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La Rose Pourpre, Bordel des Miracles (2ème partie)

--Belombre


La jeune pucelle entre distance et frémissement se retire, ses lèvres murmurant un merci et son regard un à bientôt.
Belombre est satisfait, ce soir il a posé les fondations d'une future rencontre ou cet échange verbal posera les prémices d'une conversation des sens et de la chair. Intérieurement il sourit en regardant la belle s'éloigner de lui dans un bruit de taffetas et de mousseline, laissant flotter un parfum frais dans son sillage. Pour l'instant ses desseins se présentaient sous un bon augure, restait cette part de hasard dû à l'enchère mais après tout cela faisait partie de l'enjeu.

D'un regard il aperçoit la mère maquerelle le visage affairé à ses multiples tache incombant à son rôle. D'un signe de la tête il lui signifie son départ, d'un sourire sa politesse pour l’accueil et il se dirige vers la sortie.
Tout en marchant dans la salle il prend acte des présents, du mouvement, des non dits.
Un couple attire son attention.
Ainsi les rois de la cour sont de la fête cette nuit.
Belombre connaissait les règles de la cour et leurs dominants les plus notables. Une ville dans la ville avec sa noblesse, ses codes, son dictât. Les faibles comme partout étaient dominés par les forts, leur puissance ne venait pas comme ailleurs de leur naissance mais bien souvent de leurs cruautés, leurs fourberies, leurs intrigues et il s'octroyait ici bas une légitime royauté et une fortune que beaucoup de nobles pouvaient leur envier.

Il n'en fit aucun cas et poursuivit son chemin vers la porte ou il salua celui qui devait faire office de portier.

Derrière lui se tenait dans l'encadrement une très belle femme à la chevelure de jaie et aux yeux aussi sombres que les siens. Décidément la rose cachait entre ses pétales des joyaux pouvant combler les hommes même les plus aguerrit ou les plus difficiles. Ses yeux scrutèrent un moment les courbes de la brune promesses de volupté et de sensualité. Son oeil un moment fut attiré par une très jeune fille. Une servante? Un bouton en apprentissage?

Un bonsoir en guise d'excuse pour sortir et une pluie fine pour accueil de la rue. Changement radical de décor: du luxe à la pauvreté, de la douceur à l’âpreté; de l'élégance à la grossièreté, de la lumière à l'ombre...
Il pose son regard sur une autre jeune fille qui incarnait tout cela en comparaison à celle entraperçue quelques secondes plus tôt.
Une pièce jaillit de sa main qu'il dépose au pied de l'enfant des rues et il se fond lui-même dans les ombres de la nuit.


Lyhra
Finalement ces deux là venaient fort à propos pour remplacer la défection de certaines des filles, comme Nérée ou Carinya qui avaient disparu dans la nature... Pourtant, elle n'était pas dure avec ses employées, les conditions de travail étaient bonnes, bien meilleures même que dans bien des bordeaux d'ici ou d'ailleurs et les clients étaient souvent agréables, sinon généreux.

Elle secoua la tête, dépitée, même Aemiliana lui faisait défaut ? Mais que leur fallait il de plus ? Elles n'avaient décidément aucune reconnaissance, aucun respect pour celle qui leur permettait de vivre décemment, voire mieux. Jamais la Succube n'avait violentée l'une d'elle, pas faute d'avoir eu envie quelquefois... et leur comptait une juste rétribution pour leur « peine », un toit, une chambre, de quoi manger et en suffisance, mais il y avait bien plus encore, elle leur offrait une famille, un clan, une protection, une position enviée par la cohorte des pauvres bougresses qui arpentait les trottoirs.
Mais non, ça n'était pas assez, ça n'était jamais assez. La Reyne pourpre un jour finirait par n'être plus si arrangeante... mais ce jour n'était pas encore venu. Pas encore ...

Elle venait d'embaucher un lot, des jumelles et l'idée d'un gain doublé la rassérénait. Chloé allait leur indiquer les choses à savoir... Combien de temps elles resteraient ? .... Baste. On verrait bien....
Elle remercia Obscure d'un sourire. Celle ci, elle l'avait mal jugée, et finalement se révélait efficace, discrète et loyale. N'empêche, elle saurait la récompenser. Il fallait qu'elle y pense.

Entre temps Rexanne avait éconduit le client... celui qui avait payé pour Rodrielle et qui sautait par dessus le comptoir, fringuant comme un étalon, elle avait du le laisser au frais dans la ruelle qui longeait la Rose, on y était bien pour observer la course des étoiles au dessus de la Cour... et puis le quartier était tranquille. Personne n'oserait faire du grabuge si près de la Rose Pourpre...

La Succube était remontée sur son tabouret et d'une main tremblante avait versée la poudre rouge dans une coupe, puis du vin, fort, pour en masquer le goût, et l'avait bue d'une traite, éloignant le mal pour quelques heures.

Barthélémy ne quittait guère les alentours de Rexanne... ces deux là finiraient dans la même couche et c'était tant mieux. Pour de vrai. La Succube enviait sa tavernière qui aurait les bras de cet homme tranquille et fort autour d'elle... qu'en serait il d'elle même pour les nuits à venir ?
Belombre qui partait la tira de ses sombres réflexions, elle lui répondit sur le même ton, la tête gracieusement penchée et espéra secrètement qu'il remporte la vierge parce qu'elle était certaine qu'il saurait s'occuper d'elle comme il fallait.
Son regard glissa sur Démétria avec affection, compassion même mais de cela elle n'aurait pas convenu la tête sur le billot.

La course de la nuit touchait à son but. Bientôt l'aube poindrait et surprendrait les noctambules... Demain était un autre jour, une autre nuit, celle d'un hymen chèrement vendu, du moins c'est ce qu'elle espérait... mais elle n'avait qu'une offre et c'était loin de ce qu'elle avait espéré.

Thorvald avait disparu derrière les tentures et de cela au moins elle pouvait se féliciter, malgré les réticences de Chloé, le nouveau portier faisait admirablement bien son travail...

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--Thorvald
Tandis que la visiteuse parlait, le client aux enchères sortit. Thorvald le salua en retour, le regarda un instant s'éloigner avec classe, et reposa les yeux sur la brune.

Elle était plus âgée qu'il n'avait d'abord cru, mais fort jolie. Il ne la questionna pas sur l'objet de sa venue ; ce n'était pas son rôle. Il réprima cependant un sourire au "dame de compagnie". Celle-ci se foutait de sa poire, c'était sûr. Mais si ça lui plaisait de se la jouer grande dame, ce n'était pas lui qui allait gâcher son plaisir. Il se contenta, d'un œil expert et vif, de vérifier qu'elle n'était pas armée. Ses yeux glissèrent sur ses formes aguicheuses, plus par habitude que par plaisir.


Entrez et déposez vos armes. Je vais vous mener à la Reine Pourpre, vous et votre ... dame de compagnie.


En reprenant ses mots, il lui décocha un sourire entendu, puis il recula sensiblement sa grande carcasse pour laisser un passage suffisamment large.

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--Tarah

Un sourire moqueur pour lui rappeler qu'ici elle n'était rien de plus qu'une gueuse. Tarah serra les dents, si l'urgence n'avait pas été là elle lui aurait décoché une phrase assassine, mais elle ne pouvait pas se le permettre.

Elle entra, Léna à sa suite.
Qu'est ce qu'il imagine le bellâtre là! Que c'est ma fille! Une blondinette aux yeux verts!
La brune fulminait, rien n'arrivait à apaiser la colère qui grondait en elle depuis sa débâcle. Il avait fallu une étincelle, cette garce de Roxanne, et cette blonde de Marilyne pour tout fiche en l'air.

Par pure provocation elle posa son pied sur le guéridon servant à déposer les armes, remonta ses jupes les laissant glisser sur sa jambe galbée et décrocha de sa jarretière la petite lame pour la déposer dans la panière.
Entre les tentures elle tenta de voir l'intérieur du bordel. Le parfum était enivrant après les odeurs nauséabondes du dehors. La chaleur commençait à la réchauffer un peu et elle se décida à dégrafer sa capeline pour laisser apparaître ses épaules nues et rondes. Sa robe sombre au reflet cuivré laissait entrapercevoir un décolleté pigeonnant. Elle tendit le pardessus à Léna puis en regardant l'homme avec un sourire qui se voulait aimable.


Nous vous suivons.


--Loane
La tête mouillée. Son pauvre capuchon qui la recouvrait a glissé, et la fine mais drue pluie a vite fait de tremper ces cheveux court. Des gouttes coulent le long des joues de la petite crasseuse. Larmes ou pluie ? Elle même n'en sait rien. Cela fait longtemps qu'elle n'a pas pleuré. Et c'était de rage. Mais là, comment dire ? C'est juste qu'elle avait pris trop à cœur cette histoire de jolie robe. Qu'elle avait trop rêvé. Mais une petite saleté comme elle, rien ne pourra jamais lui arriver de bon. Et la jolie robe aux côtés de la grande noire sont à l'abri. Un homme leur parle, malgré que la mendiante ne le voie pas, son habit rouge se reflète dans les flaques d'eau.

On se reprend vite. Souffle. Sa manche vient essuyer son visage, et le capuchon revient surmonter la touffe de cheveux. Les yeux s'essayent à redevenir durs, mais une sombre tristesse transparait. Elle s'accroupit, entoure ses genoux de ses bras. Le ventre gronde, mais la petite boule regarde hypnotisée l'entrée du bordel.
La petite grincheuse et sûre d'elle a disparue. La pluie, la fatigue et la faim, sans compter cette histoire de jolie mioche perdue l'ont effacée.
Aimerait-elle être à la place d'une de ces jolies femmes, qui séduisent les hommes en multipliant tours et doux sourires ? Avoir un foyer chaud et à quoi manger ? Être maquillée, pomponnée et vêtue de magnifiques robes dévoilant ses plus beaux avantages ? Mais où était sa beauté, et ses avantages, à elle ?

Un homme sort du bordel, passant à côté de la dame et de la jolie robe. Un murmure s'échappe de sa bouche, adressé sans doute au portier. Il avance d'un pas sûr, et malgré son sombre regard, son visage s'orne d'un petit sourire satisfait. Ses yeux croisent ceux de Loane. Un pièce est déposée à ses pieds. Elle disparait vite dans un replis de guenilles. Des larmes perlent aux yeux de la petite. Ne pas pleurer. Pourquoi est-elle devenue si sensible ? Ne pas pleurer. Elle essaie de prendre un regard renfrogné peu convainquant, tandis que la jolie robe à l'entrée disparait à la suite de la dame.
La porte se referme, et la lumière disparaît. Sous un porche, Loane essaie tant bien que mal de dormir, sa main refermée sur une pièce.
{chloe_la_douce}
La nuit semblait ne jamais devoir finir.
Lasse Chloé n'aspirait qu'à remonter dans sa chambre prendre soin d'Anma.
En même temps, une sourde inquiétude la clouait derrière le bar. Qu'allait-elle trouver là haut ?
Un homme vivant et juste endormi qu'elle réveillerait de ses baisers tendres ou un cadavre déjà froid et sans mouvement ?
Les sarcasmes de Thorval la laissaient froide et insensible. En fait, elle ne les écoutait même pas. Que lui importait les plaisanteries douteuses et les cornichons d'un meurtrier.
Cet homme n'aurait jamais sa place à la Rose, tant qu'il lui resterait un souffle de vie. Son surnom était "la Douce", certes, mais pas la faible et le pardon ne faisait pas partie des vertus qui l'animaient.

Du coin de l'oeil, elle observait les mouvements dans la grande salle.
La Succube parlait à une drôle de paire. Encore des filles qui cherchaient un travail sans doute. Combien de temps mettraient elles à disparaitre celles ci ?
C'était devenu une activité à la mode ici. Quelques nuits et les filles repartaient, les poches pleines sans même dire au revoir.
L'intendante avait appris à prendre du recul à présent, à ne plus souffrir de leur désertion.
De l'équipe soudée de départ, il ne restait que Rexanne et elle même. Amitié basée sur une loyauté éprouvée, qui tiendrait encore bien longtemps.

Avec un soupir lasse, elle entreprit de passer un chiffon humide sur le bois ciré du bar, à présent marqué de ronds alcoolisés.
Dans un coin, un couple patientait depuis déjà quelques temps.

Elle lança un coup d'oeil interrogatif à la Succube. Fallait-il y aller, ou les laisser à leur occupation personnelle ?

_________________
pnj

Peste soit de la Rose et de son service déplorable !
Pendant longtemps, ils avaient trompé l'ennui en se redécouvrant mutuellement.
Du bout des doigts, ses lèvres étaient remontées au poignet, avant de trouver le creux du cou, tendre et chaud.
Puis la courbe gracile et frémissante avait été picorée, jusqu'au renflement léger d'une joue pâle et enfin, leurs souffles s'étaient mélés dans une étreinte gourmande.
La mise en appétit était un délice prometteur qu'il convenait de savourer à sa juste valeur.
Aussi s'y était il attardé, longuement, rappelant au corps raidi de sa compagne qu'elle lui appartenait.
Ses mains n'étaient pas en reste, actives, curieuses. Profitant de la semi-obscurité du fond de la salle, elles avaient exploré, frôlé et repris possessions des rondeurs et vallées qu'il n'avait plus explorées depuis si longtemps.
La soif d'aventures se réveillait, la mise en bouche faisait l'effet escompté, l'emplissant d'une faim qu'aucun aliment ne saurait satisfaire.
Avec un grognement exaspéré, il se sépara à regret de sa compagne.
Ici, ça n'était pas l'endroit intime nécessaire à ce repas royal qu'il pressentait sous les tissus usés.

La Succube était visible, trônant dans son domaine, et s'entretenant avec deux gueuses, sans doute des jeunes recrues.
De mauvaise humeur, contrarié de devoir attendre il posa une main possessive et impatiente au bas des reins de la Sentinelle et haussa le ton.


- Holà Succube !
Est-ce là le légendaire accueil de la Rose ?
Des heures qu'on attend un simple verre !


pnj
Le bordel regorge de monde ce soir. Chacun y apporte son lot de mystère et de folie. Chacun semble y trouver son compte. Et pourtant, que ce soit dans l’alcool, dans le plaisir irraisonné, dans la folie vénale ou dans les yeux des autres, tout le monde se noie.

A quels courants contraires sont donc soumis ces êtres, ces naufragés, quand ils s’unissent derrière une des tentures insondables de la Rose, cocasses pantins liés au même fil ? Est-ce pour mieux se déchirer ?
Et qu’advient-t-il pour l’un de ces pantins lorsque son marionnettiste s’endort ? Part-il à la dérive ? Est-il emporté au loin, comme une épave sans vie ? Même pas. Il ne fait que plonger, lui aussi, dans une longue hébétude sans fond, et finies les grimaces… Il se noie plus que les autres, voilà tout.

Cependant il est temps de sortir du sommeil à présent. Allons, debout, aquatique princesse !

Mais Line du Petit Jour ne veut pas se réveiller. Son âme aime bien trop nager pour ne pas baigner dans cette torpeur. Et vive les petits poissons. Depuis quand est-elle plongée dedans ? Depuis l’ouverture de la porte.

Car la porte s’est ouverte, et a laissé entrer la brise de trop, celle qui fait flancher le meilleur des marins.
La porte. Le portier. La brise. Le coup au cœur. Et une Line à la mer. Que c’est amer.

Il arrive parfois que la porte s’ouvre pour faire entrer une vague de bonheur.
Mais cette nuit, la porte est mal huilée. Elle n’introduit que les amours tragiques. Et des ouragans de malheur.
Alors, en scène, personnel tragique des victimes coupables, des meurtres sans issue, de l’air étouffé ! Entrez donc, Ysmène, Anthigone, noms bien connus de dame Tragédie, qui ce soir, a fait irruption au bordel dans son plus amoureux costume de bal … un couple.
Ce couple.
Raven et sa Sentinelle.
Et leur baiser de tout à l’heure, dans la rue.

Cet après-midi, Line a suivi l’homme.
Raven Mordcoeur.
Sans même la regarder, il a dévoré le cœur de notre pauvre ondine.
Ce baiser.
Un baiser au goût de malheur.
Son malheur.
Car elle n’a pas partagé ce baiser.
C’est une autre qui a eu ce privilège. Et cette autre, la Louve, elle est présente elle aussi. Deux prédateurs, une proie… Le repas est servi.

Line est comme suspendue, elle flotte, ce soir elle attend que le baiser revienne lui tordre les entrailles, une seconde fois l’empêcher de respirer.
Les voir. Une émotion si intense qu’on en deviendrait liquide.
Comment se sont-ils trouvés, ceux-là qui sont de la même espèce ? De celle des loups ?
La femme est rigide et froide comme une louve. Sa taille est haute, dure est sa charpente. Tout en elle nie la vie. Line est fascinée par cette négation, cette façon de vous tuer du regard, sans chaleur aucune.
Qu’a-t-elle connu pour être si terrifiante de beauté noire ? Par quelle voie mystérieuse en est-elle arrivée là ?
Comment le savoir ?
Lui est beau comme un loup des mers. Cela suffit.
Et elle ? Et lui ? Se sont-ils reconnus dans la boue de la Cour ? Au milieu d’un carnage commun ?
Comment diable tiennent-ils ce baiser fou ? Ce baiser d’oiseau mort ?
Line est figée devant le bar. Elle ne sent même plus les remous intérieurs, n’entend rien, ne voit pas qu’un homme s’est écroulé par terre, qu’un autre –le portier- lui a posé une main bienveillante sur l’épaule. Elle n’en perçoit pas la douceur.
Ils ne se parlent pas. Ils se dévorent.
Rien, rien ne peut plus leur arriver, à ceux-là. A Line non plus, cette nuit. Elle est avec eux. Sans eux. Avec eux.
Comme ils se dévorent.
Line les regarde.
Elle ne sait plus que le jour se lèvera, peut-être.
D’ailleurs, comment sortir de cette nuit ?
--Thorvald
Elle se voulait provocatrice et sa nervosité irradiait en un halo presque visible autour d'elle, presque palpable quand elle passa auprès de lui. Thorvald referma doucement la porte sur la misère et la noirceur de la rue, que le soleil ne tarderait plus, désormais, à éclaircir. Le noir se changerait alors en un gris où toujours la plume du destin tremperait, inlassable et impitoyable.

Il reposa ses yeux sur la brune, ombre glaçante sur fond de tapisseries pourpres. Saisissant contraste. Insolite présence.

Il souleva un pan de la tenture en guise d'invitation à entrer, tout en cherchant des yeux La Succube. Le capitaine tenait la barre, jonchée avec grâce sur son tabouret, un verre vide devant elle. Un fond de liquide rouge et ... prémonitoire ? Thorvald nota qu'une grande partie de l'équipage lorgnait du côté du couple avec méfiance. Leur table *était déserte et tremblait sous* ... octobre. Abordage imminent ? Même Line, la douce Line lançait un étrange regard dans cette direction. Thorvald en éprouva comme un pincement inconnu. *Faut dire ... Faut dire qu'elle était belle comme une perle d'eau*.

Au passage, Thorvald prit des mains de l'enfant, en échange d'un sourire, le manteau de la brune. Puis il l'accrocha dans l'entrée avant de les suivre à l'intérieur et de leur présenter La Succube. Il resta à portée de main pour protéger la Reine Pourpre en cas de coup tordu. C'était l'heure des insomniaques et des fous. L'heure à laquelle la Cour vomissait parfois les pires démons de ses entrailles, les pires tourments, dont seul le jour blafard pouvait les libérer.



*passages volés à un poète
_________________________
Lyhra
La poudre pourpre mélangée au vin suivait la course des veines pour y chasser le poison de Shadahar. Bien des jours et des nuits se succéderaient avant que la Succube ne soit tirée d'affaire si jamais elle devait l'être. Nul n'en savait rien alors, elle la première, qui sursauta d'ailleurs violemment quand la voix de Raven se fit entendre, brisant sa rêverie et la ramenant illico presto au comptoir de la Rose, un verre vide dans une main.

Raven et sa grue... elle les avait tout bonnement oubliés ces deux là.

Alors elle se tourna vers eux, un sourire aux lèvres qui ne monta pas jusqu'à ses yeux parce que le matin arrivait et qu'elle était fatiguée, que la nuit avait été longue et qu'elle n'avait pas recouvré assez de force pour un affrontement avec la Sentinelle. Pourtant elle était chez elle, sur SON territoire et cela lui donna un regain d'énergie pour répondre d'une voix de velours en ne fixant que lui,


Toutes mes excuses Raven...
Rexane va se faire un plaisir de te préparer son meilleur breuvage, offert par la maison il va de soi, ajouta t'elle de bonne grâce en faisant signe à la tenancière du bar.

Te voici enfin en visite à la Rose... tu as bien tardé à venir y goûter ses plaisirs...
Que puis-je pour toi ?

C'était direct mais elle n'avait ni le temps ni l'envie de finasser... un mal de crâne lancinant lui broyait les tempes et quand elle vit Thorvald accompagné se diriger vers elle, ce fut avec un certain déplaisir qu'elle attendit que les deux inconnues se présentent à elle.
La Succube adressa un sourire d'excuse à Raven, ignorant toujours la sorcière qui l'acompagnait.

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--Inigo_balboa


[Dans la rue]
Iñigo s'était précipité dans la rue en sortant de la taverne du «Rat Crevé», mais n'avais pas vue la gamine, après avoir erré dans la Cour pendant un temps indéterminé, il arriva devant la « rose pourpre » . Trempé jusqu'au os par le crachin , il se maudissait ne n'avoir de cape ni de couvre-chef. Son regard fut tout à coup attiré par une petite silhouette qui observait ce qui se passait à l'intérieur du bordel. Était -ce sa proie ?
Il s'approcha fort discrétement et mis la main sur l'enfant, et là déception, ce ne pouvait être Léna. Il la lacha mais changea vite d'avis...
Iñigo attrapa alors la petite par l’oreille et l’attira près de lui. Il maintenait alors fermement sa main sur l’épaule de la fillette pour l’empêcher de fuir.


- viens ici pétite fouiné …

Il l’observa de près. Il ne fut pas trompé par son aspect crasseux, qui devait la faire passé pour un garçon. Il appuya un peu plus fort sur l’épaule de la gamine jusqu'à ce qu’elle grimace de douleur.

- Tou é oune maligne toi, tou mé plé. Lui dit-il en souriant.
- Tou veux gagné 20 écous ? Aidé moi à rétrouvé l’autré pétite… Yé t’attendrai à la taverné dou rat Crévé ou où tou voudras
.

Il essaya de lui lancer le regard le plus intimidant possible, mais ne put empêcher que l’esquisse d’un sourire apparaisse sur son visage. Voila un mystère qu'il ne pourrait surement jamais résoudre, il n'arrivait pas à être complétement mauvais et cela malgré la longue liste de ces forfaits. Il relâcha délicatement la pression sur l’épaule de la fillette jusqu'à’ à la libérer.

- Dis-moi , ton nom. Yattend ta réponse ...
--Loane
[Toujours dans la rue]


Elle n'arrivait pas à dormir. Après s'être retournée deux ou trois fois sur le sol, elle décida de s'assoir. A genoux, elle regarda les passants, tentant vainement d'oublier une jolie robe bleue. Des rires provenaient du bordel et elle se tourna un instant vers la porte close de celui-ci. Que faisait la jolie mioche à cet instant ?
Tout un coup, une main se posa sur son épaule. Elle se retourna brusquement, alarmée. C'était l'étranger de la taverne. Celui qui a une bourse bien remplie, donnée par la vieille. Il la fixait d'un regard scrutateur, puis un voile déçu passa devant ses yeux. La main la lâcha, puis vint vite saisir son oreille, en la tirant vers lui.


Viens ici pétite fouiné...
Tou é oune maligne toi, tou mé plé.


Dans un replis de tissu grossier, la crasseuse tenait un petit couteau, prêt à jaillir. L'homme la tenait fermement, et resserra sa prise, faisant échapper à sa captive un petit cri sourd de douleur.
La main se crispa sur le couteau, elle essaya sans résultat de se libérer de l'étreinte du petit homme.


Tou veux gagné 20 écous ? Aidé moi à retrouver l'autré pétite... Yé t'attendrai à la taverne dou rat crévé ou où tou voudras.

20 écus ? Les yeux de la petite mendiante brillèrent d'envie, tandis qu'une part d'elle lui disait de rester méfiante. Elle en a vu plus d'un qui s'était fait avoir de cette façon. Mais qui pouvait bien être "l'autre petite"? Serait-ce la jolie robe ? Et que lui voulait-il ?
L'étranger sourit, puis la relâcha. Vite s'enfuir ? Non, l'affaire était bien trop intéressante... Déjà l'argent, mais elle se doutait d'en voir un jour même une infime partie, et puis la fillette...


Dis-moi ton nom. Yattend ta réponse...


La mioche se redressa dans ses guenilles, l'air se fit plus sûr. Elle se massa l'épaule meurtrie. Un rictus pointa son nez sur son visage. Des renseignements ? Ça elle s'y connaissait, surtout à propos de la jolie robe, si elle pouvait faire quelque chose pour la mettre dans le pétrin...


Mon nom y t'avanç'ra pas. T'as cas m'appeller comme t'veux...
Mais j'peux p't'être t'aider pour c'que tu cherches... Tu m'la décris, et tu m'montre l'argent... Pis j'vois si j'peux quequ'chose...


Un pas en arrière, elle regarda l'homme d'un regard jaugeur. Prendra-t-il ou pas ? De toute façon ils avaient tous les deux à gagner...
Une main sur la hanche et l'autre sous un plis resserrée sur un coutelas, elle ne faisait plus attention à la pluie qui continuait de les mouiller doucement.
--Tarah


La brune soupira bien plus fort qu'elle ne l'aurait dû en précédant de quelques pas l'homme. C'était idiot et elle s'en voulait d'éprouver de l'angoisse, elle n'avait rien à prouver, non plus rien...
L'étau enserrait ses entrailles, une peur enfantine de n'être pas à la hauteur, après tout elle n'avait rien à perdre, si ce n'est peut être son orgueil démesuré.
Tarah observait la femme dans la direction de laquelle ils se dirigeaient en cortège.
Elle la détesta de suite:
Cette suffisante, cette manière d'être, cette figure implacable et sûre d'elle, la moue agacée qu'elle arborait.
Sa rancœur contre la terre entière se focalisa sur cette femme. Mais comme il se devait, c'est avec amabilité qu'elle s'adressa à la maquerelle, sa figure exprimant cette fausseté bien apprise avec le temps.


Bonsoir ma dame. Excusez-moi de vous déranger en cette fin de soirée, mais l'on m'a dit beaucoup de bien de votre établissement et j'aurai souhaité travailler pour ...pour vous. Que ce mot était dur à dire, ce "vous" qui lui infligeait une fois de plus ses échecs passés.
J'ai de l'expérience bien entendu dans le métier. "Au moins autant que toi la vieille....
Calme-toi...
Calme-toi..."


Tarah regarde la reine pourpre en attendant sa réponse.
"Comment ose-t-elle se donner un tel titre cette gueuse..."
Elle se savait en position d'infériorité et fulminait, dire que c'est elle qui 4 mois auparavant décidait du sort des autres dans son établissement.

Lyhra
De la colère et de l’orgueil c’est ce que la Succube avait lu dans les yeux de cette inconnue qui se présentait à elle pour travailler, et d’autres choses aussi, bien peu reluisantes.
Habituée qu’elle était à jauger les filles, la Rousse n’aurait pu manquer de remarquer l’animosité qui se dégageait de celle qui se tenait en face d’elle, le regard froid et acéré.

S’étaient elle déjà rencontrées ? Avaient elles eu quelque prise de bec ? Il ne lui semblait pas connaître son visage et pourtant sa mémoire lui faisait rarement défaut.
Que lui ai-je fait alors ?
Politesse de façade pensa t’elle. Cette fille ne sait pas cacher aussi bien qu’elle croit ses sentiments et dans notre métier c’est un désavantage certain.
Mauvais point pour toi ma petite.

Elle réfléchit un instant.
Il y avait Démétria qui serait très bientôt un des fleurons de la Rose,
Line qui plairait aux hommes délicats,
Le duo des jumelles fraichement accueilli,
Elle même… qui n’était pas l’un des moindres atouts de la maison…
Avait elle besoin d’une harpie même au décolleté avantageux si cela devait lui valoir des tracasseries ?

Se tournant vers Raven, elle ajouta, mielleuse à souhait,

Mais j’y pense, tu ne serais pas là pour ma vierge Raven ?
Elle est très jeune et délicieusement fraiche… cela changerait ton ordinaire.
C’était perfide, elle accepterait sans sourciller la rebuffade qui ne tarderait sans doute pas, ou alors… la Sentinelle perdait elle de son ascendant ?

Puis, revenant à l’inconnue,


De l’expérience vous dites … très bien… dites m’en un peu plus.
Si je devais croire sur paroles toutes les filles qui poussent ma porte, ce serait ma ruine.
Avez-vous quelque chose de … spécial ?
Dites moi pourquoi je devrais vous embaucher…
_________________
--Tarah


La "patronne" était désagréable et la regardait avec ce que Tarah estimait un sentiment de supériorité confirmé par ses paroles acerbes. La brune aurait voulu lui hurler qu'elle n'avait pas l'habitude de mentir, que c'était à prendre ou à laisser, qu'elle n'allait pas étaler sa vie devant cette matrone défraîchie...

Comme toujours Tarah ne savait pas dompter son caractère exécrable, son plus grand défaut.
Depuis l'incendie de son établissement son humeur était à la colère et à l'animosité contre cette vie injuste.
Elle sert les dents, reprend contrôle sur son pire ennemi : elle-même. Un regard sur le couple attablé, elle reprend sa respiration, des larmes au bord du cœur tant cela lui coûtait de devoir se vendre de cette façon comme une débutante, une moins que rien, une mendiante... Elle plante son regard noir dans celui de la "reine pourpre" et lui répond d'un ton neutre :


J'ai débuté il y a longtemps dans un bar à filles aux portes de Paris, j'y ai racheté le contrat qui m'y liait au bout de deux années pleines...
Après quelques temps j'ai servi comme dame de plaisir à des particuliers fortunés par l'entremise d'un homme dont je tairais le nom...
Ayant amassé suffisamment d'argent avec deux am... deux autres filles
... oui Roxanne avait été sa meilleure amie... Nous avons ouvert une maison dans le Limousin... une boule s'était formée dans sa gorge, elle revoyait la bâtisse, les velours, le décor, les nuits de plaisir payées mais partagées, sa voix s'étrangla un peu, elle savait maintenant pourquoi cette femme l'horripilait, elle avait réussi là où elle-même avait échoué, et ce nom lui rappelait bien trop la maison aux volets pourpres... mais elle a été détruite par les flammes...
Vous devez m'embaucher car je ne connais que ce métier là, parceque pour le moment je dois me refaire une nouvelle vie...


Elle devait se l'admettre, Tarah par cette pluvieuse nuit d'octobre était aux abois, n'ayant plus pour seule fortune que ce qu'elle portait sur elle.
Un petit coup d'oeil en direction de la gamine qui comme elle lui avait indiqué restait silencieuse et en retrait.

Quelle idée de s'enticher d'une va nue pied quand je ne sais pas ce que je vais devenir moi-même... un petit sourire pour lui dire... c'est pas grave, ne t'inquiète pas, je trouverai...

Ses yeux se ferment un instant pour revenir sur le visage fermé de la tenancière du bordel en attendant son verdict.

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