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La Rose Pourpre, Bordel des Miracles (2ème partie)

--.ariane.


Au contact de sa main sur la sienne, cette peau encore douce et dépourvue de cales, une main qui n'avait probablement guère travaillé aux champs ni à l'échoppe, mais une main assez ferme pour conduire un destrier, sans aucun doute ... (Ça travaillait dur dans la petite tête d'Ariane.) Au contact de sa main, donc, son ventre se serra légèrement, mais déjà ils avaient quitté la rive, quitté le contact rassurant du bois du comptoir, solide ponton, et ils voguaient vers l'aventure. Toutes voiles pourpres dehors. Sauf que la mer est peuplée de bêtes effrayantes et Ariane se cacha bien vite derrière Liebault pour éviter l'imposant personnage masqué venu porter missive. Bien heureuse de ne pas tomber sur ce genre de client-là.

A son tour, elle entraîna le jeune homme à l'opposé de cette scène dont elle ne verrait pas la fin. Une tenture, un escalier éclairé de bougies, un couloir sombre ... essoufflée, Ariane riait nerveusement pour ensorceler sa peur, avec la douce et enivrante impression d'avoir échappé au diable. De ces frayeurs que les enfants aiment se donner en traversant les couloirs obscurs. Ils coururent encore jusqu'au bout, où une fenêtre donnait sur le ciel vaguement clair d'un matin prochain, où le noir et le bleu marine s'émaillaient des prémices de l'aurore. Quand elle se tourna vers lui, sourire enfantin rempli de malice, boucles claires échappées dans la course, éparses sur ses épaules nues, elle avait perdu le masque pâle de la poupée décorative que les lumières figeaient. Ici le bleu de la nuit les enveloppait, les tenait à part. Elle posa sa main libre sur sa poitrine encore chahutée par son souffle chaotique et parvint à articuler :


Vous avez eu peur ?

Elle, même pas peur, et déjà oublié l'incident. Ariane regarda en bas, les toits brillants de lune, peut-être celui de la bicoque de ses parents, dans le lot, et une ombre furtive dans la rue noire.

Oh regardez, il est là.
--Liebault


Son premier réflexe à l’apparition du dangereux personnage, c’est la fuite. SI possible en poussant un cri de pucelle pour que sa garde personnelle s’engouffre dans le bordel et le sorte de là. Sauf que. Sauf que déjà, il est un homme, maintenant. La preuve ? Ariane se cache derrière lui. Alors il bombe un peu la poitrine, pour faire genre, et il réfléchit à toute vitesse. Qu’aurait fait Thorvald, à sa place ?
Question idiote. Thorvald n’aurait pas laissé entrer l’homme, pour commencer. Ou en tous cas, l’aurait jeté dehors pour avoir terrifié une jeune donzelle de l’établissement. Non ?
Mais lui, il n’avait pas les muscles de Thorvald pour faire ça. Il comptait beaucoup sur les muscles de sa garde personnelle, depuis l’enfance. Puisque lui n’entrainait que son cerveau. Il était temps de mieux répartir tout ça. Cela ne servait visiblement à rien d’être intelligent dans des situations comme ça. Alors qu’un bras musclé, si.

Enfin, heureusement, le masqué sortait, et Ariane l’entrainait encore plus loin dans les corridors, dans une course de gamins, main dans la main, jusqu’à la fenêtre.
Il sourit, lorsqu’elle s’arrêta, détaillant son visage, ses traits fins qui se révélaient tels qu’ils étaient réellement. Sourire à la croisée des chemins entre la malice des gamins en pleine bêtise, l’attendrissement d’un ainé pour sa puinée, et le début de désir dans les yeux d’un adolescent s’initiant à l’amour.
Peur ? Lui ? Évidemment qu’il a eu peur.


Pas du tout. Je n’ai jamais peur. Je vous protègerais s’il revient !

Il est là ! Où ça ?! Instant de panique cérébrale du gamin. Pourvu que le masqué n’ait pas entendu sa fanfaronnade, sinon il était juste mort.
Ouf ! Dehors. Il est dehors. Soupirant imperceptiblement, l’adolescent enlace la jeune fille, se glissant derrière elle pour observer la nuit noire et glauque de la Cour. Le frêle corps pressé contre le sien le fait se sentir homme, encore. Il est plus grand qu’elle, il a l’air de la protéger. Comme un gra… un homme.
Malgré lui, il inspire son odeur, il la trouve agréable. Il rougit, encore, comme un puceau. Honteux des pensés qui le traversent. Heureusement qu’il est derrière elle, elle ne le voit pas. Et la nuit les enveloppe. Un murmure lui échappe, à nouveau.


Vous avez quel âge, Ariane ?
_________
--.ariane.


Dommage qu'on n'ait pas de projectiles.

La voix était enfantine, de celle qui serait prête à faire les pires âneries pour passer le temps et échapper aux adultes de la Rose. A l'abri derrière la vitre, Ariane regarda l'endroit où l'ombre du Masque avait disparu, mais l'encre de la rue brouillait les contours et déjà la cour semblait avoir repris sa fausse tranquillité, telle la surface d'un lac noir. Une eau qui dort ... Mais elle n'avait plus peur, Liebault la protègerait, ne l'avait-il pas dit ?
Déjà d'ailleurs, il l'enveloppait de ses bras, l'empêchant se noyer dans les ténèbres.

Étrangement, elle frissonna, sans savoir comment se l'expliquer : la frousse après coup, la fatigue de cette longue nuit blanche, ou l'appréhension ? Pourtant elle n'avait rien à craindre de lui ... normalement. Elle tourna lentement la tête, sans chercher à échapper à son emprise, et leva les yeux pour guetter une éventuelle lueur assassine. Mais rien de tout cela. Alors son corps frêle se détendit et s'appuya contre celui, chaud, du jeune homme.

Ce fut lui qui rompit le silence en lui demandant son age. En bas, avec les clients, Ariane disait qu'elle avait l'âge d'être femme, en bombant légèrement ses petits seins. Et c'était vrai puisque déjà elle comptait les lunes. Mais ici, dans ce cocon de pénombre, l'heure n'était plus à la vente. Comme des gamins qui se cachent sous les tables et se croient à l'abri, ils faisaient connaissance avec un brin de sincérité maladroite.


Treize, et vous ?

Confiante, elle posa ses mains sur les siennes, et regarda la nuit sans la voir.
--Ocean.
L'océane observait la salle, nettoyant tranquillement son comptoir, ses verres, rangeant bouteilles et arrangements pour le rhum, quand soudain elle vit l'étrange manège du masqué, plus qu'étrange en vérité... Que venait-il donc de glisser a la jeune catin...

La curiosité prit place dans les yeux bleus de la jeune femme, et elle siffla la catin qui s'approcha, une carte de tarot entre ses mains tremblantes, elle avait l'air foutrement secouée !
Océan attrapa la carte et zieuta... Un joker rouge sang, quelle étrangeté !
La garda la carta en espérant voir revenir rapidement sa Reyne pour comprendre le fin mot de cette histoire.

En attendant cela, elle se pencha vers le jeune qui miaulé a son comptoir comme un chat attendant son pâté, elle lui fit un sourire et le regarda.

"ça dépend mon mignon, tu veux quoi?
" Elle s'enhardissait avec les heures filante de la nuit, elle prenait pied dans les lieux, et commençait a savoir comme y faire...


--Liebault


Treize ans. Elle faisait plus jeune, comme ça, dans le noir. Il sourit, l’embrassa sur la tempe, rougissant de plus belle.

Je crois que ma fiancée a le même âge que vous.

Il croyait, il n’en était pas certain. Il n’avait jamais rencontré la pucelle en question. Tout ce qu’il espérait, c’est qu’elle ait un peu d’esprit. Qu’au moins les soirées d’hiver soient occupées à de pieux bavardages.
Enfin, depuis ce soir, il se prenait à la vouloir jolie, aussi, et aimant les choses de l’amour. Il en demandait surement trop.
Il sourit à nouveau, pressant légèrement plus le corps enfantin contre le sien, guère plus adulte. Sans avoir une seule seconde conscience que sa phrase pouvait blesser une jeune fille. Boulet, jusqu’au bout.
Malgré lui, il nicha son nez dans le cou de la jeune fille, inspirant à nouveau son odeur.


Pourquoi faites vous ça ? Vous êtes trop…

Il se tut, conscient de s’immiscer trop dans la vie privée de la catin d’un soir. Craignant qu’elle ne se sente jugée.

______________
--.ariane.


Un instant, elle se crut à l'abri, à l'ombre de ses bras. Leurs regards vers la nuit, leurs esprits l'un vers l'autre tournés. Quelle douce sensation. Mais elle faisait l'erreur que toute bonne catin doit éviter, se livrer, avec sa réalité pure, s'attacher, imaginer qu'il la sauve de sa misère. Les Cendrillon deviennent bien Princesses dans les contes ... Qu'il l'arrache à la rue, à la cour glauque et ses violences, qu'elle retrouve des couleurs. Mais le couperet tomba, si aiguisé qu'elle ne ressentit pas la douleur tout de suite ... "ma fiancée".

Oui, forcément, pouvait-elle être idiote ! Il était promis à une fille de noble. Elle sentit soudain dans sa poitrine quelque chose prendre flammes.
Son cœur sombra en cendres.

Elle pâlit de nouveau. Elle n'était que catin ... et encore, même pas catin faite. La sauvagerie de la situation se rappela à sa mémoire. Elle était là pour vendre sa virginité. Pourquoi ...


Pourquoi faites vous ça ? Vous êtes trop…

Oui, pourquoi, elle ne s'était jamais posé la question. Parce qu'on lui avait dit de le faire. Parce que sa mère l'écorcherait vive si elle désobéissait (comme les chats efflanqués qu'elle ramassait dans la neige en hiver pour en recueillir le pelage et faire de la soupe du reste).

Sa voix était éraillée quand elle reprit le dernier mot :


Trop ... trop jeune ? trop maigre ? trop ... Achetez-moi, messire, je vous en supplie.


Elle s'était retournée et levait vers lui des yeux de biche égarée. Elle savait que ça ne devait pas se passer ainsi, qu'il lui fallait attendrir le client, l'enjôler, le caresser sûrement, lui donner envie d'elle, se faire chatte désirable et sensuelle. Mais ses mains ne savaient pas, et ses lèvres ignoraient.

Prenez-moi à votre service. Je cuisine à merveille
(les chats de la mère, certes, mais elle ne le dit pas). Vous viendrez me visiter, autant qu'il vous plaira. Je serai discrète. Je vous en supplie messire, je ne veux pas rester ici. Vous avez vu les clients étranges ? Emmenez-moi.

Sans s'en rendre compte, elle avait cambré son corps frêle vers celui de Liebault et avait posé ses mains délicates sur le revers de son habit.


Apprenez-moi ...
--Fernand_
Ses deux contemporains, semblant aussi jeunes que lui, avaient quitté leur place au comptoir, et s'en étaient allés. Où d'ailleurs ? Où pouvait bien donner cette porte ? Sur les alcôves dont lui avait parlé son père ? Là où on se retirait avec une de ces filles pour apprendre ?

Mais voici que la dame qui servait les boissons se penchait sur lui. Elle voulait savoir ce qu'il voulait : ne l'avait-il pas assez dit ? De sa voix fluette, il répliqua, car lui aussi s'enhardissait pour avoir son bien.


C'que j'veux ? Mais disposer d'une des filles de c't'établissement pour passer du bon temps 'vec elle, comme elle doit savoir le faire ! C'ne doit pas être si compliqué à trouver dans c't'endroit. J'ai d'quoi payer ma d'mande ! Voilà longtemps qu'j'attends désormais !
--Ocean.
Océan éclata de rire.

"J'avais comprit le coq, mais tu vois, de catins, il n'y en a plus de libre, quant a moi je ne suis que serveuse, je ne peux rien faire de plus et tu m'en vois désolée... Je peux toujours t'offrit verres et conversation, mais a part cela, il te faut de la patience..."

Elle lui adressa un sourire charmeur mais désolé. Tout ce faisant, elle glissa un verre sous son nez, et y versa un peu de vin de champagne, faisant de même pour le sien.

"Santé, beau sir."


Lyhra
Pour la millième fois, au moins... elle avait maudit Shadahar et ses héritiers sur plusieurs générations. Ce poison qui courait constamment en ses veines, à peine ralentit par l'antidote, la jetait quelquefois dans des périodes embrumées, confondant réalité et chimères.

Thorvald l'avait soustraite aux regards et avait veillé à ce que personne ne s'aperçoive de la pâleur de ses joues ni des ombres noircissant le seuil de ses yeux. Il était le fidèle gardien de la Rose et de sa Reyne, il avait pour cela toute sa reconnaissance, et pour le reste, tellement plus encore.

Entre temps et tout au long de cette nuit, un certain nombre d'écus avait changé de poche, certains clients s'en étaient allés, satisfaits ou non, d'autres étaient entrés les braies farcies de promesses et attendaient compensation, ce qui ne saurait tarder.

Vaille que vaille les choses avaient suivi leur cours.
Avec ou sans elle la maison tournait car la Reyne Pourpre avait su s'entourer d'un personnel diligent.

Pour l'heure, à peine remise d'un étourdissement. Elle reprenait son souffle, seule, dans les cuisines, la main pressée contre son sein, main qui tenait une carte et pas n'importe laquelle...

Saint Foutre ! Que de souvenirs se pressaient sous son crâne... Il y avait si longtemps... Ses débuts au Liquoré, Danse Macabre venu virevolter une nuit dans sa chambre pour lui parler du... Masque... et cette carte... la sienne ? Tant de bruits alors avaient courus à l'époque du duel qui l'avait opposé à la Lame...

Se pouvait-il ? Etait-ce possible ? Un imposteur ?

Il fallait qu'elle en ait le coeur net. Et vite. Trop de choses étaient en jeu, beaucoup trop pour rester ainsi à attendre la suite...
Pourquoi venait-il ici, justement ?

Vite, elle se camoufla sous un mantel sombre et chaussa ses bottines de cuir. Il fallait aller chercher les nouvelles là où elles se trouvaient ...

D'ailleurs, le jour se levait... Il fallait en finir et savoir, coûte que coûte.
_________________
--Liebault


Trop jolie…

Il ignorait si elle l’avait entendu. Il essayait juste de… il ne savait pas trop bien. De savourer l’instant, surement. Le jour se levait, la nuit finissait, et il lui faudrait rentrer. Rentrer, replonger dans le grec, le latin. Et surtout, ses chers chiffres. Son père était ce qu’il était, mais il entendait remettre sa baronnie à un homme assez instruit pour la gérer sans se faire marcher sur les pieds par des intendants avides.

Déjà, elle parle de l’acheter. De se laisser acheter. Mais à qui ? A sa mère, créature qu’il exècre rien qu’à l’idée qu’elle ait pu laisser sa fille se perdre ici. Sa mère doit être morte. A la belle femme alors ? Mais elle avait disparu longtemps auparavant dans une alcôve, avec le gardien, et il ne l’avait pas revue. Et pas question d’aller parler au vieux barbon. La vieille qui le regardait comme s’il était à lui tout seul la lie de l’humanité. Et puis, pour combien d’argent ?
Parce que oui, le garçon aime les chiffres. Il sait combien vaut une servante, et il sait qu’Ariane lui plait. Et il sait que…

Il ne sait rien du tout. Le corps cambré, pressé contre le sien, le perturbe plus qu’il ne l’aurait jamais cru possible. Lui apprendre ? Mais lui apprendre quoi ?


Je ne sais rien…

Rien qu’un peu de technique, apprise en quelques secondes auprès de Ninon, la jolie Ninon à qui il apporterait un ruban pour ses cheveux, demain soir. Et rien qu’un peu des plaisirs interdits des hommes, aussi.
Certainement pas comment s’approprier une pucelle, même consentante.

Contre elle, son corps tremble. Le désir, un peu, la crainte qu’elle ne le comprenne pas, surtout. Surtout. Parce qu’elle devait le prendre pour un habitué des lieux, peut être, tout comme il avait cru qu’elle travaillait quotidiennement dans cet antre aux milles délices qu’était le bordel. Qu’elle trouvait monstrueux. Vite, vite, il fallait parler. Il fallait dire quelque chose, même se ridiculiser, pour qu’elle reste. Pour qu’elle l’aime.


Je… C’était la première fois, ce soir...

Qu’il venait ici. Qu’il allait au bordel. Qu’il touchait une femme. Qu’il touchait un homme. Qu’il ressentait du désir.

Vite, il la serre, plus fort. Pour qu’elle reste, qu’elle ne l’abandonne pas dans ce couloir sombre où ils se sont cachés, comme les deux enfants qu’ils sont encore.

_____________
--.ariane.


L'avait-elle trop supplié de l'emmener loin d'ici, avait-elle eu trop d'exigences ? toujours est-il qu'elle le vit pâlir, confronté à des questions intérieures, et descendre peu à peu du piédestal sur lequel elle l'avait elle-même juché. Il ne savait rien ... la première fois ... Elle se sentit rougir de confusion. Une vraie femme aurait tout de suite compris cela, elle n'était qu'une gamine et s'en voulait de n'avoir pensé qu'à elle, à s'échapper, à trouver refuge ailleurs, tandis que lui venait de faire le grand saut.
Dans ses yeux la crainte fit place à une naïve curiosité. A l'ombre du couloir, elle devenait presque son égale.


Et ... c'était ... comment ?
S'inquiéta-t-elle en se mordant la lèvre.
Si c'était la première fois, c'est toujours une fois de plus que moi. Vous avez eu peur ? Vous voudrez encore ?

Ariane chuchotait ses questions, comme une complice qui ne voudrait être prise en faute. Mais ses yeux étaient grands ouverts sur les explications qui allaient enfin lui être confiées.
Elle s'aperçut qu'il la serrait plus fort dans ses bras et elle s'y sentit étrangement bien, envahie d'une chaleur qu'elle n'aurait su définir. Son corps se détendit et s'appuya contre celui, à peine plus grand et plus robuste, de l'adolescent.
--Liebault


C’était… bien…

Il sourit dans la pénombre, ravi de la sentir se détendre contre lui. Ravi, sans savoir réellement pourquoi. Qu’il était bon de la sentir contre lui, ainsi. Quel sentiment de puissance, quand une autre créature s’en remet à vous !
Avant même de s’en apercevoir, il avait glissé ses lèvres dans les cheveux blonds, déposant un baiser sur la tempe de la jeune fille.


Non, je n’ai pas eu peur. Oh, le joli mensonge ! Il n’avait pas eu peur, il était terrifié à l’idée même d’entrer dans le bordel. Il n’avait pas eu peur, il avait crié comme une pucelle quand il ne comprenait pas les réactions de son corps, sous les grandes mains du Gardien. Et exulté comme un enfant quand il avait compris – car évidement, il était certain d’avoir compris – comment venaient les bébés. Mais il n’allait pas s’en vanter, ça non !

Oui, je voudrais recommencer. C’était… euh… bien.

Bien, parce qu’il était incapable de mettre des mots sur les émotions si différentes qui avaient parcouru son corps cette nuit. Fatigante, cette nuit, pour l’enfant qu’il était encore. Malgré lui, il bailla, et s’adossa contre le mur, serrant toujours contre lui la blondinette.
____________
--.ariane.


Les réponses de Liébault étaient très sommaires, mais Ariane s'en contentait, les yeux brillants, ne pouvant qu'imaginer ce qui avait bien pu se passer. Oui, que se passait-il la première fois ? L'idée l'effleura que Liébault pourrait être celui qui lui ferait découvrir sa première fois. Dans ses bras, elle avait oublié le brouhaha du rez de chaussée. Entre l'obscurité du couloir et la lumière de l'aube .. ils semblaient suspendus, hors du monde. Comme si plus rien n'existait ailleurs.

En bas, elle aperçut la Succube quitter la Rose et disparaître au bout de le rue. Ariane allait s'en étonner auprès de Liébault quand celui-ci étouffa un bâillement. C'était vrai ... ils n'avaient pas dormi et cette nuit blanche résonnait dans sa tête vide et ses membres harassés : elle bailla aussi puis posa ses boucles dorées sur l'épaule réconfortante.

Sans doute est-il l'heure d'aller dormir ... je n'entends plus rien en bas. Reviendrez-vous demain ? Je serai là, moi, puisque ...

Puisqu'encore vierge, puisque vous ne m'emmenez pas, puisque si je rentre ma mère me tue. Sa voix mourut et elle leva ses yeux noirs et embués vers lui. Elle croisa son regard, et comme mue par une volonté suprême, se hissa sur la pointe des pieds et approcha ses lèvres des siennes.
--Liebault


Dormir ?

Oui, dormir, jeune crétin ! N’est-ce pas toi qui a rendu les armes en premier, baillant avec désinvolture ? N’est-ce pas toi qui a ainsi signifié que tu souhaitais couper court, et l’abandonner ?
Ainsi donc, il est temps de se quitter. Mais il ne veut pas, lui. Pas du tout. D’ailleurs, elle ne semble pas vouloir puisqu’elle pose sa tête contre son épaule. Même qu’il trouve ça drôlement agréable, et réconfortant de la sentir contre lui comme ça. Même qu’il n’avait plus du tour envie de bouger. Ni de dormir, d’ailleurs. Même que quand les lèvres se tendirent vers lui, il y posa les siennes.
C’est que c’était diablement agréable de faire ça, il l’avait bien compris quelques heures plus tôt.

Il la serra un peu plus contre lui, pour qu’elle ne s’échappe pas. Pour qu’elle reste avec lui, pour qu’il ne se retrouve pas seul dans ce couloir sombre. Pour empêcher le jour de se lever.
Il se rendit compte qu’une de ses mains avait, toute seule, trouvé le chemin des boucles blondes, et s’était perdue dedans. Visiblement, les choses pouvaient arriver naturellement aussi, alors ?
Vite, il ferma les yeux, espérant que cela stopperait le flot de pensées saugrenues qui l’assaillaient à nouveau.

Il se laissa peser un peu plus lourdement contre le mur, puis il se souvint que les baisers dans le cou, c’était drôlement agréable aussi. Peut être que la blondinette partagerait son avis si il osait ?
Allez, il ose ! Dégageant délicatement les mèches blondes qui le gênaient, parce qu’il était très niais, mais il avait compris que tout se passait au niveau des peaux, tout de même, il posa ses lèvres sur la peau nacrée du cou, la goutant du bout de la langue, les joues rougies de la gêne que provoquait en lui son propre geste. Et il ne bougea plus, pour éviter que la jeune fille ne remarque ce rouge disgrâcieux.

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--Ninon_de_lenclos


[Indiscrète excursion vers une douce aurore reposante]

Dans les étuves presque plus un bruit, pas un signe de vie des deux "amants"... N'auraient ils fait que passer se demanda Ninon. La porte s'ouvrit alors franchement pour laisser pénétrer la ravissante brune dans son domaine vaporeux.

Un coup d'oeil à gauche, un à droite, et un haussement d'épaules qui mena notre belle en direction des escaliers. Combien de temps s'était écoulé depuis qu'elle s'était installée en ces murs...si peu sans nul doute! Mais déjà la fatigue des rebondissements de la nuit la poussait vers un repos amplement mérité.

Elle avait déniaisé un puceau dès son premier soir...aurait elle été fille de joie depuis longtemps qu'elle s'en serait glorifié telle une poulette séduisante. Somme toute la jeune femme s'en satisfaisait, un premier client...elle en verrait d'autres!

Grimpant d'une démarche assez lente les escaliers, elle se retrouva sans s'en rendre compte non loin du bar de la Rose Pourpre. Un sourire à Océan qui trônait toujours au milieu de ses bouteilles et un regard inquisiteur au lieu qui se dépeuplait...Le matin allait bientôt pointer ses premiers rayons vers eux refermant une page de plus à leur activité.
Ninon alla s'accouder au bar, interrogeant celle qu'elle pensait être une ancienne...


Dites mam'zelle du bar...s'cusez l'embêtement, mais j' pense qu' le service s'achève 'vec la nuit...Où c'est t'y qu'on est logées ici? V's l' savez?

C'est pas qu'elle voulait passer pour une feignante mais la nuit avait été rude entre son renvoi, son embauche et ses nouvelles activités! C'est à ce moment, qu'elle se rendit compte qu'elle n'avait rien manger depuis le midi et que son ventre commençait à grogner franchement.
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