une dernière hésitation. Et le bras de métal de retomber en résonnant sur la porte. Si la blonde avait connu le latin, elle aurait spirituellement songé "alea jacta est". Mais bien sûr c'était pas le cas, et tout ce qu'elle arrivait à songer, c'est qu'il devait faire chaud, à l'intérieur.



Edit pour mise en cohérence avec la trame générale du topic
--Barbatoss

[A trois devant la porte]

Baignés d'une douce obscurité, l'air légé flottant autour d'eux. L'homme apprécia la façon dont la palette d'émotions s'était teinte de différents tons sur le visage de la nymphe enfiévrée. Tantôt cruel, tantôt naïve, un air d'enfant à la fois tendre et rustique, elle se montrait comme un monstre divin désirant qu'on l'effleure.

Etant au goût du jour, expressive et mordante, vous feriez sensation dans le monde car vous avez "du chien" comme on dit et point de ligne, point de classique. Vous êtes piquante, votre destinée devrait être singulière car j'en entend déjà le galop dans mon coeur.

Une... une artiste!
Mais oui pardis!
Cela vous sied parfaitement.


Il la voyait déjà parlant de combat, d'amour et de sagesse...

Evitez donc de devenir un vain et grossier petit animal. A tout prendre, mieux vaut éviter la plus mauvaise part des choses de la vie. S'il fallait choisir entre les vanités, ne préféreriez-vous point celles qui font oublier, qui consolent, qui donnent à l’existence la paix avec la dignité?

Se disant, une blonde créature en haillon passa devant eux pour aller cogner la porte du bordel.
Barbatoss la suivit des yeux, elle était maigre et sale mais il ne put voir sa face ni ce qu'elle reflétait.
Il en revint au badinage, retrouvant contenance le temps de poursuivre dans l'intérêt de la jeune femme.

J'imagine bien que les femmes de la Rose Pourpre sont ravissantes et qu’elles ont autant d’esprit que leurs adorateurs en ont peu. Elles sont faites pour nous donner quelque trouble. Mais que voulez-vous ? C’est un fait qu’il y a de jolies femmes sur la terre. Les manuscrits ne le diraient pas, qu’on le verrait bien tout de même. Un endroit tel que celui-ci ne craint pas de nous montrer de ravissantes créatures ; mais, en même temps, il nous fait comprendre qu’il est ardu et décevant de vouloir les aimer de trop près, et c’est là justement qu’il se révèle moraliste consommé.

Baissant d'un ton afin de ne point être entendu, ses yeux revinrent couvrir ceux de la brune.

Que pensez-vous que va devenir cette gueuse?
Elle semble courir après son malheur, gâtant son existence et ruinant ses ambitions passées.
Imaginez qu'elle est bon coeur mais qu'elle finisse tout de même secouée et abusée tel un panier de linge sale...
Aucune personne honnête au monde ne s'en accomoderait.


Il marqua une pause puis lui souffla tout d'un coup sur le même ton de confidence: Vous étiez cette personne il y a quelques minutes... puis, il se tut encore, espérant la brûlure éloquente. Il ne croyait pas qu'elle fut ici pour s'instruire ni par simple curiosité mais de cela elle n'entendrait jamais parler.



Saens
La rouquine et la cliente filèrent vers l'alcôve, accaparant la tension. Le brun ne suivit pas. Il n'était pas client du grand spectacle, et de surcroit, il était contrariant. Poser sa carne contre un mur, verre à la main, et suivre des ardents les jeux pervers de deux mignonnes - l'ancienne qui fait son œuvre et la vierge qui se pâme dans une écœurante perfection - au même rang que les autres, pour finir toujours contre ce mur, à considérer la vacuité de l'hanap et rien pour soulager ce monstre de tisonnier dans ses braies, ne l'intéressait pas. La frustration n'est bonne à cultiver qu'avec l'assurance de la décharge, disait l'oncle. D'ailleurs, le brun n'est pas encore ivre.

Regard posé sur le comptoir, il s'y attèle. Quand il sera en ribote, lorsque la griserie viendra teinter son cerveau comme une tache de vin qui s'étend et se dilue, il arrêtera un peu le temps. Il se laissera happer par les murs, étourdi, à renifler des effluves de fleurs absentes. Et même là encore, regarder serait par trop cru. Brusque. Rouge. Le cru doit atterrir au beau milieu d'une lande pâle et délicate, c'est ainsi qu'on le met en exergue, et c'est ainsi qu'il lui plaisait. Le brun avait le goût des ruptures.

Et c'était un homme d'oreille. Lentement, c'est l'idée d'entendre qui fit son chemin dans les laies tordues de sa broussaille mentale. S'il ne mire, il ouïra. La suggestion aux joues empourprées vira du peton dame frustration, avec son visage taillé à la lame et son col asphyxiant. Tympans à l'affut, il attend maintenant en fixant le mur. Il attend les murmures des personnes présentes, le bruit des coups d'œil lubriques de ces monsieurs, celui du souffle de la vierge et des cuisses de la belle-croupée, pour ensuite, deviner.
Constance, incarné par Damefrenegonde


Des pas résonnèrent sur les pavés de la rue étroite qu'arpentait Constance.
Jolie brune au regard ocre, se tenant droite et fière sous sa cape sombre.
Ce qu'elle venait faire en ces lieux et à cette heure tardive? elle même ne le savait point.

Ressassant le cours de sa vie elle avait pris conscience de l'ennui mortel de son existence.
Certes elle était mariée à un riche notable, prenant soin d'elle, ne lui refusant aucun de ses caprices. Cependant la jeune femme ressentait un manque...Mariage de convenance, sans amour ni passion, leur couple s'engouffrait dans un néant sans porte de secours.
Constance ne le désirait pas et leurs débats se vouaient souvent par une frustration de la belle qui ne pouvait se laisser aller.
Une vie quasi monastique, n'ayant malgré tout jamais partagé sa couche avec un quelconque amant, voulant toujours faire passer sa conscience avant tout et montrer en elle une épouse exemplaire.
Mais ce soir là après une journée pleine de réflexion la jolie plante sentit qu'il fallait qu'elle sorte de sa cage dorée et qu'elle profite de sa vie.
Elle avait entendu parler de ce "bordel", où des jeunes femmes loin d'être sauvages proposaient leurs corps à quelques badinages.
Sa curiosité avait été titillée plus d'une fois mais ne voulant se laisser aller à cette vie de corruption et de vices elle chassait bien vite ces idées.

Ses pas la menèrent donc devant cet endroit si longtemps imaginé.
Elle se posta devant la porte massive, ne jetant aucun coup d'oeil sur ce qui l'entourait. Elle se sentait mal à l'aise parmi cette populace qu'elle n'avait pas souvent l'occasion de croiser.
Ses yeux fixaient le pan de bois, son coeur battait douloureusement dans sa poitrine. Mais que faisait elle? Quelles forces maléfiques s'étaient emprises de son esprit si sain?
Elle essaya de se rassurer en se disant qu'elle ne voulait en aucun cas consummer mais juste se rendre compte, s'informer....Mourir moins bête...
N'osant ouvrir cette porte qui la séparait encore de cet antre maudit elle réfléchissait. Allait elle se décider à le faire?...
--Marco.della.torre



Il aurait été tellement plus commode et aisé de prendre un coche pour se rendre dans ce quartier appeler le pourpre, au lieu de quoi, il est obligé de salir la semelle de sa paire de botte de cuir noir en battant les rues crasseuses et nauséabondes ; pas aussi pestilentielles que les rues parisienne ; de la cour. "Maudit soit les bien pensant qui m’oblige à quitter la capitale." Grogne la bête alors qu’elle suit son valet vers le dernier endroit où, elle pourrait trouver de quoi se distraire un peu. - Tapie dans un coin reculé de la conscience, la bête sommeille en attendant que l’astre lunaire luise. Elle ne dort jamais complètement. Elle est là. Patiente. Son heure arrive tôt ou tard, toujours plus affamée, toujours plus féroce, et l’homme qui la garde soigneusement en son sein la préserve du monde. Le paraitre est une faculté qu’il maitrise, n’est-il pas né dans la haute noblesse ? La manipulation est un art qu’il a su apprivoiser en se mélangeant à ces bêtes de somme. -

Et dire qu’il n’y avait pas si longtemps, il était encore de ceux incontournables de la cour Milanaise. Sa mâchoire se bloque, sa lèvre se soulève en un pli carnassier. On lui avait tout confisqué, jusqu’à ces terres et son titre. Un paria voila ce qu’ils en avaient fait, pour mieux le dominer, le placer au rang de commun et l’enferrer. Pauvres fous, le Vicomte Della Torre avait des ficelles à tirer encore, des *amis* si redevable et soumis qu’il en aurait presque ri si l’on avait essayé de le doubler ; des créanciers à sa porte quémandant des remboursements…Ils pouvaient bien attendre, Marco n’était pas un péquin, bien le contraire alors comment avaient-ils osés, comment ?! Son pas s’intensifie, distance son larbin, la colère brouille sa vue, s’amplifie alors qu’il songe à Paris aux dettes et doutes accumulés, peut-être devrait-il pour un temps faire profil bas. C’est ce que lui avait suggéré l’une de ses rares relations du moment. Il était allé même jusqu’à lui glisser une adresse dans la paume de sa main alors qu’il se retirait. D’abord froissé par se comportement si familier, puis enragé de s’être à se point laissé aller. Ses mœurs ne regardaient personne, il avait manqué de vigilance, l’animal grogna, il lui fallait une proie, qu’importe sa naissance, son odeur. Il jeta le papier dans un coin de la pièce, il ferait comme bon lui semblait.

La nuit passa sans qu’il ne sorte de son antre, cet hôtel particulier prêtait à titre gracieux par l’une de ses fréquentations partie pour le Saint Empire Germanique. La raison, il la connaissait, s’en amusait même, au moins, pour un temps, il avait un toit à sa mesure. Le jour suivant, il fit mine de recevoir un *ami* attentionné, qu’il délesta de quelques mille. Et lorsque la soirée arriva, il s’adonna au jeu. Des dettes qu’il accumulait, des billets qu’il signait et des écus qu’il perdait. Le Vicomte ne savait vivre autrement qu’au dessus de ses moyens, il aimait le faste, s’habiller à la dernière mode tel un dandy, dépenser plus que de raison sans regarder, pour tout et rien, il voulait asseoir son emprise sur cette nouvelle société qui était devenue la sienne depuis son départ et non sa fuite du comté de sa naissance.

Il avait pêché une fois par orgueil, une simple erreur et le voila dans ce quartier immonde, son regard ne peut souffrir cette vision vicié, cette odeur rance, ces communs déguenillés, même ces catins ne lui donne pas envie de les approcher.


« - Allons… Monsieur, renâclement du serviteur devancé. Il n’est point besoin de presser le pas… Le…La maison n’est plus très loin…vous allez la dépasser…Monsieur…voix qui s’égosille alors que l’animal fait la sourde oreille. »

La bête grondait en lui, le jeu et le vin n’avaient su ce soir le distraire assez pour lui couper l’appétit. Il y avait si longtemps qu’il ne l’avait laissé se repaitre que même perdant dans une partie où tout lui donnait lieu de gagner il ne réussit à provoquer le gagnant en duel. Son exaspération, son envie était telle, qu’il posa ses cartes, pris sa cape sans congé et retourna chez lui en espérant retrouver ce fichu morceau de papier. Il réveilla non sans gronder son larbin endormi. Attendit avec impatience et râle que celui-ci ait fini de s’habiller pour rejoindre sa voiture. La Cour des miracles, voila où il devait aller, réputée pour son engeance de dégénérée, cet endroit qu’il ne considérait comme n’appartenant plus à la Cité. Et lorsqu’arrivés à la limite entre Paris et la Cour, son serviteur arrêta la voiture pour l’en faire sortir, ce n’est pas la colère qui le submergea en premier. Le fauve s’était mis en appétit. Il n’avait qu’une obsession, une seule. Il exhala à plein poumons cet éveil.

« - Monsieur…Ralentissez…Monsieur…arrêtez-vous…nous…le souffle coupé, la respiration courte, l’homme se tient les côtes avant de continuer. Nous sommes arrivés. »

Approchant à hauteur de son serviteur, il reste cependant en retrait le temps que celui-ci l’annonce en cognant contre l’huis aux courbes charnelles. La perspective d’une soirée à se délecter de cris le rendait à moitié en transe.
--Demetria.
Dans son dos, elle sent les regards qui sur sa peau fourmillent, éveillant le brin de timidité qui ne se planque jamais bien loin... Assurant le pas comme le déhanché, tel qu'elle l'a vu faire par les Roses, elle tente de ne pas faillir à son devoir. Parce qu'elle n'oublie pas, la Vierge, pourquoi elle se trouve ici.
Certes elle a trouvé au Bordel amie fidèle, Reyne pourpre, souffre-douleur et chaleur... Mais elle sait aussi que pour le conserver, il faut perdre ce qu'une femme ne perd qu'une fois dans sa vie. Elle sait aussi qu'elle devra travailler...

Emploi si commun et si original pourtant, qu'elle n'avait pas envisagé avant la proposition de La Succube. Catin... L'image des filles crasses sur les trottoirs des Miracles et d'ailleurs lui passe en tête rapidement... Tant qu'à écarter les cuisses et subir les assauts de mains enfiévrées, autant qu'elles soient pleine d'écus, que le lit soit moelleux et l'estomac rempli...

La rouquine mesure la chance qu'elle a eu d'échouer dans cette salle, un matin froid, le ventre mendiant pitance, l'allure confiante malgré l'appréhension.
Ce qui l'attend dehors si elle venait à changer d'avis, maintenant que l'heure approche, elle se refuse à l'imaginer. Dem' réprime un mouvement de tête vers Rexanne, car chercher le soutien de son amie reviendrait à admettre sa peur.
Au contraire, elle redresse un peu plus les épaules. Dans sa menotte le bruit du verre qui s'entrechoque, la bouteille pesant un peu plus à gauche. Un instant elle envisage l'alcool comme échappatoire, mais que penserait la Maquerelle si sa Pucelle venait à être ivre ou pire, malade, pendant cette nuit qui doit leur apporter à toutes deux beaucoup ?

L'alcôve se dessine devant elle. Dans son sillage la charnue avance, son souffle qui effleure une mèche qui coule entre les omoplates. Dehors, la nuit est avancée, la mi-nuit est passée et le temps file maintenant vers l'aurore. Mais dans le salon de la Rose, la soirée s'entame, et suit son cours.
A la porte résonnent quelques coups, des tardifs, des noctambules sans doute... Peut-être de nouveaux prétendants...

Se concentrer... Se penchant, elle dépose sur la table la boisson, se retournant, un sourire étirant ses lèvres pleines, les prunelles brillantes, mais bien perspicace celui qui peut y déceler toute l'appréhension qui s'y trouve. Le sourire se prolonge néanmoins vers Belombre qui s'installe pas très loin... vers le dos d'un Brun qui au comptoir lui dérobe son minois. Court jusqu'à Esemyr et La Succube, cherchant une pointe d'approbation ou d'encouragement dans les yeux de la Reyne.


Nous y sommes... Installez vous...

Les banquettes profondes sont faites pour accueillir tous les corps, lascifs ou réservés. Le velours pourpre, profond, leur ouvre des bras molletonnés. Rexanne a eu la gentillesse de déboucher le sauvignon, il ne reste qu'à le verser, ce à quoi s'applique la rouquine, inspirant profondément, creusant la gorge, courbant le dos, offrant ses formes jeunes aux regards, se demandant comment séduire une femme, elle qui se trouve déjà si maladroite à charmer un homme.
Posant ses émeraudes sur Lulue, une légère inclinaison de tête, avant de s'asseoir, de tendre son verre à son interlocutrice, attrapant le sien, y puisant les effluves lourdes du vin. Récupérant dans le tannin l'assise d'une contenance en passe de se faire la malle. Puis elle fait face, la Vierge, elle se rapproche, même.


S'il a le gout de son odeur, alors... vous aviez raison de vouloir que j'y goute...

_____________________________
Thorvald_
L'attente a des vertus ...

[La salle puis la chambre]


Thorvald s’était un court instant installé, savourant le parfum de sa Reine déjà partie toute à la hâte d'une fébrile négociation avec l'homme au regard mauve. Il admira sans complexe la grâce de la pucelle et le savoir-faire de la cliente qui bavait d’impatience devant ce frais pétale encore agrippé à son cœur tremblant. Serait-elle repue après cette entrevue ?… Ou serait-elle prête à payer pour d'autres ivresses encore ?

A contre-cœur, il détacha son regard de la monstrueuse chute de reins de Lulu et s’arracha à son fauteuil. La soirée était prometteuse, l’atmosphère saturée de parfum de rose l’enivrait à elle seule. Le colossal gardien bouda donc le bar et monta à l’étage, faisant craquer les marches sous son poids.

Dans la première chambre, se trouvaient les robes pour les nouvelles venues qui n’avaient pas encore l’argent de leurs premières passes pour se payer dentelles et soieries. Il ouvrit précautionneusement le coffre et étala autour de lui toilettes et châles de toutes sortes et de multiples coloris, les suspendant tour à tour à bout de bras pour en admirer le tombé et les reflets.

Pour Alice, qui était blonde et pâle, il choisit une robe d’un vert foncé, brodée de dentelles prometteuses. Elle était épouvantablement échancrée dans le dos. Il attrapa les ciseaux et le matériel de couture. Il y aurait fort à faire pour que le tissu épouse les petites formes de l’enfant. Il ajouta une fourrure noire pour ses épaules, les nuits étant parfois fraîches au dehors.

Madame Madeleine, maintenant. Plus difficile, car elle n’accepterait pas tout. Il faudrait louvoyer, s’y prendre d’élégante façon pour la soumettre à ses volontés. Vestimentaires ... pour commencer. Le noir s’imposa d’emblée. Sobre, élégant. D’un geste assuré et féminin, il écarta alors toutes les autres dans un fouillis innommable sur le lit, puis se tapota le menton du bout de l’index, tout pensif. Celle-ci, trop décolletée … Toutes l’étaient, d'ailleurs, soit devant, soit derrière. L’intendante refuserait d’offrir son dos aux regards, son dos et des promesses plus abyssales, c’était certain.

Nouveau geste pour faire le tri.

L’une attirait ses regards. Sans doute le col, qui laissait deviner une doublure de soie pourpre. Très agréable à porter, certainement. Tant pis pour le décolleté, après tout, elle était à la Rose : ici c’était l’absence de décolleté qui choquait. Il cherchait un ruban pour les cheveux d’Alice quand il entendit la main de bronze retentir.

Pas moyen d’être tranquille … Il continua sa quête et tomba sur une rose en tissu qui devait se porter au bras, mais qui serait ravissante dans la chevelure de la petite. Ça ou ces rubans noirs … dans une tresse peut-être.

Le bronze retentit de nouveau.

Il soupesait l’un et l’autre, hésitant. Elle avaient de beaux cheveux, peut-être fallait-il les laisser libres. Ou peut-être fallait-il changer, chaque soir, de coiffure. Mais la rose représenterait l’établissement …Que faire ?

Le bronze retentit encore.

[La chambre puis la porte]

Il emporta tout, finalement, et quitta la chambre sans rien ranger.
*Bordel, pas moyen de s’amuser un peu …*
Il dévala les escaliers et alla ouvrir, les robes toujours posées sur son bras épais, les ciseaux dans la pogne.

Se trouvaient là, deux demoiselles, une bien décidée, l’autre très hésitante, et un homme fort pressé. En plus de la jeune fille court vêtue qu’il avait refusée tout à l'heure pour de tout autres raisons, et qui s’était trouvé de la compagnie.


Ah, vous êtes venue avec Mère-Grand ? Dieu ! comme elle a de grandes mains …

Il lui adressa un sourire en coin et reporta son regard sur les nouveaux venus.

Oui ? Ces demoiselles désirent ?

Elles n’étaient visiblement pas ensemble, mais faire parler l’une déciderait peu-être l’autre. Et il était plus facile d’entrer à deux. Thorvald jeta néanmoins un regard appréciateur et rassurant au client. Bel homme. La morsure de l’attente avive le désir des hommes, et c’est un spectacle dont le portier se repait sans honte. L'homme attendra, donc, que l’on veuille bien s’occuper de lui.
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