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La Rose Pourpre, Bordel des Miracles (2ème partie)

--Ainara
[Entrée de la Rose, ça se bouscule au portillon]

La blonde avait attendu sagement face à la porte. Pouvait rien faire d'autre de toute façon. Pas question de repartir, sauf à s'faire jeter par la tenancière bien sûr. Donc elle naquetait là, dans l'froid. Trompant l'attente en guignant du coin de l'oeil les emmitouflés qui poirautaient à côté d'elle. D'la bourgeoisie en veine d'encanaillement sans doute. Ca jouait à se faire peur pour la soirée en traînant dans les bas-fond, pis ça rentrait benoîtement s'coucher dans ses draps bien fins et bien chauds. La blonde catin les méprisait, ces faces de Carême hypocrites. En avait-elle vu, de ces notables qui passaient leurs nuits à cornarder leurs légitimes, et leurs dimanches à confesse; de ces oies de la haute venues parce que l'idée de s'vendre les excitait. Facile de trouver ça exaltant, quand vot' vie en dépend pas... Oh que oui elle les détestait! Mais elle l'aurait jamais montré: c'était l'or qu'on soutirait à ces niquedouilles qui la f'sait vivre après tout.

Oui ? Ces demoiselles désirent ?

Elle sursauta. Plongée dans ses amères pensées, elle en avait oublié ce qu'elle attendait, et la question du portier la prit au dépourvu. Ce qu'elle désirait? Revenir. Seulement c'était assurément pas ce gars qui pourrait décider de ça. Fallait qu'elle s'adresse plus haut, mais quelle hauteur au juste? La première fois, elle était entrée avec Chloé, l'intendante rencontrée dans un bouge des environs. Seulement la reconnaîtrait-elle, l'intendante? Pis vaut mieux s'adresser au Très Haut qu'à ses saints non? Autant y aller et demander direct Dieu la mère. Ignorant les entours, la blonde répondit donc au portier, de cette voix basse et un peu rauque qui surprenait toujours ceux qui l'entendait pour la première fois.

J'voudrais... voir La Succube... J'suis Aïnara... Elle me connaît...

Ouaip, elle te connaît. Probable aussi qu'elle t'en veux à mort fillette, et qu'elle s'fera une joie de te jeter dehors...



Edit pour mise en cohérence avec la trame générale du topic
Thays
Thays regarda l’homme qui prenait un trop grand soin de la droiture de son âme. Elle le dévisagea tout à fait, intriguée de rencontrer en un tel lieu, si glauque, un tel homme. Elle s'adressa à lui en employant un ton courtois mais avec une approche très directe.

Êtes-vous moine ? C’est que vous semblez fichtrement vous préoccuper du salut de ma pauvre âme.
Vous m’êtes sympathique et drôlement flatteur. Voyez-vous, je ne suis pas du genre à faire dans la dentelle, contrairement à ma tenue. Aussi, qu’attendez-vous de moi, mis à part faire sensation dans votre monde ? J’ai quitté le mien il y a bien longtemps déjà.
Ma destinée vous ne pouvez la connaître. Qui donc peut de targuer de connaître de telles choses ? Et le galop dans votre cœur pourrait n’être que tout simplement lié à notre simple présence ? Un homme, une femme, devant un lieu clos…
Pour peu que la Dame soit « artiste »…


Elle poussa un profond soupir.


S’il faut choisir ma vanité, je choisis celle de vivre comme il me plait, sans obligation ni obligé. Rassurez-vous je ne puis devenir un vain et grossier petit animal. Je suis animal à mordre son propriétaire.

Elle sourit et acquiesça aux réflexions dont il lui faisait part. Puis, comme il baissa le ton, parlant de la Dame qui voulait entrer, elle baissa le ton elle aussi.

Il est des fois où le besoin nous fait faire bien des choses ne serait-ce que pour vivre encore un peu, si ce n’est pour d’autres raisons.

Plutôt que de mourir dans la rue, elle connaîtra l’alcool et la luxure, l’amour inconditionnel d’une nuit de milliers d’hommes alors que beaucoup de femmes n’en connaissent pas un. Pas même pour une nuit. Elle connaitra la passion, la fougue, et l’envie – et je ne parle pas là du désir ! – de l’homme qui voudra être son client.
Et le moment où elle en aura assez, si elle ne peut sortir de ce lieu, il y a toujours d’autres échappatoires.


Se remémorant ce temps où son besoin de fuir avait été si fort qu’elle dût enfouir sacrément profondément son amour-propre, elle sembla songeuse et lointaine, serrant les dents, et les poings.
Puis, chassant de son esprit ces pensées désagréables, ainsi que le raidissement de son corps,


Vous avez raison, j’ai été un peu comme cette femme, mais pas il y a un instant.

Elle ajouta à l’intention de l’homme

Certes, ces femmes cloîtrées, vous ne pouvez trop les aimer. Mais n’est-ce pas un bien, somme toute, si l’on considère que la plupart du temps l’amour est un échec ?
Ce mode de relation me semble plus sain à vrai dire : pas de déception puisque tout est clair dès le départ. Passons un moment ensemble, une bonne soirée, aimons-nous une fois et quittons-nous sans rancœur ni amertume.

Elle avait glissé à son intention ces dernières phrases ambiguës de sa voix légèrement adoucie, un peu comme une proposition. Ce soir, elle avait envie d’aimer, mais sans avoir à aimer.

La porte s’ouvrir. De nouveau, le portier fit son apparition, son imposante stature barrant l’entrée.


Ah, vous êtes venue avec Mère-Grand ? Dieu ! comme elle a de grandes mains …

Elle attendit que la Dame eut finit de parler.
Fichu portier moqueur ! N'aimait-il que les hommes ? avec sa dégaine efféminée et sa boucle d'oreille en or... Qu'importe, elle se fit féline.
Piquée à vif, le rose lui montant aux joues, elle saisit la main de Barbatoss. Plaquant le dos de sa propre main contre la paume de celle de l'homme, faisant mine de les comparer, elle mêla ses doigts aux siens, pour amener sa main contre sa joue, se la faisant caresser, provocante envers le vilain qui l'avait oublié dehors et lui offrant un regard de braise.
Oui, de braise bleue, parfaitement.

Vous avez remarqué ? Ça vous laisse rêveur pour sûr…
--Lulu_la_charnue
- Pendant ce temps, au cœur de l'alcôve, au vu de tous et toutes -

Installée auprès de SA vierge, pas encore effarouchée à priori, Lulu l'observa tranquillement et l'envisagea avec gourmandise.
C'était là le moment qu'elle préférait : comment, alors que les deux intéressés qui ici étaient des intéressées - intéressées d'une manière ou d'une autre mais intéressées tout de même - et savaient très bien quel était l'issue finale, devisent l'air de rien, parlant du choix du vin où d'autres choses.
Mais l'air... l'air s'alourdit. Il y flottait comme une odeur de pluie. L'orage tomberait, c'était certain. L'orage de deux corps enfiévrés, en sueur, haletants, foudroyants...
Mais pour l'heure, ils buvaient, ces corps. Et se regardaient, se dévorant des yeux avant de se dévorer de leurs bouches, ces bouches-mêmes qui alors buvaient, qui buvaient du vin avant que de boire un autre nectar.
Sa vierge se rapprochait. Lulu savoura son odeur qui se découvrait peu à peu, s'offrant à elle.


S'il a le gout de son odeur, alors... vous aviez raison de vouloir que j'y goute...

Sa voix se fit douce, et suave, terriblement excitée par les derniers propos que lui tint SA vierge. D'autant plus que, déjà, des hommes les observaient, lubriques. Alors, plongeant dans l'émeraude de son regard le gris de ses foudres, elle lui adressa un regard intense, ardent, l'air de dire "Tu découvriras d'autres odeurs qui auront envie que tu les goûtes ma mignonne. A toi alors de me dire si tu aimes..." Mais elle ne voulut pas l'effaroucher SA vierge. Elle se contenta donc de faire plus simple, sans pour autant être dénuée de double sens.

Tant de choses valent qu'on les goûte... Vous n'avez pas fini, ma douce.

Elle renchérit en se rapprochant tout à fait d'elle, contre elle à vrai dire, installée contre ses flancs à présent sur le doux velours pourpre qui criait, suppliant, que deux corps nus s'allongent et se frottent sur lui. Non, en fait cela se passait uniquement dans les pensées de Lulu. Adoptant une attitude délicate et d'une grande douceur, elle prit le verre de Demetria. Oh elle lui sera une douce prime amante, et lui fit la promesse secrète, si secrète qu'elle ne la connaissait même pas, qu'elle serait envers elle d'une infinie douceur...exquise.

Il faut le savourer autrement, vous allez voir. Sa saveur prend tout son sens dès alors.
Prenez-en une gorgée et gardez-la en bouche. Sans l'avaler, fermez les yeux, et laissez le vin titiller votre langue, la réchauffant, et offrant ses richesses à votre palais...

Elle fit tourner un peu le vin pour l'aider à décanter, en huma les parfums du terroir, puis lui tendit son verre, le portant presque à sa bouche, qu'elle considérait avec intérêt.
Rexanne
[HRP : Désolée de l’absence…. J’attaque la course après mon indéniable wagon de retard ! ]


[Derrière le comptoir]

Une main tendue vers une hypothétique arme dont elle ne se préoccupera de toute façon bientôt pas plus que d’une guigne. Une voix forte vient couvrir le brouhaha ambiant et par le même temps la faire tressauter de surprise, son esprit n’osant en croire ses oreilles pour l’identification de ce timbre impérieux.

- Une vierge se vend ici ce soir Messires,
Faites une offre ou passez votre chemin !


Préférant qu’un deuxième sens vienne confirmer l’ouie, les onyx se tournent vers la descente de l’escalier d’où la voix semblait provenir, juste à temps pour cueillir à la volée le clin d’œil de sa patronne. La joie et le soulagement de la revoir sur pieds, et si rapidement qui plus est, provoquent un déferlement de joie et soulagement sans borne au sein de la brune tavernière. La Reyne Pourpre de retour, pouvant ainsi siéger pour la fin de la soirée, en reprendre les rênes et faire avancer les enchères plus efficacement que la Brunette assez peu efficace dans ce rôle malgré toute sa bonne volonté. Le retour de Maquerelle signifie que son chevalier servant de portier va également pouvoir reprendre son office. La porte et les enchères en plus du bar étant une charge de travail trop importante pour pouvoir tout faire correctement, elle devait bien le reconnaître bien qu’il en coûta à son orgueil démesuré.

Un franc sourire jaillit du coquelicot de ses lèvres en réponse au clin d’œil de sa patronne et se sentant soudain beaucoup plus légère elle regagne avec entrain l’abri de son comptoir sachant que des commandes l’attendaient.


Le ballet des entrées repris en effet sans plus avoir besoin de son intervention, Thorvald orchestrant le tout de main de maître. Hommes ou jeunes femmes plus ou moins jeunes d’ailleurs, les clients ou postulantes entraient sous le chaperon de l’adorable Portier.

Beaucoup venaient s’installer au bar après une conversation plus ou moins longue avec la Rousse Succube. Bonheur de n’avoir plus qu’à sourire, entretenir quelques conversations et servir les verres demandés, ce qui en soit occupait déjà largement le temps de la petite Brunette.

Joli petit bout de jeune femme qui s’accoude au bar sans rien demander, aussi poursuit-elle son ouvrage en cours sans plus de façon. Puis une moins jeune qui s’approche à son tour, dénuée de la même discrétion.

- Bonsoir Dame Rexane.
Appelez-moi Lulu, et servez-moi un verre de Saint Abandon je vous prie. Enfin non… La Succube me vantait les mérites de vos suggestions de vins…faites-m’en donc découvrir avant de passer à la fée verte. Le rouge aux prononcés tanins me sied à ravir.


Quelques mots de bienvenue arrosés d’un sourire que lui arrache le qualificatif incongru de « Dame ». La crinière de boucles folles, la jupe largement fendue et surtout le corset largement échancré de dentelles fines et suggestives qu’elle arbore suffisent en temps normal à la dispenser d’une telle marque de politesse théoriquement réservée au beau monde, de celui qui se veut respecté et respectable. Toute cette hypocrisie… L’amusement passé et après un bref instant de réflexion elle débouche une bouteille prometteuse et sers un verre de vin paré d’une robe intense à la cliente. Un sourire de connivence lui souhaite une bonne dégustation…

L’entreprise de la vaisselle accumulée en retard ne l’accapare pas suffisamment pour qu’elle ne darde pas une prunelle curieuse sur l’entretien que la Maquerelle réclame à sa jeune amie. Le choix du prétendant aurait-il été déjà fait ? A voir la surprise que vient teinter les iris scintillants de la petite vierge c’est autre chose. Les sourcils se froncent imperceptiblement alors que sa petite Dem’ rejoint au bar la cliente qu’elle vient de servir… et l’invite sous une alcôve ! Charmante et ingénieuse Maquerelle qu’avez vous donc encore imaginé ?

N’osant imaginer que de façon substantielle les desseins de la patronne pour la précieuse petite Rousse, elle s’applique à exprimer son soutien à sa protégée par un sourire chaleureux, une caresse sur la blancheur laiteuse de sa main posée sur le bar. Au moindre signal de détresse elle sera là, à ses cotés, farouche et déterminée, avec ou non la bénédiction de la Reyne des lieux. Et ça, Dem’ le sait…

Les tentures de l’entrée se meuvent en un nouveau frisson, signalant alors une nouvelle entrée, livrant le passage à un brun échevelé, les joues dévorées par une barbe qui n’a pas vu la lame d’un barbier depuis plusieurs jours à n’en pas douter.
Intéressant…
Puis l’onyx se pose sur les marques carmines qui ornent un col qui aurait du être immaculé.
Très intéressant…
Celui ci elle se promet immédiatement de le tenir à l’œil, tant pour le plaisir de sa vue que pour la sécurité du bordel. La soirée a pour le moment été d’un calme inhabituel à la Rose et le sang qui le macule prête à la méfiance.
Il s’assoit au bar, auprès du duo de femmes nouvellement formé. Il sourit. Bien jusque là. Mais la cliente n’entend pas partager sa prise et la réaction ne tarde pas à suivre, cocasse d’ailleurs, ainsi que le geste esquissé du brun en représailles. L’amusement emplit l’onyx de ses iris avant d’éclore dans sa gorge de concert avec sa jeune amie qui se laisse aller à un rire cristallin.

Les dames se décident pour un Sauvignon que la Brunette ne tarde pas à leur apporter, avec un clin d’œil complice à Dem’ avant que celle ci ne s’envole vers l’alcôve avec sa dame de compagnie de la soirée, laissant là sans plus de cérémonie l’opportun qui avait osé leur adresser la parole.

Regard curieux oscillant entre l’amusement et l’anxiété qui suit un instant le « couple » à la recherche d’un nid avant de se reporter devant elle sur le brun abandonné , un sourire un brin moqueur lui grignotant les joues.


– Ne désespérez donc pas de vous l’être faite soufflée sous le nez, l’hymen de la jeune Rousse est aux enchères ce soir, si elle vous intéresse il n’est pas trop tard… En attendant comment puis-je vous satisfaire ?

Sans se départir de son sourire goguenard elle achève d’essuyer le dernier verre de sa corvée de vaisselle en attendant d’avoir réponse.
--_alice_
La poigne pouvait être assimilée à un étau de tortionnaire des pays d'Orient. Le petit bras de la gamine se retrouvait coincé sous la main de cette... femme glaciale et autoritaire, aussi aimable que les portes de l'enfer... Plutôt paradoxal pour une personne se targuant de servir le Très Haut qui, lui, semblait bien s'amuser de voir tout ce petit monde se regarder de biais, confrontant leurs habitudes à leurs mœurs.
On la tirait, la faisait presque traîner des pieds, histoire de bien lui notifier qu'elle n'était en rien maîtresse de ses actes et gestes. La pauvre Alice était détenue prisonnière de la froide dame.
Sa vive pensée de gamine des rues, très vite accoutumée aux faits de l'établissement, ne put réprimer l'idée qu'elle devait être sacrément frigide celle-là, pour vouloir se cloîtrer dans des hauts-cols et manches trop longues... Sans parler des jupons !
Y'avait pas croquis à faire quand même ! 'Fallait juste regarder autour et la comparer aux donzelles qui avaient croqué dans la pomme ! Viles Eve. Elles au moins, z'avaient pas cet air horriblement aigri et renfrogné de l'aut' courge. Et avec ça, elle faisait vraiment mal !
La môme tournait et retournait son dépit dans sa tête, faisant bien signifier son mécontentement par des yeux plus noirs que jamais, brillants de larmes et de rage, les pieds qui auraient mieux été englués au sol plutôt que d'avoir à suivre la "dame".
Elles passèrent tout de même le pas de la cuisine pour se retrouver dans la salle principale.
Tout de même, quelle pièce splendide ! Entre les tentures, les velours, les coussins... Les odeurs de parfums et d'onguents des filles et des alcools... Alice se laissa un moment rêver et emporter par toutes ces choses. La tentation. Celle qui se sentait, si palpable et violente chez les hommes -et les femmes !- qui venaient, clients, mais aussi chez les belles roses de l'établissement. Elles qui étaient le trésor du désir dans cet endroit, les détentrices de ce désir.
Un instant, son regard se déposa sur la belle Rexanne. Elle les tenait, avec ses effluves. La gosse sourit, se disant que finalement, c'était ça le vrai pouvoir ! Et que la gondée avait beau dire, ça faisait tourner l'monde et c'était pas son dieu qui allait changer la chose !
Billes noires à nouveau posées sur la tortionnaire de son pauvre petit bras d'enfant. Non mais vraiment ! Et ça se veut bon et généreux, voulant aider son prochain !? La fesse de Gargantua que c'est ça, tiens ! Que des foutaises tout ça !
Mais bon, pas le temps de penser plus que ça que la course au gant de crin fut stoppée. Tant mieux, cela dit.
Une nouvelle jeune dame fit son apparition. Pas vilaine non plus la donzelle ! Et puis, y'a l'avantage qu'elle demande à parler avec la Madeleine ! C'est-y pas parfait ça ?!
La gamine se fichait bien de savoir ce qui se tramait au dessus d'elle, entre les deux grandes. Ses yeux virevoltèrent dans la salle. Où qu'il était ? Plus là ?
Des pas pressés dévalèrent l'escalier. Pas de doute possible, le voilà. Alice accrocha son regard au gardien de la Rose, courant presque vers la porte, le bras chargé de tissus. Ce fut le vers qui attira son attention. Hoho ! C'était bien joli tout ça !
Et voilà que la rêverie de se voir affublée de beaux vêtements, toute choyée et apprêtée revint... Qu'il devait être agréable de porter ce genre de chose !

Ça parle, papote et chante... ou pas. Bon, c'est pas le tout, mais la môme aurait bien aimé que son bain lui fut donné ! Et c'est pas la vieille qui va s'en occuper manifestement ! Et si elle piquait une bonne crise ! Avec des hurlements sur-aigus, des pleurs, des larmes, de gros sanglots... Pour sûr qu'on lui lâcherait ce bras maltraité et qu'on ferait tout pour la faire taire. Héhé, la petite sourit en son fort intérieur. Au moins, on pourra pas dire que ça n'est pas une enfant de son âge !


Thorvald_
[La porte]

Aïnara ...

Le nom lui était inconnu. Mais elle avait prononcé le succubesque sésame. Thorvald la jaugea un instant. Maigre et peu à son avantage quand la Rose exigeait grâce des formes et perfection du maintien. Mais il savait qu'avec un rien, un repas, une nuit de sommeil, on pouvait rendre au plus triste des pétales sa couleur perdue.


Et je suis Thorvald. Enchanté.
Entrez, vous trouverez notre Reine dans la grande salle.


Il accompagna ses dires d'un geste souple de son énorme bras, l'invitant à pénétrer dans le hall, où il l'accompagna sur quelques pas pour lui soulever les tentures pourpres. Musc et fleur jouèrent alors dans l'air de la rue. Puis, la jeune fille happée par l'ogresse Rose, le gardien revint à la porte où la dame hésitait toujours, sous les yeux d'un noble plus patient qu'escompté. La jeune fille à la fleur, elle, cependant, ne perdait pas son temps en vaines hésitations ni courtoises attentes.

Vous avez remarqué ? Ça vous laisse rêveur pour sûr…


Thorvald planta ses yeux gris dans les braises bleues. Elle était délicieuse, fraîche et osée à la fois, impétueuse et câline. Délicieuse vraiment. Aussi décida-t-il de la garder pour lui, l'empêchant d'entrer au moins jusqu'à ce que plus personne ne le retienne sur le pas de la porte. Alors, si elle voulait enfin formuler son désir, il accepterait peut-être de faire entrer la tornade brune. Peut-être.

Ça laisse rêveur, en effet ... Le regard du gardien disait tout le contraire, qui glissait sur le visage gracieux de la jeune effrontée, pour tomber sur ses lèvres moqueuses et sourire avec elles.
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X
Saens
[Au comptoir, il perdure.]

Ne désespérez donc pas de vous l’être faite soufflée sous le nez, l’hymen de la jeune Rousse est aux enchères ce soir, si elle vous intéresse il n’est pas trop tard… En attendant comment puis-je vous satisfaire ? Dit-elle.

Il leva direct ses billes grises vers la parèdre aux alcools, esquissa un nouveau sourire amusé, avant de rompre son principe de non-voir pour se goberger aux esgourdes, et mira la rouquine. Qui parlait. Qui goûtait. C'était donc elle, la Vierge avec un grand v, comme varice ou viole, mais il ne songeait pas à enlever le v, il se serait contenté de la ierge. Tenez madame ma querelle, vendez-le v, je prends l'ierge dans la rue, proprement. Fi, fi. Vrai, qu'elle avait une peau de vierge, avec ce petit côté immaculé qui mettait en exergue, sans doute, des régions plus purpurines. ça laissait rêveur. ça laissait rieur. Se l'offrir ? Il ne savait foutre pas s'il avait de quoi se payer un pétale racorni, alors un bouton de rose... Mais un verre, oui. Le brun pivote vers la goguenarde derrière le comptoir. Elle vient d'essuyer un dernier verre. Il faudra qu'il songe à thésauriser.


"Pour l'heure, votre Vierge est aussi bien gardée qu'une escarmouche de lard roux par... Bref regard vers Lulue. un cerbère à dix-huit têtes... Et une aimable chute de reins au passage. Sinon..."

Du vin, c'était sa première visée. Mais soudain, tout à coup et subitement, de façon tout à fait inattendue, et brute, et intempestive, alors que personne ne l'avait prévu, pas même cette vieille rombière d'Aristote, le brun eut une poussée de slaviïte aiguë. Même si goûter un joli rouge, se faire claquer la languer à s'en décalquer l'os palatal, en grand connaisseur qu'il n'était pas, était une vision aguicheuse, la nostalgie prit le pas. Il voulait autre chose. Il voulait ce qui coulait dans ses veines, cet heureux magma, de sang et de... de quoi se prendre une flaque de spleen avec la même brusquerie que l'infortuné passant qui, en-dessous de la mauvaise fenêtre, au mauvais moment, réceptionne sur son candide faciès le contenu du seau familial, que verse la boulangère, au petit matin. Exception faite de l'odeur.

Des sons du passé vert de vesse, i, la main, l'oncle, les sons savonneux, qui résonnent au mitan des saens creux. Une phrase lui traverse la tête et repart, il regarde toujours, la femme au comptoir. Alors il se penche un peu, et baisse la voix, comme sur une corde de confidence (con fit danse, confit dense).


"N'auriez pas de la liqueur de prune, par hasard ?"
Archibalde
Archibalde se présenta à l'entrée du dernier temple où il faisait bon vivre, vestige de la gloire romaine et du savoir vivre grecque. Lieu qui aujourd'hui devait se cacher, vraiment étrange époque. Les hôtes de ces lieux connaissaient-il encore les milles caresses des sens qui transfiguraient les corps, instant insaissisable où l'esprit se fusionnait avec la chair pour ne faire plus qu'un, le film ténu des paradis où seul la nature était reine? Ici aucune mécanique, instinct et plaisir. Ecoutons Platon " A l'hasard de la fourchette!"......
Il avait ouïe dire qu'il existait en ces lieux quelques divines naïades, qui jonglaient avec les corps avec un savoir, un doigté expert, qui sait? Il est grand temps que je me trouve un peu!
Il imaginait des parfums d'autrefois, des poisons délicats ennivrant les sens, des vins sans âges, qui transportaient les âmes dans des endroits nul autre pareil. Découvrirait-il les marbres savants de Pompé, d'Athène, merveille des yeux et de la forme, même une caresse sur ces marbres froids ravivait la flamme et la flemme par ses divines proportions.
Il se remmémora les mots d'un vieux grimoire du début du siècle, mais se souvenait guerre de son homme, mais bon!, notre homme serait ravi de faire des émules, pensa-t-il?

“Faut-il tant penser? C'est sot
Et ça fait mal à la tête
De Platon je tiens un mot
Qu'avec Platon je répète:
Bah! Zut!o ti an tucv!
A l'hasard de la fourchette!
Bah! Zut!o ti an tucv!
J'vas fourrer mes doigts dans l'pot.

Faut-il hésiter? C'est sot.
Risquons nos deux sous, Lisette.

Faut-il pleurer? C'est sot.
Que j'aie os ou vinaigrette.

Faut-il en pleurer? C'est sot.
La femme se vend. Achète!

J'ai passé bien des hivers
A lire jargon divers
Plus d'un philosophe.
Ils sont de noir habillés,
Et leurs esprits sont taillés
Dans la même étoffe.
Des mots, des mots et des mots!
Nous sommes des animaux,
Voilà mon système.
Qu'on le prenne par un bout
Ou par l'autre le grand Tout
Est toujours le même.

De Platon je tiens un mot
Qu'avec Platon je répète:
Bah! Zut!o ti an tucv!
A l'hasard de la fourchette!
Bah! Zut!o ti an tucv!
J'vas fourrer mes doigts dans l'pot.



D'une pensée, il chassa ses pensées, l'esprit vide, observant le présent glisser sur son âme, il se délecta de l'instant qui coulait

Il frappa!
Rexanne
Son commentaire et sa question, loin d’attirer réponse comme l’aurait formulée toute personne normalement constituée, tire l’Echevelé de son vagabondage spirituel qu’elle ne pouvait deviner comme étant contemplation auditive. S’en suit une levée des onyx aussi gris que les chats la nuit qui se posent sur la Rose de la soirée.
L’Epine en profite pour couver d’un regard vigilant le petit bouton qu’elle a prit sous son aile depuis un temps somme toute assez bref qui lui paraît pourtant être une éternité. Sourire aux souvenirs d’une complicité grandissante. D’une couche au choix des tenues de soirée, des piques ironiques jusqu’aux verres alcoolisés, elles partagent tout y compris une aversion certaine pour une servante pour le moins crispante pour les nerfs. La soirée que la jeune rousse attendait tant s’entamait enfin, prenant toutefois une tournure inattendue. Le lendemain sans doute elles referaient la soirée, commentant joyeusement les plaisirs et déceptions et sans aucun doute les impressions de la Rose nouvellement éclose.

Machinalement le dernier verre est rangé et le Brun la tire de sa courte escapade dans les limbes de son esprit alors qu’il se tourne de nouveau vers elle pour libérer quelques mots à voix basse.

Son commentaire provoque la naissance d’un nouveau sourire amusé sur les lèvres de la tavernière. Dix-huit têtes cela reste à voir, dix-huit crocs prêts à mordre si on leur retire leur os sans aucun doute.

Sinon ?

Le client semble en proie à une hésitation soudaine, l’une de ses révélations qui vous apparaît soudainement sans tambours ni trompettes et s’impose dans votre esprit écrasant au passage toute résolution prise auparavant. Alors qu’il se penche vers elle les coudes s’appuient sur le bar pour que les esgourdes soient en mesure de cueillir à la source le fruit d’une illumination si soudaine.

- N'auriez pas de la liqueur de prune, par hasard ?

S’en suit alors un rapide passage en revue mental de la collection de bouteilles qui trônent derrière elle avant qu’elle ne doive se rendre à l’évidence, un sourire aussi malicieux qu’enjôleur, sensé faire passer la pilule, prenaint place sur son visage.


– De prune ?!? Voyons ! Un tantinet trop commun, un iota trop populaire. La liqueur la plus adéquat à une telle soirée est incontestablement celle de Rose, me ferez-vous le plaisir d’y faire goûter vos papilles ?

La peste soit de cette Prune ! Tant d’application à l’approvisionnement de son bar et réussir à être prise en défaut avec une vulgaire Prune ! Des vins les plus fins jusqu'à la Fée Verte en passant par le Clairet, l’Hypocras, l’hydromel ou encore le Vinum saluiatu, elle croyait naïvement avoir pensé à tout… Quelle gourde!
--Demetria.
Rouge...

Lulue s'est rapprochée, collée, serrée... Le gris de son noir embrume le jade de celui de Demetria, embrasant les pommettes, le cou, la gorge, qui bat d'un rythme plus soutenu soudain, même si le souffle ne trahit pas encore l'émoi.

Rouge...

Comme le vin que la charnue lui ote des mains pour le faire danser dans sa robe de verre. Comme le sang qui soudain vient battre ses tempes. Comme ses lèvres qui sans répondre effleure le bord du verre tendu, les doigts frêles enserrant et ceux de sa cliente et la coupe de sauvignon.

Rouge...

...les yeux fermés, le nectar en bouche, les effluves dans le nez et la tête qui cherche à s'ancrer sur la nuque blanche. Doucement, elle laisse sa langue faire rouler le vin sur les papilles, le liquide caresser le palais, emplir les joues, avant de s'écouler, vide d'essence, dans la gorge.

Rouge...

... les prunelles se dévoilent de nouveau, brillantes, le sourire s'étire, carmin. Elle reprend possession du verre, de l'espace. Celui qu'il lui reste. Doucement elle reprend une gorgée. L'alcove ouverte aux regards offre une Vierge aux prises avec une Lulue doucement déterminée, un vin aux effluves papillonnantes.


Il me reste beaucoup de choses à découvrir en effet... surtout ici.
j'ai dans l'idée que ma Reyne vous a choisie pour m'en apprendre quelques unes...
Délicieux, ce sauvignon...


L'alcool, la proximité, qu'en sait-on? la Pucelle est rouge, ses yeux étoilés, et le vin coule comme de l'eau dans sa gorge. Sa main vient se poser de nouveau sur celle de Lulue, moins réticente, plus souriante. D'un air de dire, et maintenant ?

___________
--Mme_madeleine
Et maintenant ?

Mme Madeleine reste coi depuis quelques instants, sa main enlaçant encore fermement la menotte de la fillette. Le spectacle qui se déroule dans l’alcôve lui provoque un dégoût sans nom, qu’elle s’efforce de cacher aux yeux de tous, mais qui lui fait remonter son lointain repas le long de son estomac.
Avalant difficilement sa salive, ses yeux s’écartent de l’obscène scène pour se poser sur la jeune fille au teint pâle et aux cheveux de feu.
De même, son regard effleure le visage d’Alice, et ses opales qui lancent des éclairs. Encore une qui refuse l’autorité et qui semble prête à exploser dans une crise enfantine bien connue de Mme Madeleine.

Ses souvenirs s’égarent plusieurs mois en arrière, en plein hiver, lorsque la pluie glace les os de quiconque ose s’aventurer dehors. Une enfant du pensionnat avait élevé la voix contre elle et s’était mis à crier comme si sa vie en dépendait, réveillant tous les pensionnaires. Le lendemain, elle avait passé toute la matinée dans le vent à laver les draps au lavoir, puis à les étendre, rendant ses mains gelées douloureuses et prêtes à se casser comme un morceau de glace.
Une tasse de tisane bien chaude à la main, Mme Madeleine avait observé l’enfant toute la journée et avait été inspecté les plis des draps pour être sûre que le travail avait été effectué convenablement. A la suite de cette journée, l’enfant s’est tenue à carreau et n’avait jamais plus osé faire de caprice.

Le regard noir lancé par Alice lui est donc rendu sans complexe, avant de se reporter sur la jeune fille qui se dresse devant elle.


Je suis en effet Madame Madeleine.

S’en suit un silence, et un regard discret jeté à Mme Succube. Ainsi donc elle devrait également vérifier l’état de santé des filles. Bien. Cela lui permettrait de se rapprocher d’elles, chose indispensable pour la mission confiée par son Seigneur.

Votre état de santé dites-vous ?
Accompagnez-nous donc aux bains avec cette enfant qui en a bien besoin, ensuite je m’occuperai de votre personne.


Demi tour rapide en direction des escaliers qui mènent aux bains, ses yeux accrochant en passant l’alcôve où le spectacle continuait à être de plus en plus dégradant.
Arrivée en bas, nulle trace de Line, et la voix est ferme lorsqu’elle s’adresse à l’enfant et à la jeune fille.


Et bien, qu’attendez-vous ?
Alice, enlève ces vêtement crasseux et plonge-toi dans l’eau.
Quant à vous, préparez-vous également que je puisse faire ce que Mme Succube a demandé.


--Lulu_la_charnue
Et maintenant que sa main vient se poser sur la sienne, en affichant un sourire, SA vierge avait sans le savoir mis le feu à la poudre de sa passion.
Qu’elle se prépare à faire ce que Mme Succube lui a demandé…
Un orage gris déferle dans les perles oculaires de Lulu la charnue, dévoreuses d’émeraudes. Souffriront-elles le choc de leur rencontre ?


Vous plais-je ?

Si elle opinait, il suffisait qu’elle s’abandonne à elle. Tout irait bien et se déroulerait simplement. Sinon, elle n'aurait qu'à fermer les yeux et oublier avec qui elle était.
Elle lui laissa le temps qu’il lui fallut pour répondre à sa question.
En maintenant l’intensité de leurs regards, et en les interrompant uniquement à la dernière seconde, se rapprochant toujours de plus en plus de son visage, l’effleurant de ses seins opulents malgré sa prime tentative de ne pas la coller tout de suite, Lulu murmura d’une voix suave et douce à son oreille…sans lâcher l’étreinte de ses mains délicates.

Laissez-vous aller, ne pensez plus à rien d’autre que les sensations de votre corps.
Concentrez-vous sur elles seules, le monde n’existe plus. Fermez les yeux si vous le désirez. Je vous offre un moment de douceur.


Dans la continuité de ses palabres susurrées au creux de l’oreille de SA vierge, les lèvres satinées de Lulu caressaient son oreille tout en devisant.
Ses paroles prononcées, du bout des lèvres elle embrassa le lobe de cette douce oreille et réitéra de manière moins légère, ne laissant à Démetria plus le moindre doute : les choses sérieuses avaient commencé. Le souffle se raccourcissant, mais néanmoins retenu, Lulu embrassait tendrement, puis de plus en plus sensuellement, aspirant au paroxysme de l’excitation.

Plus elle y tendait, plus le rapprochement de son corps s’opéra. Effleurant SA vierge du bout de ses seins, elle en fit une pression progressive, jusqu’à se retrouver tout contre elle, poitrine à poitrine, toutes deux relativement écrasées. La position était peu confortable, mais Lulu n’allait tout de même pas l’allonger de suite et la dénuder pour se frotter à elle, bien qu’une irrépressible envie la tenaillait. Mais non. Elle embrassait son oreille avec intensité, ses seins généreux contre les seins ronds et mignons de la jeunette. Elle se cambra, sachant être observée par les Messires. Lulu se faisait provocante, désirable. Elle allait dorloter SA vierge, mais espérait bien se faire déboîter ensuite, sauvagement agrippée par les hanches. Aussi jouait-elle de son corps, s’exposant sans la moindre gêne, réserve et vergogne à l’assemblée.

Du bout de sa langue, caressante, elle parcourut en sa bouche le bout d’oreille qu’elle embrassait jusqu’à suçoter, y traçant d’onctueux et ô combien délectables sillons. Rapprochant sa joue contre la sienne, elle se fit câline.
Lulu demeura un moment joue contre joue, suçant le lobe de son oreille, serrant ses mains avec ardeur, guettant la réaction de SA vierge avant d’aller plus loin.
--Esemyr
Or... Terres... Ainsi voulait-elle du matériel, fort bien. Ce n'était pas ce qu'il avait de plus précieux à offrir, loin de là. Il avait pensé, fort naïvement selon toute apparence, que son offre valait plus qu'or et terres. Et elle valait bien plus pour la majorité de ses commanditaires. Mais soit. Titres de propriétés... Offre supérieure? Non, il ne se promenait pas avec un ballot de parchemins sur l'épaule, notifiant ses possessions, juste au cas où... Quant aux écus... il pouvait en promettre beaucoup. Plus que ce qu'elle avait en main? Encore faudrait-il savoir combien l'homme d'ombre avait proposé.

Ce petit jeu l'ennuyait. Et l'ennui était un ennemi pernicieux. Il jeta un regard désinvolte sur le reste de la salle, faisant mine de réfléchir à ce qu'il pourrait proposer. Quelque chose avait changé. Allez savoir quoi... Une légère odeur de musc, trahissant des transpirations plus épicées. Des respirations retenues, comme devant un spectacle dont on attend avec impatience la conclusion. Un silence un peu plus feutré que lors de ce début de soirée. Il ne fallut pas longtemps à Esemyr pour en trouver la cause. Là bas, dans une alcôve, la vierge enflammée s'offrait aux regards, en compagnie d'une femme aux attitudes lascives plus qu'équivoques. Esemyr plissa légèrement le regard. Un éclat d'argent traversa le violet de ses iris.

Est-ce que la maquerelle se moquait de lui? Elle devisait or et terres alors même qu'elle offrait en patûre sa vierge à la première venue... à moins que la femme en question, dont la beauté et l'élégance ne faisaient pas un doute, sans pour autant éveiller plus d'intérêt que nécessaire dans le regard d'Esemyr, ne soit pas la première venue, qu'un accord préalable ait été tissé entre elle et la Succube. Alors c'était cela, la première nuit. Plus de mains lui passeraient sur le corps, plus la Succube ferait son beurre. Finalement, vulgarité se nichait bien là, à l'affut derrière un rideau. Ce qu'il attendait, lui, en négociant la première nuit de Demetria, n'était visiblement pas ce que la Succube cherchait à vendre. Il y avait mésentente flagrante.

Ses prunelles se revinrent se poser sur son vis à vis.


Pas d'offre, Succube. La mienne première valait, elle ne vaut plus. Je n'achète pas un tissu de chair à perforer. Je désirais une nuit à explorer des charmes immaculés, à caresser une peau que nul n'avait effleuré avant. Je crois voir... Petit signe de tête en direction de l'alcôve... Que ce n'est pas ce que vous proposez ce soir.

Il approcha imperceptiblement son visage de celui de la maîtresse des lieux, et baissa la voix. Son regard se fit plus perçant, et ses traits plus durs.

Je ne sais si tout cela n'est effectivement qu'un malentendu, ou si vous avez juste tenté de me faire danser entre vos mains, histoire de glaner un peu d'or. Que vous vous soyez joué de moi ou non, méfiez vous à l'avenir, Succube, de ne pas froisser de susceptibilités trop haut placées. Les conséquences sont souvent difficiles à prévoir.

Le masque de désinvolture revint. Esemyr sourit à la Succube, s'inclina poliment et repartit avec l'élégance d'un félin. Il se faufila entre les spectateurs des deux genres, frôlant de ses fanfreluches bras, descentes de reins ou torse musculeux. La Salamandre avait repris sa peau d'avant, Esemyr d'Alcée, le maniéré, aux attirances troubles, hantait de nouveau la Rose. A peine les inflexions de voix de la Salamandre refirent surface, le temps d'un aimable salut à Rexanne.

Maîtresse des boissons, je vous souhaite une soirée profitable et qui vous comble de richesse. Elle est terminée pour ma part. Et veillez sur votre Succube. L'ombre se faufile en tout lieu et cache bien des dangers.

Esemyr glissa jusqu'à la porte, et posa un dernier regard sur la beauté diaphane que le rouge colorait adorablement, là bas, dans l'ombre de l'alcôve. Dommage... Et la nuit reprit ses droits. Esemyr s'éloigna de la Rose comme l'obscurité se refermait autour de lui. Il avait cru, l'espace d'une demi soirée, que l'ennui qui empoisonnait insidieusement ses désirs trouverait à la Rose son remède. Ce ne serait pas pour ce soir, pas dans les bras de la chaste Demetria. Pour l'avenir, qui savait... La Salamandre n'avait pas soldé ses comptes, ce soir. La précipitation n'est que vulgarité. Et Esemyr fuyait la vulgarité comme la peste. Il s'éloignait du bordel en sachant que, d'une manière ou d'une autre, la Salamandre reviendrait s'insinuer à la Rose.

Parce qu'il est des brûlures qu'on n'oublie pas.
Saens
De la liqueur... de rose. Un petit crochet descendu du ciel lui remonte un sourcil, au brun. De rose ? Et pourquoi pas d'aigremoine et de jonquille ? Il pourrait également se vêtir d'une toge églantine et ramper à quatre pattes au milieu du bordel en chantant "Gloire à l'hyménée des poules", une plume pâle plantée dans l'enfin, brune épine, tu voudrais me faire téter du lait de rose ? En toute sériosité très chère ?

Mais le sourire, en face, était enjôleur, et le bel enjôlé ravala son ronchon slave. De prime, elle avait belle prunelle, de seconde, il y avait un titan qui veillait à la porte, de tierce, elle avait belle prunelle, de quarte, il aimait les guirlandes de roses ; aussi il ne jugea pas nécessaire de jouer les pointilleux sur ce qu'il s'enfilerait. Dans le gosier du moins. Ne chicanons pas sur les petites liqueurs, et tout juste sur les ouvrageuses sans cœur. Question de politesse.

Et si le faciès de la catin du soir ne convient pas, on propose de l'y recouvrir d'un sac. Ici messires, le choix est important. Ladite catin, alors qu'un sac en jute lui râperait la gueule, préférera la soie, le velours ou, si vos moyens sont un peu moins brillants, le coton. La fourrure, seulement en temps d'hiver, est réservée aux officiantes des ruelles. Si vous souhaitez enfourner deux pierreuses d'affilée, songez à retourner le sac ; la première aura dedans laissé, quelque reliquat nasal et gluant.

Mais tu divagues.


"Va pour la rose."

Un homme s'amène, qui porterait bien la toge églantine d'ailleurs, et fait ses salutations. Le brun écarte le visage et le regard, le dernier tombe sur le comptoir, se fracasse au sol, rampe quelques toises et se relève sur deux tribades. La longue-croupée a démarré les festivités, vorace au cul de reine sur martyr nubile, la recette est gagnante et si sa cervelle rechigne, ses braies applaudissent. Adieu, théorie des oreilles. Il cherche à croiser le regard de la vierge, dans la simplicité d'une seconde, d'un alignement rectiligne entre deux regards, qu'il puisse percer de son sien gris, si l'émoi est joué.

Et ne sachant si la brune au comptoir est là, ou ailleurs, il lance, sur le ton de la banalité :


"Cerbère mange le visage du tendron. C'est curieux, vous donnez l'ivresse aux hommes sans faire de basse-main."
Lyhra
Tenter de le retenir ? Le prier de ne lui tenir rigueur de cette -grossière- erreur ?
Tenez ! Elle est toute à vous !
L'enjôler dans ses rets de sourires en caresses ?
Certainement pas !

De malentendu il n’est pas. Ma vierge ne vous sied ? Et bien… restons en là Messire d’Alcée, un autre en profitera, voilà tout…

Petit sourire narquois qui semblait dire : Messire se défausse ? Messire n’a pas les moyens de ses ambitions et cherche à dissimuler bourse plate sous des boniments ? Messire est comme le paon qui montre grands atours mais piteuse voix…

Ainsi va le commerce… acheva-t-elle d’un ton égal en inclinant légèrement la tête en un geste qui congédiait plutôt qu'il ne saluait, la différence était imperceptible mais bien là.

Il y aura toujours des hommes pour s’offrir les pétales d’une Rose.
Dès lors, que ce soit celui-ci ou un autre… La Succube n’en avait cure et ne se formalisa point d’une sortie qualifiée, en son for intérieur, digne de ces piètres saynètes jouées sur le pavé parisien par quelques saltimbanques. Mieux ! Elle en rit sans se chagriner le moins du monde d’être entendue avant qu’il ne quitte sa maison.
 
Elle était maîtresse d’un bordel, pas d’un pensionnat de jeunes filles Saint Foutre !
Si ce triste sire ne se pouvait frotter à chair joyeuse et émoustillée par quelques chatteries innocentes, qu’il s’en aille faire l’éteignoir ailleurs, personne ne le retenait.
Qui plus est, la proposition de Belombre réchauffait son sein d’une promesse dorée sur tranche. Esemyr ne la privait donc pas d’un gain substantiel.
 
Quant aux menaces qu’il n’avait pris peine de voiler, elle s’en souciait aussi comme d’une guigne. Les appuis dont elle disposait était suffisamment considérables pour ne pas voir la nécessité d’en faire état, comme lui, à seule fin d’impressionner, et bien vainement pour le coup !
Sans avertir ni promettre nul « mauvais coup du sort » elle pouvait, rapidement, frapper fort en toute discrétion et impunité, cela allait de soi.
En résumé, Il n’était pas nécessaire à la Succube d’user de vantardises.
 
Indifférente, elle termina promptement sa coupe et fit claquer une langue gourmande contre un palais tapissé de tanins subtils tout en observant, amusée, une Dame Madeleine suivie et très pressée de ne pas regarder là où l'on s'amusait...
Assurément, toutes ici prenaient leur rôle très au sérieux, que ce soit pour la bagatelle ou pour... le reste.

La Succube se dirigea alors vers le bar, coupe vide en main, certaine d'y trouver amusement quand Thorvald fit jouer les tentures et que se profila un visage connu.

Ainara était arrivée à la Rose la nuit où la patronne avait eu une... cliente un peu particulière et dont elle s'était, comment dire... occupée personnellement avec un plaisir extrême.

Ainara au teint de crème, à la chevelure d'or pur, Ainara qui avait filé en catimini un beau matin et qu'on n'avait pas revue, jusqu'à ce soir...

Tu daignes nous rendre visite, lui lança-t-elle sèchement, aurais-tu oublié quelques frusques à l'étage ?

La Succube, femme bienveillante de nature, ne laissait cependant oublier à personne qui elle était et pouvait sans remord aucun vous faire payer le moindre affront ou manquement.
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