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[RP] Découverte du monde

Essannoc
Cheveux en bataille, elle sortit de sa masure comme d'un cocon. Des jours qu'elle vivait prostrée dans son bouge, au milieu des gens comme elle : les sales, les pauvres, les vulgaires, les putains, les voleurs ... le bas du panier.
Parfois, elle l'avait entendu dire car les rumeurs allaient bon train dans le patelin et visiblement il n'y avait que ça qui marchait, donc parfois, des gens, des propres, des qui sentent bon sous les bras, des qui portent des vêtements, des qui ont des maisons jolies, des qui disent des mots roses avec des coeurs dans les yeux ... donc ceux là, voulaient absolument les adopter, devenir le parrain ... tout ça.

Essannoc n'en voulait pas ; ni de pitié, ni de rose ... Essannoc était une emmerdeuse. Mais ! une emmerdeuse qui avait maintenant besoin de se dégourdir les jambes. C'est ainsi qu'elle fit sa première excursion en ville.

Une immense batisse tronait comme un vieux pachyderme sur une place proprette. Une église qu'ils appellent ça. C'est que c'est important, et qu'il faut y aller à l'église pour que ... c'est comment son nom à celui qu'on a jamais vu ... Tristoune ? oui Tristoune. Il faut y aller pour que Tristoune te protège. Effectivement, Tristoune n'avait pas fait grand chose pour elle jusqu'alors. Elle se souvenait que son père, le violent, la brute : Noc mais les gens l'appellaient le "Gros Noc", parce qu'il était gros -des fois les gens sont pertinents- Noc y disait toujours : "à l'église y'a que des alcooliques, passe moi la bière Epolas ou tu vas en prendre une !!". Epolas étant sa mère. Il était donc vrai qu'Essannoc n'avait pas grandit dans la piété, grand bien fasse à Tristoune qui ne l'aurai peut être pas supporté.

Et là ? la mairie !! Elle se souvint de son frère : Drannoc, qui avait un faible pour les mairies. Il faut dire qu'il avait réussi dans la vie, ce qui pour un flemmard était quand même pas mal.
La mairie, ses fleurs aux fenêtres et les ronds de jambes , et les courbettes, et les fausses politesses. A la vue du batiment, Essannoc fit une grimace, qui était en réalité un sourire, si il faut bien regarder !!

Nus pieds, marchant dans l'ombre, elle entama un tour de ville. Peu à peu ses jambes pesaient moins lourd ... le monde allait enfin lui appartenir.
--Areloch


Elle graillait un navet au seuil de la décomposition, la gueuse. Un côté noir qu'elle décapitait d'un coup de lame précise et elle avalait tout rond avec un peu de terre en guise de sauce. Elle imaginait déjà son haleine tiède de navet envahir son palais et ça la fit rire silencieusement. De toute façon elle ne parlerait à personne ce soir, surtout depuis qu'elle s'était résignée à manger son chien déjà trop maigre. Et surtout parce qu'elle n'avait jamais daigné sortir un mot de sa bouche. Un été difficile, il lui fallait changer d'air. Bourbon, elle avait déjà fait de meilleurs choix dans sa vie mais la tranquillité du bourg lui assurait une certaine liberté.

Seize automnes à peu près, un corps souple et plutôt bien fait sous sa couche de crasse et ses haillons. Elle se sentait affutée. Elle avait depuis longtemps compris que la moralité chez elle, s'effaçait devant sa volonté de survivre. Comme ce vagabond qu'elle avait brûlé vif parce qu'il avait eu la bonne idée de vouloir lui "ramoner l'conduit", comme il lui avait dit. Parfois elle se demandait comment elle aurait fini si elle n'avait pas allumé de feu de camps cette nuit là...

Elle a l'œil au vague quand des pas s'annoncent non loin de son refuge temporaire. Son cœur instantanément enserré dans une chape de terreur primitive propage une lame glacée à travers son corps. Elle se redresse. Elle distingue non loin de là une fille qui semble un peu plus âgée qu'elle, errant tranquillement et l'air serein sur sa figure un peu moins crasseuse.

Maman ? (Non je déconne).

Elle la suit à une distance respectable, un moment et au travers les taudis du quartier, hésitante. Elle a peut-être quelques deniers sur elle, voir des écus ? Mais elle sent quelque chose émanant de cette fille comme d'un être du même monde. Elle jette parfois des coups d'œil autour, méfiante, se rapprochant de plus en plus...

Le risque mal calculé -peu importe- elle s'élance en faucheuse...et termine dans les jambes de la promeneuse qu'elle déstabilise en même temps qu'elle glisse une main jusqu'à la supposée bourse...
Essannoc
Le monde allait lui appartenir, mais il lui fallait partager.

La ville était déserte, mais elle commençait à s'habituer à la solitude. Elle reniflait l'air, l'odeur de la poussière lui emplissait les narines. Même le marché ne dégageait aucune odeur : où étaient passés les marchands, les artisans hélant les prospects ? où était le boucher au tablier rougit qui sifflait la jeune boulangère proposant ses miches au plus offrant ? où était le couple de poissonniers étalant leurs morues qui n'avaient pas vu la mer depuis si longtemps ? et le tisserand mesurant la bedaine du bourgeois qui avait trop abusé des miches de la boulangère ? Essannoc avait tenté l'église, mais même Tristoune était aussi muet qu'un ... bourbonnais.

Elle en était là de ses pensées, faisant connaissance avec la ville, errant dans un dédale de rues plus ou moins sombres, elle vagabondait.

L'air devint instable au niveau de ses jambes. D'abord surprise, elle se laissa tomber sur le sol, ses mains amortirent sa chute. Une masse informe et odorante, venait de la percuter. Une bête ? Un monstre ? Peu habituée à parler, Essannoc ne laissa aucun bruit s'échapper de sa bouche.

Elle vivait dans une masure dans la banlieue Bourbonnaise. Un hameau où s'entreposait les plus pauvres, avec les morts. La loi du plus fort était la loi tout court : pas de décret, pas d'édit ... rien que celle du plus fort, du plus malin ou du plus fou. Accoutumée à cette existence, elle avait eu la chance d'échapper au néant. Essannoc était parvenue à développer certains réflexes qui lui permettaient de survivre à peu près dignement.

D'un geste précis elle attrapa une touffe de poils, ou bien était-ce des cheveux. Elle sentit une main lui agripper un sein qu'on essayait de lui arracher comme si c'était une bourse. Essannoc grimaça de douleur. Elle parvint de son autre main à attirer un membre, une patte ? et mordit à pleines dents.

Elle sentit un liquide chaud couler dans sa bouche ... chaud comme le chocolat que lui préparait sa "tata Niatup" alors qu'elle était enfant.
--Areloch


Douleur intense.

Dans une situation improbable, la fillette. Elle n'avait pas anticipé l'ardoise glissante qui l'avait déstabilisé et envoyé à l'emporte-pièce sur sa victime, le corps à l'horizontal et sa lame envolée dieu sait où. Plaquant une main sur une proéminence chaude et tendre elle comprenait déjà son erreur et qu'elle voulait les mêmes. Et surprise, alors que la douleur se propageait dans son bras et à la racine de sa chevelure empoignée, un plaisir sourd l'envahissait, mêlé. Elle avait fermé les yeux...

Elle relâchait doucement la pression sur le sein sous l'étreinte et la morsure sanglante. Elle est tombée sur plus expérimentée, son esprit glissant jusqu'à la soumission. Elles ont roulé au sol, corps emmêlés sur le flanc. Mais l'autre furieuse la boit ! Et qu'y peut-elle si ce n'est gigoter comme un ver. Elle gémit faiblement la bouche contre le ventre de la furie qu'elle goûte entre ses lèvres, et de sa main libre étreint sa tortionnaire, plantant ses ongles et laissant des sillons dans son dos. Mais foutre qu'elle aime ça, portée de vagues douloureuses et jouissives. Instant figé, brumeux...

Et elle refait surface, presque suffocante, ouvre les yeux et dans un sursaut bestial s'extirpe violemment de l'enfer. Elle a roulé à quelques pas. Furieuse la gueuse, elle serre les dents parce qu'elle a savouré, aussi. Du regard elle fouille un instant le désert environnant et le ciel chargé. Sa lame recourbée git non loin...

Une pluie fine commence à tomber alors qu'elle ne bouge plus, à genoux et reprenant son souffle, les yeux rivés sur l'inconnue à la bouche ensanglantée. Le sang coule le long de son bras jusqu'au sol. Et elle se rend compte qu'elle a soif...
Essannoc
La pression se relache sur son sein. La douleur est moins intense.

Dans sa courte vie, elle avait appris à se défendre ; contre un frère tyrannique, contre un père violent et une mère effacée et soumise. Jamais la peur n'avait altéré son jugement, ses réflexes. Elle relacha la pression de sa machoire sur le bras de son agresseur. Elle déglutit, avala le liquide chaud qui avait pénétré sa bouche ; un gout de vieux navet s'en dégageait. Une envie soudaine de potage ... de potée ... faim.

Une poussée magistrale sépara les deux corps. Essannoc en fut contrariée, elle commençait à aimer la compagnie de cet être qui avait l'air de lui ressembler au fond : perdue, inconsciente, luttant pour survivre, et surtout cet amour fou pour autrui, son sens aigue du relationnel.

C'est ainsi qu'elle se retrouva sur le flanc, son regard se posa alors sur la bête qui était une femme à peine plus jeune qu'elle. Du sang dégoulinait de son bras ... faim ... elle passa instinctivement sa langue sur ses lèvres, regardant la plaie, et avala encore une gorgée de ce vieux navet scrutant la fille.

Lentement Essannoc se redressa sans la quitter des yeux.
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