Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, ..., 33, 34, 35, ..., 63, 64, 65   >   >>

La Rose Pourpre, Bordel des Miracles (2ème partie)

--Belombre
La belle et la prude dansaient dans les reflets de son verre, les gestes étaient lents et mesurés, les peaux s'effleuraient, les souffles se mêlaient. Belombre lui savourait, se délectait des lumières ondoyantes sous les taffetas, scrutait sans fin l'envie de la première et le désir de la prochaine, enviait la vieille et désirait la jeune.
Une danse comme un combat ou pourtant nul sang ne coulerait encore et de râle un son seul de plaisir s'étoufferait au dernier assaut.

La vierge subissait les caresses dont elle rêvait depuis l'aube de sa vie de femme.
Qu'elle se gorge donc de ses plaisirs purs dont l'intensité serait sa seule douleur avant d'affronter d'autres plaisirs plus rudes, d'autres combats plus âpres, d'autres violences plus douloureuses.

Petite rose! profite de cet instant avant de le regretter dans les larmes et le sang de ta première couche.

Le sourire quitta un instant le visage impassible de l'ombre et ses lèvres retrempèrent dans le vin rubis.
--Ainara
On peut être catin et savoir vivre. La blonde avait donc incliné le chef quand le gardien s'était présenté. Thorvald. Le Cerbère lui donnait l'entrant d'un geste et elle frissonna soudainement à l'idée que le même bras imposant pourrait fort bien, d'ici peu, lui asséner une sévère raclée sur ordre de la dame des lieux...

Lever de rideau sur la scène du soir, le coeur de la Rose. La salle était semblable à son souvenir, bien que nettement plus remplie qu'à son départ. Rexanne, fidèle au poste derrière son bar. Des hommes bien sûr, quasiment tous tournés vers un point précis de la pièce, le regard allumé d'une lueur de désir et d'excitation contemplant une alcôve où...

Où se passait sans doute un spectacle fort intéressant, mais auquel la blonde ribaude n'eût pas le temps de s'attarder. Quelques mots secs claquèrent à ses oreilles, lui signifiant que la Reyne pourpre l'avait reconnue.

"Tu daignes nous rendre visite, aurais-tu oublié quelques frusques à l'étage ?"

Et la Reyne était courroucée. A juste titre d'ailleurs. L'heure était venue non pas de se justifier _ était-elle seulement justifiable? _ mais d'implorer le pardon. Et la catin de baisser les yeux en secouant légèrement la tête.


Non point dame. Mes frusques, je les porte et celles qui sont là-haut ne sont point à moi mais à la Rose, donc à vous. J'ai été infidèle mais je n'suis point une voleuse dame. Je suis venue.... quérir votre pardon pour ma fuite.

C'est un peu court jeune môme. Tu aurais pu dire, oh bien des choses en somme. Seulement la parlote n'est pas ton fort et tu serais bien en peine d'expliquer ce qui t'as pris, de dire la folie qui a poussé la Soumise à se rebeller. Tu n'as que tes yeux pour parler, ces yeux sombres que tu relèves en hésitant, remplis de la crainte de te voir rejeter à la rue dont tu vienx. Et si la Reyne le veut dans quelques instants, tu n'auras plus que ces mêmes yeux, pour pleurer cette fois.
Lyhra
Non, ce n’était pas une mauvaise femme, loin s’en faut et par bien des cotés elle était même bien assez humaine pour les Miracles.
Trop aurait dit certains, pas assez pour d’autres qu’elle tenait pour vil et dont les ennuis la réjouirait sans l’ombre d’une contrition.
Pour autant, si vous vous trouviez de l’autre coté de la ligne qu’elle considérait comme une limite absolue, c’était tant pis pour vous et il fallait s’attendre aux pires représailles.

S’en prendre à la Rose, à SES filles et jusqu’au membre le plus humble de sa maisonnée était purement insoutenable, sans parler de Thorvald auquel elle vouait un attachement certain.

Ainsi donc Ainara venait tête basse et elle faisait bien, la Succube aurait difficilement admit qu’en plus de sa fuite, celle-ci ose un ton crâneur, pour le coup elle l’aurait sans doute fait jeter au ruisseau sans autre forme de procès. En cela la maquerelle pouvait passer pour coriace.

Le ton réchauffé elle lui fit signe de finir d’entrer.

Tu le sais, ici personne ne va contre son gré. Tu es libre de quitter la Rose à ta guise une fois compté ton argent, seulement, disparaître comme une canaille…
Froncement de sourcils interrogateur,
mais que t’est-il donc passé par la cervelle ?

Avant même qu’Ainara ne lui réponde par vérité ou menterie, la Rousse l’entraina vers le bar,

Prends donc quelque chose de chaud, veux-tu manger un morceau ? Viens.

Le plus urgent était de rosir un peu ce teint de neige.
_________________
Rexanne
– Va pour la Rose, il dit.

A la bonne heure! Le dos se redresse, la cambrure s’annihile, et la tavernière reprend sa place initiale derrière la muraille de son bar. Un sourire satisfait le gratifie de son retour à un choix plus raisonnable, accompagné d’un clin d’œil approuvant la commande. Ca avait pas l’air de le réjouir plus que ça, si tant est que cet homme soit seulement en capacité de l’être, mais sans doute se déridera-t-il un peu alors que ses papilles danseront la gigue après avoir goûté à cet élixir typique de l’établissement.

Le verre en main, la commande est sur le point d’être satisfaite, lorsque l’Ephèbe prétendant de son précieux petit bouton dont l’éclosion est prévue le soir même vient lui accorder l’honneur immense et incommensurable d’un salut, salut tout juste voilé de menaces.

La petite conversation avec la Reyne n’a visiblement pas tourné ainsi qu’il n’avait manqué de l’escompter et voilà que le triste sieur prend la mouche - faute du Bouton – et tourne les talons. Le regard rieur et le sourire poli qui avait pris naissance avec le début de ses paroles changent bientôt du tout au tout alors que celles ci touchent à leur fin. Le sourire provocateur et le regard dur, elle ne manque pourtant pas de lui répondre d’un ton affable.


- Cette fameuse Ombre et vous semblez être intimes… Prévenez la donc qu’elle risque de tomber sur un os… ou une Epine pour être tout à fait exacte. Je vous souhaite une agréable fin de soirée messire, à bientôt sans doute.

Le sourire, de défit, reste encore un instant en étendard sur le carmin de la Brunette, le temps de signifier qu’elle ne donnera jamais à quiconque le loisir d’insinuer la peur en son sein et encore moins la couardise.

Son activité peut ensuite reprendre son cour, déposant délicatement le verre précédemment servi devant l’Echevelé qui s’est de nouveau perdu en contemplation durant l’entretien. Une main caressante vient se porter à la rencontre de la Lame qui orne son ceinturon lâche. Douce Amie, ne t’endors pas sur tes lauriers…

- Cerbère mange le visage du tendron. C'est curieux, vous donnez l'ivresse aux hommes sans faire de basse-main.

le sourire amusé de la tavernière renaît de ses cendres, l’intonation se fait malicieuse pour lui répondre.


– Un apéritif gracieux ne présente-t-il pas l’ avantage d’ouvrir l’appétit aux clients, de les faire patienter pendant qu’ouvrage se prépare, et donner un aperçu des compétences du cuisinier?
Thorvald_
Le colossal gardien redressa sur son bras les soies qui s'enfuyaient.

Elles rappelaient à son souvenir les deux baigneuses. Alice et Madeleine attendraient bientôt leurs parures pour la soirée. Faire grandir l'enfant par la féérie des dentelles et des fards, ou faire ployer l'intendante par le miel de sa voix ou la lave de ses doigts experts ... délicieuses perspectives.

Ainsi fit-il donc signe aux clients empressés d'entrer et les accompagna-t-il dans la grande salle, laissant sur le pas de la porte les hésitants. En chemin, il croisèrent un client visiblement contrarié. Sous l'alcôve, les amantes s'étaient rapprochées. Thorvald nota les joues empourprées, le regard des clients, l'air satisfait de la Succube. Joues que l'homme aux yeux mauves aurait certainement voulu éveiller lui-même ... comme Thorvald le comprenait. Néanmoins, ainsi allaient les pourpres affaires. Des yeux, il renouvela son allégeance muette à la plus majestueuse, la terrible Succube. Où qu'elle se trouvât, le monde de la Rose semblait tourner toujours autour cet unique astre noir. Thorvald le premier ... Il se perdit à rêver de la nacre de ce cou, chatouillé par les lourdes boucles rousses qui ne demandaient qu'à être repoussées, du bout du doigt, pour de voluptueuses morsures. Son cœur loupa trois marches. Tout un escalier même ...

En poussant les voiles parfumés qui protégeaient les bassins, au sous-sol, il y songeait encore.


Mesdemoiselles, voici vos robes ...

_________________
X
--Barbatoss


[Devant la porte]

Il souriait, écoutant son grain de voix légèrement durci et sa façon d'employer les mots.
Décidément, cette fille allait se gâcher en pénétrant seule ici.
Pire encore si elle souhaitait devenir marchande de charme et de plaisir.

Mais que croyait elle de "son monde"? Il ne prétendait rien à son sujet, n'attendait rien d'elle et nul n'était besoin de s'exhiber où que ce fut.

L'écoutant, il pensa à l'esprit dissolu dont le mauvais était tellement lié au bon qu'on enlevait l'un avec l'autre en tentant d'y interférer. L'espace d'un instant, elle venait de se crisper, serrant griffes et dents telle une louve acculée. L'instant suivant pris pourtant une toute autre teinte, c'était une déclaration fort précise à laquelle il allait répliquer s'il n'avait été surpris par la gouaillerie du portier qui le fit rire aux éclats. Thaïs, bien qu'empourprée, n'allait pas se montrer vaincue pour si peu semblait-il.

Il ne dit mot alors qu'elle s'emparait de sa main et ne résista point lorsque sa paume effleura l'ovale de son visage.

Cela faisait partit du jeu, aussi, allait-il tenter de jouer. Rapprochant d'abord sa main fine de ses lèvres pour y déposer un baiser emprunt de délicatesse, il se tourna ensuite vers le portier pour lui offrir un sourire qui se contenta d'être grâcieux et de bienséance. Aussi, lorsque ce dernier fit signe d'entrer à tout ce beau monde se bousculant devant la porte, il n'hésita pas. Louchant sur l'intérieur de l'établissement il suivit la foule sans lâcher la main de la demoiselle.

La joie folle, la gaieté, la volupté, l'oubli de tous les sentiments tristes _ ou seulement raisonnables _ furent poussés à l'intérieur avec un regain d'humeur pourtant tempéré. Barbatoss promena son oeil sur l'inoubliable cohue dont il faisait désormais partit puis, se mettant face à elle, l'espace d'un instant, ont eu put lire dans ses yeux quelque trouble, une hésitation...

*Thays, je vais vous donner une preuve indubitable de ma complaisance à satisfaire vos désirs et ce, quelque mortifiante que puisse être la tâche que vous m’imposerez, je me ferai un devoir de vous complaire mais en retour, vous devrez fuir cet établissement de dépravé. Je vous aiderai à vous relever...*

Un feu subtil se glissa dans ses veines et l’embrasa pour ainsi dire jusqu’à l’âme tendit qu'il soupirait profondément pour se contenir.
Bien que d'esprit sain, réglé, sérieux et tempérant, il était homme avant tout mais homme à se maîtriser.

Maintenant vous y êtes, vous pourrez goûter tous les plaisirs, folâtrer à outrance et à la débauche offrir ou vendre votre corps!
Je n'irais pas moi-même me vautrer dans tous les accouplements de ses mignons et prostituées
fit-il, un air faussement choqué sur la face, et puis, tournant brusquement les talons, il s'éloigna quelques pas, cherchant le bar.

Toutes les paroles de tendresse et de compassion prêtes à s’échapper de son âme s'étaient étouffées.
Rien n’était fait encore mais Thays n’était pas sauvée et un seul instant de retard pourait lui faire perdre pied...



--Mlle_b
Une démarche rapide, les talons qui claquent sur les pavés inégaux. Une silhouette se dessine au croisement de la rue du bordel, elle ressere sa capeline sur elle et s'engage dans la ruelle en prenant soin de cacher son visage.
Un regard qui monte sur la devanture du lieu, peut être une infîme hésitation et voilà Mlle B qui gravit le porche et frappe à l'huis malgré l'heure tardive.

La femme est belle, le maintient droit et le port de tête hautain. Un oeil averti pourrait voir les soiries fines et les dentelles ouvragées dissimulées par une cape de voyage trop grande de facture ouvrière. Une personne curieuse pourrait entrapercevoir de longs cheveux ébènes, des yeux bleus presque gris et une peau blanche d'albâtre ou se dessine deux lèvres carmins. Une mauvaise langue pourrait imaginer qu'une telle personne est une catin de luxe revenant d'une virée dans les beaux quartiers. Mais les apparences sont parfois trompeuses.
Mlle B fixait maintenant la porte avec l'envie pressante que celle ci s'ouvre par la seule force de sa volonté et ainsi se voir soustraire à cette athmosphère puante et angoissante des bas fond de la capitale.



"La chair des femmes se nourrit de caresses
comme l'abeille de fleurs."
[Anatole France]
Thays
Un baiser délicat, doux, aérien. Un voile de soie s’était posé sur ses lèvres roses.
Mais un baiser tout de même, sans son consentement et encore moins son invitation.
Thays était joueuse certes, et conquérante certes, et entreprenante certes, et prédatrice collectionneuse d'amants certes...mais surtout provocante envers le vil portier qui la tourmentait et semblait y prendre plaisir.

Elle adressa un regard noir à Barbatoss, du noir de l’encre des profondeurs océaniques, le genre de noir où peut-être vaut-il mieux ne pas s’attarder.
Le releva-t-il ? Il était occupé à sourire au portier. Le provoquait-il, lui aussi ?

L’homme est habile et s’engouffre dans l’entrée, l’entraînant à sa suite.
Pas préparée à cela, Thays se fait littéralement tirer d’un coup, surprise. Elle n’est point un sac de jute rempli de pommes de terres qu’on balance dans la cave – et encore quand on les y balance l’on prend ses précautions, c’est qu’il ne faut les abîmer. Visiblement, Thays était un sac à patates abîmables. Du moins c’est l’impression qu’il put se dégager.
Elle résiste et la proximité de son corps et de celui de Barbatoss en prend un sacré coup, sans toutefois se lâcher tout à fait, agrippés l’un à l’autre du bout des doigts.
Elle résiste à la hauteur du portier, juste le temps de le regarder bien droit dans les yeux, l’air triomphante de celle qui est entrée tout de même, et de glisser à son intention un
« pervers » l’accusant de ne l’avoir laissé entrer rien que parce qu’elle le chauffait, avec une tonalité légèrement, très légèrement dédaigneuse.
Tout sourire, fière de son dernier pic avant d’entrer, elle s’engouffre dans le ventre de la Rose Pourpre.

Puis un face à face, d’étranges palabres. Qu’est-ce qu’il lui voulait celui-là ? Et quelle étrange promesse voulait-il donc lui faire tenir ?
Puis des paroles blessantes. Débauche. Prostituées. Vautrer. Outrance.
Sanguine, elle lui emboîta le pas d’une allure des plus décidées jusqu’au comptoir. Elle prit un ton glacial et dangereusement sérieux.


Non mais ? Pour qui me prenez-vous ?

Elle se saisit du verre que sirotait un client, installé au comptoir, et le vida à la face de l’outrageant.

Elle reposa le verre d’un coup sec sur le comptoir, devant le client, sans en lâcher le pied, ses doigts posés dessus.
Son autre main se porta sur sa hanche, l’empoignant de façon féminine, l’air de dire « alors ? ».
--Demetria.
Fermer les yeux... Tentant, d'autant que les lèvres de la Charnue s'empressent sur son oreille. Prime réaction de la Vierge, la surprise... Mais pourquoi l'oreille ? Mais qu'avait donc son lobe pour attiser ainsi la gourmandise de Lulue ? Pourquoi sa langue parcourait-elle ainsi les sillons ? Pourquoi donc dégoulinait-elle maintenant d'une salive désireuse ? Pourquoi cette sensation visqueuse ?
Est-ce ainsi, le sexe ? Est-ce ainsi, l'amour ? Est-ce ainsi une relation charnelle ? Gluante ? Collante ? Baveuse ? Dem' ne parvient que difficilement à contenir un sursaut de répugnance... Pas tant que la Charnue la répugne, mais le traitement infligé lui... Elle se rapproche, La Vierge se retient de fuir. Ordre de la Maquerelle, ordre de sa Reyne... A peine si elle cille, elle ne bouge pas, elle reste là, elle serre les mains de l'opulente Lulue, elle ne bouge pas.

Sur le jade les paupières menacent de se fermer. Ne plus voir, s'imaginer ailleurs comme l'a proposé Lulue... Voguer sur d'autres voiles... Esemyr et son regard mauve qui la caresse, Belombre et ses onyx dangereux... ce Brun au comptoir, sa tignasse ébouriffée, et ce rire qu'il lui a extorqué... Emeraudes qui sans le vouloir le cherche au delà de l'alcôve. Regards qui se croisent.
Un cri.
Silencieux.
Un cri.

Ce Brun... qu'elle avait à peine aperçu. Le temps d'une blague autour d'une claque esquissée sur la croupe de la Charnue. Le temps d'un rire égrené... Le temps d'un regard et d'un sourire. Si peu. Tellement. Point d'ancrage du moment.
Rexanne occupée à servir, qui même soutenant la Vierge, l'aimant, ne désobéirait pas à un ordre de la Succube... Et devant elle, la masquant, ce brun... Pas moyen d'arriver à la Rose, n'égratigne de l'émeraude que l'épine incongrue dans le décor. La griffe d'un appel sans merci.
Parce que la Vierge, si elle sait, si elle comprend, si elle accepte d'être catin... pensait sa première nuit autrement. Elle a vu filer Esemyr, en un éclair en a compris la raison, le regrette déjà... Parce qu'elle voit le sourire de Belombre s'affadir d'espoirs particuliers..
Parce qu'elle voit le verre vide d'un Brun au regard accrocheur, auquel elle s'accroche, l'oreille mangée par une cannibale...

Et se reculant légèrement, plaquant un sourire de circonstance sur les lèvres purpurines, elle mime une gorgée de vin, accordant le sourire à Lulue, le regard à Saens. Et inversement, le sens restant le même... Si se donner en premier à une femme ne choque pas les convenances qu'elle a oubliées, l'entrée en matière l'étonne et lui déplait.
Pourtant elle tâche de n'en rien montrer. Lèvres étirées, le rougissement qui passe pour de la timidité, effarouchée la Pucelle, et c'est ainsi qu'elle s'installe, la poitrine de l'autre sur la sienne juvénile, et le souffle court qui semble être de l'excitation... De quoi reprendre une gorgée, doucement...


Voulez vous me manger Dame... ? je suis là pour ce soir et pour demain aussi... et toute entière.

Manier les mots quand on ne sait que faire d'autre. Le voir avancer un pas. Et ne savoir s'il faut s'en réjouir. Aviser Lulue et ne savoir si elle ne devrait pas en profiter et apprendre... sourire de la prunelle, des lèvres, s'interrogeant intérieurement... Vierge à vendre... Pucelle décontenancée.

_____________
Saens
Un apéritif gracieux ne présente-t-il pas l’avantage d’ouvrir l’appétit aux clients, de les faire patienter pendant qu’ouvrage se prépare, et donner un aperçu des compétences du cuisinier ? - demanda l'épine au comptoir.

Le brun répondit de prime par un sourire et réfléchit à ce qu'il allait bien pouvoir articuler en retour, quelque chose dans le thème, un chouïa pour le phatique, un zeste de frichti en horizon, et la vierge, elle lui rendit son regard. Pas un regard épuré de merlan cuit, non, un regard plein à ras-bord, tellement enflé que ça allait lui déborder des prunelles à la petite, quasi suppliant, un regard de sainte-martyr qui hurle sa détresse dans le silence perlé d'un bordel pourpre.

C'est le sang, la vierge, qui a teinté tes cheveux ?

Il ne reste pas insensible. Il a beau ne pas être grand lecteur de mirettes, et d'aucunes le confirmeront, il capte la maldonne. ça va pas. ça sonne faux. C'est criard. Et puis pourquoi s'attaque-t-elle ainsi à son oreille, croupe de jument fumante ? Il ne comprend pas, car Saens - et d'aucunes, oh oui, vous le diront - et l'oreille c'est sacré. Mordille-lui le lobe et il se retrouve comme un âne turc dans une vallée de mamelons. Mais ça, le "baiser d'oreille", il n'avait jamais vu. L'œillade avec la rousse se prolonge, comme on tend un bras languissant vers une douceur hors de portée. Ce doit être étrange à entendre, ces bruits de langue, collés contre ton tympan. Et tout ça, ce fut quelques secondes.

Aussi il avança la main pour porter liqueur à ses lèvres, et déposer une pause éthylique dans le dialogue avec l'épine naissant. Main qui se referma sur du vide. Adieu le verre, adieu liqueur. L'un est serré dans la pogne cuivrée de la craintive au vers d'âtre, l'autre est venu arroser copieusement un obscur messire. Bref regard, gris, désemparé, vers le verre qui vient d'être reposé au comptoir, toujours étranglé par les doigts de l'exotique, et résolument vide. Le dialogue sera finalement avorté. Le passage au comptoir, aussi, messires, mesdames, j'ai une mignonne à aller accoster. Nouveau sourire vers la brune à la liqueur de rose, et nouvelle demande :


"D'habitude, c'est moi qui cuisine... mais certaine femme pense que je n'ai pas à goûter à l'ouvrage. Cela vous dérangerait-il de m'apporter un autre verre, dans l'alcôve, loin des menottes destructrices ?"

Et puis, de se lever. Il toise l'exotique d'un regard en acier sec, à quelques centimètres d'elle, puis détourne brutalement le visage, soupire.

"Que voulez-vous, dans toute cette histoire, les plus beaux morceaux sont les plus pâles... Et votre peau... On n'en ferait rien. De la camelote. Par contre, vos yeux, je les achète, petits bouts de mer qui flottent dans la flaque de votre visage, comme deux aiguilles dans le nez d'un page."

Sans plus attendre de réaction, il s'esquive, et va d'un pas - ici il faut préciser, pour que la narration convienne, d'un pas assuré, viril, masculin, puissant, obscur, musclé, calme, tranquille, mais sans équivoque, un pas, mais quel pas... mais ce serait mensonger, il a des jambes qui font bien moins de quatre toises, le brun. Alors il lui faut plusieurs pas. Donc : - et va de plusieurs pas jusqu'à l'alcôve, où demeure une vierge qui crie des yeux et une ogresse en progression. Écartant un instant la furtive image de la maquerelle en train de le castrer pour approche trop poussée de son cher bien roux, il pose son merveilleux séant juste à côté. Il pose un sourire, et pose une remarque, à l'attention de Lulue.

"Peut-être auriez-vous dû garder vos perversions auriculaires pour plus aguerrie... Vous n'ignoriez pas que les premiers frémissements poignent par là."

Par là, c'est le creux d'un cou qu'il fixe. Le creux doux, comme un vallon vert et velouté des campagnes auvergnates, qui sommeille près de la clavicule de NOTRE vierge.
--Demetria.
Le regard comme un aimant l'a attiré. Elle le sait, elle l'a bien vu. Du verre chipé et bu elle n'a pas eu connaissance, et quand même ne brisez pas ses illusions. Elle n'a remarqué quant à elle que les quelques pas qui ont mené le Brun à elle.
Du coup les paupières ne se ferment pas. Même qu'elles se dressent haut là haut, ne voulant rien faire rater du spectacle. La Vierge détaille le Brun, l'air de rien, mine de tout... Lulue sur ses côtes, Saens sur ses sens.

Etrange la sensation qui fourmille soudain. Regard coupé, juste une présence dans l'alcove, une phrase lachée comme une autre... Seul la provenance en change le sens.. Il l'a vue, il l'a regardée, il a repéré... elle le zieute soudain... et s'en détourne. Elle n'a pas le doit. Non. On l'a prévenue.
S'attarder sur un client... Mauvais. Y'a qu'à voir... Esemyr qui s'en va, un espoir qui s'enfuit. Belombre... revenu tard dans la soirée, à l'ombre qui sonne d'un ton différent... et pourtant le même. Et puis ce brun si dérangeant.


Peut-être auriez-vous dû garder vos perversions auriculaires pour plus aguerrie... Vous n'ignoriez pas que les premiers frémissements poignent par là.

Et sur son cou soudain deux regards brulants. Dont un l'effraie, l'autre la ravit. Allez savoir... Elle ne le quitte pas des yeux ce brun, elle qui avait réussi jusqu'ici à ne jamais accorder d'importance à quiconque à part Rexanne ou sa Reyne. Lulue peut bien la serrer de près... les émeraudes ne le quittent plus. Quitte à vexer, ce sera là pure innocence de celle qui se laisse happer par pointe plus accrocheuse que les autres.
Et elle attend, la Vierge, elle ne sait. Elle commence à peine à se dire qu'elle veut, alors désirer....


______________
--Barbatoss


[Ventre de l'empourpré, comptoir, derrière paroles et actes rusés]

Pas l'once d'une préméditation n'avait engendré son approche de l'oisel.
Pure spontanéitée, pas d'intérêt ni plus qu'une attente mais... ce besoin de relancer, découvrir encore et finallement, peut-être... éclairer?
Un choc qu'il lui fallait à cette petite, une chance, qui au final, basculait dans une chute, au grès de l'air qu'elle souhaitait respirer. N'était-ce point cet endroit qu'elle désirait tant découvrir?

Ils arrivèrent ensemble au comptoir mais il fut seul arrosé. Qu'importe, il n'allait pas fondre, son sourire réapparut aussitôt devant la beauté mate et arrêté de l'asiatique arborant l'air d'une guerrière courroucée.

*Pour qui je vous prend?* Pensa t-il *Je ne sais...*

Une plume de la nuit, légère, fragile, qui virevolte ou dérive, tantôt poussée par un vent du Sud, tantôt prise dans une tornade qui enfle en cadence puis qui s'apaise.
Il eut un rire légé, palpant ses atours de cuirs mouillés puis reprit, sur un ton plus enjoué Une lueur timide dans l'ombre si vous n'êtes un cheval fou qui ne sait s'il doit fuir ou rester. Voilà je crois, ce qui vous fait. Tout ceci à la fois et bien plus. Il se tut quelques instants, songeur avant de finir par "une belle énigme pardis il faut se l'avouer."

La lumière tamisé du lieu reflétait la fraîcheur dorée de la tigresse. Barbatoss détourna les yeux quelques instants, aveuglé. Il vit alors l'homme brun disposer, marchant d'un pas trop chargé, loin de la simplicité, encore un rustre. Puis, avisant de jolies roses ornant le comptoir, il s'empara délicatement de la plus éclatante d'entres-elles et la raprocha de son visage pour en humer le parfum puis l'élever devant ses yeux, l'observer et mieux reprendre.

Comme cette rose, vous avez l'aplomb et êtes digne de tout l'amour des anges.
Seulement, toute négligence amène l'altération et justement, celle-ci fut coupée.
Condamnée à se flétrir, ses pétales perdront bientôt leurs couleurs et ce parfum délicat qui fait d'une rose un merveilleux mais éphémère bijou de salon.


Il souhaitait donc lui épargner de subir le même sort, mais, pour qui se prenait-il au fond?
Il aurait pu s'indigner lui-même de cet étrange intérêt. Ce n'était pas dans l'habitude du chasseur d'ainsi se comporter.
C'est pourquoi il avait provoqué Thays et il allait d'ailleur quitter cet endroit au plus vite pour ne point se perdre plus avant dans le repère de ces créatures moitiées vipères, moitiées abeilles.

Si le regard de la rebelle n'avait été si captivant, il aurait déjà fuit depuis un moment au lieu de l'éprouver.

--Belombre



"... les rêves ne tiennent pas face au réel..."
Ce qui se jouait dans l'alcôve était à prévoir, finalement l'enfant n'était pas si préparé qu'elle voulait s'en donner l'air. L'innocence de ses espoirs et de ses rêves se muaient en un cauchemard dans ses yeux d'eau. Appel au secours, corps se raidissant devant les assaults pénétrant de celle qui aurait dù ouvrir le bouton aux désirs.
Pourquoi fallait il que les êtres doivent perdre leurs illusions pour grandir?
Quelle force maintenait donc la belle vissée sur son séant contre son gré au lieu de repousser l'aggresseur?

Un homme vint à l'appel muet.
Un peu de repis jeune rousse, mais cette nuit ou les suivante personne ne sera là pour cajoler ton coeur et ton corps meurtri.
Belombre toujours impassible lève son verre en direction de l'homme comme il aurait fait pour le remercier ou pour le défier. Après tout il y avait surement un peu des deux.


Ni dieu ni maître, juste moi.
--Ainara
La blonde catin lança à la reyne des lieux un regard où se mêlaient surprise et reconnaissance. On ne la chassait donc pas? Mieux même, on proposait de la nourrir? Si la basque avait su une prière, pour le coup, elle l'aurait récité. A défaut, elle se contenta de balbutier.

Manger? Oh merci! Oui, oui, je veux bien avaler quelque chose, n'importe quoi!

Ainsi rassurée sur le sort prochain de son estomac, elle put en revenir à la question de la Succube. Epineuse question, ce qui était logique d'ailleurs pour la reine de la Rose. Qu'est-ce qui lui était passé par la tête? Des bêtises ma reine, des bêtises...Des bêtises sussurées par une voix qui parlait la langue natale...

J'sais pas vraiment ce qui m'a pris, dame. C'était ce client...Il était de mon pays... et puis il s'est mis à me raconter... oh, des fadaises, pour sûr. Celles qu'on entend à chaque fois, celles que même une môme croirait pas: que j'méritais pas d'être une ribaude, qu'il allait m'emmener, m'garder rien que pour lui. Et moi, comme une sottarde, j'ai eu envie d'y croire cette fois.

Des fadaises oui, des sornettes, du pipeau, l'appât à fille de joie qu'on lui avait déjà servi sans résultat dans le passé. Et qu'elle avait été assez bête pour gober cette nuit-là. Avec pour tout résultat de se prendre une dérouillée, de se faire voler le seul bijou précieux qu'elle avait et de s'retrouver abandonnée comme une malpropre sur le pavé.

Ca m'a guéri des beaux parleurs dame Succube, ça j'peux vous l'assurer!
Thays
Le contenu du verre inconnu avait été vidé. L’homme n’avait pas même tiqué.
L’inconnu à qui appartenait le verre fut provocant et taquin. De quoi lui plaire. Mais il avait osé la provoquer, l’ignorer et s’en était allé, d’une démarche virile, aguicheuse, vers deux femmes en plein…échauffement.
Bien, elle l’ignorerait aussi. Mais il l’avait piqué.

Tsss il l’a vu la flaque de son visage à lui ? De mes yeux il ne se paiera pas même une goutte.

Barbatoss était parvenu à plutôt bien la cerner, pour un inconnu.
Elle commençait à bien l’apprécier quand même, cet homme curieux – entendez par cela étrange et non comme pourvu de curiosité – et curieusement intrigant.
Si stoïque et presque affectueux par moments intermittents.
C'était amusant, divertissant et assez peu courant.

Comme cette rose, vous avez l'aplomb et êtes digne de tout l'amour des anges.
Seulement, toute négligence amène l'altération et justement, celle-ci fut coupée.
Condamnée à se flétrir, ses pétales perdront bientôt leurs couleurs et ce parfum délicat qui fait d'une rose un merveilleux mais éphémère bijou de salon.


Fort heureusement, je ne suis point une de ces fleurs, passive, sans intérêt si ce n’est l’éveil de passions à usage unique d’une niaiserie sans bornes, dont le sort ne dépend que d’autrui, que la belle aura oublié une fois sa déception passée.

Elle captiva son regard, captivant lui aussi, et espérait que le message était passé. Thays n’était certainement pas femme à se laisser apprivoiser, alors de là à renoncer à sa volonté propre et finir comme les roses de ce salon…

Elle le dévisagea tranquillement, adoucie, calme. Elle avait relâché le verre aspergeur et avait déposé sa main, comme l'autre. Elle les portait à présent sur ses hanches et son attitude ne démontrait pas la moindre agressivité. Après un instant à l'observer, paisiblement et en silence...


Prenons un verre.
See the RP information <<   <   1, 2, 3, ..., 33, 34, 35, ..., 63, 64, 65   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)