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La Rose Pourpre, Bordel des Miracles (2ème partie)

Lyhra
Le retour fut morne.

L’une songeait sans doute en évitant précautionneusement de glisser sur un rat crevé que c’était bien fait pour l’autre, cette satanique Maquerelle, qui elle envisageait déjà un moyen sûr de ne point trop mécontenter Belombre et de garder tout de même son argent, une partie tout du moins. Le troisième larron, Thorvald, on ne pouvait savoir au juste à quoi il pensait, son regard était tourné vers Elle, couvant un feu qui l’éclairait de l’intérieur. C’était le matin n’est-ce pas ?

Un cheval de bonne viande se trouvait là, fait incongru s’il en était, il ne resterait pas longtemps sur ces pattes celui là.
Ils passèrent devant, pressés d’arriver désormais, chacun pour des raisons différentes…
La porte était close, une silhouette encapuchonnée venait d’y frapper.

A-t-on idée de visiter la Rose à heure pareille ?!

La Succube tapota à son tour, mais dans le dos de la visiteuse inconnue.

La Rose est fermée ma jolie. Faut bien que nous dormions nous autres !

Poussant la porte, elle se dit que les bottes et le manteau, sans compter le cheval, n’était pas ceux d’une pauvresse venue chercher logis et salaire mais elle était trop fatiguée, trop impatiente, aussi, pour chercher à savoir.

Revenez donc à la nuit !

Elle disparut vivement au creux de la Rose laissant s’échapper une bouffée d’air parfumé au goût de cendres et tout le monde, au bar, dans les alcôves, au détours d’une tenture, entendit sa voix haute et claire signifier qu’on fermait.
Que… ceux qui ne s’étaient pas acquittés de leur vin le fasse -de leur fille il n’était pas besoin puisqu’on payait d’avance- , celles qui étaient encore debout montent se coucher -leur joli teint en dépendait-, et ma foi que
le reste, Saint Foutre ! pourra bien attendre le soir prochain !

Sauf… Belombre vers qui elle se dirigea, baissant imperceptiblement la tête, affrontant d’avance l’orage à venir.

Asseyons nous et causons lui dit-elle en préambule.
Il arrive une chose que je n’avais prévue et qui me cause bien du tracas ; L’oiseau s’est envolé. La Succube agita sa main, Pfiouuuut comme ça. Elle s’est enfuie et d’hymen vous n’aurez point.
Elle enchaîna rapidement, ma maison est de bonne réputation vous le savez et cette infortune ne saurait l’entacher, aussi… dites moi ce que je pourrais faire pour adoucir votre déconvenue…
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Cayai
La Rose est fermée ma jolie. Faut bien que nous dormions nous autres !

La vagabonde n'y avait pas pensé, obnubilée à l'idée d'entrer, de voir ce qu'elle devait voir, la pointe du jour ne lui avait pas mis la puce à l'oreille. Ou alors pensait-elle que les putains jamais ne se reposaient...
Le fait était que cela ne l'arrangeait pas. Si l'établissement était fermé, il était vide, cela allait de soi. Vide, hormis la vampe parfumée qui lui avait fermé la porte au nez.

Et que ferait.elle, jusqu'à la nuit suivante? Zoner dans les rues malfamées de la cour des miracles?

Toute la nuit elle avait chevauché, tenue éveillée par l'excitation et là, face à son echec, elle sentait la fatigue la gagner et altérer ses reflexions.
Elle se retourna face à la ruelle, dos à la porte et, tentant de reflechir bailla largement. La bruine avait cessé mais le ciel était toujours aussi bas et lourd, rien de bon présage.
Dans l'impasse, Solaris piaffa, visiblement impatiente de trouver litière et avoine pour se remettre de la folle chevauchée nocturne.
Cayai eut un sourire ironique. Elle aussi s'était habituée au luxe. La cavalière s'en approcha et la détacha.


Va falloir t'y faire, gamine, c'est fini tout ça, pour un moment, semble-t-il.
--Belombre
La reine était revenue dans son antre agacée, échevellée, la démarche raide, le verbe acerbe pour tout un chacun et la voix mielleuse pour lui.

Asseyons nous et causons ...
Il arrive une chose que je n’avais prévue et qui me cause bien du tracas ; L’oiseau s’est envolé. Pfiouuuut comme ça. Elle s’est enfuie et d’hymen vous n’aurez point.
...ma maison est de bonne réputation vous le savez et cette infortune ne saurait l’entacher, aussi… dites moi ce que je pourrais faire pour adoucir votre déconvenue…


Il s'assoit et plante ses onyx dans les yeux de la maquerelle.

Sachez ma dame que ce n'est pas une vierge que j'étais venu chercher mais une perle. Des vierges ont en trouve tombé du nid à tous les coins de caniveaux.
L'innocence et la candeur sont choses rares ici bas; mais elle a fait son choix.
... l'innocence dont la vie semble l'avoir dénuée se dit-il à lui même...

Un silence, son regard parcours un instant les dernières filles raccompagnant les clients, celles qui baillent, les dernières pressées de rejoindre une couche froide.
Il approche son visage sans expression de celui de la maquerelle et lui dit dans un souffle.

Trouvez moi une autre perle à mon gout et je vous payerez le tiers de ce qui était convenu.

Il la gratifie d'un sourire franc car il sait déjà ce qu'il veut.

--Alchima



Ce n'est pas par quête d'une quelconque excitation, curiosité ou que sais je encore que la jeune brunette s'était retrouvée là... C'était plus la pauvreté dans laquelle elle vivait depuis la naissance au milieu de sa quinzaine de frères et sœurs et la force du bras de son père qui l'avait trainée par les cheveux jusque la cour des miracles... Tu parles d'un miracle ouais ! Comme si la précarité de sa misérable vie ne suffisait pas, il fallut qu'elle soit la mieux dotée par la nature « T'es faite pour la vie de catin ma fille »... Elle aurait préféré meilleure vocation que celle de vendre un corps de jeune femme dans lequel vivait l'âme d'une gamine dont la tête était encore pleine de rêves.
Répugné à cette idée, elle avait maintes fois essayé de se faire la malle, s'aventurer sur les chemins aussi malfamés soient ils, ce ne serait pas pire que le destin tracé par son paternel. Elle aurait pu s'adonner au brigandage, se faire un peu d'argent au détriment de malheureux passants. Mais ces tentatives de fuite furent toutes avortées dans l'oeuf, rien n'échappait au regard inquisiteur de son géniteur.

Ce matin là, elle s'était vue tirée de la paillasse qui lui faisait office de lit, s'était vite retrouvé affublée d'une vieille robe de sa défunte mère. Une robe choisie pour l'occasion. Une de ces robes que l'on croirait dessinées spécialement pour le tapin. Faite d'un tissus qui tombe de façon à laisser deviner les courbes presque parfaites de le jeune fille. Un décolleté comme une invitation à découvrir ce que cachait la vulgaire toilette. Pas le temps de relever ses cheveux en chignon comme elle avait l'habitude de les coiffer, le père les aimait mieux lâchés en une cascade qui s'arrêtait au niveau des reins.

Des cheveux, un corps que nul n'avait pu toucher... Si ce n'est lui. Lui ? Baudoin, le fils du voisin pour qui la gamine s'était prise d'amour et qui lui avait promis mariage quand il serait plus riche... Une promesse faite quelque minutes avant que la jeune fille ne lui accorde de la toucher pour la première fois... Promesse qu'il ne tiendra pas. Il était parti un matin, il y a longtemps et il l'avait laissé derrière. Peut être n'aurait elle pas du lui parler de l'enfant qu'elle attendait ? Peut être... Elle s'était débarrassé de l'enfant en allant visiter une de ces faiseuses d'anges qui trainaient de çà de là... Aucun regret, elle avait tourné la page.

Bref. Le matin donc. De ces froids matins que pouvaient connaître la capitale en novembre. Main robuste qui lui tient les cheveux avec fermeté, elle avance... Elle est bien forcée. Le regard menaçant de celui qu'elle voit désormais comme son bourreau plus que son père... Un regard menaçant, il n'a pas besoin de parler pour qu'elle comprenne le message qu'il veut lui faire passer : Interdiction formelle de pleurer, geindre ou de se rebeller... Et le souvenir de la torgnole, qu'elle s'était prise la veille, était aussi là pour appuyer la discrète menace.

Il ne lâchera ses cheveux que lorsque le bordel sera en vue. Maintenant on pouvait voir une jeune fille pendue docilement au bras de son père. Un père qui la laissera à la porte du bordel et qui s'esquivera discrètement et qui surveillera de loin sa progéniture jusqu'à ce qu'on lui ouvre et qu'elle n'entre dans ce qu'il appelait-quand il était en compagnie aristotélicienne-« la maison du péché ».

Long soupire qui s'échappe des lèvres vermillons. Courage... « Ce n'est qu'un mauvais moment à passer, tu t'y habitueras.T'auras d'quoi manger et pis vendre ton corps c'est rien et t'auras plus à l'revoir ton père. Allez c'n'est qu'une porte !». Profonde inspiration avant que la main n'approche de la lourde porte et frappe trois coups, qu'au fond elle espère inaudibles... Puis elle patiente, regard vide qui se pose sur une jeune femme et sa monture, cliente bien matinale... Rabattant sur sa poitrine le châle qu'elle avait nonchalamment jeté sur ses épaules puis elle reporte son attention sur l'entrée...
Lyhra
La bonne nouvelle c’était qu’il abandonnait sans rechigner de ne point posséder la garce rousse qui leur faisait faux bond à tous les deux.

La mauvaise… c’était qu’un tiers de la somme… mais baste ! c’était déjà bien gros et il aurait tout aussi bien pu sortir d’ici encore tout chargé de son or et qui plus est en colportant de vilains ragots comme quoi la Rose et sa Reyne n’honoraient pas leurs promesses.
Trop risqué.

Une autre perle avait-il dit, voilà qui était par trop brumeux.
Une perle… une perle ?
Devait-elle avoir la carnation délicate et laiteuse ? Devait-elle sembler prude et timide comme peuvent l’être les vierges ? Ou au contraire une perle … en cochonneries ?

Saint Foutre, voilà qu’il me pose une colle celui là.
Perplexe qu’elle était la Rousse, et puis fatiguée, et puis désireuse de Thorvald, aussi et n’ayant pas le goût des devinettes, elle arqua un sourcil interrogateur et simplement répondit,

Celle de mes filles que vous choisirez.

Elle en faisait une affaire personnelle et la donzelle, même fatiguée, irait le mignoter comme il se doit.
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Cayai
Hésitante, elle l'était, ou plutot, incapable de reflexion et, il fallait se l'avouer, aussi déçue que frustrée. Le dénouement aurait pu être pour l'instant mais encore, cela se repoussait, machiavélique coup du destin, laissant la jeune femme sur sa faim, vouée à l'attente, intolérable.
Il fallait bien se faire une raison... Après tout, la journée serait vite écoulée, si elle trouvait un endroit sec pour dormir un peu et pofiner ses projets.
Parce que ça aussi, elle l'avait décidé sur un coup de tête et n'avait guère prévu d'échappatoire, ni de second plan.

Un peu de paille ferait l'affaire, elle doutait de trouver une auberge digne de ce nom et qui lui laisserait une chambre pour la journée. Comme elle n'avait aucune idée de ce que seraient les prochains jours, elle ne souhaitait pas s'engager chez un commerçant qui lui réclamerait son dû, qu'elle dorme sous son toit, ou non.

Déjà, avait-elle un plan? Pénétrer dans l'antre de la luxure, et ensuite? S'y engager? Devrait-elle en arriver là? Est-elle prête à ce genre de sacrifice? Mais si elle l'abordait, comme ça, se plantait devant lui, ne la repousserait-il pas? Peut-être devait-il être séduit... Peut-être l'avait-il oublié... De toute évidence, rien ne se ferait sans qu'elle entre à la Rose Pourpre, c'était au moins le seul point sûr.

Un brin rageuse, le visage renfrogné, la plantureuse brune mit pied à l'étrier et monta en selle. S'apprêtant à lancer sa monture au trot, elle vit que, devant la porte du bordel, une jeune femme attendait.
Cayai s'en étonna. Non qu'on vienne frapper à pareille heure, elle venait bien de le faire, mais plutôt par l'allure de cette fille.
De premier abord, elle était pauvrette, à juger de son accoutrement. Elle se fondait dans le paysage.
Mais en y regardant de plus près, elle avait le visage d'une poupée. Une bien triste poupée, le regard vide, comme dénué d'espoir.

Bien sûr, Cayai n'était pas là pour sauver la cour des Miracles et aurait pu s'en foutre, mais elle fut prise de pitié pour elle.
Cela lui rappelait peut-être quelques souvenirs... Elle ne voulait y penser tandis qu'elle claqua la langue. La jument avança de quelques pas et s'arrêta à côté de la jouvencelle.


L'établissement est fermé pour la journée, je viens moi même d'y être refusée. Il faut revenir ce soir. Puis-je t'être utile?

Elle ne souhaitait pas être condescendante et ne le fut pas. Sa voix était assurée, peut-être un peu autoritaire. Sans sourciller, elle dévisageait la midinette.
"Quel gâchis que de venir abimer pareille beauté ici-lieu!" pensa-t-elle en attendant la réponse.
Thorvald_
[Porte close]

Envolé, le bouton à peine éclos qu'innocents ils n'avaient su choyer. La Reine frémissante de fureur vient se coller à son imposant gardien pour gronder une colère dévastratrice. Rien n'y fait, elle ne reviendra pas. La petite Dem ... Thorvald enveloppe la Succube d'un bras puissant et doux. Une brise d'aube s'est levée, il ne tardera pas à bruiner sur les miracles, ajoutant à la boue et aux larmes des petits couriens. Mais eux, ils seront à l'intérieur, las, épuisés, repus d'émotions quand tout ne fait que ...
commencer.

Ils rentrent vers la Rose, où quelques femmes égarées frappent encore, éperdues et perdues. Le trio, silencieux et fier, franchit les quelques marches, Thorvald au passage ramasse la jeune Jaysabel, son bras libre au creux de la taille légère. "Ne prends pas froid. Viens."

Aux autres, il adoucit les ordres de la propriétaire de la Rose : "Demain, demain mesdames ... La Reine veut repos. "

Avant que la porte ne se ferme, il étire cependant une énorme main pour happer l'hésitante Mlle B.
Et les parfums de la Rose, envoûtants et rassurants, l'enveloppent à nouveau.

Un détail à régler auprès de l'ombre faite homme. La Succube vogue vers lui.
Thorvald passe derrière le bar et se sert. Rexane peut bien grogner, il a soif.
Ou peur. Besoin d'un remontant.
La porte est close. Que les derniers clients se fassent ouvrir le verrou par une fille ... ou qu'ils restent dormir. Lui, a fini sa nuit.

Un sourire au spectacle de Mlle B qui semble perdue dans l'écrin pourpre.

Lui, accoudé au bar, laisse flotter son âme ...

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X
--Obscure
Obscure avait fait le chemin du Quartier Azur jusqu'au Quartier pourpre sous une pluie froide de l'automne, mais la belle ayant le coeur lourd et déchirée ne s'en souciait pas d'être mouillée ou détrempée surtout. Elle arriva enfin à destination. Combien de fois avait-elle fait ce chemin jusqu'à cette porte ? trop de fois. La belle soupira en versant quelque larmes et cogna à la porte en disant d'une voix faible couvert de sanglot:

Ouvrez-moi...c'est..c'est..Obscure..je..je..suis revenue..

Ses jambes lui faisaient mal et n'arrivèrent pas à la soutenir et s'écroula contre la porte et éclata en sanglot. Elle était sal et semblait tellement malheureuse cela faisait pitié à voir. Resta contre la porte dans la boue, la servante laissa éclater son chagrin
Cayai
La minette n'eut guère le temps de répondre qu'une troisième fille débarqua dans la rue.
Décidément, se dit Cayai en fronçant les sourcils, l'endroit est bien fréquenté pour dire qu'il est clos.

Peine à voir, c'était le mot! Elle était dans un état lamentable et ne tenait plus sur ses cannes.
Du peu de force qui lui restait, elle tambourinait contre la porte en suppliant de la laisser entrer, avant de s'écrouler dans un sanglot sur le seuil de la fameuse porte, toujours close.
La cavalière bondit de cheval et s'avançait vers la forme larmoyante qui semblait se décomposer sur le sol. Elle était toute mouillée et à bout de force. L'étrangère détacha son manteau et le posa sur les épaules de la malheureuse, oubliant presque la première inconnue.
Puis, elle se remit à frapper contre la porte en criant:


S'il vous plaît! Ouvrez!

Elle s'époumonna un moment avant de s'accroupir près de la dénommée Obscure.

Que t'es-t-il arrivé?

Quelle matinée! Pour sur que l'on ne s'ennuyait pas dans la capitale! En d'autres circonstances, cela l'aurait fait sourire mais là, elle était plus dépassée qu'autre chose.
Mais malgré tout, elle ne pouvait se résigner à la planter là.
--Obscure
Obscure se doutait fortement que toutes les filles étaient parties dormir. Normalement, la belle devrait être en train de ramasser la soirée et après préparer l'autre soirée et ne dormir que deux petites heures, mais là elle était l'autre bord de la porte. Une étrangère qu'elle n'avait pas vu approcha et eu la gentillesse de lui passer son manteau et la jolie femme força un sourire. Obscure l'écouta et répondit la détaillant de ses grands yeux bleus froid comme la glace et beau comme l'océan et dit d'une voix faible:

Merci..pour votre manteau..mais vous n'auriez pas dû. Je me présente Obscure servante à la Rose Pourpre le meilleure bordel des miracles...Et disons que j'ai eu une mauvaise nuit et je dois entrer..mais bien sûr c'est fermé..j'aurais dû arriver avant..J,aurais dû..ne pas les suivre..Ja,urais dû...

Obscure continua de pleurer ne pouvant s'en empêcher et pleurait toujours. elle faisait vraiment peine à voir, mais elle n'en pouvait rien...
Scath_la_grande
Lentement, les paupières de la jeune fille papillonnèrent dans le silence du petit matin. Jour gris qui s’entamait mollement dans une sorte de luminosité intemporelle. La forme s’ébroua doucement du pan de mur où elle s’était tapie, le bon bourgeois auquel Scath avait « emprunté » la bourse était finalement bien plus endurant qu’elle ne l’avait prévu et elle avait du faire montre de ses trésors d’imagination pour le semer et apparemment elle avait réussi puisque cela faisait un moment qu’elle n’entendait plus son souffle de cheval asthmatique dans le coin. Furtivement la donzelle risqua un œil par la ruelle, puis une tête, le débité ne semblait plus faire partie de la faune environnante, la prochaine fois elle le prendrait plus gras, et ce le tint pour dit. Son dos se réapposa contre la paroi et la carcasse se décrispa peu à peu, un souffle plus long s’échappa de sa bouche, il n’y avait plus rien à craindre mais elle préféra rester un instant dans l’immobilisme le plus total… au cas ou, l’œil surveillant son alentour direct.

Paris, la capitale, on lui avait dit beaucoup de chose à son sujet, mais pour la blondi-rouquine ça n’était qu’une ville vomissant son fatras de gens inutiles, suant le bruit par tout ses pores et suintant la nauséabonde odeur de la pourriture ambiante. Et pourtant ses yeux de fauves ne cessaient de se repaître des va et vient incessants de cette masse informe en mouvance constante, jamais elle n’avait vu autant d’individus en même temps. C’était un vrai un spectacle qui s’agitait sous son regard, qui ressemblait à une cohorte de fourmis désorganisée, les paupières se plissèrent sous le joug du questionnement. Qu’est ce qui animait tous ces esprits différents ? Les écus ? Le pouvoir ? L’espoir ? Ou p’têtre l’amour… à ce mot elle ne put réprimer une grimace de dégout.

Un mouvement souple des reins la décolla du mur, c’était pas le moment de moisir sur pieds, et la fine silhouette sous la capeline sombre disparue dans les ruelles de la cours des miracles. Le pas était hâtif et en rien féminin, la jeune fille se pressait mais savait qu’indubitablement l’établissement qui l’avait attiré par ici serait fermé. Néanmoins la chance pouvait jouer ses petits tours habituels que l’on nommait coups du sort. Et ce fut le cas… effectivement le bordel était clos mais une sorte d’attroupement de trois jeunes femmes se trouvait là, une muette, une beuglante et une pleurnicheuse… Et un cheval ? Venait-il lui aussi frapper à la porte pour une jument ou appartenait-il à un client insouciant, les bourses trop pleines… d’écus bien sûr.

Scath la Grande se questionna sur l’urgence qui tambourinait ainsi, telle l’inquisition en quête de sorcières à mettre au grill mais elle préféra rester à distance sans interroger les protagonistes du drame qui semblait se dérouler devant elle. Les demoiselles étaient jolies assurément, peut-être travaillaient-elles ici ? Peut-être s’étaient-elles montrées indisposées à certains clients et qu’elles étaient mises à la porte comme des malpropres. Un léger sourire d’amusement naquit sur son velours vermeil encore jamais foulé ni de baisers, ni de chairs, et si la chance était de sa compagnie en cette matinée la donzelle pouvait émettre l’hypothèse de repartir avec l’une d’entre elles.

Patience… il fallait juste que la rousse-blonde fadasse comprenne ce qui se tramait devant la porte close d’une maison tout autant close. Sa main d’ivoire vint flatter l’encolure de la monture, lui procurant un apaisement qu’aucun être humain n’avait jamais pu lui prodiguer. L’oreille se montrait attentive au moindre bruit et l’œil de la sauvageonne ne perdait pas une miette de ce qu’il se passait.

Curiosité quand tu nous tiens.

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"Seul Dieu est mon juge"
--Alchima


La poupée cille alors que la voix de la femme au cheval se fait entendre. De nature prudente, elle a un léger mouvement de recul avant d'afficher un petit sourire. La femme n'a pas l'air de lui vouloir du mal, pas de raison de rester sur le qui vive... « L'établissement est fermé pour la journée » Les azurs craintives se portent machinalement sur l'endroit où elle s'était séparée de son père... Il la battrait. Et puis elle espérait bien ne pas voir cette porte s'ouvrir dans le fond.

La bouche s'ouvre alors dans l'intention de répondre, dire qu'elle reviendrait plus tard, qu'elle n'avait besoin de rien...Mais très vite une jeune femme semble se jeter au pied de la porte, les yeux mouillés de larmes... La brunette reste à l'écart, comme terrorisée par le spectacle qui s'offrait à elle. C'est à ça qu'elle ressemblerait si jamais elle arrivait à franchir la porte de cet antre ? Un frisson lui parcouru l'échine à cette pensée...

La jeune fille décide de s'effacer discrètement alors que la cavalière s'occupe de l'éplorée. Minois déformé par une grimace lorsque cette dernière se mit à parler... " Servante " C'est aussi un de ces noms que l'on donne au plus vieux métier du monde ? Une manière plus proprette de le dire ? Peut être. Toujours est il que si elle s'était présentée ici c'était dans l'espoir ou plutôt le désespoir de trouver du " travail "... Pas pour écouter les gémissements de qui que ce soit, ça elle en avait assez dans la masure qui lui servait de domicile. Elle sort alors de son long mutisme, laissant entendre une voix douce et maladroite. Une voix qui laissait deviner son appréhension aussi..

Je...je reviendrais ce soir. Bon courage...

Sur ce la jeune fille s'en va dans la direction opposée de celle d'où elle était arrivée. Le pas rapide, pressée de quitter le coin pour le moment. Dans son empressement, les yeux fixant ses poulaines aussi miteuses que le reste, elle ne voit pas la personne qu'elle bouscule dans son élan...
--Belombre
Celle qui malgré l'heure n'a en rien perdue de sa prestance semble soulagée.

Celle de mes filles que vous choisirez.

Ses yeux se plissent un instant, partent à la recherche dans la salle, s'attardent peut être un peu plus longtemps sur une femme à l'entrée qui manifestement n'est pas à sa place ici puis se refixent dans l'âme de son interlocutrice.
Il se lève, contourne la table et glisse son souffle aussi près de son oreille que la decence le lui permet.
Au passage il hume les parfum capiteux si loin des effluves légères de la vierge. Pourquoi ne pas réclamer la reine quand on a pas eu la dauphine?

C'est vous que je veux jusqu'à la prochaine nuit.

Il sort de sous sa cape une bourse de cuir garnie des 2000 écus proposés et la pose devant la maquerelle puis se rasseoit en face d'elle en attendant de voir tous les petits mouvements de son corps qui pourraient trahir l'émotion de l'instant.

Cayai
La jouvencelle lui fit faux bond, la servante se vidait de ses larmes.
Toujours accroupie, Cayai se laissa aller sur son séant en soupirant, posa ses avant-bras sur ses genoux et, plissant le nez, regarda alentour, comme ci une idée allait surgir du coin de la sordide ruelle.
Sans son manteau, sur les bras de l'éplorée, elle commençait à avoir froid, mais la décence lui refusait de le reprendre de ses épaules avant que la porte ne se soit enfin ouverte. Elle devait aussi se rendre à l'évidence que la fricasse qui lui glaçait la peau remettait peu à peu de l'ordre dans ses idées.

Bordel d'Aristote, mais que pouvait-elle bien faire ici! Tout ça pour... Pour...


Foutre Dieu! jura-t-elle sans s'en rendre compte avant de se relever en grognant.

Elle épousseta ses habits puis décida de laisser son manteau à la malheureuse, vu que, de toute façon, elle serait bien obligée de revenir au soir. Si seulement la tenancière, si c'était elle ou l'homme qui la suivait auraient pris un instant pour répondre à sa question, elle n'avait guère eu le temps d'ouvrir la bouche.


Gardez mon manteau, je reviendrai ce soir de toute façon. dit-elle d'une voix qui se voulait calme à la femme toujours à terre près de la porte.

Elle allait s'éloigner pour rejoindre son cheval qui avait fait quelques pas mais eut, pour la première fois depuis un moment, une idée.
Elle se retourna vivement vers Obscure et lui dit:


Peut-être pouvez-vous m'aider! On m'a dit qu'un homme que je connais est souvent ici. Je voulais... Le voir...

C'était un peu absurde, elle s'en rendait compte, mais au fond, elle se démenait devant cette porte depuis un moment déjà, celle-ci, à l'image de la maison, restait close et rien n'indiquait que, même si elle pouvait entrer, elle trouverait ce qu'elle cherche.
--Mlle_b

"La chair des femmes se nourrit de caresses
comme l'abeille de fleurs."
[Anatole France]


Après le tumulte un calme incertain revient enfin. Une sueur froide parcours son dos, elle ne s'attendait pas à ça, mais à quoi s'attendait elle en faite? Elle même n'en était pas certaine.
Les secondes s'allongent en minutes et une décision doit être prise. Elle tergiverse encore intérieurement quand la porte se rouvre et que le géant au visage si aimable réapparait. Sa présence la rassure mais bientôt une femme ordonne la fermeture de la Rose, ainsi ses desseins, ses projets devront attendre.
Un soupire de soulagement s'échappe malgré elle de ses lèves entrouverte. Elle s'apprète à partir à la suite des clients quand une main la happe avant que le seuil ne soit franchit, un frisson glacé la submerge mais le temps qu'elle se retourne pour affronter sa frayeur la porte est close. La main qui l'a maintenue prisonnière dans ce lieu a tourné les talons et elle suit celui ci du regard jusqu'au bar.
Pantelante elle reste là à l'entrée avant de retrouver la consistance nécessaire à la situation. Elle ne voit qu'une seule issue à sa malencontreuse situation. Ses épaules se redressent, d'un geste machinale elle réajuste les plis de sa tenue et s'avance à petit pas vers celui qui lui a souhaité la bienvenue et l'a mis dans l'embarras à l'instant même.
Ce dernier ne semble plus vraiment faire cas d'elle mais lui l'attire comme un papillon se dirige vers la lumière dans l'ombre.

En avançant un regard noir se fixe sur elle, elle détourne le regard et avance encore un peu plus comme une supliciée le souffle court. Arrivée au comptoir elle ne sait comment interpeller cet étranger.


Messire?
Excusez moi de vous ...de vous importuner de nouveau. Je...
Le regard évitant soigneusement le sien.
Je ne sais pas à qui m'adresser ni ce que je dois attendre. Pourriez vous, je vous pris m'éclairer un temps soit peu... s'il ne vous en déplait?

Comment, elle, qui pouvait être si locace parfois et maniant le verbe en grandes assemblées, se prenait, le coeur battant, à avoir du mal à égrenner ces quelques mots?
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