[hrp : Voici la dernière intervention de McTYLE sur ce RP. S'il s'avère que, chronologiquement, ce post ne soit pas à sa place, je me ferai un devoir de le déplacer, il suffit de m'en avertir.]
[La nuit qui suit la capture de Tarrélian]
Il a laissé derrière lui les ruines fumantes de sa maison... Terre brûlée, désormais... Il ne reste rien de son passé à Ventadour... De toute façon, qui se souviendra de lui dans un mois ? ... un an ?... Il n'est plus rien d'autre qu'une ombre... un spectre.... Une enveloppe vide de toute raison d'être !
Le regard exempt de toute expression, il chevauche, froid et déterminé vers la demeure qui fut - croyait-il - la maison de l'amour... un ricanement sardonique déforme son visage en un rictus cruel...
- La maison de l'amour... grince-t-il... quel amour ?...
Il arrive en vue de la bâtisse... les chiens sont au chenil, tout à l'heure, il ira les voir...
Pour l'heure, il sait la maison déserte... nulle lumière, cela l'arrange bien.
Il arrête le rouan au pied du porche, le flatte et murmure :
- Mon vieil ami... mon seul ami... je t'en ai fait tant voir, mais à présent, c'est fini, je n'en ai pas pour longtemps.
Il se détourne et gravit les marches rapidement... ne pas s'attarder, ne pas penser, ne pas faiblir...
Il pénètre dans l'entrée, le vieil Intendant n'est pas là... sans doute se fait-il soigner ses blessures. Il allume une torche, puis un chandelier, s'en empare et monte l'escalier qui mène aux chambres et au bureau d'Alcyone... ne pas s'attarder, ne pas penser, ne pas faiblir...
La chambre... Le lit qui contient encore les relents de l'infâmie... de la tromperie...leur chambre, désormais souillée à jamais... Se secouer... agir... vite !
Il rassemble prestement ses effets personnels qui traînent çà et là, les fourre dans son sac... ne pas s'attarder, ne pas penser... ne pas faiblir...
Sans un regard, il quitte la pièce et se dirige vers Son bureau... il hésite un moment... très court... ne pas s'attarder, ne pas penser, ne pas faiblir
Enfin, il entre... le bureau... l'écritoire, la plume et l'encre... ah... un parchemin... Il pose le chandelier sur le bureau, hésite à s'asseoir à Sa place... ne pas s'attarder, ne pas penser, ne pas faiblir...
Il s'assied enfin... prend la plume et, après une profonde inspiration, comme un somnambule rédige :
Citation:Madame,
J'avais, en arrivant ici ce soir, un million de choses à vous dire pour justifier mes décisions... Une envie de détruire cette Demeure qui abrita nos amours, saccager tout ce qui fut témoin de notre passion... Détruire tout ce qui pourrait me rappeler votre trahison...mais soudain, un grand vide s'installe en mon esprit, comme si rien de tout ceci n'avait de réelle importance, comme si cela ne fût jamais.
Mais, assis à votre bureau, entouré de votre parfum et de toutes ces choses qui furent vous, je ne peux me taire alors que je sais que mes phrases ne nous ramèneront pas en arrière... Je voudrais tant me taire !
Et pourtant.
Vous dire ma peine, ma honte, mon désespoir, mon impuissance me semble vain puisque, désormais nos mondes se séparent brutalement.
Vous dire que je me sens responsable de tout ceci est inutile, car je sais que nous n'y pourrons plus rien changer.
Vous jeter la pierre et vous haïr me paraît tout aussi vain, car, vous le savez, j'ignores la haine.
Je me surprends à une terrible froideur, comme si toute flamme en moi s'était éteinte, comme si, soudain l'hiver avait pénétré mes entrailles me glaçant le sang et l'âme.
Me venger ?... à quoi bon, cela ne nous ramènera pas en arrière et me ravalerait au rang de celui que vous m'avez préféré... au moins, je garderai ce panache ! Qu'en est-il de vous ?... J'en arriverais presque à vous plaindre !
M'occire ?... J'eus pu le faire pour l' amour de vous... mais, de cet amour, que reste-t-il aujourd'hui ?
Rester à Ventadour et vivre sous le regard de tous, couvert de la honte de l'infidélité... puisque adultère il n'y a point... sous les regards apitoyés de ceux de mes amis qui me plaindront d'un air navré... sachant que sous cape, on dira de moi :
- Tiens... voilà le cocu consort !
Non ! Cela... Jamais !... Donc, je pars. Une fuite,. Cette fois, vous pourrez m'en blâmer !... McTYLE est mort, Madame, vous l'avez tué plus sûrement qu'avec une lame. Et c'est un mort-vivant qui prend, une fois de plus le chemin de l'exil.
Je pars emportant mes guenilles, ma honte et mes espoirs brisés...
Je vous laisses Hermès, je n'aurai plus besoin de lui désormais. Je lui trouverai un remplaçant au gré de mes nouvelles errances, sans doute. Et puis, lui au moins a su trouver le coeur et la fidélité de sa belle.
Il m'a semblé que le ventre d'Erin s'arrondissait de façon significative, n'y voyez aucune allusion désobligeante, je n'ai pas le coeur à la flagornerie.
J'emmène donc Conny avec moi, je gages que la portée de cette brave chienne vous donnera un successeur à votre "ange gardien"... Il n'a pas su vous garder de tout, hélas... tout comme moi d'ailleurs.
Et c'est aussi ce qui justifie ma décision : je n'ai pas su être présent et vous donner ce que vous attendiez de la vie... aveugle que j'ai dû être pour ne pas remarquer votre désarroi, trop occupé à gravir les échelons de la société, pour être digne de vous... moi qui pensais que l'ambition ne me toucherait pas... je suis tombé dans le même piège que d'autre de sinistre mémoire... malgré mes intentions louables... en définitive, le résultat est le même !
Je n'ai pas su non plus m'acquitter de ma tâche de protecteur auprès de mon Gouverneur, alors que j'en avais fait le serment à son époux... Je ne suis plus digne d'occuper ici un poste à responsabilité.
Je quittes donc l'Armée et mes fonctions au Conseil, j'espère pouvoir servir le Limousin d'autre manière, je ne sais encore comment, mais cela vous importe peu à présent, je suppose.
Qu'ajouter encore ?...
Que je vous ai aimé comme jamais Homme ne vous aimera... Que j'eus donné ma vie pour vous ?... Cela vous importe-t-il encore ?...
Vous dire que je vous aime toujours du même amour, de la même passion qu'au premier jour ?... Vous ne me croiriez pas, sans doute....
M'avez-vous seulement cru, un jour ?... j'en arrive à en douter. Car pour trébucher - le mot est faible - comme vous l'avez fait, vous ne deviez guère avoir de sentiments pour moi... Cet amour dont vous disiez qu'il vous donnait force et courage, ces sentiments qui, disiez-vous, vous redonnèrent la vie, ne devaient pas peser bien lourd dans la balance de votre coeur, pour m'avoir préféré, ne serait-ce qu'une nuit, à un brigand sans scrupules... Votre passé commun avec cet homme ne vous autorisait pas à fouler aux pieds la pureté de mon amour pour vous, moi qui n'ai jamais failli à ma fidélité !
Pour l'amour de vous, j'ai gravi les échelons de cette société. Pour l'amour de vous, je me suis investi dans la vie Limousine... Je vous suivais et vous admirais car vous représentiez toutes les nobles valeurs dont un être peut s'enorgueillir... J'ai cru en vous comme je pensais que vous croyiez en moi. J'ai même pensé à renier ma propre foi afin d'acquérir la Noblesse qui m'eût permis d'être votre égal et espérer un jour le mariage !... Làs... Vous m'avez fait ce que jamais vous n'auriez osé faire à Griffes... et vous disiez m'aimer...
De ma fière devise, il ne reste rien.. ni d'honneur ni de fidélité... ces mots désormais me paraissent vides de sens...
Honneur bafoué, Fidélité souillée...
Je croyais avoir apprivoisé une Louve... Je n'ai trouvé qu'une chienne... et encore, la douce Erin ne mérite pas que vous lui soyiez comparée !
Pardonner ?... Oh, oui, je vous pardonne... j'ai sans doute placé mes espoirs en un lieu inaccessible à l'immigré, à l'exilé que je suis.... et que je redeviens dorénavant.
J'eus pu vous occire avec votre amant... mais c'eût été vous faire à tous deux trop d'honneur que de souiller cette noble lame de votre sang impur... Cette lame que je vous rends... elle qui porta ma devise... elle qui fit de moi votre champion...Si seulement ce déchet humain n'avait été attaché comme un bétail, j'eus pu le tuer proprement dans l'honneur d'un duel... Même cela me fut refusé !... mais là... je me serais rabaissé au rang de son odieuse personne... Je ne suis pas un boucher, mais un homme d'honneur !
Mais oui... si je ne peux vous comprendre, au moins je peux vous pardonner... Nulle haine ni rancoeur à votre endroit... d'autres auront sans doute intérêt à ne pas croiser ma route, désormais... mais pas vous... trop d'amour encore... trop de tendres souvenirs... trop de pitié aussi.
Mais ce n'est pas MON pardon qui compte ici ! Vous devrez le demander à votre Aristote, car, par votre trahison à l'amour que je vous portais, vous vous êtes détournée de la Déesse...
Je peux vous pardonner, même si vous avez accordé vos faveurs à un autre, tandis que vous me les refusiez du temps où, vous déclarant ma flamme, vous m'avez mis sous le nez votre propre fidélité à Griffes. Allez donc lui demander l'absolution... Puisque, de toute évidence, je ne pèses guère dans la balance de vos sentiments. Vous avez pleuré l'abandon de Griffes, vous l'avez haï pour cela... son ombre planait encore sur nous longtemps après son départ... Aujourd'hui, c'est vous qui m'abandonnez ! Payez-en le prix !
C'est à vous même que vous devrez pardonner désormais... Mon pardon ne vaut rien... il serait trop empreint de mansuétude et de faiblesse encore.
Un jour... peut-être...
Voilà... tout est dit... en tous cas, en ce qui me concerne... Car, non, je ne vous laisses pas le choix ni l'opportunité de me répondre... je ne veux rien entendre qui puisse me percer le coeur à nouveau... Cela fut fait à deux reprises et il y a désormais deux plaies qui jamais ne se refermeront... vous eussiez pu en refermer une... voilà que vous m'achevez... Puisque,à deux reprises, ma quête aura été un échec... me condamnant désormais à l'exil de ma patrie, l'Irlande !
Puissiez-vous vivre plus heureuse que je ne serai jamais et oublier jusqu'à mon nom, afin que jamais il ne hante votre futur.
Malgré tout, à jamais vôtre - car je ne referai plus jamais ma vie.
McTYLE
P.S. : Tu m'as donné les plus merveilleux moments de ma vie, c'est en mémoire de cela que j'ai choisi de vivre.