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La Rose Pourpre, Bordel des Miracles (2ème partie)

--.ariane.


Seule dans la grande salle silencieuse, Ariane fit un tour d’horizon, lentement. Ses yeux surpris et curieux admiraient chaque détail, chaque recoin. Il faisait bon. Ça sentait bon. Peu à peu, son corps se détendit et les battements de cœur tantôt chaotiques reprirent un rythme plus régulier.

La dame avait disparu, laissant derrière elle des livres qui dormaient devant l’âtre crépitant, et un parfum délicieux. Tous les murs sentaient elle, les tapisseries, les lanternes, tout semblait distiller le parfum de celle qui l’avait accueillie. Ariane se rendit compte qu’elle ne savait même pas son nom.

Bientôt, peut-être elle aussi sentirait-elle bon la rose. Pour l’instant, il était question de repas et d’herbes pour éviter les embêtements. Sûrement quelque magie pour faire fuir le mauvais sort : Ariane n’avait pas bien compris de quel genre de tracas il pouvait s’agir là.

A petits pas, tant le moindre bruissement de tissu se répercutait sur les murs de la salle aux allures de lieu sacré, elle se dirigea précautionneusement vers la porte indiquée. La première porte avait déjà scellé son destin. La deuxième aurait dû n'en être que plus aisée à franchir. Mais ses mains tremblaient. Personne ne viendrait vers elle, personne ne saurait, il faudrait tout réexpliquer. Elle lança un regard désespéré vers la cheminée, au coin de laquelle elle se serait bien recroquevillée. Mais les habitudes de la maison devaient être ici oubliées. Plus de Cendrillon. Seule Ariane comptait ce soir, Ariane et sa pureté. On le lui avait assez rabâché.

La porte se referma dans son dos. La jeune fille leva de grands yeux désespérés vers toutes ces nouvelles têtes. Toutes ces femmes semblaient bien occupées, certaines ne semblaient pas l'avoir entendue entrer. Il aurait fallu donner de la voix, saluer, se présenter, s'imposer. Mais sa gorge serrée à nouveau l'empêchait de trier ses pensées confuses et d'émettre le moindre son. Toutefois, la vue du pain lui redonna courage. Sans le quitter des yeux, elle se présenta.


Je m'appelle Ariane. La dame a dit que je pouvais manger si j'avais faim. Et j'ai faim.
Silloe
    Elle lui aurait bien répondu que lui poser une telle question était bien lâche…Car si lui possédait la réponse, elle n’avait pas l’expérience nécessaire pour défendre un point de vue qui ne fut pas extrapolation… Bien qu’elle continuait de jugeait que de tels lieux étaient déjà en eux même extrapolation de l’âme humaine. Et qu’il était bien difficile d’en causer en étant totalement hors sujet. Si c’était entre ces murs que s’assouvissaient les fantasmes les plus inavoués, le répertoire des possibilités devait être bien vaste. Mais ces pensées restèrent formulées dans la caboche de la jeunette. Bien que ses pupilles parlent d’elles même, avec toujours cette esquisses latente de cynisme confortable qui avait élu domicile. Thorvald ne semblait pas attendre de réponse, et Silloe ne comptait point s’imposer par des paroles inutiles sur un sujet dont il était évident qu’elle avait admis l’hérésie. Se trouver au centre d’un manège aux diverses étages était ancré en sa personne qui s’accoutumait déjà à la batisse et qui ne faisait finalement pas si tache que cela comme le traduisait le scintillement malingre qui émanait d’elle. Justifiant que l’innocence que l’on décelait encore chez elle se bornait à son seul physique. Le mental était depuis longtemps contaminé à en croire les propos des détachés du très haut.

    L’homme lui teint fermement la main sans pour autant faire acte de violence. Et notre jeune amie à nouveau lui emboîta les pas. Il aurait été faux d’ajouter à cela l’adjectif aveuglément. Car notre jeune animal demeurait apte à répondre furieusement de ses dents et de ses ongles terreux à toute tentative de domination… Regard sauvage qui renâcla un instant à la lumière vive de la cuisine. Mais toujours cette étreinte déterminée et limitée à son poignet, vil guide de l’instant.

    La cuisine regorgeait d’une activité nouvelle et les yeux pétillants émeraude de la jeunette se posèrent sur une jeune femme qui semblait détailler les lieux comme elle précédemment. Nouvelle venue… Déjà Thorvald l’emmenait sans faire d’avantage acte des présences en cette pièce, dans le dédale des entrailles de la rose.
Tord_fer
Un homme de taille moyenne, trapu et robuste, dans la force de l'age s'approcha de la porte. Il pouvait avoir entre quarante-huit et cinquante ans. Une casquette à visière de cuir rabattue cachait en partie son visage brûlé par le soleil et le hâle et ruisselant de sueur. Sa chemise de grosse toile rattaché au col par une petite ancre d'argent, laissait voir sa poitrine velue; il avait une cravate tordu en corde, un pantalon de coutil usé et rapé, blanc a un genoux, troué a l'autre, une vielle blouse grise en haillons, rapiécée a l'un des coudes d'un morceau de draps vert cousue avec une grosse ficelle, sur le dos un sac de soldat fort plein, bien bouclé et tous neuf, à la main un énorme bâton noueux, les pieds sans bas dans des souliers ferrés, la tête tondue. La sueur, la chaleur, la poussière ajoutait un je ne sais quoi de sordide à cet ensemble délabré.

Cet homme que l'on sunomé Tord Fer frappa a la porte. Ca fasait longtemps qu'il n'avait pas toucher une femme et avait quelque besoin assouvir. Il attendit qu'on viennent lui ouvir en crachant dans un coin espérant que ce bordel n'était pas réserve au habitués.
Lyhra
Bottes et manteau furent promptement enfilés par une Rouquine pressée qui néanmoins eut le soin de dissimuler sa célèbre crinière tissée de flammes dessous le large capuchon.

Tantôt, un des gamins qui étaient ses yeux et ses oreilles au sein de la cour -elle aimait à se tenir au courant de tout- était venu lui chuchoter quelque nouveauté à l'oreille et c'est justement celle-ci qu'elle s'apprêtait à vérifier, du moins à constater de quoi il retournait réellement.

Un commerce d'onguents et d'herbes.

Toute nouvelle chose l'intriguait et il fallait absolument qu'elle lui soit connue par le menu, il en allait souvent de sa propre survie de savoir tout ce qui pouvait se tramer au coeur de la crasse des Miracles.
Il était opportun de trouver de quoi éviter à la petite d'être grosse des oeuvres de son premier client.

Le prétexte était donc tout trouvé.

Le bruit de ses talons résonnait encore dans l'escalier quand elle tira la porte de la Rose, manquant dans son empressement se cogner de plein fouet à l'énergumène planté devant.

AHHHH ! fit-elle, surprise. Se retenant des deux mains aux épaules de l'homme puis reculant d'un bon pas, reprenant l'équilibre, méfiante... moitié de son accoutrement -il ne payait pas de mine- moitié de l'odeur forte qu'il dégageait.

A part vouloir planter son vit entre les cuisses d'une de ses filles elle ne voyait pas d'autre raison de taper à sa porte, c'est pourquoi la Maquerelle le prévint sans autres salutations d'usage :

Messire, la Rose est fermée à cette heure. Faut bien que les filles se reposent en journée pour être girondes à la nuit tombée.
Revenez donc ! Plus tard ! Sitôt qu'il fera noir !


Ou jamais, songea t-elle, si vous n'avez bourses assez pleines !

La porte claquée. Elle se faufila de coté et disparu au détour de la ruelle. Courant presque.
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Tord_fer
Tord fer entendit des pas précipiter puis une voix s'elevé :

Lyhra a écrit:
Messire, la Rose est fermée à cette heure. Faut bien que les filles se reposent en journée pour être girondes à la nuit tombée.
Revenez donc ! Plus tard ! Sitôt qu'il fera noir !


Il cracha par terre, l'oeil mauvais :


Pour qui elle se prend c'te catins ! j'risque pas d'repassé avec c't'acceuille...


Et puis c'est que la nuit, il avait aussi quelque affaire en cours et ne pourrait surment pas repasée, il se dit qu'il trouverais bien quelque part un autre bordel avec des filles moins chere, lui ce qu'il voulait c'était surtout qu'elle soit obéissante, apres leur minoie, il s'en moquer un peu...


Thorvald_
[De Charybde en Scylla]

Deux déterrés surgirent de la cave directement dans la cuisine, sous les yeux certainement effarés d’une petite nouvelle, sous les yeux offusqués d’une intendante pointilleuse et les regards surpris des pétales languissants.

Thorvald, Silloe dans une main, sourit fièrement sous l’épaisseur de crasse, et posa un peu brutalement la bouteille vide sur la table. Le divin breuvage courait à présent dans leurs veines.


Mesdemoiselles, voici la cave et ses réserves à nouveau accessibles. Je ne doute point qu’en l’absence de la servante, vous saurez concocter un bon dîner avant que la folle soirée ne commence ! Pour ma part, le bain s’impose.

Dans sa main, celle de Silloe semblait le presser vers d’autres labyrinthes souterrains, vers d’autres jeux peut-être. Ainsi osait-il l’interpréter. Il prit néanmoins tout son temps pour s’incliner et se présenter à la petite demoiselle qui louchait sur le pain. D’en bas, il n’avait pas entendu la porte l’appeler, ce devait être la Reine qui avait introduit ce nouveau pétale. Ce n’était pas plus mal, car son état devait être une abomination, il aurait fait fuir la moitié des Miracles.

Puis il entraîna Silloe vers les bains. Nouvelle porte, nouveaux escaliers où il ne lâcha pas sa main. Ils semblaient s’enfoncer sous la Rose avec une délectation muette, visiter tous les sous-sols, toutes les fondations du bordel. A l’opposé de la cave, ici des parfums envoûtants happaient le visiteur vers les profondeurs moites. Voiles et vapeurs invitaient à la confiance, ajoutaient à l’ivresse. Des feux entretenus sans cesse procuraient aux lieux une chaleur suffocante, poussant à oublier les températures hivernales et à se déshabiller pour goûter l’eau tiède des bassins qui miroitaient à la faveur des torches.

Au bord de l’eau, il se tourna vers la jeune fille. Elle entretenait la distance, avec ses airs cyniques et ses regards farouches. D’autres se seraient adoucies depuis longtemps, au moins par la dureté du travail imposé. Pas elle. D’autres auraient chercher à le questionner, l’amadouer peut-être, l’entraîner dans leurs filets. Elle se contentait de suivre. Ou de devancer. Sa main pourtant s’était échauffée dans la sienne. Il l’attira subitement contre son torse massif pour la forcer à abaisser les derniers remparts.


Le dernier déshabillé frotte le dos de l’autre. C’est une autre … coutume.


Le ton badin, léger, s'éteignit dans un murmure. Mais il ne la lâcha pas, il attendait un mouvement, épiait ses réactions. Le colosse sembla alors ployer peu à peu vers la fraîche diablesse, niant les ondes glacées qui couraient entre eux, se laissant capter par le crépitement du givre contre sa peau en sueur.
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X
--Mme_madeleine
La Rose s’était éveillée, doucement, puis de manière un peu plus intense. Mme Madeleine s’était occupé du feu dans l’âtre, du repas qui mijotait, du coup de balai énergique passé dans la cuisine. Son torchon avait entamé la même danse que son chapelet, dans la matinée.
Un signe de tête avait salué les arrivantes, le menton montrant le plat chaud posé sur la lourde table de bois. Une grimace avait accueilli la remarque du gardien. La prendre dans ses bras, le jeune freluquet ! S’il savait ce qui lui en coûterait de faire une telle chose, jamais telle pensée n’aurait traversée son esprit.
Le léger frisson qui avait traversé son échine n’avait rien à voir avec une quelconque envie salace qui aurait pu monter en elle. Non. Telle chose ne pouvait naître dans l’esprit de Mme madeleine, qui espérait mourir vierge et pure, tout comme l’immaculée conception, la mère de Christos.

Son nez s’était également plissé lorsque l’odeur de la cave avait chatouillé ses narines. Une odeur nauséabonde, telle les entrailles de la terre, dans la demeure du Sans nom. L’intendante s’était remis à son ouvrage, ne cherchant pas à découvrir ce que pouvait bien cacher la Rose en son sein. Une seule mission confiée par son seigneur suffisait.
Quelque part, loin, des cloches avaient sonnées en milieu d’après-midi. En bas, le son provoqué par les coups de pelles se faisait étouffé, presque imperceptible. Nul n’aurait pu imaginer la macabre scène qui se jouait un étage plus bas. Et encore moins la vieille bigote qu’était Mme Madeleine. Doucement, silencieusement, les prières s’étaient égrainées en son esprit tout le jour, louant son seigneur.

Les allers et venues s’étaient faites incessantes en la cuisine. Mme madeleine avait songé en son fort intérieur qu’elle se devrait d’instaurer des règles strictes pour le repas. Voire même le bénédicité, ce serait une bonne chose que ces jeunes damoiselles apprennent à bénir le repas qu’elles avalaient sans même une prière en tête. Dans quel monde vivait-on…
La journée s’était déroulée dans le calme. Du moins dans la cuisine.

Le gardien accompagné de celle qu’il avait nommée la jardinière de la Rose, d’ailleurs, Mme Madeleine s’était demandé ce qu’elle pourrait bien jardiner, refait surface alors que le soleil finit presque sa course dans le ciel de la capitale. Bientôt, la nuit viendrait envahir les rues de la Cour des Miracles, et amener son lot d’hommes dépravés qui viendraient profiter des charmes des jeunes filles.

Encore une fois, l’épaule de l’intendante a quelques soubresauts. Elle n’avait pas eu aujourd’hui le temps de s’occuper de l’évangélisation des pensionnaires de la Rose, mais bientôt, bientôt…
Son visage sec se tourne vers la porte alors que celle-ci s’ouvre, laissant apparaître une frêle enfant. Un soupir est retenu. Encore une. Et si jeune. En si peu de temps, elle avait déjà croisé nombre de jeunes filles, prêtes à se donner à un homme. Pour quoi ? Une bouchée de pain ? Un peu d’argent ? Son Dieu leur apporterait tellement plus que tout ceci…

La petite jète un œil gourmand sur le pain, le regard de l’intendante se fait plus sévère.


Tu as faim ? T’a-t-on appris la politesse là d’où tu viens, mon enfant ?

Elle pointe un baquet d’eau froide et un savon noir.

Va laver tes mains, ensuite tu pourras t’asseoir et manger.

Silloe
    L’âme du jour s’inclinait et au sein de La Rose on accordait aux bougies un nouveau règne. L’existence était ici noctambule, et au delà de tout argument évident et servit à grande pompe, Silloe en percevait désormais les raisons les plus subtiles, et par conséquent, comme souvent, les plus justifiées. La pénombre se faisait voile, déroulant ses ailes en chaque interstices. . La plante du pied se mettait à mieux savoir, les épaules frôlaient des meubles, la pierre du mur rayonnait paisiblement. La nuit n’anesthésiait pas la peau, elle exaltait sa finesse. Le corps se dressait à chercher la route au milieu des ténèbres, aimant les petites perceptions, en bas de gamme ; appels tenus, imperceptibles nuances, effluves rares, les préférant à tout ce qui tonitrue. C’était à ces heures qu’on officiait, immuablement, le baptême des sens, univers empirique apte à servir la sphère du péché de chair.

    Le corps du gardien savait évaluer les ombres, il se glissait parmi elles, entre leur silence, à la manière d’un confident qui les connaît depuis longtemps. La brume des bains rampait, éveillant les membres de la jeunette. Ceux ci couraient à la rescousse de ses yeux, toujours plus intensément présents tandis que sa vue se voilait. La brume endort le corps, l’imbibe, l’anesthésie, la peau s’occupe lieu par lieu à résister à ses compresses, l’impression défaille sous la compression. La peau perd la liberté de secourir le regard hésitant. C’était l’angélus dans son nuage, mais la matérialisation s’était trompée d’étage. En témoignaient les échos narquois de son nez plissé, inoffensif. Avait on jamais vu de paradis six pieds sous terre ? Quoi que c’était discutable, on pouvait toujours y promettre le septième ciel.

    Thorvald se glissa de manière délicate, s’imposant subtilement à l’esprit farouche de notre amie. Ses guenilles enveloppaient un cœur encrassé. Il y nichait quelques arachnées tissant méthodiquement des toiles impénétrables depuis bien des années, promesses sans fond pour d’éventuels téméraires. Le lutin n’était qu’un abyme hypnotique ou vous aviez toutes les chances de vous perdre. Tout son être aux multiples facettes était sans fond.

    La soirée commençait à proprement parler. Pour les affaires de la bâtisses comme pour les expectatives d’assouvissement personnel qu’exposait désormais ouvertement le gardien de la Rose. Tout en parlant ce dernier dominait à nouveau par la taille la jeunette et ses pupilles ovoïdes. Peut être l’homme perdit il un instant pied, digéré par l’immense. C’était doux le contact de son souffle s’amoindrissant sur sa nuque. Sillo impassible jusqu’alors, obsédée par les lieux quelques peu hypnotiques à son entrée, perdit, elle, pied aux paroles de son interlocuteur. Ce fut bref. Une légère crispation, exhalaison d’appréhension de son être. Impliquée dans quelque chose qui dépassait sa silhouette virginale. Mais notre jeune animal s’activa brusquement. Reléguant cet état, apeuré ?, au rang de mirage.

    Lueur de défi illuminant ces phares émeraudes, Silloe eut tôt fait de se dévêtir. En réalité, elle n’eut qu’à laisser glisser ses guenilles qui loin de constituer une seconde peau, ne semblait avoir été portée que dans l’attente de cet instant.

    Le corps svelte, à la musculature à peine ébauchée et pourtant bien présente, fut rapidement masquée par cette brume. L’atmosphère abolissant les certitudes, participa a renforcer l’aspect d’apparition surnaturelle ; était ce une jeune donzelle qui se coula dans la masse transparente, ou une femme forte d’expériences ? Elle avançait à contre-courant L’ombre de nymphe dangereuse s’évanoui : seuls ses contours étaient visibles, ainsi que ses yeux clairs, brillants, acérés. La neutralité des lieux, qui n’était qu’une façade, se contenta bien de ce soudain regain de violence.

    Plus rien ne filtrait au sein de la pièce. Elle était seule dans la lymphe du diable.
Monseigneur Tual, incarné par Gandrel



[Au matin, dans un hôtel particulier]

Alors que ses yeux n'étaient pas encore ouverts, son corps entier s'étirait afin de le préparer au lever. C'est qu'il n'était plus tout jeune et même s'il ne manquait guère de sommeil et de confort, c'était la déception de sa soirée tant attendue qui lui avait gâché la sérénité de son repos. En effet, depuis plusieurs semaine maintenant, il avait attendu, et enfin, quand il en avait obtenu, l'animation ne se montrait pas à la hauteur.

La lumière, certes grisâtre, envahissait la chambre et ses yeux clignotèrent pour s'accoutumer. Une petite cloche tinta, il n'y prêta point regard se relevant doucement de l'épaisse couche de draps et de couvertures. Un son étouffé se fit entendre au pied du lit, tandis que le froissement du tissus indiquait que le dormeur quittait la couche. Il s'assit en bordure et, enfin, le factotum se fit entendre. Démarche assurée, l'homme qui avait attendu là, après avoir ouvert les rideaux une demi-heure plus tôt et fiat tinter la cloche une minute avant, dès le réveil de son maitre, se présentait ce qu'il avait choisit de la garde-robe.


- Mon rendez-vous de ce matin est-il là ? s'enquit le réveillé.
- Pas encore monseigneur, vous êtes fort matinal. répondit le serviteur, avant de reprendre d'un ton enjoué. Monseigneur a t-il passé une bonne nuit ? demanda t-il tout sourire. Mais le regard noir et colérique que l'homme lui lança résumèrent la réponse.
- Tu t'es encore fait rouler ! Cette petite doit faire ce métier depuis des années.
- Mais elle n'a pas plus de douze ans je vous assure Monseigneur.
- Tu oses ?
- Pardon Monseigneur, je vais la renvoyer et vous en trouver une autre Monseigneur.
- Sors moi cette chose d'ici, je suis très insatisfait ! Je sue sang et eau pour que le peuple obtienne une bonne éducation aristotélicienne et qu'est-ce que j'ai ? Hein ? Pour quel résultats ? Qu'elle ne soit pas pure, passe encore, mais elle n'est même pas impressionnée cette petite pute ! hurlait avec rage le seigneur devant un serviteur tremblotant tête baissée.
- Pardonnez-moi Monseigneur, pardonnez-moi... je vais la faire fouetter Monseigneur.

Quelques instant de silences, le seigneur, se levant, reprit.
- Fais la seulement tabasser, je sais me montrer magnanime, ce n'est pas de sa seule faute si son innocence n'est plus, tu aurais du mieux te renseigner avant de payer pour elle.
- Je vais me rattraper Monseigneur.
- Laisse, je vais plutôt trouver par moi-même, trouve moi juste deux locaux discret pour me servir d'escorte, j'irais voir le Paris qui s'encanaille ce soir, en observant ces animaux, j'apprendrais mieux lutter contre leur perversion.
Tandis qu'il continuait de se couvrir de la parure assisté de son serviteur, on frappa deux fois à la porte et une servante qui avait entendu la cloche et connaissait les consigne qui y était liée, entra, plateau à la main.

Le seigneur ne lui accordant qu'un regard dédaigneux, lui dit.

- Dans le petit salon bleu, et remontez nettoyer cette chambre seulement quand mon serviteur vous l'autorisera.
La femme, bien que déjà pliée par le pesant plateau empli d'aliment de de boisson pou le petit déjeuner, s'inclina encore plus tout en agrémentant d'un : Bien Monseigneur. Puis sortit de la pièce.

- Tout sera fait proprement Monseigneur... mais...
Il jetta un regard au coffre qui trônait au pied du lit. que fait-elle dans le...
- Hum ? ah oui, elle m'ennuyait. Mais je n'ai pas souhaité que tu l'emmène dès fois que je ne débande pas ce matin, sinon je l'aurais mise à la tâche même si cela m'aurait répugné. J'ai cru forcer sur cette pommade achetée hier mais, elle n'est pas aussi bonne que celle que me préparait feu ce brave barbier turon. Mais au moins je durci comme il faut. Et trouve moi de bonnes adresses, dès fois qu'il y en ai trop dans cette ville.



[Le soir]

Firmin, le serviteur, avait passé une bonne journée. Son employeur, occupé à recevoir la visite de connaissance parisienne, lui laissait donc une certaine liberté tandis que le personnel de l'hôtel particulier prêté par un ami de son maitre s'occupaient de lui, apprenant à leur dépend ses diverses exigences. Il récita sa liste de courses de la journée.
L'escorte, trouvée. Deux miliciens de la cité au repos qui louait ses services au particulier afin de rajouter du gras dans la soupe.
Le parfum, obtenu. Commandé deux jours plus tôt par et pour son maitre avec en prime un joli lot de mouchoir pour se couvrir le nez, fallait avouer que la ville puait, heureusement que le froid hivernal tuait les odeurs, qu'est-ce que ça devait être l'été.
Les anciens costumes, livrés. Paris recelait de teinturier de grand talent, ainsi, les habits reprenaient une nouvelle vie avec une nouvelle couleur ou juste avec une nouvelle teinture du même ton.
Les bonnes adresses, trouvées. Il regrettait de ne pouvoir se charger de faire venir quelqu'un pour son maitre, il aurait pu faire rajouter sur la note une femme pour son bon plaisir. Négocier discrètement, mais non.

Il grogna. Non parce que son maitre avait totalement raison ! Bien qu'il lui sembla que celui-ci rehaussait le degré de qualité du produit, il avait pu, avant de la rendre à son propriétaire, l'essayer un peu. Et en effet, vu la facilité qu'il avait eu à lui pénétrer l'arrière boutique, sûr que la petite avait déjà trop servie et ne correspondait pas à sa demande. Et il l'avait dit en la ramenant dans son coffre. Coffre qui servait à la faire voyager en toute discrétion. Elle était jeune et propre lui avait t-on rétorqué ! Mais heureusement encore ! Il ne ferait plus affaire avec lui, et le temps que son patron s'amuse ce soir, il le mettrait à profit pour trouver un contact avec de meilleur produit, qu'il puisse toucher sa petite commission tout de même.
--.ariane.


Etait-ce une vraie question ? Ou la battrait-on si elle répondait ? Ariane quitta des yeux le pain et regarda ses pieds. De brûlantes larmes commençaient à lui troubler la vue. Bien sûr qu'on lui avait appris la politesse. Ne s'était-elle pas présentée, elle ! Une réponse piquante lui venait du cœur, mais elle resta silencieuse.

A ce moment-là, un couple couvert de terre traversa la pièce, comme un mirage. Ébahie, la jeune fille les regarda passer et posa les yeux sur le savon. Il se passait ici des choses étranges. Et cette femme qui semblait être l'opposé de la dame qui l'avait accueillie, le froid après le chaud, l'austérité après la douceur. Ariane qui se laissait imprégner si facilement, tout à l'heure si charmée par les lieux, sentit soudain une boule se former dans son ventre. La faim la tenaillait mais rien ne pourrait passer. Son angoisse lui fit tourner la tête. Elle eut soudain trop chaud dans ses vêtements qu'elle n'avait pas ôtés.

Seule, elle devait s'en sortir seule. La voix menaçante de sa mère lui revint en mémoire. Reviens, reviens avec l'argent. Pas question de pleurer, ni de s'évanouir. Pas question de se lamenter sur son sort. Maintenant qu'elle était entrée, il lui faudrait tenir. Elle réprima un sanglot, inspira un grand coup pour se donner du courage, et se défit de son bonnet et de son manteau, qu'elle posa soigneusement sur un dossier de chaise. Puis elle se lava les mains et attrapa le pain sans même s'assoir.

Elle mangea comme si on allait lui voler sa pitance. Debout dans une longue robe gris clair, coupée dans un carré de lin épais, et ornée d'une simple ceinture de tissu. Elle avait encore dans les cheveux le blond de l'enfance qui se moirait en mèches auburn ça et là.

Le soir qui tombait allait se refermer sur elle. L'emporter et la rendre. La rendre autre.
Mourir et renaître. Peut-être.
Si encore le matin la trouvait en vie ...
--Mme_madeleine
Bien, la fillette semble se plier aux règles que l’intendante espérait instaurer au sein de la Rose. De la propreté, de la politesse. Pour le reste, il faudrait voir sur le long terme, cette mission étant beaucoup plus difficile que toutes les autres réunies. Les femmes de petite vertu n’avaient pas vraiment cure de la religion et de tout ce qui s’en suit.
Son regard se pose sur la gamine, qui docilement s’est rendue au savon pour se laver les mains, les yeux baissés. Un doute l’assaille, persuadée que la jeune fille est venue jusqu’à elle pour l’aider dans ses tâches. Mais vu la maison, l’enfant n’a-t-elle pas été envoyée ici pour toute autre raison ? Sans pouvoir s’en empêcher, Mme Madeleine se signe, priant son Dieu pour que cette possibilité ne soit pas la bonne. L’enfant est si jeune… encore plus jeune que la jeune vierge qui s’est enfuit la veille. Ou plutôt le matin même, alors que le soleil s’était mis à poindre et que sa première nuit dans cet antre du Sans nom s’achevait enfin.
Longuement, elle observe la gamine qui s’est jetée sur son morceau de pain, réfléchissant. Celle-ci doit être encore pure, vu son jeune âge. Mais en âge tout de même d’avoir ses menstrues. En âge donc, de procréer, et d’avoir des relations… malsaines en dehors du mariage, et si ce n’est pas pour enfanter dans le cadre de cette union.
Si pure elle est, il est encore temps de la préserver de cet avenir de débauche qui sera le sien.
S’approchant d’elle, le torchon bien serré entre la main droite, serrant de la gauche la table en bois, faisant pâlir les jointures de ses doigts, l’intendante se met à la questionner.


Jeune fille, sais-tu pourquoi on t’a envoyée dans ma cuisine ?

Mme Madeleine espère de toute son âme que la réponse qui va suivre indiquera que la jeune fille a été embauchée pour servir à ses côtés, puisque la belliqueuse servante de la Rose semble avoir pris la poudre d’escampette.
Si non, il lui faudra aviser. Elle ne pouvait décemment pas laisser une si jeune enfant s’enfoncer dans la luxure et la décadence, sans même savoir où elle mettait les pieds.


Thorvald_
[7ème sous-sol]

Encore une fois, elle semblait glisser entre ses doigts, s’évanouir telle un spectre pour réapparaître plus loin, splendide dans sa nudité. Si candide l’instant d’avant et pourtant si femme.
Comme capté par mille filins de verre, mille toiles invisibles, il avança d’un pas.

Les brumes l'avaient happée. Il ne quitta pas des yeux sa silhouette, tandis qu’il se déshabillait avec lenteur.
La proie qu’il s’offrait ce soir.

Sueur et poussière s’affalèrent avec ses vêtements et s'ajoutèrent à ses guenilles sur le sol. Il se coula avec délice dans les eaux parfumées, envoûté par des épices dont il ne se lassait pas, enivré de la savoir si proche et si nue, si glaciale pourtant.
La proie qu’il offrirait à sa Reine.

Le colosse s’immergea complètement et réapparut contre elle. Il ne posa pas ses mains sur son dos tout de suite. La vapeur déposait sur leurs peaux des myriades de gouttes. Les bains seraient leur alcôve silencieuse, cotonneuse … oppressante. Seul un léger clapotis venait mourir sur leurs bustes moites.

Il retint son souffle en se penchant sur elle. Elle ne pouvait plus s'éclipser, ici. Ils avaient atteint le plus bas du sous-sol. Elle ne pouvait plus se fondre à moins de disparaître sous les eaux bouillonnantes. Il ne voulait plus la contraindre à s’enfuir. Ou il ne voulait plus la fuir. Bien malin qui aurait su dire à cet instant lequel des deux se jouait de l’autre. Ce cou si tendre, offert, lui tournait légèrement la tête. Résister, ou non, à y poser la pulpe de ses lèvres. Résister ou non à l’enlacer, à la forcer à sentir contre elle son désir dressé. Résister …

Ses grosses mains se posèrent sur son dos, symétriques, et chassèrent terre et tension, ne laissant sur sa peau qu’onde délicate, ne laissant sur ses muscles que volupté. Coururent sur ses épaules, s’enhardissant, puis d’un bras, la forcèrent soudain à se tourner vers lui pour affronter le regard clair de la jeune femme.
S’y perdre.

Tumulte des eaux furibondes. Douceur des grises pupilles, attendrissantes, rassurantes.
En un baiser, la perdre.

_________________
X
--.ariane.


Comme elle l'avait craint avant d'entrer, Ariane avait l'impression de subir un véritable interrogatoire. Cette femme ne devait pas être une simple cuisinière. Peut-être la véritable maquerelle de l'établissement ? Ou bien était-ce l'autre dame ? Ariane ne savait plus, perdue dans cette grande maison où de nouveaux visages apparaissent et disparaissaient sans cesse.

Ses yeux se remplirent à nouveau de larmes. Elle voulait son chez-elle, sa maison, son coin de cheminée aux odeurs familières, sa tranquillité. Pas être mise en devanture, pas être mise en avant.

Elle déglutit ce qui lui restait de pain dans la bouche avant de répondre poliment :


Oui madame, on m'a dit que je pourrais manger ici avant ... avant ... la soirée.
C'est la Bertrande qui m'envoie.

C'était tout ce qu'elle pouvait dire. Comment expliquer qu'elle avait été envoyée pour offrir sa chaire tendre aux assauts d'un malotru qui certainement la forcerait à ouvrir les cuisses. Comment expliquer qu'elle venait vendre sa jeunesse, son âme, sa vie même. La mère lui avait expliqué de simplement dire qu'elle venait de sa part. C'est ce qu'elle répèterait sans cesse, jusqu'à l'ivresse.

La Bertrande.

Puisqu'on la connaissait ici, semblait-il. C'est ce que ses grands yeux noirs semblaient espérer en se levant vers la dame de la cuisine. Elle ne voulait pas qu'on la sauve, non. Juste que ça finisse et qu'elle rentre avec l'argent. Juste que la nuit se termine, et oublier ... ou avec un peu de chance, se souvenir à jamais.
Lyhra
Tandis que ces bottes battaient le pavé, d’anciens souvenirs remontèrent…


A l’époque de la chevauchée, quand Xénédra avait quitté le Liquoré pour suivre Hébus, la Succube avait pris le contrôle des lieux, espérant farouchement que la Tenancière n’en reviendrait pas vivante, s’était installée dans son lit et dans les bras de son amant par la même occasion, le très bel Ylaibo.
Mais la brune revint finalement et fit mettre l’effrontée Succube aux fers, portée de nuit dans les grottes d’Inferno pour la vendre comme esclave. Le Masque avait la haute main sur ces marchandises là et le commerce marchait bien.
Se ravisant au dernier moment, Xénédra donna une seconde chance à la traitresse Rousse.

Le lumignon rouge fut vite là et brisa la noirceur des réminiscences du passé.

La Maquerelle disparu au sein des profondeurs chatoyantes de sa maison de plaisirs.
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Silloe
7e Sous Sol

    La bienveillance l'avait toujours déprimée. De la même façon et pour la même raison, elle rejetait toute religion. Ça ne donnait pas de véritables espoirs parce qu’il n’y avait pas de véritable douleur, juste du faux, du merveilleux. Alors que ici ... c'était terre à terre, pas de doute, même s'il y' avait des relents de rite, des échos spirituel.. Mais tout cela suintait la subsistance, parce que la peur sous sous-jacente était bien présente, parce qu’on sentait les ombres et les doutes au creux des pierres ! Comment croire s'il n'y' avait pas un sentiment d'être opprimé, dominé par cet ectoplasme singulier qu'était l'angoisse ? Elle jeta un œil circonspect au corps masculin qui se dévêtit diligemment avant de se couler à son tour avec délice dans cette eau tout aussi embrumée que l'atmosphère environnante. Nouvel échos à la silhouette opaline de la jeunette. Nuageuse.
    Elle aimait les êtres... Se nourrissait du vivant, d'avantage lorsque ceux ci se consumaient d'existence en des instants surannés. Goule honteusement désirable. Elle avait abusé de leur compassion, à ces doux machins à la fois tendres et vulgaires, ces hommes qui irrémédiablement se révélaient intrigués, ces femmes soudainement attentionnées...

    Elle le sentit couler, se couler dans son dos, contre son derme tiédit pourtant toujours aussi impassible. Impassible ? Rien n'était moins sûr... En vérité ça la démangeait de partir en courant. Mais elle était tellement bien, à s'abandonner dans cette chaleur torve. Et elle ne faisait rien, tandis qu'il se coulait, se coulait comme un désespoir, comme un sourire qui trotte dans la tête jusqu’à prendre peur. Un instant elle pensa pouvoir rester ainsi, jusqu’à ce que son corps s’évapore dans l’aube souffreteuse, épuisé.

    C’est la puissance de la peur, c’est elle qui te retourne et te fait deviner des choses que tu ne serais jamais allé chercher toute seule en dehors de tes fantasmes indomptés. Cette peur apprivoisée et délicieuse de l'incertitude. Pour la première fois, l'angoisse véritable d'une réalité qui s'impose, naquit chez ce bourgeon né de la moisissure du germe des attentes délicates. Caresses souffreteuse sur le sentier de ses courbes... Chute vertigineuse de reins saillants qui disparaissent sous les effluves des épices aux fragrances apaisantes.

    Nouveau face à face. Regard émeraude scintillant d'une appréhension non feinte et facilement percevable. Regard sur ces lèvres humides qui brillaient et la dominaient. Brebis chétive, pubescente et duveteuse, écarlate de défiance, jamais de désir. Une fois de plus les lèvres gercées de notre animal, même si elle faisait pâle figure aux actes qui se profilaient, délicate vierge rechignant à faire concession de sa virginité, s'agençaient parfaitement en ces murs. Pincées qu'elles étaient, affirmant cet air mi espiègle mi impudent. Corps frêle et souillé, par la vie qui défèque sur lui jour après jour, nuit après nuit, jusqu'à en faire son plus intime cobaye. Les contours d’un corps sont pourtant intrinsèquement délicieux et toute une vie on aimerait échouer en nomade aux abords d’un de ces périples, d’une de ces peaux panoramiques,à la fois rugueuses et humides, oasis troublantes...

    Accalmie torride. Angoisse en profondeur. Remontée acide du vice.
    Ses pupilles, trahirent ses émotions, se fermant à demi ; mais déjà le gardien assurait sa prise, délicate et intransigeante. Silloe eu un mouvement vif. Membres jusqu'alors frémissant,qui reprennent soudainement conscience, comme jusqu'alors hypnotisés. Recul de la créature sauvage qui s'échappe...Mais ce corps comme rempart. Débats furibonds yeux murés dans la volonté bornée de reprendre possession de son libre arbitre... La tignasse en bataille qui promettait de s'échouer dans les bras de Thorvald disparut dans cette masse faussement douillette.

    Elle avait enterré ce crachoir qu'était son cœur, cousu sa bouche, et elle ne se sentait pas prête à étreindre la réalité qui s'offrait à elle. En son univers, la fusion que réclamait cet homme l'impliquait bien trop à son goût. Atteinte à sa liberté...Silloe, suite d'imprévisions, décisions prises à l'instinct, de prises de risques inutiles, besoin d'être en danger, pour tout ressentir...
    Sous la surface du bassin, la jeune sirène hostile à tout contact se débattit de plus belle pour finalement gagner à peine quelques centimètres de distance. Quand ses traits agencés par une main diabolique reparurent, toute son attitude condamnait l'approche du gardien. Joues rosies sous la chaleur et l'effort, torse haletant...poitrine ébauchée de manière certaine oscillante...physique contrit par son attitude mais son visage ne peignait aucun regret. Et à nouveau ce sourire détestablement faraud apparu.

    La jeune tête brûlée semblait avoir oublié que l'homme qui lui faisait face possédait la force de l'assagir...Et que en de tel lieux, les sorties de secours étaient inexistantes.
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