--Valentin_
[Sur le perron d'une chaumière, quelques jours plus tôt. La Rochelle]
Ses yeux bleus scrutent le ciel, inexpressifs, quasi bovins même.
Ses pensées vagabondent vers ces journées qui viennent de s'écouler.
La forêt.
L'arbre.
Le pigeon dodu et parfumé.
La lourde branche au sol, avec le vieux Tourmal dessous ...
Alors que d'autres verseraient des hectolitres de larmes, anéantis par la perte de leur géniteur, lui c'est un merveilleux sourire qui illumine son visage.
Ce sourire ne le quitte plus.
Malgré les coups de coude de sa vieille mère, quand on a donné le vieux à bouffer aux asticots ...
Malgré le regard furibard du vieux cureton Rochelais, aviné à la piquette du coin, qui "Foi de soiffard" n'a jamais vu un tel sourire lors d'un enterrement !
Non, rien n'y fait.
Valentin Tourmal a gagné un beau rictus niaiseux en parcourant le parchemin du pigeon parfumé.
Et puis les évènements se sont enchaînés rapidement.
Il a réussi à faire comprendre à sa vieille mère, fielleuse, surtout quand on lui parle de cette "morue" comme elle la surnomme, qu'ils devaient la rejoindre car elle seule pourrait les aider ...
Il a réussi à perdre la chaumière en faisant un bras de fer avec le costaud du village, lui qui est bâti à peu près comme un avorton anémique ...
Et finalement, là sur son perron, les yeux au ciel ! Il est heureux ... Comme un fou.
Dans la charrette ça tape du pied, façon "je suis excédée de devoir me la coltiner à nouveau", et finalement ça hurle :
Valentin, ramènes tes os ! On va pas à Brest en deux coups de cuillères à pot, faut qu'on parte.
Les autres injures finiront dans la barbe naissante que la vieille arbore fièrement depuis sa trentaine révolue.
J'arrive, M'man, j'arrive !
Il se redresse, fait quelques pas en avant, puis se retourne pour regarder cette chaumière.
Masure tenant encore debout, par on ne sait quel miracle.
Il sourit encore, encore et toujours.
Il grimpe au cul de la charrette et le convoi prend le sentier qui passe devant la Manoir, surplombant le domaine.
La vieille articule, non sans haine :
M'sieur le Baron, l'jour où vous y êtes monté dessus à cette traînée, z'auriez mieux fait de ...
Elle hausse les épaules. Finalement depuis la mort du vieux nobliau, son destin est lié, bien malgré elle à celui de celle qui a fait passé le Baron de vie à trépas, lors d'une partie fine qu'on raconte mémorable dans le canton.
Valentin, installé le cul dans un tonneau, les pieds ballants relit ce pigeon qu'il s'apprête à envoyer à sa princesse.
Ses yeux bleus scrutent le ciel, inexpressifs, quasi bovins même.
Ses pensées vagabondent vers ces journées qui viennent de s'écouler.
La forêt.
L'arbre.
Le pigeon dodu et parfumé.
La lourde branche au sol, avec le vieux Tourmal dessous ...
Alors que d'autres verseraient des hectolitres de larmes, anéantis par la perte de leur géniteur, lui c'est un merveilleux sourire qui illumine son visage.
Ce sourire ne le quitte plus.
Malgré les coups de coude de sa vieille mère, quand on a donné le vieux à bouffer aux asticots ...
Malgré le regard furibard du vieux cureton Rochelais, aviné à la piquette du coin, qui "Foi de soiffard" n'a jamais vu un tel sourire lors d'un enterrement !
Non, rien n'y fait.
Valentin Tourmal a gagné un beau rictus niaiseux en parcourant le parchemin du pigeon parfumé.
Et puis les évènements se sont enchaînés rapidement.
Il a réussi à faire comprendre à sa vieille mère, fielleuse, surtout quand on lui parle de cette "morue" comme elle la surnomme, qu'ils devaient la rejoindre car elle seule pourrait les aider ...
Il a réussi à perdre la chaumière en faisant un bras de fer avec le costaud du village, lui qui est bâti à peu près comme un avorton anémique ...
Et finalement, là sur son perron, les yeux au ciel ! Il est heureux ... Comme un fou.
Dans la charrette ça tape du pied, façon "je suis excédée de devoir me la coltiner à nouveau", et finalement ça hurle :
Valentin, ramènes tes os ! On va pas à Brest en deux coups de cuillères à pot, faut qu'on parte.
Les autres injures finiront dans la barbe naissante que la vieille arbore fièrement depuis sa trentaine révolue.
J'arrive, M'man, j'arrive !
Il se redresse, fait quelques pas en avant, puis se retourne pour regarder cette chaumière.
Masure tenant encore debout, par on ne sait quel miracle.
Il sourit encore, encore et toujours.
Il grimpe au cul de la charrette et le convoi prend le sentier qui passe devant la Manoir, surplombant le domaine.
La vieille articule, non sans haine :
M'sieur le Baron, l'jour où vous y êtes monté dessus à cette traînée, z'auriez mieux fait de ...
Elle hausse les épaules. Finalement depuis la mort du vieux nobliau, son destin est lié, bien malgré elle à celui de celle qui a fait passé le Baron de vie à trépas, lors d'une partie fine qu'on raconte mémorable dans le canton.
Valentin, installé le cul dans un tonneau, les pieds ballants relit ce pigeon qu'il s'apprête à envoyer à sa princesse.
Citation:
Ma prinssesse,
M'man es d'acor.
On viain te voar a la ou tu ai.
Valentin
M'man es d'acor.
On viain te voar a la ou tu ai.
Valentin