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[RP]Foutue encre rousse et courrier de belette !

Scath_la_grande
RP Fermé ou seulement si vous devez écrire à la rousse ou lui répondre merci.


Il est temps, bien plus que temps, d’ailleurs.
Cette missive, elle la traîne dans le fond de sa caboche rousse depuis un certain moment.
Elle macère, elle marine, elle se bonifie, enfin en théorie.
Parce qu’une lettre, même pas écrite, ne peut pas baigner dans un jus d’idées d’une binette de future-ex-embrunaise.
Non ce n’est pas possible m’sieurs, dames.
Non ! On vous le dit.

Et bien si… parce que la tête appartient à une femme-belette, à moins que ça ne soit l’inverse.
Et qu’elle se permet tout ! Surtout quand la soirée est arrosée de vin… et de l’ivresse éthérée de la Jusquiame.

D’un coup de main, elle balaye d’un revers le dessus de la table un peu cradingue il faut bien dire. Les godets, en pléthore, sont repoussés sur le côté avec un quignon de pain.

Elle gueule un coup, la rouquine, réclame de sa voix impérieuse au tavernier qu’il nettoie c’foutoire, « et qu’ça saute » rajoute-t-elle en grognant. L’gus s’exécute, un peu mal à l’aise d’entendre un brin de gamine au coffre si portant à l’esgourde. Il en profite aussi en passant de reluquer son pigeonnier un peu conséquent, il trouve, pour une fille de cet âge.

Scath s’en branlioche les rouspignoles, totalement, elle s’occupe à disposer son matériel à écrire. Une plume au panache usé, une bouteille d’encre rouge et un parchemin pas trop moche.

Pourquoi rouge, l’encre, parce que le rouge, c’est la vie, la mort, le combat, tout ça quoi et surtout c’est une couleur de Belette.

Chuuuut maintenant, ça commence.



Citation:
Chère Nyna,

Je t’écris depuis le fin fond d’une taverne miteuse en Languedoc, pour te donner (enfin !) de mes nouvelles. Bientôt j’arrive en Lyonnais-Dauphiné, paraît que c’est le bordel par chez toi. Des histoires de politique encore, c’est ennuyeux je trouve, moi je préfère amplement cogner et après négocier, alors la politique et ses hypocrisies, voilà quoi !

Et toi dans tout ça ? J’espère que tout ce remue-ménage ne te fera pas fuir les tavernes embrunaises à mon arrivée et que je pourrai écluser quelques chopines avec toi, en parlant du bon vieux temps. Diantre ! Me voilà discutaillant comme une vieille pomme.

Tu pourras constater quelques changements sur moi, ma panse d’habitude si plate commence à enfler doucement. Mon brun, le gus de Dié, m’a planté une graine, le salopiau ! Enfin je t’expliquerai tout en détail, mais tout ce que je peux dire c’est que je ne suis pas qu’un peu contrariée.

Je suis bien contente de revenir, même si ce n’est que pour un temps limité, revoir mes vieux piliers de comptoir, vider ma réserve de liqueur de framboise et aussi de renouer avec le génépi. Parfois, Embrun et son calme me manque. Mais dis rien à personne, après on va prêter du sentimentalisme qui pourrait nuire à ma réputation.

Ah et aussi, je voulais savoir si je ne risquais rien à rentrer, ou bien si mon nom garnissait déjà les listes noires, si tel est le cas, c’est me faire là que trop d’honneur et gâcher de l’encre bien inutilement.

Je te laisse, sinon je ne saurai quoi te conter à mon arrivée.

A bientôt.

Scath



Petit regard en coin qui s’égare sur sa Sombre.
C'est que ces derniers temps, la brune passe de mauvaises nuits.
Faut pas la prendre pour une débile, elle l’entend bien glapir dans son sommeil sa Mata. Elle ne s’en inquiète pas vraiment, suppose que c’est sa blessure qui la dérange. Ce qui l'ennuie le plus c'est que ça l'empêche de roupiller, elle.
Parfois, la rousse aimerait bien, pour piquer l’orgueil de la vestale lui dire qu’elle ferait bien de se faire tringler un peu, elle en dormirait que mieux. Mais finalement s'abstient de ce commentaire acerbe, par égard ou pour préserver le peu de relation qu'elles entretiennent.
Scath ne sait pas trop, en fait.

Un autre bout de papelard prend place et un nouveau mot.
Bref de paroles mais qui aura son effet assurément.



Citation:
Messire Gasclin,

Préparez l’abreuvoir et le frottoir. J’arrive prochainement et j’ai besoin d’aiguiser quelques instincts maternels en vous donnant le bain.

Teigneusement

S.



Un fin sourire se dessine insidieusement sur ses lèvres. A coup sûr, il la reconnaîtra sans avoir à signer le court message.
_________________

"Repeat after me : Belette is perfect ! "
Gasclin
Assis au bord de l'abreuvoir qu'un urbaniste distrait avait fait placer juste devant la taverne municipale, prenant le risque inconsidéré qu'un bon nombre de glissades finissent au fond de l'eau, Gasclin relut pour la quatrième fois le petit mot qu'on venait de lui apporter...

Citation:
Messire Gasclin,

Préparez l’abreuvoir et le frottoir. J’arrive prochainement et j’ai besoin d’aiguiser quelques instincts maternels en vous donnant le bain.

Teigneusement

S.


Par la main baladeuse de Saint Pierre de Tarentaise !... En voilà une surprise !... Moi qui ne faisais que verser une larme en passant devant chaque abreuvoir où il me semblait voir se refléter un visage aux traits fins auréolé d'une tignasse rousse... Moi qui m'attardais mélancoliquement à contempler le reflet de la lune dans l'eau, imaginant Aristote seul sait quoi... Moi qui compatissais aux hurlements nocturnes des loups appelant la femelle pour des ébats sauvages... Que la malepeste bigleuse m'emporte si je m'attendais à pareil message !

Voyons récapitulons :

Préparer l'abreuvoir : c'est fait...
Le frottoir ?... Il ne me quitte plus...
Arrivée prochaine ?... Quand ?... Quand ?... Quand ?...
Besoin d'aiguiser quelques instincts maternels ?... Aucun problème : moi même ayant quelques instincts filiaux qui me poussent à enfouir mon visage poupin dans des poitrines accueillantes... Wahououou... Heu... Gasclin ton imagination enfiévrée t'égare... elle ne fait que te proposer un bain tout maternel, voyons... tel un bébé innocent tu seras tout nu dans l'abreuvoir et elle... elle... ben pour éviter les éclaboussures elle sera aussi toute nue dans l'abreuvoir... Et... Et... Où es-tu mamaaaaaaaaaaan !...


Bon allez... Du calme... Répondons donc courtoisement...

Citation:
Dame S,

Tout sera prêt pour votre retour et j'aurai grande joie à reprendre avec vous les échanges philosophiques et éthérés qui furent les nôtres et, à mon plus grand dam, si brusquement interrompus.

En ce qui concerne le perfectionnement de vos instincts maternels croyez bien que je serai un assistant attentif, docile et tout disposé à exalter en vous ces instincts voire même quelques autres pour peu que votre présence à Embrun dure un brin plus longtemps que le battement d'aile d'un papillon de nuit...

Ardemment vôtre,
G.
Nynaeve87
Nyna était en voyage.
Un petit voyage d’agrément, juste le plaisir de flâner sur les chemins en cette fin d’été en compagnie de sa seule jument.
Partie d’Embrun depuis quatre jours, elle séjournait en la ville de Vienne, juste le temps de voir un ami, puis retour à la case départ.
Tout ceci semblait bien loin la vie d’aventurière dont elle avait rêvé lorsqu’adolescente, elle faisait le parcours de sa chaumine à l’armurerie de son père, tête en l’air et les yeux remplis d’étoiles… mais voilà… on avait fait d’elle une femme raisonnable…on ne l’avait pas loupé…

Elle était en taverne quand soudain entra un messager.
Comme par habitude elle le détailla ne songeant à aucun moment qu’il était ici pour elle… pourtant…
L'homme brun et poussiéreux prit juste le temps de balayer la salle du regard avant de venir droit sur elle…


Votre Grace…

S’inclinant il lui remit un pli, puis sans même attendre, repartit… hop il avait disparu…

Intrigué elle regarda le parchemin sans même l’ouvrir… qui pouvait bien… ce ne semblait pas un pli officiel…enfin…

Doucement alors elle le déroula, découvrant une écriture régulière qu’elle ne connaissait pas. Très vite ses yeux filèrent vers le bas de la page… surprise… plaisir aussi…la petite rouquine d’Embrun… son antithèse… la lumineuse belette…


Avant de commencer sa lecture elle commanda une chope… elle voulait prendre le temps… déguster.

Nyna porta doucement à ses lèvres la petite bière que l’on venait de lui servir puis s’installa confortablement avant de se pencher sur sa missive…

Ses yeux s’allumaient à la lecture, il n’y avait pas à se tromper sur le ton employé, pas même besoin de signature.
Une façon d’envisager la vie qui la faisait rêver. Cette façon d’entrevoir la liberté là ou on n’irait même pas la chercher…un vrai rafraichissement à coté des discussions de l’assemblée nobiliaire et de la politique du duché…

Posant le velin sur la table, les yeux dans le vague elle se remémora la jeune femme lascive et malicieuse… pas question de la louper, elle repartirait le lendemain…

Prenant donc son nécessaire à écriture qu’en femme prévoyante elle glissait chaque jour à sa ceinture, elle coucha à son tour quelques mots qu’elle fit porter au plus vite à l’intéressée…


Citation:
Scath ma belle,

C’est bonheur de savoir que tu rentres enfin… je vais chevaucher au plus vite vers Embrun, impossible de louper les chopes nostalgiques…
Tu ne crains rien, ici tu es chez toi. J’envoie au plus vite un autre pli à Embrun prévenir de ton arrivée… ça nous réveillera la prévôté…

Oh… mais j’y pense… il faudra que je dise de faire le plein de tisane… c’est qu’on ne boit pas dans ton état… ah la la… je vois déjà une moue sur ton visage…

Allez, prend garde à toi surtout,
Bien à toi
Nyna


_________________
Scath_la_grande
[A Embrun]


C'est sans appel ! La voix invective ne requiert aucune clémence de la demanderesse.


OHHHH Bill, il vient ce foutu pichet de vin !


La demoiselle s’coince le parchemin devant les yeux avant de jeter sa dernière gueulante au tavernier qui lambine.
L’pauvre bougre avait perdu l’habitude de servir la tornade rousse, qui picole plus vite que lui montait ses fûts.

Grognement de Scath quand celui-ci pose son pichet avec bruit, éclaboussant son vélin de gouttes carmines.
Le pap’lard, elle s’en fout, mais le vin bordel !
Pas de gaspillage, c’est sacrilège…

La main nerveuse, trempe âprement la pointe de sa plume et dans un élan un peu lascif commence à gratouiller des mots ci et là.
Se fendre d’une lettre lui demande à chaque fois un effort considérable. Toujours du temps d’perdu qu’elle n’aura pas pour s’vider l’godet, la vilaine.



Citation:
Saanne,

Paraît que vous êtes de connaissance de Matalena Ladivèz et tralala, j’gaspille aujourd’hui un peu de parchemin pour savoir ce qu’il en est. De toutes apparences, vous devez nous accompagner. C’est la brune qui me l’a dit, et je ne discute pas ce genre de détail avec elle.

Donc dans quelques jours nous allons venir vous cueillir à Dié, je vous en avertirai avec un pigeon rapide le jour exacte, enfin si j’en trouve un à Embrun.

Maintenant, il me faut savoir si je dois vous prêter un peu d’écus pour vous acheter de la nourriture pour le voyage et savoir aussi si vous êtes déjà passé au stade supérieur soit vagabond professionnel ou bien pécore.
Juste pour précision, je ne prête pas gratuitement, vous devrez me fournir une compensation. Si le physique vous avantage et que nous nous mettons d’accord, vous payerez de votre personne, sinon nous négocierons le taux d’intérêts lors de notre rencontre.

J’espère avoir promptement réponse de votre part que je puisse prendre mes arrangements.

Teigneusement.

S. dicte Belette

Vous ne me connaissez pas ? Et bien ça ne va pas tarder !



L’encre sèche pendant que de sa voix d’orfraie la rouquine offre son coffre bruyant au tavernier qui s’planque à la cave. Les oreilles éreintées de cette fougue sonore.


Biiiiiiiiill mon Génépi ! Bordel !


Ben quoi ? On ne contrarie pas les femmes portantes !
_________________

"Repeat after me : Belette is perfect ! "
Saanne
[A Dié]

Humbert rentre à la paroisse après une longue journée de labeur. Casser de la caillasse, ça vous évoque le bagne ! D'autant que le tribut est loin d'être suffisant pour faire un honnête homme... Alors le bougre, avec ses penailles en charpie, ne faisait pas fière figure.
Le cureton lui fait un signe de la main, alors que le loqueteux ruisselant de l'eau de son bain dans la drôme, n'aspire qu'à retrouver sa paillasse.

- T'as du courrier le converti !

L'autre étonné, se contente d'attraper le pli tout en le lorgnant de ses yeux fatigués.

- Tu sais lire au moins ?


Le clerc n'a d'autre réponse qu'un grognement, le vagabond s'est déjà dirigé vers son coin d'écurie aménagé en dortoir...

Humbert Se gratte frénétiquement le crâne en relisant la lettre. La Belette exaltée ne lui rappel absolument rien, mais l'évocation de cette Matalena lui trotte dans le ciboulot. Serait-ce cette femme qu'il avait rencontré à Lyon il y a de ça quelques années ? Celle qui lui avait promis de le tirer un jour des griffes de ces « emmerdeurs » en soutane ?
Il s'était depuis résigné à œuvrer pour de piteux labeurs, le temps de réunir un pécule suffisant pour se payer un lopin de terre, loin, très loin du duché lyonnais.
La réussite n'est pour l'instant pas de mise : entre quelques descentes ponctuelles à la taverne et un loyer versé chaque mois à la paroisse ; le vagabond n'a économisé pour son voyage que quelques piécettes... Qu'importe, voilà peut-être une solution drastique à son problème.
Se passant de toute méfiance qui pourrait être de rigueur, Humbert retourne le parchemin pour y adresser un rescrit :


Citation:
Dame la Belette,

Je ne discuterai pas non plus de ce qu'à pu dire cette femme. Si de me sortir de Dié est votre volonté, je n'en serai que fermement volontaire. Dussé-je pour cela vous emprunter quelques pécunes dans des conditions fort douteuses.

A ce propos, je ne suis doté pour l'heure que de trois sous. Mes frais pour subsister engrangeant une bonne part de ma « fortune » chaque jour, je n'aurai à vrai dire de retour sur mon labeur qu'en ce prochain jour du Seigneur. Je vous serai donc gré de faire suite à votre proposition.

Avec mes salutations.

Sieur H.P. Sâânne.


Il va encore falloir raquer pour acheminer ce courrier jusqu'à Embrun, se dit le miséreux. Le curé se fera encore une joie de lui soutirer ses deniers. Mais après tout... il allait au moins passer une nuit avec un sentiment de renouveau dans l'âme...
Scath_la_grande
[Embrun, encore...]

On tape au volet.
On maugrée dans la couche.

Mais quel est donc l’impudent qui vient troubler le sommeil de la créature nocturne ?
On grogne et on se retourne. Pas envie. Trop tôt.
Et d’insister en petits coups effrontés.
Les fentes qui lui servent de paupières s’ouvrent, agacées.
Le roux s’agite, le roux râle, le roux se met enfin en branle et se lève. Enfin, plutôt, titube, manque de se rétamer et se redresse pour être exact.

Elle fout une claque au volet pour faire entrer la lumière, et pour voir quel abruti se permet d’écourter ses nuits de la sorte.
Devrait être interdites ces choses là, tiens !

Les yeux clignent, agressés par un soleil qui a déjà dépassé son zénith et les fauves tombent sur un gamin, missives à la main.


Non mais faut pas déconner, c’est une heure pour déranger ?

Le mioche n’a pas le temps de répondre que les parchemins lui sont arrachés des arpions et que les volets sont rabattus avec violence juste sous son nez.
Lui, il a la main pantelante, qui attendait quelques menues monnaies, la paume n’accueille finalement que le courant d’air.
Grimace du bonhomme, ben la pingre de Scath ne lui avait pas manqué !

La mustélidé se glisse à sa paillasse. Mauvaise nuit pour elle. Il n’y a qu’à voir l’absence de la gent masculine qui sied à sa couche dans cette matinée très avancée.
Ses yeux roulent, ils cherchent. A boire… vite.
Sa main trouve et elle porte à sa bouche le liquide salvateur. « Ô liqueur de framboise, je te révère… ». Les vermeilles sont satisfaites et la belette aussi, du coup elle sourit.

Le sourire s’étale en un petit rire amusé à la lecture de la missive. Son museau se plisse de satisfaction, elle ne lui avait envoyé qu’un petit mot qui ressemblait à ça.

« Z’êtes où ? Moi, je pars demain » accompagné de sa signature, rien de plus, rien de moins.
Et en réponse, ceci.



Citation:
Ze suis où ?... Ze traîne comme une âme en peine autour des tavernes et mes jolis yeux rougis n'y voient pas le moindre cheveux roux... Ze fais la tournée des abreuvoirs une étrille à la main et mes doigts fiévreux ne brassent que de l'eau... Tel le renard affamé pistant la fouine vespérale, ze recherche partout un indice de présence ... Et quand z'en croise un, que me dit-il ? "Moi je pars demain"...

"Z'êtes où ?" Demandez-vous ?... Regardez au fin fond de la liste des passions inassouvies, ou alors dans la marge du répertoire des folies inaccessibles, ze ne devrais pas être bien loin...

Frénétiquement vôtre,
G.



La rouquine relit encore une fois pour le plaisir et plie avec soin le message, elle y répondra plus tard, il y a plus urgent.
Et l’urgent a répondu, elle en est bien aise la ribaude, elle va pouvoir prendre la plume et lui envoyer un mot par pigeon.
Il faut qu’il soit concis, sinon l’empiafé risque de calancher en vol.
S’rait con quand même !



Citation:
Sâânne,

Cette fois, j’ai mis les chapeaux.
Demain, vendredi, seront à Dié.
Espère vous trouver très tôt dans la matinée entre 1h3o, 2h après le faîte du soleil (13h30-14h00) ou sinon à partir de la 9 heure du soir.
Possibilité d’être là en d’autres heures mais sans certitude.

S.



Une rincée dans l'gosier pour fêter ça, et voilà le pigeon envolé.
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"Repeat after me : Belette is perfect ! "
Scath_la_grande
[Cahors]


Le troisième pichet de pivois vient atterrir sur la table après la sévère gueulante scathienne.
Pour la rousse, ça lambine toujours trop quand il s’agit de son vin qu’elle paye de sa bourse.
Déjà que la journée fut dure en labeur.
Imaginez ! Cueillir deux pommes, c’est tuant !

Et maintenant elle se coltine une voisine de tablée bien gratinée en niaiserie.
La greluche, déjà pourvue d’un pif de truie et de bien d’autres attributs de la même bête, n’arrête pas d’ouvrir son clapet à conneries.
Depuis un petit bout de temps, elle bassine la rousse, un index bien pointu, pointant l’excroissance qui lui garnit la panse.

Un flot ininterrompu de questions, toutes niaiseuse, viennent agacer les esgourdes de Scath qui tente de lire un courrier fraichement reçu de Montauban.
Et la petite qui se croit intéressante à lui balancer des fleurs de conneries par poignées de jaboter encore et encore.


J’peux toucher ? Vous l’sentez bouger ? Et ça fait comment ? Vous pensez que ça s’ra quoi ? Vous préfèrez que ça soit une fille ou un garçon ? C’est qui l’père ? Je le connais ? Z’allez bientôt accoucher ?

Auxquelles Scath répond d’une voix dédaigneuse et froide qui trahit une colère naissante.

Nan ! Qu’est-ça peut t’foutre ! De quoi j’me mêle ! J’pense pas… j’aimerai juste picoler en paix !! J’voudrai que ça soit un clébard, plus pratique pour la garde ! Qu’est-ça peut t’foutre ! M’étonnerait, vu ta gueule ! De quoi j’me mêle.

Malgré la haute amabilité clairement affichée par la rouquine qui pousse un soupire d’exaspération.
La donzelle se met en tête de continuer allégrement son interrogatoire.
La Grande tourne vers la gourde un visage implacable auquel elle appose un de ses sourires carnassiers, tous crocs dehors.


Met d’avis que t’ferais mieux d’la boucler, sinon j’t’en colle une dans les dents…

Vexée, l’autre se lève et s’en va apporter son lot de foutaises à une autre tablée, épargnant à la rouquine la vue de son faciès porcin.

Un godet est vidé à cet effet.
Et La Grande de se pencher enfin sur ces quelques mots à l’écriture inconnue.


Citation:
Bonjour gente dame,

Je vous remercie de votre geste de confiance sur le pauvre hère que je suis même si je n'en connais pas la raison...

Bien à vous,

Mirwais


« Mirwais ? C’est qui lui ? »

Quatrième pichet sur la table, alors que la rouquine est en grande réflexion. Ses mains fines appuyées sur ses tempes, se les massent.

« P’tain Scath, on avait dit plus de vin jusquiamisé… pfff c’est qui ça déjà… Mirwais ? Ça m’dit que dalle ce nom là. A tout les coups, encore un gars qui t’as trouvé à cuver dans un fossé et qui t’as ramené dans sa carriole. »

Quelques lampées de pivois, qui lui réconforte la gorge, lui réchauffe doucement la panse mais en aucun cas ne lui éclaire l’esprit.

« Pourvu que tu lui ais pas promis une entrée aux estuves gratuites… Bon vais lui écrire… c’est p’têtre une erreur de jugement. »

La plume est taillée, l’encre rouge de sortie pour faire briller les mots sur le vélin comme s’ils étaient écrits au sang.

La belette gratte de son écriture rigide et au trait d’où ne subsiste aucune hésitation. La main est déjà bien rôdée.

Au taulier, de sa voix impérieuse.


Envoie ça à Montauban… au plus vite !

Allez, hop ! Une dernière rincée dans l'gésier avant la prochaine tournée.
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"Repeat after me : Belette is perfect ! "
Mirwais
[Montauban]

Un matin comme un autre sous un ciel couvert, des nuages vidés d'avoir trop pleuré durant la nuit et les quelques sanglots restants pour réveiller à coup de fines larmes versées sur son visage un Mirwais nu et planté dans sa terre boueuse, femme de substitution offerte au gré de ses hallucinations par trop de jusquiames minutieusement préparées par le bougre.

Il se relève difficilement et se réfugie dans sa cahute de fortune pour y retrouver ce maudit frère qui n'avait d'humain que le nom, tout le reste avait été baclé par le divin dont les caprices pouvaient parfois être bien cruels.

Sous le rire animal et répétitif du difforme, Mirwais, couvert de boue, s'adosse à un mur non sans se rafraichir de raisin volé au risque d'être châtié.
Comme à son habitude, il crache les pépins sur la face de son frère en souriant tandis que la cible rit de plus belle sans suspecter une moindre animosité.


Un papier chiffonné au sol rarement source de bonne nouvelle, certainement récuperé par le frère à l'entrée du terrain, Mirwais s'applique à le lire en distinguant certains mots, fruit des instants passés lors de sa belle enfance auprès d'un cureton disposé à apprendre lecture et écriture.

Citation:
Messire le pauvre hère,

Je suis fortement étonnée de votre pli.
Un geste de confiance vous dites ?
Et ceci Gracieusement ? Enfin c'est ce que j'en ai déduis puisque mes finances sont inchangées.

Cela ne me ressemble guère. Êtes vous certain de vos dires ? Ne m'avez pas confondu avec une concurrente de mon espèce, le crin roux et dru sur sa tête ?

Non à bien y réfléchir, je ne peux être confondue avec personne, ma sublimité est unique.

Alors j'en déduis qu'un jour ayant trop forcée sur les bons vins d'Aquitaine ou d'ailleurs, je vous aurai accordé cette marque indéfectible et surtout si rare de ma part.

Soyez-en honoré et ne vous maltraitez pas tant de questions, ça donne mal au crâne.

Teigneusement

S. dicte Belette


Lire, relire et encore relire le message pour être sûr d'avoir bien compris.
Il est vrai qu'il avait reçu des lettres de recommandation, geste de confiance s'il en est, depuis son arrivée en la ville de Montauban, ce qui lui avait permis d'obtenir un lopin de terre, puis plus tard quelques autres gestes pour diverses raisons et toujours ou presque, il avait remercié la dite personne par un courrier qui ne se voulait que bref tant écrire lui était pénible...


Rarement des réponses mais là, plus qu'une réponse, c'était une difficile contrainte, celle d'essayer de se souvenir s'il avait planté cette dame de son fléau personnel le long de ces nuits où il se révelait plus animal que simple paysan...

Montauban était une petite bourgade, cette dame Scath, il l'avait vaguement aperçu lors d'une habituelle marche vers les mines, elle était bonne à monter, une belle croupe, une chevelure rousse, une grande gueule et des faux gestes travaillés synonymes d'une fougueuse dans la couche mais de toute évidence, elle ne portait guère attention à la souche paysanne pas assez rémunératrice.

Il se frotte energiquement les cheveux en grimaçant

Foutredieu, qu'ai-je donc fait avec elle pour qu'elle me fasse don de sa confiance et pourquoi cette lettre ? Il a forcément fallu que je lui en écrive une...

Souvenirs de ses dernieres mutations hallucinatoires, parfois ours, d'autres fois corbeau ou serpent et plus rarement loup...
Il l'avait peut être grimpée la belle !


Quelle poisse, même pas capable de m'en souvenir, pourtant ça a dû être agréable avec cette garce !

Il relit le message pour y déceler au moins un indice

Ses "finances inchangées"... Normal, j'ai pas un écu en poche pour tremper la bête, par contre des fourrures, j'en ai à sasiété et ça plait aux dames ça !
Je serais pas encore décalotté si la femelle n'était pas attirée par mes belles peaux !


Fallait mettre les choses au point non pas pour elle mais pour éventuellement changer la contenance de ses précieux ingrédients et puis tout de même essayer de se souvenir de leurs éventuels ébats, ça ne s'oublie pas une telle croupe tout de même.

Visage de la teigne en tête, il se lance lentement mais avec application dans une lettre qui se voudra plus claire non sans donner un coup de pied à son difforme de frère qui avait une forte propension à toujours vouloir se rapprocher.
_________________
Scath_la_grande
[Cahors]


La chambre est grise. Les envies mortes. Et la rousse est allongée, en s’emmerdant comme il faut et pas qu’un peu.
La fin de l’après midi s’annonce gravement, aussi terne que l’a été la journée.
‘se demande bien ce qu’elle fout là, tant qu’à s’emmouscailler, elle aurait pu l’faire à Montauban.
La Scath boude au fond des draps qu’elle partage avec le vide. Son brun est déjà loin, l’abandonnant pour de futiles desseins, le « travail ».
Mon Dieu ! Que ce mot est grossier…

Elle s’amuse un temps avec le petit habitant de sa panse.
Il gigote, elle le sent bien et parfois, quand La Grande cesse de se mentir, elle trouve un petit plaisir étrange à percevoir ses coups en elle.
Un petit sentiment égoïste, qui lui picote étrangement le cœur… c’est sa progéniture… à elle, rien qu’à elle toute seule…

Elle tue le temps en posant une pomme sur le faîte girond de son ventre, attendant que le heurt du parasite la fasse rouler le long de son flan.
Ça la fait bien rire. Un peu nigaude la ribaude pour ce coup là.
Un bruit furtif sous le chambranle de la porte l’interrompt dans son jeu.
C’est un pli, tout juste glissé par le taulier qui ne veut pas s’éterniser dans le coin.

Hier soir, la rousse lui a collé dans le tarin une sérieuse mandale, l’bonhomme après avoir déposé ses regards salaces y avait déposé ses doigts sur la Grande.
Il croyait la rouquine docile comme catin mais il s’était bien gouré.
Maintenant il garde sa distance pour ne pas s’amochir de trop, ça fait fuir la clientèle.

Lascive, elle se lève.
Juste couverte de rien, sa chair frissonne.

Un sourcil se hausse, hautain et curieux.
Le trait en est plus appliqué mais elle reconnait l’écriture.
Tiens ? Le pauvre hère lui a finalement répondu.
Haussement dédaigneux des épaules, la rousse s’en va rejoindre le tiède de sa paillasse pour la lire tranquillement.

Une bouteille de liqueur forte est emmenée au passage. Il faudra bien ça pour ingurgiter le tas de connerie qu’elle ne manquera pas de trouver au milieu des mots. Soupire.

« Ces pécores… j’te jure »




Citation:
Gente belette rousse,

Ne vous fiez pas à l'état de votre bourse pour savoir si ma misérable personne a parcouru chaque partie de votre estimable nudité, je ne peux que laisser mes empreintes d'une chevauchée nocturne par le biais de belles fourrures offertes à défaut d'un souvenir impérissable sur la monture... la preuve semble-t-il...
Prenez garde cependant, il semble que mon miel soit de nature très fertile.

Quoiqu'il en soit, sachez désormais que je garde votre délicate attention déjà oubliée comme le souvenir d'une nuit mouvementée même si, au pire, elle n'a jamais existé...

Bien à vous,

Le pauvre hère


Au fur et à mesure qu’elle égrène les phrases au fil de sa lecture, les yeux s’écarquillent, les lèvres se mordillent.
Il lui parle de chevauchée, de miel et autres délices qui lui démangent la peau. Et ça l’a fait sourire, presque malgré elle, cette méprise.
Les fauves, dans leurs cages, se mettent à briller, elle est obligée de relire, d’en patiner les mots qu’il utilise.
Elle n’étrenne même pas la bouteille, tant la missive la garde accrochée à elle.

Le ballet de la plume encrée de rouge ne se fait pas attendre et la réponse d’être envoyée avec célérité en direction de Montauban.

_________________

"Repeat after me : Belette is perfect ! "
Mirwais
[Montauban]

Il n'y aurait certainement pas de suite à son appel au...rappel mais à trop se torturer l'esprit et la bourse à coup d'imagination lubrique sur ce qu'il esperait avoir infligé à la belle rousse sans admettre un instant que le néant pouvait entrer dans les probabilités, Mirwais s'était assuré qu'en cas de courrier parfumé en son honneur, il le recevrait prestement en échange de quelques deniers qu'il pouvait économiser.

Fallait croire qu'Aristote n'avait pas encore remarqué son pêché de la pogne gauche puisque lettre lui tombait entre les mains dans un délai suffisant pour ne pas devenir fou.

Citation:
Au pauvre hère,

Qui s'exprime avec plus de noblesse que beaucoup de titrés à la particule alambiquée.

Je crois qu'il y a méprise, je ne fais pas payer ce genre de délicate attention, à moins que vous fûtes un bien piètre amant, et c'est là que j'exige des dommages et intérêts. Et surtout vous m'auriez laissé un tel méprisable souvenir que je vous aurais gardé en mémoire pour ne pas me fourvoyer une seconde fois.

De plus, aucune fourrure (pour l'instant ?) ne siège comme trophée sur ma couche.

Et si rencontre, il y avait eu, vous ne m'auriez jamais fait part de votre miel si fertile dans votre missive. Mention tout à fait inutile car je suis déjà ensemencée et pour tout vous dire la récolte se fera bientôt. Vous n'auriez pu passer à côté de tels rondeurs sans les avoir remarquées.

Teigneusement vôtre

S. dicte Belette

P.S. : Si d'aventure un pauvre hère m'offre une fourrure un jour, j'aimerais bien goûter son miel.


Où comment se décomposer en deux mots...
"déjà ensemencée"
Insulte suprême venant d'un tel fruit de lire qu'un bougre l'avait engrossé et qu'elle semblait vouloir garder le produit pisseur, pleureur et têteur.
Non content d'avoir castré Mirwais de tout ses fantasmes, la rousse le provoquait en rédigeant moults gentillesses en son encontre.
De gueuler


Mais...mais je n'en ai cure moi de m'exprimer avec noblesse !
Ce que je veux, c'est te prendre et t'épuiser de mes coups de boutoir ma belle !
Me délecter de ton corps et jouir jusqu'à ce que mort s'ensuive !


Il était crucial pour le bien de tous les hommes de sauver la divine teigne d'un destin promis à l'ennui et à la mièvrerie des mères en extase devant un vulgaire landeau en mouvement.
Surtout ne pas se reposer sur la dernière phrase qui laissait une voie de passage à l'écorché garni de belles fourrures, il fallait qu'il lui propose d'urgence une recette à base de graines de fougère, de feuilles de saule, d'épidème, de rue, de persil et de fenouil non mieux encore, lui écrire !
Lui écrire que de ne pas s'amuser des hommes, c'est comme insulter la nature de toute ces formes qu'elle lui a offerte pour rien.
Lui écrire qu'elle est le fruit du pêché et qu'Aristote ne lui pardonnerait pas un tel désastre.
Lui écrire, oui, lui écrire au plus vite et avec noblesse de surcroît si ça lui plaît...


Courir vers une plume salvatrice non sans oublier de frapper son frère pour se calmer
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Scath_la_grande
[Cahors… plus pour longtemps]


Pourquoi qu’il lui agite les sens, pourquoi qu’elle attend cette fichue réponse avec cette fébrile impatience.
Après tout, ça n’est qu’un gueux lambda, rien de plus. D’ailleurs, elle n’est même pas fichue de se rappeler à quoi il ressemble ce « Mirwais »
Blond, brun, gros, trapu, grand, fin, besogneux ou plutôt tire au flan dans l’acte.

La rousse guette le pli, jette des œillades inquisitrices sur tous les messagers qui passent à proximité.
La journée s’effiloche ainsi lentement, lui aiguisant sa faim et ça la grignote ce désir latent là.

Puis vient la délivrance, non pas celle du ventre, celle de la lettre.

Les mirettes arpentent les mots, s’approprient les phrases avec voracité et même férocité.



Citation:
Gente belette ensemencée,

Quelle idée de se faire engrosser quand on aime tant les bonnes choses, non content de me priver d'une imagination gourmande par un impardonnable oubli charnel qui me nourrissait, vous me retirez de surcroit la virile satisfaction de vous avoir chevauché lors de mes nuits animales.

Vous n'êtes pas sans savoir qu'un mioche dans les bras, c'est comme un moustique avide de votre sang, ça dérange, ça agace et ça vous empêche de dormir...

Auriez vous déjà perdu goût à la luxure, au plaisir adultère et à la délicieuse perspective de vous jouer des hommes à moins que vous ne soyez qu'une méfiante hermine blanche abusant de la neige pour mieux se protéger d'un éventuel prédateur qui vous dompterait ?

Je ne peux me résoudre à vous laisser dans cet état, votre croupe ne peut servir qu'à un seul homme, je trouverai belle fourrure pour vous sortir de cette affligeante asthénie qui vous guette et mon miel si tant est que vous l'acceptiez suffira à vous rappeler qu'il n'y a rien de plus plaisant que de se faire piquer par une furieuse abeille plutôt que par un même moustique ingrat, la saine douleur est chaude, tenace et parfois vous donne envie de pleurer et ma foi, il est parfois bon de pleurer gente teigne...

Votre serviteur, jadis roi d'une falaise,

Mirwais



Roi d’une falaise ?

Le museau se plisse sous une moue boudeuse et bientôt un bout de ses lèvres se fit mordiller dans l’élan de sa relecture.
Si cet homme pinoche comme il écrit…
Paupières qui se ferment à cette idée, frémissement qui courent sur le velouté de sa peau.


La réponse ne se fait pas attendre, déjà le parchemin est habillé de l’écriture scathienne.
Du rouge, du carmin pour son encre.
Couleur du vin, couleur de sang, couleur de l’étoffe qui ceint son corps.
Et couleur de la violence de son désir.



Citation:
A Mirwais,

Je vous sens inquiet quand à l’extinction de mon goût immodéré de la luxure à cause d’une ponte imminente. N’en soyez pas effrayé, il existe de bonnes nourrices qui seront certainement mieux y faire que moi. Je veux bien sacrifier un peu de mon pécule réservé à remplir l’outre à vinasse que je suis, pour un peu plus de tranquillité.

Je suis et resterai toujours adepte des cultes sybaritiques, tour à tour prêtresse et disciple. Mais gardez-vous de croire que je suis une proie… celle qui chasse c’est moi et je suis sur vos traces.

Demain je serai de retour à Montauban, j’espère vous y croiser, voir à quoi vous ressemblez. Si vous êtes à mon goût, je comblerai tous vos appétits et vous toutes mes faims. De votre miel, je m’en repaitrai et si vous savez y faire je vous donnerai la tétée.

Teigneusement

Scath



Missive remis au bon soin du messager qui doit la donner avec célérité.

Et avant de s’occuper des préparatifs de leur retour, la rouquine s’abandonne à une sieste où les mains puissantes de Mirwais prennent possession de son corps.
Délice onirique qui sera peut-être comblé de réalité.

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"Repeat after me : Belette is perfect ! "
Scath_la_grande
[Genève]


Entre deux verres d’hypocras, trois pintes de pisse et quatre lichettes de liqueur au trait framboisé, La Grande étale son fatras pour écrire, il est temps maintenant de donner des nouvelles à certaines personnes, brillantes d’importances.
Le regard fauve se pose, furtif, sur sa progéniture qui git entre fourrure et osier. La pauvre créature, achevée par une tétée de lait maternel riche en éthylique, ne se réveillera pas de sitôt.
Soupire.
Cette fois-ci, elle ne l’a pas oubliée dans la barque de pêche, Scath s’y habitue finalement à ce petit être de chair et de sang qui beugle pour toute demande.

Elle s’enfile une grande rasade de son godet, puis se concentre sur le vélin vierge.
Un, deux, trois on trempe la plume, on encre de rouge le bout et on gratte le parchemin…
Les doigts rougis et endoloris pas ses activités récentes sur le lac se cambrent pour une écriture légère.



Citation:
Ma Sombre


Nous sommes arrivés tout entier à Genève, même ta bête a eu la décence de ne pas crever en chemin, la bonne affaire. Sous ses airs valétudinaires, et elle coriace ta rosse, j’ajouterai comme sa propriétaire. J’en prends grand soin, je veux pas que tu me tapes quand nous rentrerons.
Sinon tout le voyage s’est bien passé, nous avons juste fait un détour par la Franche Comté, les savoyards un peu frileux ont fermés les frontières par peur de courant d’air réformé.

Alors Genève…
Ouais, c’est beau, il y a de le neige, un lac que j’avais pris pour la mer, c’est un peu Montauban sans Sancte et avec des gens au verbe étrange, qui parlent soit avec un accent bizarre soit dans une langue barbare… de l’ostrogermavisigotrucmachinchose, j’ai pas bien compris.
Pire que du breton.

Pour l’instant j’ai l’emmerde en aggravement, j’attends une guerre imminente qui ne vient pas, ça me rappelle un peu Montauban et nos chers voisins du Périgord.
Pour tromper mon ennui, je pêche un peu, et je pèche beaucoup, ‘fin tu me connais ma Sombre. J’essaye aussi un peu toutes les tavernes de la ville, ce point là était presque inutile de le préciser.

Pour te dire vrai ma Mata, ta compagnie et ton cynisme me font défaut. Avec qui je vais pouvoir déblatérer toutes mes méchancetés sur les autres et jouer de ma mauvaise langue ?
Que je te raconte, aujourd’hui en taverne il y avait matière, on se serait bien richonner à leur balancer quelques un de nos propos acerbes.
Pour te dire, deux namoureux transis de passion se bouffait le cornet, j’ai même cru qu’elle allait lui avaler ses cordes vocales à un moment. Si,si je te jure.
Et que je te tripote, et que je te suçote la glotte à tout va.
Ecœurant !!! ‘fin bref.

Mirwais se rétablit bien, je lui apporte tout le soin nécessaire et je m’y attache. Vas pas le répéter, hein ! Déjà que ça m’énerve, je le déteste rien que pour ça, tiens…

Voilà j’ai terminé, c'est certainement la lettre la plus longue que j’ai jamais écrite. De toi, j’attends des nouvelles sur ton voyage, avec plein de détails (croustillants si possible) et aussi me dire ce qu’il se passe à Montauban durant mon absence, bien que ma sublissime présence qui y brillait à dû éteindre le faste de la ville.

Que Deos te conserve jusqu’à mon retour et au-delà.

Teigneusement

S. ta Belette

Faict à Genève un jour du mois de novembre… de cette année.



P.S. J’ai trouvé un nom pour ma gnome. Elle s’appelle Ciguë… charmant non ?
Ah oui ! Elle est encore vivante.



La prime missive achevée, un sourire nostalgique étire les commissures de ses purpurines. Le vélin est laissé de côté pour sécher, un pichet de vinasse est vidé en bouc-émissaire et un autre parchemin vient prendre sa place devant elle. Tout fébrile, en latence de l’encre qui viendra se coucher en mots et arabesques habiles sur lui.
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"Repeat after me : Belette is perfect ! "
Matalena


Petite belette de mon cœur
(T'as vu je fais des efforts poétiques ces temps-ci, c'est dire s'il est long, le temps)

Je t'avais bien dit que le voyage se déroulerait sans accrocs, preuve irréfutable qu'il était totalement superflus de pourrir nos dernières soirées de compagnie en taverne par tes remontrances acerbes et tes jérémiades de femme délaissée. Constate le désastre : je n'ai plus mis un pied en taverne depuis mon retour de voyage, sans trop savoir pourquoi et en prenant pour prétexte un manque de temps... Ma santé ne s'en portera sans doute pas plus mal, de même que ma bourse.
A propos, j'ai fais certains aménagements dans les dédales souterrains qui me servent de piaule : a supposé qu'une guerre se déclare à Montauban, les assaillants qui s'essaieraient à la fouille des égouts risquerait de déconfirent grandement avant de parvenir jusqu'à mon antre... Je suis assez fière de ma collection de pièges qui garantit ma tranquillité ; Tu adorerais.

Autrement... Montauban reste, fort heureusement, fidèle à elle-même, et ne serait pas la même sans le Sancte que tu évoques, tu le sais bien. Nous tentons d'organiser d'avantage les rangs des réformés et nous lier autour de textes communs. Les négociations sont longues (Oserais-je lentes ?) mais nécessaires, et à mes yeux porteuses d'espoir. Notre Lecteur a pris la décision de me nommer Pasteur. Un honneur dont je suis fière, sans pour autant m'être beaucoup acquittée de cette noble tâche pour l'instant, il me faudra rectifier le tir.
Quand je ne m'occupe ni de noblesse ni de foi ni d'aménagement intérieur et bien... Je fabrique des vêtements, je vais au champ, à la mine, et la vie continue bien qu'un peu terne parfois. L'énergie me manque, je te le confesse sachant que tu n'es pas rapporteuse, peut-être un effet secondaire du sevrage encore récent.

Concernant tes amours (S'il m'est permis de les nommer ainsi), bien loin de moi l'idée d'y porter jugement : tu connais mes opinions, et nous nous sommes bien assez souvent disputées à ce propos. Ma situation à ce sujet est au détail prêt exactement la même qu'à ton départ : certaines choses sont vouées à demeurer stables dans un monde de brutes.

Je te compterais mon voyage une prochaine que j'espère proche. Sois sage, prends soin de toi.

Ta Mata

PS : J'espère bien que la petite est en vie... Après le mal que je me suis donnée pour te la sortir ! J'ose espérer que son nom ne sera pas trop lourd à porter, imagine que le caractère ne soit pas héréditaire et qu'elle soit une adorable petite fille douce et tendre... La pauvrette aurait l'air sotte affublée d'un tel patronyme.
Scath_la_grande
[Annecy]


Bon il le faut !

Oui voilà une belette rétive à la plume, parfois faut savoir sacrifier du bon vin pour garder un filin avec ses amitiés, si infime qu’il soit. Entretenir un lien avec un vélin et oui, bon d’accord, quelques pichets de pinards pour trouver une inspiration fuyante depuis qu’elle s’est fait blessé.
La respiration siffle encore, avec les compliments de la Savoie, en matière de souvenir, une bouteille de génépi aurait très bien fait l’affaire.



Citation:
Chère Nyna,

Voilà un certain temps que ma plume me démangeait. Pas le nez, hein ! Quoique… Non, non elle me démangeait les doigts de t’écrire. J’ai laissé passé trop de semaines… oui bon d’accord on va dire mois, sans te donner de mes nouvelles, il faut dire j’étais extrêmement occupée en taverne, il y avait une quantité incroyable de fonds de fûts qui embarrassaient les caves des boui-bouis du coin. Mais il n’est pas interdit de m’écrire non plus, tu sais.

On va résumer, sinon j’en ai pour trois vélins et ça me coûte cher, sans te parler de l’encre, tout ça pris sur mes écus destinés à mon gosier pentu (c’est que ça s’entretient ces p’tites choses là).
Mon bossu est passé, j’ai mis bas d’une mini-belette, toute rousse comme moi et un peu trop mignonne à mon goût (elle va me faire de la concurrence, la naine), lassée qu’on me demande sans cesse son nom (elle sait pas parler, je n’en voyait pas l’utilité), je lui ai dégoté un nom qui lui réserve un avenir des plus grands, Ciguë (oui c’est son nom !).

Je suis en… hum attends voir… Savoie, non, en Helvétie… non plus… pour faire bref, je suis à Annecy.
Avec mes amis les réformés, on voulait voir le lac de chez eux et eux, ils ne voulaient pas nous ouvrir leur porte. On a un peu insisté et crotte de miquette on a cassé leur foutue porte, ils n’étaient pas contents et ont beaucoup râlé. Sur ce, ils ont invités plein de leurs potes… enfin bref, ça a mal fini.
Je me suis faite blessée, un peu gravement, j’ai même vu la mort, enfin vu c’est pas le terme, elle se cache sous un linceul puant. Elle est toujours pressée mais finalement en insistant bien, je suis revenue.
Ciguë est à Genève… je l’ai oublié à quelque part mais je mets tout en œuvre ou presque pour la retrouver.
Bon j’arrête là, sinon je devrai prendre un deuxième vélin et ça coûte la peau de l’artiche, ces conneries là.

J’espère de tes nouvelles, et surtout quelles soient bonnes.

Teigneusement

La Grande Belette.

P.S. C’est pas ton mari que j’ai vu dans l’coin ?



On vide à grande goulée son pichet de vin et on se concentre, cette lettre là est d’importance, il faut que la plume file sur le vélin, glisse et que les mots s’inscrivent avec netteté.


Citation:
A mon androcée royal,


Il y a bien trop longtemps que la plume et l’encre n’ont croisé le vélin
Il y a même longtemps que l’épine n’est venue se planter dans le carmin
A se demander si le dard ne va pas voir d’autres pétales que le mien
Si l’colosse a revêtu son habit de prédateur et chasse d’autres proies
La fleur est loin, le pistil à l’abandon, mon gynécée à tout vent va prendre froid
Et une belette en dilection, ça n’est pas un signe encourageant pour un roy
Ce que tu as à savoir, c’est que par deux fois la lame d’acier à trancher l’hyalin
Que le carmin vital s’en est répandu sur le blanc immaculé de la neige, un matin
Le linceul de la faucheuse jetant son ombre inquiétante, une vie en éclat incertain
Pourtant l’existence frauduleuse de la mustélidé est comme l’animal, coriace
Elle perdure, la bestiole, latente de son roi-esclave, et de ses morsures voraces
N’oublies pas qui est ta Reyne, et que de ses rivales, la belette en extermine la race.

Dans l’impatience de te savoir en vie
Dans l’impatience de recevoir tes écrits

Teigneusement

Ta Belette, perfection personnifiée.

P.S. Ta peau et tes fourrures me font défaut



La rousse grogne un peu, le tavernier lambine pour lui apporter sa chope, paraît qu’elle aurait fini le fût de vinasse-qu’était même pas bon, ceci dit en passant- alors il lui ramène une sorte de pisse insipide qu’elle reluque un peu méfiante.

-Ben mes aïeux, c’est pas c’te cochonnerie qui me donnera l’inspiration.

Elle plisse son museau, prend son allure fat et replonge sur un nouveau vélin, la pointe de plume encrée de carmin et s’installe le gratouillement régulier du griffonnage.



Citation:
A Humbert le vert (oui, non, oublies, c’était juste pour la rime, là je vois que ça fait pourri)


J’attendais quelques lettres enflammées, des poèmes sur ma sublime personne, des demandes de nouvelles, de ta part mais rien, que dalle.
Aurais-tu oublié ma perfectitude incarnée, d’autres donzelles peu farouches seraient entrain de te faire tourner la tête ? Dis-leurs que je suis leurs traces et qu’elles vont périr de bien sales manières, foi de Belette, tu peux me croire.
Bon pour ce qui est de moi, je suis toujours aussi parfaite et superbe, bon mis à part le fait que des savoyards m’ont prise pour de la viande à brochettes et qu’ils ont tentés de m’enfiler une épée dans le poumon. Ils ont de drôles de notions de l’hospitalité, sérieusement c’est à revoir.
Donc, à me retour, je te montrerai mes cicatrices, et si je retrouve ma progéniture, tu verras comme Ciguë a grandi (enfin je crois).
Alors pour l’instant je me soigne à Annecy, qui est redevenue savoyarde et j’écoule ma vie à éculer les tavernes et à cueillir des fruits… tu parles d’une occupation pour vieille.

Je te laisse, faut que je change de taverne d’urgence, celle-là ne sert que de la pisse qu’ils osent appeler bière, tu parles, une dégueulasserie immonde.

Teigneusement,

La Belette.

P.S. : Oui, oui j’pense à toi entre deux pichets.

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"Repeat after me : Belette is perfect ! "
Mirwais
Il est posté dans la barque auprès de son père, la journée a été longue et la pêche infructueuse.
Insistant pour rester encore une heure de plus, le pater sourit et confie à l'impatient


Mirwais,mon fils, demain est plus important qu'aujourd'hui à cette heure tardive.
Les poissons ne viendront plus car ils ne le devaient pas...
Autant pour eux que pour nous, le futur sert à celà, construire le présent.
Nous rentrons maintenant...


Se risquant sur les remparts déjà salis par trop de sang, les yeux rivés sur une éventuelle faille du siège que subissait Genève, Mirwais, se refusant à combattre auprès des hommes tant qu'il n'en trouvait pas un sens, s'abandonne à trop de souvenirs, il se réfugie ensuite dans la masure où la belette l'avait soigné puis laissé pour combattre un idéal, peut être, et trouve matière à écrire sur deux pièces épargnées de velin

La première se remplit de tous les mots qui ne sortent pas

Citation:
Belette,

Je ne sais si tu liras cette lettre car ici, tout devient incertitude, tout est incertitude...

Du haut de ma falaise abrupte, je me penche vers le vide des Hommes, je n'y vois que vilainie et narcissisme exacerbé drapés par de fausses convictions afin de satisfaire ce besoin irrépréssible de goûter au sang et à la gloire.

Dans cette ville assiégée, je crève de tout et le tout devient rien, je hais le carpe diem de tout ces sages, il faudrait qu'ils viennent en ces lieux pour comprendre qu'on ne peut pas profiter du jour présent, que vivre, c'est se projeter et faire en sorte que le temps qui passe soit un peu de notre éternité.

Ma belle, je pourrais t'attendre sur mon rocher et saluer d'un air hautain ces réformés et romains qui ne valent pas mieux l'un que l'autre tout en mendiant du pain qui se fait si rare mais je préfère me reposer sur les dernières nouvelles me confirmant que tu avais été blessée, belle guerrière, suffisament blessée pour ne pas retourner dans la danse macabre et pas assez pour ne pas être aspirée par elle.

Ce soir, je m'envole au gré des courants belliqueux sans savoir ce qu'il adviendra mais c'est celà la vie, c'est avancer au futur car aujourd'hui devient toujours demain...
Si la chance est là, je retournerai à Montauban, je ne te reverrai certainement plus, belle infidèle, ton pollen ne peut laisser insensible les faiseurs de miel, j'y ai moi même goûté au point de ne plus pouvoir m'en passer mais le vent capricieux s'est chargé de t'éloigner de mon insatiable gourmandise...

Que la saison à venir te soit bénéfique belette lascive...

Ton roi déchu.


La deuxième pièce de velin se veut plus fidèle à ce qui doit être dit

Citation:
Scath...


Il attend que la nuit tombe et s'enfuit comme un évadé de la ville assiégée, ultime tentative d'un affamé, les lettres, elles, sont protégées par deux vulgaires pierres à deux endroits bien distincts de la masure abandonnée.
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