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La Rose Pourpre, Bordel des Miracles (2ème partie)

--Ainara


La blonde n'avait pas eu l'occasion de vérifier si elle était, ou non, au goût du client. L'aube pointant et la maison fermant, il s'en était retourné vers la ville, laissant la catin finalement plutôt soulagée. Pas qu'elle soit du genre à rechigner à s'allonger, mais après ses quelques jours de vagabondage, l'idée de s'allonger seule et pour dormir et non faire la bête à deux dos lui convenait assez.

Elle avait donc gagné l'étage à la suite des autres occupantes de la Rose et ré-intégré sa chambre. Bizarre, de s'retrouver là. Et... Plutôt réconfortant, fallait l'avouer. La "liberté" était peut-être grisante mais la catin n'avait pas l'âme aventureuse, elle s'en rendait compte. Et c'est avec l'impression d'être rentrée au bercail qu'elle sombra dans le sommeil.

Lorsqu'elle rouvrit les mirettes, le soleil était déjà haut dans le ciel. 'fin c'était ce qu'on aurait pu dire si on avait pu voir le soleil depuis la Cour, mais c'était rarement le cas. Trop de masures affalées trop près les unes des autres, y avait plus d'espace pour l'soleil dans cet endroit. Donc c'est plutôt un ptit jour grisâtre que la blonde trouva en se réveillant. Sans que ca entame sa relative bonne humeur d'ailleurs. Trop heureuse d'avoir un toit sur la tête et la possibilité de s'remplir le ventre.

En parlant de ventre, un gargouillis lui rappela que le sien réclamait pitance! Enfilant à la diable la première frusque qui lui tomba sous la main, la catin s'en descendit à la cuisine, les yeux encore bouffis de sommeil. Et y trouva une inconnue qui s'activait pour ranimer braises et fourneaux. La blonde nota vaguement que la femme avait un je-ne-sais-quoi d'inhabituel pour une pensionnaire de bordel mais sans chercher plus loin. Elle avait trop faim pour ça.


B'jour m'dame! On peut manger un morceau?

--Jaysabel
Ahhh soleil! Tu peux pas attendre un peu avant de briller! Je dors!!

Jaysabel avait beau dormir le coude devant les yeux, rien à faire. Les rayons pénétraient un peu trop confortablement dans sa chambre. Sa chambre? Elle ne se sentait pas vraiment chez elle encore. Sa première nuit en fait, sans savoir ce qu'il était advenu de sa personne. Avait-elle été embauchée? Aucune idée. Elle n'avait pas reparlé à la proprio depuis la veille. En fait, elle avait eu un examen avec Madame Madeleine et plus rien.

Elle se rappela soudainement l'évènement étrange de la veille, où Thorvald l'avait empêcher d'en savoir plus. Que c'était-il donc passé?

Vaincue par les rayons du soleil d'après-midi, Jaysabel se leva finalement et enfila ses vêtements, ceux de la veille, parce qu'elle n'en avait pas d'autre. Il lui faudrait faire les boutiques pour se vêtir convenablement, même si la définition de ce qui est convenable n'était sûrement pas la même que Madame Madeleine.

Le visage vide de maquillage, elle descendit finalement au rez-de-chaussé et entendit des voix provenant de la cuisine. Une blonde se trouvait là, puis la fameuse religieuse. Personne d'autre? Ceux-là avaient certainement pensé à recouvrir la fenêtre d'un tissus quelconque qui bloquerait la lumière du jour. Elle s'en souviendrait.

Timide parce que nouvelle, elle n'osa rien dire, approchant silencieusement des deux femmes jusqu'à ce qu'on la remarque.
Silloe
    On lui aurait probablement donné le bon dieu sans concessions...Du moins si l'on se contentait des apparences. Ce qui était après tout l'attitude d'une majorité,fait qui par conséquent, proférait à la jeune fille un quotidien des plus enviables. Elle ne comptait plus les fois où jouant de ses airs misérables on lui avait offert le diner et le couvert sans aucune exaltation de sa part. Traits dangereusement candides. En vérité son physique de jeune femme à peine ébauché, encore enfantin, qui participait à l'impossible élaboration d'un âge au premier coup d'œil, masquait un esprit des plus espiègles. A des lieux de l'aspect ingénu qu'elle renvoyait. Ses grands yeux verts curieux au fond des quels pointait une lueur latente de diablerie dominaient un visage poupin qui par on ne savait quel maléfice n'avait pas eu à subir les affres du temps et des vices de la rue. Seule une fine pellicule de boue perdurait sous ses joues rondes.

    Si l’obscurité nous enveloppe, elle n’attaquait pas la peau comme le faisait la brume. L’angoisse dans laquelle nous plonge le brouillard ne vient pas de l’aveuglement seulement, mais de ce qu’il traîne, par strates, sur les bras, les épaules, cuisses, ventre et dos. Il rampe. L’ombre éveille les membres, ils courent, à la rescousse des yeux, intensément présents lorsque la vue se voile. La brume endort le corps, l’imbibe, l’anesthésie, la peau s’occupe lieu par lieu à résister à ses compresses, l’impression défaille sous la compression. La peau perd la liberté de secourir le regard hésitant. Le brouillard nous arrache nos yeux de secours, ôte tout repères. Silloe demeurait au centre de cet étourdissement. Arrivait à douter de sa propre existence, baignée dans ce linceul qui gangrenait les mansardes des entrailles de la ville en dentelle de festons destructeurs. Ce début d'après midi s'annonçait lourd et glacial, les serpents vicelards de la brume s'ajoutant à la crasse que trainait déjà les pouilleux de tout bords.

    Du haut des 18ans (du moins le supposait elle, ayant été comme beaucoup abandonnée dès son plus jeune âge) notre jeune amie s'enhardissait chaque jours à trouver de nouvelles sources de divertissement dirons nous. La morosité n'était pas pour elle, quant à son existence, elle n'avait de misérable que ce qu'on lui prêtait. Sans attaches, libre d'aller où elle désirait... Elle ne considérait en rien que cette situation comme désagréable. Inconsciente des dangers qu'elles courait me direz vous, la vérité était qu'elle s'en jouait. Et puis à faire trop attention elle n'aurait pas vécut.
    M'enfin bref. Guettant tel l'animal sauvage qu'elle était au plus profond d'elle, elle fondit soudain sur un homme sobrement vêtu, mais qui même ainsi faisait tache sur les murs décrépis. Le sol qui se rapproche, coussin de boue...Déjà la jeune fille, vive et agile se dépêtre de cet enchevêtrement de membres, s'évanouissant glorieuse, bourse à la main. Pas précipités dans son dos. L'inconnu n'était donc pas venu seul. Sensation aiguille au creux de la colonne vertébrale. Qui déverse son flux conséquent d'adrénaline. Sourire aux lèvres. Pieds nus elle court court, rire en offrande à la voûte céleste encombrée. Bientôt elle disparaît à la vue de ses assaillants, se jouant d'eux, le brouillard pour allié. Pas difficile pour une enfant des rues de se retrouver dans ce labyrinthe et de s'y laisser engloutir, tel un poupon regagnant le sein de sa mère.

    La voilà sur les toits, tantôt équilibriste, tantôt spectatrice de la logorrhée de la population qu'elle surplombe. Et puis d'un coup sans préavis, le biotope se modifie sous ses yeux. En réalité, à défaut d'un environnement à multiples facettes, c'est surtout sa silhouette qui disparaît à travers une minuscule fenêtre. Au verre bien trop encrassé pour se différencier des tuiles, pelouse persistante à cette hauteur.

    Un peu sonnée, sa tête d'une blondeur si persistante que sa tignasse apparaît presque blanche émerge enfin des replis de sa chemise trop grande.
Thorvald_
Thorvald soulignait ses yeux de khol, délicatement, le petit doigt levé.

Il se recula pour juger l’ensemble. Ses yeux gris, ses mèches brunes encore humides assorties aux traits de maquillage, ses épaules massives et nues prenaient à merveille les reflets dorés du métal poli qui servait de miroir … Il se recoiffa un peu, de la main, et s’enfonça dans le dossier du fauteuil, pensif.

Un peu plus loin, le bain délaissé fumait encore. Sur le lit, des vêtements épars qu’ils enfilerait plus tard.
La cheminée crépitait.

La chambre était celle qu’Obscure avait abandonnée sur un coup de tête, après une dispute avec la nouvelle intendante. Thorvald soupira, il détestait les disputes. Les seuls cris qu’il aimait étaient ceux de l’extase … Un sourire inconscient se dessina sur ses lèvres pulpeuses.
L’extase ... quelle nuit !

Avant de s'éclipser, il avait posé un baiser sur les lèvres de la Succube endormie. Le jour était bien avancé et il voulait faire le tri dans les robes, les parfums, les onguents. Toucher la douceur des velours, se noyer dans des malles de rubans et de dentelles, en rêvant de sa nuit. Oublier les heures juqu’au soir, jusqu’au moment où la porte le rappelerait, lui, fidèle sentinelle, premier visage de la Rose. Celui que bien vite on oublie pour regarder les filles, choisir, proposer, s’envoler vers l’étage … Hier soir, c’était lui que la Reine avait enlevé, élevé.
Sa Reine.
Qu’il avait adulée.
Qui l’avait adoré.
Il se leva, toujours nu, et s’étira, satisfait. Ils feraient chacun leur journée et se retrouveraient le soir, avec plus de ravissement encore. Se parleraient silencieusement. Se frôleraient, se comprendraient, entraîneraient la Rose une nuit encore dans un diabolique tourbillon de pétales.

Un terrible fracas interrompit ses prétentieuses pensées. Un ange tombé du ciel gisait derrière le lit, juste au-dessous de la lucarne. Une petite tête apparut.


Il est d’usage d’entrer par la porte. Rien de cassé ?

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X
Silloe
    Ses yeux verts s’ouvrirent après quelques minutes d’intense réévaluation de soi.
    Y’avait des pièges du destin sur les toits, des trappes à l’air de parenthèses quant à la vie de l’extérieur.
    L’issue dé la confrontation avec l’inconnu ne tenait qu’à elle. Elle et son genoux quelque peu secoué par sa chute inattendue.
    Sourire dissident agrémentant de manière paradoxale ses traits ingénus et innocents, elle se hissa grâce à la tête de lit, histoire de prendre pleinement conscience de son environnement.

    Il est d’usage d’entrer par la porte. Rien de cassé ?

    Un homme qui inspirait le respect de par l’élégance quelque peu hypnotique qui suintait de son allure se dressait plus loin dans cette pièce relativement exiguë.
    Ses pupilles étaient empreintes d’on ne savait qu’elles pensées secrètes, mais qui devait être des plus agréables à la vue de l’impatience latente que la jeune fille perçut de sa silhouette générale.
    Regard curieux et délicat même si Silloe n’hésita pas à l’imaginer parfois sans concessions, vindicatif et impartial.

    La jeunette, vivace était déjà debout sur ses pieds nus, n’ayant en rien perdu son sourire grandiloquent quelque peu suave, dont la capacité à devenir sarcastique et cynique ne faisait aucun doute.
    Sans prendre la peine de porter d’avantage de considération à son interlocuteur, elle répondit en étudiant parcimonieusement la baignoire qui fumait encore dans un coin.
    Jeune créature sauvage faisant état des lieux et de son environnement immédiat.

    Certes, mais je n’aime pas revenir sur mes pas…En entrant par là haut, je ne marcherais pas dans mes pas en sortant.

    Attention portée sur cette masse fluide aux reflets multiples qui tous participaient à la perdre dans les méandres de son libre arbitre, la délaissant quelque peu désorientée.
    Son odorat était lui aussi sollicité. Flagrances douces qui à des lieues de s’imposer enivraient l’esprit…
    Notre jeune animal sauvage, qui n’avait jamais connu que l’eau boueuse des flaques se retrouva à nouveau face à l’inconnu, tout sourire, mais cette fois ci enivrée de sa découverte.
    Assise contre la paroi tiède de la baignoire, jambes étendues dans ses braies de toiles rafistolées, pieds nus qui s’agitaient l’un contre l’autre, elle fixa à nouveau celui qui lui faisait face.
    Silence. S’oublier au profit du triomphe de l’atmosphère ne l’avait jamais dérangé, bien au contraire.
    Nouvelle inspection sans états d’âme de cet homme encore jeune.

    Silloe qui avait pour habitude de voir son existence entière comme un jeu avec les sbires de l’enfer se prit à penser que si cerbère avait l’allure de l’individu qu’elle venait de découvrir,
    elle voulait bien faire toutes les chutes du monde dans la gueule du loup.
Thorvald_
En entrant par là haut, je ne marcherais pas dans mes pas en sortant.

Le colossal gardien regarda un instant le trou béant sur le ciel, par où s'échappait la douce chaleur suffocante et humide de la pièce. Certes, elle ne ressortirait pas par là. Il attrapa le linge sur le dossier du fauteuil, et s'en ceignit la taille pour cacher son intimité, plus par respect que par frilosité ni même pudeur, tout en approchant de la demoiselle.

A moins que, telle un ange, vous ne soyez dotée d'ailes. En effet, il vous faudra traverser l'établissement …

… non sans avoir payé le charpentier.


Cependant qu'il parlait, elle s'était appuyée au baquet dont les langues de vapeur se tordaient dans la lumière de l'après-midi. A mesure qu’il approchait, il se rendait compte qu’il n’aurait su lui donner d’age précis. Ses airs candides et sa peau fraîche semblaient niés par l’insolence de ses yeux verts. Pourtant il approchait, curieux, capté. Peut-être savait-elle rendre les hommes fous. Peut-être l’offrirait-il alors en pâture à la Succube. Ses frusques étaient peu appétissantes, mais ses petits pieds nus qui s’agitaient invitaient aux pires pensées. Le silence qui suivit offrait toute latitude à l’imagination. La douce enfant se retrouva coincée entre la baignoire et le gardien. Les secondes s’égrainèrent. Ils s’observaient sans vergogne.

Savez-vous où vous êtes … tombée ?

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X
Silloe
    Silloe n’avait jamais aimé des paroles revêtant un aspect flatteur.
    Elle ne considérait ces palabres que comme une volonté prétentieuse de singulariser des ressentis dont on se rendait ainsi maître
    (il était en effet dérangeant d’être confronté à quelque chose qui nous échappe)
    ou bien évidemment comme quelques civilité qu’elle avait en horreur.
    Seule prenait elle en considération les louanges sarcastiques, plus à même de mettre en évidence le véritable visage d’une situation donnée.
    Acte du faible d’esprit ou calculé, elle n’était qu’en de rare cas dupe.
    Cela ne l’empêchait pas de s’en amuser.

    … non sans avoir payé le charpentier.

    Un sourire vil naquit entre ces deux pommettes d’un blanc légèrement rosé conférant l'espace de quelques minutes à cette silhouette de gamine, un aspect méprisable.
    Toute personne posant son regard sur elle en cet instant aurait eut la confirmation que cette chevelure immaculée, était l’antagonisme de la pureté.
    L’innocence semblait avoir déserté ce jeune esprit aux multiples facettes extérieures, si modelable…insidieux.
    Sans en avoir forcément conscience, Silloe était peut être tombée dans un univers qui était le sien ;
    n’être qu’une surface ou prenait consistance les fantasmes d’autrui était ici bien plus qu’un jeu ; un quotidien.

    Et quel est donc le charpentier qui profitera de la vacuité de ma bourse ?

    La silhouette élancée quelque peu maigrichonne battait au rythme d’une vie passée en plain air et l’on pouvait deviner des membres vifs et alertes,
    nourris par quelque substance inapprivoisée.
    Elle se retrouva soudainement face à l’inconnu. Sa peau captait les flagrances des pores de cet homme qui avait bien une demi tête de plus.
    Lutin provocateur, yeux émeraude plantés avec cran dans ceux sertis de noir.
    Si elle savait où elle était tombée ? Elle imaginait bien diverses réponses, mais toutes étaient contraire à ce que lui soufflait son instinct.
    A cette perspective, elle éclata d’un rire cristallin. Mais comme toute chose chez elle, cet éclat n’était ni tout noir ni tout blanc.
    Si d’emblée on le considérait comme l’emblème même de l’innocence, il s’avérait par la suite, qu’un échos quelque peu glacial perdurait.
    Attitude énigmatique, que n’aidait pas à percer son air entre espièglerie et ingénuité qui tendait d’ailleurs a irriter.
    De nouveau elle prit la parole,

    Peut être dans un endroit ou la nature transactions fait abstraction des bourses vides justement.

    Guettant toute réaction de son interlocuteur, qu’elle frôlait à présent innocemment en apparence, qui aurait pu confirmer ses soupçons.
    La jeunette ne se projetait que dans l’instant présent.
    Aussi ses sens en alerte se gardaient de toute réaction inattendue
    tandis que son esprit gardait conscience de la lame qui résidait dans le pli de ses braies décidément trop larges.
    Comme dit plus haut la seule certitude que l’on pouvait avoir à son égard était qu’elle demeurait inapprivoisable et quelque peu imprévisible.
    Gamine sauvage des rues qui ne tenait en haute estime que son libre arbitre.
    Tuer sourire candide aux lèvres n’était point une ligne de mauvaise conduite dans son univers.
Thorvald_
A pieds joints.
Thorvald la dévisagea. Cette bouche mutine, ce teint de lait à vous renverser … Son regard gris glissa sur le cou, sur les haillons, puis sur les reflets du bain, derrière sa hanche. Le « charpentier » appât, ferré. « Quel est-il ? » Il ne lui restait plus qu’à répondre « moi » pour mordre à son tour avec délectation à l’hameçon de l’espiègle apparition, car elle y avait sauté à pieds joints dans son jeu, mais il ne dit rien.

Le rire de givre l’avait glacé, et la curiosité qu’il avait eue s’était évanouie contre elle. Trop vite ? Les corps semblaient se refuser. Pourtant, il eût été aisé de la culbuter là, dans le bain, où elle ne semblait que demander à plonger. Aisé de l’essayer et de l’offrir à sa Reine si le goût lui plaisait. Du coup, qu’en ferait-il s’il ne la …

Elle s’était approchée, il n’avait pas rêvé.
Timidité, stupeur, ou volonté d’en avoir le cœur net ? Quoi qu'il en soit, l’homme eut un léger mouvement de recul. D'une voix toujours aussi posée, il répondit :


Le charpentier qui viendra.
Si je suis de ceux qu’on peut acheter ici, je ne suis malheureusement pas charpentier. Car oui, vous êtes tombée dans le plus élégant bordel de la ville, joyau au cœur de la crasse des Miracles. La Rose Pourpre.


En parlant, il avait reculé de deux pas, pour s’appuyer, en une jumelle position, au bord du lit. Ses cheveux avaient goutté, dessinant des sillages sur la peau huilée de son torse.

Et j’en suis le gardien. Thorvald.
Et vous, qui êtes-vous et que savez-vous faire ? A part vous créer des dettes en brisant les lucarnes des inconnus.

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X
Silloe
    A nouveau elle présentait l’attitude de gamine sans âge qui lui sied tant.
    On ne pouvait la situer dans le temps, hésitant éternellement entre âge prépubère ou déjà aguerrit…
    Toujours son corps hypnotique comme venu d’ailleurs, aux pores gorgés par les forces vivifiante de l’extérieur.
    Eternel ballet de son âme qui subissaient les aléas immuables de son caractère changeant.
    Tantôt décidée à servir sa liberté comme appât pour ensuite se jouer d’un inconnu,
    tantôt irrésolue à ne serait ce qu’envisager une quelconque forme d’asservissement.
    Ses pupilles pétillantes à propos dont on ne savait qu’elle intention friponne et mutine
    n’envisageaient en rien de se détourner du regard de ce jeune homme qui dégageait tout autant quelque chose d’énigmatique.
    Gardien de la Rose, et de bien d ‘autres secrets à n’en pas douter. Ainsi l’instinct de la jeunette triomphait à nouveau.
    Bordel des Miracles… Et bien… Qu’il en soit ainsi.
    Quelque soit l’effet escompté de cette nouvelle sur son être, Silloe ne daigna que présenter un large sourire à ce Thorvald.
    Encore une fois il aurait été préférable pour la plupart de nos esprits raisonné qu’elle prenne congé.
    Sans doute. Mais selon elle toute expérience apportait son lot de nouveauté.
    Et ce bordel ne semblait en rien être un de ces simples établissement de bas étage
    où l’on se contentait de quelques échanges sulfureux et sans conviction… A en juger par l’aspect élégant.
    C’était étrange à penser, mais l’atmosphère drainait une certaine dignité latente et une élégance certaine.
    Dignité érotique et sensuelle qui embrumait les âmes en présence, comme des bras autour d’enfants.
    La dignité à nul autre pareil, répondant à ses propres lois, des prostituées de l’endroit.
    Notre jeune amie ayant réinvestit son attitude de jeune ingénue devant la silhouette qu’elle avait évalué comme prise au dépourvu de l’homme, s’appuya sur le rebord de la baignoire.
    Nuage d’une vapeur qui profitait de ses dernières minutes.

    En ce cas, Enchantée sieur Thorvald.
    Gardien du troupeau ou simplement des lieux ?


    Air détaché et voix des plus neutres. Soudainement toute effronterie semblait avoir déserté de ce corps maigrelet, la délaissant simple pantin d’apparence si fragile…
    D’apparence…

    Et bien je sais me faire oublier des éventuelles dettes qui me poursuivent…
    Du reste, je puis faire bien des choses qui ne serait d’aucune utilité en intérieur.


    Confère feux des camps improvisés, réparation d’un roue voilée…
    Plus que d’un savoir faire, il ne s’agissait en vérité que de débrouillardise.
    Palabres sans vraiment grand intérêt. Volontairement méfiante, sans même en avoir conscience.
    Silence à peine rompu par quelques grincements.

    Et pour vous répondre, je me présente ; Silloe d’ici mais surtout d’ailleurs.
Thorvald_
A nouveau, elle souriait, ingénue et si désirable. Le colosse lui sourit en réponse, doucement, pour ne pas la faire fuir à nouveau vers une attitude plus sauvage, trop à fleur de peau. Oui, qu'elle reste ainsi, jeune et fragile, il ne tenterait plus d'approcher.

Sans lui tourner le dos néanmoins, sans la lâcher des yeux, il attrapa ses vêtements. Un ensemble rouge richement brodé, héritage involontaire d'un baron parait-il*.


Gardien et ange gardien, oui. Je garde la Rose dans son entier, ses murs et ses âmes.

Ignorant toute pudeur, il défit le linge autour de sa taille d'un geste précis, dévoilant le relief musculeux de ses hanches. Le tissu s'échoua sur le parquet. Nul signe de désir apparent.
Repos.
Il commença tout de même par les braies. Prudence.
Puis les bottes. Elegance.
Et croisa ses bras épais sur son torse tandis qu'elle proposait des services extérieurs. Un petit sourire satisfait vint creuser sa joue. Il avait trouvé !


Silloe, savez-vous manier la pelle ?


Sans attendre la réponse, il enfila sa veste et tendit la main à l'obscure ingénue.

Nous nous salirons sans doute, mais pour ce travail-là, je vous promets un bain en plus de l'effacement de la dette. Marché conclu ?



*voir le récit de Line quelques pages auparavant
_________________
X
Silloe

    Regard dans lequel se serait absorbé tout individu torturé par ses propres pensées,
    lesquelles seraient devenues secondaires à l’invitation du monde étranger de ces pupilles…
    seuil d’un ailleurs dont on ne pouvait apercevoir que les contours tangeant d’un inconnu véritable.
    Hostile peut être, mais différant réellement de ce qui était observable en ce monde.
    La jeunette ne quittait le seul référant de ces lieux qui se présentait à elle.
    S’absorbant dans les reflets kaléidoscopiques d’une lumière encore timide sur une peau à l’étiage suintant d’une perfection aisément désirable.
    Il se vêtit sous ses yeux sans qu’aucun des deux ne nourrisse une quelconque once de pudeur.
    La jeunette détaillait de ses prunelles hôtes d’aucune forme d’aspiration avide.
    Le corps était l’un des coffres fort naturel des plus artistique…
    Menton posé placidement sur ses genoux qui apparaissaient au delà de ses braies flasques.
    Attitude du vainqueur.
    Elle accueillit ses premières paroles d’un sourire virginal que l’on devinait véritable.
    A la main tendue elle bondit vivement sur ses pieds, sans pour autant faire de bruit.
    Se coulant littéralement dans les pas de l’homme qui la surplombait.
    Eclair de pénombre amusée au fond de ses yeux émeraudes.

    Qu’a cela ne tienne, me salir n’est pas un problème, et je confesse posséder des facilités aussi dans ce domaine.


    Elle ne désirait pas de réponse.
    Quand au bain…Une grimace s’invita sur son visage lui prêtant un charme boudeur. Un bain…
    Elle n’avait rien contre se mettre à semer sur son passage de multiples flagrances indéterminables,
    mais seulement elle n’était pas encore prête à renoncer à la fine pellicule qui désormais portait son odeur…
    Carapace peut être qu’imaginaire mais qui était assez intime pour qu’elle hésite à s’en départir…
    Qu’à cela ne tienne, ce n’était pas l’ordre premier.
    Déjà il l’emmenait, ange gardien profitant des lieux encore assoupis.

    Marché conclut..
Thorvald_
Thorvald se félicita intérieurement de l’aisance avec laquelle il avait attrapé l’oiselle effarouchée. Un pas en avant, deux pas en arrière, et il lui avait suffit de tendre la main pour qu’elle y dépose son destin. Car elle ne savait où il l’entraînait. Tout juste une sordide histoire de pelle.

Ses yeux gris se posèrent dans les siens, légèrement étonnés et flattés de telle confiance. Il ne savait sur quel pied danser avec elle, mais une chose est sûre, il danserait tout le jour.
Et même toute la nuit, si elle le demandait.
Il serra ses doigts sur la petite main sale, et, sans prévenir, il l’entraîna dans son sillage. La porte, le couloir, les escaliers, furent avalés à grands pas. En bas des marches, il tourna vers la cuisine, passage obligé pour se rendre dans la cour, mais où, surprise ! il y avait du monde.

Thorvald prit la virginale démone sous son énorme bras, et la présenta, nullement contrarié par cette perte de temps.


A celles qui sont tombées du lit, je souhaite le bonjour !
Silloe, je vous présente Madame Madeleine, peut-être celle qui se fera charpentière
, ajouta-t-il sur le ton de la malice, au creux de l'oreille de Silloe, notre bien-aimée intendante qui porte aujourd’hui une robe qui lui va … à ravir ! Madame Madeleine, vous êtes de toute beauté ce matin. Pour un peu, je vous prendrais dans mes bras !

Chose dont il se garderait bien, tenant au teint parfait de ses joues. Au lieu de cela, il servit deux bols de gruau et continua les présentations en en tendant un à Silloe.


Ainara, je crois ? Nous n’avons pas encore fait connaissance mais il faudra réparer cela.
Et la délicieuse Jaysabel qui se cache ici.
Toutes deux précieux pétales de la Rose. Au naturel le jour. Diaboliques la nuit.


Il leur adressa un sourire enjôleur, pour adoucir les supplices que Madame Madeleine devait leur faire subir, à coup sûr, avant qu'il n'entre.

Voici Silloe, notre ... jardinière.

C'était bien vague, mais Thorvald n'avait pas l'intention de délivrer d'explication. Il servit des verres de vin chaud à qui en voulait et avala son déjeuner, jetant des coups d'œil sur la porte de la cave, et se demandant déjà comment il allait s'y prendre pour agir avec un minimum de discrétion.

_________________
X
Silloe
    On ne lui avait certes pas apprit la prudence. La méfiance, notion de survie essentielle en ce monde, était venue d'elle même, à force d'expérience.
    Son échelle n'était donc pas la notre. La vie était peut être une chienne, mais la jeunette était l'un de ses chiots auquel elle devait tenir particulièrement.
    On n'aurait eu peine à compter les situations délicates dans lesquelles elle s'était elle même fourrée, par simple...curiosité.
    Un danger qu'elle côtoyait immuablement et inévitablement, qui finissait toujours par tourner à son avantage. Toujours elle s'en était sortie avec des intérêts flattés.
    Comment ? Cela demeurait un mystère. Un improbable Chiron devait veiller sur cette gamine des rues. Peut être y'avait il une fin à tout. Peut être.
    Toujours cette lueur étrangère au fond de son regard, laquelle on aurait pu considérer comme la manifestation de la créature qui devait l'habiter.
    Comment expliquer autrement son insouciance jamais reconsidérée par les évènements d'une réalité extérieur ?
    Bref.

    Les murs assez épais pour procurer une once d'intimité à ceux qui se trouvaient derrière tout en laissant filtrer quelques bruitages évocateur,
    assez flous pour laisser les visiteurs fantasmer, défilèrent rapidement.
    Déjà les pieds nus qui avaient leur vie propre foulaient le sol frais de ce qui était sans qu'on ne puisse en douter la cuisine.
    Par ci par là quelques assiettes encore encrassées, déposées là sans étude, témoignant d'un repas prit sur le vif le temps d'une venue...
    Plusieurs représentante de la gente féminine, dominante en ces lieux étaient présente.
    Et le regard sans doute transcendant par sa candeur enfantine, mais néanmoins bien plus terrestre par la lueur mesquine
    que tout observateur pouvait ressentir après inspection minutieuse.
    Lovée d'office entre la silhouette de Thorvald et l'un de ses bras imposant, qui contrastait avec sa silhouette effilée élégante, délicate.
    Si les lieux étaient le terrier de Vénus, celle ci ne déteignait que partiellement sur le gardien des lieux.
    Étrange duo que celui de cette jeunette qui demeurait froide au contact de la peau du jeune homme.
    Et malgré la promiscuité de leur silhouette, le corps de notre jeune amie demeurait en tout point dissociable de celui de l'homme.
    Comme un rejet catégorique et glacial...
    Sourire espiègle aux paroles chuchotées, et au souffle suave si proche.
    Attitude timide qui finalement ne leurrait personne lors de ces présentations.
    Rapidement la tignasse immaculée détaillait à nouveau les lieux et ceux qui l'occupaient de ses grands yeux limpides et scrutateurs, sans concession.
    Bonjour à peine perceptible à l'adresse de ces femmes d'âges diverses, qui s'évanouit dans une gorgée précipitée du déjeuner qu'on lui offrait.
    Ses traits en dehors du temps qui ne se souciaient guère de l'âge disparurent dans son bol. A nouveau jeune animal du dehors.
    Assise sur un coin de table, verre de vin chaud entre les genoux, bol duquel ne dépassait qu'un regard de verdure battu par les 4 vents.
Thorvald_
Le mieux serait d'agir au plus sombre de la Rose, dans ses entrailles profondes.

Plus Thorvald regardait les lieux et les délicates beautés qui les peuplaient (hormis Madame Madeleine, quoiqu'elle possédât une beauté particulière, charnelle, entièrement offerte certainement à celui auquel elle se donnerait, sans concession, même si une vague impression le laissait penser qu'elle tomberait plus aisément dans les bras d'Aristote ou de Christos que dans les siens propres ... pourtant ... mais hum, là n'est pas le sujet. Thorvald cessa de la couver du regard et reprit ses pérégrinations immobiles.)

... plus il regardait les lieux, plus il lui semblait insultant de les traverser avec un cadavre dans les bras. En bas, donc, ferait l'affaire.

Silloe mangeait avec appétit. *Qu'elle prenne des forces, se dit-il, il lui en faudra*. Dans sa voracité, elle redevenait une jeune enfant des rues. Il termina son repas par une délicate lampée de vin chaud qui roula sur sa langue, distillant ses épices et leur délicieuse ivresse.

Mais qui ne parvint pas à le réchauffer tout à fait. Son bras, ses côtes, sa hanche, se souvenaient encore de la glace du contact de leurs corps. Etrangement, cette sensation, qui aurait dû rendre méfiant, le réveillait, le maintenait en alerte, curieux, surpris toujours des reflets changeants de la femme qui se cherche ou de l'animal qui va vous mordre.
La glace a des reflets ...

Il attendit qu'elle relève son minois du bol, et se leva. Il attrapa deux torchons, dont un lui servit à se bander rapidement la main. Le petit souvenir de la veille dans sa chaire était encore bien frais pour ne pas être éveillé par l'exercice qui l'attendait.

Puis il alluma la lanterne, ouvrit la porte de la cave, et accrocha la lumière sur le petit palier. Il avait besoin de ses deux mains libres.


On y va, Silloe.

Un courant d'air glacial leur fit parvenir des odeurs d'huile rance et de putréfaction. Les premières marches éclairées disparaissaient dans une bouche noire des plus accueillantes. La porte se referma sur eux, alors seulement il déploya le deuxième torchon et approcha de Silloe par derrière.

_________________
X
Silloe
    La jeunette dont les pieds nus narguaient le vide profita de son bol chaud jusqu'à la dernière goutte. Son visage séraphique disparaissait ainsi régulièrement pour ressurgir parsemé de quelques perles d'humidité chocolatées...A l'existence de vie des plus courtes, que s'assurait de faire respecter sa langue gourmande. En réalité plus que de la gourmandise, c'était la satisfaction de profiter d'un repas chaud, chose qu'elle était loin de considérer comme un acquis en cette vie qui le plus souvent ne lui laissait qu'un stock de carottes invendu quelque patates gangrenée de germe...Que sais je encore. Non pas que tout cela était objet à plainte, au contraire, néanmoins il était inutile de préciser qu'elle appréciait d'avantage les repas qu'elle réussissait à soutirer par la condescendance...Rapidement son estomac accueillit le contenu de ce déjeuner prit sur le pouce. Douce chaleur suave qui en aurait endormit certains mais qui dans le cas présent n'activait que d'avantage ses hématies indomptées. Ses membres achevèrent d'être en pleine possession de leur moyen par une gorgée déterminée de vin chaud.
    Tandis qu'elle s'absorbait dans la contemplation sans fin dans ce nouvel environnement et de ses habitants son instinct dardait toute sur le gardien des lieux. Toujours ce chuchotement intime que le règne des apparences avait enfanté cet individu...Pour autant Silloe divertit par ce repas revigorant ne prêta guère attention à ce que traficotait l'individu qu'elle accompagnait. Quoi qu'il aurait été plus jute de dire l'individu qui la menait. Ne nous fourvoyons pas, ce qui est évident pour nous l'était aussi pour elle. Mais au risque de me rerererépéter, Silloe n'ayant pas la prétention d'extrapoler sur le futur aussi proche soit il, se contenter de faire acte avec minutie du présent revêtait déjà tout son dévouement.

    On y va Silloe

    Son regard initial qui avait salué Thorvald se fixa à nouveau sur ce dernier. Dans toute son intensité et ses multiples facettes. Elle s'avança d'un pas déterminé. Pourtant elle avait parfaitement relevé le ton qui n'avait rien d'impartial. Une once de préméditation ? En tout cas un elle ne savait quoi d'inéluctable. Son instinct bourdonnait en ses entrailles. Mais ses pas ne changèrent pas de direction. Se jeter dans une gueule béante ? Assurément, mais qui savait où cette gorge profonde pouvait déboucher ? C'était souvent dans les situations critiques que se révélaient les plus suaves instants. Elle s'engagea devant l'homme qui lanterne à la main régla le sort des premières marches. Porte refermée, seule la lueur vacillante de la bougie reléguée sur le mur leur assurait un référent pour user de la vue. Sens sans lequel la majorité de la population n'était rien. Notre tignasse céleste se tourna dans le néant des dernières marches que l'on devinait à peine. Atmosphère humide, flagrance huileuse et rance qui fit plisser son nez aquillin. Silence... Silence ? Cela était profitable certes. Mais elle était la seule à être pieds nus, Thorvald aurait dû faire entendre sa présence. Silloe amorça un demi tour avec l'intention de vérifier ses arrières... Trop tard. Souffle rapide qui suintait d'une expérience existante. Poigne assurée sur ses épaules maigrichonne. Ce contact fut des plus glacial dans l'esprit de la jeune fille. Mais c'était sans compter sur son instinct animal aguerrit et depuis longtemps mis à l'épreuve. Avant que Thorvald ait pu agencer son torchon, Silloe, ver enragé, s'évanouit de son emprise telle une goute d'eau que l'on aurait tenté de contenir entre ses doigt. En revanche se prétter à ne telle confrontation au milieu d'escalier n'était pas conseillé. Notre jeune amie dont le regard s'était assombrit, éclairs enragés qu'accompagnait toujours cette insouciance, à croire que la vie entière était un jeu, dévala les marches en tentant tant bien que mal d'éviter de se cogner la tête. Groggy sur qu'elle l'était lorsqu'elle se releva, vive et sans attendre d'avoir reprit ses esprits. Lèvre fendillée dans la chute. Teinte rougeâtre qui contrastait avec l'albâtre permanent de ce corps virginal. Effrontée, elle fixa l'homme qui la surplombait d'un sourire dantesque et narquois. Cette cave catalysait le mephisto qui résidait en elle, comme en témoignait l'ardeur du brasier qui suintait de ses chairs que l'on distinguaient sur le qui vive.

    Vos mains auraient elles la tremblote sieur ?
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