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Ou comment passer de zéro à deux vies en quelques mois.

[RP] Nomen commentum ...

Pouilleux
Ce RP se déroule quelques semaines après la fin du RP Le déclin. Bien que ce dernier ne soit pas encore parvenu à son terme pour des causes HRP diverses, merci de considérer Antoine comme un personnage en forme, bien qu'équipé d'une canne.
Concernant des interventions extérieures, elles seront certainement les bienvenues, mais merci par avance de m'en prévenir par MP, qu'on s'arrange un peu. Déjà, pour commencer, le rôle des brigands est libre.

Parce qu'on est jamais sûr de rien ...


[Une fin d'après midi, au début de l'automne - Sur une route]

"Faites donc suer vos bêtes, Henri, ou nous n'arriverons jamais à Sinard avant la nuit."

Une fois l'ordre donné, le passager rentra sa tête à l'intérieur de la voiture qui le faisait avancer.
Ses yeux bruns éternellement et volontairement plissés laissaient paraître malgré lui une souhait plus que prononcé de se montrer comme un homme d'Etat sérieux et avisé. Au fond, ce n'était pas une impression tellement eronnée, lorsqu'il se trouvait en société.
Des cheveux noir coupés relativement court complétaient une barbe couvrant le menton avant de s'éteindre progressivement vers le bord de la mâchoire.
Tout vêtu de bleu par le mantel qui l'habillait des bras aux genoux, et de jaune par le col qui couvrait ses épaules et les braies qui couvraient ses jambes, les deux couleurs du fief accordé par la Vicomtesse, l'homme posait incessamment sa main gauche sur le pommeau de sa longue canne, qu'il chérissait depuis qu'il avait récupéré sa capacité à se tenir debout et droit. Bien qu'il n'en ait donc plus aucun besoin, le barbu avait donc gardé avec lui un bâton, autant par habitude que pour la prestance qu'il pensait fournie par cet objet plaqué d'or au pommeau, et d'argent sur la lance.

Le Seigneur de Sinard - car un esprit avisé devinât aisément qu'il en possédait les terres -, excécrant l'inactivité, s'équipait de son parchemin et sa plume dès qu'on prévoyait un voyage. En effet, la route de son domaine jusqu'à Dié - et réciproquement - prenait bien chaque fois une journée entière, et une journée à ne rien faire est autant que l'on regrettera au crépuscule de son existence. Antoine, dont la mort, quelques mois auparavant, ne tenait qu'à un fil, se trouvait alors plus attaché au temps qu'il devait conserver, que certainement l'écrasante majorité des habitants de ce monde.

Il écrivait donc. Une dépêche pour l'AAP, ses impressions, ses pensées, ses mémoires, une correspondance ... Tous les prétextes étaient valables pour faire couler l'encre. Parce que l'encre coule moins douloureusement - bien que plus rarement - que le sang; parce que la plume est tout ce qu'il reste à un infirme; parce qu'elle est la raison pour laquelle l'infirme possède autant que le valide; parce que l'alphabétisme est un avantage dont il faut savoir profiter; parce qu'il ne reste rien post-mortem d'un homme qui n'a pas su écrire ce qu'il ressentait; pour tout cela, l'écriture était l'activité favorite de ce personnage.

Il faut dire que, dans ses différentes professions, savoir adopter un discours construit était un atout considérable. Avez-vous déjà rencontré un journaliste incapable de fournir une prose digne de ce nom ? Avez-vous déjà rencontré un homme de politique s'exprimant comme le dernier des péquenauds ?
La réponse est certainement positive. C'était courant dans le Royaume, comme dans le Saint-Empire. Cependant, cet homme là avait décidé qu'il ne serait pas de ceux-ci.
Pourquoi ? Parce qu'il devait faire honneur à sa famille. L'illustre famille de Navarre, descendante des Rois de Navarre eux-mêmes. Son père, Arthur de Navarre, tragiquement décédé vingt-cinq ans auparavant, dont le plus grand regret fut de ne pas avoir vu grandir son unique enfant, enlevé dès son plus jeune âge par la nourrice - cette petite garce de Thérésa -, était certainement l'un des plus grands hommes de son époque, le Roy excepté.


[Au crépuscule - Sur une route, mais un peu plus loin]

Une grosse tête boursouflée se présenta à la fenêtre de la voiture du Seigneur de Sinard, l'interrompant du même coup dans un élan d'inspiration plutôt fructueux, ce qui ne manqua pas d'irriter ce dernier - le Seigneur, pas l'élan d'inspiration.

"Messire, on a là un petit problème.

- Quoi, encore ?
poussa-t-il dans un soupir exaspéré.

- Il y a des troncs d'arbres qui bloquent la route."

Le passager n'en crut pas ses oreilles. Son cocher était donc tant que ça dénué d'esprit, qu'il n'était pas capable de reconnaître une attaque de brigands qui se passait sous son nez ?
Une rapide analyse de la situation fit comprendre à l'ancien infirme que ses précieux écrits et ses richesses étaient en danger. Pas question qu'il laisse des brigands abrutis s'en emparer.


"Espèce d'imbécile, faites demi-tour immédiatement, et au galop ! C'est une embuscade !"

L'air stupidement ignorant du conducteur passa à un air stupidement effrayé. Cependant, il obéit et fit rapidement avancer ses chevaux, tournant difficilement mais relativement efficacement du carosse, alors qu'Antoine enfouissait rapidement ses documents et une majeure partie de sa bourse dans un coffre dissimulé son son siège.
Cette cachette avait été prévue à cet effet de longue date. En soulevant le coussin et la planche qui se trouvait en dessous, ont découvrait que le siège était en fait creux. C'était une idée géniale d'un artisan qui avait demandé le gîte à Sinard, quelques mois auparavant.


"Aaaargh !"

Paniqué par cette plainte soudaine de son cocher, le maître regarda par sa fenêtre ce qui avait pu se passer. Il n'aurait pas dû. Le spectacle de ce pauvre homme, étendu sur le sol, une flèche solidement plantée dans la poitrine, les yeux, comme la bouche, ouverts, formant une expression de peur qu'il emportera à jamais, était une image qui hanterait l'esprit du journaliste pendant encore des années.

Car, en effet, bien qu'ayant manqué la sienne de peu, n'avait jamais côtoyé la mort d'aussi près. Malgré une enfance peu heureuse et un certain nombre d'années, l'intellectuel, plus que musculaire, de métier, n'avait jamais vu un cadavre de sa vie.
Sa respiration s'accéléra en un rien de temps, et il commença à souffrir d'une nausée progressant rapidement.

Dans le même temps, les chevaux, faute de fouet s'abattant sur leurs épaules, s'arrêtèrent lentement, et, autour de la route, quelques fourrés remuèrent ...
--Pepin.et.leon
[En toute fin d'après-midi - Sur un chemin]

C'est qu'il avait de la gueule, leur barrage, se dirent-ils. Chacun d'eux aurait bien voulu défier n'importe quel charriot de passer par ce chemin sans devoir s'arrêter.

Ils étaient deux brigands, c'était bien vrai. Mais, avec le travail qu'avait nécessité la coupe des arbres et l'empilement des troncs, personne ne pouvait les accuser de ne pas avoir mérité la rétribution qu'ils allaient bientôt arracher au prochain imprudent qui oserait passer par ici.

Il y a avait le Léon. Presque deux mètres de haut, et autant de tour au nombril, tout en muscles. Il était sans aucun doute possible l'archétype du brigand bête et méchant. Une barbe hirsute confondue avec ses cheveux gras, de vulgaires frusques cachant tout juste ce qu'il fallait, une hache grossièrement taillée dans la pierre, et le personnage était créé. Ajoutons à cela une cervelle de mouche retenant tout juste les mots "or" et "frapper" pour parfaire ce qui - avouons le - était une véritable caricature.
Né de parents paysans, Léon avait suivi la même voie, jusqu'à ce que ses géniteurs furent tués par une bande de brigands, dans une embuscade. Trouvant cette manière de gagner de l'argent plutôt sympathique, il avait immédiatement brûlé son champs - et la récolte - avant de se lancer sur les routes, détroussant qui voulait bien, tuant et détroussant les autres.


"J'espère qu'ils résisteront. C'est toujours rigolo."

Telle était la philosophie de ce génie de la fripouillerie qu'était Léon.

Etant donné qu'il est bien connu que les opposés s'attirent, et pour répondre plus encore au cliché du duo de vils brigands, Léon ne se séparait jamais de Pépin, qui aurait pourtant pu se passer aisément de lui.
De taille moyenne, bien bâti sans pour autant tomber dans l'excès, laid mais l'air futé, Pépin était sans aucun doute la tête et les épaules du groupe. L'idée du barrage était de lui, comme toutes les autres.
Equipé d'un arc et d'une dague - il faisait bien davantage dans la finesse que son coéquipier -, le filou, qui exerçait depuis un certain nombre d'année, connaissait presque toutes les ficelles du métier, et ne s'était associé avec Léon seulement car il savait pouvoir l'escroquer en toute liberté.
Lui, personne ne savait d'où il venait. Il était certainement passé à la vie de crapule plus discrètement que son acolyte.


"Cesse un peu de seulement penser à t'amuser. Nous avons de l'or à gagner, rappelle-toi ! Le reste ne compte pas. Nous tuerons si nous le devons, nous ligoterons s'il le vaut mieux.
Maintenant, cachons-nous, avant que quelqu'un n'arrive !"


[Au crépuscule]

Enfin. Des clients arrivaient. Un carrosse venait d'apparaître au tournant du sentier. Un gros homme laid le conduisait.


"Léon, prépare-toi !" murmura Pépin à son comparse.

Il se retourna. Pas de trace de Léon. Où était donc passé ce gros niais ? Il n'avait pas pu disparaître comme ça, même aussi bête. D'autant qu'une telle masse était fort difficile à dissimuler.


"Léon, qu'est-ce que tu fous ?! Une voiture arrive ! Léon, où es-tu ?"

Il n'était manifestement pas là. Pépin, jetant un coup d'oeil vers le sentier, s'aperçut que la voiture faisait déjà demi-tour, à toute vitesse. Il n'était pas question de perdre cette prise par la faute d'un imbécile pas fichu de rester posté.
Le malfrat saisit son arc, une flèche, et tira en direction du cocher, lequel - en plein dans le mille ! - s'écroula aussi sec.

Ayant paré au plus pressé, le pendard, dont la présence n'était désormais plus à cacher, appela son camarade d'une voix plus forte.


"Léon, ici, immédiatement !"

Quelques secondes seulement plus tard, Léon arriva enfin, le pantalon mouillé. Il se défendit en toute hâte face au regard désapprobateur de son équipier.

"Ben quoi ?

- Bah, on n'a pas le temps de t'engueuler. Attaquons !"


Ils sortirent rapidement de leur cachette buissonnesque. En à peine quelques secondes, ils étaient chacun d'un côté de la voiture, Pépin tenant la fenêtre en joue.

"Sortez immédiatement ! La bourse, ou la vie ?"
Pouilleux
Les fourrés bougèrent, certes. Quelques secondes après, deux malfrats s'étaient postés de chaque côté du véhicule.
La situation dramatique associée au sens des responsabilités de la supposée victime eurent tôt fait de faire taire en lui toute envie de rendre son repas, étouffée par les réflexions, qui devaient se suivre très rapidement. Il fallait sans aucun doute adopter face à deux bandits un profil différent que celui qu'on choisit lorsqu'on s'adresse à des électeurs ou à ses gens.


"Sortez immédiatement ! La bourse, ou la vie ?"

Fichtre, le maraud savait parler. Qu'en était-il du second ?
Jetant un oeil de chaque côté, le Seigneur de Sinard tenta rapidement de dresser le profil psychologique de chacun de ses assaillants.

L'un semblait avoir du métier, et ne pas être dupe. Le second, par contre, semblait tenir un rôle d'abruti fini. C'était de lui que le passager devait profiter.
Il descendit donc du côté droit de la voiture, là où le Léon s'était posté, en prenant bien soin de faire croire à une grand invalidité dans ses gestes. Sa canne lui aurait été d'une grande aide dans la tenue du personnage qu'il jouait ici, mais, au vu de la valeur de celle-ci, la ranger dans la cachette avait paru telle une alternative plus prudente.


"Pépin ! Il est sorti de ce côté !
- Bien, assure-toi qu'il ne soit pas armé !
ordonna Pépin tout en vérifiant qu'il n'y pas quelqu'un d'autre dans le carosse.
- Pas de risque, c'est un infirme.
- Oh mais pardon, ça va bien les insultes.
- Eh, vous allez vous calmer !
- Allez gagner votre croute honnêtement, malandrins !
- Léon, frappe-le pour moi, s'il-te-plait.
- Ho ho ! Avec plaisir !"


Et Léon assena un coup de poing plutôt bourru au sternum du soi-disant infirme, qui s'écroula au sol dans la continuité - cependant, c'était cette fois une chute non simulée -, et Pépin le rejoignit du bon côté du carrosse.

"J'ai une idée ...
- Elle s'ennuie pas toute seule ?
- ... Si tu nous donnais ton or ?
- Foutrechien de lécheur de latrines, si tu allais plutôt te laver ?
suggéra Antoine avant de se plaindre d'un coup de pied qui lui fut porté au rein.
- T'as pas l'air stupide ...
- Tout le monde ne peut pas en dire autant.
puis nouveau coup de pied, plus bas cette fois.
- ... Donc je te fais pas l'affront de t'expliquer ce qu'il va se passer si tu nous donne pas ton or.
- Diable ! Tu vas me faire sentir tes pieds ?"


C'est alors que Pépin se baissa, saisit sa victime par le col et plaqua celui-ci contre lui.

"Ouch ! Tes pieds ou ton haleine, en fait. C'est pareil.
- Je vais quand même t'expliquer, raclure. Si je n'ai pas tes richesses dans mes mains dans la minute qui suit, nous allons te broyer les genoux, te couper les testicules, te retourner les doigts un a un, et après seulement nous nous déciderons à achever tes souffrances, lorsque tu nous supplieras de te tuer.
- Fichtre ! Ne crains-tu pas de salir mon or avec de telles mains ?"
s'inquiéta-t-il, avant d'être violemment projeté en arrière, s'écroulant de nouveau comme une loque. Il n'avait même plus besoin de faire semblant d'être infirme.

Ses vêtements se déchiraient d'un peu partout. Aux jambes, au bras, au torse ... Du sang coulait de son nez, s'étalait sur les mains, perlait sur ses genoux. Ses cheveux s'ébouriffaient en tous sens, et ses chausses n'en avaient plus que le nom.


"Léon, surveille-le, pendant que je vais fouiller le charriot.
- Compte sur moi !
- Humpff ... J'ai pas le choix."


Antoine, que la scène entre les deux malfrats amusait encore plus qu'elle ne servait, attendit que Pépin ait disparu dans le carrosse pour s'adresser, tout bas, à Léon.

"Psst ! Léon !
- Quoi ?
- Chhhht ! Approchez !"


Léon, méfiant, mais surtout stupide, s'approcha tout naturellement.

"Il ne trouvera jamais mon or. Je l'ai trop bien caché. Mais, si vous vous débarrassez de lui, je veux bien vous le donner.
- Hein ? Pourquoi ?
- Chhhhhhhht ! Ca me regarde. Seulement, si vous l'assommez puis l'attachez, je vous dirai où sont mes richesses.


Léon, que l'affaire intéressa, rentra dans la voiture.
On entendit le bruit sourd que produit tout objet contondant qui frappe contre un crâne bien solide, puis il ressortit.


"Euh ..."

Il en ressortit, certes, mais les yeux fermés, le corps inerte, et du sang coulant sur le crâne. Tandis que Pépin, lui, semblait en pleine forme, bien que légèrement irrité.

"Tu trouves ça malin, comme plan, de me faire assommer par mon camarade ? Sale con ...
- Abandonne, pendard, tu ne trouveras jamais ce qui m'appartient.
- Je pense que si. Car; ça a beau être Léon qui broie les genoux, je sais faire quelque chose d'autre, et pourtant pas moins efficace. Tu connais le principe du "je-tranche-les-veines-du-genou" ? C'est très amusant"


Alors que Pépin dégaina sa dague, et s'apprêtait à l'abattre sur la jambe du Seigneur de Sinard, des bruits de sabots se firent entendre, pas très loin.
Adrian.de.montjoie
Le Baron de Viviers chevauchait, en compagnie de quelques hommes de confiance et de son fidèle Gino depuis de longues heures. Ils ne savaient plus du tout où ils se trouvaient, mais sans doute pas sur la bonne route, car rien ne leur rappelait quoi que ce soit. Bref il était perdus… Et bien perdu. La Lorraine c’était sans doute pas de ce côté-là, alors Mettlach devait sans doute être loin… très très très loin. Bon, ne pas s’en faire surtout, ne pas s’en faire. Bin si justement Adrian commençait justement à s’en faire du soucis, et pas juste un peu. Le soleil se couchait, ils étaient en pleine cambrousse, sans point de repère qui plus est. Ha il allait s’en rappeler longtemps du «raccourci » du bon Gino. Il allait se faire houspiller au castel lui, cela était certain. Mais pour le moment il valait mieux garder son énergie concentrée sur autre chose comme : retrouver le chemin et vite. En plus c’est que la fin gagnait l’estomac du baron… Il soupira. Au moins il voyait du pays, c’était déjà ça.

Les chevaux galopaient à en perdre haleine, les pauvres fatiguaient à vue d’œil, malheureusement ils ne pouvaient les laisser se reposer, pas maintenant. Il fallait trouver une auberge, ou n’importe quoi d’autre, pour passer la nuit. Gino fit signe à la petite troupe de faire une pause. Adrian leva les yeux vers lui, se demandant pourquoi on s’arrêtait. Il eut la réponse rapidement, lorsque son protecteur prit la parole.


Bien, la nuit est en train de tomber, nous ne pouvons pas dornir en ces lieux toutefois, il va falloir continuer. Nous sommes 8, donc nous allons changer notre formation. Le baron se mettra au centre, nous l’entourerons pour le protéger autant que possible si jamais un problème venait à survenir. Soyez sur vos gardes surtout. En cas d’attaque, pas de quartier, trancher et faites tout pour sortir nostre maître, c’est la seul chose qui devra compter. Vu?

Les six autres têtes opinèrent, Adrian prit sa place au milieu de ses hommes et on repartit, au grand galop. L’obscurité devenait de plus en plus grande, les soldats de plus en plus tendus. Un bruit au loin, un hennissement. On ralentit, pas trop tout de même, mais assez pour être prudent. Au bout d’un moment un carrosse apparut au loin, bloqué par un arbre. Gino tira sur les rênes de son cheval, le faisant se cabrer puis s’arrêter. Tous firent de même, l’habileté d’Adrian le sauvant d’une belle chute.

Serait-ce les restes d’un brigandage, demanda le jeune baron, les sourcils froncés.

Je pense que oui maistre, répondit l’italien. Je ne sais si...

Il fut coupé dans sa tirade, un homme venait de tomber, plus que descendre, de l’attelage, suivi peu après par un autre, à l’air loubard. Celui-ci sembla se diriger, menaçant, vers un troisième larron. Se pouvait-il qu’ils arrivent non pas après l’attaque mais bien pendant? Adrian tourna la tête vers son escorte et dit d’une voix forte :

Je ne sais ce qu’il se passe là-bas, mais ce n’est pas normal! Si quelqu’un est dans le besoin nous avons, en temps qu’aristotéliciens, le devoir d’aller le secourir! Et c’est ce que nous allons faire! Tirer vos épées, et en avant!

Gino opina du chef, 8 lames sortirent des fourreaux en même temps, avec un beau tintement. Les chevaux hénnirent lorsqu’on les éperonna pour les faire partir au galop. Il ne fallut pas longtemps pour la troupe pour arriver sur les lieux et pour encercler le carrosse, prudemment. Ce fut Gino qui prit la parole le premier :

Holà, qui que vous soyez veuillez décliner vos identités et baisser vos armes. Que se passe-t-il ici?

Tout le monde attendait un geste du lourdaud à la dague et de l’homme à la vêture passablement déchirée
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Pouilleux
"Ah, mais qu'est-ce qu'y s'passe encore ?!"

Ce qu'il se passait ? Un miracle !

Huit cavaliers armés fondirent soudainement sur eux, donnant une sérieuse impression de vouloir mettre les choses au clair dans ce coin de chemin.
Pépin rangea sa dague, décidant visiblement qu'il gagnerait certainement à éviter un affrontement dont il aurait bien du mal à sortir vainqueur, et ne prenant même pas le temps de porter un coup à sa victime.
Les cavaliers s'approchaient à grands pas. Le Seigneur de Sinard crut d'abord à une seconde bande de brigands, avant de distinguer sur la tête de l'un d'eux une couronne de baron. A moins de tomber par malchance sur un de ces nobles déchus qui ne trouvaient jamais mieux à faire que d'attaquer les honnêtes passants, il serait bientôt hors de danger.

Le malfrat tenta tout d'abord se courir vers les fourrés les plus proches, avec l'espoir certains de pouvoir s'évanouir dans la nature. Malheureusement pour lui, deux des cavaliers lui coupèrent le chemin, le menaçant de leur épée.
Se rendant bien compte qu'il ne réussirait absolument rien par la force, Pépin décida que la ruse pourrait le sortir de ce pétrin.


"Hôla, Messires ! Je me nomme Pépin Mardaux, et je suis marchand itinérant. Moi et mon collègue, que voici au sol, nous rendions vers Dié, menés par notre cocher, lorsque ce maraud nous attaqua sans cri gare ! Il faudrait le pendre, pour la sécurité de nos routes, voyez-vous ?"

Peu surpris par la tentative du brigand, et encore moins par l'air sceptique que prenait le visage de ses sauveurs face à une telle histoire à dormir debout, le seigneur prit la parole, tout en ramassant son bâton et sa couronne, tombés à terre, et en rajustant les plis de ses manches - entreprise inutile, vu l'état de celles-ci, il devrait certainement commander de nouveaux vêtements.

"Messires, salutations. Je suis Antoine de Navarre, Seigneur de Sinard et par la même vassal de la Vicomtesse de Clermont en Trièves, comme en attestent les armes représentées sur mes vêtements ... Pour peu qu'elles soient encore reconnaissables. Termina-t-il après s'être mieux regardé. Je me rendais à Sinard, mais je crains que mon entreprise soit à reconsidérer, après que ces deux malfrats aient abattu mon cocher et démoli mon carrosse."

Il se tourna ensuite vers le baron, et appliqua une petite courbette de rigueur, bien que son état physique l'empêcha de l'étendre de trop.

"Baron, je suis honoré de vous rencontrer. Vos armes sont du Saint-Empire, de ce que je connais du blasonnement. A qui ai-je l'honneur ?"

Considérant certainement qu'il n'en avait pas assez fait, le maraud reprit sa comédie.

"Messires, ne l'écoutez surtout pas ! Il ment comme un arracheur de dents ... Et, euh, cette couronne par terre, c'est un accessoire sans valeur que j'ai acheté à Grenoble, il y a de cela quelques jours ... Et puis, euh, si le carrosse est décoré des mêmes armes que ses vêtements, c'est une pure coïncidence ... Euh ... M'est avis qu'il faut le pendre rapidement, pour pas qu'il mente encore. Si vous voulez, j'ai une corde sur moi. Ou bien je peux lui planter ma dague dans la glotte, c'est plus rapide. On est d'accord, hein ?"

Il avait certes touché le fond depuis l'arrivée des cavaliers, mais le Seigneur de Sinard aurait bien voulu lui signaler que ce n'était pas la peine de creuser de surcroit.
Adrian.de.montjoie
Adrian tourna la tête vers Gino. L’italien compris vite que les paroles abracadabrantesques de l’homme à la dague avaient fatigué le jeune garçon, qui ne voulait plus en entendre davantage, L’affaire semblait entendue : la victime était celui qui disait se nommer Antoine de Navarre. Le baron fit un nouveau signe, deux hommes mirent pied à terre et se dirigèrent vers l’affabulateur, arme au poing. Celui-ci fit mine de vouloir se défendre, comprenant que sa petite mascarade n’avait pas porté ses fruits, mais un bon coup dans la face lui remit les idées en place. On le traina aux devants du garçon qui le regardait d’un air sévère. Il soutient son regard un moment, puis baissa les yeux. Adrian prit alors la parole, avec une extrême fermeté, ce qui ne lui ressemblait guère.

Gino, voudrais-tu je te pris aller vérifier l’état du sieur de Navarre et faire en sorte de le remettre sur pied? Regarde aussi si on n’aurait pas de vêtement à sa taille.

L’italo-germain fit un signe de tête et s’exécuta immédiatement. Adrian s’adressa alors au brigand :

Quant à vous, sachez que les immondices dans vostre genre ne mérite qu’une chose : le gibet! Mais vous pendre ici n’aurait que peu d’impact sur l’imaginaire collectif, aussi serez-vous livrer aux autorités compétentes, ou bien retenus jusqu’à ce que j’en décide autrement dans les geosles de Mettlach. A présent, il regarda les deux hommes qui retenaient le bandit, qu’on éloigne ce chien de ma vie, sa vision me donne envie de rendre mon repas!

Il descendit ensuite de son cheval pour aller rejoindre son fidèle serviteur. On avait trouver des vêtements, maintenant c’était au dénommé Antoine de voir s’il les voulait ou pas. En attendant il était peut-être bon de faire les présentations d’usage. Avec plus de douceur que quelques instants plus tôt Adrian reprit la parole :

Je crois, messire, que nous sommes arrivés au bon moment… quelques seconde plus tard et nous trouvions vostre cadavre… Ce qui nous aurait empêcher de faire connoissance. Vous aviez raison ce tantôt, je suis Baron du Saint Empire, mon domaine se situe en Lorraine. Mais j’habite dans le bon Royaume de France, en Bourgogne.

Pour répondre à vostre question je me nomme Adrian de Montjoie von Frayner Sevillano, mais je préfère qu’on me dise juste Adrian, c’est moins long, et moins lourd. Enfin bref…

Que diriez-vous de continuer vostre chemin en nostre compagnie? Nous sommes présentement perdus, donc si vous pouvez nous indiqué où nous sommes, je suis certains que nous pourrons former une bonne équipe… Dans le cas contraire, plus on est nombreux pour chercher le chemin, mieux c’est… Qu’en dites-vous?


Le jeune Baron sourit.
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Pouilleux
Fort heureusement, les nouveaux arrivants restèrent défintivement perplexes devant les arguments - pourtant parfaitement agencés - de Pépin, si bien qu'il fut emmené un peu plus loin sous les quolibets du baron. Il avait beau protester, insulter tous les hommes présents ainsi que leurs parents, cela ne touchait plus personne.
L'un des gardes du jeune homme emporta également Léon qui, malgré le bien piteux état dans lequel il se trouvait et sa maigre capacité naturelle de réflexion, pouvait encore nuire.


"Gino, voudrais-tu je te prie aller vérifier l’état du sieur de Navarre et faire en sorte de le remettre sur pied ? Regarde aussi si on n’aurait pas de vêtement à sa taille.
- Je vous remercie, Messire, mais j'en ai connu d'autres, et mon simple bâton suffira largement, je pense, à compenser les faiblesses dans mes jambes causées par ces bandits. En revanche, je ne refuserais pas des vêtements. Il me ferait bien du mal de me présenter ainsi à mon château. C'est tout juste si l'on me reconnaitrait !"


Il termina sa phrase par un sourire amusé, tandis que le dit Gino essayait d'évaluer quelle fût sa taille.
Le baron confirma ensuite les suppositions d'Antoine, en y ajoutant des précisions sur son identité exacte. Il était souvent agréable de savoir à qui l'on parlait. Cela évitait d'éventuelles bourdes.


"Que diriez-vous de continuer vostre chemin en nostre compagnie ? Nous sommes présentement perdus, donc si vous pouvez nous indiquer où nous sommes, je suis certain que nous pourrons former une bonne équipe … Dans le cas contraire, plus on est nombreux pour chercher le chemin, mieux c’est … Qu’en dites-vous ?
- Nous nous trouvons sur les chemins entre Dié et Sinard, à peu de lieues de ce dernier. Mais la nuit tombe. Aussi, je vous propose, pour vous remercier de votre intervention miraculeuse, de passer la nuit chez moi. Tous vos désirs y seront satisfaits, nous pourrons discuter, enfermer ces deux marauds, et donner une sépulture décente au pauvre homme étendu là-bas."


Le Seigneur de Sinard répondit au sourire de son interlocuteur.
Adrian.de.montjoie
Le Baron opina de la tête et fit signe à ses homme de s’occuper des deux balourds et du corps du pauvre cocher. Le pauvre, vu l’expression de frayeur sur son visage il n’avait pas du comprendre ce qui lui arrivait quand la mort l’avait fauché. Mais au moins il n’avait pas été brutalisé, c’était déjà ça. Si en plus il était mort sur le coup, alors on pouvait presque dire qu’il avait eu de la chance dans son malheur. Adrian soupira : la mort n’est jamais chose facile à appréhender, et voir un homme qui ne l’avait pas mérité, à qui on avait ôter la vie par pure méchanceté et fourberie, le rendait mal à l’aise. Il allait devoir s’endurcir s’il voulait pouvoir résister dans ce bas monde, violent et brutal. Il se força à sourire, voyant que ses hommes commençaient à s’affairer.

Oui messire, nous acceptons avec joie vostre invitation, nous allons vous laisser nous guider par contre. Vous sembler avoir un meilleur sens de l’orientation que nous.

Le nous fut très appuyer, et accompagné d’un regard noir à Gino, qui voulait largement dire : « surtout que toi en tout cas mon gars ». Bref, au bout d’un petit moment la troupe se remit en chemin, direction Sinard.

[Plus tard, au château]

Qu’il était doux de se sentir propre et en sécurité. Or c’était exactement ces deux sensations qui étreignait le jeune baron. Propre il était car son hôte avait mis à sa disposition un grand bacquet rempli d’eau chaude, où il avait pu se délasser un tantinet. Puis il s’était changer, ses vêtements de voyage ayant largement pris la transpiration. Non seulement ils étaient tout tâché, mais en plus ils puaient le bouc : ils étaient bon pour le feu… ou presque.

Le Montjoie se sentait aussi en sécurité car derrière de hauts murs de belles pierres, crénelés et sur lesquels patrouillaient quelques soudards, on ne risque pas grand-chose… bon à part en cas d’attaque du voisin ou d’une révolte servile. Mais bon, là il ne fallait pas trop y penser, sinon on ne se sentirait jamais bien nulle part si on voyait le danger partout. Adrian sourit. Oui il était bien.

Il avait rendez-vous dans le salon du castel avec le seigneur des lieux, il ne voulait pas lui faire faux-bond. Sa longue et lourde cape virevoltant derrière lui il marchait dans les couloirs, demandant son chemin de temps en temps aux serviteurs qui passaient par là. Au bout d’un moment il finit par trouver la pièce en question. Elle était belle, plutôt cossue. A ses murs pendaient de belles tapisseries, qui devaient bien retenir la chaleur. Au moins il n’aurait pas froid.

Son hôte l’attendait déjà, aussi quand il entra dans le salon Adrian dit-il :


Veuillez m’excuser, je me suis un peu perdu… Je ne suis pas très doué pour me retrouver tout seul, et au lieu de tourner à gauche à la fin du couloir qui menait à ma chambre, j’ai tourné à droite, ce fut ensuite un épouvantable micmac pour trouver un seul domestique qui avait la capacité de parler assez distinctement pour me dire où je me trouvais et me dire surtout où aller… Enfin bref, je suis désolé mais me voili me voilo, tout propre tout beau. Et je vous en remercie d'ailleurs.

Il rit puis reprit :

Vostre domaine est en tout cas bien beau messire de Navarre, certes point aussi grand que celui de ma sœur, mais fort bien entretenu et fort plaisant à l’œil. On s’y sent d’emblée chez soi, c’est tout bonnement un petit coin de Paradis sur terre. Un havre de paix.

Et vous sieur, avez-vous eu le temps de vous remettre? Vous ne sembliez pas très en forme tantôt? Et les deux sont-ils en train de croupir dans de belles oubliettes bien profondes? J’aurai d’ailleurs été d’avis de les enfermer chacun dans une cage, afin de les laisser mourir de faim et de soif tout en se faisant picorer par les corbeaux… Mais je pense que l’odeur nous aurait insupporté… Qu’en dites vous?


Le jeune garçon sourit.
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Pouilleux
[Dans un salon à Sinard, le crépuscule déjà passé de quelques heures]

Installé dans son fauteuil, le Seigneur de Sinard se laissait aller à quelque prélassement, s'affalant presque sur les coussins qui le retenaient.
Qu'il était bon de pouvoir profiter d'un peu de confort, après toutes ces aventures ! Un bon bain avait été de rigueur, alors que l'on brûlait ses vêtements dans la cave. Après quoi, tout propre encore, et puisqu'aucun habit aux couleurs de Sinard n'était disponible, il avait opté pour quelque chose, d'un bleu nuit plutôt agréable, plus décontracté, mais aussi plus élégant. Assortie de cheveux longs, ces atours feraient des merveilles, lui avait assuré son tailleur. C'est ce qu'il ferait donc.

Son invité tardait à arriver. Ce qui était compréhensible, dans un bâtiment inconnu. Cependant, on ne pouvait pas dire que le château était d'une ampleur exagérée, et il fallait donc noter un sens de l'orientation plutôt limité chez le baron, comme il l'avait déjà démontré sur les chemins menant à Sinard.
Enfin, celui-ci ouvrit la porte, l'air plutôt embarrassé. Antoine se redressa donc immédiatement.


"Oh, n'ayez crainte, lorsque je quitte les terres que je connais bien, j'ai aussi du mal à me retrouver. Mais asseyez-vous, je vous en prie !
- Vostre domaine est en tout cas bien beau messire de Navarre, certes point aussi grand que celui de ma sœur, mais fort bien entretenu et fort plaisant à l’œil. On s’y sent d’emblée chez soi, c’est tout bonnement un petit coin de Paradis sur terre. Un havre de paix.
- Oh, j'espère que vous ne vous y sentirez pas de trop chez vous, je tiens à mes terres !
Il rit bien volontiers. Qui est votre soeur ?
- Et vous sieur, avez-vous eu le temps de vous remettre? Vous ne sembliez pas très en forme tantôt? Et les deux sont-ils en train de croupir dans de belles oubliettes bien profondes? J’aurai d’ailleurs été d’avis de les enfermer chacun dans une cage, afin de les laisser mourir de faim et de soif tout en se faisant picorer par les corbeaux… Mais je pense que l’odeur nous aurait insupporté… Qu’en dites vous?
- Le plus gros des brigands est décédé à la suite de ses blessures. Le second est enfermé bien solidement, et sera escorté dès demain vers Dié, où il sera confié à la Prévôté. Je n'apprécie pas trop d'avoir des brigands sous mon toit.
Quant à mes blessures, elles étaient surtout superficielles et matérielles, fort heureusement. Un bon bain a suffit à me rendre mon bien-être."


Il fit une croute pause, et renchérit.

"Au fait, où vous rendiez-vous, vous et vos hommes, lorsque vous m'avez sauvé la vie ?"
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Comment Navarre devint Sevillano : Nomen commentum
Adrian.de.montjoie
Adrian apprit, non sans un certain déplaisir, que l’un des maroufles avait oser trépasser sans y être invité. Cela le chagrinait car il ne pourrait donc point recevoir son juste châtiment terreste. Mais sans doute le Très Haut allait-il lui servir le Céleste, Après tout... Les crimes ne restaient jamais impunis. Le jeune garçon se mit donc à sourire. Puis il répondit à la première question de son hôte, avec plaisir.

Ma soeur se nomme Cécilia von Wittelsbach-Frayner de Sevillano. C’est un peu ma seconde mère, car j’ai perdu la mienne très jeune, trop jeune même je dirai. C’est à cause de cette perte que je porte d’ailleurs mes titres, ce qui, je l’assure, leur donne souvent un gout assez amère. Mais pour elle, je me suis juré de ne jamais leur faire honte, de toujours les porter avec honneur. Qu’elle soit fière de moi quand on se retrouvera. Enfin... Je m’égare et m’éloigne de la question première.

Ma soeur, ou plutôt ma demie-soeur, nous n’avons pas le même père, est la Duchesse souveraine de Romarimont, un Duché situé en Lorraine, comme mon fief. Elle est la douceur même et la beauté incarnée, un véritable ange tombé du Ciel. Sans elle, je ne sais pas ce que je serai devenu. Elle s’est occupée de moi à la mort de Victorinne von Frayner, nostre mère. Et même maintenant, bien que nous soyons loin l’un de l’autre, je sens son regard posé sur moi, comme pour m’encourager. Que serions-nous sans la famille n’est pas?


Le jeune garçon commença à s’enflammer, parlant de la fière famille à laquelle il appartenait, aux grands hommes et grandes femmes qui avaient un jour porté le nom fièrement, sans défaillir jamais. Il passa au moins une heure à raconter les hauts faits, le travail harassant que sa mère avait fait à la Hérauderie Impériale etc. Il se tut finalement, comme fatigué par tant de verve. Il resta silencieux un instant puis reprit:

Je suis désolé, je pense que mes humeurs nous ont fait largement dévier de nostre conversation, n’est-il pas? Pour rebondir, et répondre à vostre seconde question, nous nous rendions en Lorraine, sur ma baronnie... Mais je sens que Gino ne nous a pas du tout emmener sur le bon chemin...

Il rit de bon coeur.

Et vous messire, si vous me parliez un peu de vous-même à vostre tour...
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Pouilleux
Commençant d'abord à répondre simplement à la question du Seigneur de Sinard, le baron avait très rapidement derivé une première fois sur sa mère, avant de s'emporter une seconde fois, et exprimant ses ressentiments les plus profonds sur une vie familiale qui semblait des plus denses, avec des parents qui représentaient des grands noms du Saint-Empire.

Cependant, n'écoutant que d'une oreille, Antoine était resté sur la question pourtant rhétorique de son invité. Que serions-nous sans la famille ?
Que serait-il sans sa famille ?
Des parents, simples nobliaux, cousins éloignés de l'héritier d'une grande famille, n'ayant jamais rien fait de leur vie, qui n'avaient pas daigné le rechercher plus activement après son enlèvement, et qui n'avait jamais été là pour lui. S'il était parvenu là où il était, ce n'était certainement pas grâce à la famille davantage que grâce aux boutons de sa chemise. Bah ...


"Et vous messire, si vous me parliez un peu de vous-même à vostre tour ..."

Parler de lui ? Voilà qui semblait bien étrange à un homme qui s'intéressait davantage au futur qu'au passé ... Il fallait cependant contenter son invité.

"Je ne saurais vous parler de ma famille, que je n'ai que trop peu connue. Enlevé par ma nourrice Thérésa Lagnot peu après ma naissance, j'ai vécu tel un gueux en Bretagne pendant des années avant de rejoindre le Dauphiné, lorsque j'ai appris mes origines ... Je n'ai jamais connu ni père ni mère, et je suis, par je ne sais quelle aberration de la nature, fils unique.

Après mon arrivée dans ce Duché, je me suis peu à peu impliqué politiquement, et j'en fais aujourd'hui, en plus de mes activités d'avocat et de journaliste à l'Agence, ma profession.
J'utilise cependant mon temps libre pour m'occuper des terres que vous avez autour de vous, et, je dois dire, je ne m'en charge pas trop mal."


Il fit une pause, n'ayant pas beaucoup plus à ajouter. Après quelques secondes, il reprit la parole, pour combler le silence gênant.

"Nous devrions bientôt passer à table. J'espère que vous n'avez pas trop faim."
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Adrian.de.montjoie
Le garçon resta silencieux un moment… que rajouter à tout ce que son hôte venait de lui dire? Là était toute la question. Que fait, que dire? Rhaaaa il n’avait jamais été bon dans ces moments-là. Il se contenta donc de sourire légèrement, attendant de trouver une issue pour rebondir sur quelque chose de plus… plus gais. Le seigneur de Simard lui en donna l’occasion en parlant du repas. Wouarf, il venait d’ouvrir une boîte de Pandore : le microbaron adorait manger, il vivait pour manger. Son hôte l’ignorait, sinon il lui aurait sans doute proposer une simple collation, car là ses réserves de nourriture allait en prendre un sacré coup, c’était sûr et certain. Avec un franc sourire, et l’eau à la bouche, Adrian répondit :

Messire, pour tout vous avouer, et cela me ronge de honte… je suis affamé. Les chevauchées et les émotions m’ouvrent l’appétit de la plus horrible des façons, et ceci depuis toujours… Mais… Je dois avoir des bouteilles de vins de Bourgogne dans mes affaires, aussi je vais demander à Gino de nous les amener, pour vous remercier de vostre hospitalité, qui est pour nous un grand réconfort. Grâce à vous nous ne coucherons pas à la belle étoile. Un grand merci.

Il sourit encore, puis suivit son hôte jusque dans la salle à manger. Celle-ci était vraiment belle, décorée avec sobriété et goût. On s’y sentait immédiatement chez soit. Cela tira une moue de plaisir au petit Baron, très casanier. Cette demeure le mettait vraiment en confiance, tout comme son propriétaire. Aller, avec un peu de chance c’était le début d’une belle amitié qui se tissait.

Et les plats! Les plats étaient déjà déposés sur la table, fumants et emplissant l’air de leur odeur merveilleusement alléchante. N’était-ce point du sanglier qui était déposé au centre? Mais si! Holalala, le jeune Adrian n’en pouvait tout bonnement plus, toute cette nourriture lui faisait monter l’eau à la bouche, le fumet lui émoustillait les sens, son estomac se préparait d’ors et déjà à accueillir toute ces bonnes victuailles, qui n’attendaient que d’être mangées. Et à côté du gros cochon sauvage, c’étaient pas des patés? Mais oui mais oui s’en étaient! Rhooo, il savait recevoir le seigneur de Sinard! Il avait acquis l’amitié indéfectible d’Adrian, c’était certain.

Trève de plaisanterie, il ne fallait surtout pas laisser tout ceci refroidir, cela aurait été vraiment honteux non? Antoine et Adrian se mirent donc à table. Gino apporta, comme promis, une bouteille de bourgogne bien rouge, pour accompagner ce bon gibier. Le microbaron lui fit signe de les servir. Quand ce fut fait il leva son verre et dit, avec joie.


Messire, à nostre rencontre. J’aurai aimé qu’elle soit moins rocambolesque, mais qu’à cela ne tienne, nous sommes entiers et en bon état, alors profitons-en!

Il sourit et leva son verre.

[un peu plus tard, après un excellent repas]

Le jeune baron était repu, tout bonnement repu. Le vin avait bien aider les derniers morceaux de gibier à passer, et décidément il avait parfaitement rempli son rôle d’accompagnement. Il allait falloir qu’il pense à augmenter ses réserves de ce délicieux nectar, c’était sûr et certain. À présent on entamait le long et fastidieux travail de digestion, une chose ô combien épuisante. Adrian déclara :

Messire, je pense que pour ne point nous endormir, nous devrions prendre un petit digestif et discuter un peu, qu’en dîtes-vous? Hum… Voyons voyons, de quoi pourrions parler? Ha je sais! Vous aviez semblé intéressé par mon histoire familiale ce tantôt, alors pourquoi ne point partir de là. Justement dans mes bagage j’ai nostre arbre généalogique. Je le transporte toujours avec moi, afin de me souvenir d’où je viens. Savoir qui sont nos ancêtres et ce qu’ils ont accomplis et le meilleur moyen pour évoluer et devenir toujours meilleur, ne pensez-vous point?

Il sourit et envoya Gino chercher ledit document, pendant qu’il se faisait resservir un léger verre de vin, pas trop tout de même pour ne pas sombrer dans les méandres de l’alcool. Le serviteur revint vite, et le garçon, après lui avoir fait nettoyer la table, jusqu’à ce qu’elle en brille, déroula le parchemin avec la plus extrême attention; il ne fallait surtout pas l’abimer. Il posa son doigt sur son nom :

Vous voyez messire, je suis ici, le petit dernier en somme. Enfin cela ne me gène point, il y a aussi des avantages à cela, ne pensez vous point? En tout cas… Voici ma sœur ici et là.. bin là c’est une branche éteinte semble-t-il.

Il pointa le doigt sur le nom de deux frère, sans descendance aucune, selon l’arbre.
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Pouilleux
Après le repas, qui semblait avoir véritablement plu à celui-ci, l'invité suggéra de prendre un petit digestif, ce qu'accepta volontiers l'hôte, faisant chercher immédiatement un peu de vin, alors que le baron demanda à ce qu'on lui apporte son arbre généalogique.
Il semblait vraiment passionné par sa famille, et voulait le faire savoir. Rien que le fait de toujours voyager avec son arbre généalogique démontrait une large fierté familiale.

Lorsque le dénommé Gino revint avec le document en question, Antoine se plaça à côté d'Adrian, afin de mieux voir le parchemin.
Celui-ci se montra tout d'abord. Il était vrai que le portrait du jeune homme se trouvait tout en bas, mais il ne semblait pas s'en considérer comme lésé, bien au contraire.


"Et là.. bin là c’est une branche éteinte semble-t-il."

Le Seigneur de Sinard dirigea son regard vers ce que pointait le doigt de son invité. Il écarquilla les yeux. Quelle farce lui faisait-on alors ? Quel canular avait-on monté contre lui ?

"Ce n'est pas possible ..."


Et pourtant, si. Elle figurait bien sur ce papier. Son nom semblait avoir été ajouté récemment. Plusieurs années après les autre, du moins.
Mais qu'est-ce que sa nourrice voleuse d'enfants faisait-elle donc avec cette famille ? Les traits symbolisaient une union illégitime ... et une naissance qui l'était tout autant. Non ... Il fallait tirer ça au clair.


"Sauriez-vous me conter l'histoire de cette femme ?" demanda-t-il en pointant du doigt le nom de Thérésa Lagnot.
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