Unan
Citation:
Quand un metteur en scène a fini son film, il ne lui appartient plus. Ce qui reste à la fin, c'est comment le film est passé à travers soi.
Juliette Binoche
Juliette Binoche
~*~Bibliothèque de la Source~*~
Le silence régnait dans la bibliothèque. Il en avait toujours été ainsi. D'après certains, cela permettait une meilleure union avec les documents qui se tenaient à disposition sur les étagères. D'après d'autres, cette règle n'avait été faite que pour satisfaire quelques vieux grincheux. Cela dit, nul n'osait la remettre en question trop bruyamment, et encore moins en ces lieux.
De temps en temps, des pas résonnaient contre les dalles qui recouvraient le sol. Pas lent, presque incertains, accompagnés par le sifflement nerveux du vent et une étrange psalmodie. Unan se tenait entre deux étagère. La lumière du jour faiblissant, il s'était équipé d'une lampe à huile. Il la passait devant les ouvrages. Parfois, il s'arrêtait de murmurer, posait sa lampe à même le sol et s'emparait d'un manuscrit. Puis s'ensuivait un examen minutieux du document. Souvent, il le remettait en place et recommençait l'action plus loin. Mais cette fois, il ne le remit pas en place.
Même pas à sa place...comment j' peux faire mon travail si personne ne remet les choses ou elles doivent être, grommela-t-il.
Il referma le livre délicatement, reprit sa lampe à huile et partit en direction de son bureau. Lorsqu'il ouvrit la porte de son cabinet, une douce chaleur l'enveloppa. Il entra rapidement, et referma la porte derrière lui. La pièce était de petite taille. Seul une cheminée, un lutrin et quelques étagères bancales remplis de matériel d'écriture la meublait. Son regard s'arrêta sur le feu qui dansait joyeusement. Ah! Ce qu'il aurait aimé que le reste de la bibliothèque soit chauffée elle aussi. Malheureusement, les risques étaient bien trop grand. Cette dernière contenait quelques documents rares qu'il ne voulait pas perdre dans un incendie. Il soupira. Les documents, exposés au froid et à l'humidité, se dégradaient rapidement. Et il se trouvait dans l'obligation d'en faire de nouvelles copies régulièrement. Un léger mouvement prêt de la cheminée, le tira de sa réflexion. Il fit glisser son regard jusqu'au loup qui se tenait allongé devant le feu confortable. Un sourire apparut sur son visage.
Tu a de la chance toi au moins.... J'ai compris, je m'y met...et arrête de me regarder avec ses yeux là, c'est pas encore l'heure du repas.
Il s'approcha du lutrin et installa le document. S'assit le plus confortablement possible. Choisit consciencieusement une plume et la trempa dans l'encre. Ce ne fut au début qu'un trait, puis se trait forma une lettre. D'autres lettres vinrent l'accompagner et au bout d'un moment cela forma un mot. Il s'arrêta pour regarder le résultat. Cela ne valait pas le travail des moines et leurs enluminures. Mais le résultat restait correct. Mis en confiance par ce début, il continua.