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La Rose Pourpre, Bordel des Miracles (2ème partie)

Lyhra
Ne te presse pas souffla-t-elle en réponse, savourant la chaleur de sa paume.

Coup d'oeil appréciateur, nous avons la paire, petit mouvement du menton désignant la bourse, je te conterai ça plus tard.

Une vierge avait spolié la maquerelle d'un gain non négligeable tandis qu'une autre lavait l'affront, d'une autre façon. Il y avait assez d'or pour voir venir, quelques temps et cela la rasséréna.
Discrètement la bourse fut dissimulée dans une cavité indécelable à l'autre bout du comptoir, et sa provenance serait discutée au calme, quand l'on compterait la recette.

Son regard se dora d'un jet de feu en observant le Gardien disparaître derrière les draperies, un frémissement de tout son être témoignait de l'importance qu'il avait prit, du plaisir infini qu'il lui procurait et de l'âpre joie qu'elle aurait à le retrouver au matin alors même qu'il s'apprêtait à lutiner -peut-être- quelque donzelle point trop farouche, c'est pourtant dans son coquillage, à elle, qu'il sombrerait, plus tard ...

Mais les affaires étant ce qu'elles sont, la Rousse parvint à détourner son attention pour s'en tenir à la salle et à ce qui s'y déroulait puis fila droit à la porte, il lui semblait qu'on avait frappé.

Une silhouette, un regard à l'unisson du sien, silence.
La Succube s'effaça en souriant, geste large du bras, accueillant.

Bienvenue ... nous avons sûrement ce que vous cherchez...
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Thorvald_
[Entretien dans une alcôve]

Dans tout ça, la Succube, par son retour inespéré, avait réussi à faire oublier au gardien le précédent appel de la porte. Cette main de bronze qui l'avait accueilli, lui comme tant d'autres, mais à laquelle il était resté lié, lui seul, et dont chacune des vibrations lui faisait mesurer combien il était attaché à cette bâtisse. Combien les murs qui frémissaient sous la main, étaient siens, pour l'éternité. Mais cette nuit, la reine avait pris possession de tous ses réflexes, son instinct était endormi sous de bien plus impérieuses fragrances. La porte ne lui dictait plus sa loi. Il était promu roi.

N'empêche, s'il avait su la diablesse qui se tenait là, il aurait rappliqué. Mais pour l'instant, il était concentré sur les yeux d'une petite demoiselle. Une provinciale, disait-elle. Elle semblait encore timide, bougeait peu, pourtant, elle promettait de ses mots, monts et merveilles. Et se proposait même d'essayer avec des filles ... mmmh, le gardien de la Rose sourit à cette pensée coquine.


... Aussi me suis-je dit qu'en venant découvrir la capitale, je pouvais espérer voir plus de monde et exercer mieux ma "profession" en regardant mes semblables.


Bien sûr, mais ... on n'apprend jamais aussi bien qu'en pratiquant. D'ailleurs, notre Reine est revenue et vous recevra ... tout à l'heure.

Thorvald avait un instant levé les yeux et aperçu à travers les voiles la Succube chaloupant délicieusement vers la porte.

Du bout de ses doigts épais, il vint repousser délicatement les mèches rousses que Félicie avait ramenées sur le devant, et observa la peau du décolleté. Que cachait-elle ? Un défaut, des pustules, des traces de coups, ou bien une simple chaire de poule ? ...
Les prunelles grises du gardien vinrent capter les yeux de la jeune femme, interrogatrices.

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X
--Fareod



Au bar

Etait-ce les voluptes des parfums de l'endroit, ou peut-être la boisson entre ses doigts, ou simplement sa propre torpeur, Fareod perdit un instant le fil des événements. Sans qu'il ne se perde dans quelques rêveries, il lui suffit d'un battement de cil pour ne plus avoir le sens de la chronologie des choses, ni de leur bien-fondé.

Il y eut d'abord cette étrange question de l'encapuchonné qui dégageait la mort à chaque respiration, le genre que notre baroudeur avait pris l'habitude de fuir, non qu'il en soit effrayé, mais leur délire, si parfois il en riait, avait surtout tendance à l'irriter.
Il allait d'ailleurs balayer la question d'une réponse cinglante quand une petite voix fluette se fit entendre de l'autre côté.

Ariane....

En se retournant, son sang se glaça... La fillette avait pris des allures de femme, elle mettait en avant ses atouts à peine formés mais déjà affolants, ce qui le déstabilisa complétement. Son regard avait-il été si libidineux pour que la vierge décide de s'approcher? Dégageait-il une quelconque envie d'elle pour qu'elle pense trouver son compte en s'approchant? Et, s'il jouait franc-jeu, serait-il si étonnant qu'elle ai lu du désir dans ses prunelles?

Il la dévisagea un instant, oubliant totalement la présence de l'encapuchonné, ne sachant que faire...
Entre ses mains blanches, deux coupes de vin épicés...


Fareod... finit-il par répondre.

Sortant peu à peu de son atonie, il parvint même à lui sourire et à l'inviter à prendre place sur le tabouret vide à côté du sien.


Quel âge as-tu Ariane?

La phrase était sorti comme ça, avait gravi le seuil de ses lèvres sans qu'il n'y soit pour quelque chose. Mais l'interrogation était posée et de la réponse dépenderait sûrement le reste de la soirée...
--Felicie
La jeune devenue femme quelques semaines plus tôt, avait une vingtaine d'années. Elle même ignorait son âge, ses parents paysans n'ayant pu lui dire. Elle avait rapidement appris des bases de lecture et d'écriture en espionnant les garçons de l'école cathédrale. Certes, elle avait fait ça par jeu au début, puis s'était intéressée à ce qu'il se racontait. Aussi savait-elle les bases de l'alphabet. Pour elle, cela était très important et relevait son statut de paysanne, puisqu'elle était instruite.
Le gardien lui annonça qu'une reine allait la voir.


Je serais ravie de la rencontrer Thorvald.


De ses mains, le portier dégagea les cheveux que Félicie venait de ramener sur sa poitrine. Il observait le haut de sa gorge. Félicie, afin de faire comprendre au gardien qu'elle ne cachait rien, ramassa toutes ses mèches dans sa main et les ramena derrière, dans son dos. Voyant le regard interrogateur, elle adressa un sourire au gardien. La seule chose qui l'ait affecté, c'était sa virginité ôtée. Voilà la seule trace qu'elle gardait.
Elle attendit de voir la suite de l'entretien improvisé.


--Liebault

Sidéré, il avait regardé le bel homme remplir un verre de vin, et le pousser vers lui, effleurant ses doigts. Avait-il rêvé, ou les yeux gris avaient cherché, un court instant, les siens ? Les joues empourprées, l’adolescent referma les mains sur son verre de vin, se risquant à en avaler une gorgée en suivant du regard le bel homme qui montait les escaliers, entrainant à sa suite le sombre et l’avide. Quelques minutes, une nouvelle gorgée. Dans son dos, la présence s’est détendue. Melchior a du comprendre qu’il ne s’enfuirait pas, finalement.

Du fond de la pièce, une femme sort, et se glisse derrière le bar, où le bel homme la rejoint. Il ne les quitte pas des yeux. Etrange comportement, étranges regards… Il n’a jamais vu cela, lui. Les corps son près, les corps se frôlent et se touchent. Il n’en perd pas une miette. La femme est belle, enfin, il le suppose, car le peu de vêtements qu’elle porte ne cache rien de son corps. Si elle le montre, c’est qu’elle en est fière et si elle en est fière, alors c’est qu’elle est belle. Ainsi raisonne l’enfant éternellement caché derrière de lourdes et luxueuses étoffes. D’ailleurs, il fait chaud, ici, où bien est-ce le vin qui lui monte trop vite à la tête ?
A regrets, il regarde le bel homme s’éloigner, déjà, de la belle femme. Il n’en apprendrait pas plus sur les relations qui unissent un homme et une femme pour l’instant. Ses yeux se posèrent sur l’absence de vêture de la rousse. S’y perdirent, comme, quelques minutes plus tôt, ils s’étaient perdus dans le pigeonnant décolleté de celle qu’avait rejoint le portier. Décidément, ça avait l’air rond, et doux, une femme. Que fallait-il faire ? Qu’attendait-on de lui ? Une femme avait dit Melchior, oui, mais après, quand la femme serait là, que devrait-il faire ? Honteux, il plongea le nez dans son verre de vin, le finissant d’une traite. Et le releva aussitôt, quand son splendide vis-à-vis se détourna, allant ouvrir la porte. Il se dévissa le cou, pour continuer à l’observer. Pour finir par tomber sur le visage réjoui de son précepteur, visiblement ravi de le voir reluquer sans vergogne la faune présente.

Immédiatement, le visage de l’adolescent se ferma, renvoyé à ses questions sans réponses. Et il se ré accouda au comptoir, jouant avec son verre vide, perdu dans ses pensées. Derrière lui, Melchior grommelait sur le manque de tenue de l’établissement pourtant à la réputation fameuse, où l’on devait attendre fort longtemps pour se faire servir son vin. Il avait remarqué que celui de l’enfant était vide.

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Scath_la_grande
Scath… curieux nom à la sonorité âpre, qui semblait être un claquement de fouet dans l’air froid, appellation tout aussi étrange que la jeune fille qui le portait. Ombre… voilà sa signification dans la vieille langue des Godons, car telle était la nature profonde de la rouquine, juste une ombre, insaisissable et parfois imperceptible.

Scath s’en revenait doucement des limbes infernaux de ses songes comme une noyée qui remontait à la surface, flottant entre le monde onirique et la réalité.

En digne créature nocturne qu’elle était, l’embrunaise n’avait ouvert les rideaux de chair qui obstruaient ses prunelles qu’à la dernière lueur chancelante du jour. Mollement avait étiré son corps de brindille sous les draps appartenant au Pendu. Elle y cherchait la tiédeur de sa couche et l’odeur de son premier amant, pour se réfugier dans ces ultimes fameuses « cinq minutes encore » avant, en désespoir de cause, rejeter au loin le lin et mettre pied à terre. Ses premiers pas sur le plancher furent vacillants, ponctués d’étirements de toutes sortes et de bâillements. Scath effectua une toilette des plus sommaires avec l’eau glacée qu’elle trouva dans la cruche et qui lui tira quelques grimaces frileuses. Le récurage ? Juste de quoi débarrasser les traces de la récente perte de son sceau virginal. Elle voulait garder encore un peu avec elle, le goût douceâtre que le brun avait laissé sur sa peau.

Vite vêtue, vite restaurée, la rousse quitta l’auberge lorsque la nuit fut totale. Elle fit glisser sa silhouette de mustélidé dans l’obscurité de la Cour, mouvements guindés de silence et pourtant le pas restait alerte, toujours sur ce qui-vive caractéristique des créatures qui résident dans les ténèbres. La nuit tous les chats sont gris disait-on… la nuit toutes les immondices que porte l’humanité sont planquées sous la couverture épaisse et sombre de la noirceur disait-elle… Tout n’est que confusion, enchevêtrement du bien et du mal, sans frontières aucunes, sans vraiment de limite puisque tout est invisible à l’œil.

La rue déjà connue d’elle fut tôt fait rejointe, la venelle n’abritait rien de moins que le lupanar le plus coté de la capitale, voir très certainement du Royaume, le bordel de la Rose Pourpre. La rousse ralentit à l’approche de l’enseigne et ne put distinguer qu’une forme qui patientait devant. La nuit si opaque ne lui garantissait pas un discernement exact sur la nature de cette personne et la suspicion commença à la gagner. La méfiance n’eut guère le loisir de s’installer et formuler des questionnements dans la caboche de la Grande, car une brèche lumineuse vint éclairer le minois au dessin plutôt féminin de l’individu campé devant l'entrée. Scath se hâta, et put se glisser dans l’antre parfumée avant que la créature aux courbes dantesques ne scelle la porte à son nez.

L’ambiance feutrée, lourd d’effluve inconnu pour la demoiselle, les tentures, et tout ce pourpre qui vint envahir peu à peu son œil fauve, annihilaient et contrastaient avec l’atmosphère putride qui régnait à l’extérieur. Scath retira nonchalamment la sombre capuche offrant à la lumière sa tignasse couleur crin de belette. Son regard s’appuya sur les présentes.


Le bon soir mes Dames.

En guise de salutation, un mouvement bref du menton accompagnée de sa voix habituelle, froide et hautaine, emprunte de cette fausse politesse qu’il était bienséant d’étaler lors d’une première entrevue. La Grande n’en usait que rarement mais comme elle ne voulait pas que l’on lui claque la porte au museau, elle dut passer outre ses irrévérencieux principes ou tout du moins pour l’instant.

Et ses yeux inquisiteurs de vagabonder sur la succube, auscultant le corps de la reine sans en connaître l’identité de cette dernière. Détaillant avec soin la moindre parcelle de la femme très certainement fatale pour certains hommes, et rêvassant bêtement pouvoir ressembler à cet être chimérique quand elle aurait quelques années et expériences de plus.
« ‘tain… j’ai déjà vu l’inquisition foutre des gens au bûcher pour moins d’audace»
Les lèvres s’étirèrent lascivement sur le museau de l’embrunaise qui néanmoins dut réprimer à grand effort le plissement de son nez lorsque ses fauves parcoururent la chevelure royale. Une rousse… Scath n’aimait guère la concurrence à ce niveau là.

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"Seul Dieu est mon juge"
--.ariane.


Au bar, entre ciel et terre.

Ariane, le minois levé, regardait tour à tour l'homme à la capuche et Fareod. Elle paraissait si petite, entre enfer et damnation ...

Le premier semblait parler dans sa tête. Elle aussi, parfois, parlait toute seule quand le démon la guettait, à l'heure où la nuit vient, entre chien et loup. Mais lui, il avait l'air nettement plus ravagé. Tant qu'il avait de l'argent, elle, elle voulait bien quand même. Son petit doigt lui disait qu'elle n'aurait pas le choix de toute façon.

Son regard repassa au deuxième et dans ses yeux, contre toute attente, elle lut de la surprise. Et une vague autre chose qu'elle n'aurait pu définir. L'envie de ce vin, qu'aucun ne prenait pourtant ? L'envie tout simplement ? A cette pensée, elle ne put empêcher le sang d'affluer à ses joues et de faire briller ses yeux qu'elle baissa prestement. Pourquoi s'était-elle levée, pourquoi était-ce vers lui qu'elle s'était dirigée ? Peut-être paraissait-il moins dangereux que les autres, même si moins fortuné. Peut-être. A cet instant, elle jeta un regard désespéré vers la dame rousse qui traversait la pièce, sublime, gracieuse et forte. Que n'aurait-elle pas donné pour avoir une once de ses manières ? Mais la Succube ne venait pas l'aider, elle partait vers l'entrée.
Seule, il lui faudrait se débrouiller seule.

Sur l'invitation, Ariane posa les verres pleins et appuya une fesse sur le tabouret. La soie glissa à nouveau sur sa cuisse de lait, mais elle n'y prit pas garde. Bien décidée, elle avait remonté le menton, ses boucles blondes échappées à son chignon lui caressaient le cou et rehaussaient son regard charbon.

Elle se demandait si c'était ainsi qu'on abordait une fille, même catin, en lui demandant son age. Mais, docile, elle s'abstint de lui en faire la remarque. Elle savait tous les sous-entendus de la question et déclara dans un doux sourire :


L'age d'être femme, monsieur. Et vous, quel age avez-vous ?

Elle avait penché la tête, à l'écoute. Engager la conversation, était-ce simplement ce qu'il fallait faire pour commencer ? Prendre soin de ne pas poser de question trop personnelle, ni trop embarrassante. Pourtant elle aurait été curieuse de savoir d'où il venait, et ce qu'il cherchait ici. Lui plaisait-elle ? Voulait-il une autre fille ? Il avait souri, était-ce un signe ? Et s'il l'emmenait là, de suite, sans répondre, dans les escaliers où avait disparu le couple ... elle sentit son ventre se serrer, l'espérant sans le vouloir. Innocente de la suite.
--Kalen.
Kalen


[ A l'étage, dans une chambre ]




Tout doux beau sire, tout doux! L' breuvage qu' je vous avais réservé vous est il d'venu égal?

Presque comme s'il avait rêvé l'instant à peine écoulé, Kalen reprit pied dans le réel sous le conseil avisé de la belle sulfureuse qui de sa main féline vint saisir dans son décolleté sous le regard avide de l'homme ce fameux petit flacon qui a lui seul coutait une bonne partie du paiement de la professionnelle.
C'est qu'il avait des gouts forts particuliers, Kalen, mais au delà du voluptueux acte escompté, c'était le qualitatif qui le motivait au possible. Le temps d'une lente inspiration, le regard luisant d'un feu étrange, il rétorqua tout doucement, presque un murmure s'exfiltrant de ses lèvres masculines:

Oh que non, il ne m'est pas égal, mais... en moi gravite cette impatience somme toute impétueuse mais vous avez raison...


De malice il haussa un sourcil au moment même où la Belle jouant avec le verre du flaconnet en le lui passant dans le cou:

...prenons notre temps, le traitement final n'en sera que plus intense.


Ce fut comme si la foudre s'abattait le long de son échine, par une vague frémissante de picotements si significatifs. Se décollant de Lucrèce il lui sourit en jetant sa canne laquée qui rejoint en silence son pardessus, amortie par celui-ci posé sur sa table et d'un geste invitant lui désigna la couche, réceptacle de leurs ébats, et la devança dans une démarche ferme et appliquée pour s'y asseoir. Il se réfrénait, car ses gouts si étranges l'auraient porté à plus d'ardeurs.


Délices des chairs, quand les corps se confrontent, comme si l'étreinte était une lutte, une empoignade teintée de légère souffrance, ressentir en lui une sorte de pouvoir, de par sa déviance secrète, exprimée sur le corps d'une femme. Non pas la blessant, la meurtrissant, mais juste libérer la part animale en lui, cette impression lycantropique de se transformer et s'adonner à la soumission de l'autre, devenir inclément, par doses mesurées, graduelles, et mener cette danse charnelle dans une si exquise contrainte où le plaisir s'alliait à l'accomplissement d'un acte imposé, dans sa forme, et cependant tant désiré des deux parties dans son fond, de sa teneur qu'il comportait...


Déja par un jeu mentale il imaginait la Belle seulement habillée de lumière se rapprochant de lui... sublime féline qui se dirigeait vers un loup... à en donner l'envie au ténébreux d'infliger quelques tendres morsures...
Kalen, tel un ange des ténèbres, déployait ses ailes obscures, une sur-confiance en lui explosive s'épanouissant et la douce Lucrèce de le faire attendre ne se doutait point que sous peu elle aurait créé l'incube qui s'imposerait sur elle...
--Lucrece


L'impatience...il était bel et bien pris dans ses filets songea-t-elle, cela n'en était que mieux! Quant à prendre son temps, elle était tout à fait d'accord! Lentement, il se décolla d'elle, l'invitant vers le lit à baldaquin empourpré où il se dirigea lui même. Plutôt que de le suivre tout de suite, elle attrapa dans la bourse qui s'attachait à la fine ceinture de corde cachée sous le bas du corset un peu de la racine qui servirait pour les fumigations. Elle déposa d'ailleurs cette dernière dans le chandelier le plus proche du lit, près de lui. Puis, après avoir fait le tour du lieu de leurs futurs échanges charnels en continuant sa démarche ondulante, elle en déposa un peu près de l'autre candélabre.

Presque instantanément, les deux racines bien sèches, produisirent une fumée à l'odeur un peu acre mais qui stimulait les sens. La tête légèrement embuée déja d'avoir respiré de près le nuage vaporeux, elle chercha du regard un quelconque verre pour verser le contenu de son philtre, mais ne trouvant point cela, elle déboucha le flaconnet et se plaçant devant lui, tendit ce dernier à Kalen.


J' n'ai rien d'autre qu' c' flaconnet pour récipient, mais vous d'vriez boire d'un trait beau sire! A moins qu' vous n' préfériez boire au goutte à goutte...à même la peau!

Le regard mutin et le bras toujours tendu, semblaient figés dans l'attente d'un choix qui quelqu'il soit entamerait la nuit à venir.
La fumée avait presqu'envahi le baldaquin mais avec une consistance légère qui n'en faisait pas quelque chose d'incomodant.Et Lucrèce était totalement détendue, pas encore confiante mais dans un état tranquille. L'appréhension de ce qui pouvait se passer ensuite avait disparu sous l'effet des effluves démoniaques.

Un instant, l'image de la main de son père s'écrasant sur sa joue, lui traversa l'esprit, un frisson lui parcourut l'échine. A l'époque elle était sans défense et ne supportait guère ces corrections mais aujourd'hui... elle recherchait ce genre d'échanges. La violence la stimulait et la faisait se sentir, vivante! Le sourire s'épanouit d'autant plus sur le visage de la catin itinérante, le ténébreux était pleins de promesses!!!


L'effet s'ra presque instantané! Ca d'vrait vous plaire!

[b]
--Fareod


Au bar, en étrange compagnie...

La gamine prenait des airs de grande, elle était là pour une raison précise et n'aurait nulle peine à arriver à ses fins. Elle avait la candeur affolante d'une rose à peine éclose, une virginité précieuse mais déjà sur le déclin.
Le soleil se lèverait sur la tache de sang qui bientôt sera l'étendard de l'heureux élu, victorieux. Elu qui s en ira et la laissera ici, n'ayant plus d'autres choix que de vendre les charmes de sa candeur déchue dans ce tripot qui lui sembla bien fade tout d'un coup.

La question de l'âge le fit pourtant sourire. Au fond, c'était de bonne guerre.


J'ai l'âge pour avoir vu assez de gourgandine dans ma vie pour juger que tu es bien trop jeune pour te livrer à de tels moeurs... A te dire que tu devrais être dans ta famille ou, si tu ne peux y retourner, à vendre sur un marché les robes que tes jolies mains blanches auraient confectionné.


Il y jeta un oeil, à ces mains et conclut:

Non, tes mains n'ont rien à faire là...

Son attention se reporta sur le regard de la jeune Ariane, regard plus autant innocent mais encore bien ignorant, trouvait-il.

La Rose se remplissait peu à peu, il avait à peine remarqué la rousse qui avait glissé derrière le comptoir et inspectait les lieux avec un certain agacement. La reine des Roses, peut-être...
Comme il se sentait las, tout à coup... Comme il désirait soudainement payer Ariane pour qu'elle conserve sa châsteté ce soir encore et s'en aller. Dormir et oublier cette étrange journée.

S'il y reflechissait, c'était tout de même la deuxième vierge de la journée. La pensée le fit sourire avant qu'il ne reprenne le cours de la réalité:


Combien pourrait valoir votre virginité pour que tu puisses la conserver cette nuit encore?

Guère d'hésitation, bien qu'il savait que ce genre de marché se monnayait cher et qu'il n'aurait sûrement pas les moyens. Il tenta néanmoins...
Mhar
[Au bar, entre gens courageux...]


Doux frisson qui trembla dans l'air, fit vibrer les tympans de Dame Courage. Une prostituée, dénommée Ariane, de par le murmure qu'elle lâcha dans l'atmosphère, s'était approchée des deux hommes. Fareod de son prénom semblait retenir les avances puériles de la gamine. D'un côté, une enfant qui affronte sa jeunesse pour vivre, de l'autre un adulte qui déjoue les pièges du délice et rejoint celle de l'Honneur et du Respect. Pas de coup dans l'eau, cet homme avait des principes, ce qui était fort inhabituel dans un lieu comme la Rose où justement les nobles concepts étaient mis de côté. La silhouette ombrageuse sourit et avant que la fillette ne puisse répondre au valeureux, prit la parole :

- Dénommé Fareod, tu as fait fî de ma question, mais ta réponse à la Demoiselle me suffit amplement...

L'ombre se tourna vers la gosse et la dévisagea de sous sa capuche. Elle avait toute la candeur qu'une petite fille innocente pouvait rêver d'avoir. Elle pensait sûrement avoir trouvé une voie de survie durable dans ce bordel, mais pour l'encapuchonné, chaque client réservait ses surprises, il en était d'ailleurs de Fareod. Tous ne seraient pas comme lui, à vouloir lui préserver sa jeunesse futile, d'autres l'auraient prise par le collet, fessée durement et s'en serait après donnés à coeur joie sur la fillette fatiguée et rouée par les coups qu'elle aurait reçu. Était-ce une coïncidence pour un retour comme celui-ci ? Le mystérieux ne croyait pas en la providence, mais en les trésors que recelaient chaque être.

- Je peux te payer aussi pour préserver ta jeunesse, de sorte à ce qu'elle dure plus longtemps encore...

Il se retourna vers Fareod, un sourire enthousiaste se dessinant sur ses lèvres. Le recrutement commençait et il fallait être habile à ce jeu. Il déclama ainsi :

- L'ami, il est étrange de trouver un preux tel que toi en ce lieu. Je voudrais te parler quelques instants. La Demoiselle peut rester si elle le souhaite... N'aie cependant aucune crainte, comme tous les hommes ici je ne suis point armé et je te promets que quoi que je te dise, ta Liberté est toujours tienne...

Parler par énigmes. Cela rendait le secret encore plus mystérieux et intriguant. Il dirait ce qu'il avait à lui offrir et l'autre déciderait ce qu'il en ferait. Pour la fillette, l'ombre était perplexe. Elle lui rappelait une lointaine jeunesse insousciante, éthérée, où il n'avait pas encore prit conscience de tout ce qu'il l'entourait mais aussi de son plus profond. Pourquoi salir une telle pureté alors qu'elle ne sait encore rien, ce serait pourrir l'embryon avant même que le poussin n'aie éclôt. Si la silhouette pouvait sauver une jeunesse de plus, il le ferait, c'est pourquoi le dialogue lui était aussi ouvert. Ils n'avaient rien à perdre après tout...

Renaissance anticipée :

"Au son des corps,
À la lumière des autres,
À l'écho de moi-même,
Je comprends,

Lentement je me disperse,
Aux vents et aux averses,
Sautant dans les flaques,
Riant de la Peur..."
Thorvald_
[Dans l'alcôve, suite et fin]

Thorvald rendit son sourire à Félicie. Elle semblait jeune et inexpérimentée. D'autres à sa place lui auraient sauté dessus et l'auraient entrepris sur le champ en usant et abusant de leurs charmes, éveillées par le simple frôlement de ses doigts sur leur sein. Elle, non, elle semblait patiente, et délicate. Peut-être enflammée dans l'intimité d'une chambre, enhardie dès la porte close ? Sûrement même ...

A travers la mousseline des voiles, le colosse distinguait le bar, les clients autour des filles, et ce jeune client de dos, dont on pouvait entrevoir la taille fine, malgré la présence du chaperon derrière lui. Un accompagnateur bien encombrant dont on pourrait peut-être se débarrasser si ... Il reposa les yeux sur la candidate.


Félicie, nous allons aller au bar, je te servirai deux verres, sur le compte du client que tu vois là, l'homme plus âgé qui est resté debout. Parle-lui, occupe-le, charme-le. Il n'est pas venu pour lui-même, il faudra le prendre avec toute ta subtilité et ton charme naturel.

Sans attendre de réponse, il se déploya de toute sa masse, empoigna la main de la jeune femme, et l'invita soudain à se lever. Puis il la serra doucement contre lui, et lui chuchota : bienvenue à la Rose ... Avant de traverser la salle, à grandes et tranquilles enjambées, et de contourner le bar.

Voila voila ...

Dans un sourire charmeur, le gardien resservit les verres, et s'accouda d'un bras au comptoir, juste en face du jeune homme.

Je suis Thorvald, et vous ? C'est la première fois que vous venez à la Rose ... Vous verrez, nous allons tout faire pour vous combler.
_________________
X
--Fareod


Au bar

En quelques instants, il avait oublié la présence de l'encapuchonné qui se rappela bien vite à sa mémoire sélective. Il s'interposa sans soucis entre la pucelle et le baroudeur qui soupira bruyamment, afin de signifier son agacement.

- Dénommé Fareod, tu as fait fî de ma question, mais ta réponse à la Demoiselle me suffit amplement...

Un ricanement s'échappa d'entre les lèvres du jeune homme qui prit un instant de réflexion avant de siffler:

J'en ai fait fi, vous voilà fin observateur. Il y a que ce qui sortirait de la bouche de la demoiselle à qui vous venez de couper la parole pourrait être autrement plus intéressant, tout comme sa compagnie, qui ne serait pas comparable à celle d'un homme qui préfère garder la tête encapuchonnée en si charmante présence.... Votre genre ne m'impressionne pas et je vous trouve plutôt malpoli envers Mademoiselle Ariane. Sur ce, je ne vous retiens pas Monsieur.

Le galant n'avait pas l'habitude d'être de si mauvaise humeur, mais les ronds de jambe de l'encapuchonné l'amènerait vite aux limites de sa patience, il préférait prevenir plutôt qu'agir.
Mais l'intrus ne l'entendait pas de cette oreille et n'hésita pas à prendre le ton mielleux pour doubler sa proposition et ponctuer par un discours tout à fait incongru.
Le mot Liberté fit sursauter Fareod qui doubla de maîtrise pour ne pas chasser celui dont il se méfiait depuis le premier mot. De quoi diable parlait-il? Et, réellement, Fareod avait-il envie de le savoir?

Il avait déjà bien assez de besogne et d'avance, la proposition qu'on lui ferait, car il y en aurait une, ne l'intéressait pas. Il se vantait d'avoir l'esprit et le corps libre, ça n'est pas ce soir que cela changerait.


Ma foi, vous m'obligez à être clair et je vais user de tout ce que je pourrai de diplomatie. Je suis venu ici lieu pour me changer les idées et non pour me faire endoctriner, ou que sais-je encore. Je ne suis pas armé non plus mais vous risqueriez de tâter de ma semelle si vous vous permettez encore de couper la parole ou d'écouter aux portes. Laissez-moi tranquille.

Enervé cette fois, il se leva et prit la main d'Ariane, plus brutalement qu'il ne l'aurait souhaité, tant il était nerveux.

Que diriez vous que nous allions en un endroit plus tranquille... proposa-t-il sans mesurer la portée de ces paroles.

Parce qu'il l'avait décidé, il ne la toucherait pas mais ne pouvait décemment pas la laisser en pareille compagnie.
Mhar
Surprise fût ce qui se dessina sur le visage caché de la silhouette. Cet homme était réellement un bougre sans patience ! À quoi s'attendait-il en venant à la Cour ? Que des fleurs lui soient lancées sur le passage et pire que tout, que personne ne l'embête ? Venir compter fleurette à la Cour en espérant pouvoir s'y promener tranquillement, c'était comme si l'hôpital se foutait éperdument de la charité. Du tac au tac :

- Si c'est tout ce dont vous êtes capable, alors je déplore toutes vos relations, cependant je respecte votre décision, comme je l'ai dit... Mais n'oublie pas que si un homme est caché, c'est qu'il a ses raisons, faquin !

Routine du recrutement, parfois les demandés se courroucent et n'osent pas aller de l'autre côté du miroir, mais ça c'était normal, il aurait plus de chance avec un autre. Passé cet épisode, l'ombre tourna les talons et regarda alentours d'une façon suspicieuse. Que des malandrins en mal d'amour charnel. Une jeune homme parlait au bar, accompagné d'un vieux et ça et là des couples éphèmères se formaient. Temps de mettre les voiles et d'aller à sa prochaine destination, du moins plus sérieuse que celle-ci. Pour l'encapuchonné, deux choses importaient : prendre la température de la Cour et y rétablir un repère.

En arrivant quelques heures plus tôt dans celle-ci, le sombre visiteur avait trouvé l'endroit bien calme. Auparavant, l'ardeur de certaines guildes et ordres se ressentait rien qu'au vacarme dans quelques ruelles mal famées. Une époque révolue, mais qui peut-être allait renaître, il l'espérait. Sur son chemin, il avait juste entrevu la rouverture du Bal du Masque et une seule auberge où l'on voyait les bougies chanceler, l'Auberge des Cinq Sens. C'est là sa prochaine destination.

Avec calme et silence, l'ombre avanca parmis les mets de chair et se trotta jusqu'à l'entrée. Arrivé dans le couloir obscur, il reprit les armes laissées à sa venue et entrouvrit la porte de sortie. Retour à l'air malodorant, il abandonnait les parfums lourds de la Rose pour se diriger vers l'Auberge. Il fallait en savoir plus sur la situation de la Cour. Il pourrait ainsi mieux agir, savoir avec qui, et contre qui...


Carence de l'essai :

"Sans détour et sans amour,
Plein d'intérêts et aux aguets,
La demande est claire,
La réponse est nulle,

Autre que jamais je ne connaîtrai,
J'accepte ton manquement,
Ainsi se trouve être l'essai,
De tout recrutement..."
--.ariane.


[Au bar, enlevée]

Non, tes mains n'ont rien à faire là...
A te dire que tu devrais être dans ta famille ...


La belle assurance avait disparu. Il la réprimandait, comme une enfant. Lui parlait de mœurs, de robes, de ses mains. Et Ariane, dans sa candeur sur le point de s'épanouir, prenait tout en pleine face, en bloc, ébahie. Deux grosses loupes commencèrent à troubler sa vision. Il ne voulait pas d'elle. Etait-elle trop enfant ? Pas assez pulpeuse, et trop maladroite ? Pourtant, sa mère avait laissé entendre qu'elle valait "un sacré paquet de fric" ... Alors, qui croire ?

Elle allait l'envoyer sur les roses, c'était le cas de le dire, terriblement vexée d'avoir fait un pas vers lui et de se voir refusée, payée même pour ne monter avec aucun homme. Pour ne pas connaitre ce que les belles dames ici vivaient dans les bras des clients. Même si finalement (si sa fureur lui avait laissé le temps d'y songer) elle n'avait que moyennement envie de le savoir aussi vite. Là, dans l'instant, elle se rebellait. Et le rouge de ses joues devint celui de la colère plus que celui du trouble ingénu. Les deux grosses larmes rebondirent sur ses pommettes pour disparaître.


Monsieur ! je ...

Le client à la capuche renchérissait, lui coupant le sifflet. Davantage d'écus en perspective, mais plus de honte aussi. Lui aussi aurait payé pour ne pas coucher avec elle. De mieux en mieux. Les fines lèvres d'Ariane se refermèrent, serrées sur des mots amers, ne comprenant pas qu'ils veuillent préserver sa jeune innocence dans un lieu où tout prêtait justement à la cueillir avec subtilité. Les deux hommes se scrutèrent, s'enflammèrent, tenant des propos qu'elle ne comprenait plus, où il était question de liberté et de réponses. Pour finir, comme l'étrange homme ne partait pas, Fareod prit Ariane par main pour la soustraire à la vue des clients.

hmph ...

Un léger cri accompagna sa fulgurante descente du tabouret, et digne, elle marcha à ses cotés vers une alcôve, s'abstenant de répondre à la question qui se passait visiblement de réponse. Derrière eux, d'une main, elle referma les lourds rideaux rouges, d'un rouge sang. Puis lentement, elle se tourna vers lui :


Ma main a-t-elle donc mieux à faire là, monsieur ?

Il lui tenait toujours la main avec fermeté.
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