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La Rose Pourpre, Bordel des Miracles (2ème partie)

--Zabo


La jeune fille fronça les sourcils, certes la dame avait raison, mais la brune avait bien échafaudé son plan, elle aurait du mentir mais ça n'était pas dans son tempérament et pourtant...

Je me nommerai Zabo icelieu, je pense que ça ira et que ça suffira?

Personne ne me trouvera ni ne me reconnaîtra parce que je pense qu'en m'affublant d'autres accoutrements, et en changeant et ma coiffure et mon style, tout le monde n'y verra que du feu!

Levant le menton, un peu rebelle, elle plongea ses yeux dans ceux de la Succube.

Vous ne risquez rien, vous ne savez rien, je suis une pauvre fille perdue qui demande votre aide et votre soutient. Vous ne pensez tout de même pas que je vais jouer la poupée de château toute ma vie!! Je ne veux pas d'une cage dorée!! Par pitié, prenez moi! Je serai discrète, je ferai de mon mieux et je vous jure que vous n'aurez pas de soucis et pas d'ennuis. Personne ne sait où je suis et j'ai fais croire que je partais pour me suicider...

Elle regardait toujours la Rousse, avec un accent de supplication au fond des yeux. Elle priait secrètement pour qu'elle accepte.
--Eulalie_la_rousse
Eulalie n'arrêtait pas de regarder la jeune pucelle. Celle-ci semblait tellement perturbée, tellement peu sur d'elle... Oui, du vin de lui ferait pas de mal. Cela lui donnerait surement un peu plus d'assurance.

Mon nom est Eulalie, ma jolie.

Elle sourit à la vierge. Oui, pas de doute, elle ne savait pas à quelle sauce elle allait être mangée. Aucun doute... Rien que lorsqu'elle prit la parole, elle le montra.

Tu me sembles un peu nerveuse. Bois doucement ce verre. Savoure le. Il va te donner des forces.

Puis tendant ses lèvres vers l'oreille de l'innocente catin, elle lui murmura :

Et il va ouvrir tes sens pour ton plus grand plaisir...

Avant de lui mordiller doucement le lobe, tout en l'aménant un peu plus à elle. Mais c'est alors qu'elle vit le clin d'oeil de la maîtresse des lieux. Oui, elles allaient devoir se voir avant d'aller plus loin.
La rouquine se leva donc, s'excusant au prêt de sa future compagne de plaisir, en lui murmurant à l'oreille et l'embrassant dans le coup, puis alla vers la Maquerelle. Celle-ci était à nouveau en grande discussion. Non, elle ne semblait jamais s'arrêter, c'était bien dommage... Mais bon, les affaires étaient les affaires.
Discrêtement, la catin glissa prêt de la Reine des Lieux une belle bourse bien remplie. Peut-être même un peu trop, elle ne le savait pas, n'ayant jamais été dans des lieux aussi renommés et encore mon avec une pucelle. Elle n'attendait plus qu'une réaction de la Maquerelle pour aller rejoindre sa catin et lui apprendre les plaisirs féminins. Même si son regard montrait qu'elle aurait bien aimé passer ce moment avec une Reine...

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Thorvald_
[Aux bains]

Du pouce, il caressa ses joues empourprées et se pencha pour les embrasser, une à une, avant de glisser en baisers dans son cou, de plus en plus mordants, de plus en plus emportés ... Le jeune garçon avait dit oui sans trop savoir à quoi, Thorvald se devait d'être habile et de ne pas lui faire regretter son passage à la Rose. Il serait déniaisé oui. Il connaîtrait le plaisir. Pas entre les cuisses charnues d'une catin mais sous le joug d'un puissant gardien.
Ses efforts pour l'apprivoiser avaient porté leurs fruits et Thorvald laissa libre cours à l'envie. Il se faisait plus pressant et la serviette seule ne suffisait plus à cacher ce qui aurait dû l'être.

Alors viens ...

La voix était ferme et envoûtante à la fois. Il entraîna à nouveau Liébault dans l'eau, le prit à la taille et l'attira contre lui, osant de nouvelles caresses plus que signifiantes, tout en le regardant avec douceur. Oui ... viens à moi, frêle damoiseau. Viens connaître l'extase des ébats masculins. Laisse-toi guider ...

Les doigts mêlés aux siens parcoururent son torse massif puis, à la frontière des vagues, il l'abandonna et le laissa plonger, seul, lui intimant du regard d'oser explorer sous les abysses les corps, la peau. Voir l'autre du bout des doigts ... défier les monstres marins, affronter ses propres terreurs pour accéder au plaisir brut. Lâcher les amarres.

Quand les souffles furent accourcis, quand les fièvres furent douloureuses, alors ses doigts libres se posèrent sur le bas de ses reins et partirent en éclaireurs, tandis que ses yeux gris acier guettaient les réactions sur le visage adolescent.

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X
--Felicie
Bien ma reine !

Inclinant la tête vers la Succube, Félicie alla revoir le charmeur. Lui donnant un baiser sur le front, elle lui souffla.

Mon doux, ma reine souhaite d'abord voir ta bourse, avant que tu ne me montres les deux tiennes plus intimement. Puis, nous pourrons nous retirer derrière ces tentures là-bas pour être plus à notre aise.
Dépêches-toi donc, je t'attends ici.


A nouveau, elle redonna un baiser à l'homme, dans le cou, attendant que celui-ci aille payer avant de l'emmener profiter de sa nuit.
Lyhra
Un soupir s’échappa des lèvres entrouvertes de la maquerelle, ses doigts se refermèrent sur les pierres qu’elle alla promptement dissimuler dans le petit coffre qui recevait les recettes de la nuit.
C’était un dédommagement pour le risque encouru et les tracas qui en découlaient. Il lui faudrait d’ailleurs s’en défaire au plus vite contre monnaie sonnante et trébuchante.

Ceci fait, elle se réinstalla sur le haut tabouret, croisant ses longues jambes dénudées. Soupirant à nouveau.

Nous ferons avec ma jolie.

Après tout, moins elle en savait, mieux ce serait pour la paix de son esprit. Encore que, ignorer certains détails pouvait se révéler tout à fait fâcheux…
Elle hésitait encore. Martelant le bois du comptoir de ses ongles lisses.

Qu’est-ce que c’était qu’un nom ? La donzelle pouvait s’en inventer un. La Succube elle-même avait abandonné le sien des lustres auparavant, sans regret aucun.
Elle espéra juste que sa famille tenait des nobliaux de campagne qui n’avait pas plus de puissance qu’un marchand enrichi. De ceux-ci elles pourraient aisément se défaire en rameutant les miracles.

Saint Foutre ! Il ne sera pas dit que la Succube ait refusé sa porte à une damoiselle en détresse, ironisa t-elle. C’est d’accord, tu peux demeurer parmi nous à condition de te grimer suffisamment pour n’avoir point l’air que tu as maintenant, et ne remets plus cette robe, jamais.

Au même moment, Eulalie faisait glisser près de la maquerelle une bourse rebondie, cette dernière la soupesa l’air de rien et du en trouver le poids à son goût car elle alla rejoindre, en quelques pas, le petit coffre déjà joliment chargé pour l’y déposer.
Elle fit un gracieux signe de la tête, signifiant son acceptation, puis montra une alcôve libre, la plus éloignée, dont elles n’auraient qu’à tirer les rideaux pour s’assurer une intimité absolue.
Puis, elle donna l’ordre à Ocean de leur faire porter une cruche d’un mélange épicé, mais doux au palais afin d’accompagner leurs jeux et de détendre au mieux la jeune Ariane.

Plus tard, se promit-elle, si elle en avait le temps et l’occasion, elle se joindrait à elles… c’est le message qu’elle espéra faire passer d’un regard à un autre…
_________________
--.ariane.


Tandis qu'Eulalie se détournait pour aller payer La Succube, Ariane porta sa main à son oreille encore humide, et la laissa glisser dans son cou, éveillant plus qu'atténuant le frisson délicieux déclenché par les lèvres et les mots de la rousse. Le verre de vin fut englouti, mais là encore, rien ne s'apaisa, bien au contraire. Ses joues la brûlaient et son esprit était sens dessus-dessous. Elle avait chaud, sa robe la torturait tandis que sa frêle poitrine mouvementée éclatait le tissu de manière de plus en plus chaotique. Les prémices de la perte de conscience ... ou l'inconscience.

Elle détourna le regard et tomba une fois encore sur Félicie qui usait et abusait de tous ses charmes à la fois, tranchant nettement avec l'atmosphère sophistiquée de la Rose. Un sourire passa sur les lèvres adolescentes, spectatrice de cette comédie dont les traits forcés l'attendrirent. Cet intermède lui permit de se reprendre un peu.

Mais c'était un répit de courte durée : la jeune innocente surprit les regards échangés entre les deux rousses. Et si elle ne comprit pas ce qui se tramait, elle sentit qu'elle basculait doucement vers un nouveau pan de sa vie ...
--Ocean.


Océan vit le signe de la Rousse, elle servit un autre verre a Ariane, elle pauvrette aller avoir la tête dans les vapeurs.

Elle servit les verres des autres clients, soiffards qui dormaient presque sur le bar, et emplis le cruchon demandé. Elle chercha ensuite quel serait l'alcôve prévue pour les deux femmes.

Océan, passa devant toutes, et la plus discrète lui parut parfaite. Elle posa la carafe a l'intérieur. Puis elle quitta la pièce aussi vite qu'elle était venue. Retournant derrière son bar.

Arrivée là, elle se servit un verre, elle commençait a avoir soif, La fille avait vraiment soif désormais, elle vida un verre d'eau de vie. Puis retourna a sa vaisselle. Tranquillement elle s'accouda contre le bord du comptoir, et regarda la salle, l'évolution des hommes et des femmes était assez amusante, La reine discutait avec une dame qui ne semblait pas de la cours, et Félicie tâchait d'attirer son client.
--Eulalie_la_rousse
Elle ne s'était pas trompée sur l'estimation du prix de son plaisir. La maquerelle avait acceptée la proposition, la bourse étant partie dans le coffre et le mouvement de tête étant significatif. En plus, elle montrait le lieu de leurs amusements. Oui, pas de doute, tout était bon.

Puis ce regard... Oh oui, pas de doute, il était assez clair comme cela. Et oui, la rouquine espérait que la Reine de ses lieux trouve un peu de temps... Elle s'imagina déjà avec la vierge et la rousse... Et un grand sourire s'afficha sur son visage.

La catin revînt vers la pucelle. Elle-ci semblait un petit peu dans ses pensées. Elle lui prit délicatement la main et la conduisit vers l'alcove montrée par la dame de la Rose Pourpre. Lorsqu'elles arrivèrent, la jeune femme derrière le bar avant déjà déposé la cruche. Rapide celle-ci!

Le temps de fermer les tentures, elle jeta un dernier regard à la rousse.

Les voilà toutes les deux dans la discression de l'alcove. La rouquine s'assit sur un des sièges et invita la vierge à la rejoindre. Elle servit deux nouveaux verres et en tendit un à la pucelle.


Tu n'est pas obligée de le prendre, Ariane. Peut-être te permettra-t-il de te détendre à moins que tu ne te trouves déjà bien comme cela.
________________
--Zabo


La jolie brune attendait, elle espérait... elle espérait beaucoup, son avenir dépendait de la réponse de la Succube. Elle revoyait le petit château niortais où elle aurait du passer ses jours, elle revoyait le visage congestionné de son mari alors qu'il tentait de la forcer et un frisson d'appréhension lui secoua l'échine. Si on ne l'acceptait pas ici, il lui faudrait fuir, plus loin encore... ou crever dans la rue. Elle avait déjà eu tant de mal à s'enfuir, à trouver moyen de relier Paris, chevauchant jusqu'à tuer la carne qui lui servait de monture. Elle n'en avait cure. Elle était prête à tout.

Et la Dame hésitait, Zabo, nerveusement se triturait les mains lorsque tout à coup la belle rousse prononça son jugement. Le visage crispé de la jeune fille se détendit et elle lui adressa un grand sourire
.

Oh! Merci ma Dame! Vous n'aurez pas à vous plaindre de moi, soyez en sûre et votre bonté sera récompensée. Merci mille fois!

Dans un geste candide, elle lui prit la main et l'embrassa avec fougue, puis, obéissante, elle regarda autour d'elle. Elle allait devoir s'intégrer aux jeunes femmes qu'elle voyait et se faire une place ici, elle allait devoir oublier une partie de son éducation et tenter de se fondre parmi elles. Mais elle était bonne comédienne et était terriblement déterminée. Il lui fallait maintenant trouver d'autres vêtements et un lieu pour se changer.

Ne sachant pas trop où aller, voyant que la Succube était occupée et ne voulant pas la déranger, elle décida de prendre l'initiative d'elle-même et se glissa derrière le comptoir, dans une pièce attenante. S'y trouvait effectivement se dont elle avait besoin.

Elle ôta donc sa robe, pensant qu'une fois lavée et retravaillée, elle pourrait encore être utile pour n'importe qu'elle utilisation, autre qu'une robe de mariée.

Elle farfouilla dans les vêtements épars, ça et là et dégotta un corsage noir et une jupe pourpre. Elle serra le corsage, suffisamment pour faire ressortir sa poitrine. Un peu de maquillage et le tour serait joué. Un peu de poudre pour la rendre un peu plus pâle encore, les cheveux détachés, longue chevelure jais lui descendant jusqu'à la taille, les yeux rehaussés de noir, les lèvres carmines. Elle sortit et se présenta à nouveau devant la Succube, inclinant légèrement la tête.


Voilà Ma Dame, je suis fin prête, à vos ordres et à la disposition des clients.

Levant son regard vers celui de la belle rousse, elle sentit ses joues s'empourprer. Aucune question n'avait été posée, elle en bénissait le ciel, sans doute la Succube pensait qu'elle n'était plus pucelle et ayant déjà l'impression d'être un chien dans un jeu de quille, elle préféra ne rien dire.

Elle s'assit au comptoir nonchalamment, dans une pose alanguie, remontant suffisamment sa jupe pour laisser voir la naissance de ses cuisses, un léger sourire naissant sur ses lèvres.
--Ocean.


Océan vit la nouvelle passer derrière son comptoir, elle la salua, mais resta accoudée, elle observer, elle l'entendit fouiller, avec un sourire, elle se dit qu'elle allait surement être lâchée parmi les mains avides, comme la douce Ariane sans avoir jamais rien connu des rites de l'amour.

Océan vida un verre, le nettoya, puis voyant réapparaitre la jeune femme, elle retient un sifflement, jolie, très mise en avant. La belle nouvelle s'accouda au comptoir et attendit alanguie, le rouge aux joues.

"Tu veux un verre?" Lui demanda Océan de sa voix grave. " ça ferra passer le trac et le temps." Avec un sourire Océan lui glissa un verre vide prés du coude, il ne demandait qu'a être remplit.
--Le_charmeur
Le charmeur était attablé, il observait les vas et viens des habitués et des femmes de joie. L'avenir de la pucelle était entre les mains de la jeune femme avide de plaisirs féminins. Il eut presque un sursaut quand Félicie, il comprennait maintenant son nom, l'embrassa sur le front. Prétentieuse, jolie et terriblement sûr d'elle, hum ce soir il allait fêter ça dignement avec elle. Cette dernière phrase embrasa ses sens. Si la tenancière voulait avoir sa bourse, il sera fait selon ses désirs.
Il alla voir la tenancière au bar et après avoir échangé les formules d'usages, il lui mit une bourse bien remplie dans la main.


Avec ceci, cela ira sûrement mieux. Vous savez choisir vos femmes de joie, très mignonne cette Félicie. Puis-je me retirer dans l'alcôlve avec elle ou vous souhaitez compter les pièces?

Il attendit la réponse avec un sourire. Il était sûr de lui, comme un poisson dans l'eau. Cet endroit lui paraissait maintenant familier...
Monseigneur Tual, incarné par Gandrel


Au commencement.

[À complies 1, sur les pavés parisiens]

Les pas d'une cadence rapide mue par un énervement dû à l'exaspération martelaient le pavé parisien.
Décevant, frustrant, honteux. Les adjectifs ne manquaient guère dans la bouche de Monseigneur Tual, pire encore, il les taisaient. Ces mots restaient donc à tourner murmure silencieux dans sa bouche, réveillant une envie de dégobiller, souillant sa personne et gâchant sa soirée. Paris, ville décadente, puante cité.

Son regard fixait le sol, bien qu'il tenait le haut du pavé
2 il surveillait où il mettait les pieds afin de ne pas souiller ses chausses et le bas de sa cape de quelque triste matière organique. Son carrosse devait le rejoindre sur une place plus loin afin de l'attendre, il avait eu besoin de marcher. Son escorte, deux solides gaillards lui permettait de marcher au plus haut. Les rues pavées étaient en forme de V de façon à ce que les eaux pluviales et usées ainsi que les ordures s'écoulent au centre. Les personnes les plus pauvres devaient faire place aux personnes de la noblesse de façon à ce qu'elle se trouvent sur le bord, donc sur la partie la plus haute, le plus éloigné des odeurs.

Afin de retrouver contenance quant à son exaspération, l'homme d'église comptait les porphyres
3. À l'angle de la rue, un chien aboyait, l'on pouvait aisément compter ses côtes et ses touffes de poils lui donnaient un air maladif. Bien qu'il aurait plutôt fallut mentionner l'absence de poils et la peau apparente sur de larges espaces, la disparition même de sa fourrure se trouvait tellement répandue que les zones de poils donnaient l'impression contradictoire d'être là par manque d'entretien, comme de mauvaises herbes prenant racine en un espace dégagé. Cette vue dégouta l'aristotélicien et lui rendit courage. Il avait une mission, et il se devait de la remplir !

- Chassez cette chose. Beugla t-il en montrant l'animal du doigt à son escorte. L'un des deux milicien, mué en garde du corps pour la soirée dégagea une plommée 4 et, après avoir veillé avec un regard malveillant que nul ne profite de sa distraction passagère pour s'en prendre à son client, il fonça sur l'animal au pas de course.

Les passants, c'est que bien trop de monde errait encore dans les rues malgré l'heure tardive, preuve même aux yeux de l'homme d'église et du milicien qui l'accompagnait qu'il ne s'agissait que de vermine. Quel travailleur honnête peut sortir en les rues à la nuit tombée ? Quel bien aimé fils du Très-haut ne dors pas sous son toit auprès de sa pieuse famille tout en sachant qu'il lui faudra se lever bien avant la prime
5 pour agrémenter de quelques légumes et morceau de gras un potage. Dépravés, êtres dépravés. Lie de l'humanité, vous avez de la chance, une chance inouïe que le seigneur soit un Dieu d'amour et empli de pitié. Vous ne le méritez pas.
Regardez les comme ils sont gras, regardez les comme ils sont miteux ces individus, qu'ont ils tous à nous regarder ainsi, baissez les yeux bandes de chiens, baissez les yeux, baissez la tête ! Oh que la servitude vous ferait du bien, triste était cette époque de plus en plus permissive.
Monseigneur Tual grognait, plissant des yeux, préférant compter son septante-quatrième pavé en porphyre rouge dispersés au milieu de ceux en grès, en granite, en calcaires, en marbre, et aussi les porphyres vert, mais bon, le manque d'éclairage ne permettait pas de les distinguer convenablement sous cette crasse urbaine.
Valait mieux compter les pavés plutôt que de devoir regarder le visage de ces gens, leur tête malsaine le mettait mal à l'aise et éveillaient en son être profond un dégout tel que des envies violentes naissaient. Et en tant qu'homme d'église et de piété, il s'arrangeait comme il pouvait pour que cela ne l'atteigne pas.


Crac
- KaïÏÏÏ ! Lâcha l'animal.
Crac

Silence. À travail bien fait, point d'agonie. Il avait chanté sa dernière complainte. Personne ne le pleurerait.
L'escorte et Tual rattrapèrent le premier garde et passèrent devant le corps sans un regard. Le serviteur du Très-haut, levant enfin les yeux du sol pour éviter de croiser l'ignominie accorda un bref signe d'approbation au sourire serviable de l'assassin. Celui-ci se montra fort satisfait et espérait, en contentant son client, obtenir quelques écus supplémentaires quand viendrait l'heure de la paye.

Le garde poussa l'animal au milieu de la rue au niveau du caniveau avec les autres immondices se disant que, vu son état celui-ci n'en avait surement plus pour longtemps de toute façon. Et, si l'animal était aimé par le peuple et protégé par la loi pour de nombreuses raisons, il était lui-même homme de loi et la bête tout autant honnis par l'église qui l'avait banni car l'animal possédait la réputation d'être une des incarnations préférées du diable. D'ailleurs l'église interdisait à ses clercs de posséder un chien ; ils ne devaient ni chasser avec eux, ni les accueillir sous leur toit.
Il rattrapa aussitôt les deux autres.




[Vingt minutes plus tard]

Un cri, un ignoble cri silencieux, voilà ce qu'était la grimace affichée par Monseigneur Tual en sortant du troisième établissement de sa liste.
Ô Firmin, ton incompétence m'exaspère, quel est donc ce serviteur qui envoi son Maitre en de tel lieu ? Un ingrat. Ô Firmin, que tu me chagrine. Telles sont ses pensées envers son fidèle serviteur à présent. L'endroit d'où il sort puait l'urine et l'alcool frelaté, plus encore que la rue. Même le mouchoir odorant de son nouveau parfum posé sur la bouche et le nez n'avait pu effacer l'immondice du lieu. Et pourtant, c'est qu'il n'avait pas eu la main leste avec le parfum, le mouchoir en était encore humide et empli de vapeur.
L'intérieur de la bâtisse aux couleurs délavées, passées et trépassées annonçait la fadeur des maigrichonnes putains desséchées. Nul besoin d'un architecte pour constater que les couches successives de peintures soient plus épaisses que ces femelles, bien qu'à l'inverse les catins étaient plus cloquées et ridées que l'ornementation murales. Le seul point litigieux serait ostensiblement d'une rare difficulté à départager. Qui des murs ou des travailleuses pouvait se vanter d'avoir le plus de champignon ? Je vous prie de croire que personne de censé ne voudrait se pencher sur ce mystère, pourtant côté champignon, un mycologue
6 pourrait sans aucun doute se constituer une belle collection et peut-être même découvrir de nouvelles espèces.

Au bout de quelques pas, Monseigneur Tual lâcha un juron inaudible au milieu d'un grognement qui, lui, s'avérait très audible. Le tout en froissant et jetant la feuille de vélin sur laquelle Firmin, le serviteur, avait noté les adresses des établissement. Ses enjambées se brusquèrent, il fallait qu'il s'éloigne de ce lieu. Et vite.
Cent vingt deux. Argh j'enrage ! Cent vingt trois...


Un peu plus tard, son cœur battait la chamade d'avoir soutenu telle cadence. La sueur dégoulinait, son moral aussi. Encore une soirée gâchée.
Il s'arrêta et tenta de se repérer, voilà qu'il s'était égaré. Quelle contrariété. Mais bon, il pouvait toujours se faire guider par sa garde afin de rejoindre son carrosse.
Cherchant des yeux quelque repère, une pancarte l'interpella. La rose pourpre. Tel un taureau il souffla des narines, entre l'exaspération et l'intuition. Une telle appellation ne pouvait que désigner un lieu de débauche... peut-être...


Bam bam bam

Main de bronze actionnée, il aura sa réponse dans un instant.



1. Complies : peu après le coucher du soleil et juste avant le coucher.
2. Tenir le haut du pavé : signifie aujourd'hui avoir une bonne place dans la société, l'expression vient de là.
3. Porphyre : l'une des matières dans laquelle est taillée les pavés, notamment les rouges qui viennent du porphyre rouge. Ben oui, pourquoi faire compliqué ?
4. Plommée : un dessin à la place d'un long discours. Une plommée.
5. Prime : l'aube. Oui je sais je vous fatigue, mais bon, un homme d'église pense en horaire d'église...
6. Mycologue : botaniste spécialisé dans l'étude des champignons.
--Zabo


La jeune fille avait une légère boule à l'estomac, mais elle n'en montrait rien. Sa détermination et sa volonté étaient plus forte, il le fallait, elle le devait.

Jambes croisées, les laissant librement se balancer le long du comptoir, elle plongea ses opales dans les yeux d'Océane. Un geste gentil, une attention. Zabo appréciait, elle était même touchée d'un tel accueil.

Elle savait comme le monde pouvait être dur et elle avait redouté la confrontation avec les autres femmes de l'établissement. Elle savait très bien que l'entente cordiale entre les femmes n'était pas toujours innée. Souvent c'était même la lutte à couteau tirée. Elle se rappelait les bonnes de la maison de son père: des marchandes de poisson.

Mais la jeune fille qui se trouvait au comptoir avait un sourire sincère et une voix chaleureuse. Zabo prit le verre et lui adressa un sourire.


Merci bien, ça ne peut pas me faire de mal! Je suis Zabo et... et toi?

Fini les vouvoiement et l'air guindé, elle était chez elle désormais ici et elle faisait partie de la maison, il lui fallait prendre le bon ton. Elle tendit le verre à Océan.

Tu aurais quelque chose... d'assez fort, s'il te plaît?

Il faudrait bien çela. Elle n'avait pas peur et le trac, elle savait le gérer. Non, ce qu'elle voulait, c'était ne rien laisser paraître, rester de marbre. Elle ne savait pas ce qui l'attendait, elle n'en avait aucune idée si ce n'est le souvenir de bribes de conversation qu'elle avait entendue sur les maisons closes. De toute façon, ça ne pourrait pas être pire que l'avenir qui lui était réservé.

Un bruit à la porte. Elle sursauta, quelqu'un frappait. Sa gorge se serra un peu et elle regarda à nouveau Océan, se raccrochant à la gentillesse de la jeune femme et attendant impatiemment l'alcool bienfaiteur.
--Felicie
Le dû avait été payé. Après l'approbation de la Succube *, Félicie alla rejoindre la reine et le charmeur. Elle prit la main de ce dernier, et passa devant lui pour le mener dans une alcôve, prenant bien soin de faire d'amples mouvements des hanches durant le parcours, pour aguicher le client. Arrivé dans l'alcôve, Félicie tira les rideaux.

Il fait chaud ici, ne trouves-tu pas ?


Souriant à l'homme, elle défit son corset, laissant apparaître sa poitrine nue. La forme rebondie, le galbe attirant, les rougeurs à l'extrémité attiraient incontestablement l'œil.

Puis-je savoir ton nom ?

Sans lui laisser le temps de répondre, elle le désigna du doigt des pieds à la tête.


N'as-tu pas chaud non plus toi aussi ?

* Je considère que tu as donné ton accord au charmeur LS
--Ocean.


Océan adressa un sourire a la Nouvelle qui n'avait pas l'air plus rassurée que cela. Elle n'était pas une catin, elle n'était que serveuse, et elle n'enviait pas du tout le statu des filles de joies. Mais au moins elle avait un travail, le lieu était spéciale, mais elle pourrait vivre.

"Je suis Océan, bienvenue parmi nous."

Océan attrapa une bouteille et versa dans le verre tendu, ça allait lui bruler l'œsophage, mais au moins elle perdrait un peu sa peur qui lui marquait le visage.

" Alors, comment es-tu arrivée ici toi? "

Océan la regarda, appuyant a nouveau ses coudes sur les comptoirs et calant son menton dans ses paumes, elle était curieuse, peut être trop, mais il fallait que la Fille se sente bien ici, qu'elle est confiance, ensuite elle n'en serait que bien plus voluptueuse et accueillante pour les clients, une fille nouée par la peur et tremblante ne vaut pas grand chose, de l'audace, des sourires, des gestes désinvoltes et sensuels, la recette pour attirer dans le miel du bordel les plus belles bourses de paris.
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