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[RP] Et si le paradis était de l'autre coté de la rue?

Mimmome
Et si le paradis était de l'autre coté de la rue?

Si vous voulez savoir, ce genre de question n'était pas du tout du genre de notre bien détesté/aimé Mimmome. Non, au contraire, l'homme en brun était du genre à meme pas s'en soucier minimement. L'homme était beaucoup plus pragmatique, beaucoup plus terreste. Plus mercantile, en somme. Normal, c'était un marchand.Et pourtant! Durant cette belle histoire, notre homme pensera bien à autre chose qu'à de l'argent ou à des complots. Non, il pensera à l'amour. Le sien? Évidemment que non.

Tout commence, car il y a un commencement à tout, dans l'hôtel des Castello à Paris. Dans la chambre du Beau Parleur, un homme était penché sur la rue . Évidemment, c'était Mimmome. Il était, en vérité, en train d'observer le train train quotidien des habitants de Paris. Le spectacle fut de plus intéressants et des plus constructif. Les parisiens, d'humeur belliqueuse ce matin là, initièrent une amusante rixe au beau milieu de la route, avant que les Gens d'Arme arrivassent . Ceux ci arrêtèrent les participant, et les apportèrent au Chatelet. Une journée somme toute qui commençait bien.

Et puis, allez, quelques canailles en moins à Montfaucon, et qu'on ne m'en parle plus. -Pensa l'homme.

Mimmome descendit ensuite par l'éscalier privé qui terminais directement dans la salle à fêtes, pour s'en aller ensuite vers la salle à manger. Il était encore tôt, et donc son lève tard de frère ne s'était même pas levé . Seul , il se fit apporter un petit thé, cet étrange mélange qu'il avait connu à Damas, puis descendit jusqu'à l'écurie, après avoir avalé le breuvage, ou un étalon l'attendait, pour sa ballade matinale.

[Quelques minutes plus tard, du coté de la Butte Chaumont. ]


L'homme se retourna , pour regarder si Derrick était derrière lui. Aucun signe de l'écossais. Celui ci, par peur des chevaux, prenait toujours un ane, restant le plus souvent en arrière . L'Italien descendit de son cheval. En haut de la butte, il observa en contrebas le paysage de la ville de Paris . La cathédrale de Paris, Saint Denis, le Sacré Choeur, le Palais des Académies , c'est à dire le Collège des Quatres Nations, tout s'offrait dans ce paysage magnifique.

L'homme s'assaye par terre, en voyant le valet finalement arriver. Il regarda au dessus de lui. Un pommier l'abritait des rayons encore fort du soleil. Derrick arriva et lui dit:

-Quel jours somme nous?
-Le jour de la Victoire!

_________________
Erasmino
[peu après le départ de Mimmome, dans l'hôtel Castello]

Réveillé par un bruit assourdissant, Erasmino mit quelques instants à réaliser où il se trouvait. À force de ne pas passer deux nuits dans le même lit, il ne savait plus trop où il en était : il avait en effet rejoint son frère en Bourgogne au prix d'un long voyage depuis les Flandres, mais Mimmome l'avait aussitôt entraîné à Paris, pour y constater "la magnificence de l'hôtel Castello" et pour l'initier aux affaires familiales. Profitant encore un peu du confort de son lit, qui le changeait des mauvaises paillasses des auberges qui avaient ponctuées son voyage jusqu'en Bourgogne, Erasmino soupira. Certes, plein de bonnes résolutions et du désir de resserrer les liens familiaux, il avait assuré à son frère qu'il était prêt à le seconder activement dans son négoce... Mais si cela impliquait d'être sans arrêt sur les routes, le jeune homme se sentait fatigué d'avance et doutait un peu d'être à la hauteur de la tâche.

Des cris en provenance de la rue lui rappelèrent le tintamarre qui l'avait tiré de son sommeil, et il s'approcha de la croisée : sous les invectives grossières des charretiers empêchés d'avancer, un jeune empoté tentait maladroitement de ramasser une dizaines de chaudrons répandus sur toute la chaussée. Soupirant de nouveau, Erasmino rentra la tête et entreprit de s'habiller. Comme toujours, il apporta un soin méticuleux à sa tenue, choisissant les étoffes qui mettaient le mieux en valeur ses yeux bleus et ses cheveux châtain clair aux reflets roux, qu'il portait long avec fierté. Un pourpoint bleu roi vint souligner ses épaules larges, des braies noires rehaussées de fils d'argent enserrèrent ses jambes galbées, une ceinture amarante marqua sa taille fine. Très satisfait du résultat, le jeune Florentin se demanda pourquoi son frère s'obstinait à s'habiller de brun, puis haussa les épaules : après tout, le séducteur, c'était lui, et sa gueule d'ange suffisait largement à assurer la réputation esthétique de la famille.

Mit de belle humeur par la réussite de sa tenue, il descendit par l'escalier principal mais se perdit néanmoins trois fois avant de trouver la salle à manger. Pas de Mimmome en vue ! Personne en vue, d'ailleurs, l'hôtel paraissait désert. Désappointé et légèrement exaspéré à force de se perdre dans les couloirs, le jeune homme décida d'user de son autorité : aucune raison pour que le frère chéri du propriétaire perde son temps à errer ! En homme habitué à être obéi, il cria d'une voix forte :
Holà, quelqu'un !

Le résultat ne se fit pas attendre, et le valet dénommé Mario surgit bientôt d'une porte qu'Erasmino n'avait pas encore aperçue. Décidément, son frère avait vu bien grand pour cet hôtel parisien...

- Mario, je cherche mon frère, sais-tu où je peux le trouver ?

D'un air embêté, le valet expliqua que Mimmome avait l'habitude de se promener à cheval lorsqu'il était à Paris, et qu'il était déjà parti.

Bon. La bonne humeur commençait à s'émousser sérieusement. Erasmino n'avait aucune envie de patienter dans cette habitation déserte jusqu'au retour de son frère.

- Parti, et alors ? Tu ne réponds pas à ma question ! Où se trouve-t-il maintenant, à ton avis ?

De plus en plus embêté, et légèrement effrayé par les sautes d'humeur de ce nouveau maître qu'il ne connaissait pas vraiment encore, Mario expliqua que, malheureusement, Mimmome avait des itinéraires très variés pour sa balade du matin, mais que, parfois, il allait du côté de la butte Chaumont, il aimait bien voir la ville d'en haut, ça le réjouissait, le maître, de voir les Parisiens s'agiter tout petits petits en dessous de lui, et que donc, peut-être, aujourd'hui, en ce moment même, il était en haut de la butte, ou alors, peut-être, totalement ailleurs dans Paris.

Fatigué par le discours embrouillé du valet, et n'ayant pas la moindre idée d'où se trouvait cette fameuse butte, Erasmino lança :

- deux chevaux, hop, tu viens avec moi, et tu me retrouves Mimmome.

Mario fit force courbettes et renonça à expliquer au jeune capricieux que lorsque Mimmome sortait, il avait défense absolue de s'absenter, il devait garder la maison. Qui lui avait collé deux autoritaires pareils !

[quelques instants plus tard, en vue de la butte Chaumont]


La cavalcade dans Paris avait remis Erasmino d'excellente humeur. Que cette ville était amusante ! Les enfants criaient, les hommes vociféraient, et les femmes étaient plutôt jolies, voire, très jolies. Ou peut-être était-ce parce qu'Erasmino était de bonne humeur, et qu'il n'avait pas fait de conquête depuis au moins, oh, au moins cinq jours qu'il trouvait les femmes de Paris à son goût. La mine constipée de Marco ajoutait à son plaisir. Ce dernier lui indiqua bientôt une colline :
- La butte Chaumont, Messire.

Hourra ! Là-haut, se dessinait une silhouette, qui, à cette distance, pouvait fort bien être celle de Mimmome. Elle pouvait tout aussi bien ne pas l'être, mais Erasmino n'avait aucune envie de se priver d'une escalade au grand galop.


- Taïau !!!! Cria-t-il en piquant son cheval, sous les yeux effarés de Marco.
Mimmome
L'homme se reposait tranquillement sous l'ombre de la cime du pommier. Comme il était doux de voir le monde en dessous s'affairer et se fatiguer, quand on est soi même calme et détendu. Une petite brise commença à aérer la butte, et l'homme se leva son chapeau. Sa légère calvitie était visible, certe, mais ça ne lui posait pas tant de problèmes. Il avait appris à la cacher avec des grands chapeaux, mais un ,plus beau que les autre, était de sa prédilection : celui fabriqué par une certaine Cocotte de Channel . L'homme leva les yeux aux ciel, et regarda un nuage. Le vent faisait bouger lentement ceux ci, leur donnant le plus souvent les formes les plus étranges. En verité, mal lui pris de regarder en haut.

Voici apparaitre, avec ses airs grandiloquents, son frère, en train de galoper vers la cime de la butte. En lancant des cris dignes des valkyries, le voilà monter la butte jusqu'à le rejoindre. L'homme en brun ne fit pas un mot, et pris une pomme de l'arbre, avant de la donner au cheval de son frère. Il ramassa ensuite une pomme sur une autre branche, qu'il mit dans sa sacoche


Eh bien, c'est tout toi. Un peu de finesse, peut etre?


L'homme repris ensuite sa place sur son cheval qui stationnait juste à coté ( après avoir repositionné le chapeau sur sa tête), avant de commencer à descendre lentement de la butte, par le chemin principal. En se frottant le nez avec sa manche, il entama une discussion comme il en avait souvent avec son frère, du moins avant.

Dis moi, mon frère, je te trouve un peu en petite forme, en ce moment. Ça dois bien faire une semaine que tu n'as pas ajouté une femme à la loooooongue liste. D'ailleurs, j'ai un petit projet, qui pourrait nous servir
.

L'homme leva son regard au ciel... tiens, un nuage en forme de chaton... Mimmome se rendit compte d'avoir une petite faim . Il pris de son sac la pomme qu'il avait ramassé un peu plus tôt. Et la mangea. En la croquant avec force, il ajouta.


Dis moi, ça te dirait une noble ? J'entends, t'occuper d'une noble?

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Erasmino
C'était bien Mimmome ! Au fur et à mesure de la cavalcade, la silhouette indistincte s'était précisée et Erasmino n'avait pas tardé à reconnaître son frère aîné. Ravi de l'avoir retrouvé, il rit de sa remarque qui soulignait son manque de discrétion :


Hé, quoi, fratello, je suis jeune, j'ai besoin de me dépenser au grand air, et cette escapade dans Paris me réjouit au plus haut point !


Son frère se remit en selle et entreprit une descente bien plus calme que ne l'avait été la montée tonitruante d'Erasmino. Sagement, le puiné fit adopter la même foulée à son cheval et suivit l'homme en brun, non sans prendre le temps d'attraper une belle pomme au passage. C'est qu'avec tout ça, il n'avait pas déjeuné, et il avait soudain une faim de loup ! Il croqua goulument dans le fruit mûr, écoutant d'une oreille les commentaires de son frère sur sa santé. En petite forme, lui ?

Non non, cha va, la chanté...

Il s'interrompit lorsqu'il réalisa que son frère lui parlait d'un tout autre appétit... Il avale sa dernière bouchée, jette la pomme au loin, Mimmome a maintenant toute son attention.


Une femme ? Un projet ? Noble ou gueuse, peu m'importe ! Tu veux que je séduise une femme, je suis ton homme !

Il se redresse sur sa selle, bombe le torse, fend sa bouche d'un sourire charmeur en désignant son corps d'Apollon :


Nulle ne me résiste !


Il commence déjà à rêver à sa prochaine aventure, s'imaginant que sa future conquête est sans doute là, quelque part en bas, dans la ville animée et industrieuse, dans l'une de ces maisons d'où s'échappe une fine colonne de fumée. Puis, quand même, la curiosité le pique :

Et ta noble, elle est jolie ?

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Mimmome
L'homme se tourna vers son frère, qui avait l'air de devenir de plus en plus impatient d'entendre la réponse, et lui adressa ce genre de regard qui veut dire " T'est vraiment incorrigible". La selle étant un peu dure, du fait de sa relative " jeunesse", l'homme ralentit un peu le pas. Levant ensuite son bras vers la capitale, l'homme dit alors, dans un ton mi-amusé, mi sérieux:

Tu n'est pas sans savoir que Paris est la plus grande ville d'Europe. Tu n'est pas aussi sans savoir que pour cette raison il est facile de trouver des nobles des plus hautes sphères.

L'homme ralentit un peu le pas, arrivant vers une porte de la ville. La file pour entrer était , à peu dire, vraiment très longue. C'est pour cette raison, il regarda sa bourse, toujours pleine, puis fit signe à son frère et aux valets qui devait être en train, du moins logiquement, de pendre de ses lèvres, et s'avança en dépassant les paysans. Il s'avança vers le l'homme d'arme, indiqua son petit groupe, puis jeta à celui ci une pièce de 3 écus, avant de s'avancer et entrer dans la ville. Il ralentit encore le pas, pour ne pas à avoir des incidents, avant de recommencer son discours.


Simplement, en fait, nous avons à te choisir une proie, puis tu la séduira. Cette fois, par contre, il y a un petit hic. Cette femme, tu vas devoir la marier.


Marier... le mot avait été laché. Mais tout de suite, le Florentin enchaina.


Je sais, je sais, tu n'as pas envie de te marier, mais pour ça, ne t'inquiète pas. C'est seulement symbolique, mon cher. La marier c'est peu de choses, tu gardera toujours ta vie de "homme libre", et après, on s'en fout si tu veux pas, en fait. Ce n'est pas vraiment le problème. Tu pourrait rendre cocue n'importe quelle femme, je te connait bien. Non, le problème, c'est que j'ai envie que tu puisse compléter une des envies que j'ai toujours eu. Mettre en ridicule la noblesse. Riempir questa gente di vergogna et d'ignobiltà*.

Non, disons que en verité j'ai un petit projet derrière, que je vais te révéler par la suite. Allons vers la Foire de Saint Ronan. Quelque chose me dit que on n'y trouvera une femme à ton gout.


L'homme pris ensuite la route de la foire de Saint Ronan, et regarda vers le ciel. Et puis, si le Paradis était de l'autre coté de la ville?


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* plus ou moins : Les remplir d'honte , en Italien classique. Ludovico Ariosto, l'Orlando Furioso.
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Blanche_
De l'autre coté de la ville, en tous cas, il y avait Blanche. Et si ça n'était pas le Paradis pour elle, que cette ville sale et oppressante, avec tous ces français -et le mot était prononcé avec dégout ; donc, ces français collants, qui parlaient comme des pouilleux ou des indigents- au moins, cela était le paradis pour tous les marchands qui avaient joie de vendre babioles, fanfreluches et chapeaux à l'incarnation de la mode bretonne. De les vendre, le revendre, les brader même : elle achetait tout ! Les valets portaient, les chambres s'entassaient de tenues d'apparat flambant neuves, faites à sa taille, et qui feraient d'elle, comme toujours, la princesse avec le plus de goût.
Puisque, même si Paris était connue pour sa pollution, son air nauséabond, et sa dangerosité, à Paris il y avait aussi les plus belles étoffes, les carrefours de soieries et de pierres, ce qui méritait, avouons le, de se pincer le nez le temps de choisir.
Blanche Pannezeg y était allée, comme tous les ans, de retour de Nogent-le-Rotrou, et avant d'y retourner une seconde fois, lorsqu'elle recevrait la lettre d'Aléanore. Elle était arrivée la veille avec Margot Wolback, sa demoiselle de compagnie qu'elle comptait marier bientôt avec un baron ou seigneur français, comme il lui serait bon de choisir.
Aussi, fatiguée par le voyage -songez donc, depuis Nogent !- elle profitait d'un instant de liberté, Attila étant parti combattre des chimères loin, très loin d'elle, et savourait son ultime moment d'évasion. Bientôt, il faudrait rentrer, retrouver le froid de Nantes et de son château, devenir Conseillère Grand Ducale, revêtir l'Hermine et cesser ses enfantillages. Mais avant ça, un problème d'importance.


Tu crois que c'est indécent de porter du bleu ?

Et elle se tourne, interdite, vers sa dame de compagnie qui l'accompagne, pointant du doigt une étoffe scandaleusement chère, mais tellement parisienne qu'il lui faudra l'acheter. La mode, après tout, c'est Elle !
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Riches, tenez bon !
Erasmino
Se marier ! Erasmino méditait les curieuses paroles de son frère pendant que le pas des chevaux les conduisait tranquillement vers la foire Saint Ronan. Mimmome avait-il perdu la raison ? Vraiment, il ne s'attendait pas à convoler de sitôt, et surtout il se souvenait des discours que lui tenait sa mère, lorsqu'il était encore un petit garçon bien jeune, mais déjà le préféré de l'affection maternelle... Séduite, comme tout le monde, par son visage d'angelot et ses minauderies de cupidon, elle pouvait passer des heures à caresser ses boucles blond vénitien, en répétant qu'il était déjà si beau, et qu'il serait plus tard si riche, que seule une fille de roi ou de prince pourrait prétendre à devenir sa femme.

Mais qu'avait donc en tête Mimmome ? Son aîné semblait avoir déjà fomenté un plan complexe et tordu comme lui seul savait le faire... Erasmino avait bien conscience que les luttes d'influence et les magouilles politiques de son frère étaient généralement trop subtiles pour qu'il les comprenne du premier coup. C'était d'ailleurs ainsi que les deux frères avaient toujours fonctionné, pour le plus grand malheur de ceux qui avaient croisé leur chemin : les rouages du cerveau de Mimmome planifiaient une intrigue inextricable, et le charme irrésistible d'Erasmino attirait les victimes dans leur filet.

Déjà bien loin de ses inquiétudes touchant à un éventuel mariage, Erasmino se mit à sourire à l'idée que leur vieux duo, qui avait fait tant de ravages pendant leur adolescence, allait reprendre du service. Il ne comprenait pas tout ? Qu'à cela ne tienne ! Sa confiance en Mimmome était totale, inébranlable, puisqu'il savait que son frère travaillait toujours pour le bien et le profit de la famille. Son frère avait besoin de ses talents de séducteur, il séduirait donc, c'était d'ailleurs à peu près la seule chose qu'il savait faire, mais il se flattait d'être le meilleur à ce petit jeu qui ne le lassait jamais.

Satisfait de ses réflexions, il reporta son attention sur le marché, dont les premiers étals apparaissaient au bord des rues. Il remarqua l'abondance des marchandises, la qualité des étoffes et des bijoux, mais aussi la gouaille incessante des vendeurs et, surtout, l'avidité insatiables des acheteuses. Dieu, que les femmes devenaient folles à la vue d'une soierie ! Et les Parisiennes semblaient encore pire que les autres... car toutes les femmes qui se pressaient sur cette place étaient des Parisiennes à ses yeux et ses oreilles d'Italien, incapables de distinguer correctement les manières et les accents des différentes provinces de France.

Il excellait en revanche à juger de la beauté et de la grâce de ces femmes. Négligeant les silhouettes communes, son regard suivit d'abord une femme brune magnifique qui négociait quelques toises d'un tissu vert émeraude. Choix excellent sans aucun doute, qui mettrait en valeur son teint clair et sa chevelure sombre. Erasmino commençait déjà à tendre le cou pour tenter de deviner la couleur des yeux de sa cible lorsque son regard fut accroché par une autre beauté, qui surpassait la première : blonde, aux manières délicates et aux attitudes nobles, en grande conversation avec une autre femme au sujet d'une étoffe bleue qu'elle désignait de la main.

Le Florentin la montra aussitôt à son frère :


È una maraviglia, quella donna !*

En face de la beauté blonde, le marchant souriait déjà de toutes ses dents, pressentant une bonne vente.

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* cette femme est une merveille !
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Blanche_
Quand on est belle, on le sait.
Blanche était simplement jolie. Elle n'avait pas une taille à se damner, ni des cheveux magnifiques, non. Elle avait des hanches faites pour porter un enfant, une gorge pour le nourrir, et, depuis quelques mois que le soleil luisait, des tâches de rousseur sous les yeux. Mais, ce que Blanche avait et que les femmes de cet âge ont toutes perdu, c'est cette lueur de franchise au fond des yeux, distincte des éclairs de perfidie et de moquerie des autres courtisanes. Elle était honnête comme le sont les enfants, et les pommettes rondes et roses lorsqu'elle souriait devenaient soudain candides et fraiches comme au sortir du berceau. Les yeux pâles et gris devenaient purs, ils n'étaient plus si simplement clairs, ils étaient divins. Quant aux cheveux, si blonds qu'ils en devenaient blancs, ils rajoutaient de la lumière là où elle seule brillait.
Blanche ne se savait pas belle, simplement différente ; elle n'avait pas l'orgueil de se savoir attirante, elle en était à chaque fois étonnée. Mais c'eut été mentir que de dire qu'elle ne cultivait pas les regards des autres sur elle.

Aussi, lorsque les deux italiens arrivèrent, elle ne les vit pas ; son esprit était doublement occupé, par ce marchand orgueilleux et hautain, qui lui vendait un bleu trop roi et trop français, et qui n'avait pas assez de dents. Et aussi, par, deux étals à sa droite, un joli écuyer qui parlementait pour des pièces de cuir.
Il avait les cuisses des hommes mûrs, mais un visage d'enfant ; et, presque sans rougir, la blonde princesse observait comment, lentement, les fessiers se contractaient sous les braies à chacun de ses pas. Dieu avait voulu qu'il lui tourne le dos, et elle profitait.
Il lui faudrait, le soir-même, se confesser humblement.


Je ne le prends pas, conclut elle après quelques secondes. Il est trop cher, et vous êtes laid. A t'on idée d'être laid lorsque l'on veut rendre les gens beaux ?
Elle prit la main de sa suivante, y glissa une bourse ; elle avait l'habitude que des petites gens la suivent où elle allait, et ne voulait s'embarrasser de devoir leur donner elle même de quoi se nourrir. Alors, sans regarder autour d'elle, elle continua sa route, passa non loin de Mimmone à qui elle ne jeta aucun regard, et gagna un nouvel étal.
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Riches, tenez bon !
Erasmino
Certains hommes ont une folle passion pour la chasse ; d'autres, comme Erasmino, couraient follement après la passion. Comme tous les grands séducteurs, c'était la conquête qui l'exaltait, et le premier frisson du désir enfin satisfait. Malheureusement pour elles, les femmes qu'il mettait tant d'ardeur à vaincre perdaient rapidement leur attrait une fois qu'elles s'étaient rendues, et il ne tardait jamais à s'en désintéresser.

Mais le jeu de la séduction requérait toute son attention, et lorsqu'il jetait son dévolu sur une beauté, il n'avait pas pour habitude de perdre la moindre occasion. Aussi, lorsqu'il vit la jolie femme blonde finalement repousser l'étoffe bleue et passer à un autre étal, s'élança-t-il à travers le marché comme d'autres se jettent dans la bataille.

Négligeant d'argumenter avec son frère qui avait simplement haussé les épaules à son exclamation admirative, il sauta à bas de son cheval trop encombrant, confia les rênes à Mario et fendit la foule avec l'assurance d'un homme qui n'est pas accoutumé à ce qu'on lui barre la route. De fait, les gens s’écartaient suffisamment pour lui permettre d’inspecter la marchandise, et il ne tarda pas à trouver ce qu’il voulait. Six toises d’un brocard bleu sombre cousu d’or, de la plus belle qualité, qu’il identifia immédiatement comme étant de belle facture lyonnaise et acheta sans négocier. Ce dernier point le contraria légèrement, mais il craignait trop de perdre la belle dans la foule pour courir le risque de perdre du temps. Tout à fait satisfait de cet achat, il s’arrangea pour rejoindre la jeune femme, jusqu’à se poster à ses côtés ; il se tourna alors vers elle, s’inclina légèrement et lui tendit l’étoffe bleue :

Ce tissu sera bien plus à même de mettre en valeur votre magnifique chevelure que celui que vous regardiez tout à l’heure. Permettez moi de vous en faire présent.

Sans reprendre son souffle, il s’inclina plus bas et ajouta :
Je suis Marco Erasmo Castello de la Belletière-Belleville, dit Erasmino, votre serviteur.

Sa voix agréable, au très léger accent italien, n’avait pas tremblé. Satifait de son entrée en matière audacieuse, il attendit la réaction de la nouvelle reine de ses pensées.
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Blanche_
Surprise par l'intervention de l'italien, Blanche resta un moment sans rien dire, visage figé et inexpressif. Puis ses traits se durcirent, froids soudain comme pour lui signifier silencieusement ce que sa bouche s'empressa de lui dire.
- Cad ba mhaith sé dom, Iodáilis ? demanda t'elle d'une voix forte et sombre à sa domestique.
- Je crois, Madame, lui murmura la bretonne, qu'il veut vous offrir ce brocard bleu.
- Cé hé sin ?
- Il dit s'appeler Eramino.
- Ní maith liom an gorm, ná na hIodáile, agus tá sé a hata ridiculous. Inis dó.

Confuse, la dame s'inclina et donna à leur interlocuteur une traduction approximative ; l'occasion de changer la connotation fortement dévalorisante, et d'apporter une once de diplomatie dans un discours outrageant.
- La Princesse vous fait dire que le blond ne va pas du tout avec le bleu ; pas, du moins, quand les cheveux sont bretons. Mais elle est touchée par votre présent.

Tellement touchée que les yeux gris filaient déjà vers un autre horizon, attirés par des broches étincelantes sur l'étal d'un autre artisan. Blanche avait laissé à sa dame le soin de prendre le tissu -pas si moche, tout compte fait-, et jouait les indifférentes en lui tournant désormais le dos, toute entière à son admiration des petites perles et morceaux de rubis qui brillaient au soleil.
Parle à ma main, disait son impassibilité. Ses yeux, amusés, qui tendaient à retrouver son image, semblaient quant à eux transmettre un tout autre message. Quoique ridicule, cette intervention au chapeau noir et yeux perçants avait eu mérite de la réveiller de son apathie habituelle ; quant au cadeau, il gagnerait sa collection légendaire et admirable, de cadeaux offerts pour l'amour d'un seul instant.
Elle soupira. L'italien aurait pu faire un bel amant.


[Qu'est ce qu'il me veut, l'italien ?
Qui est-ce ?
Je n'aime pas le bleu, ni les italiens ; et son chapeau est ridicule. Dis lui.]
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Riches, tenez bon !
Mimmome
L'homme sentit que quelque chose se passait mal. Bien que en ne mâchant absolument pas le Breton, l'homme avait compris que l'ambiance n'était pas des plus allègres. Quand on parle pour ne pas se faire comprendre, on sait très bien que l'on fait pour cacher quelque chose. D'ailleurs, Mimmome l'avait déjà fait dans plusieurs contextes plus ou moins plaisants.



Flache-Baque( ouaip, je l'écrit comme ça, des problèmes)
Florence, 1449, Eglise de Santa Maria dei Fiori


Un homme s'approche du conféssoir, pour , en vérité, plus que parler avec le prêtre, parler avec la belle femme qui se trouve a coté . Est ce que Mimmome aimait les femmes? C'est sur, il en était pas sodomites, mais néanmoins il ne souffrait pas de cette passion incroyable qu'avait son frère, mais simplement de certaines amourettes de temps en temps. En revenant à la femme ( qui était au passage blonde et pas trop maigre, comme Mimmome les aimait), l'homme en soie( à l'époque), s'approcha et salua discrètement la femme, qui se révéla alors être une Espagnole. L'homme maniant relativement bien cette langue, il lui fit un petit discours et tout deux allèrent au jardin du coin.

Après quelques semaines, l'homme eu finalement ce qu'il voulait. La femme devait s'en retourner dans son pays, et vu qu'elle n'allait plus jamais revenir à Florence, elle voulait lui faire un cadeau. Nous imaginons tous quel aurait pu être ce cadeau. Or, à la fin de l'amour, l'homme dit :Questa donna avrebbe fatto bene di farsi puttanna. , ce qui veut dire, en Français courant, "Cette femme aurait bien pu faire les trottoirs", pour le dire de façon joliement présentée. Enfin, voici un exemple de comment Mimmome utilisait les langues en alternance. Mais revenons à notre histoire.


L'homme, pour débloquer la situation, s'avança donc vers ce trio amusant. Il descendit près du trio, avant de faire une révérence à la dame ( très légèrement, comme son frère), puis dit alors :


Oh, votre Grace, mon frère est impardonnable. Dès qu'il voit une beauté incroyable comme la votre, il se doit de la complimenter. Mais permettez moi de me présenter.

Marco Castello, Magistère au Collège Saint Louis, Ancien précepteur de nombreux enfants nobles , et surtout, proprietaire, avec mon frère ici présent, de la Banque Castello. Ravi de vous connaitre.

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